459. Prenez : 4 kil. de copal 1 /2 dur ;,7 à 10 kil. d'essence de térébenthine; faites fondre à feu vif et à nu la résine dans un matras de cuivre. Lorsqu'elle est bien fondue et bien filante, en mousse au bout de la spatule qui vous a servi pour agiter votre résine et l'empêcher de s'attacher au fond du matras pendant sa fusion, versez-y peu à peu, en mélangeant, 2 kilos d'essence froide ou chaude, ce qui vaudrait mieux encore. Lorsque la résine fondue et l'essence sont bien incorporées, et que le mélange, sur une vitre, est bien limpide, ajoutez-y encore, toujours peu à peu, et en mélangeant 2 autres kilos d'essence; et si votre mélange continue d'être limpide sur le verre, ajoutez-y encore, toujours peu à peu, et en agitant, 2 autres kilos d'essence, et continuez jusqu'à ce que vous ayez incorporé toute votre essence, à moins que vous ne vous aperceviez qu'il serait trop peu corsé en la versant tout entière dans le vernis; retirez alors le matras du feu et passez la dose au tamis dans un refroidissoir.,460. Remarques. Nous n'avons jamais fait ce vernis de copal pur à l'essence qu'avec le copal demi-dur, parce que ce vernis n'a d'autre qualité que d'être très-dur (même trop dur) et très-siccatif, car on peut dire qu'il sèche au bout de la brosse; mais il se casse, se fendille, car il manque de liant; on ne peut l'employer que pour les intérieurs: à l'air extérieur, il n'aurait aucune durée. Ce vernis peut utilement servir pour retoucher ou réparer les accidents qui arrivent aux peintures soit des appartements, soit même des équipages, lorsqu'il s'agit de faire vite sans s'inquiéter de la solidité.,461. Nous ne doutons pas qu'on ne puisse également faire ce vernis avec le copal dur, et qu'il n'en serait que meilleur, ou plutôt moins mauvais. Cependant nous n'en avons jamais fait qu'avec le copal demi-dur; d'abord parce que cette dernière résine est moins chère de beaucoup que l'autre, et ensuite parce qu'on ne demande à ces sortes de vernis que la rapidité de la dessiccation.,462. Et puis, nous l'avouerons, il est si dangereux d'incorporer sur le feu l'essence à la résine fondue, d'y verser cette essence peu à peu, car cette incorporation ne peut se faire qu'avec beaucoup de lenteur et de ménagement, on est si exposé, pendant tout ce temps, soit à faire tomber quelques gouttes d'essence sur le fourneau, où elle s'enflammerait et communiquerait le feu dans le matras, soit à voir le feu se déclarer dans le matras lui-même sans autre cause que la température élevée qui y règne, et, par suite, à être brûlé par cette inflammation, rapide comme la foudre, et qui projette au loin le vernis brûlant, que nous avons toujours reculé à y employer des copals durs, plus chers que les autres, pour diminuer ainsi la somme qu'on perdrait en cas d'accident, que la moindre maladresse pourrait occasionner, comme on vient de le voir.,463. Ce vernis n'est certainement pas plus difficile à faire que tous les autres; mais c'est à coup sûr celui qui demande le plus de soin et d'attention, et qui exige l'ouvrier le plus exercé et qui conserve le mieux sa présence d'esprit; aussi avons-nous toujours redouté de le préparer comme nous venons de le décrire, et après bien des essais, nous avons souvent réussi à faire ce vernis avec moins de risque de feu ; voici comment.,464. Après avoir fondu et cuit à point le copal demidur sur un feu vif, nous y ajoutions 2 kilos d'essence chaude, que nous mêlions bien avec la résine fondue; l'incorporation achevée, la goutte d'essai que nous mettions sur du verre était parfaitement limpide, nous retirions le matras du feu et le portions sous le robinet de la velte, contenant 8 kilos d'essence chaude, que nous faisions écouler par petit filet, toujours en agitant le liquide résineux dans le matras, pour en favoriser la dissolution dans l'essence.,465. Si, lorsque vous avez ajouté dans la résine fondue les deux premiers kilos d'essence, vous faisiez louche, il faudrait laisser le matras sur le feu jusqu'à ce que le vernis fût redevenu clair, ce qui n'aurait lieu qu'après la complète évaporation de l'essence ajoutée. La résine fondue de nouveau et redevenue bien limpide, versez-y deux autres kilos d'essence, assurez-vous que le mélange est bien opéré ; retirez le matras du feu et faites-y couler le restant de la dose d'essence avec les précautions indiquées ci-dessus. Le vernis que vous obtiendrez dans ce dernier cas sera plus coloré et beaucoup moins siccatif que si l'accident n'avait pas eu lieu.,466. Remarques. Tingry a essayé de dissoudre le copal dans l'essence au moyen du bain-marie; il y est parvenu, dit-il, lorsqu'il employait une essence rectifiée qui, par son exposition au soleil dans des bouteilles fermées au liége et non tout à fait pleines, s'était en quelques mois épaissie au point qu'une éprouvette, qui contient 30sr57 d'eau pure, contenait 29sr404 de cette essence.,Voici sa formule et sa manière d'opérer :, Kilog.,Prenez : Copal en poudre 0,04585,Essence de térébenthine ci-dessus. 0,250,Mettez l'essence dans un matras à col court et exposez ce matras dans de l'eau que, par degrés, vous amènerez jusqu'à l'ébullition; alors, projetez-y par parties jusqu'à 45gr85 de copal en poudre, que vous entretiendrez dans une continuelle agitation. Vous n'ajouterez une nouvelle portion de poudre que lorsque la précédente sera incorporée, au liquide, et vous vous arrêterez si vous voyez un dépôt insoluble s'y former. Retirez alors le matras du bain-marie, laissez-le quelques jours en repos, après lesquels vous tirez à clair et fiftrez le vernis au coton.,Au moment où vous projetez la première portion du copal, si la poudre se précipite sous forme de grumeaux , il est inutile de continuer: il faut exposer de nouveau l'essence au soleil jusqu'à ce qu'elle ait acquis la densité convenable ou qu'elle soit entièrement déflegmée (privée d'eau), car Tingry attribue à l'une ou l'autre de ces causes le peu d'énergie de l'essence sur le copal; son exposition au soleil, en se servant du même matras, auquel il convient d'ajouter un bouchon de liége, lui rendra, ou enfin lui procurera les qualités requises pour opérer la solution du copal. Cet effet sera annoncé par la disparition de la portion de copal qui s'y trouve déjà.,467. Nous ne comprenons pas très-bien comment une huile de térébenthine rectifiée, car Tingry recommande cette précaution (tom. 1er, page 177,) si l'on veut avoir un vernis sans couleur; nous ne comprenons pas comment cette essence peut se déflegmer alors qu'elle est déjà pure d'eau par la rectification qu'on lui a fait subir, mais nous savons très-bien que toutes les huiles essentielles sans exception s'épaississent avec le temps, dans les bouteilles bouchées qui les renferment, surtout si ces bouteilles sont en vidange et si elles sont exposées à l'action directe des rayons solaires. L'action chimique qui transforme ainsi ces huiles en une espèce d'essence grasse n'a point été suffisamment étudiée jusqu'ici; nous disons une espèce d'essence grasse, parce qu'une huile essentielle ainsi épaissie sous l'influence d'une petite quantité d'air contenue dans la partie en vidange de la bouteille, mais non renouvelé, doit différer de la véritable essence grasse, celle qui sert à la peinture sur porcelaine, qui s'évapore entièrement au feu et qui se prépare par l'exposition et l'évaporation à l'air libre de l'huile essentielle, telle que celle de térébenthine , de citron ou de lavande dans des vases peu profonds et à large ouverture.,Une essence épaissie en bouteilles nous paraît plutôt se rapprocher des térébenthines: 1o parce qu'elle salit toujours un peu les peintures sur la porcelaine, chose que toutes les térébenthines produisent d'ailleurs ; 2o et ensuite parce qu'elle dissout dans certains cas le copal en poudre absolument comme les térébenthines de Chio et de copahu. « Sheldraque essaya en vain de dissoudre le copal dans la térébenthine de Venise en y ajoutant successivement et peu à peu le copal en poudre à cette térébenthine fondue au feu, mais il y réussissait avec la térébenthine de Chio. ( Annales des arts et manufactures, tome xr, page 116.)