Art de la verrerie.
Sommaire du second livre.
donne dans ce Livre la maniéré de contrefaire la Calcédoine , ou un Verre qui ait les couleurs de P Agathe & du Jafpe dé Orient ; avec la façon de préparer toutes les couleurs pour cet ufage ; la maniéré de faire des Eaux fortes & des Eaux régales ; de calciner le Tartre, & de Punir avec la couleur rouge, que les Italiens appellent Rofichiero,/ oit couleur de rofe (Rojicler), pour produire dans le verre différentes nuances de couleurs y & lui donner Popacité qui efi naturelle aux pierres prétieufes d'Orient.
CHAPITRE XXXVII.
la maniéré de faire la Calcédoine > l Agathe & le Jajpe,
D ANS le deffein où je fuis de donner la ma¬niéré de faire la Calcédoine, le Jafpe & V Agathe, enforce qu elles reffemblent aux pierres d’Orient, faut commencer par enfeigner comment on
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doit préparer les minéraux qui entrent dans ces compofitions. Il eft vrai qu on trouve quelques fois de ces compofitions à achetter toutes prépa¬rées; mais comme je veux que mon Ouvrage foit complet, je crois devoir commencer par des méthodes chy iniques qui ferviront à ceux qui ont de la connoiifance & de l’expérience dans l’Art, à préparer eux mêmes toutes ces chofes, fans être obligés d’avoir recours à perfonne, & à les préparer non-feulement d’une maniéré plus par- laite , mais encore à beaucoup moins de frais.
En effet, lorfque la matière a été duement pré-parée , que la couleur métallique a été bien dé-veloppée } & leparée avec foin de toutes partie* hétérogènes & terreftres, & purifiée de toutes faletés, chofes qui empêchent ordinairement l’u-nion des teintures avec le verre, il n’eft point douteux que le verre ne prenne des couleurs vives & belles.
La couleur de la calcédoine ou plutôt de la compofition qui doit l’imiter, n’eft autre choie qu’un amas de couleurs de toutes fortes d’efpéces que le verre reçoit & qui ne font pas également connues de tout le monde ; ces couleurs, à moins d’êrre bien & duement préparées n’ont ni l’éclat ni la beauté qu’on demande ; il faudra donc que les métaux qu’on y.employé foîent bien dillbus, bien divifés par l’eau forte & réduits en chaux;qu6 le cuivre, le fouftre , le vitriol, le fel ammoniac t &c.foient ouverts & développés par un feu doux>
DE LA VERRERIE. i°7 car dans cette occafion le feu trop violent feroit nuifible. La couleur rouge , dont il fera parié au Chapitre 124 , & le tartre doivent non- feulement être bien calcinés , mais encore em¬ployés en dofe convenable & à propos , obfer- Vant que le verre foit bien cuit, bien purifié 8c propre à être travaillé. Il faut enfin apporter atout l’attention d’un bon Artifte. On parviendra par ce moyen à imiter le jafpe, l’agathe 8c lacalcé-i doine, &ày porter un aflemblage de couleurs vives & éclatantes. Quoique l’on dife commu¬nément que l’art ne peut jamais égaler la nature , l'expérience nous prouve cependant que ce prin¬cipe n’eft point toujours vrai & en particulier dans les teintures dont il eft ici queftion , où l’art va même jufqu’à furpafler la nature. Je me flatte que les trois maniérés que je donnerai de faire la cal¬cédoine montreront jufqu’à quel point de perfection l’Art de la Verrerie peut atteindre. Je compte faire un détail fi clair 8c fi circonftancié de ces maniérés que pour peu qu’on ait d’ufage dans de pareilles opérations, on ne pourra s’y tromper; ce¬lui même qui travaillera fuivant les préceptes que î’expoferai, fera à portée de découvrir plus quq D ne dis 8c que je ne juge à propos de révéler.