C'est une fécule, ou résidu, qui se trouve au fond des tonneaux, où les amidonniers ont mis tremper dans de l'eau des recoupes de froment: & c'est de cette fécule, lorsqu'elle est séparée d'avec le son, dont ils forment des espèces de pains, qu'ils font sécher au four, ou au Soleil, & qu'ils réduisent ensuite en petits morceaux, tels qu'on les vend à Paris.,Ceux qui veulent avoir de bel amidon, ne se contentent pas des recoupes, mais y employent même le plus beau grain de froment ; & c'est de la manière de faire cet amidon, dont on parlera à la fin de cet article.,L'amidon sert à faire de la colle; de l'empoix blanc, & de l'empoix bleu; celui ci en y ajoûtant de l'émail. On s'en sert aussi à faire de la poudre à mettre sur les cheveux; & les teinturiers, qui en employent beaucoup, le mettent au nombre des drogues ou ingrédiens non colorans, parce que de lui-même il ne peut produire aucune couleur.,Le meilleur amidon est celui qui est blanc, tendre, friable, ou facile à mettre en poudre, en gros morceaux, & séché au soleil; celui qui a été séché au four, étant plus gris & plus dur.,l'Amidon dont on se servoit autrefois en France, venoit de Flandre; mais présentement il s'en fait une si prodigieuse quantité, & de si excellent à Paris, que non seulement cette grande ville n'a pas besoin d'en faire venir d'ailleurs, mais même qu'on y en fait un commerce incroyable dans les Provinces du Royaume, & dans les Pays Etrangers.,L'amidon paye en France les droits d'entrée sur le sud de quatorze sols le cent pesant, er peur ceux de sortie douze sols.,AMIDON DE RACINE Outre l'amidon qui se fait avec les recoupes du froment, l'on a découvert dans le commencement du dix-huitiéme siécle la racine d'une plante, dont on en peut faire de très-bon, & qui est propre aux mêmes usages que l'ancien amidon. La plante a presque autant de noms , qu'il y a de différens endroits en France où elle se trouve. Les plus communs sont , l'arum, l'epileste, le choux à la serpente, l'herbe à prêtre , les pieds de veau, le tarus, le sara, l'aron , barba-aron, &c. Les lieux où elle abonde le plus, sont les bois, les haies, les lieux marécageux & sombres, & presque toutes les terres incultes.,La racine Amidonniere , si l'on ose risquer ce nouveau terme, n'a point de grosseur fixe; & elle est plus forte ou plus menue, suivant la qualité des terres. Elle est blanche, ferme, sans coton, mordicante à la langue, & couverte d'une pellicule noirâtre. La feuillé est plus longue que large, tachée d'un peu de blanc. Sa tige haute d'un pied ou environ, & d'une couleur rougeâtre, pousse un épy assez semblable à celui du mays, ou bled de Turquie, & produit ordinairement plus de cent grains, qui peuvent le semer, & qui multiplient abondamment par la culture.,Cette plante, au contraire des autres, se sèche en esté, & n'est verte qu'en hyver; mais ce qui est d'une grande commodité, c'est que la racine bien nétoyée, & mise en monceau, se conserve aisément, pourvû qu'on ait soin de la remuer de temps en temps.,Cette nouvelle découverte a fait naître comme un nouveau corps d'amidonniers; le Sieur Vaudreuil s'étant fait accorder le Privilège exclusif de la fabrique de cet amidon de racine pendant vingt ans, pour lui, ses héritiers, successeurs, & ayans-cause. Mais afin que cette exclusion ne soit point préjudiciable au commerce de l'ancien amidon, non seulement il a été expressément porté par les Arrêts du Conseil, & lettres patentes, qu'il sera loisible à tous sujets de Sa Majesté, de fabriquer des amidons de recoupes; mais encore, qu'en cas que la fabrique des amidons de racines vînt à cesser pendant un an, le Privilège seroit, pour cela seul, éteint & supprimé. L'Arrêt du Conseil est du 10. Novembre 1714. les Lettres Patentes de Confirmation du 20. Janvier 1716. & l'Enregistrement au Parlement du 10. Mars ensuivant.,