Je ne connais point d'écrit dans lequel on ait enseigné ce qui est relatif à la construction des panneaux de bois pour la peinture. Quelques notions conservées en Flandre et en Italie, quelques vieilles pratiques propagées dans les ateliers de ces pays, et l'expérience des ébénistes sont les seuls moyens que l'on puisse mettre à profit. Voici quelques conditions indispensables dans la construction des panneaux.,Un panneau est bon quand il n'a point de propension à se voiler, à se décoller; quand il est d'un bois peu susceptible d'absorber l'humidité, de travailler, d'éclater et de se pourrir; quand enfin il est suffisamment épais; qu'il est d'un grain petit et serré, et conséquemment propre à recevoir un beau poli. Plusieurs planches assemblées , collées ensemble , et formant un panneau, sont toujours plus ou moins susceptibles de se voiler ou de se déjeter par la seule contractilité des fibres exposées aux variations de l'atmosphère; or on a imaginé des moyens pour obvier à cet inconvénient. On les assujettit donc par derrière avec des tringles transversales, collées sur le panneau et placées en longueur et en largeur; en sorte qu'elles forment des carreaux, qu'on a appelés parquet, et qu'il convient mieux d'appeler grillage.,Voici le principe mécanique de ce procédé. Tout panneau se retire sur lui-même ou se dilate , selon la sécheresse ou l'humidité de l'atmosphère; lorsqu'il est libre, et non assujetti dans sa retraite et dans sa dilatation, il ne lui survient point de séparation ni de solution de continuité, et la même où les joints ont été fixés par la colle forte, là est peut-être la plus grande adhérence; enfin ce n'est jamais aux joints qu'il se sépare lorsqu'il est libre et bien collé. Mais si l'on assujettit les extrémités de ce panneau , ou même ses milieux, par des chevilles ou de fer ou de bois qui le fixent sur d'autres corps solides, et qu'il ne peut entraîner et rendre mobiles avec lui; si on l'enclave enfin dans des traverses où on l'assujettit par des clous ou par des chevilles, alors se trouvant arrêté et retenu sur ces points, sa retraite se fait sur les points non assujettis, et il survient une désunion par la force de contraction , force qui est, comme on le sait, d'une puissance prodigieuse. Voilà pourquoi les panneaux des portes et des armoires éclatent si facilement, quelque sec que soit le bois dont on les a construits.,Par conséquent, pour fixer les barres longitudinales qui doivent former un côté des carrés ou du grillage, il faut d'abord façonner carrément ces barres ou tringles fort étroites, et ne les coller que sur la longueur des fibres du bois du panneau. Par ce moyen, la retraite de tout le panneau pourra se faire sans résistance. Ensuite, pour croiser les autres tringles sur les premières, il faut les faire passer à travers les tringles collées et dans des ouvertures carrées pratiquées de place en place au-dessous de ces tringles, en sorte que les nouvelles tringles qui traversent restent libres sous ces coulisses, et puissent même glisser entre le panneau et la tringle qui les retient dans une direction fixe et horizontale. Le panneau, trouvant ainsi une résistance dans tous les sens, ne peut se voiler ni en dedans ni en dehors, et il est libre seulement dans tous ses mouvemens de dilatation et de contraction, en sorte qu'il ne se fend point s'il est bien choisi.,On a encore imaginé de faire l'assemblage des planches à l'aide des queues d'aronde; et certains tableaux italiens très-épais sont ainsi joints. Par ce moyen, la retraite est empêchée dans tous les sens, car ces queues d'aronde se contrarient par leur position, et opposent, par leur volume croissant, de la résistance de tous les côtés; l'épaisseur du bois permet quelquefois ce moyen, et l'on voit des incrustations d'un pouce au moins dans l'épaisseur de certains panneaux pour y placer ces queues d'aronde.,,