C H A P I T R E XXXII.
Verd qui imite l’Eméraude.
Lorsque qu'on veut donner une couleur verte au verre , il faut qu’il contienne peu de fel. Car fi on empioyoit un verre bien chargé de fel, tel que celui qui eft fait avec la roquette ou de la fritte de criftal, la couleur n’en feroit point d’un beau verd, mais tireroit plutôt fur l’aigue-marine. En effet, le fel altère cette couleur, & l’a fait pancher vers la couleur bleue. Si l’on veut avoir un beau verd , on mettra dans le creufet, de la fritte de verre commun , décrite au Chapitre 8. Il faudra qu’il n’y entre point de magnéfie ; car elle rendroit l’ouvrage noir & défeéhreux : lorf-que le verre fera bien entré en fufion & bien purifié , on mettra, par exemple, fur cent livres de verre environ trois onces de faffran de mars fait avec le vinaigre , & calciné comme on a dit au Chapitre 17. On remuera bien ce mélange & on le laiffera repofer pendant une heure , afin qu 11 prenne la couleur du fàffran de mars; de cette maniéré il jaunira tant foit peu le verre , lui ôtera le bleu groffier qu’il a prefque toujours, & le rendra propre à recevoir la couleur verte. Qu’on prenne alors des écailles de cuivre calcinées trois fois, comme il a été dit au Chapitre 28. fur 100
livres de verre, on en mettra 2 livres à fix répri- fes; l’on aura foin de bien mêler la poudre avec le verre ; on biffera repofer le mélange pendant deux heures, afin que les matières s’incorporent enfemble ; on remuera enfuite de nouveau, & on verra fi la couleur eft telle qu’on la demande, &c. Si la couleur tiroit fur le bleu , ou 1 aigue- marine , on pourroit y remédier en ajoûtant du faffran de Mars de la maniéré qu’on a dite, l'on auroit une couleur d’émeraude des plus bel¬les , qu’on appelle auffi verd de poireau. On pourra au bout de vingt-quatre heures travailler ce verre , en obfervant toujours de le remuer avant de le mettre en œuvre ; car les couleurs tombant au fond du creufet, le verre eft plus clair à la ffiperfice qu’au fond , &c.
Notes de Merret jur le Chapitre XXXII.
Voici ce que dit Porta au fujet du verd d’émeraude, au Livre 6,Chapitre ç. » Lorfque vous aurez donné au verre » une couleur d’aigue-marine , il vous fera aifé de lui faire » prendre une couleur d’émeraude , en y ajoûtant du faffran " def lars,mais il ne faut y en mettre que la moitié de ce qu’il ” y a de cuivre. Par exemple , fi l’on a mis d’abord un quart "de cuivre, on ne mettra ici qu’un huitième de faffran de " Mars & autant de cuivre. On obfervera qu’après avoir " mêlé les couleurs dans le verre , il faudra le lailfer cuire
* pendant lix heures, afin que la matière qui étoit devenue ” nébuleufe par l’addition des couleurs , ait le tems de s’é- » claircir ; on diminuera enfuite le feu jufqu’à ce que le “ fourneau réfroidilfe : alors on pourra retirer les creufets « du fourneau j &. en les rompant on y trouvera des pierres
* factices ».
[96]
Pour ce qui eft de la couleur de rofe , appellée commu¬
nément Rojichiero, Roficiair, voici ce qu’en dit le même Porta Livre 6, Chapitre p. » Les Verriers modernes ont » beaucoup de peine à parvenir à faire un émail couleur de « rofe communément appelle Roficfiicro, Roficiair, tandis » que les anciens y réuffilioient au mieux ».