Pour tendre le papier, on s'y prend différemment: l'on a une planche très-unie, renforcée de deux bandes de bois dûr en haut et en bas, pour contrarier le mouvement de courbe que prennent ordinairement tous les bois. La planche doit être composée de trois ou quatre morceaux, collés ensemble par les côtés, et dont le fil du bois soit du haut en bas. Les deux bandes ou tenons ont au contraire le fil du bois en travers, par rapport à la grande planche; tous les menuisiers connaissent cela. Il ne s'agit que d'empêcher le bois de voiler.,Pour coller et tendre le papier sur cette planche, l'on remploie d'abord un demi-pouce tout autour du papier, pour que ces remplis ne se mouillent pas et puissent bien recevoir la colle; puis on retourne la feuille sens dessus dessous, en sorte que les remplis se trouvent dessous et touchent immédiatement la table sur laquelle on fait cette opération. ,On humecte une éponge, et l'on en mouille toute la superficie de la feuille de papier, non en frottant, mais en tamponnant doucement avec l'éponge, sans quoi l'on risquerait de gâter le papier et d'en enlever l'épiderme. On laisse le papier pendant quelques minutes s'étendre et s'amollir; et si l'on juge nécessaire de l'humecter davantage, on le fait encore en tamponnant, jusqu'à ce qu'il devienne à peu près aussi souple qu'un linge: on le laisse en cet état quelques instans, jusqu'à ce qu'on ne voie plus de traces d'eau reluisantes. Alors on retourne la feuille avec précaution, et on la place sur la planche où l'on doit la coller par les bords seulement. Mais avant d'en coller les bords rempliés du papier, on étire doucement et légèrement le papier dans tous les sens, en plaçant les mains toujours vis-à-vis l'une de l'autre, afin d'étirer droit tout le tour; et dans la crainte de déchirer ce papier mouillé, on pince ensemble avec les doigts le rempli qui est resté sec avec le reste qui ne l'est pas. Quand cela est fait d'une manière très-égale et sans étirer le papier davantage d'un côté que d'un autre, on rabat les remplis et on les encolle très-également, sans faire aller de la colle au-delà du rempli 1; et alors on retourne la feuille, on la place bien carrément sur la planchette, et on la colle promptement, sans étirer davantage le papier, sinon pour le placer partout également et carrément. ,On peut aussi faire usage de colle à bouche, comme font tous les architectes pour tendre leurs plans.(Voyez ce que j'ai dit sur l'emploi de cette espèce de colle, leçon 23.3, page 477, note.),Quand on a achevé un dessin qui a été tendu sur la planche, l'on ne cherche point à le décoller, on le coupe à l 'équerre tout autour avec la pointe d'un canif que l'on guide contre une règle. Il en est de même pour un carton ou un papier; quand la couche d'impression est sèche, l'on décloue le carton et l'on coupe le papier, qui reste toujours très-uni si on ne le mouille pas et si l'on n'y appliqueq ue des couleurs à l'huile.,,1 Il est ici question de colle d'amidon ou de farine.