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XXV.
Autre dor ure.
Prenez deux parties des écailles qui fe deta¬chers du cuivre lorfqu’on le travaille au marteau? & deux parties de luie tranlparente , en mof" ceaux femblables a de la réfine ou poix ; broyeZ ces matieres avec de 1’eau de gomme , & met' tez-en une couche lur le verre; fakes fécher, & tracez enfuite les figures que vous voudrez > repaP fez par defliis un vernis ou de 1’huiledelin épaillej appliquezfur cette huile ouce vernis Tor o u 1’ar- gent; il produira un fort bon efifet de fautre cöté du verre.
XXVI.
Autre dorure.
Prenez de la gomme ammoniaque ; laifiez-la détremper pendant une nuit dans de lort vinaigrej elle s y diffoudra & deviendra blanche comme de la farine de froment; décantez le vinaigre , &. tri* turez la gomme fur une pierre ; ajoutez-y un petf de gomme arabique , ou de gomme d’amandier SC de cérifier bien nette; incorporez ces deux gord" mes , en les humeélant avec de 1’eau claire '■> quand eiles feront bien incorporées & broyées? fervez-vous-en pour écrire ou deffiner fur du verre; lorfque ce que vous aurez tracé fera feché au poinC
DE LA VERRERIE. 347 de n’être plus qu’un peu gluant, appliquez 1’or que vous preflerez avec du cocon ; il paroitra au travers du verre; laiflez repofèr 1’ouvrage pen¬dant une nuit; au bout de ce tems, ötez 1’or fu- perflu en le frottant avec du coton ; il ne reftera fur le verre que les caraéleres ou deHeinsquevous Y aurez formés. Vous ferez enfuite fecher la piéce &r un feu modéré , de peur qu’elle ne fe cafte , & laifferez réfroidir d’elle-même. Cette dorure fera belle, & ne s’aitérera par aucune liqueur : On pourra fuivrela même méthode pour dorerfur des pierres unies, fur 1’ivoire & fur toutes fortes
de métaux.
XXVI I.
Faire un verre a boire fingulier & cwieux.
Prenez deux verres unis qui puiflent s’emboi- ter 1’un dans 1’autre , & done la hauteur foit telle S[ue le verre du dedans n’excéde point celui du de¬hors ; peignez le dedans du plus grand verre avec des coureurs a 1’huile ; formez fur cette peinture, avec une aiguille pointue, des veines outel autre delfein que vous voudrez ; faites courir au dedans du verre peint, fur toute la furface, de vieille huile de lin que vous laiiïerez enfuite égouter en ren- Verfant le verre; quand la peinture fera feche au point de n’être plus qu’un peu gluante, appli- quez-y des feuilles d’or ou de métal, en les pref- fant avec du coton ; lailfez bien fécher; les vei-
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348 L’ A R T
nes ou figures que vous aurez tracées paroitrónC d’or : vous prendrez alors 1’autre verre qui eft plus petit,vous 1’enduirez extérieurement de vieille buile de lin bien claire, oud’un vieux vernis; vous le couvrirez entiérement d’or en feuille ; vous le ferez fecber ; puis vous 1’emboiterez dans le pre¬mier verre que vous aurez préparé ;ilfaut que ces deux verres s’adaptent fi exaélement, qu’il n’y ait entre leurs furfaces que peu ou point de vuide, afin qu’ils ne paroiflent point trop épais; vous pub vériferez enfuite de la craie, & vous en ferez une paté, en y mêlant du vernis de laqué; vous en luterez les bords des deux verres , afin que 1’on ne puilfe point en diftinguer la jointure; vous les lailferez fécher ; quand ils feront bien fees , vous mettrez, avec un petit pinceau, un vernis de la¬qué furies jointures, que vous lailferez encore fé- eber; vous les polirez avec de la pierre de ponce; enfuite de quoi vous y palferez encore une couche de vernis; & lorfqu’elle fera entiérement feebe , vous appliquerez promptement de Tor en feuille; vous finirez par deux autres coucbes de Vernis de laqué ■ Sc 1 or ne pouna jamais s’en aller.
Si en commengari't 1’opération, on ne verfe dans le plus grand verre que de la vieille buile de lin, au lieu de la peinture en buile & des couleurs5 qu’on lailfe égouter cette huile de lin ; qu’enfiuite on répande delfus des poudres brillantes de toutes fortes de couleurs, & qu’on dore extérieurement le verre le plus petit qui doit être adapté dans
DE LA VERRERIE. 345? 1’autre , on aura un verre fort fingulier. On peut, en fuivant la méthode que nous venons d’indi- quer, avoir des verres unis de toutes fortes de cou¬peurs , dans lefquels on fera le maitre de porter les delfeins que I on défirera. Ces verres font un tres- t>el effet.
OBSERVATION
On donnera plus loin la maniere de faire les poudres hrillantes dont il a été parlé dans cette operation.
XXVIII.
Maniere de dorer des carreaux de fayance vernifleS.
Prenez de gomme arabique une partie, de ma- fiic bien pur deux parties ; mettez ces deux ma- tieres dans du vin vieux; bouchez exaéfement le Vafe, & 1’expofez a la chaleur d’uneétuve ; en- duifez avec cette folution les carreaux ou autres ouvrages de fayance que vous voudrez dorer ;ap*» pliquez-y des feuilles d’or; prelfez-les avec du coton, & les lailfez fécher; fi le poële eft bien échauffé , elles s’attacheront au vernis, le péné- tveront & ne s’en fépareront plus.
XXIX.
Eerire fur un Verre.
Faites enduire un verre avec des couleurs fon- dantes, par un Peintre fur verre; quand il aura été
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ainfi préparé , vous pourrez écrire delïus avec une plume fine, comme vous feriez fur du parche- min; mettez enfuite votre verre au feu ; 1’écri- ture y reftera pour toujours, lans que Peau ni ie feu puilTe y faire ia moindre altération,
XXX.
Ecriture blanche & durable Jur du Verre*
Prenez une dragme de blanc de cérufeque vous déiaierez dans de 1’eau claire ; formez avec cecte pace de pecites cablettes que vous ferez fé- cber au foleil; mettez-les enfuite fur une pierre; ajoutez-y de bonne buiie delin , & trois goutes de vernis; broyez le tout de maniere que 1’on puifie s’en fervir pour écrire; formez des caraéle- res autour denverre ou d’unautrevaiffeau,rouges, bleus ou detoute autre couleur; cette ecriture dur- cira avec le tems, au point que Peau ne pourra point Peftacer.
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Maniere d appliquer routesJortes de couleurJur duverre.
Lorfque vous voudrez peindre un verre uni Sc y mettre des ombres ou nuances, commencezpaf y porter une couche très-légére de couleurs ; en- füite placez fur ce verre le deffein que vous vou¬drez y repréfenter, & tirez les principaux traits ; fortifiez avec des couleurs fondantes les endroits
DE LA VËRRERIE. 351 Ou il dok y avoir des ombres ; puis avec un petit pinceau fin,fortifiez avec des couleursles endroks qui doiventl’êtrejle verre étant ainfi préparé3met- tez-ie a calciner dans une poële’de terre de cinq pouces de profondeur, entre deux couches de verres inutils , dont 1’une fera deflus & 1’autre deflous, & de la chaux vive, afin que 1’aélion du feu n’endommage point 1’ouvrage, obfervanc du refte tout ce qui a été dit au commencement de eet Ouvrage, fürla lïianiere de calciner ou de cuire le verre.
XXXII.
Pinceaux dont on Je fert pour peindrejur verre.
Que les pinceaux avec lefquels on mettra les Premieres couches foient de foie de pore ; quand °n peindra a nud, il faudra les avoir de poii de chèvre ; ceux dont on fe fervira pour for¬tifier & nuancer les couleurs feront de cheveux & bien flexibles, pareils aux larges pinceaux avec lefquels on dore ; & on les emboitera dans des tuyaux de plumes.
XXXIII.
■Manier e d’ufer le verre, afin de le peindre & dfi faire paroüre la couleur comme fondue.
Prenez deux parties d’écailles de fer, Sc une partie d’écailles de cuivre , ce qui fait enfembie
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trois parties; mêlez-y trois parties d’émail ;broyeZ le tout fur du marbre ou fur une plaque de cuivre ou de fer , & réduifez ce melange en une poudre auffi fine que vous pourrez ; fervez-vous de cette poudre pour ufer le verre ; il deviendra plus pro- pre a recevoir la peinture , qui y prendra beau- coup mieux. Il faudra traiter de cette maniere fcous les verres que Ton voudra peindre.
XXXIV.
Porter toutes fortes de couleurs fur le verre.
Appliquez toutes vos couleurscomme le bleu, le verd , le rouge , le jaune, le brun , fur le cóté uni du verre ; après les avoir délaiées dans de Peau ou vous aurez fait difloudre du borax com- me les Orfévres le pratiquent; lorfque vous vou- drez rendre la couleur plus foncée , vous n’aureZ qua la mettre plus épaifle.
XXXV.
peindre fur du verre des armoiries de toutes fortes
de couleurs.
Commencez par voir quelles couleurs vous de- yez employer; fi c’eft du bleu & du blanc , ferveZ- vous du bleu de Bourgogne que vous appliquereZ fur votre fond a ia maniere ordinaire ; faites la même chole fi c’eft du rouge , du bleu & du
jaune ; appliquez la couleur jaune fur le cóté uni du
DE LA VERRERIE. 353 du delTein , c’eft-a-dire du cóté oppoféacelui iur Sequel vous aurez mis du bleu; fi c’eft du rouge & du blanc, faites com me pour le bleu; s’il vous faut du rouge & du jaune, vous enléverez le rou¬ge des endroits ou vous voudrez faire paroitre Je jaune, eri les frottant avec de i’émerilbien pul- verifé , & enluite avec du tripoli, de lort vinai- gre , vous fervantpour cela d’un morceaude bois de tilieul; vous finirez par enlever le rouge avec de la rognure de verre , de facon qu'il n’y ait pas la moindre tache du cóté uni; vous yporterezen- fuite votre jaune; vous en mettrez une couclie , obfervant qu’elle foitbien égale; quand Votre Verre fera ainfi préparé, vous pourrez le mettre a calciner, felon les régies qui ont été prefcrites.
OBSERVATION.
On appelle rognure de verre , du verfe pilé ou reduit erï poudrc , ou ce que les Vitriers en dëtachent avec un petite croffe ou outil fer dont iis fe fervent pour le rogner.
XXXVI.
Maniere de faire toutes fortes de couleurs fondant es.
Prenezune partie d’écailles de fer, une partie d écailles de cuivre, & deux parties d’émail.
O U
Prenez des grains de rocaille , des écailles de fer & de 1’antimoine.
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O u.
Prenez des écailles de cuivre, de 1’antimoine & des grains de rocaille ; broyez ces matieres fur une plaque de fer pendant trois jours, & les re- duifez en une poudre tres fine , en y mêlant de i’eau claire; la poudre fera affez menue, lorfqu elk commencera a prendre un ceil jaunatre , & ade- venir affez épailfe pour s’attacher au plan fur k' quel vous la broyerez.
XXXVII.
Couleur noire.
Prenez des écailles de fer & des grains de ro* caille en quantitéségales, & broyez ces matieres pendant trois jours, en obfervant ce qui a été dit ci-deflus.
0 U
Prenez une livre d’émail, trois quarterons d’é" caillesde cuivre, & un quarteron d’écailles deferi triturez bien le tout avec de 1’eau, comme ei" deffus.
0 U
Une livre d’émail, trois quarterons d’écailk5 de cuivre & deux onces d’antimoine ; procédé2 comme il a été dit ci-devant.
0 U
Deux onces de verre blanc, deux onces d’écail' les de fer, & une once d’écailles de cuivre.
DELAVERRERIE. 355
O u
Prenez trois parties de verre de plomb , deux Porties d’écailles de cuivre , une partie d'écaiiles de fer
,une partie d’antimoine; le refte du procédé coinme ci-devant.
0 U
Prenez deux parties de plomb, une partie d’an- timoine ; mêlez-y un peu de blanc de cérufe, & triturez le tout comme on 1’a die.
XXXVII I.
Colorcr le verre en nöir par le feu.
Prenez des grains de rocaille & d’écaiiles de cuivre en quantités égales , une demie partie d’é-cailles de fer; ajoutez-y des cendres de plomb ; lavez les écailles de cuivre & les cendres de plomb. jufqu’a ce que vous enayez emporté toutes les falctés; triturez exaólement toutes ces matie- res fur une pierre ou fur une plaque de fer, en les humeólant avec de 1’eau claire; faites-les fécber, & palfez-ies par un tamis ferré; vous aurez un noir propre a être portéfur le verre ; plus les cou¬ches que vous en ferez feront épaifles, plus la cou¬leur fera noire; & plus les couches feront legeres, plus la couleur en paroitra grife ; c’eft fur quoi 51 faudra fe régier.
Y yij
356 L’ A R T’
OBSERVATION.
Au lieu de grains de rocaille , on pourra prendre du verre de plomb verd qui fe trouve chez lesPotiersjil produi^- le même effet.
XXXIX.
Autre noir.
Prenez deux parties de cendres de cuïvre, une partie d’émail; broyez bien ces matieres avec de 1’efprit de vin, & fervez-vous en pour colorer le verre; cette couleur y pénétrera très-aifément.
Autre beau noir.
Prenez une once de verre blanc, fix gros d’é' cailles de fer, une demie once d’antimoine , ufl gros de magnéfie; broyez toutes ces matieres avec de fort vinaigre au lieu d’eau, & les faites cuire > vous aurezun très-beau noir.
1 reparation de toutes les Couleurs qui peuvent êtrt
portées Jur le Verre.
X L I.
Couleur brnne Jur du Verre.
Prenez une once de verre blanc ou d’émail > une demie once de bonne magnéfie • réduilèz-leS par la trituration en une poudre très-fine, en leS
DE LA VERRERIE. 357
hume&ant d’abord avec du vinaigre , Sc enfuite
avec de 1’efprit de vin, Sc même avec de Peau ; Sc
Pervez-vous en pour peindre ce que vous voudrez.
OBSERVATION.
Si vous voulez rendre blancs quelques endroirs d’un verre rouge foncé ou d’un rouge tirantfur le bleu, vous n aurez Su’a prendre de Fémail & de 1’huile de lin, &irotter avec ce mélange les endroits que vous voudrez blanchir. Ou ayez un foret femblable a ceux dont on fe fert pour percer les perles ; on pourra le faire grand ou petit a yolontd , tel qu’on le voit réprófenté ici.
'Machine avec laquelle > en appuyant fa les deux extre¬mes au moyenduneewde,onfait tournet
le foret Csceftcelle dont fe fervent lesSerruriers pour for er. De cette maniere on enleve du verre cc qui ejl pénétrépar la couleur > & ce qui rejle eft blanc.
3jS v A R T
Vous pourrez appiiquer cette machine a vo- lonté au t-ravers d’une petite planche, & polir en- fuite votre ouvrageavec de 1’émeril ou du tripoli, en vous fervant d’abord du bois de tiileul, &en- fuite d’un bois plus dure, comme le chêne, le hêtre ou le poirier.
X L * I I,
Couleur rouge.
Prenez une bonne demie once de bon crayon rouge , une once d’émail bien broyé ou pulvérife J joignez-y un peu d’écailles de cuivre, afin que ie mélange ne fe confume point fi facilement; tri- turez tout ce mélange, & faites-en d’abord 1’efiai en petit: s’ii fe confume trop, ajoute^-y un pen plus d’écailles de cuivre, afin de prévenir eet in- convénient.
OBSERVATION.
L’on entend ici par fe confumer perdrc fes couleurs, cc qui gate tout 1’ouvrage.
X L I I I.
Autres manier es de faire une couleur fondante rouge.
Prenez du crayon rouge qui foit dur Sc qn* ne marque pas aifément fur le papier, d’émail une partie, un quart d’orpiment; broyez bien ce mélange avec du vinaigre , & fervez-vous In ; mais ilfaut bien garantir i’ouvrage de la furnée»
DE LA VERRERIE. 359 O u
Prenez une demie once decailles de fer, d’écailles de cuivre & d’émail de chacune une on¬ce ; broyez avec de i’eau.
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De couperofe & de grains de rocaille égales ^uantités ; y meier en broyant un quart de crayon rouge, du refte procéder comrae ci-devant.
0 U
Une partie de crayon rouge fort dur, deux Parties d’émail, un quart de partie de verre de plomb jaune comme celui dont fe fervent les Po¬ters ; broyez toutes ces matieres, après les avoir ttaêlées enfemble.
X L V I.
Porter par le 'rnoyen du, feu une couleur rouge fur
du Verre.
Prenez du fafran de Mars ou de la rouille de fer, du verre d’antimoine qui eft d’un rouge jau- natre, ou du verre de plomb jaune , de chacun égales quantités;joignez-y un peu de vieille mon- noye que vous aurez calcinée avec du foufre ; broyez toutes ces matieres, jufqu a ce qu elles loient réduites en une poudre très-déliée; lèrvez-
36O a L’ A R T
vous de ce melange pour peindre fur du verre 5 fri-tes enfuite calciner , & vous aurez un très-beau rouge.
X L V.
Couleur de chair.
Prenez de minium une demie once, d’émail rouge une once > triturez-les avec de 1’efprit de vin, fur un marbre très-dur; fi vous calcinez en- fuite modérément, vous aurez une très-belle cou¬leur de chair.
X L V I.
Couleur bleue Jur du verre.
Prenez du bleu de montagne ou du bleu de Flandre, du verre de rocaille, parties égales; pré- parez-lescomme iia été dit enparlantdescouleurS fondarites ; Sc quand vous voudrez vous en fervi? pour peindre du verre , laifiez en bleu les fleurs oU ce que vous voudrez avoir en cette couleur ;mais ce que VOUS voudrez en jaune, ufez-le pour enle- ver le bleu, & portez-y du jaune? vous re marque-, rez que jaune fur bleu donne toujours verd.
XLVII''