Le bois dont on se servait dans l'antiquité pour les tableaux était surtout le larix-fœmina, espèce de pin qui n'est pas exposé à se fendre facilement ni a être rongé par les vers; on croyait même, par un préjugé assez difficile à justifier, qu'il resistait au feu.,Le cèdre rouge de Virginie est incorruptible, au dire de quelques naturalistes; il possède en outre la propriété d'éloigner les vers et les insectes. C'est de ce bois qu'on se sert assez souvent pour renfermer les crayons de plombagine. Le bois de cèdre est placé, sous le rapport de la dureté, après le chêne. Les Américains l'emploient beaucoup pour meubles et constructions, et l'on cite des pieux qui se sont conservés très-sains sous la terre dans l'Amérique méridionale depuis un tems immémorial, car les Indiens et les naturels du pays n'ont nulle souvenance traditionnelle de l'époque où ces pieux ont pu être implantés. Les Italiens ont beaucoup peint sur du peuplier, et ils tenaient le panneau fort épais. Le chêne de Hollande a été employé avec beaucoup de succès. Le sapin, débité en planches assez minces, étroites et sans nœuds, est fort bon, car un panneau composé de planches étroites, bien jointes à feuillures et bien collées, se déjette souvent moins que lorsqu'on le fait avec des planches larges. Quelques tableaux sur chêne de Hollande ne sont point voilés, quoique minces et sans grillage. On trouvera des indications utiles, relativement au choix, au débit des bois et à l'assemblage des planches, etc., dans l'ouvrage intitulé: l'art du Menuisier en meubles et de l'Ébéniste, par M. Mellet. Paris, 1828.,Quant à la qualité d'incorruptibilité du bois, s'il est difficile de l'obtenir pour des meubles qui offrent beaucoup de superficie, il est facile de l'obtenir pour les panneaux des tableaux, et cela sans préparer le bois antérieurement à son débit. Ne peut-on pas en effet enduire le derrière des tableaux, soit de cire, soit de résine, soit de quelque substance indestructibile, qui éloignerait les vers et l'humidité pour toujours? Au reste, voici ce qu'on lit à ce sujet dans le dictionnaire d'industrie, au mot bois.,<< Pour rendre le bois incorruptible, on a proposé de le faire sécher dans des fours construits exprès, ayant une double enveloppe, de manière que la pièce ne puisse point brûler. Lorsqu'on échauffe le four pour la faire sécher, on plonge cette pièce toute chaude dans du suif fondu, et ensuite dans du goudron. Les pores ouverts par la chaleur se pénètrent de ces substances: les bois ne sont plus sujets alors à être altérés par les variations de la chaleur, du froid, de l'humidité. Des pièces de bois ainsi préparées dureraient six fois plus long-tems.,>> Quant au moyen de garantir le bois de la piqûre des vers, voici celui qu' pratiqué M. Pingeron. Il a essayé avec succès de prendre des petits morceaux de bois de noyer et de les mettre dans de la cendre de sarment: au bout de trois ou quatre jours, toute l'humidité du bois était absorbée; il a frotté sur-le-champ son bois avec de l'huile de noix un peu tiède, et l'a remis dans la cendre, qui s'est chargée de l'huile superflue: ce bois ainsi préparé prend une belle couleur, devient plus flexible, et n'est point sujet aux attaques des insectes destructeurs. Ce procédé peut très-bien s'appliquer aux modèles de petites machines.,« On a publié, dans les Annonces de Leipsick, un moyen d'empêcher le bois d'être attaqué par les vers: ce procédé est, dit-on, appuyé sur vingt ans d'expérience. L'on recommande de choisir, pour la coupe des arbres de construction, le tems où la sève est moins abondante, c'est-à-dire, depuis la mi-janvier jusqu'à la mi-février. Aussitôt que le sapin, le chêne, le pin et autres bois semblables sont coupés, il faut se hâter de les mettre en œuvre; plus tôt on les emploie, plus ils sont propres à la construction, moins ils sont sujets à éprouver les ravages des vers, et plus ils durent et se conservent dans les édifices, ainsi que dans les ouvrages de menuiserie. L'érable a beaucoup de pores, dans lesquels la sève séjourne après qu'il a été coupé, même pendant l'hiver; on doit donc éviter de l'employer tout de suite. Si l'on désire que les vers ne l'entament point, il faut, avant d'en faire usage pour la construction des édifices, le garder, et ne pas le dépouiller de son écorce jusqu'au mois d'avril, c'est-à dire, six ou sept semaines après qu'il est coupé. Les premières chaleurs du printems font fermenter la sève de ce bois, et lui donnent un goût d'aigreur qui en éloigne les vers, et les empêche d'y pondre. Les planches, il est vrai, qu'on en fait ensuite, perdent quelque chose de leur lustre, et sont moins dures et moins blanches; mais les ouvrages fabriqués avec ce bois n'en durent pas moins pour cela: on présume même qu'ils peuvent se maintenir pendant plusieurs siècles, sans que les vers s'y mettent. Le bois de chêne est, ainsi que l'érable, très-sujet à être endommagé par les vers; mais, pour les écarter, il suffit, après qu'on a coupé ce bois dans le tems le plus favorable, de le nettoyer et de le bien faire sécher, et surtout de dépouiller de toute leur humidité les parties intérieures de l'écorce, qui touchent le bois immédiatement. »,