Dans l'origine, les toiles durent être préparées comme les panneaux, avec une impression en détrempe. M. Mérimée fait observer que les tableaux sur toile de Paul Véronise, sont en général sur des impressions en plâtre. Aujourd'hui on imprime les toiles à l'huile, et selon que le tissu en est plus ou moins serré, on emploie une méthode différente.,Les toiles doivent être de chanvre. Les toiles de lin sont moins fortes. Les toiles de coton ne valent rien.,Les toiles doivent être écrues et d'un tissu égal.,Quand la toile est d'un tissu lâche, on lui donne une couche de colle de gants tiède, au moyen d'un grand couteau à manche coudé: en en promenant le tranchant émoussé et droit comme une règle sur la surface de la toile fortement tendue, on rend cette couche parfaitement unie et égale.,Quand l'encollage est sec, on ponce et on applique de la même manière une couche de blanc de céruse; lorsqu'elle est sèche, on ponce et on en met une seconde et enfin une troisième, si cela est nécessaire. Il ne faut point introduire de litharge dans cette préparation, afin de hâter la dessiccation. On y mêle ou un peu de noir ou un peu d'ocre rouge, suivant la teinte que l'on veut lui donner. Cet espèce d'enduit fort mince doit avoir à-peu près la consistance d'un onguent. Plusieurs personnes se servent d'un mélange d'huile et d'eau bien battu, et y introduisent par ce moyen une bien moindre quantité d'huile. Il faut cependant que l'adhésion soit assez grande pour que la toile ne soit pas cassante.,M. Bouvier conseille de n'employer que de l'huile de noix bien claire et bien rectifiée et de la céruse de Hollande bien blanche, avec une légère addition de couleur qui lui donne une teinte dorée, le tout bien broyé.,Impression à la colle. — M. Bouvier offre aux artistes une expérience de quinze années pour les déterminer à ne se servir que d'impressions à la colle. Les avantages sont de n'employer point de céruse ni aucun blanc de plomb, de pouvoir peindre au bout de quelques heures sur cette préparation. Ces toiles sont si absorbantes, que deux ou trois heures après qu'on a peint une partie, on peut la terminer, et enfin elles concourent à une longue conservation.,On se sert d'amidon, ou mieux encore de belle farine. On lui donne la consistance de celle avec laquelle on colle le papier. Quand elle est faite, on ajoute un volume égal de terre de pipe de la plus propre et de la plus blanche que l'on pourra se procurer chez les marchands droguistes. On lave et on décante cette terre pour l'épurer; on la broie et on la mêle encore humide avec la colle. Le tout doit avoir la consistance d'une crème un peu épaisse.,On lui donne une légère teinte de jaune-orange, et on l'étend rapidement et d'une manière égale avec un gros pinceau de trois pouces de long, comme ceux des vernisseurs.,On applique trois ou quatre couches, en laissant sécher chaque fois. Cet enduit doit être cependant très-mince, afin de ne pas rendre la toile cassante. M. Bouvier a reconnu que la colle de farine contient un gluten très-fort, et qu'elle résiste même à l'eau chaude pendant plusieurs jours, ce que ne font pas les autres colles et surtout la colle de Flandre.,Malgré les avantages des impressions à la colle proposées par M. Bouvier, nous donnerons ici un procédé d'impressions sans colle dont l'expérience a aussi constaté le bon effet. Tendez une toile sur un châssis; après l'avoir poncée, humectez-en légèrement la surface au moyen d'une grosse brosse mouillée dont on fait jaillir une espèce de rosée en en courbant les soies par un mouvement vif du plat de la main. Laissez l'eau pénétrer un instant, et étendez, avec une grande lame à manche recourbé, une légère couche de blanc de céruse broyé avec une partie d'huile et une partie d'essence de térébenthine à la consistance d'une pommade. Au bout de trois à quatre jours, l'impression sera bonne. Elle adhérera suffisamment à la toile et ne sera point cassante, les toiles préparées ainsi reviennent à meilleur marché que celles qui sont préparées par les marchands, et elles sont préférables à l'emploi.,