CHAPITRE X.
De la maniéré de faire le verre crijlallin & le verre,
blanc 3 autrement dit le verre commun.
En mettant la Fritte faite avec la poudre de Roquette dans les creulets, l’on aura un verre blanc ou verre commun; l’on a fuffifamment ex¬pliqué enfon lieu la maniéré défaire la fritte avec
* Malgré j»aj^ miftérirux que Kunc- | la fin de fes notes fur le premier Livre kel prend ici, il nela’flera pas de com- de Neri. muniquer le fecret dont il parle, à l'cette poudre. Si la fritte eft faite avec cette der¬nière matière , l’on aura un beau verre , qui tien¬dra un milieu entre le verre commun & celui qu’on nomme Boltito en Italien. Il faut toujours fe fervir d’un boisfec& dur, pour chauffer le four¬neau & prendre garde à la fumée qui eft nuifible , & qui noircit l’ouvrage. Il faut joindre au mélange une dofe convenable de magnéfie de Piémont préparée, tant pour le verre commun que pour le criftallin , cela le rendra plus beau , comme il a été dit en parlant du Boltito s car la magnéfie en emporte toute la couleur verte. Il faut aufîi tou¬jours éteindre le verre criftallin dans l’eau. Si l’on obferve la même choie pour le verre commun, il' en devient plus parfait. On remettra enfuite dans le creufet la matière de ces verres , & lorfqu’elle fera bien purifiée , on pourra lui donner telle for¬me qu’on voudra : il eft arbitraire de faire ou de ne pas faire i’extintftion du verre dans l'eau, & l’on peut omettre cette circonftance fi l’on veut ; mais elle eft néeeffaire fi on cherche à avoir un verre plus beau qu’à l’ordinaire ; ceia contribue à le blanchir, & de plus à le bien cuire & purifier , & empêche qu’il ne s’y forme tant de bulles : l’on remarquera que fi fur cent livres foit de verre de crîftal, foit de verre commun,l’on met dix livres de fei de tartre purifié , l’on aura un criftal ou verre beaucoup plus beau qu’à l’ordinaire, & plus facile à travailler. L’on y joindra le fel de tartre „ en préparant la fritte de la façon indiquée ci-de^
Vant. On donnera dans le Chapitre fuivantla ma¬niéré de purifier le fel de tartre deftiné à cet ufage.
Notes de Merret fur le Chapitre X.
Pour que le verre fcit bien cuit, il ne fuffit pas de vingt-quatre heures > il faut qu’il demeure dans un feu violent pendant deux ou trois jours; & plus il y reftera,plus il fe perfectionnera ; car par ce moyen il fera plus exacte¬ment purifié, & toutes les taches & bulles qui s’y feront formées fe diffiperont.
Remarque de J. Kunckel fur le Chapitre X-.
L’Auteur dit dans ce Chapitre qu’on peut fe difpenfer d’éteindre le Terre dans l’eau\ il eft néceflâire d’obferver là-de nus, que fi on vouloit travailler le mélange aufiitôt après qi?il a été fait, fuivant les réglés qui en ont été données par PAuteur , il n’eft pas douteux qu’il ne fut très-utile pour lors d en faire l’extindion dans l’eau ; car quoi¬que Pon en ôte avec des cuilliers le fel fuperfiu qu’on appelle^/ de verre ; cela ne peut cependant pas fe faire aflez exadement pour qu’il n’y refte pas toujours du fel qui n’a pu s’unir au fable, &: le vitrifier avec lui. Or c’efi ce fel qu’on lui enlcve par l’exrindion dans l’eau: mais cette précaution devient inutile, fiPon peut laifierle mélange affezlong-tems dans le feu. Merret a donc railon de aire que plus le verre refte au feu , plus il devient beau. C’eft une attention qu'il ne faudra pas négliger, file mélange efi maigre ou gras, c’eft-à-dire ƒ S'il y efi entré peu ou beaucoup de fel ou fable : S’il y a trop peu de fel, les Verriers difent que leur mélange efl maigre, & alors il efl plus dur & plus difficile à fondre. Il vauc donc mieux que le mélange foit un peu gras, furtout s’il refit* long-tcms au feu, parce qu’alors il fe travaille plus aifément,