CHAP I T R E CXXXIII.
Manierc de tirer le Vitriol des Eatix colore'es dom
on vietit de par Ier.
O N fait évaporer doucement au bain de fable dansunmatras de verre qui contienne trois livres, 1 eau colorée dont on vient de parler; on met plufieurs autres matras remplis de la même eau au- pres du fourneau , afin qu’ils s’écbauffent; a me- lure qu’il s’évapore de 1’eau du grand matras qui eft au bain de (able , on en remet quantité de ces Autres matras, de peur que fi on y jettoit de 1’eau freide, le vailfeau nevintafe caffér; dix livres decette eau réduite a deux livres & demie ou a trois livres par 1’évaporation , fèront fort chargees de couleur ; vous les mettrez dans des vales de
jufqu’a ce quele recipient redevienne tlair ; pout lors vous lailferez celfer le feu, & au bout de vingt-quatre heures, vous déluterez les jointures? & conferverez route la liqueur qui fera venue par la diftillation , dans des. vafes de verre bien bou- chés; car cell-la.le vrai bleu foncé qu’on peut employer a tant d’ufages admirables: vousjugereZ facilement de fa force par fon odeur, qui eli la plus pénétrante qui foit connue.
Il y auroit encore bien des cholès a dire la-defi fus; maïs nous n’en parlons point, a caufe qu’elleS font étrangeres a 1’Art de la Verrerie. Peut-être romprons nous ce filence, lorfqu’il s’en prélèntera une occafion. Si on expofe pendant quelques joufS a fair le fédiment noir qui refte au fond de h* cornue, il prendra de lui-même une couleur d’un blanc pale. Si on le réduit en poudre , & qu’on en paêle une dofe convenable avec du faffre , donnera au criftal une couleur d’aigue-marino fort belle. Je me luis déterminé a expliquer d’unö facon circonftanciée la maniere de préparer cette
* poudre j
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DE LA VERRERIE. 273 poudre qui n’eft point connue, en faveur de ceux qui Ont quelque curioftté pour les fecrets de k nature.
Rcrnarques de fKunckel för les ChapitYes CXXXI;
CXXXII & CXXXIII.
Dans ces Chapitrés, 1’Auteur nous apprend d’abord, la maniere de 3 ciner le cuivre; en fecond lieu, la fa$on d’en tirer du vitriol, Sc comment il faut purifier & diftiller le vitriol. II y a peu de chofes
°bferver fur ces operations communes, connues de tout le monde , aflez clairement expliquées dans eet endroit. Quant a ce que cri dit, qu’elles fe font fans corrofifs, ccla eft vrai par rapport a 1’ex- jraftion du vitriol de la chauxde cuivre ; mais cela n’eft point vrai pour calcination par le fouffre qui ne s’opére qu^au moyen de (on acide , u de la même maniere que li elle avoit été faite par Pefprit de fouffre, de vitriol. Paree que le fouffre n’eft point acide au gout, Que 1’Auteur n’a pas obfervé que la calcination par le fouffre ne fe □-^Sue par fon acide qui, mis en mouvement par le feu, attaque Sc
1 ‘°ut le cuivre, il a cru que c’étoit un vitriol tiré fans corrofif.
Sgavant Merret alltgue d’après Glauber une maniere très-con-
de faire un vitriol de Venus, avec l’efprit de fel ammoniac ou il evident que 1'alcali volatil prédomine ; cette maniere pourroit en
Quelque fa^on s’appeller un vitriol fait fans acide.
Pour ce qui eft du vitriol Sc de fa purification, on f^ait affez que bien des gens fedonnent beaucoupde peine pour y parvenir; j’ai néan- j^oins remarqué , comme je 1’ai dit dans les Obfervations que j’aipu- ^iices, que, quand bien-même on feroit diflbudre le vitriol cent fois an$l’eau, Sc qu^on le feroit enfuite criftallifer, il fe prétipiteroit ƒ ujcurs une terre , Sc que Ie vitriol perdroit fans cefle quelque chofe e‘apartie métallique. En un mot, ilfefait une precipitation tant
a du vitriol. . .
fol °n remarclue la meme chofe dans tous les autres fels : qu?on dif- v Veunfel dans de Peau Sc qu’on falfe criftallifer cette eau auffi lóu- Cnt qu’on voudra , le fel ne fe féparera pas pour cela de fa terre : & ^UoiQu’il paroiffe plusclair& plus transparent après la premiere folu-
& criftallifation , qu’auparavant; il ne fe dégagera pourtant que r üneparrie de fa terregrofliere > mais il nes’en léparera point entié- ihc^ent’ CCk tout"a_fait impoffible, s’il doit garder fa forme & de-
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J’ai fouvent réflechi IS-de flus , & cherché la raifon de ce phénomene/ j’ai examine s’il ne fsroit point poflible de trouver un moven d’obtcnu un vitriol ou un fel tout-a-fait pur. Ayant une fois confidéré que k$ fels diflbuts dans Peau , & furtout le vitriol, s’élevoient confidérabk* ment hors de Peau & s’attachoient même a 1’extérieur du vafe; comprisbien que eet effet n’étoit point l’ouvrage du hazard ; ce ftul me détermina a voir la chofe de plus prés. . -
Je pris done quelques livres de vitriol, avec un baflin deterre qui* terminoit en pointe par le fond & étoit large par en haut; j’y mis ntf11 vitriol; je verfai de 1'eau par deflus , de fa§on qu’elle furnagoit deux travers de doigts; je remuai le tout, & le vitriol comment fuivant fa nature , as’élever jufqu’au bord , ou il s’arrêta fous uf^ forme toute blanche; jelelaiflai pendant quinze jours dans eet état« il s’en forma beaucoup, & il étoit gras au touch r; aprës l’avoirenle'e une premiere fois, il s’en reforma de nouveau avec tant de prompt* tilde que tous les matins fen recueillois une afiez grande quantité; r continuai de raflembler ce vitriol jufqu^a ceque tout fut monté & el1* laiffé au fond fes parties terreftres êe mëtalliques.
Je fis diifoudre une partie de ce vitriol blanc & gras comme beurre dans de Peau diftillée, & je tachai de le faire criftallifer; j’cu5 de la peine a y réuflir; mais le froid étant lurvenu, il forma a la fin criftaux très-beaux , fort blancs &tranlparents; j’en envoyai un el&* a un des mes amis qui fut fort furpris de voir que Pair eüt produtf cette purification 5 il y eut cependant une partie de ce vitriol q11’ continuaa ne vouloir point criftallifer ; elle avoit la confidence d\n firop fort épais; j’aurois bien fouhaité en tirer des criftaux, ce!a fut impofliblc,quelque froid qu’ilfït; a la fin j’expofai cette fl#4* tiere a une chaleurmodérée ; elle fe rcunit è la verité, & forma une fubftance comme de Palun de plume, mais elle demeurera toujo^5 très-grafle.
n ' expóri^nce indiquera la difference qu’il y a entre ce vitriol dégag, oe fa terre groffiere &: de fon métal ; &: 1’autre qui eft encore charg de ces parties , 1’utilité qu’on en peut tirer , & 1’efprit qu’il donne' Le caput-mortuum du vitriol ordinaire diftillé, eft rouge ou noir; aU lieu que celui qui refte du vitriol quia éréainfi pnrifié eft blanc de la neige , & paffe en efprit pour la plus grande partie. ,
La railon pour laquelle la derniere partie du vitriol & des autres ne veut pas ie criftallifer, eft que le fel fe trouve pour lors tel q111 étoit dans fa premiere generation, fans melange d’aucune terre, cett^ terre s'en etant féparée ou précipitée. Il y a encore d’autres différer1^ ces notables entre le fel qui s’eft criftallifé &: celui qui n’apulefai*' Cependant, il faut convenir qu’en fe donnant bien de Ia peine , <lu.a force de folutions Sc de congelations, on criftallifera ce dernier>
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fera bien lentement & très-difficilement: j’ai tentélcs mêmes ope¬rations fur d’autres fels; & j’ai rencontré , chemin faifant, plufiears ^écouvertesqui peuvenr êcre d’une grande utilité,mais fur la voye def- geiles je me contenterai d’avoir mis le Leéteur.
On s’eft encore donné beaucoup de peines pour découvrirle moyen ?‘e communiquer une couleur rouge au vitriol dans un vafe ferme; fc Je nfy fuis aufli fort appliqué, quoique b endesgens regardcntcela c°name peu de chofe. II eftfouvent arrivé a mes vaiifeaux de fe rompre avec grand bruit,& j’ai trouvé dans ce procédé beaucoup d’autres diffi- ; jufqu’a ce que j’aie enfin découvert, qu’il falloit que le propre e prit de vitriol fe colorat par la circulation. A lors je rental 1 operation p la maniere fuivante. Jeprisun vitriol purifié par de fréquentes (o- utions & criftallifations ; je le fis fécher au Soleil; j’en remplis un Verte qui avoit Ia forme d’unoeuf, 4e maniere qifil ne put plus y ^ntrcr; j’expofai ce verre , après 1’avoir bien bouché, a une chaleur ?°uce , pour commencer; enfuite a une plus forte ; mon vitriol devint faunatre, mais il ne put prendre un rouge parfait; je remarquai enfuite je pouvois remuer le vitriol dans le verre , & qu’il y ballottoit acaufe qu’il s’étoit refferré; je vis aufli qu’a l’endroit ou étoit l’in- r^rvalle vuide, il avoit pris un beau rouge; mais ne pouvant rien Qbtenir de plus , j’ouvris le verre ; j’en tirai le peu de rouge qui y ptoit; je le mis dans le vinaigre ; il lui donna une belle couleur jaune; le fis aufli diflbudre 1’autre vitriol; il eftvrai qu’il étoit jaune auffi , Mispas a beaucoup prés autant que le premier. En réflechiflant furce qui s’étoit paffe, je conjccfurai que j’avois laiflé trop peu d’intervalle Vuide dans ie verre ; je le remplis done de fa$on que le quart en de- Seurat vuide ; je le mis de nouveau dans une chaleur convenable; je vis au bout de quinze jours que les cötés du ver,re étoit rempli de rayes r°uges, &: quele vitriol fe difpofoit de plus en plus a prendre un rouge
tel que je ledemandois.
11 eft bon de fgavoir qu’il n’eft pas indifférent de prendre pour operation un vitriol quelcohque. Effayez s’il y eft propre & c‘l°ififlez celui qui, lorfqu’on le calcine au feu , demeure rouge le yUs long-tems ; affurez-vous encore que cCtte rougeur ne vient point ? fer , comme cela arrive dans le vitriol d’A ngleterre qui eft un pur Mtr*ol de Mars ; il faut que la rougeur du vitriol vienne«3e fa propre pre j ce qu’on ne diftinguera que par Pexpérience & par 1’uf.ige. P connoït aifément que le vitriol d’Ahgleterre eft martial, car après ? diftillation on trouve que fon caput mortuum efl un pur faffran de lars fort beau,furtoutfi le vitriol acté bien purifié avant la diftiliation*
Je nc vois pas pour quelle raifon Bafile Valentin & d’autres patent l’ufage du vitriol de Venus ; lorfqire j’en prépare, foit avec de &uile de vitriol, foit avec du fouffre , il n’importe; fi je diftille ce
M ni ij
L’ A R T
vitriol, que je vienne enfuite a examiner Phuile qina été produite pa* la diftillation & Ie caput mortuum , je trouveque j’ai précifément au- tant d’huile qu’il y avoit d’acide de fouffre dans le vitriol de VenuS' Le caput mortuum pefe précifément autant que mon cuivre. P°ur s’affurer que Phuile de vitriol reólifiée & l’huile de fouffre font la mêlTie chofe, on n’a qu’a réflcchir fur ce que-je viens de dire, & Ton s’ap* percevra bientöt que Tune & Pautre viennent du même principe.
Je ne parle ici que d’un vitriol bien pur , & non pas de celui qui plutót alumineux que vitriolique; quant aux vitriols cuivreux, ou qul font faits avec de vraie$.pyrites cuivreufes, je foutiens qu’ils donnen* une huile ou un efprit de la même nature que Pefprit de fouffre. On pourroit encore ajouter bien des chofes fur ce fel merveilleux ; mai$ comme cela eft étranger a 1’Art de la Verrerie , dont nous ne nous fommes déja que trop écartés, je finis mes Notes furl’Art de la VeC rerie de Neri.
FIN de t Art de la Verrerie $ Antoine Neri, des Note! de Merret far eer Ouvrage, & des remarques de Kwickel furies Notes de Merret & fur l'Otwrage de Neri.