DE LA VERRERIE. 307
Maniere de tirer les Seis & de les calciner ,
par J. KUNCKEL.
Je vais terminer cette premiere partie de f’Art de la Verrerie, par une méthode abregée & très-utile de préparer tous les fels qui font en ulage dans les Verreries & au moyen delquels °n peut fe palfer de foude d’Efpagne, de poudre de roquette , de cendres de Syrië ou du Levant, 8c de toutes les autres matieres qu’on eft oblige de faire venir de loin , & auxquelles on fuppléera en Allemagne a peu de frais.
Si je ne m’étoispas engagé a la fin de mes Ob- fervationsfurNeri, de donner ici la méthode de préparer les fels, j’en aurois renvoyé le procédé a une autre cccafion, tant paree qu’il eft d’une plus grande conlequence qu’on ne le pourroit penfer , que paree que j’imagine avoir développé plus de fecrets dans ce qui précéde, qu’il n’en faut pour rendre eet Ouvrage intérelfant.
Je vais done fatisfaire a ma prqmelfe. Lè pre- ïïaier point d’une méthode courte & bonne pour Préparer les fels qui entrept dans la compofition du verre , cell de ne s’attacher a les tirer d’au- cun endroit particulier, tous les végétaux étant Propres pour eet ufage. Tous les arbres & tou- tes les plantes , après leur deftrudion , ou après avoir été réduites en cendres, par 1’adion du feu, donnent un lel d’une feule & même elpéce. Il y
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en a feulement qui en fournilfent plus abondam- ment que d’autres. Iin’eft done queftion que de fe procurer des cendres , fans s’embarafter fi elles font de chene, de hêtre, de bouleau,de bois blanc? ou de tout autre efpéce de bois ou de plantes com- buftibles qui croilfent dans les champs , & ne s’in- quiéter en aucune facon fur la nature des cendres. ïl fuffit d’en avoir.
Prenez ces cendres; mettez-les dansune grande cuve de bois au fond de laquelleily ait un lit de paille, comme les Bralfeurs ont coutume d’en mettre au fond desleurs ; jettez votre cendrefttf cette paille ; il faut feulement qu’au-delfous du lit de paille & au fond de la cuve, il y ait d’un cöté une ouverture pour y placer un robinet. Lorfque tout eft ainfi préparé, verfez de 1’eaU fur les cendres, & laiftez-les s’en imbiber ft par- faitement que 1’eau furnage aux cendres. Qu’elles repolentdans eet état pendant une nuit; au bout de ce terns, ótezle bondon, & faites couler la leftive dans un vaifteau placé au-deftous de la cuve ; ft 1’eau. eft trouble, il faut la reverferfut les cendres julqu a ce qu’elle vienne claire &. d’uU beau jaune. Quand elle fera palfée, remettez en¬core de i’eau pardeftus a proportion de la grandeur de la cuve, & de la quantité de cendres que vou$ y aurez mife: gardez cette premiere leffive qui fera fort chargée de fel, dans un baquet a part j
& remettez de nouvelle eau lur les cendres jufqu’a ce qu’elle y furnage; laiflez i’y féjourner encofe
DE LA VERRERIE. 309 pendant une nuit ou même plus long-tems, 8c retirez-la par le robinet: cette feconde leffive fera foible ; vous la reverferez au lieu d’eau , fur de nouvelles cendres;par ce moyenjl ne féperdra point de. fel, & vous mettrez tout a profit : les cendres dont vous aurez ainfi tiré le fel, feront encore très-bonnes, & pourront être employees a fumer & engraiifer les terres.
Vous ferez autant de leffive que vous. jugerez en avoir befbin ; quand vous penferez en avoir fuffifaminentjVous verferez la leffive dans une chau- diére de fer forgé, ou ce qui vaut mieux de fer de fonte ma^onnée dans unmur, comme celles dont fe.fervent les Blanchiffieufes ; vous obfer- Verez de ne remplir la cbaudiere que d’un tiers; vous placerez au-deffiis du mur dans Jequel la cbaudiére fera magonnée un vaiffieau de bois rem- pli de leffive , qui aura une ouverture d’uncöté, <$C fera garni d’un robinet; vous lacberez ce ro~ binet, de fa§on que la leffive puiffie en fortir , & donner un filet de la groffieur d’un brin de paille , qui tombe dans lachaudiére qui eftplacée au-def- ffius, comme on peut le voir diftincftement dans figure ci jointe ; lorfque la leffive bouillira dans la cbaudiére , vous lacherez le robinet au point de laiffer couler la leffive contenue dans le vaif- feau d’endeffius, de la groffieur d’un brin de paille, ffir celle qui eft a bouillir dans la chaudiére ; ou f la chaudiére eft trop grande, vous lacherez d’a- Vantage le robinet, car ii faut y faire retomber
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toujours autant de leflive qu’il fe diflipe d’eau pa* 1’évaporation; il faudra toutefois prendre garde au commencement de 1’opération que la leffive ne déborde la chaudiére , ce qui peutaifément ar<* river lorfqu’elle commence a bouillir ; vous re* médiriez a eet inconvenient, au cas qu’il eüt lied? en y verfant de la leflive froide & en diminuant le feu.
Vous laiflerez évaporer cette leflive a ficcitei & lorfque toutfera réfroidi, vous détacherezaveC un cizeau lefel qui lèra formé au fond de la chau¬diére ; vous répéterez la même opération juf' qu’a ce que vous ayez autant de fel que vous en avez beloin. Quand vous en aurez préparé une luffifante quantité, vous le mettrezgris fale , dans un fourneau a calciner propre a cette opération> tel qu’on peut le voir repréfenté dans la figure ci-jointe : vous pouflerez le feu petit a petit # par dégrés , de maniere cependant que le fel ne vienne pas a entrer en fufion , mais ne fafle que rougir parfaitement. Si vous voulez vous aflurer fi ce fel a été bien purifié & calciné, vous n’aureZ qu a tirer du fourneau un des plus gros morceauX> le laifler réfroidir, & le cafler ; fi le morceau efl aufli blanc en dedans qu’en dehors ; c’eft une marque qu’il aura été bien calciné, fi-non , faudra continuer la calcination : il deviendra paf ce moyen d’unbeau blanc, & même d’une cou* leur bleuatre; vous pourrez en préparer plufieurs quintaux de cette maniere; & en mêlant ce (el
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/ .
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purifie pour ia premiere fois, avec dü fable bien > >-, il vous donnera un très-beau verre.
Si vous voulez que lefelfoit encore dune plus grandepureté, vous n’aurez qua réïtérer fa folu- üon dans 1’eau , decanter laleflive la plus claire, pafler le refte par un filtre, Sc remettre le touc cuire a ficcité ; plus vous réïtérerez de fois ces Elutions, coagulations, & calcinations, plus le fel fie^a dégagé de fes parties terreftres Sc hétéro- genes; en s’y prenanc de cette maniere , vous parviendrez même a le rendre blanc comme de la neige Sc tranfparent comme du criftal, enforte Au’avec ce fel vous formerez un verre, ou criftal bien fupérieur a celui que 1’on obtient de toutes les poudres du Levant, ou roquettes , foude d’Ef Pagne Sc une infinite d’autres matieres, que 1’on obligé de faire venir de pays éloignés ; c’eft ce dont j’ai i’expérience pardevers moi, Sc ce dont conviendront ceux qui metcront en pratique la
méthode que je viens d’indiquer.
Explication de la Flanche pour la preparation de la
Lejjive & des Seis.
FIGURE I.
A. Le vaifleau de bois, porté fur le mur, uans lequei la chaudiére eft ma^onnée ou 1’on a la leflive, Sc d’oü elle fort Sc tombe dans
la chaudiére.
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B. Le robinet de bois qu’on lache , de maniete que la leflive C puiife fortir de la groffeur d’un brin de paille, ou plus fort fuivant 1 exigence des cas.
D. La chaudiére de fer.
E. La inuraille dans laquelle la chaudiére efl maconnée.
F. L’ouverture par ou 1’on fait entrer le bois.
G. Une ventoufe pour que 1’air puiiTe p,ouflef le feu.
H. Un petit vaifleau dont on fe fert pour verfef la leflive dansle vaifleau A.
I. Le vailfeau de bois ou eft la cendre Sc d’otf la leflive fort pour tomberdans le vaifleau K.
FIGURE II.
A. Fourneau pour calciner le fel,
B. Ouverture par ou 1’on met le bois.
C. Trou par ou la flarnme paffe pour montet
en haut.
D. Le foyer ou 1’on met le fel.
E. La bouche du fourneau, a 1’entrée de quelle fetientun Ouvrier dont la fondion efl d6 remuercontinuellement le fel.
J’ai cru devoir communiquer au Leéleur datfs cette feconde édition, les remarques fuivantesf)f la nature de la potafle , fur la maniere de la faire fur celle quieften ufagea Dorn-Bourg& a Burge^ dans la Principauté de Jena, Sc qui eft la mêm6
DE LA VERRERIE. 313 ^ue 1’on fuit en Pologne & dans 1’Ukraine d’oü J on tire la meilleure potafle , avec le mémoire des frais qu’unpareil attelier peut éxiger. Le tout fondé fur ce j’en ai appris par oui-dire.
Remarques far la PotaJJe.
L
Plus la cendre eft vieille, plus elle fournit de Potafle;
11 faut mettre la cendre dans un lieu humide; elle donne enfuite une leflive plus forte & de Meilleure potafle.
s Les meilleures cendres font celles qui viennent dün bois dur, tel que le chêne , lehêtre & le bouleau ; Sc elles fourniflent plus de potafle que Celles des bois mous.
En Été , 1’on verfe de 1’eau froide fur les cen¬dres; en hyver , il faut fe fèrvir de moitié d’eau chaude Sc de moitié d’eau froide , afinqu’elle foit déde ; fi 1’on ne prenoit que de i’eau froide en ^fyver, elle fe géleroit dans les cuves, Sc 1’on lle pourroit enlever la graifle a la cendre. Dun autre cóté , fi 1’eau étoic trop chaude , la cen¬dre fe gateroit , Sc fa graifle ne pourroit s’en sparer.
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& de faire croitre de bon trefle. L’on peut aufli s’en fervir pour fumer les terres, pourvü que ce ne fort que dans les années humides } & non dans celles de féchereffe.
Quant a 1’eau dont on fefert pour laver la cen¬dre , la meilleure eft celle qui a féjourné & crou- pi; elle donne le double de potafte de celle qui eft claire & crue ; 1’eau falée n’eft point du tout propre a eet ufage.
La potaiïe ne peut fouffrir ni graiiïe ni fel, # il faut bien fe garder de prendre des cendres graffes.
Avant que de mettre les cendres dans lacuve,il faut les faire tamifer paries gens qui les vendent. Les cendres d’Hyver font meilleures que celle5 d’Eté ; car en Eté les Payfans brülent beaucoup de chaume & de feuilles , ce qui ne donne. point de potaiïe. *
Dans la calcination de la potaife , il §’en perd ordinairement un dixiéme dans le feu ; fi on corn' mence par la calciner dans la poële , il ne s’en perdra pas tant.
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païlle que 1’on aura a. y répandre ne s’infinue point dans les fentes ou jointures; 1’on fait enfuite un tot de paille, de peur que les cendres ne palfent par les cótés; 1’on garnitaulfi le milieu de paille , de ttianiere que i’on forme tout un plancher depaille Spi ait environ deux doigts d’épaiffeur: fur cette paille, on arrange encore des planches de bois winces, a la difiance les unes des autres d’un ou de deux doigts ; c’eft fur ces planches que 1’on jette les cendres; & lorfque 1’on y en a fait entrer une certaine quantité , il faut les fouler a deux outrois reprifes, vers les parois ou cótés, tout au tour. A. B. Si 1’on omettoit de prelfer & de fouler les cendres comrae on vient dele dire, 1’eau pafferoit teile qu’on l’auroit verfée, fans emporter la graife de la cendre: il ne faut point les fouler dans le rnilieu , mais les y laifler telles qu’on les y a mifes. Après ces precautions , on remet de la cendre fans qu’il faille la prelfer davantage ; on verfe de 1’eau pardelfus pour faire une leflive ; & lorfque par 1’addition de i’eau, les cendres s’affaiflent dans le vailfeau, on peut y en remettre de nouvelles. .Rn Hyver, il faudrarenouveller la paille toutes les fix ou fept femaines , attendu que 1’eau chaude la ronge & la pourrit; au lieu qu’en Eté on eft oblige de le faire une fois en neuf ou dix femaines.
On peut tirer de la lelfve d’un même baquet pendant trois jours & trois nuits; mais ilfaut avoir foin de remuer tous les jours un peu la cendre qui efl; au haut du baquet , afin que la leffive
Rr ij
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puilfe palfer ou fe filtrer plus aifément.
La leffive parolt toute brune dans ie commen-cement ; m’ais fur la fin de 1’opération, lorfque U grailfe eft enlevée , elle rédevient claire.
Le dernier jour , il faut bien laffer égouter les baquets , fans quoi il refteroit beaucoup de grailfe dans la potalfe.
Lorfquon a ramafle dans une cuve la leffive qui eft venue pendant un jour , on en met deux oU trois fceaux dans la chaudiere, & 1’on en rem- plit deux chaudrons ; 1’on allume du feu delfous: lorfque la leffive qui eft dans le chaudron eft bouillante , on la verfe fur celle qui eft dans la chaudiere ; on en remet de nouvelle dans le chau¬dron , & 1’on continue de même jufqu’a ce qu’il fe forme de la potalfe ; mais il ne faut point que la chaudiere foit entiérement remplie ; on aura foin d’y lailfertoujours quatre doigts de vuide , afin que la leffive ne fe répande pas. La leffive celfe de fumer, lorfqu elle fe confume & commence a fe changer en potalfe ;& quand ons’en appergoit ? il faut la remuer avec un baton, afin qu’elle ne s attache pas fortemenc aux parois, mais qu’elle fe ramalfe au milieu de la chaudiere, on elle re- £oit mieux 1’aétion & la chaieur du feu. Lorfqu’elle commence a blanchir , il faut óter le feu qui eft fous le milieu de la chaudiere & le partager des deux cötés, afin que la potalfe qui eft vers les cd" tésou parois , puilfeauffi fe cuire. Quand elle pa- rolt entiérement blanche, on laffe éteindre le feu
DE LA VERRERIE. 317 & réfroidir le tout; on enleve la potafle a coups de cifeaux,& on la met a part dans une caifle pour ctre calcinée.
Après que la premiere cuiflon eft finie, on ré¬serve la lellive qui eft reftée dans les chaudrons peur la cuiflon fuivante ; on la met dans ia chau- diere, & 1’on procédé de la même maniere-qui a eté dite plus hapt. L’on peut aufli de même pren¬dre la lellive qui eft reftée dans la cuve après la premiere cuiflon, & la reverfor fur de nouvel- les cendres, pour une autre cuiflon.
11 faut que les douves dont la cuve eft faite ayent deux doigts d’épais auffi bien que le' fond ; ft les cercles en font de fer, cela n’en fera que rnieux. 11 laut que les cuves ou vaifleaux foienc faits de bois de pin ou de bois de chêne , & non de fapin qui a des noeuds , & qui eft réfineux. Lorfqu’on vient a 1’arroler d’eau chaude , la réfine fe fond , & il fe fait des trous.
Il faut que la chaudiere foit defer dur & épaifle, & s’éleve amdeflus de la muraille ou elle eft enchaftèe de quatre travers de doigts, afin qufolle ne s echauffe point trop par les cótés, & que la leflive n’en forte point dans la cuiflon.
N. B. Comment ilfaut faire le ciment pour la chaudiere, lorfquelle fuit on quelle a une feme.
11 faut prendre de blancs d’oeuf une pinte; de chaux qui ait fervi a tanner les cuirs; ajouter moitié
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d ecailles de fer & de fang deboeuf, & faire entrer dans la crevaffe un peu d’étoupe de cbanvre & non pas de lin, qu’on aura enduite de lacompoft- tion fifdite..
Si la cendre eft bonne, une butte ou cuve de cendre donnera quatrelivresde potafle, &c.
Il faut que la chaudiere foic faite de vieux fer & non de fer qui vienne d’etre tiré de fa miniere. Les meilleures cuves fe font aZiegerik& aRaude prés d’Eyfenb erg.
I I.
Calcul des frais que coutc un attelier d faire de la Potafle 3 ici, d Burgel.
L’attelier a 32 aulnes de long & 14 de large, il en coutepourle conftruire environ 100 florins.*
La chaudierepefe environ 450 livres, le quin¬tal furie pied de 9 fl. 13 gros J. Sa hauteur eft de 1 aulne & T? , fa largeur de 1 a , fa lon¬gueur de 2 aulnes; il y entre 9 aulnes.
. . . . 41 fl. 16 gr. 6 d.
Deux chaudrons de cuivre qui tiennent cha- cun un fceau,pefent 9 livres, & coutent quatre flo¬rins chacun. . . . . . 8 fl*
Le fourneau a calciner eft fait en dedans de bri- ques , extérieurement de fortes pierres ; celui qu’on voit ici a a peine une aulne de hauteur; ert dedans & au milieu, il doit être arrondi en eer-
* Le florin d’Allemagne revient I < Le gros vaut a peu pres deux fd» aux environs de $ofols^argent de France. J fix deniers , nionnoyede France»
E. Bouche ou entree du fourneau.
Extérieurement, la hauteur du fourneau eft de trois aulnes , fans compter 1’ouverture du foyer ; la largeur eft de 5 aulnes, & la longueur de 6aul.
Le fourneau ou trou ou le bois brrife doit être au milieu du fourneau; fa hauteur eft de -f- d’aulne & ; fa largeur eft de & le trou par ou le feu
paffe pour entrer dansle fourneau a calciner,aune demie aulne en quarré.
Dans un lour a calciner, tel que nous venons de le décrire , on ne pourra calciner que trois quin- taux de potafte ; on pourra le faire plus grand , ft on veut y en mettre davantage.
Le fournil doit être garni extérieurerwwfP’de ti- rans de bois, afin que la chaleur ne puiffe venir a bout deféparer les murailles; les trcuspeuventêtre touchés par des chevilles de fer, & i’on peut mettre
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en deflus du fourneau un enduit de terre grafie- En conftruifant le fourneau , il faut avoir atten¬tion de bien faire Hamper le fol, afin que le foyer ne vienne point a varier & ne foit pas plus haut d’un cóté que de 1’autre,
Calcul d’une CuiJJon,
Pour une cuiflon , 1’on a befoin de ioa IÏ boifieaux ou de 44 buttes ou quarts de boifieaux de cendres, la butte a 1 gros , 2 fl. 2 gros.
3 braffes de bois a 18 gros . .2 12
A 1’Ouvrier pour chaque quintal,
3 s1’ 8 livres, en comptant 8 gros pour chaque quintal , , , , , 14
5 ff 7 gros.
Si de cent livres de cette cuifibn , j’ai 8 livres, & que le quintal fe vende 4 florins, cela fera en commencant, 6 florins , 14 gros, 9 deniers. Si 1’on en óte 5 florins, 7 gros de Irais, refte de profit j florin, 7 gros, 9 deniers.
N. B. Si les cendres font bonnes, on peut ob* tenir .plus de potafle.
DE LA VERRERIE. 321 III.
De la maniere de calciner la JPotaJJe.
1°. Il faut commencer par chauffer le fourneau en Eté pendant fept heures, & en Hy ver pendant fleuf heures.
20. Lorfque le fourneau a été chauffe, on y met la potaffe de lepaiffeur de quatre travers de doigts, & 1’ on fait attention, lorfqu’on y a mis la po- tafïè, de ne pas donner un feu violent; mais on la laifïe s echauffer doucement; & après qu’elle y a été une demie heure, & qu’elle commence a Manchir, on la remue avec un rable , & on la re- tourne de quart d’heure en quart d’heure ;car plus fouvent on le fait, mieux la potaffe fe calcine. Il faut la remuer de facon que ce qui étoit dans le fond vienne a 1’entrée, & que ce qui étoit a 1’en- trée aille dans le fond; car la potaffe qui efl au fond du fourneau , eft expofée a une plus grande chaleur que celle qui eft a 1’entrée. Si on la laif- foit toujours dans le même endroit, elle s’y atta- cheroit, & la calcination ne feroit point égale.
3°. On recommit que le fourneau eft affez échauffé, quand en y paflant le rable, il fort des edncelles des briques.
Il faut que la potaffe refte au fourneau en Eté pendant cinq a ft x heures, & en Hy ver pen¬dant fept a huit heures > plus ou moins, fuivant le dégré de feu qu’on donne au fourneau.
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j°. La calcination óte ordinairement a la po-
tafl'e un dixiéme de fon poids.
6°. Le meilieur bois pour la calcination eft ce¬lui de tilleul, quand on peut en avoir a peu de frais; car ce bois donne a la potafte une belle couleur bleue éclatante.
70. Lorlque la potafte eft pure &bien calcinée? elle reftemble prefque a du verd de gris mêlé de blanc : raais ft la calcination ne s’eft pas bien faite? elle eft encore noire en dedans & femblable a de ia boue.
8°. N B. Lorlqu’on donne un feu trop fort & que Ton n’a pas foin de bien remuer & retourner la potafte, il arrive affez fouvent qu’elle fe fond dans le fourneau paria trop grande chaleur & de- vient comme du lang ; quand cela arrive, il faut diminuer Sc affoiblir le feu ; détacber ce qui eft fondu avec le rabie ; le brouiller Sc mêler exac- tement avec ce qui ne 1’eft pas ; Sc lorlque la po- taffe eft redevenue dure Sc folide, recommence! a donner un feu violent Sc toujöurs continuer a bien remuer Sc retourner. La potafte qui a fondu ? n en eft pas moins bonne pour cela ; maïs il s’en perd davantage ; d’un autre cóté il arrive fouvent que lorfqu’on donne un feu trop foible,& qu’on n’a pas foin de bien remuer,la potafte s’attache a 1’atre Sc fe met en gateau ou en tas; dans ce cas, il faut tacher de fenlever avec ie rabie , ia retourner? Sc donner. enluiteunfeuviolent:par ce moven,elle ièra pénétrée par le feu & aifée a rompre Sc a
DE LA VERRERIE. 323 Ieravec le refte: la maniere de procéder, lorlque Is potaffe s’attache au foyer, eft différente de celle que fort fuit, lorfqu’elle vient a fondre. ■Pour prévenir tous ces inconvéniens, il faut avoir attention a la bien remuer, fur-tout au commen- cement;cette precautionl’empêchera des’attacher a i’atre du fourneau.
9°. L’on reconnoit que ia potaffe a été fiiffifam- tfient calcinée , lorfqu’elle eft rouge par-tout & qu on n’y remarque plus rien de noir i on la tire .slors avec un fer crochu, dans un trou qui commu¬nique au fourneau a calciner, ou on la iaiffe juf- qu’a ce qu’elle foitun peu réfroidie; on la met en- ftiite dans des barils. Il faut auffi avoir foin de ne is point laiffer long-tems expofée a 1’air, de peur que fa couleur ne lè gate & qu’elle ne devienne §raffe;moins on lui laiffera de communication avec i sir , mieux on fera ; il n’y auroit point de mal a Is mettre de bonne heure & même encore chaude, dans les barils. Le Leéteur trouvera a la fin du Traité qui a pour titre Ars Finttoria fundamentalis & experiment alis *, un détail plus circonftancié de Is potaffe, de fonprix & de fes propriétés. J’y ren- y^°ye le Leéfteur & finis ia premiere Partie de mon Traité de 1’Art de la Verrerie, luppliant le Public d êtreperfuadé que je n’ai cherché que fon utilité, en tout ce que j’y ai inleré.
Fin de la premiere Partie.