C H A P I T R E XXXV.
Autre Vrrd encore plus beau qu aucun des précédens.
L’ON prend dix livres d’un verre- compofé moitié de verre blanc commun réduit en poudre, moitié de verre de criftal purifié par de fréquentes extinélions dans l’eau ; on y joint quatre livres de fritte commune réduite en poudre.& trois livres de minium ; après avoir bien mêlé les matières, on les met dans un creufet où elles fe purifient en peu d heures ; la matière étant purifiée , on la jette dans l’eau. On examine , s’il s’eft amafte du plomb au fond du creufet ; dans ce cas, on a foin de l’ôter, de peur que le creufet ne vienne à le rompre. Après avoir fait l’extinélion du verre dans l’eau, on le remet à purifier pendant un jour; on lui donne enfuite la teinture , en y mettant du caput mortuum qui refte après la diftillation Chymique du vitriol de Venus réduit en poudre, & ties-peu de làfïran de Mars; l’on a de cette façon une couleur verte admirable &. fupérieure à toutes celles que j aie jamais faites.
Remarques de J. Kunckelfùr les Chapitres XXXII,
XXXIII, XXXIV, & XXXV.
. Il en eft de la couleur verte que notre Auteur donne dans ces Cha¬pitres comme de l’aigue marine. Je me fuis fait un plaifir d’effayer les différentes nuances de ce verre, dans la Verrerie de Criftal de rElec- pUr de Saxe, où j’ai répété toutes les expériences contenues dans ce ivre. Les différences qui fe trouvent entre ces couleurs ne dépen- vnt que du choix &. de la préparation du faffran de Mars : s’il eft fait Par le vinaigre, par le fouffre, ou par lui-même, la couleur qu’il donne verre varie. C’eft par les mélanges divers du cuivre calciné & du ran de Mars qu’on a cette grande variété qui fe trouve dans la cou- ur verte ; car quoi qu’avec le cuivre feul de fes écailles on puiffe pro- uire du verd , c’eft néantmoins le feul faffran de Mars diverfement
Préparé qui y met de la variété.
e n ai point trouvé que les differentes maniérés de préparer le cui- m ayent donné des couleurs différentes : j’ai même éproùvé qu’en a cinant le cuivre feul & par lui-même ( comme il eft dit au Chapitre ’ )e pouvois produire tous les effets que l’Auteur enfeigne à faire
Par les différentes préparations de ce métal. Quant à ce qui eft dit au lapitre 3 7 du minium ou du mélange où il entre du plomb ; il eft vrai que cela donne un beau verd : cependant 1 °. Le verre où il entre MU plomb ne fe travaille pas bien , parce qu’il eft trop tendre ; 2°. Les
f nerres quilônt faites de cette maniéré ne font point propres à imiter es pierres prétieufes , attendu qu’elles ont un poids qui ne leur eft pas naturel, fans compter qu’elles ne peuvent fouffrir le poli à caufe de leur peu de dureté.