DE LA VER REE IE. 179 exa&ement les aurres manipulations qu’il prefcrit: on pourroit abfo- '*^ent employer un mortier de fer, pourvü qu’il ne fut pas rouillé en dedans: il y a plus, dans les cas oü 1’on fe propofe de faire des pierres vertes ou bleues ou de couleurs oü il entre du faffran de Mars, cela ne Peut point nuire a la compofition. Au relle , je perfifte & croire que fout ce que 1’Auteur enfeigne dans ce Livre ne mérite point & oeaucoup prés qu’onfe donne la peine de le mettre e
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C H A P I T R E LXXVII.
Manier e de faire des Emeraudes.
PREN EZ deux onces de criftal de roche, pré- Pyé comme ci-deffus, Sc quatre onces de mi- JHum ; mêiez bien ces deux poudres; ajoutez-y 4uarante-huit grains de verd-de-gris calcine Sc pulvérifé , Sc huit grains de faffran de Mars faic par le vinaigre ; après avoir bien raêlé ces ma- tieres , mettez-les dans un creufèt aiïez grand, pour que , quand vous y aurez tout mis, il refte 1’elpace d’un doigt de vuide ; couvrez enfuite le Creufet d’un couvercle de terre, que vous y lut- terez: mettez le creulet dans un focrneau a Potier.
vous le laiiferez autant de tems que les pots de terre en demandent pour être cuits; en brifint le creufet , vous y trouverez une matiere d’une belle couleur d'Emeraudes, dontl’éclat furpaftera
Celui des véritables. Si la pate n’eft point affez Pürifiée cette premiere fois, remettez-la de nou- Ve3u dans le fourneau ; vous connoitrez qu ‘elle bien pure , lorlqu’en levant un peu le couver-
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cle , elle vous paroitra nette & tranfparente. Il ne faut point brifer ie creulet, avant que d’etre aiïuréque la paté eftpure & bien cuite;car fi après avoir brifé le premier creufet, vous remettez la matiere dans un autre ; quelque foin que vous preniez pour la purifier , ellefera pleine de bulleS & difforme. Quand on ne fera pas a portee d’a- voir un fourneau a Potier, on pourra faire conf- truire un petit fourneau pour eet ufage ; Ton y fera du feu pendant vingt-quatre heures; on ne fe fervira pour le chauffer que de bois dur & fee, tel qu’eft le bois de chêne. Il faudra que le feu foit continuel & fans interruption, fans quoi 1’ouvrage ne fe perfedionneroit pas. Lorfque j’étois a An¬vers , je me fis des fourneaux de cette efpéce, oü Pon pouvoit placer vingt creufets pour différentes couleurs; & en vingt-quatre heures de tems, le procédé s’achevoit. Pour plus grande fureté, 1’on pourra continuer le feu pendant fix heures deplus ou même davantage : ces fortes de pates prennent le poli comme les pierres véritabies. On les monte en mettant une feuille deffous. La dofe que j ai indiquée rend la pate plus dure que de cou- tume.
Notes de Merret fir le Chapitre L XXVII.
Boetius de Boot, Auteur célébre, qui adonné un Traité des pierrres prétieufes , parle de 1’Emeraude de la facofl fuivante , «1’émeraude, dit-il, peutfe contrefaire debiet1 » des nianieres différentes, mais principalement avec le
DE LA V ERR ERIE. iSi
* criftal 5 le verre , les cailloux calcinés & mis en fufion, en 45 Y ajoutant un peu de minium : fen ai fait de fort belles de
* cette maniere; il y en a qui y joignent de l'as-uftum réd uit
* en une poudre très-fine, avec moitié de faffran de Mars; 25 Us font fondre le tout pendant fix heures, laiffent réfroidir
la matiere d’elle-même, & lui donnent enfuite le poli.
* Silopération fe fait avec foin, on aura par ce moyen des
* émeraudes femblables a ceiles d’Amérique.
Garcias ab Horto dit en avoir fait aufli de fort belles & de fort grandes avec des morceaux de verre; Dalechamp Croit qu’ilfaut y joindre du jafpe. Bireilus donne la même conipofition que notre Auteur; il en prefcrit plufieurs au- tfes, entre lefquelles il y en a une oü il faitentrer le minium & lesécailles de cuivre. Hartmann a aufli fes procédés. 11 Prefcrit dans 1’un fdw*? la Lime, du Soldi & du Criftal, une aflez bonne quantité de fel ammoniac; mais cette recerte eftinintelligible. Sa fecondc compofnion eftfaitede 9uatre onces de minium, de deux onces de criftal préparé, de deux drachmes d’or. La troifiéme eft de cuivre calciné & réduiten poudre , y mêlant deux fois autantdu fable done un fe fert pour faire le verre. Il faut, felon lui, continuer un feu très-fort pendant quatre jours; & fur la fin de 1’opé- ration , le renare encore plus violent pendant 1‘efpace d’une demie journée ; cequidoit s’obferver aufli dans fonier- & fon 2C- procédé. Le quatriéme eft de ne remplir un creu- fet qu’amoitié, de criftal préparé & d’un peu de cuivre; de faire fondre ce mélange aun feu moderé pendant fix ou fept heures; de le pouffer enfuite avec force; doter la Matiere du feu , & de caffer lc creufet ou 1’on trouvera , dit-il; une compofition couverte d'écume de plomb , qui nétoyée avec foin , offrira une émeraude très-belle. Cette Ipfceraude mife en morceaux pourrafe travailler & fe polir. "^’opération ne réuffit pas toujours; ilfaut untemsferein P°ur la faire. On peut prendre de plus fortes dofes & faire Parce moven, dans quatre creufets différents, des émerau¬des de différens dégrés de beauté ; 1’on met, par exemple , dansle premier creufet, unfcrupule de cuivre; deuxlcru-
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pules dans le fecond; on augmente jufqu’aune drachme & demie fans aller au-dela; car le verre perdroit fa tranfparence fil’on y en mettoit davantage: le même procédé a lieu pour le jafpe , la topafe & le faphire. On n’aura pour les deux premieres pierres qu’a ajouter du faffran de Mars, & du faHre pour la derniere.
Dans la compofition dont il s’agit ici, le fer ne commu¬nique ni éclat ni corps au cuivre. Cardan dans fon traite de f^arietate, livre 10, Chapitre 5-2. donne une maniere de faire cette couleur, avec des cailloux de riviere blancliis par la calcination , & rnêlés a une dofe égale de minium fondu deux fois dans le creufet; mais ce procédé n’eft pas claire.
Ifaac le Hollandois allure quel’on peut 1’obtenir avecdu vitriol calcine & le rcfidu de la c/z«»x, arrofant le fond d’abord avec de 1’eau falée chaude, & enfuite avec del’eau douce aufli chaude; ce qui lui donne plus d’efficaeité & rend le mélange plus aifé a fondre.
Seneque ditdans fon Epitre pi. que Démocrite avoir trouvé le fecret de changer les pierres en émeraudes ; 6C on lit dans Pline , Livre 37 , Chapitre 12, que plufieurs Auteurs ont expofésdans leurs écrits, differentes manieres de donner au criftal la couleur de 1’Emeraude & celle d’autres pierres prétieufes; ce qui fe rapporte peut-être affeZ avec ce que le même Auteur dit au Livre 36 , Chap. 26 > du verre noir & de la pierre mirrhine de différentes couleurs.
Remarques de J. Kunckel far le Chapitre LXXVII.
Neriveut ici qu’on mette la pate dont on doitfe fervir pour con- trefaire Pemeraude, dans un fourneau a Potier; cependant, il eft cer¬tain qu’on n’eft jamais afluré du degré de chaleur qu’on donne a ce fourneau ; & il n’eft pas moins vrai queces fortes de pierres demanded un certain degre de chaleur; d'oü 1’on peut conclure qu’en s’y pre- nant de cette maniere, Pon n’aura rien de bien mcrveilleux. Si quel' qu’un vouloit s’exercer a faire ces couleurs, il n’auroit qu’a mettre la
Matiere dans un creufet bicn lutté & le laiffer pendant fix ou buit beuresau fourneau de réverbere ; mais comme cette maniere eft-elle toeme accompagnée d’inconveniens , attendu que le creufet doit ctre expofé aux charbons a nud, &. qu’il arrive fouvent que la mariere Cnfort, j’ai jugé apropos de communiquer aux curieux un *oi rr ru dont j’avois fait un lècret jufqifapréfent On le trouvera a la f e eet Ocvrage; on pourra 1’échauffer avec du bois,aufii-bien qu’, . c du charbon; il eft conftruit de maniere que le creufet .0 a tuvert de toute faleté 6c de toute p ouflure , & qu’on ypeut placer poer ainfi- dire,prefqu’autant decreufets que 1’on veut 11 paroit que notreAutetr fervoit auffi d'un fourneau particulier pour fes operations : mais il
11 en a donné ni le deffein ni la de'cription.
Pource qui regarde les couleurs , chacunferalemaitre deles ren-
dfc plus clairesou plus foncées a volonté > ainfi qu on 1’a dit fuffiia- ïïK’nt dans les Livres precedents. Mais comme quelque chofe que 1’on fctfc, 1 on ne peut obtenir de cette maniere des pierres légeres & dures, je donnerai, a la fin de 1’ouvrage, une autre méthode plus fure & plus élégante, au moyen de laquelle on pourra faire toutes les couleurs ; car celle de notre Auteur eft pénible & peu fure 5 en effet, b 5 comme il le dit, il faut mettre fa matiere au fourneau a potier & fi , Comme il arrive ordinairement , la matiere n\ fl pas bicn pure dés la premiere fois , je ne vois pas qu’il puiffe en refulter rien de bon : fi on k remet en fufion de nouveau , lans la changer de creufet , il y aura dixa parier contre un que lecreufet fe brifera. L’Auteur dit è ia fin du Chapitre, que cette compofition donne une pate plus dure > mais Cela eft démenti par 1’expérience 6c par lebon fens.
C H A P I T R E LXXVIII.
Couleur d’Emeraude plus foncce.
"PRENEZ un once de criftal de roche broyé c°mme on a dit ci-deflus, & fix onces & demie minium ; ajoutez foixante-quinze grains de
^erd-de-gris, & dix grains de faffran de Mars ; kfites 1’opération comme dans le Chapitre précé- ^ent; laiflèz lèulement cette paté au feu plus