Mais dans les fabriques où l'on prépare la colle-forte pour fournir aux besoins de commerce, on procède à sa fabrication par une suite de manipulations, toutes bien entendues.,On commence d'abord par faire trmper la matière dans des cuveaux. Vingt-quatre heures suffisent pour les peaux fraîches; il faut plus de temps pour les peaux sèches; on les remue de temps en temps dans l'eau pour qu'elles s'imbibent complettement. On les retire de l'eau dès qu'elles en sont pénétrées, et on en charbe des civières grillées où elles s'égoutient. On les porte ensuite à la rivière pour les y bien laver: à cet effet, on les met dans des cages à jour qui trempent dans l'eau; on les remue et agite avec un rateau à grandes dents. On élève la cage au-dessus de l'eau, à l'aide d'une bascule, pour que le cuir s'égoutte; on la replonge dans l'eau, on la retire, eton répête cette manoeuvre jusqu'à ce que les cuirs soient nettoyés et que l'eau sorte claire.,On lave séparément les différentes espèces de cuirs, parce qu'elles ne demandent pas toutes les mêmes soins. Les oreilles, par exemple, exigent plus de temps et beaucoup plus d'attention, parce que les saletés y sont plus tenaces qu'ailleurs.,Lorsque les peaux sont bien propres, on les met tremper dans une eau de chaux assez foible. On peut les y laisser longemps pour qu'elles s'en pénêtrent bien; mais on a la précaution de rafraîchir, tous les quinze jours, avec un seau ou deux de nouvelle eau de chaux, et on retourne les peaux de temps en temps.,Cette eau de chaux dissout les graisses, détache tout ce qui adhère à la peau, et la convertit en un état voisin du parchemin.,Lorsque les peaux qu'on emploie sont encore des poils, on les met dans une eau de chaux plus forte pour les débourrer; on opère de même pour celles qui ont été passées à l'alun et au suif, et l'on traite, par une semblable méthode, toutes les matières qui contiennent beaucoup de graisse, de sang et de synovie. C'est dans cette première opération qu'on dissout l'épiderme, qui est inattaquable par l'eau seule.,On met ensuite tremper les peaux dans de l'eau claire; on les égoutte sur la civière, et on les lave à la rivière avec le même soin que la première fois.,Il est des fabriques où l'on passe sous une presse les peaux ainsi nettoyées, pour en exprimer toute l'eau qu'elles contiennent.,A ces opérations préparatoire succède la fonte des matières, qui se fait ordinairement dans une chaudière de cuivre: les uns mettent des pierres au fond de la chaudière pour empêcher que les peaux ne s'y attachent et ne se brûlent; d'autres y placent une grille de bois, qui produit le même effet.,On remplit la chaudière jusqu'au-dessus des bord, et on y ajoute plus ou moins d'eau, suivant l'état et la qualité des matières.,On allume d'abord un petit feu pour fondre peu à peu les matières. On augmente le feu par degrés jusqu'à l'ébullition; et, à mesure que la colle se fait, les uns diminuent le feut et n'agitent point, d'autres remuent les matières jusqu'à ce que la colle soit faite, et nourrissent l'opération à petit feu pendant douze à quinze heures.,On juge que la colle est faite, lorsqu'on en versant sur une assiette, on lui reconnoît la consistance requise. Dans cet état, on la coule dans une cuve, sur laquelle on a placé une cage longue et carrée, qu'on nomme civière, et dont on a garni le fond avec un lit de paille longue. On verse la colle fondue sur cetta paille, à travers laquelle elle filtre et tombe dans la cuve. Cette opération doit être faite promptement, et l'endroit où elle se fait doit être chaud pour que la colle ne se fige point. On a même l'attention de couvrir la civière et la cuve avec des étoffes, pour prévenir le refroidissement.,On laisse la colle s'épurer dans la cuve pendant trois ou quatre heures, et on l'en retire encore fondue pour la porter dans des boîtes de bois mouillées, où elle se fige.,Lorsqu'on veut obtenir diverses qualités de colle, on dispose des robinets à diverses hauteurs de la cuve, on fait couler la colle en ouvrang successivement ces robinets, et commençant par le supérieur. Celle qui sort la première est la plus pure; la dernière n'est que la couche inférieure, salie par toutes les impuretés qui se sont précipitées.,On laisse la colle dans les boîtes pendant vingt-quatre heures, après quoi on l'en retire pour la diviser en tablettes. Ces tablettes sont portées à la sécherie, qui, pour l'ordinaire, est un hangar couvert, dont les côtés reçoivent l'air de toutes parts.,Lorsque la colle est à demi-sèche, on perce les feuilles à un des bouts pour y passer une ficelle, et les arranger de la manière qu'on les trouve dans le commerce.,Lorsque les tablettes sont presque séches, si on les mouille un peu pour les frotter avec un linge fin et neuf, on leur donne un beau poli et de la transparence.