L’ A R T
CO U VERTES BLEU ES.
X L I.
Belle convene bleue.
Prenez une livre de cendres de plomb , deux livres de cailloux pulvérifés , deux livres de fel, une livre de tartre calcine jufqu’a. blancheur, une demie livre de verre blanc ou de verre de-Venife, une-demie livre de faffre ; faites fondre tout; ce melange; faites-en 1’extinclion dans 1’eau ; re- mettez-le enfuite a fondre , & réïtérez plufieurs fois la même operation ; il faudra procéder de la mèrae facon pour toutes les compofitions oü ilen- tre du tartre, car fans cela elles feroient trop chargées de fel , & la couleur n’en feroit point belle ; II 1’on veut que la couleur fbic parfaite , il fera bon outre cela de faire calciner douce- ment le melange, jour & nuit, pendant deux jours, dans le fourneau de Verrerie.
X L I L
Autre.
Prenez une livre de tartre , un quarteron de litharge ou de cendres de plomb, une demie once de faffre, un quarteron de beaux caillouS pulvérifés; faites fondre le tout , & procédeZ de la maniere qui vient d’etre enfeignée dans i’ari tide précédent.
DE LA VEREER IE. 423 X L I I L
Autre.
Prenez douze livres cle plomb, une livre d’é- tain; réduifez les en chaux ; ajoutez-y cinq livres de fel, cinq livres de cailloux en poudre, une livre de faffre, de tartre Sc de verre de Venife, de chacun une livre ; procédez tout comme ci-de- Vant pour la calcination; faices enfuite fondre le melange.
X L I V.
Autre.
Prenez une partie de tartre, deux parties de fel, une partie de cailloux, de litharge & de faffre de chacun une partie; faites 1 operation , comme on 1’a dit précédemment.
X L V.
Autre.
‘1 •
Prenez une partie de litharge , trois parties de fable , une partie de faffre, ou a (on défaut, de bleu d’émail.
X L V I.
Autre.
Prenez deux livres de litharge , de cailloux Sc de faffre de chacun un quarteron; broyez bien ce mélange, Sc faites le fondre a 1’ordinaire.
424
X L V I I.
Autre.
Prenez quatre livres de litharge , deuxlivres de caiiloux, une iivre de faffre; faites calciner & fondre cette compofition.
X L V I I I.
Autre.
Prenez quatre onces de litharge, trois oncesde caiiloux pulvérifés, une once de faffre, une demie once de tartre , une once de verre blanc; faites fondre, & procédez comme ci-devant.
X L I X.
Bleu violet.
Prenez douze parties de tartre, autant de caiiloux & de faffre ; procédez comme ci-devant.
L.
Attire violet.
Prenez quatre onces de tartre, deux onces de litharge, cinq onces de caiiloux en poudre, une demie drachme de magnéfie, le refte de Pope-* ration comme ci-devant.
DELAVERRERIE. 42;
OBSERVATION.
Les couleurs bleues dont on vient de donneï les com¬pofitions font d’ufage tant chez les Peintres fur verre qne chez les Potiers ou Fayanciers; mais il eft bon de remar- 9uer que dans toutes ces compofitions la dofe de faffre eft ttès-forte; que ce n’eft point fans raifon, paree que quelque fois on n’en met qu’une couché très-légere par-deflus d’au- ttes couleurs; & que quand les compofitions ne font pas fortes, ellesne paroiflent pas affez. 11 fera cependant libre 3 chacun d’augmenter ou de diminuer la qua n thé de faffre; ce qui eft certain , c’eft que tous ces procédés ont été •eprouvés.
COUVERTES ROUGES,
L I.
Belle ccuverte rouge.
Prenez trois livres d’antimoine , trois livres de litharge, une livre de rouille de fer; broyez ces matieres avec toute 1’exaótitude polïible, & lèr- Vez-vous en pour peindre.
L I I.
Autre fcmblable,
Prenez deux livres d’antimoine; trois livres de litharge, delaffran de Mars calciné une livre5 U xefte du procédé comme ci-devant.
Hhh
L’ A R
L I I I.
Autre couverte rouge encore plus belle.
Prenez des morceaux de verre bianc ; réduifeZ- les en une poudre impalpable ; prenant enfuite du vitriol calciné jufqu’a. devenirrouge, ou plutöt du caput-mortuum qui refte après la diftillation de 1’huile de vitriol, édulcorez-le avec de 1’eaU cbaude pour en enlever les fels ; prenez de ce caput-mortuum autant que vous jugerez en avoir befoin, & mêlez le avec le verre broyé ; vous aurez paree moyen un très-beau rouge dontvouS pourrez vous fervir a peindre; vous ferez enfuite recuire votre ouvrage.
OBSERVATION.
La couleur rouge pour la couverte n’a guere été connue jufqu’a préfent, comme on a pü le voir dans 1’Ouvrage de Neri & dansmes Remarques, &c. & je n’ai point cru de- yoir en dire davantage pour le préfent.
COWUWE’J de couleurs obfcures 0“ foncccs.
L I V.
Couverte d’un brun pourpre.
Prenez quinze parties de litharge , dix-hufr parties de cailloux pulvérifés, une partie de magnefie, quinze parties de verre bianc ; broye^ avec foin ce melange, & faites le fondre.
DE LA VERRERIE. 427 L V.
Couverte brune;
De litharge & de cailloux de chacuri quatorze parties, de magnéfie deux parties; faites fondre.
L V I.
Autre couverte brune.
De litharge douze parties, de magnéfie une partie; faites fondre ; cette couverte eft tres-; fufible.
L V I I.
Couverte brune Jur un fond blanc.
De magnéfie deux parties, minium & verre blanc de chacun une partie; faites fondre deux fois.
L V I I I.
Couverte de couleur de fer'.
Prenez quinze parties de lithargej quatorze parties de fable ou de cailloux, cinq parties de cendres de cuivre; faites calciner & fondre.
L I X.
Autre femblable.
Prenez douze parties de litharge, fept parties dé cailloux, fept parties de cendres de cuivre, &c.
Hhh ij
L X..
Qowuerte noire.
Prenez Buit parties de litharge , trois parties de limaille de fer, trois parties de cendres ds cuivre, deuxparties.de faffre; ce mélange > quand il a été mis en fufion, devient d’un noir brun J mais fi on veut le rendre plus' noir , il faudra augmenter la dofe de faffre.
O B S E R KA T 1 0 N.
Toutesles couleursdont on vientdeparlerfont d’ufag6 chezlesPotiers&lesPeintresfur verre,-ce qui m’a déternfaie a donner tant de recetes pour une méme couleur, c’eft que les Artiftes que j’ai eu occafion de voir ne pratiquent pas tous la même méthode ; d’ailleurs les nuances d<J couleur ne font point les mêtnes; aurefte, il eft bon de¬voir du choix dans ces fortes de matieres, & je puis alfa- rer que parmi les 60 experiences que je viens de donner/ il n’y en a aucune qui ne réulfiffe; fi 1’on y trouvoit de fob!' curité,on pourroiten chercherl’explication-dans la premiere Partie de cetOuvrage, & furtout dans mes Remarques fa1’ Neri ; ce feroit trop allonger la matiere que de répéter coH' tinuellement les memes chofes, ce qui, quelque foin j’aie pris > n’eftdéja que trop arrivé.
[image]
§ SECONDE.
Maniere de fouffler le verre d la lampe.
Q U o 1 Q u E 1’Are de foufler le verre a la lampe ne foit pas une des plus importances inventions de la Verrerie ; c’eft toutelois une fource abon- dante d’opérations amulantes ; & c’eft ce qui m’a déterminé a 1’expliquer icien peu de mots.
On commencera par avoir plufieurs tubes ou petits tuyaux de bon verre blanc bien pur, & d’autre verre de toutes fortes de couleurs. Quoi- qu’ils foient creux, il faut qu’il aient quelque épaiifeur. On. pourra les commander dans une Verrerie; il n’y a point de meilleure matiere pour les faire que des morceaux de verre de Venile calfés. Quand on aura fait fa provifion de ces fortes de petits tubes, on aura une table A telle que celle qui eft repréfentée dans la figure ci jointe, autour de laquelle quatre perfonnes ou plus pour- ronc travailler a la lois, &, avoir, chacune devant foi , une Lampe B qui fera remplie d’huile de navette & garnie d’une forte mcche dc coton ; fous la table, il y aura un foufflet D qu’un Ouvrier prelïera avec le pied en E & dont il fera pafler le vent dans .’es tuyaux de fer blanc qui font ca¬ches fous la table; ce vent fortira par le trou C
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dans lequel on inféreraun autre petit tuyau courbe par le devant & percé d’un petit trou conique, afin que le vent foit dirigé fur le verre, en une flamme aigue & concentrée; les Orfévres ont des tuyaux femblables pour brafer ou fouder les rne- taux; on peut au moyen d’unchalumeau de cette efpéce, même en fouflant avec la bouche, pro- duire une flamme en pointe , dont la cbaleur foit affez vive pour mettre en fufion le verre le plus dut-
Lorfqu’en s’y prenant de cette maniere, on aura amolliou mis en fufion un bout des petits tuyaux de verre qui viennent d’etre décrits; fi 1’on foufle par 1’autre bout, on en formera des boules j d’autres vafes, ou même des figures telles qu’on les voudra; pour eet etfet on a de petites pincet¬tes de fil de fer au moyen defquelles on contourne le verre fondu a difcretion j on s’en fert aufli pout tenir les pieces qu’on fe propofe d’attacher lë$ unes aux autres a 1’aide de la chaleur. Le tuyatf C vient donner aupres de la lampe de chacun de ceux qui font affis autour de la table ; G eft un petit rouleau oucilindre fur lequel pafleunecorde qui fait aller le fouflet; F eft un entonnoir de fer blanc auquel eft adapté un tuyau par ou fort la fumée ouvapeurdes lampes; il faut de 1’expe" rience Sc de la pratique pour réuflir dans cet Art' Il y a des occafions ou un Chymifte fe ferviro^ avec avantage d’une pareille machine. Je contenterai d’en indiquer 1’ufage fuivant. Il ar> rive fouvent qu’on a.une très-petite quantité de
■ DE LA VERRE R IE. 431 chaux métallique a réduire, oude mineral a elfaier; °n peutfe fatisfaire très-commodément au inoyen de la lampe qui vient d’etre décrite ; pour eet effet, il n y a qu a pratiquer un creux dans un charbon de bois , y mettre la chaux métallique ou la matierea fondre, faire tomber delïus laflamme d’une lampe, & la chofe réuffira promptement. On foudera facilement par le même moyen. Mais il eft affez inutile d’en dire davantage , fur les propriétés de la lampe $ elles fe préfenteront d’elles-mêmes aux Artiftes.