Chapitre XXVI.
Maniéré de donner au criflal nomme' Bollito en Italien , la couleur d’Aigue-Marine.
I'on met dans le creufet 40 livres de fritte de criftal fans mélange de .m/agnéfie, mais qui ait été bien cuite & bien purifiée, fans cependant avoir été jettée dans l’eau ; puis on y ajoute douze onces de cuivre calciné par trois fois, comme il a ete dit au Chapitre XXV. & une demie once de faffre préparé de la maniéré indiquée au Chapitre X11. On mêle exactement ces deux poudres, on Jes divife en quatre parts , & on les jette dans le creufet à quatre reprîtes differentes , afin qu’elles pénétrent mieux le verre. On remue bien tout le mélange , & après l’avoir laiffé repofer pendant-deux heures & l’avoir remué de nouveau, on voit fi la couleur eft telle qu’on la défire : fi elle eft bien, on n’y touche point; car quoique .l/'aigue-marine pût paroître tirer furie verd, le fel qui eft contenu dans le verre corrigera ce défaut & en fera pancher la couleur vers le bleu. Au fut de vingt-qxiatre heures, on pourra fe mettre etl état de travailler ce verre qui aura acquis plus ou moins de couleur, fuîvant la dofe de pou¬dre qu’on y aura mêlée ; car de' même que la cou¬leur devient plus foncée par l’addition de la pou-
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dre; l’on peut auflî la rendre plus claire en ôtant une partie du verre qui eft coloré, & fubftituant à fa place la même quantité de verre qui ne le loit point. C’eft en tâtonnant de cette façon , qu’on parvient enfin audégré que l’on cherche : Ton ne peut donc en donner des réglés générales ; mais il faut s’en rapporter à la prudence de l’Ouvrier. J’ai fouvent éprouvé cette maniéré de faire l’aigue- marine,& elle m’a toujours réufii. En mêlant de la fritte de criftal & moitié de fritte de roquette, vous aurez une belle couleur d’aigue-marine , cepen-dant la plus belle fè fera avec la feule fritte de criftal.
Remarques de J. Kunckel fur le Chapitre XXVI.
Voici ce que j’ai obfervé fur cette matière ; j’ai joint au mélange ou à la fritte une certaine quantité delà poudre, (c’eft-à-dire, de cuivre calciné & de fafïre ) & j’ai fait fondre le tout dans des petits creufets. Il m’a paru qu’il étoic allez égal de mêler cette poudre avec le verre en fonte ou de la mêler dès le commencement avec la fritte ; je crois même qu^ cette derniere maniéré eft préférable, car fans cela l’on a bcaucoupJ&e peine à donner, même en remuant, une couleur égale & foutenue au verre : il eft plus aifé d’y parveniren mêlant la poudre dès le commencement avec la fritte. L’on doit remarquer qu’il ne faut pas toujours s’en rapporter aux poids indiqués par notre Auteur j il lera bon d’en faire d’abord des épreuves en petit.