Il est très-probable que, si les anciens eussent connu le papier de chiffons, et par conséquent la pâte du carton, qui se fait avec de vieux papiers, ils en eussent tiré parti pour leurs tableaux. En effet, on doit regarder comme un subjectile très-propre à recevoir la peinture, les cartons bien fabriqués. Ils ne se fendent point, ils ne travaillent point à l'humidité ni à la sécheresse, et par conséquent ne se voilent jamais: ils peuvent être facilement préservés de la destruction des vers. Il est facile d'en fabriquer d'aussi grands que l'on veut, et même d'une seule pâte; il ne s'agirait donc que d'en lier les parties au moyen de quelques longs brins d'étoupe bituminisée, qui empêcheraient les exfoliations et les brisures. Si la trop grande dimension les faisait voiler et exigeait des grillages, tels qu'il en faut aux panneaux de bois, rien n'empêcherait d'y appliquer des tringles croisées et des liens dans l'épaisseur de la pâte. Les angles et les côtés seraient garantis par du parchemin, ou même par des feuilles minces de fer blanc, en sorte qu'un pareil carton n'aurait à redouter aucun choc ni aucun changement de température. On le préparerait, en le couvrant soit de toiles fines, soit d'un enduit à la colle ou au bitume; il ne serait pas difficile de le rendre poli en le fabriquant, au moyen de presses et de tables planes. Enfin des couches d'enduit préparatoire donneraient à l'une des deux faces une superficie plane, unie, lisse et propre à recevoir la peinture.,On se sert dans certains pays, pour couvrir les livres, de cartons nourris d'étoupe goudronnée, et ces couvertures sont presqu'impérissables.,Je dois rappeler ici une invention moderne, dont on a tâché de tirer parti en Angleterre. Il s'agit de cartons bituminisés et propres à couvrir, en guise de tuiles, les maisons. Je n'ai pas une connaissance exacte du procédé au moyen duquel on obtient ces cartons; mais je sais qu'ils sont composés de la paille hachée qui se trouve sur les routes, de la poussière même qu'on ramasse avec cette paille, et d'un certain gluten ou goudron provenant de la houille ou charbon de terre qu'on a réduit à l'état de bitume liquide. On dit que ces feuilles ou dalles sont imperméables; j'en doute, mais cela importe peu ici: elles ont, je crois, deux pieds de long et un demi-pouce d'épaisseur. De pareils cartons coûteraient beaucoup moins que des panneaux que les menuisiers de Paris font aujourd'hui payer très-cher 1.,On conçoit que des cartons minces, collés les uns sur les autres, ne seraient point aussi solides que des cartons d'une seule pâte, etc., etc. 2.,,1 On vient d'annoncer (l'Observateur des Beaux-Arts, 7 décembre 1828) comme pouvant offrir de grands avantages à la peinture, les panneaux en mastic-Dihl. Cette annonce est importante surtout par rapport à la peinture encaustique et à toutes celles qui ont besoin du moyen du feu. Le mastic de M. Dihl est éprouvé depuis plusieurs années, et il acquiert tous les jours de la célébrité.,,2 II existe . du côté de Luxembourg , une manufacture de cartons, d'une très-grande dimension. A Paris, ou près Paris, on en fabrique de la grandeur du papier grand-aigle. J'en ai fait faire moi-même qui avaient trois et quatre pieds, et qui étaient soutenus par une carcasse en fer; ils sont d'une extrême solidité. J'indiquerai ici les toiles et les gazes métalliques de M. Rosway. (On en lit l'indication dans la grande notice de l'AImanach sous verre. 1828.),,