CHAPITRE CIX.
Manier e de tirer la Lacquc du Pavot, de l'Iris, des yiolettes rouges & de toutes Jortes de
plantes réccntes.
O N prend de toutes les plantes en fleurs d’une
nême couleur, a volonté ; on opére comme on vienc de dire dansle Chapitre précédent, & i’on a par ce moycn une lacque ou une couleur dé c«aque plante propre a fervir dans la Peinture^
Notes de Mevr et Jïtr le Chapitre CVIIL
On s’eft donné beaucoup de peine pour trouver le dif- folvant dont il elf ici quefticn. Le meilleur eft celui qui fe &’tavecla <bude, & la chaux; cependant la potaffe & 1’a- Ln produifent la même chofe. J’aiconnu un habile homme qui par ces diflblvants avoit tire routes fortes qc coulcurs des plantes, &s’enétoit 'ervi a colorer au naturel un grand ■Rerbier On peut voir la vertu de la potaffe que nos 1 eintu- r ers appellent IP'are , dansi’indigo & le paftel dont on ne peut tirer la couleur fans cettelellive. Le_> couleurs les plus tranföarentes ne demandent que de 1’alun ; un fel trop acre les détruit; c’eft ce dont on a la preuVe dans la teinture & dans lescendres des Savoniers; la couleur jaune des verres' ne réuflit point avéc le tartre, comme on le voit au Chapitre I V.
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Remarques de J. Kunckel fur les Ckapitres CVIII.
& CIX.
L’Auteur traite dans ce Livre de differens fecrets utils & curieux i independament de ce qui a rapport a 1’Art de la Verrerie.
Quant aux couleursde Lacque , il y avoit plufieurs annecs que je lffoccupois de leurs preparations, lorfque j’eus connoiffance de 1’Ou- vrage de Neri: ïlfautobferver entr’autreschofes dans ces operations> que lorfqu’on a fait un peu bouillir les fleurs dans une leflive , qffon Pa décantée, qffon en a verfé une nouvelle fur ce qui refte ; qu’après une deuxiéme cuiffon douce ,on a rtïtéré cette operation juftju’a trois fois, outant qu’il vient de la couleur, & qu’on vient a précipiter chaque extrait avec de Falun , chaque extrait ou precipitation donne une laqué ou couleur particuliere qui eft très-utile pour les différente? nuances dont font obliges de fe fervir les Pcintres en fleurs; on ne doit cependant pointentendre cet effet de routes les fleurs, paree qu’il yen a dont les couleurs font fi tendres , qu’on eft oblige <Pen mettre beaucoup fur une petite quantité de leflive; tandis qu’il y en ad’autres pour qui on prend beaucoup de leflive furpeu de fleurs. 11 n’y a que la pratique & Pexperience qui puifl'ent enfeigner quel eft le tempera¬ment a garder. Mais on peut fe fervir trés bien & avec fuccès d’une bonne leflive de potaffe bien pure.
J’expoferai a la fin de cet Ouvrage la meilleure maniere de faire la potaffe & d^en tirer une bonne quantité.
Quant a ce que PAuteur dit dans ces deux Chapitres de la maniere de fecher la lacque qu’on atirée desplantes & des fleurs, cela n’eft bon que pour celles fur lefquelles on peut le pratiquer. Lorfque j’étois dans Phabitude de faire ces fortes d’opérations , j’avois une plaque de Gipfe de la hauteur de deux ou trois travers de doitgs ; & lorfque je voulois fecher la lacque , je faifois chauffer un peu la plaque , Ói j’étendois la lacque deffus : ce plateau attiroit en peu de terns 1’humidité : il n’eft point indifferent de fecher la lacque vite ou lentement; car ils’en trouve qui en féchant trop vite perd Péclat de fa couleur &: devienc difforme. Il faut done de la précaution en ceci; au lieu de gipfe on peut fe fervir d’un gros morceau de craye , qu’on rendra uni; au refte, un plateau de gipfe fervira long-terns a cet ufage, pourvu qu’on le faffs fecher a chaque fois qu’on 1’aura employé.