CHAPITRE VI.
DES DÉFAÜTS Qül SE TROD VENT DANS LE VERRE.
Notre premier livre traitant du verre en général, nous croyous devoir consacrer un chapitre a 1’examen des défauts qui peuvent se trouver dans toules les sorles de verre, è savoir les bulles, les points ou la mousse, les larmes, les fils ou filandres, les ondes, les cordes, les stries, les noeuds, la graisse, la gale. Nous allons done entrer dans la discussion des causes qui produisent ces défauts, et des moyens d’y remédier.
Bniies »n bouillons. — Nous ne parlerons d’abord que des bulles ou bouillons d’une certaine dimension, soit par exemple de un millimetre et au-dessusde diamètre, et non de ces très-petites bulles, qu’on nomme en verrerie points ou mousse, donl il sera question ensuite. La présence des bulles dans le verre s’expliquc par le dégagement des gaz qui accompagnent la fonte du verre. Ces gaz sont de plusieurs sortes. II y a d’abord 1’air atmosphé- rique qui se trouve enfourné avec la composition, puis surtout le dégagement des acides qui neutralisaient les bases, et qui devien- nent libres par l’union de ces bases avec la silice. Soit, par exemple, un verre compose de silice, de carbonate de soude ou de potasse, et de carbonate dé chaux . La vitrification aura donné lieu au dégagement de 1’acide carbonique de la soude ou de la potasse et de la chaux. Si la composition avait étó faite avec du sulfate de soude ou du carbonate de chaux, auxquels on aura dö ajouterdu charbon pilé, le sulfate de soude aura d’abord été décomposé,
transformé en carbonate, puis ce carbonate lui-möme aura cédé sa base a la silice, et il y aura eu dégagement d’acide sulfureux ou sulfurique, suivant la quanlité de charbon employee et d’acide carbonique. II est rare qu'on emploie la quantité de charbon né¬cessaire pour décotnposer tout le sulfate de soude, paree qu’ün
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faible exeès de charbon suffirait pour produire du verre jaune, et qu’on préfère aiusi se tenir en dega plu tót qu’au delè de la dose de charbon nécessaire. Il reste done toujours une certaine quantité de sulfate non décomposé qui monte a la surface sous forme deseZ op fiel de verre, ou qui peut rester en partie renfermé dans le verre a 1’état gazeux, ainsi que 1’a constaté Bose Dantic dans son mémoire de 1758.
Danslafonte ducristal, ily a dégagement d’air atmosphérique, d’oxygène du minium (celui ei passant a 1’état de massicot ou proloxyde) et d’acido carbonique de la potasse.
Toutes ces bulles de diverses natures arrivent en un certain temps a la surlaee du verre, et si elles se trouvent dans le verre quand on le travaille, c’est qu’on n’aura pas continué la fonte assez longtomps, qu’elles n’auront pas pu toutes se dégager. 11 suffira souvent, quand en commen§ant le travail on s’apercevra de la presence d’un grand nombre de ces bulles, d’arrêter le travail, dereboucher partiellement les oüvreaux, et de réchauffer le four pendant une heure ou deux pendant lesquelles les bulles monte- ront a la surface.
On donne plus particulièrement le nom de bouillons aux bulles qui résultent d’un défaut de soin de Fouvrier verrier; ainsi, par exemple, le verrier qui, pour fabriquer une certaine pièce, doit faire deux ou trois cueillages de verre, peut enfermer dé Fair
entre deux eueillages et donner lieu ainsi a des bouillons.Si un
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premier cueillage a touché quelque corps étranger susceptible de se volatiliser avant de replonger dans le pot, Fouvrier aura ainsi donné naissance a des bouillons. Enfin, quand Fouvrier cueille le verre et détache la portion qn'il a enroulée sur sa canne, le verre qui retombe sur le pot emprisonne le plus souvent une bul le d’air, qui, en raison du refroidissement de celte portion par le contact de la canne, ne se crève pas de suite; et si Fou¬vrier vient faire son cueillage suivant sur cette même place, il cueille naturellement ce bouillon.
Le verrier est done responsable des bouillons, comme le fon- deur est responsable des bulles, et celte responsabilité se traduit en amendes ou diminution de salaire.
Points on mousse. — Les points ou la mousse, qui ne sont autre chose que des bulles extrêmement fines et très-rapprochées, sont de la même nature que les bulles; mais elles constituent un
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défaut bicn plus grave ; car, quand elles se sont déja reunies pour former les bulles, c’est qu’elles se sont trouvécs dans un milieu plus liquide, d’ou elles peuvent facilement achever de se dógager, tandis qu'en restant a 1’élat de mousse, elles prouvent que Ie verre est trop visqueux; elles demeurent è 1’état de gaz naissant qui reste emprisonné dans la matière. Différenles causes donnent lieu a du verre mousseux; cela peut être Ia faute du fon- deur : si son four n’a pas élé assez chaud pendant les premières heures de la fonte^ la reaction des elements de la composition aura élé lente a s’opérer, le verre aura été ce qu’on appelle roti; une partie de 1’alcali aura été vaporisé, et il en sera résulté un verre moins tendre, que les gaz ne pourront pas facilement péné- trer et oü ils resteront a 1’élat de mousse. C’est en vain que, dans la suite de Ia fonle, le four aura été ramené a sa température normale : le premier verre fondti manifestera son vice irrérné- diablesur toute la potée ; rarementle fondeur réussira, en pous-
sant ensuite son four plus que d’usage (et au risque d’avoir des potscassés), a rendre le verre assez liquide pour que cetle pre* mière mousse arrive a la surface.
Le verre est mousseux quand la composition est trop dure, eu égard a la chaleur qu’on peut obtenir dans un four; ainsi, une composition qui donne habituellement du bon verre pourra don¬ner du verre mousseux par le fait d’un changement de houille. La même composition peut donner un verre mousseux dans uu four et du beau verre dans un autre four, qui, étant plus agé, a un siege plus pénétrable a la flamme et chauffe davantage. Le remède a la mousse est done, dans ces cas, d’attendrir la compo¬sition, e’est-a-dire de mettre une plus forte dose de soude ou potasse. Régie générale, un verrier aura toujours plus d’avautage a faire sa composition plutót un peu trop tendre qu’un peu trop dure. Dans ce dernier cas; il allonge la duree de sa fonte et a sou-vent du verre mousseux et même difficile a travailler; dans le premier cas, au contraire, sa fonte se fait plus rapidement: le peu
d’alcali qu’il a pu mettre en exces, il peut en purger son verre en prolongeant un peu sa fonte, et il obtiendra un verre bien affiné et bon a travailler.
Le verrier ne pourra pas corriger ainsi son verre, lorsque la mousse proviendra d’un défaut de construction dans son four. Si, relativement A la qualité de la houille, la fosse n’est pas assez pro-
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foiide, la couronne trop haute, les pols ne chauffent pas assez du bas, le verre ne fond que par le fait de la chaleur réverbérée sur ]a surface supérieure; taais jamais cette chaleur n’arrivera Ü liquéfier assez le verre qui est au fond pour que les gaz puissent se dégager; et, au fait, ouVrez le logis (voir, dans le chapitre ÏII,
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la description du four), et vous voyez le jable et le fond du pot a peine rougis. Un tiseur habile poürra bien s’efforcer de condiiiré sa grille dé manière a porter davantage la flararae sur les fonds de pot; il pourra y réussir en partie; mais, ioutefois, le grand remède sera 1’abandon de ce four, et sa reconstruction sur dë meilleurs principes.
11 est un signe auquel les fondeürs et les personnes expérimèn- téesreconnaissent que le fourn'est pas dans les conditions conve- nables pour la fonte, soit qu’il n’aitpas été, avant de commericer les renfournementSj amené a la température convenable, soit
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surtout que le four n’ait pas été construit dans dqs proportions en rapport avec la nature du combustible ; on voit alors que le verre fond plat et non pas en pain de sucre. Expliquons ceci a ceux qui ne sont pasiniliésa la pratique des Verreries; quand on renfoürne un pot, on ne met pas de la composition jusqu’au bord; mafs toulefois on Fenfaite au centre, de dix a vingt centimètres aü; dessus du bord du pot. Si ie four et le pot ont été amenës aü aegre de chaleur convenable, la composition se niet peu a peu én fusion dans toutes les parties qui sont en contact avec le pot, plhs en¬core que vers le faite de la masse, paree que cette composition n'esl nullement conductrice du caiorique; et toute la composition descend a un niveau inférieur, tout en conserVant sa fórmé. On dit alors que cela fond en pain de sucre, tres bon pronostic pour le succes de la fonte. Le bain de verre s’agrandit peu a peu autour du pot; mais il reste au centre un petit monticule, qui
n’est fondu qu’é la surface, jusqu’a ce qu’enfm il prenne tout & fait
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son niveau, et alors tóut est fondu au centre.
Si, au contraire, lè fond du pot ne chauffe pas suffisamment, si
le lour a été mal préparé, si ï’intensité de la chaleur de lafiatame n’est développée que quand elle a passé la moitiè de la hauteür du poij alors la composition du bas du pot ne fond paS; il n’y a que la portion qui est a la surface qui régoit le coup de feu,
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rieures que par communication de haut en bas; la fonte dure plus longtemps; 1’on n’obtient ainsi que du verre mal fin mous- seux, car la mousse n’a pas la force de se réunir en bulles et de gagner la surface du pot.
II est enfin une autre mousse dont il est bien difficile de se garantir, qui affecte presque tous les verres; qui, a la vérité, est . peu visible, si ce n’est sous certaine inclinaison; mais qui n’en est pas moins un dófaut assez grave, surlout, par exemple, pour un verre blanc, ou légèrement leinté, destiné a faire des verres de lunette, pour lesquels on exige naturellement une pureté a peu prés absolue: e’est la mousse resultant de la multiplicité des cueillages, Ne sait-on pas qu’il y a toujours dans 1’air une infinité de pelites poussièrês lines, invisibles, si ce n’est quand elles se trou- vent dans un rayon de soleil traversanl un espace moins éclairé ? Toutes ces fines poussièrês sont surtout de nature organique; or, quand vous avez cueilli un premier verre, ces fines poussièrês
s’attachent au verre, doivent êtreemprisonnées quand vous cueillez de nouveau , et, par leur combustion, donner lieu a cette mousse fine. Une preuve manifeste que cette mousse est due a ces petites impuretés saisies entre deux cueillages, c’est que si vous exami- nez un manchon de verre soufflé, ou la feuille après son étendage, voustrouvez la bande extreme opposóe a la canne, c’est-a-diro celle qui a été ou verte au feu, exemple de cette mousse, paree que, par 1’opération du soufflage, le verre des premiers cueillages est resté- prés de la canne, et que la partie extréme du manchon ne s’est trouvée formée eutièremerit que d’une partie du dernier cueillage; aussi les opticiens qui viennent en verrerie chercher
du verre pour faire des oculaires de longues-vues prennent-ils des bandes de dix a douze cenlimètres a 1’extrómité des feuilles quand ils ne trouvent pas ces feuilles assez pures.
Oii peut, eri grande partie, éviter cette cause de mousse en laissant refroidir son cueillage un peu plus qu’on ne le fait com- munóment et en tournant ensuite son verre dans le four au-dessus du bain de verre pendant quelques secondes avant de le plonger pour un nouveau cueillage. On aura ainsi brülé ces petites pous- sières jusqu’a n’en plus laisser trace. On doit (Tailleurs veiller a ce que la halle oü 1’on opère ait été bien balayée avant le travail, et a se garantir des vents passant sur des lieux oü se trouverait de la poussière. Pendant des orages, alors qu'on ne peut pas se
garantir des tourbillonsamenant de la poussière, ee n’est pas seu- lementde la mousse qu’on voit, mais le verre devient bouillon- neux; et, par le fait de la poussière chassée sur les pots et par le fait de celle qui s’attache au verre cueilli, ou est alors obligé de suspendre le travail.
Lames. — Les larmes sont des gouttes qui proviennent de la vitrification des briques de la couronne. Après peu de temps de service, la surface intérieure de Ia couronne se glace, se vitrifie par le fait de l’évaporation des alcalis et de Paction des cendres ; peu è peu, cette action augments, et surtout s’il s’ouvre quelque joint de brique, et au moment oü le four est dans sa plus grande intensité de chaleur, le verre forme sur Ia surface de la cou¬ronne, quoique fort dur, devient toutefois assez liquide pour qu’il s’accumule jusqu’a former des gouttes qui coulent et dont quel- ques-unes peuvent tomber dans les pots. Ces gouttes, d’une nuance verdatre, a la suite desquelles est un long fil, comme celui des larmes bataviques, ne se mêlent pas avec le verre, a cause de leur durelé; et quand elles se trouvenl sous un cueil¬lage, elles gatent complétement la piece que ce cueillage devait produire.
Si on aper^oit une larme sur le dessus du pot, on écrètne ie verre pour 1’enlever. Quant aux moyens d’éviter qu’il n’en tombe dans les pots, il faut d’abord, et surtout, avoir une couronne
faite en bonnes briques, c’est-a-dire avec d’excellente argile bien
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exempte d’oxyde de fer; il faut que cette couronne soit construite de manière a présenter une surface aussi unie que possible et a joints bien serrés.. Mais enfin, quelque réfractaire que soit cette couronne, sa surface finira toujours par se vitrifier un peu: il faut done, en outre, combiner la forme de la voüte de telle sorte que les larmes qui se formeront coulent le long de la paroi au lieu de s’en detacher. Quelques fours autrefois avaient leur couronne construite en bonnet de prêtre (c’était Texpression cönsacrée): cette couronne était composée de quatre murs plats inclinés, se réunissant au centreen une petite voute. Les larmes de cette petite voüte ne pouvaient tomber que dans la fosse, et celles qui se formaient surles paroiscoulaientle long de ces parois sans pouvoir s’en detacher. Mais de tels fours étaient très-défectueux au point de vuede laréverbéralion. Pour éviter un défaut, on tombait dans un inconvenient plus grave, celui de ne pouvoir obtenir une aussi
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grande intensity de chaleur. On a done renoncé a cette forme, et on tache de combiner la courbe de la voute du four, de telle sorle que la partie de cette courbe se rapprochant le plus de Fhorizon- tale soit au-dessus de la fosse, et la partie la plus prés de la ver¬ticale au-dessus des pots; on évite ainsi beaucoup de iarmes. Nous supposons ici que lacouronne, en forme d’arche de pont. soit votitée dun cóté A 1’autre des ouvreaux. Si la voüle va de 1’un a 1’autre tisard, la courbe ne pourra protéger que les pots de coin et non ceux du milieu.
Oh a soin, quand on change les pots d*un four, au moment oh la couronne est le plus refroidie, de casser avec une pince en fer les gouttes que 1’on apergoit au-dessus des pots. Je dirai, du reste, qu'i 1 y a un moment, dans les premiers temps de i’usage d’uu four, oü 1’inconvénient des larmes se fait plus sentir; puis ordi- nairement, elles prennent ensuite leur écoulement le long de la couronne et ne tombent pjus dans les pots.
Fils. —i Les fils ou filandres sont des fils de verre étraugers a la matière du verre en fusion, et qui proviennent soit des larmes dont nous avons parié, soit de la matière du creuset lui-même; nous n’en parierons done pas davantage en ce qui concerne les filandres qui sont a la suite des larmes, et quant a celles qui pro¬viennent du pot, nous dirons que les pots bien fabriqués et en bonne terre, quoique étant peu a peu rongés par la composition, peuvent bien produire des stries, mais pas de filandres sensibles.
Ondes. — Les ondes indiquent un défaut d’homogénéité dans le verre. Si, par exemple, on a fait un premier renfournement dans un pot, ot qu’ensuite le renfournement suivant ne soit pas d’uue composition parfaitementidentique, il en résultera du verre ondé. Si a un certain mélange de matières on ajoule du groisil ne provenant pas de composition semblable, on a encore du verre óndé. Signaler les causes du verre ondé, c’est indiquer le moyen de les éviter. II peut arriver aussi que le verre soit ondé a la suite d’une foute irréguliere pendant laquelle le four se sera refroidi, ou bien un renfournement se sera fait trop attendre; enfin certains fours d’une construction vicieuse, dans lesquels toutes les parties
des pots ne chauffent pas également, peuvent produire du verre ondé. On peut souvent détrüire ces ondes en tndc/ant Ie verre, opération qui consisle a le brasser de bas en haut avec un fer carré de six è sept centimetres, qu’on ne laisse pas chauffer assez
pour que Ie verre s’y attache; si on n’a pas assez brassé, on re- prend un autre fer a möcler.
Cordes. — Les cordes resserablent aux ondes, mais elles vont _ * , >• .
jusqu’a faire saillie sur la piece soufflée. Elles proviennent du refroidissement du four pendant le travail qui n’aiïra pas permis au filet de verre, qui tombe de la canne a la suite du cueillage, de se liquéfier complélement et de refaire corps homogene avec lo verre du pol. Quand on vient cueillir de nouveau, le verre, qui ne s’est pas suffisammcnt liquéflé, qui est a une température différente de la masse du cueillage, ne se souffle pas a 1’égal de cette masse et fait ainsi saillie sur ce verre. Le seul remède aux cordes est de réchauffer le four pour rendre le verre plus liquide.
Stries. — Les stries proviennent aussi du défaut d’homogénéitó du verre. Nous avons dit quo la composition attaquait toujours le. creuset: il en résulle un verre très-chargé d’alumine, plus dur et d’une densité différente du verre que 1’on fond. Ce verre alu* mineux n’est pas. a chaque fonte en quantité suffisante pour pro- duire des cordes ou des ondes, mais il donne lieu & de fines stries. J1 y a aussi des stries qui proviennent des différents silicates qui composent le verre et qui ne sont pas d’égale densité; cette différence est surtout sensible dans la composition du cristal, qui est un silicate double de potasse et de plomb. La silice ne se combine pas simultanément avec la potassé et 1’oxyde de plomb, dans les proportions ou le mélange a été fait. 11 en résuile des verres de densité différente, dont le mélange n’arrive jamais a être d’une homogénéité absolue, et d’oü résultent des stries inevi¬tables, mais toutefois peu sensibles dans les pièces fabriquées,
quand les mélanges ont été faits avec soin. Nous verrons, quand nous parlerons des verres d’optique (livre Vf), comment on peut détruire ces stries pour les verres destinés aux instruments d’op¬tique.
Nannis ou grains. — Les nceuds ou grains sont des points Wanes plus ou moins gros, qui se voient quelquefois dans le verre et qui peuvent provenir de plusieurs causes. Quelquefois ce sont simplement des grains de sable qui se seronl agglomérés, et qui ne se seront pas trouvós en presence d’un équivalent alcalin pour les vitrifier, ou bien, et surtout si 1’on se sert dè quartz pile,
« se sera rencontré un petit fragment qui aura échapné au
tamis, et dont le volume aura été trop considérable pour se dis-
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soudro. On pourra encore avoir des grains provenant de quelque petit fragment du creuset on du flolteur. Ces grains ne sont pas blancs comme ceux provenant du sable. Enfin, il y a une autre espèce de grains, et c’est Ia pire espèce : elle provient, dans les verres faits avec des sulfates de sou.de, de renfournements faits en temps inopportun. Ceci demande explication : quand on fait dansles pots un premier enfournement de composition, on attend généralement, pour faire un deuxième renfournement, que le premier soit entièrement fondu. Mais il est a remarquer que quand ce premier enfournement est fondu, il monte è la surface une très-petite quantité de sulfate non décomposé, et dont on doit attendre 1’évaporation par la chaleur avant de faire le deuxième enfournement; si, au contraire, on enfourne sur ce sel, on le di¬vise en une multitude de petites parcelles dans lesquelies pénètre du sable, qui s’en trouve entouré et qui ne peut plus se vitrifier. Toute la masse du verre se trouve ainsi infestée d’une foule de pelits grains blancs mélanges de sable et de sel, el dont 1’inconvé- nient est non-seulement de produire des défauts sensibles dans les pièces de verre, mais de donner lieu a la rupture de ces pieces; car de ces points partent, en se refroidissant, des étoiles, c’est- a-dire des commencements de fente qui ne manquent guère de s’étendre. On évite ces points de deux manières : ou en faisant Je deuxième enfournement quand le premier est presque fondu, mais avant toutefois que le sel ait commence a monter; ou bien, si on a vu que le sel a commence a monter, en attendant pour enfourner que le sel soit complétement dissipé.
Graisse. — Le verre gras ne se rencontre guère que quand il est compose avec une potasse mal purifiée contenant du sulfate, et qu’il y a absence de chaux, dans le cristal, par exemple. Ce verre, transparent et limpide quand on le eueille, se trouble quand on le travaille. Les alternatives de refroidissement et de réchauf- fage augmentent son apparence grasse lailouse, et il est ainsi impossible dele travailler; il faut le tirer a 1’eau, et ne le réem- ployer en groisils qu’en petite proportion. Si le verre qui tourne au gras n’est compose que de silice, potasse et chaux, on peul détruire cette disposition en le maclant a la perche, c’est-è-dire en y introduisant a plusieurs reprises une perche dont la carbonisa¬tion decompose le sulfate et détruit ainsi la cause de la graisse.
Gale. — Certains verres, lorsqu’ils se refroidissent au dela d'un
DES DÉFADTS QUI SE TRÜUVE^T DANS LE VERRE. 193
certain point, deviennent ce qu’on appelle galeux, c’est-adire que leur surface devient rugueuse, se couvre d’aspérités qui pa- raissent être du verre d’une autre nature. Le verre, dans eet état,
■ ecsse d’être malleable, il se souffle mal, ne s’étend pas; on est • obligé de cesser de le travailler. Les verres sujets & ce défaut sont ; verres a vitres dans lesquels on a forcé la dose de chaux, ou : qui, sans qu’on ait forcó cette dose, se trouvent contenir de 1’a- ; lutnine provenant ou du sable ou de la craie, ou du pot même.
Ce verre ne manifestera pas toujours ce défaut; maïs si le travail i du soufflage, par une circonstance particuliere, se trouve durer
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plus longtemps que de coutume, ou que, par une autre cause, le ; verre se soit trop refroidi, alors ce défaut se manifeste, il devient : impossible de le souffler; il faut ou réchauffer fortement le four
et reconameneer le travail, s’il reste encore beaucoup de verre dans les pots, ou reprendre une nouvelle fonte, s’il reste peu dö
verre dans les pots. '
Lo verre a bouteilles, qui est toujours, par la nature de ses
coraposants, très-chargé de chaux et surtout d’alumine, est sujet a devenir galeux ou a ce qu’on appelle .tourner en petit. Aussi a-t-on grand soinde lemaintenir aussi chaud que possible, pen-: danl le travail. Le verre a bouteilles se travaille généralement lellement liquide, qu’il faut au moins trois cueillages pour une bouteille pesant 750 grammes. Silót que le verre se refroidit et so décompose, cette décomposition est ün commencement de dó-? vitrification, qui va faire 1’objet du chapitre suivant. Nous devons ajouter loutefois que les bouteilles fabriquées depuis quelques années, nontenant beaucoup moins de- matières terreu&es, sopt aussi beaucoup moins sujettes a ce défaut. . .