De tout tems les peintres ont fait plus de cas des panneaux de bois que de tout autre subjectile; et, malgré la commodité qui résulte, pour les grands tableaux surtout, de l'emploi des toiles, on est d'accord sur la préférence qu'il convient d'accorder au bois pour recevoir les peintures. C'est donc par routine, par insouciance, par économie, que l'on a délaissé la coutume si constamment établie parmi les peintres de la Hollande, de la Flandre, et primitivement de l'Italie, de se servir de panneaux de bois. Le mot tabula (table) indique assez que c'était sur des tables ou tableaux que l'on peignait dans l'antiquité. Lorsque la peinture florissait en Hollande et en Flandre, une foule d'ouvriers en menuiserie savaient très-bien fabriquer des panneaux pour les peintres, et l'on assure que le gouvernement mettait tant d'importance à la bonne et solide exécution des panneaux, que l'on n'autorisait leur débit que lorsqu'ayant passé à une certaine inspection rigoureuse ils étaient munis d'une estampille qui prouvait ce contrôle. Une telle rigueur, qui, dit-on, s'étendit aussi jusques sur les panneaux de toile, n'était pas assurément le résultat de quelque caprice, mais bien de l'amour de l'art et de l'intérêt commercial bien entendus.