Chapitre XC.
Avertijfemens fur les Pates & fur lews couleurs.
EN faifant les pates dont on vient de parler? onpourra les rendre plus ou moins foncées,fuivant les ouvrages que 1’on eri voudra faire : les pierres don?
dont on veuttravailler des petitesbagues, doivent etre d’une couleur foncée ; les grandes doivent être plus claires; les pendansd’oreilles demandent Une nuance plus forte , & ainfi du refte ; c’eft ce dont on ne peut donner de regies certaines; il faut s’en rapporter a 1’Artifte , car celles que je prefcris, ne font que mettre furla voie , & con- duire a de meilieures découvertes. On ne parle lei que des couleurs qui fe tirent du verd-de-gris, du faffre & de la magnéfie : mais un Curieux pourra tirer de 1’or une couleur rouge d’une grande beauté;du fer, pareillemqnt un beau rouge; du cuivre , un beau verd ; une couleur d’or , du plomb ; du bleu, de 1’argent; * un bleu célefte , des grenats de Bohème : ces petits grenats ne font Point chers, & fournilfent une trés belle teinture, Comme je 1’ai louvent éprouvé en Flandres. Il en eft de même des rubis , des faphires & des autres pierres prétieufes, comme le f^avent ceux qui font Verfés dans la Chymie ; il faudroit un Traité fort confidérable pour en enfeigner les procédés; mais je m’entiendrai aux couleurs que j’ai données. Je feviens au point le plus elfentiel de cette opéra- don; f^avoir, de ne point caffer les creufèts, avant que la matiere ait eu une cuiffon fuffifante
Oe foit bien purifïée; car 11 on verfe la matiere
dans d’autres creufets , elle fe ternit, fe charge de faletés & devient difforme ; c’eft par cette raifon, je le répéte, qu’ ii ne faut point fe prelfer de cafferles creufets, mais les lutter de nouveau , &■ les remettre au fourneau; paree moyen, les pates deviendront pures & propres a. toutes fortes d’ouv rages.
Notes de Meïret Jur le Chapitre X C.
Notre Auteur parie ici d’un beau rouge qui fe tire de 1’or ; les Alchymiftes fe vantent de pouvoir par le moyen de leurs menftrues tirer de 1’or une teinture ; j’ai connu un trés-' habile Chymifte qui propofcit fur un pari confidérable t de réduire en peu de grains tout 1’or qui pouvoir être dans une pareille teinture qui avoit été faite par un homme très-célébre , &. très-verfé dans le même art, mais perfonne ne le prit au mot, il paroit de-la qu’il a du fe perdre quel*' que chofe dans le procédé pour obtenir cette teinture.
Je fcai a n’en pouvoir douter que del’ordilTout dans de 1’eau régale , donnea la peau une couleur pourpre qui dure pendant quelques jours; & que fil’on vient averlet de 1’eau dans cette folution, elie prend la même couleur; Glauber dit que cette folution d’or précipitée par le liquor ftlicum, donne une belle couleur de faphire.
I.a teinture d’argent ne donne point du bleu , mais elle eft blanche, fuivant le témoignage de Boyle dans fes expé' riences Phyfiologiqv.es. Je perfide done a croire, que le bleu ne vient que du cuivre quife trouve toujours unia 1’argent.
Pour ce qui eft desgrènats de Bohème , Boetius de Boot a-Ture qu ils confervent leur couleur dans le feu, ce qui n arrive point au?: autres grenats; c’eft pourquoi on doitleuf donner Ia préférence pourl’ufage dont il eft ici queftionj mais quand il feroit vrai que le feu ordinaire ne leurenle- veroit point leur couleur, ce ne feroit pas une raifon pout que le feu du fourneau de Verrerie ne preduifit point eet cfiet»
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Re marques de J. Kunckel far le Chapitre X C.
Les avertiflemens.que donne ici 1’Auteur méritent qu’on y fade at¬tention ; mais ce qu’il dit de la maniere de faire fondre avec les pates dont il donne la compofition , les vraies pierres préticufes telles que le rubis, le faphire , &c. eft fans fondement & impraticable > attendu qu’après le diamant, ce font les pierres les plus dures. 11 s en faut done de beaucoup qu’on puiflc les mettre en fufion dans une paté de verre de plomb; elles ne s’y mêlent prefque pas; ellesyconfervent toujours la forme de poudre, loin d’y porter de la couleur : fi Pon mele des gtenats au verre en fonte, ils ne lui communiquent point d autre couleur que celle de 1’émeraude.