DE LA VERRERIE. 387 X C.
Maniere de vernir des Cannes femblablcs a celles des
lndes.
Prenez de la farine de citrouille; mettez-la dans un vaiffeau de verre; verfez de 1’efprit de vin par-deffus; laiffez ce melange pendant vingt- Sp-iatre beures dans une chaleur modérée; paffez- le enfuite par un linge ; faites un fond fur vos Cannes, de la maniere qui a été décrite ci-deffus pour les ouvrages en facon d’écaille; donnez-y une nuance plus foncée avec de la terre d’om- Hre ou avec du noir d’yvoire, jufqu’a ce que vous loyez parvenu a la vraye couleur des Cannes vé- ritables ; paffez un vernis par-deffus, & procédez comme il a été dit plus haut.
X C I.
Vernis de Laqué dont Je Jervent les Relieurs.
Lorfqu’un Livre eft couvert d’une peau de naouton ou de veau qui a fa couleur naturelle, °u même de parchemin , on y paffe une couche de vernis, & on y fait des taebes de différentes couleurs, de la même maniere qu’on 1’a dit plus Haut en parlant de 1’ouvrage en fagon d ecaille ; °n peut aufli ne pas mettre le vernis d’abord , & fe contenter de mouebeter la peau avec de la terre d’ombre, au moyen d’un gros pinceau
588 L3 A K T
que Ton ne fait que fecouer; & lorfque cette couleur effc feche, on y paffe ie vernis, Sc on polit i’ouvrage avec un bruniffoir; après quoi on don- ne encore quelques couches de vernis. On peut auffi y porter toutes fortes de deffeins & de cou- leurs, Sc menie de ia poudre luifante que Ton a décrite a 1’Article LXXXVIII, ou de i’or Sc de 1’argent en coquille ; mais il faut pour lors n’y paffer qu’un vernis très-clair, de peur d’en ter- nir 1 eclat; c’eft a 1’expérience a en apprendre la-deffus plus que je n’en dis.
Si Ton obferve exadtement tout ce qui vient d’etre dit pour les operations qui ont été indi- quées, Sc que 1’on employe un bon vernis de laqué, tel que ceux dont on a donné la compo- ftion ; les ouvrages que 1’on en vernira ne pour¬ront être gates ni par 1’huile ni par 1’eau ; les ef- prits corrofifs ne pourront les endommager; Sc s’il s’y attachoit quelques faletés, on pourroit les óter avec la même facilité que 1’on feroit fur du verre.
X C I L
Beau Vernis d* huile de lin ou de noix,
Prenez de fandaraque , d’aleopedica, de relink blanche ou de la poix réfine, de chacune deux om ces, de colophane une once Sc demie , de vitriol blanc lix gros; joignez-y une livre Sc demie do vieille huile de lin ou de noix; commencez par la faire bien bouillir $c i’écurtier, Sc mettez-y
DE LA VERRERIË? 389 les matieres fufdites dans 1’ordré qu’elles font placées; il faut que le vitriol blanc foit bien pub vérifé, & les autres matieres concaftees grolfé- rement. Après avoir mis peu a peu & avec ordre chaque chofe, il faut faire bouillir doucement le melange pendant trois heures & remuer de tems en tems avec une fpatule de bois; au bout de eet intervalle, le vernis fera propre a être employé.
Ce vernis feroit bien plus éclatant, fi fur une demie livre on mettoit une once de verre blanc de Venife réduit en une poudre impalpable ; cela contribueroit a le faire fécher beaucoup plus vite. Outre le verre de Venilè; on pourroit aufti y join- dre des cendres de cuivre, de 1’ambre, de la li¬tharge , du blanc de cérufe ; après avoir eu pa- reillement la precaution de les réduire en une poudre extrêmement déliée, fuivant les différens
ülages qu’on en voudra faire.
X C I II.
Bon Vernis Jïir du parchemitt ou du cuir.
Prenez une once de maftic que vous réduirez en poudre ; prenez enfuite trois onces ou trois parties d’huile de noix, de lin ou de chanvre bien vieille ; approchez-les du feu & les laites bouillir dans un vailTeau net qui ne foit point trop petit; otez-en 1’écume avec foin ; mettez y enfuite vo- tre maftic en poudre, & ne ceflez point de re¬muer jufqu’a ce que tout foit bien fondu; conti-
L’ A R T
nuez encore a faire bouillir doucement pendant tine heure a petit feu, fans ceffer toute-fois de remuer , afin que le vernis ne brule point ; voyez enfuite s’il a la confiftance nécelfaire > en y trempant un petit baton & en en re- tirant une goute que vous mettrez fur une alfiet- te ; portez-y le doigt; s’il fe met en fils, c’eft une marque qu’il aura affez bouilli; vous 1’óte- rez pour lors du feu, & le laiflerez réfroidir ; mais avant qu’ il foit tout-a fait froid, vous le paflereZ par une étamine & le mettrez dans un pot ver- nifle. Lorfque vous employerez ce vernis; fi VOUS votilez qu’il féche promptement, prenez des os de moutons calcines & bien pulvérifés,& mettez- en dans votre vernis; plus vous en mettrez, plus promptement il féchera.
X C I V.
Vernis propre d toutes Jortes d’ouvrages.
Prenez une livre de vieille huile de lin bien claire; faites la bouillir modérément & 1’écumeZj mettez-y pour lors de la pierre ponce & deS os de moutons calcinés & réduits en une poudre très-fine & tamifée , de chacun une demie once ,* mêlez-y ces matieres peu a peu ; écumez enfuite de nouveau ; joignez-y une demie once de tére- benthine de Chypre; &fi vous voulez rendre l6 vernis encore plus fort, ajoütez-y une once on plus de maftic bien pur; quand il fera bien fonde»
DE LA VERRERIË. 3pr retirez la compofition du feu,& confervez-la dans üne bouteille pour votre ufiige.
X C V.
Faux Fernis.
Prenez des oeufs frais; mettez-les dans de fort Vinaigre; lailïez-les y tremper pendant trois fe- niaines; quand vous les en retirerez , la coquille en fera tout-a-fait molle; faites-y une petite ou¬verture , il en fortira une liqueur femblable a de 1’eau toute claire ; ( cette liqueur, après avoir été expofée au foleil, peut fervir d’un bon cofmé- tique).Prenez fur une demie livrede cette liqueur, tine once de gomme Arabique, une demie once de fucre candi bien blanc que vous concalTerez groffiérement; verfèz la liqueur par-deffius; après avoir bouché le vaifleau, laiflèz-l’y repofer pen¬dant quelques jours ; lorfque la gomme fera bien entree en dilfolution, vous pourrez y joindre quelque eflence odoriférante mêlée a un peu de miel purifié ; & après avoir laifle repofer le me¬lange pendant quelques autres jours, vous le paf ferez au travers d’un linge dans un autre vafe. Vous pourrez vous fervir de ce vernis fur du bois, du cuir, du papier, &c. & i’appliquer fur des couleurs en détrempe.
L’ A R T X C V I.
Différent es manier es de faire de la Cire d cache ter'.
Comme nous venons de donner plufieurs ma- nieres de faire des vernis de laqué, il ne fera point hors de propos de parler auffi de la laqué ou cire a cacheter.
i.
Cire d cacheter rouge.
Gomme-laque une demie once, térébenthine Sc colophane de chacune deux gros, cinnabre Sc minium de chacun une drachme ; commenced par faire fondre.fur un feu doux dans un creufet bien net la gomme-laque & la colophane; joi- gnez-y enfuite la térébenthine , & mettez y petit a petit le cinnabre & le minium ; après les avoir triturés avec foin} formez - en des batons.
2.
Gomme-laque fix gros , térébenthine & colo¬phane de chacune deux gros, cinnabre Sc mi¬nium une demie drachme; procédez comme ci- devant.
3-
Gomme-laque une demie once , colophane & térébenthine de Venife de chacune une drachme ƒ de cinnabre une demie drachme»
DE LA VERRERIE. 35)3
4-
Gomme-laque un quarteron, gomme animé deux onces, cinnabre une once, gomme-gutte demie once; commencez par bien broyer en¬semble les deux dernieres matieres; le refte com: ®e ci-devant.
5-
Colophane deux onces, gomme-laque quatrê onces, poix-réfine une once & demie , cinnabre a volonté.
6.
Maftic une once, fouffre pur & térébenthine de chacun deux gros, de benjoin deux gros, cinna-, kre autant que vous jugerez néceflaire. Commen- cez par faire fondre la térébenthine ; mettez-y Onfuite votre foufre pulvérile; mêlez & broyez exaélement le maftic, le benjoin, & le cinnabre; jettez-les petit a petit dans le mélange ; lorfque tout fera bien fondu & incorporé, donnez telle forme que vous voudrez
7-
Gomme-laque une demie once , colophane pne drachme ; broyez bien ces deux matieres & joignez-y quantité fuffifante de cinnabre ; verlez deftus le mélange, de 1’efpric de vin bien reélifié;
Ddd
394 VA R T
la gomme-Iaque fe dilToudra en partie ; mettez l6 rout fur un feu modéré pour qu’il fe fonde bien , rnettez le feu a 1’efprit de vin , &. remuez bien la composition jufqu’a cequetout 1’efprit de vin foit confumé ; formez enfuite des batons; on peut encore ajouter du mufc, ü on veut rendre la cire odoriférante»
8.
Cire d cacheter verts.
Gomme-Iaque & colophane,de chacune demie once,térébentbine une drachme, verd-de-gris bien pülvérifé , trois drachmes.
9-
Autre.,
De la cire Vierge jaune quatre parties , de fan" daraque & d’ambre , de chacun deux parties ; de crayon rouge une demie partie, de borax un huitiéme , verd-de-gris trois parties ; il faut bien pulvérifer toutes ces matieres,
I O-
Cire d cacheter d'un jaune d'or^
Poix-réfine blanche deux onces, maftic & fandaraque,de chacun une once, ambre une demi6 -©nee ; joignez deux gros de gomme-gutte bien
r-.
DE LA VERRER1E. 39; broyée ; procédez de la maniere indiquée ci del¬fts. Si on omet la gomme-gutte, & quaulieu de maftic & de fandaraque on prenne de la gomme- laque , 1’on aura une cire brune danslaquelle on peut mêler de lapoudre luifante d’or.
I 1.
Cire a cachetcr noire,
On cboifira une des compofitions precedences avec cette difference qu’aulieu de verd-de-gris ou de cinnabre,on employ era du noir dlmprimeur; ce noireftpréférable a tous les autres; ilfaut pren¬dre de celui qui fe prépare a Francfort fus le Mein; on ie prépare avec des lies de vin brulées; quoi- qu’il s’en faffe aufli en plufieurs endroits de laFrance & ailleurs.Lorfqu’on voudra donnerlepolia cette cire & la rendre unie, il n’y aura qu’a-rouler les batons que 1’on en aura formé fur une plaque de marbre & les arrondir avec un baton bien liffe; ou bien on pourra faire dans une table un trou quarré que Ton remplira exaélement d’une plaque de cuivre, pour pouvoir mettre en-deflous un récbaud, afin de donner a la plaque un dégré de cbaleur convenable.
Ddd ij
X C V I I.
'Maniere d’appliquer une efiampe far du verre , de fapon qu’il ny rejle que les traits noirs, & que tout le blanc s’enleve, pour pouvoir enfuite y porter de l’or , de ï argent & toutes fortes de couleurs.
Prenez une eftampe qui ne vienne que d’être amprimée & qui ne foit point entiérement féche, elle n’en fera que meilleure, en ce que vous pour- rez facilement en enleverle papier tout d’un coup; mais fi elle avoit été imprimée depuis long-tems ? vous vous y prendriez de la maniere fuivante.
Prenez une eftampe qui foit précifément de la même grandeur que le verre fur lequel vous vou- drez fappliquer; mettez-la dans une jatte ; ver- fez de 1’eau chaude pardeffus, & laiffez-ia trem- per pendant une demie heure ; tirez-la enfuite, & pofez-la fur un linge blanc,afin qu’eile y dépofe 1’humidité qu’elle aura contraélée ; faites un peu chauffer votre verre , & prenez de la térébenthine de Venife oude Chypre ; mettez-en une couche fort legere fur le verre avec un pinceau ; appliqueZ enfuite votre verre fur feftampe étendue , Sc pref- fez-la de tous cótés ; lorfqueie papier fe (era par- tout bien attaché a ia térébenthine , il faudra faire fecher 1 ouvrage a un feu modéré ; après-quoi on mouillera de nouveau feftampe Sc on en ótera ie blanc en frottant avec les doigts; mais cette ope¬ration demande de la patience;carfionalloit trop
DE LA VERREKTE. 397 ^Ite, on rifqueroit d’emporter aufli le trait noir: quand le blanc fera enlevé , on y paflera encore delatérébenthine,ou un vernis de laqué fort clair, &P on appliquera deffus , des feuilles d’or, d’ar- gent ou d’autres couleurs qui paroitront au-travers du verre & feront que 1’eftampe fernblera gravée Pur de 1’or ou de Dargent; 1’on pourra mettre par- derriere , furl’or, de 1’eau gomrnée ou du blanc d’oeuf & y faupoudrer du fable d ecriture , pour empêcher que 1’onne voye comment Popération s’eft faite ; on pourra enfin faire encadrer 1’eE tatnpe.
X C V I I I.
Noir dc fume'c dont fè fervent Ier Orfevres.
Trempez de la filafte , du lin , ou du fil crud dans de 1'huile de lin ; allumez-les enfuite; tenez direélement au-deftus, un vaiflèau de cuivre ; il s y attachera une fumée ou fuye tres-deliee ; quand Vous en aurez fuffifament, détachez cette fuye, & broyez-la avec du vernis de laqué ou a Pbuiie d’afpic j & portez cette couleur de la maniere que vous le jugerez a propos; vous aurez un très> beau noir luifant,
X C I X.
Preparation de l’Or ou de l’Argent en coquille.
Prenez du fel ammoniac bien pur; broyez - le
dans une eau de gomme épailïè, cependant claire,
3Pg L’ A R T
jufqu’ace qu’elle ait la confiftance d’un firop; mêlez-y autantque vous voudrez d’orou d’argent en feuille ; broyez-le tout enfemble pendant une couple d’heures avectoute i’exadlitude poffible; mettezenfuitece melange dans un verrenet; ver- fez pardeflus de i’eau filtrée; remuez avec une Ipatule de bois; & quand 1’or fera tombé au fond , décantez 1’eau & remettez-en de nouvelle, c’eft ce qu’on appelle édulcorer} quand vous aurez en- levé de cette facon tout ie fel ammoniac & touts la vifcofité de la gdmme, & que 1’or fera pur & dégagé de toutes matieres étrangeres , vous en prendrez au bout d’un petit pinceau, & vous en ferez de petits amas dans des coquilles que vous laiilerez fécher. Toutes les fois que vous voudrez: vous fervir de eet or ou argent en coquille , vous n’aurezqu’a 1’humeéler avec une eau de gomme légere.
. C.
Maniere de donner d des verres plats la couleur dit
Lapis-Lazuli) ou d’autres pierres pre'tieujes , &c.
Pl'enez du bleu d’émail Sc d’autres couleul'5 dont vous voudrez vous fervir; trïturez-les avec de 1’huile de lin ; coupez vos verres de la gr an- deur que vous voudrez; mais commencez paf tremper un pinceau dans de 1’or en coquille de' layé dans de i’eau de gomme; fecouez-en de co' té & d’autre fur le verre, faites-le fécher J jracez-y enfuite des veines de la couleur ft119
DE LA VERRERIE. 395? vous voudrez ; prenez des couleurs que vous au- rez broyées, comme du bleu pour ie lapis , & d’autres pour 1’agathe & les autres pierres que Vous voudrez irtiiter; quand elles feronc leches , paflez-y une légére coucbe de colle,& répandez- y du fable afin d’empêcher qu’on ne s’appercoive de la maniere dont la cbofe fè fera faire ; les cou¬leurs paroitront au travers du verre.
Voici les cent expériences dont j’ai cru devoir faire part aux curieux; je les ai toutes éprouvécs par moi-même ou vü éprouver a d’autres; ainfi ils peuvènt coinpter fur leur exaéHtude.
ADDITION.
Maniere de faire la Poudre luifante de Nuremberg,
avec toutes fortes de métaux.
Prenez de la limaille de cuivre, de laiton, de¬fer ou d’acier; paflez chacune de ces limailies fé- parémenc par un tamis ferré; mett'ez ce qui fera pade dans un gobelet, & lavez-le dans une lel- five très-acre & fort claire; décantez-la enfuite; verfez delfus de 1’eau chaude bien nette, & con- tinuez de même julqu’a ce qu’il n’y rede plus au- cunes laletés. Quand la limaille aura été ainlï purifiée & féchée, on prendra une plaque de fer ou de cuivre que Ton pofera fur des charbons- ardens: on jettera delfus une des limailies fufdr- tes que Ton aura foin de remuer fans cede ; aufE- tót que la limaille commencera a. fentir la cha.~
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leur, elle prendra une infinité de couleurs dif¬ferences , & les particules qui feront les plus ex- pofées a Paddon du feu prendront les nuances les plus foncées.
Quand on fera parvenu a avoir toutes fortes de couleurs, on fe procurera un moulin a plaque fembiable a ceux dont fe fervent les Tireurs dJor; on ie fera conflruire de maniere que 1’on puilfe y faire entrer la iimaille colorée par une efpece d’entonnoir, & que les effieux en foient plus lar¬ges que ceux des autres moulins plats, de 1’acier le plus dur & polis comme des glacés ; lorlque la iimaille aura paffe par ce moulin , on aura une poudre brillante de différentes couleurs; la li- maille de laiton imitera ia poudre d’or, celle de cuivre fera d’un rouge luifant, celle d’acier & de fer d’un bleufcncé, i’étain donnera .une poudre blanche, &c.
Maniere de faire toutes fortes de maf ie avec lefqnels
on puiffc lier enfemble des pierres, du verre des métaune.
Prenez deux onces de bonne colle; faites-la détremper pendant une nuit dans du vinaigre diftilé ; le jour fuivant, faites-la bouiliir un peil dans le vinaigre ; écrafez une gouffe d’ail dans un mortier; ajoütez une demie once defiei de bceuf; il fe fera une efpece de jus ou de liqueur; preflez-la par un linge ou etamine, & mettez-la dans
DE LA VERRERIE. 401 dans la colle bouillante; prenez enfuite de maf tic & de farcocolle de chacun une demi drach¬me , de fandaraque & de té'rébencine de chacune une drachme ; broyez la fandaraque & le maftic, & mettez-les avec la farcocolle & la térébentine dans un petit verre; verfez par-deifus une once d’efprit de vin bien concentré; bouchez bien le Vafe & le laiflez pendant trois heures expofé a une chaleur modérge, en fecouant de tems en tems ; verfez enfuite ce mélange dans la colle ; remuez le tout avec un baton de bois jufqu’a ce qu’une partie de 1’humidité fe foit évaporée; laif fez réfroidir la compofition ; quand vous vou- drez vous en fervir,vous en prendrez a volonté, Vous la tremperez dans du vinaigre, vous la fe- rez diffoudre fur des charbons allumés , & vous l’employerez pour maftiquer ce que vous voudrez.
Quand on voudra coller des pierres, on n’au- ra qu’è. joindre a la compofition précédente du tripoli ou de la craye bien pulvérifee ; pour col¬ler du verre, on y mêlera du verre de Veniie bien broyé; fi c’eft pour coller du laiton, du cuivre ou du fer, on y mettra de la limaille bien fine ft’un de ces métaux; on peut auffi y joindre un peu de colle de poiflbn. Pour faire que cette colle tienne encore mieux dans 1’eau, on pour- roit y ajouter du vernis d’Imprimeur ; mais il ne faut pas en mettre plus que i’on ne veut en employer a la fois, paree que fans cela on ne pourroit plus venir a bout de 1’amollir.
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L’ A R T
Manier e de lier les pierres.
Prenez deux parries de réfine que vous ferez fondre c< donr vous enleverez fécume ; jojgnez- y quatre parries de cire jaune ; quand le cour fera bien fondu, prenez deuxou rrois parties de pou- dre des mêmes pierres que vous voudrez mafti- quer, ou mettez-en autant qu’il en faudra pour donner au maftic ia couleur de ces mêmes pier¬res ; joignez-y une partie de foufre pulvérifé; in- corporez toutes ces matieres d’abord fur un feu doux, puis en ies pétriftant dans de i’eau chaude: ii faut que les pierres que vous voudrez maft!" quer foient feches & échauffées, afin que le raaf tic les puiffe bien lier.
Colle pour le bois, qui tient dans l3 eau.
On n’aura qu’a meier de la colle ordinaire avec de vieille huile de lin ; quand on voudra coller du bois, on fera chauffer i’endroit par ou il doic être coilé; enfuite on y appliquera de I3 colle chaude ; on la fera bien fécher , & elle tiep- dra parfaitement, röetne dans 1’eau.
Autre colle plus forte.
On fera tremper pendant une puit dans bon elprit de vin, de la colle de poiflbn & de ia colle ordinaire; on fera fondre enfuite le wc"
DE LA VER R ÉR IE. 403 lange fur des charbons; on y mêiera un peu de craye pulvérifée.
Autre encore mcilleure.
Faites diffoudre de ia fandaraque & de ia gom- nae de fandaraque dans de fort eiprit de vin, de la même maniere qu’il a été dit plus haut en par- lant du vernis de laqué ; ajoütez-y un peu de té- rébentine claire; lorfque tout fera bien diflout, Verfez ce mélange fur de la colle de poifïon Sc de la colle ordinaire ; faites fondre le tout au feu dans un vaifleau fermé & boucbé ; joignez-y un peu de verre bien pulvérifé, Sc vous aurez une colle excellente.
Colle d bouche.
Prenez une once de colle de poifïon, deux gros de fucre candi blanc, une drachme de gom- me adragante; prenez enfuite des rognures de parchemin bien net; verfez une chopine d’eau claire par-deiïus; faites bien bouiilir; filtrez cette eau, & verfez la furies matieres fufdites; faites-les réduire a la moitié par la cuiffon ; re- tirez le mélange du feu, Sc faites-en de petites bandes , ou donnez-lui telle forme que vous vou- drez.
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304 L’ A R T
Imiter des branches de corail, pour orner des groties.
Prenez de la belle colophanc; faites-la fon- dre dans une petite poële de cuivre ; s’ii y en a une demie once, vous y joindrez une drachme de cinnabre pulvérifé; remuez bien ce mélange ; prenez enfuite un pinceau, & pcignez avec la compofition précédente toute chaude, des bran¬ches de prunier fauvage dont vous aurez óté foigneufement fécorce; tenez-les enfiiite expo- fées au feu, & retournez-les ; la couleur fe met- tra également par-tout & fera comme polie ; on peut contrefaire de la même maniere des bran¬ches de corail blanc avec du blanc de cérufe, & du corail noir avec du noir de fumée.
Fr» du premier Livre,