Préface du traducteur
Des différens Ouvrages contenus dans ce Volume.
Je ne m’arrêterai point à faire l’éloge de l’Art de la Verrerie : quand Neri & Merret ne fe feroient pas étendus fur fes louanges comme ils ont fait dans leurs Préfaces ,
il n’eft perfonne qui n’eût fenti les avantages de l’Art dont ils ont traité. Je ne m’amuferai pas non plus , fuivant la coûtume des Traducteurs » à faire le panégyrique des Auteurs que je donne au Public : leur réputation- eft déjà fi bien établie parmi les Savans, qu’il feroit fu-perflu d’infifter fur cette matière. Je crois feulement devoir prévenir qu’il ne £*ut s’attendre à trouver ici , ni les agré- mcns du hile, ni les faillies d’une imagi¬nation brillante : l’heureux talent de répan¬dre de l’aménité fur les matières les plus arides, étoit entièrement inconnu de nos Auteurs ; & l’on ne rencontrera dans leurs ouvrages que des expériences & des faits, décrits avec fimplicité, quelquefois même avec prolixité : il a fallu les rendre de même; mais, quelqu’eftimable que foit le talent de bien écrire , je prie le Leâeur de confidérer que la forme ne doit point l’emporter fur le fond , furtout dans un ouvrage de la nature de celui que j’ai l’hon¬neur de lui préfenter.
L'A RT DE LA EE RRE RIE q'US îe publie eh divifé en deux Parties. La pre¬mière comprend les VII. Livres d’An¬toine Neri Florentin;il a compofé fon ouvra¬ge en Italien; cet ouvrage eh diffus, mais ex¬cellent ; le hile en eh peu correéfmais l’objet y eh embrahe dans toute fon étendue ; l’Auteur a fenti combien il importoit à des opé¬rations de la nature de celles qu’il avoir à décrire, d’être détaillées & circonhanciées avec le plus exaCt fcrupule ; auffi s’en eft-il très-bien acquitté. On n’a eu garde de toucher à ces détails ; mais on n’a pas crû devoir ref peCter également les redites, & répéter avec l’Auteur, jufqu’à trois fois,les mêmes chofes, en mêmes termes, dans un même Chapitre. Ces redites font les feules chofes qu on fefoit permis d’élaguer dans Neri : il y eft tombe dans la crainte, apparemment, d’être obfcur, & j’ai pris le parti de les fupprimer pour être moins long & même plus clair. Au refie, c’eft faire fuffifamment l’éloge de Y Art de la Ver- rerie de Neri, que de dire que Merret & Kunckel n’ont point dédaigné de le traduire
& de le commenter, l’un en Latin, 1 autre en Allemand. On a confronté les Traductions avec l’Original Italien,& l’on n’a rien épargné pour que celle-ci fût plus fidelle & moins négligée.
, Angloisde nation , DoCteur en Médecine, & Membre delà Société Royale de Londres, a publié l’ouvrage de Neri. On trouve à la tête de fa Traduction Latine, une longue Préface ou, félon le goût d’une érudition trop à la mod de Ton tems, & peut-être trop méprifée du nôtre, il s’épuife en recherches faftidieufes fur l’origine, les propriétés de l’excellence du verre : mais on eft dédommagé de ce vain étalage, & dans fa Préface même, par l’ex¬plication delà maniéré dont on faifoit de fon tems le verre en Angleterre, & dans Ion Com¬mentaire,par des notes qui l’accompagnent & qui font remplies de traits curieux, les uns relatifs à la Botanique, les autres à l’Hifloire Naturelle & à la Chymie : dum flueret lutu- lentus , erat quod tollere velles.
de Lowenftern, homme fort expérimenté, Au¬teur peu favant,très-mauvais Ecrivain;mais à qui l’opiniâtreté de fon travail y l’exaélitude de fes procédés & l’importance de fes dé¬couvertes ont fait entre les. Chymiftes un nom très-grand & très-mérité, a répété tou¬tes les opérations de Neri, dans les Verreries des différens Princes , auxquels il a été fuc- ceftivement attaché ; il a joint fes Obferva- tions à celles des deux Auteurs précédens ; ce ne fera pas aux yeux des Connoilfeurs la partie la moins intérrelfante de cet Ouvrage,
On n’a rien retranché dans le travail de KuncKel que quelques injures & mauvaifes plaifanteries, qu’un certain Geissler s’étoit attirées de fa part pour une mauvaife Traduction Allemande de Neri à laquelle il paroît qu’il avoit joint d’aulfi mauvaifes notes.
On trouvera à la fin de la première Partie un détail circonfiancié de la maniéré de faire la Potalfe, de la purifier & de la calciner.
La fécondé partie de y Art de la Ferrerie efi un recueil de différentes expériences que KuncKel a ramaffées & publiées ; il y en a plufieurs quine feront interreffantes que pour la multitude de ceux qui aiment les petits Jecrets ; & l’on peut dire en général , qu’à l’exception des procédés pour peindre furie verre , cette partie n’efi pas à beaucoup près fi efiimable que la première. Pour dédommager les Curieux, j’ai mis à la fin Le Sol fine vefte d’Orfchall. Comme ce petit Ouvrage comprend trente Expériences fur la maniéré de tirer la couleur pourpre de l’or & de contrefaire les rubis , j’ai crû que l’on en trouveroit avec plaifir la tradu&ion à la fuite d’un Traité où l’on a donné la façon d’imiter les pierres prétieufes. J’y ai joint l’ex¬trait de quelques critiques occafionnées par l’ouvrage d’Orfchall,afin de mettre au fait de ce démêlé, ceux qui fe foucieroient d’en être inftruits. Je n’en ai donné que des extraits, afin d’épargner aux Leéfeurs , des détails inutiles, & des inventives qui n’ontrien que de rebutant pour les gens fenfés. Qui a-t’ii en effet de plus méprifable& de plus indigne des Sciences que les injures d’Auteur à Au^ teur ?
J’ai penfé que l’on ne me fauroit pas mauvais gré d’avoir joint à la fécondé Partie de cet Ouvrage le Chapitre XI. d’un Livre du célébré M, HencKel, qui a pour titre Flora Saturniz,ans : comme ce Chapitre efi: une récapitulation de l’Art de la Verrerie, & qu’il contient des principes fur la vitrifica¬tion en général, je me fuis flatté que l’on ne fe- roit point fâché de trouver ici ce que ce grand Naturalifie a conjeduré fur cette matière.
J’ai crû aufîi devoir placer ici la traduction d’un Mémoire Allemand de M. Zimmermann , dans lequel on trouvera tous les détails qu’on peut délirer fur la maniéré de faire le fafffe oü verre bleu , comme elle fe pratique en Saxe,/» Ces travaux m’ont paru devoir interrelfer la curiolité , de mériter d’être connus.
Il m’elt tombé entre les mains un petit Traité Allemand, fans nom d’Auteur, qui à pour titre, Secrets des vraies Porcelaines delà Chine & de Saxe, à Berlin, 1750. Comme il a pour objet une matière dont bien des gens s’occupent actuellement, & qui eft néceflairement liée à l’Art de la Verrerie ; j’ai crû ne pouvoir mieux faire que de terminer ma collection par la tra¬duction de ce petit Ouvrage ; c’elt à l’expérience à fixer le prix que l’on y doit attacher.
KuncKel , dans fon Edition Allemande, a terminé fon Livre par un Traité des Pierres Prétieufes, écrit originairement en Anglois ; j’ai jugé qu’il ne méritoit pas la Traduction, & qu’on en feroit bien dédom¬magé par les différens morceaux que j’ai crû devoir lui fubftituer.
J’esprere que l’on fera plus content de mes Planches que de celles de l’Original, qui font fort mal exécutées & fouvent inintelli¬gibles : on trouvera à la fin de l’ouvrage , im¬médiatement avantlaTable,l’explication de celles qui n’auront point été éclaircies dans le cours du Livre.
L’envie de me rendre utile, dont tout Citoyen doit être animé, m’a fait entrepren¬dre l’Ouvrage que je préfente au Public. S’il a le bonheur de mériter fon approbation, quoiqu’il y ait peu de gloire attachée au tra¬vail ingrat & faftidieux d’un Tradufteür, je me déterminerai à donner les meilleurs Ouvrages Allemands, fur l’Hiffoire Natu¬relle , la Minéralogie, la Métallurgie & la Chymic. Tout le monde fcait que l’Alle¬magne poffede en ce genre des tréfors qui ont été jufqu’ici comme enfouis pour la France.
FIN de la Préface du traducteur,