DE LA VERRERIE. 3^
X L V I I.
Bleu de Montagne.
Prenez du bleu d’émail ou du bleu de monta¬gne > mclez-y du fondant; formez en tel delTein qu’il vous plaira 5 fi vous voulez des fleurs, don-; nez a chacune la couleur qui convient.
X L V I I I.
ft
Prenez de rocaille verte deux parties, de li- naaille de léton une partie, de minium deux par¬ties j broyez bien le tout, Sc peignez-en le verre ; après 1’avoir fait calciner, il deviendra d’un beau verd.
Comme nous avons averti plus haut que le jaune fur le bleu donne toujours duverd, nous He nous y arrêterons pas davantage, Sc noug palferons tout de fuite au jaune.
X L I X. ,
Beau Jaune fait avec ïargent.
L’expérience a fait connoitre que c’efl: de 1’ar- gent que fe tirele plus beau jaune ; pour le faire,
Voici comment il faut procéder. Prenez de 1’ar- gent en lames ; faites-le dilfoudre dans de 1’eau
Z z
L' A R T
forte ; lorlqu’il fera entiérement diflout, précipl" tez 1’argent, en mettant dansl’eau forte des lames de cuivre ; i’eau forte agit lur ie cuivre & lache 1’argent qui tombe au fond > on peut fe contenter d’y verier du fel commun dilfout dans F eau. Loi'1'" que 1’argent s’elt précipité au fond, décantez-en 1’eau forte > mêlez-le a de 1’argille bien calcinée > de maniere qu’il y en ait trois fois plus que d’ar- gent ;lorfque ce melange fera bien trituré, vouS pourrez fappliquer avec un pinceau au coté ufll du veïre que vous mettrez enfuite a calciner.
L.
Autre Jaime.
Prenez de 1’argent en lames a volonté ; faites- le fondre dans un creufet; & lorfqu’il fera entre en fulion jettez-y peu a peu alfez de foufre pouf ie rendre friable ; réduifez-le en poudre très-fme? en le broyant fur une pierre; joignez y eniuite au- tant d’antimoine que vous avez pris d’argent; lorlque ces deux matieres feront bien mêlées > prenez del ocre jaune; faites-le bienrougirau feu5 il deviendra d’un rouge brun j faites en 1’extinc* tion dans de 1’urine ; prenez de cet ocre deux fois autant que de 1’antimoine Sc de 1’argent; mêle^ bien ces matieres en les broyant avec foin ; pof" tez de cette couleur fur le cóté uni du verre; fai" tes calciner, Sc vous aurez un très-beau jaune.
DE LA VERRERIE. 363
L I.
Autre Jaune'.
Prenez une demie once d’argent, une demie °nce de foufre , une demie once d’ocre ; com- ftiencez par faire calciner 1’argent avec le foufre jufqu’a ce qu’ii devienne alfez friable pour être broyéfaites aufli bien calciner 1’ocre, & faites- en l’extindtion dans de 1 urine ; triturez 1’argent & 1’ocre pendant une journée, & vous aurez xjrx très-beau jaune a être mis fur le verre.
L I I.
Autre.
Prenez de la vieille monnoye d’argent; cal- cinez-la avec du foufre ; prenez aufli de la terre jaune de Cologne , telle que celle dont fe fervent les Peaufliers; calcinez cette terre corame on 1’a dit de focre; broyez bien le tout après 1’avoir hu- meélé avec de 1’elprit de vin, &fervez vous-en pour peindre le verre.
L I I I.
Prenez une partie d’ocre non calcine , & une partie d’argent calciné avec du foufre ; vous pourrez vous fervir de ce jaune fur du verre dut & raboteux. Z z ij
L A R ï L I V.
Autre beau Jaune.
Prenez une drachme de limaille d’argent, Sc deux drachmes de foufre pilé; mettez les dans un creulèt, en obfervant de placer 1’argent entre deux lits de foufre ; faites bien calciner l’argent de cette maniere; prenez enfuite une partie de eet argent qui aura été calciné,deux parties d’ocre, une partie de verre d’antimoine ; & réduilez ces matieres en une poudre impalpable que VOUS refer verez pour 1’ufage.
L V.
Jaune clair.
Prenez des lames de léton fort minces ; met¬tez les dans une capfule ; broyezdu foufre & de 1’antimoine fur une pierre ; répandez-les lur vos lames de léton ; mettez d’autres lames pardeffus; recommencez a mettre du foufre <& de l’anti-* moine, & ccntinuez ainfi cette ftratification juf- qu’a ce que vous préfumiez en avoir alfez ; faites calciner jufqu’a ce que le feu s’éteigne de lui-mê- me; jettez enfuite le mélange tout rouge dans de Peau froide ; il lèra devenu friable & propre a être broyé. Prenez enfuite une partie des lames calcinées, & cinq ou fix parties d’ocre jaune qui
ait auffi été calciné & dont on aura fait {’extinc¬tion dans de fort vinaigre ; faites fécher; broyez enfuite le tout bien exaélement fur une pierre ; réduifez le mélange en une poudre auffi fine que Vous le pourrez, & fervez vous-en pour peindre.
L V I.
Autre Jaune.
Prenezde la vieille monnoie d’argent; faites-en de la limaille fine 5 mettez cette limaille dans un creufet & faites la rougir au feu ; jettez pardef fcs, lorlqu’elle fera bien rouge , du foufre de la grolfeur de deux ou trois pois; remuez le mé¬lange avec une baguette de fer, afin qu’il ne s’at- lacbe point au creufet; de cette facon , le foufre Confumera le cuivre, & i’argent fe changera en ^ne pcudre grife. Prenez de cette poudre grifo ; triturez la avec deux ou trois fois autant d ocre calciné ; délayez ce mélange avec de 1’eau de gomme ; peignez-en le cóté uni du verre, & procédez du refte comme il a déja été dit.
OBSERVATION.
Le jaune que 1’on vient d’indiquer, paroit fort beau, ■ & prcnd nrieux fur du verre de Bohenre ou de Veurfe, que fut tour aurre i mars avant que de 1appbquer, area du '’erre en poudre, & un morccao de drap que vous trem- Perez dans de 1’eau claire, & frottez-en le verre pour le net-
l°yer parfaitenient,
366 V A R T
L V I I.
Jaune pour la couverte des poteries de terre.
Comme ce verre eft très-tendre , & enrre trés- aifément en fufion, prenez une drachme d’argent & une once d’ocre ; faites calciner ces deux ma- tieres; &s’il y avoit encore trop d’argent, ajoü" tez un peu plus d’ocre; mais II vous voulez don" ner une couleur de bois a du verre & avoir un jau- ne très-clair, ilfaudra augmenter la dole d’ocre > jufqu’a ce que la couleur {bit au point que VOUS défirez ; vous pourrez, en variant ces dofes j rendre votre couleur plus ou moins aifée a entref en fufion.
L V I I I.
Couleur jaune qui ne demande point a être calcine'?-
Prenez une demie once d’alun, demie once ds bon fafran;faites les bouillir enfemble, & peigneZ" enle verre; ou broyez enfemble dufafran & de la rubarbe, avec un vernis clair d’huile d’afpic, el1 leur donnant la nuance de couleur que vous VO^' drez; peignez-en le verre & faites le fëcher.
L I X.
Autres couleurs qui ne Jouffr ent point le feu.
Prenez de 1’écaille de fer, de l'argent calciné i de 1’arfenic rouge, du verre d’antimoine, fuiva^
DE LA VERRE RI E. 367 la couleur que vous voudrez produire j broyez les avec de i’huile de lin, & peignez-en le verre que vous ferez fécher aü Soleil.
L X.
Pour ncttoyer le verre.
Prenez de la pierre hematite & de la rouille de fer; broyez les bien enfemble , & faites les rou- gir enfuite; lorfqu’elles feront bien rouges Jettez deflus peu a peu du fuif bien pur; le mélange s’en- flamera ; continuez a faire encore calciner, & lai£ fez réfroidir doucement 5 cette compofltion fera très-bonne p.our nettoyer le verre.
L X I.
•De l9 Email.
II faut réduire 1’émail en une poudre très-fine en le broyant pendant vingt-quatre heures avec du vinaigre diftillé; cette précaution le difpofe a entrer aifément en fufion > mais pour 1’appiiquer , 11 faut le delayer avec de i’eau de gomme, & commencer par tracer tout ce qu’on voudra co- lorer, avec la couleur noire ou d’un rouge brun °u avec de 1’émail , ce qui vaut encore mieux.
Lorfqu’on voudra ajouter de nouveaux orne- inens ou defleins a un verre qui aura déjaétépeint dc cuit au feu , Ü n’y aura qu’a broyer du maftic
5 68 L’ A R T
en larmes ou de 1’encens dans de fort vinaigre ; ie laiffer enfuite fécher j après quoi ie delayer avec de 1’eau degomme, julqu’a ce qu’il ait une con- liftence convenable , êc s’en fervir pour des del- feins, tant fur du verre tranlparent que fur du verre déja coloré.
§ SECONDE.
De toutes fortes de Vernis ou Couvertes de Poteries
ou de Fayances.
COMME il n’eft point douteux que le feeree de porter différentes couleurs ou vernis fur la fayance & fur lespoteries ne dépende de 1’Art de peindre fur verre, Se que ce fe?ond ne foit qu’une application différente du premier; j’ai cru qu’il étoit a propos de faire fuccéder i’un a 1’autre , SC de joindre a mon Art de la Verrerie plufieurs fortes de preparations & de compofitions de vernis & de couleurs propres pour les poterieS on pourra par leur moyen couvrir toutes fortes de vaiffeaux de terre ; & il n’y a point de Potier, pour peu qu’il lache delfiner, qui ne puïffe met- tre en pratique ce que je vais enfeigner.
DE LA VERRERIE. 369 L X I I.
Couverte blanche for de la Fayance.
Prenez quatre livres de cendres de plomb , deux livres de cendres d’étain ou de potée, 8c üne bonne poignée de felcommun; faites fondre le tout jufqu’a ce qu’il fe vitrifie , & formez-en des gateaux ; vous aurez une excellente couverte blanche.
L X I I I.
Couverte janne.
Prenez des cendres de plomb , du minium , 5c de 1’antimoine de chacun une partie 3 de cail- loux calcinés & broyés deux parties, une partie 5c demie de fel gemme ou de felcommun; broyez bien ie tout, 5c faitesle fondre. Procédez durelte comme on a dit.
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Prenez fix livres de cendres de plomb, d’an- timoine 5c de moulée, de chacun une livre , fix livres de fable; faites fondre 5c gardez pourl’u- bage.
L X I V.
Couverte verte.
Prenez deux parties de fable, trois parties de cendres de plomb , des écailies de cuivre a vo-
A a a
lonté ; fakes vitrifier ce me. ; vous pouveZ’ encore y joindre une partie ce fel; la matiere en deviendra plus aifée a fondre; ce fera a pro-* portion de la quantité d’écailles de cuivre que vous aurez mile , que votre couverte fera d’un verd plus ou moins foncé.
L X V.
Couverte bleue.
Prenez du fable blanc ou des cailloux ; redui- fez-les en une poudre fine ; mettez-y égale quan" tité de cendres de plomb, & un tiers de bleu d’émail; fakes fondre ie mélange; formez-en des gateaux & gardez pour fufage. On pratique la même cbole pour toutes les couleurs.
0 U
Prenez fix livres de cendres de plomb, quatre livres de fable blanc bicn pur, deux livres de verre de Venile , une demie iivre ou trois quar¬terns de fafre , & une bonne poignée de fel ?
ptocedez comme auparavant.
L X V I,
Couverte violette.
Prenez de cendres de plomb une partie, iable pur trois parties , de bleu d’émail une por¬tie , de magnéfie un huitiéme ; & continuez 1 °~ pération comme ii a été dit.
DE LA VERRERIE. 371
L X V I I.
Couverture brune.
Prenez de verre commun Sc de magnéfie de chacun une partie, de verre de plomb deux par¬ses, &c.
L X V I I I.
Couverte 'noire ou foncée.
Prenez deux parties de magnéfie , une partie de bleu d’émail, de cailloux calcinés & de een* dres de plomb, de cbaux une partie Sc demie, procédez comme il a été dit.
L X I X.
Couverte finguliére.
Prenez de minium Sc de cailloux calcines par¬ties égales; réduifez-les en une poudre très-fine, Sc mettez les en fufion ; formez-en des gateaux , Óc vous aurez une couverte toute particuliere.
L X X.
Couverte couleur de fer.
Prenez deux parties de cendres de plomb , de cendres de cuivre, Sc de verre commun ou de cailloux blancs, de chacune une partie ; pro¬cédez comme on 1’a enfeigné, Sc vous aurez une couverte de couleur de fer.
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$ T R O I S I E' M E.
Secrets & experiences relatifs tant d la peinturc
des verves qua l3 Art de la Verrerie.
Maniere de compofer toutes fortes de Vernis.
c OM ME en dormant la préparation des cou* leurs qui doivent être portées fur le verre , o11 afouventparlé de vernis,.& quec’eft un ingrédienC qui y eft indifpenlablement nécelfaire , j’ai cró devoir mettre ici la maniere de faire les vernis dorrt je me luis lèrvi moi même pour ces ulages, ou que j’ai elfayés par curiofité.
L X X I.
Beau Vernis d f huile d’dfpic.
Prenez une once de bonne huile d’alpic, d6 maftiC & de fandaraque, de chacun une demi/5 once, deux gros de bonne térébenthine de Venii^ ou de Chypre ; pulvérilêz le maftic & le mêle^ exaéfement avec la térébenthine; prenez un ma< tras; verfez-y 1’huile cfafpic; mettez-ia au bain- marie iar lefeu; vous obferverez d’attacher cercle de plomb au-deftous du fond du matras > afin qu’ii puilfe fe tenir de bout dans 1’eau ; l°r^
DE LA VERRERIE. 337 que 1’huile d’afpic fera bien échauffée , joignez-y la térébenthine , puis ie maftic & la landaraque pulvérifés ; remuez le mélange avec une fpa- tule de bois , jufqu’a ce que tout foit bien fondu; il faut faire bouiliir 1’eau du bain-marie tout dou- cement; lorlque tout fera bien fondu, vous n’au- rez qu’a conlèrver ce mélange dans une bouteille bien bouchée ; fi a la longueil devient trop épais, °n n’aura , quand on en voudra faire ufage, qu’a mettre la bouteille ou ce vernis fera contenu , dans un vaifteau d’eau chaude furie feu.
L X X I I.
Autre Vernis d l’huile d’AJpie.
Prenez une once & demie d’huile d’alpic, une demie once de maftic , une once de landaraque ; commencez par bien réduire en poudre ces deux dernieres matieres alèc ; humeótez & broyez-les enfuite dans de 1’elprit de vin bien redifié; faites fécher ce mélange & le mettez dans l’huile d’af pic; faites 1’y fondre a une chaleur modérée ; fi le vernis eft trop épais, ajoutez-y unpeuplus d’huile d’afpic.
Gardez-vous bien d’expolèr ce vernis a une autre chaleur que celle de 1’eau bouillante, lorf- que vous le préparez ; car il prend aifément feu & ne peut plus gueres s’éteindre, loriqu’il s’eft une fois enftammé.
L X X I I I.
Plujieurs manier es de faire du Vernis de Laqué.
Sur cinq onces d’efprit de vin bien reélifié ? prenez une once de fandaraque, une once de térébenthine de Venife; mettez le tout dans une bouteille de verre que vous aurez foin de bien boucher; mettez cette bouteille dans un pot rempli d’eau chaude 5 mettez ce pot fur un bra- fier bien ardent, afin de bien faire bouillir 1’eau; laiflez la bouteille ou efl contenu le vernis, pen¬dant trois beures , dans 1’eau bouillante , afin que la fandaraque & la térébenthine puiflent fe dif foudre bien exaélement dans 1’efprit de vin ; pal- fez ce vernis toutchaud par une étamine, & con- fervez-le dans une bouteille dont le col foit étroit & que vous boucherez avec foin pour votre ufage. Le vernis que Ton obtient par cette ope¬ration eft très-beau ; mais il ne faut s’en fervif que fur des couleurs vives & claires , telles que leblanc , le jaune, le rouge vif, & ce qui a éte doré ou argenté.
L X X I V.
Autre Vernis de Laqué fur des couleurs obfcures
& foncées.
Prenez une livre d’elprit de vin bien reélifié, un quarteron de gomme laqué bien pure 5 broyeZ
DELAVFRRERIE. 37V la gomme avec foin & la mettez dans urie bou- teille ; verfez 1’efprit de vin pardelTus ; lailfez repofer ce melange pendant une couple de jours, en obfervant cependant de remuer très-fouvent; au bout de ce terns expofez cette compofition a Un feu de charbon modéré, julqu’a ce que la. gomme laqué foit bien entrée en diilolution ; paffez enluite ie vernis par une étamine & con- fervez-le pour votre ufage.
L X X V.
Aulre Vernis meilleur.
Prenez du plus excellent efprit de vin ; ver- fez-en une pinte fur du tartre calciné a blancheer; laiflèz repofer ce melange pendant une journée, a la chaleur d’une étuve, en obfervant de bien boucher le vaifleau ou ii fera conténu , de peur que 1’efprit de vin ne s’évente ; décantez enfuite 1’efprit de vin , ou filtrez-le au travers d’un papier; prenez-en une livre, trcis onces d’ambre blanc en morceaux & non en poudre, autant de fan- daraque , une once de gomme-laque j que routes ces matieres foient bien choifies ; broyez-les en les mêlant, & mettez-les dans un matras de verre; ajoutez-y encore trois livres d’efprit de vin , de Uaaniere cependant que le matras ne foit qu’a. rnoitié plein ; remuez bien le melange pendant uhe heure $ laiflez-le enfuite repofer une cou-
ple de jours , pendant lefquels vous obfervereZ cependant de remuer très-fouvent la compofition» vous pourrez la tranfvafèr au bout de ce tems & la mettre dans un autre vafe pour 1’ufage que vous en voudrez faire. On n’aura qu’a laiiler au fond du verre la matiere quireftera ; & lorfqu’on vou- dra faire de nouveau vernis, on y ajouterala moi- tié des dofes des ingrédiens qui viennent d'etre L X X V I.
dutre Vernis trés-bon.
' Prenez une chopine du plus excellent efprit de vin , deux onces de gomme-laque, une once de fandaraque , d’ambre , de mafic , & d’encens blanc une demie once. Vous aurez fóin de bien broyer ces matieres dans un mortier de mar- bre ; après quoi, vous les mettrez dans un matras avec 1’efprit de vin > vous le boucherezaflezexac- tement pour qu’il n’en forte pas la moindre vapeur ni odeur, & vous 1’expolèrez en été a la chaleuf du Soleil, Sc en Hyver dans une étuve. Laiife^ repofer ce melange pendant trois ou quatre jours 5 mettez le matras au bout de ce terns fur des een- dres cbaudes, & faites bouillr la compofition trés' lentement pendant une couple d’heures ; auffi-toc que l efprit aura fuffifament dilfout les matieres# qu’il aura pris une confidence convenable, & fera devenu d’un jaune tirant fur le brun, paffe2* le par une étamine, en le tordant avec deux petit* r , baton5'
DE LA VERRERIE. 377 atons, & confervez-le dans un vaifieau a col
etroit & bien bouché
t
L X X V I I.
Autre Vernis plus aifé a préparer.
Prenez fix gros de gomme-laque , de maftic de fandaraque, & d’ambre de cbacun une drachme> après les avoir concaffés grofliérement, mettez-les dans une bouteille ; verfez pardeflus une demi$ once du plus excellent efprit de vin ; mettez ce mélange dans un endroit chaud, jufqu’a ce que tout foit bien entré en diflolution; paffez enfuite par 1’étamine, &c.
L X X VIII.
Aulre.
Sur une livre du plus fort elprit de vin, prenez trois onces de gomme-laque bien pulvérifée; mettez-les dans une bouteille ; remuez pendant quelques tems; mais il faut que la bouteille foit grande, de peur qu’elle ne calfe dansl’opération; expofez-la au Soleil ou fur un poële chaud deflus ün cercle de paille ; laiflez-la pendant quelques Jours dans eet état; paffez enfuite le vernis, & k gardez pour votre ufage.
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L’ A R T L X X I X.
Autre.
Prenez une livre du plus excellent efprit &Q vin, trois onces de gomme-laque bien pure; après 1’avoir calfée en morceaux grolïiers, metre/ la dans 1’efpric de vin; remuez le melange pendarrt une heure; faites le bouillir au bain-marie peO' dant une heure; paflez-le dans un autre vafe > tandis qu’il eft tout chaud, & gardez-le pour votre ufage.
J’elpére que 1’on me fg:aura gré de donner icl plufieurs manieres de faire le vernis de laqué, d’autant plus qu’il n’y en a aucune dont je n’ay6 fait 1’épreuve moi-même , ou que je n’aye vi* éprouver par d’autres Artiftes , &c.
Je me crois cependant obligé a répéter ici, q^6 dans la préparation de ces vernis , il faut bier1 prendre garde au feu , lurtout lorfqu’il y entre o11 de la térébenthine ou de i’huile d’afpic &de tére" benthine; en effet, quand ces matieres viennePc a s allumer, il n’eft gueres poffible de les éteï*1" dre; li on y verfoit de 1’eau, il fe feroit une dé" tonation aulfi forte'que celle delapoudrea canq1^ & tout ce qui fe trouveroit a quelques pas de du tance coureroit rifque de s’enflammer ; c’eft pot,Ij quoi 1 on ne peut uier de trop de précaution- ; faut auffi le méfier du vernis ou il entre de l’efprlC de vin bien reélifié, & furtout n’en point apprcr
DE LA VERRERIE. 379 cHer de chandelle allumée , paree que 1’efprit de Vin prend feu très-aifément; ileft cependant plus facile de 1’éteindre que les autres vernisjil eft done a propos de ne point faire une trop grande quan- tité de ces vernis a la fois, & dene les expofer a d’autre chaieur que celle du bain-marie.
En cas cependant qu’un de ces inconvéniens arrivat, il faudroit avoir toute prête une peau de niouton ou un drap bien mouillé , les plier en double &en couvrir la matiere enflammée; & en cas de befoin, verfer encore de 1’eau fraiche par- defluSj de peur d’accident.
L X X X.
Autre Vernis luijant.
Prenez de gomme-laque & de fandaraque de chacun une once; veriez fur ces matieres une chopine d’elpritde vin bien reélifié; bouebezbien le vaiiTeau ; expofez-le au Soleil ou a une chaieur équivalente pendanttrois jours; mais il nefaut: point remuer ce melange.
L X X X L
Autre Vernis.
Prenez de 1’efprit de vin bien re&ifié que vous ferez paffer fur du tartre calciné; prenez enfuite fix gros de gomme-laque , d’ambre blanc, Sc de fandaraque bien choifis; broyez les bien menu ;
Bbb ij
38O r A R T
mettez les dans un matras; verfez pardeffus votre efprit devin paffé fur le tartre ; remuez fréquem- ment pendant une couple d’heures; expofez ie melange a une chaleur convenable pendant trois jours; paflez-le par uneétamine , &fervez-vous- en a volonté.
L X X X I I.
*
Autre.
Prenez deux gros de fandaraque, quatre gros de gomme-laque; verfèz deflus de 1’efprit de vin bien reétifié; remuez bien le tout; expofez-le au Soleil d’Eté pendant quelques jours; preflez-le au-traversd’une étamine, & réfervez cette com- poftion pour votre ufage. Ce vernis eftbonfur le bois, & fur la peinture.
L X X X 11 I.
Vernis blanc & très-beau.
; Prenez de gomme élémite , de gomme animé> d encens blanc , & d’ambre de chacun un gros ; il faut que toutes ces matieresfoient bien choifiesj broyez les avecfoin; mettez-les dans un vaiffeau de verre, & faites les bouiliir dans du vinaigre diftillé ; décantez le vinaigre, & lavez la matiere reftante avec del’eau chaude ; elle paroitra toute blanche ; faites la fécher, & triturez la de nou¬veau ; ajoutez-y encore un gros deigomme-adra- gant, & deux gros de fucre candi bien blanc ? 4
DE LA VER RE R IE. 3Sr
fautque ces matieres ayent au Ui été bien broyées; niettez le tout dans une bouteiJie de verre ou vous aurez verfé une livre d’elprit de vin bien reólifié ; mettez-y vos matieres petit a petit, Sc remuez le mêlangé pendant une heure entiere; expolèz-le enfuite au bain-marie ; & lorfque 1’eau comraen- cera a bouillir , lailïèz-l’y pendant deux beures; faites-leréfroidir &repofer pendant trois ouquatre jours; décantezenfin;exprimez le vernis au travers d une étamine , Sc mettez-le dans une bouteille a col étroit pour votre ufage.
L X X X I V.
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Autre Vernis blanc.
Prenez les mêmes matieres que dans i’opération précédente ; faices les bouillir dans du vinaigre diftillé cómme ci-delïus; joignez-y la gomme adragant 8c du lucre candi; broyez les a lèc ; pre¬nez enfuite une livre d’huiled’afpic ou de térében- thine bien claire,& trois onces de térébentbine de Chypre ; mettcz le tout dans un matras de verre , que vous placerez au bain-marie; lorfque 1’eau commencera a bouillir,Sc que la térébentbine lera bien fondue , mettez-y petit a petit les autres ma- deresbien pulvérifées ; remuez bien ie melange avec une Ipatule de bois ; lailfez-le pendant trois ou quatre beures dans 1’eau bouillante ; retirez-le au bout de cetems; tranfvafez-le dans un autre vailfeau, & le gardez pour votre-ufage; vous aurez Un excellent vernis.
L’ A R T L X X X V.
Vernis trés - luifant.
Quand vous voudrez donner del’éclat ace que Vous peindrez en couleur a 1’huile, coramen- cez, fi c’eft du bleu, a peindre le fond avec de 1'indigo mêlé a de la térébenthine & du blanc; quand la couleur fera féchée , vous pourrez 1’é- claircir ou la rendre plus foncée en remettanc une nouvelle couche; fervez-vous enfuite d’un vernis dont void la preparation.
Prenez deux gros de térébenthine de Chypre, une demie once de fandaraque & autant de maftic; broyez avec foin ces deux matieres; prenez une once d’huile d’afpic, une demie once d’huile de térébentine ; mettez>-y votre térébentine que vous y ferez fondre a une chaleur modérée ; mêlez-y votre fandaraque pulverifée ; mettez le verre ou toutes ces matieres feront contenues au bain-marie, & faites les bouillir doucement pendant une heure; au bout de ce tems, toutes les matieres feront fondues j & vous conferverez ce vernis pour en faire ufage de la maniere fuivante.
U S /I G E.
Frottez d’abord a fee, avec un morceau de drap de laine, le fond que vous aurez peinta 1’huile i puis portez-y une couche légere de bleu d’émail délayé dans le vernis qui vient d’être indique j
DE LA V ERR ERIE. 383 laiffez fécher cette couche, ce qui fera fait au bout de trois heures; mettez votreouvrage a 1'abri de toute pouff ere ; repaffez-y enfuite une autre cou¬che , ce que vous réïtérerez jufqu’a fept fois , en obfervant de faire fécher a chaque fois; vous au- rez un ouvrage auffi luifant qu’un miroir ; fi vous Voulez lui donner encore plus d’éclat, vouspour- rez lui appliquer jufqu’a douze ou quinze couches; mais il laut qu’il n’y ait que peu de bleu d’émail, & obferver de laiffer fécher chaque couche } &c.
L X X X V I.
Vernis cn fa pon d’Ecaille de Tortue, pour ctre appliqué Jur des ouvragcs de Tabletierie de loutcsfortes debois.
Paffez d’abordfur 1’ouvrage que vous voudrez travailler, un vernis de laqué comme ceux qui ont été décrits a 1’article LXXIII, ou LXXX; recouvrez—ie avec du minium meleavec moitie d’arfenic rouge & délayé dans du vernis de laqué; lorfque tout fera fee, repaffez-y deux ou trois nouvelles couches de vernis de laqué, en obfer¬vant de laifler fécher a chaque fois; frottez enfuite 1’ouvrage a fee avec du foin ou de la paille.
Prenez du fang de Dragon que vous pulvéri- ferez; délayez-le danslemême vernis dont vous vous ferez déja fervi ; preffez-le au-travers d’un linge , cela n’eft cependant point nécefïaire ; confervez ce mélange dans une bouteille bien
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bouchée ; car plus ilvieillira, plus la couleur en deviendra belle; vouspourrez vousenfervir pour faire des nuances ou taches fur le fond que vous aurez préparé ; vous n’aurez qu’a délayer avec le même vernis , du noir d’os , de 1’encre d’Impri- meur, ou de 1’encre de la Chine, Sc les meier avec du fang de Dragon; vous aurez par ce moyen des couleurs encore plus foncées ; obfervez toujours de buffer fécher a chaque fois que vous vous en ferez fervi.
Prenez enfuite de la pierre ponce ; faites-la bien calciner ; pulvérifez-la enfuite; Sc prenez de cette poudre avec du foin , pour en frotter Sc polir votre ouvrage. Lorfque vous 1’aurez fuffi- famment poli, frottez-le fortement avec un mor- ceau de laine ; tenez-le expofé a une chaleur mo- dérée, Sc paffez-y cinq ou fix couches de vernis luifant ; mais prenez garde que la chaleur ne foit point trop forte, lans quoi 1’ouvrage s’écailleroit; faites bien fécher ; prenez encore de la potée ou cendre d’étain Sc de 1’huile d’olive, fur un morceau de peau; frottez-en votre ouvrage , Sc finilfez par prendre dans votre maïn de la potée Sc par frot¬ter jufqu’a ce que 1’ouvrage foit poli commeune glace. On peut en fuivant la même méthode por- ter toutes les couleurs quel’on voudra, Sec.
IXXXV1I.
DE LA VERRE R IE. 38; L X X X V I I.
Vernis rouge en fa$on de Corail.
Faites un fond comme 1’on a dit dans 1’opéra- tion précédente; palfez-y trois ou quatre couches de minium qu’ii faut bien fécher; mettez pardef- fus encore cinq ou fix couches de cinnabre délayé dans le même vernis, ou ce qui vaut mieux dans Un vernis encore plus clair , du nombre de ceux quel’on a indiqués ci-devant; frottez enfuite 1’ou- Vrage avec du foin; pafiez-y encore une couche legere de vernis clair a huit ou neuf reprilès ; du refle, procédez comme on 1’a dit dansl’opération précédente.
LXXXVIII.
Vernis fur un Ouvrage dont le fondfit de poudre dl or.
Commencez par mettre deux couches de ver¬nis de laqué fur votre ouvrage ; appiiquez-y en¬fuite de la terre de Cologne ou de la gomme- gutte délayée dans un vernis fort clair dont vous donnerez deux couches; faites fecher, & repafi- fèz encore du vernis en un endroit leulement, fur lequel vous répandrez votre poudre d’or ; Vernilfez enfuite un autre endroit, & femez-y de la poudre d’or; continuez de même jufqu’ace que Vous en ayez répandu partout. Si 1’on verniifoit Un trop grand efpace a la fois, il y auroit des
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endroits qui fefécheroient, & la poudre d’or ne pourrok prendre égalem:nt partout. Lorfque la furface en fera fuffifament garnie, on paflera par- defius environ feize couches de vernis; & lorfque 1’ouvrage fera fee , on le poiira avec du foin & de la pierre ponce pulvérifée; on y repalfera en¬core fix couches de vernis, & on repolira de nouveau avec de la potée, Sec.
L X X X I X.
Comment ilfaut préparer les couleurs claires fur
lefquelles on veut pajfer un vernis clair.