Art de la verrerie
Seconde Partie.
Livre troisieme. Premiere.
I. Méthode de mouler & de jetter en fonte des Plantes & des Vegétaux on commencera par prendre du Spath, efpéce de pierre très-connue & fort aifée a trouver; on réduira ce path en poufllere ; on le mettra enfuite dans un chaudron de fer ou de cuivre que l’on expofera fur le feu ; il fe fondra & deviendra liquide commedel’eau; onle remuera Kunckel par Spath entend ici une pierre gipfeufe ou du placre.
rant qu’il fera furie feu , jufqu’a ce qu’il fok re- devenu aulfi dur qu’il étoit auparavant que de le mettre lur le feu; on l’ótera enfuite, & on le lailfera réfroidir.
2°. Prenez une partje de ce fpath prépare comme on vient de le dire , 8c une partie d’alun de plume ; pulvérifez ces deux matieres mêlées enfemble; de formez en des gateaux que vous ferez rougir au feu ; retirez les enfuite 8c les pul* vérifez de nouveau. Quand vous voudrez faire des moules , prenez une partie de ces gateau* calcinés 8c pulvérifés ; ajoutez-y encore une par* tie d’alun de plume ; broyez exaélement le mé* Jange, 8c prenez encore autant de fpath calcine que vous avez pris du mélange en gateaux; broye* 8c mêlez bien le tout.
3°. Quand vous voudrez faire des moules avec le fpath ainfi préparé , prenez de l’argille a Potiers bien pure j faites-en des petites lingotieres ou auges qui ayent environ la grandeur des herbes ou plantes que vous voulez jetter en moule ? mais quand les herbes ou plantes feront fi hautes que 1’on ne pourra faire les lingotieres de la même hauteur, paree que l’argille fléchiroit 8c fe cour* beroit, il n’y aura qu’a coucher laplante de cóté> de maniere cependant qu’elle ne touche point au fond du moule, afin que la matiere fondue puilfe palfer pardelfousjformez alors le moule tout au tour j quand vous voudrez couler votre ma-tiere fondue , vous commencerez par tremper la plante dans de bon elprit de vin 5 vous enhumec- terezaufli les parois de votremoule; vouslesrem- plirez enfuite entiérement wee le mélange pul- vérifé que 1’on vient de décrire plus haut; & quand vous aurez rempli le inoule de métal fon¬du , vous donnerez quelques petits coups douce- ttaent, afin qu’ii pénétre également partout.
4°. Quand le métal fondu fe fera bien figé, vous n^ettrez les moules firn des charbonsnon allumés; vous arrangerez pardellus des charbons ardens, afin d’allumer ceux qui feront endefibus, & que 1’ouvrage rougiffe & entre en fufion ; vous laif- ferez enfuite réfroidir doucement, & vous aurez la forme que vous cherchez.
5°. Prenez de l’argille bien pure , autant de fable bien net & une bonne quanticé de bourre fine; faites bien incorporer ces trois chofes pour les unir; formez-en des moules; enduifez ces naoules d’argille; remettez-les dans le feu pour les faire bien rougir , & coulez-y votre argent ou nrétal fondu.
6°. Prenez du fel de tartre ; mêlez-y du fel ammoniac a volonté , cn prenant garde cepen- dant de n’en point mettre trop ; il faut leulemenc que le mélange ait une confiltence de bouillie ; c’eft un excellent fondant pour l’argent ; vous en naettrez delfus, lorfque vous voudrez le londre , & il entrera très-aifément en fufion.
7°. Si vous voulez nettoyerl’argent, humeélez- le avec avec de bonne huile de tartre, &. rnettez-le fur des cbarbons ardens; éteignez-le enfuite cC le faites bouillir dans de i’eau oü vous aurez fait diiïoudre du tartre & un peu de fel.
I I.
Autre manierc de jetter en moule des Plantes ou des fieurs fe procédé qui Jèrvira a éclaircir celui qui précéde.
1. Prenez de l’albatre qui ait été calcine au point d’avoir perdu toute fon bumidité; pulvé-rifez-le dans un mortier, & le paffez par un tarni* de erin ; prenez enfuite autant de talc que vous ferez calciner pendant buit ou dix jours dans un fourneau de briqueries ; ajoutez-y de 1’alun de plume a volonté, mals moins cependant que d’al" batre & de talc ; mettez-y un peu dc crayon rouge, afin que fon ne puilfe point reconnoitre les ma- tieres qui font entrees dans votre compofition.
2. Humectèz le melange dont on vient de parler avec del’eau claire, en prenant garde fur tout quelle ne foit point graffe ; broyez-la exactement fur une pierre afin qu’elle devienne bien fluide; faites enfuite avec de la terre a Potiers un moule dans le quelvous verferez la matiere fufdit que fon peut nommer un Cément; mettez une feuilie de papier delfous le moule, afin de pouvoir plus aifément fenlever de delfus la table ou vous travaillerez ; mettez un peu du cément broy dans le moule ; pofez delfus f herbe ou plante que vous voudrai jetter un fontc; & avec de petites pinces, féparez bien les feuilles d’avec la tige ; Verlez enfuite pardeiïus autant de cément qu il en faudra ; fermez le moule, en laiflant cependant une petite ouverture pour pouvoir y couler le métal fondu; mettez ce moule dans un endroit fee ; en une demie beure de tems, il durcira aiiez pour pouvoir être misa rougirau feu.
3. Lorfque la plante qui étoit entourée un cément fera confumée par la chaleur, il faudra faire grande attention ala maniere de conduire le feu; en effet, il faut bien prendre garde que les alternatives du chaud & du froid negatent ia be-fogne. Pour éviter ces inconvéniens, on aura foin de ne pas retirer du feu les moules trop précipi-tament; on les laitfera réfroidir peu a peu ; quand tout feraré froidi, on ótera les cendres de la plante qui aura été brtïlée , foit avec la bouclie , en re-tirant a foi l’haleine, foit avec un foufiiet, en fouf-flant par la partie fupérieure; on pourra faire la même chofe avec un verre fait exprès, ou avec du vif argent; on placera enfuite la petite ouverture fur un feu de charbons; on l’y laiffera expofée affez long-terns pour que ie moule re-gardé par l’ouverture, parodie blanc comme de l'argent; alors on y coulera le métal fondu; & on fe nira par jetter le moule dans i’eau , afin qu’il fe détache.
L’art observation.
II faut que les tiges des plantes a jetter en moule ne foient point trop mennes de peur que leur finefle n’empêche Ja fonte de fe faire parfaitement, & que l'argent que le voudra couler foit bien liquide ; pour le rendre tel, on y rnêlera fouvent du bifmuth qui a la propriété de rendre les métaux fluides. On aura auffi attention a ce que les moules oü l’on voudra couler iemétal fondu, foient bien échaufiés.
III.
Preparation du Spath , quand on veuty couler de l’orde l’argent on dé autres métaux.
Prenez autant de fpath que vous voudrez; mettez-le dans un pot de terre non-verniffé ; fer- mez le pot avec un couvercle que vous y lutterez bien exaélement avec de la terre grade ; mettez- le dans un fourneau de Potier, afin que le fpath fe calcine ; laiflez l’y autant de temps qu’il en faut pour cuireun vail l'eau de terre ; retirez enfuite fe fpath calciné ; broyez-le fur une pierre; paflez-fe par un tamis ferré, & mettez-le dans de l’eau claire ; décantez l’eau.; broyez le fpath de nouveau, & faites le fécher au Sóleil.
2. Quand le fpath fera bien féché, prenez-ert trois livres; joignez y deux livres de fel amffl' niac , deux livres de tartre , une livre de vitriol J melez bien toutes ces matieres & les mettez dans un ou deux pots; verfez pardeffus environ fepc pintes d’eau chaude; pétriifez enfuite votre fpath de maniere qu’il ne foit point trop clair ; fi vous en pouvez former des boules, ce fera un preuve qu’il y a affez d’eau; reverfez de Peau urla matiere inftante dans le pot; faites la boudiir , & pétriffez de nouveau votre fpath féché dans cette eau chaude; reverfez encore de l’eau fur cette matiere • pétriflez le fpath pour la troifiéme fois, & faites le fécher; remettez-le dans un pot nou Vernifle que vous luterez cotnme on l’a déja dit; & quand il aura été calciné , broyez le far une pierre.
3. Quand le fpath aura été préparé de cette maniere, mettez dans un vafe de verre qui con-tienne environ deux pintes , autant de fel ammoniac qu’il pourra s’en dilfoudre dans l’eau chaude; bouchez le vaifïeau, Se laiflez le repofer Pendant deux heures; au bout de ce tems prenez Votre fpath préparé; pétriflez le dans cette eau jufqu’a ceque vous puif liezen former des boules ; faites-enfuite desmoules comme vous voudrez; quand vous voudrez y couler des métaux fondus, il faudra bien chauffer ces moules & verfer avec promptitude; ces moules font beaucoup meilleurs que les autres. En cas que vous ayez fondu en plomb, qu’après lafonte vous vouliez rendre le plomb noir, vous n’aurez qu’a prendre du foufre & de l’huile, Sc en bien frotter l’ ouvrage qui de-Viendra d’un beau noir.
I V.
Maniere de faire des monies avec de la terregrajft poury couler du cuivre ou un autre mét al.
Prenez de 1’argille bienpure comme celie dont fe fervent les Potiersd’étain; mêlez-y delabourre ou du coton bien divifé & du lable extreme- ment fin; fi le fable n’étoit point affez fïn , n’y auroit qu’a le laver & le broyer; pétrilfez votre argille avec ce mélange , jufqu’a ce qu’elle ait une confidence convenable; humeélez cette compO" fition avec delabierre forte aulieu d’eau jformeZ' en des moules que vous ferez bien rougir au feu, avant que de vous en fervir; ayez aufii le foin de les garnir en dedans avec des cendres légeres.
V.
Moules ou Lingotieres de Pierre de Bergen.
On trouve a Bergen en Norwege une elpéce de pierre blanche fort mince & fert légere ; on 1® nomme Pumes dans le pays; (la pierre ponce ordinaire produit le même effet) > on y joint de i’albatre blanc; on fait calciner ces deux matiereS dans un fourneaudePotier; après les avoir mife$ dans un pot couvert & bien luté, on verfe par- deffus de 1’argille délayée dans de i’eau chaude, jufqu’a ce que le mélange ait une confidence convenable; on en fait enfuite des moules qui font durables, légers, & dans lefquels on peut couler du fer & du cuivre.
V I.
Maniere de couler du fer.
Prenez de la limaille de fer bien pure ; lavez la exaótement, d’abord dans une leffive, enfuite dans de 1’eau claire; mêlez-y moitié de fon poids de foufre pulvérifé; mettez ce melange dans un creufet; donnez un feu violent, jufqu ace qu’il entre en fufion; il deviendra aulli liquide que du cuivre, & très-facile a couler.
V I I.
Maniere de couler a froid.
Prenez un fable fin tel que celui dont fe fervent les Orfévres ; mêlez-y du noir de fumée a volon- té; humeétez ce melange avec de 1’huile de na- vette ou de 1’huile de lin, jufqu a ce qu’il prenne aflez de confiftence,pour en faire des moules: ces tnoules n’auront point befoin d’être chauffés, quand tnêmc on voudroic y couler les métaux les plus chauds; il faut feulement que le fable qui y entre ait été bien féché.
L’ A R T V I ï I.
Manier e de Jou der 1’étain promptement.
Prenez dubifmuth & de 1’étain fin d’Angleterre; faites les fondre , Sc verfez le melange fondu une plaque de fer, de maniere qu’il foit bien mince ; quand vous voudrez fouder de 1’étain > vous n’aurez qu’a mettre de ce melange fur un morceau d’étain & appliquer pardeflus 1’autre morceau que vous voudrez fouder; tenez 1£ tout feulement au-deiïus de la flamme d’une lu" miere ou d’un petit feu de charbons ; la foudure entrera en fufion ; & quand 1’étain fera réfroidi, les deux morceaux leront étroitement attaches 1’un a l’autre.
I X.
Autre maniere encore meilleure.
Prenez d’étain Sc de plomb de chacun une de' mie once , de bilmuth une once; faites fondre ce mélange , Sc procédez comme on vient de le dir® dans 1’opération précédente.
X.
Maniere de donner au cuivre jaune poli une belle couleur d’or.
Prenez de craie bien pulverifee & qui ne int pierreufe quatre onces Sc demie, demie
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X I.
Maniere de blanchir le cuivre de leton fans argent.
Commencez par bien nettoyer le leton ; prenez enfuite de i’etain fin d’Angleterre; faites bouillir le leton dans de l’eau oii vous aurez jette l’etain mele avec dq tartre, apres avoir mis le tout dans un pot non vernilfe, le cuivre de leton deviendra blanc, comme s’il avoit ete argente.
X I I.
Prfyarer une eau pour dorer le fer.
Prenez d’alun & de fei marin de chacun une drachme , de nitre demie drachme ; prenez enfuite vingt-cinq feuilles d’or, que vous broyerez bien exadlement; verfez pardeffus quatre onces d’eau claire ; faites la bouillir, & verfez-y enfuite trois drachmes de bon efprit de vin; laiffez repofer le toutpendant vingt-quatre heures; quand Vous prendrez de ce melange pour Ecrire ou tra-ver für du fer, les letcres ou defleins paroitront comme fi le fer avoit ete dore; mais il faudra promptement pafler de l’eau pardeflus, fans quoi ce qu on aura trace redeviendra noir. On pourra de cette maniere ecrire des noms für du fer.
once de foufre; mêlez bien ces matieres en les broyant; frottez-en votre cuivre a fee, après l’a-voir bien nettoyé, il deviendra d’un beau jaune d’or.
446 L’ A R T
XIII.
Autre maniere de dor er a fair & au vent'.
Prenez de 1’étain en feuilles; faites-y un fond d’or, ou dorez les ; quand on voudra dorer a fair pendant qu’il fait beaucoup de vent, il n’y aura qu’a rendre plus gluant le fond fur lequel on vou-dra dorer & appliquer delfus les feuilles dorées.
X I V.
Maniere de dorer f argent a fioid.
Prenez deux ducats; battez les pour les rendre minces, & faites les diffoudre dans de l’eau regale; joignez-une drachme de nitre; faites trem-per dans la solution des petits morceaux de linge propre; faites les fécher; brülez-les dans un creufet jufqu’ace quils foient réduitsen cendres; quand vous voudrez dorer de 1’argent, il n’y aura qu’a prendre de ces cendres & en frotter 1’argent avecles pouces;on pourra enfuite polir l’ouvrage.
X V.
Liqueur ou Jauce.pour aviver la couleur de la dórure.
Prenez une once & demie de foufre, une de- mie once d’alun, une demie drachme d’arfenic & autant d’antimoine; broyez & pulvérifez avec foin toutes ces matieres; faites enfuite bouillir dé
l’urine que vous écumerez; jettez-y les matieres précédentes les unes après les autres; remuez- les & laifTez-les bouillir; mettez dans cette com- pofition i’ouvrage que vous aurez doré, & f'y tenez jufqu’a ce que la couleur vous paroifle alfez vive. Quand on entend bien cette operation, on peut faire avec un ducat autant de befogne qu'on enferoit avec deux ou trois,d’une autre maniere.
XVI.
Maniere de faire des lettres d'or femblables a celles
que l’on trouve dans quelques anciens Manufcrits.
Prenez du criftal réduit en une poudre im¬palpable ; délayez-le dans de 1’eau de gomme; lormez avec ce mélange des lettres fur du par- chemin ; prenez enfuite un petit morceau d’ör bien pur, Sc frottez-en fortement a plufieurs re- priles 1’écriture ; après 1’avoir fait bien lecher, 1’or s’y attachera; Sc les caraderes paroitront fort brillans.
XVII.
Maniere de Bronfer des Figures.
Prenez de la colle de poiflon; verfèz par-deR fus de bon efprit de vin; expofez ce mélange dans un vailfeau ferme en un lieu chaud; la col¬le fe diffoudra; ajoutez-y enfuite un peu de fa- fran ; prenez dé la limaille de tel métal que vous Voudrez, Sc appliquez-en fur votre ouvrage avec
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un pinceau; mais il faudra auparavant que la fi-gure ou i’ouvrage ait été ers .c d’une couche d’eau de gomme mêlee avec un peu de minium.
XVIII.
Huile qui garantit le fer & 1'aderde la rouille.
Prenez de la litharge; triturez-la avec foin fur une piere, après l’avoir humeélée avec de l’huile d’olive; mettez ce mélange dans une boethe de bois de tilleul qui foit li mince par le fond que l’on puifle voir le jour au travers; (j’en ai décrit une de cette elpece a la fin de mes ob- fervations lur Neri, en parlant des doublets ); expofez cette boete a la chaleur du foleil; il fe filtrera au travers une huile très-pure, & trés- propre a préferver ie fer & 1’acier de la rouille.
X I X.
Maniere aifce d’enlever la rouille du fer.
Réduifez en une poudre fine du verre de Ve- nife ; prenez un linge ou un morceau de drap fort ferré ; étendez-le fortement fur un quadre J mettez-y une bonne couche d’eau de gomme; laupoudrez-y votre verre pulvérifé, au travers d’un tamis de erin fort ferré; laiflez fecher le tout; réitérez la même chofe jufqu’a trois fois; & quand vous en lerez a la derniere fois, faites bien fecher ; vous pourrez avec le linge ou drap ainfi préparé enlever aifément la rouille.
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Maniere defondre toutes fortes de mataux & plufieurs minér aux d la lumiere d’une bougie ou lampe.
On n’a qua prendre un gros charbon , y faire un trou ou une efpece de baffin ; avoir une chandelle, une lampe ou une bougie, & un cha- lumeau courbé comme ceux dont les Orfevres fe fervent pour fouder; mettre quelques grains de minéral ou de limaille de métal dans le trou pratiqué au charbon; fouffler avec le chalumeau, & porter la flamme de la lumiere fur le métal qu’on'a mis dans le creux du charbon que 1’on tient expofé avec les doigts ; ii s’allumera par ce cóté , Sc le métal entrera parfaitement en fufion; on peut faire de cette maniere une infi- nité d’épreuves en petit.
XXI.
Maniere de mouler en pldtre.
Prenez de la pierre gipfeufe que vous pulvé- riferez avec foin ; calcinez cette poudre pendant un jour & une nuit; broyez-la enfuite ; lavez-la bien exaélement, Sc faites-la fecher; broyez-la de nouveau ; prenez enfuite des rognures de par- chemin que vous ferez bouillir pendant douze heures dans de 1’eau claire, en obfervant tou- jours de remplir a mefure avec de nouvelle eau;
& quand les rognures fe feront bien décompo- fées, paflez ce melange au travers d’un linge; humeélez votre platre avec cette liqueur; il de- viendra aufïi clair que de la corne; il tiendra fortementj & fera facile a mouler.
XXII.
Autre maniere de pre'parer le Gipfè.
Prenez de la pierre de platre ; écrafez & cal- cinez la; après 1’avoir fait calciner pendant ufl jour & une nuit, réduifèz-la en poudre; quand vous voudrez vous en fervir pour jetter des fi' gures en moules, prenez de 1’eau de colle très- chau^Je que vous mêlerezavec le platre; & vous en formerez telles figures que vous voudrez.
XXIII.
Autre.
Prenez du gipfe calciné ; réduifez-le en une poudre très-fine ; verfez deflus de 1’eau chaude ou vous aurez fait bouillir des rognures de par chemin ; pétrilfez votre platre avec 1’eau pen' dant quelle eft chaude, & donnez-lui telle for me que vous voudrez avec des moules faits ex- prés.
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Mouler des figures avec de la craïc.
Vous n’aurez qu’a prendre de la craie que Vous ferez calciner comme le gipfe; vous en fe- rez 1’extinélion dans du vinaigre ; du refte vous procéderez comme pour le gipfe; vous frotte- rez d’huile les cavités du moule, &c.
XXV.
Manieres de donner differentes couleurs au pldtre
jaune d'or.
Prenez des racines d’épine vinette que vous ferez bien bouillir dans de 1’eau; mettéz dans cette décoólion un peu de lafran que vous y fe¬rez bouillir; filtrez le tout au travers d’un lin- ge , & pétrilïèz votre gipfe avec ce melange ; il fera d’un beau jaune d’or.
XXVI.
Couleur verte.
Prenez de la morelle ; faites-la bouillir dans moitié eau & moitié vinaigre; fervez-vous de cette décoólion pour colorer votre gipfe.
X X V I I.
Couleur bleue.
Prenez des baies d’hyeble j faites-les bouillir dans de 1’eau, après y avoir joint de 1’alun; hu- medtez votre platre avec cette compofition; U fera d’un beau bleu.
XXVIII.
Couleur rouge.
Prenez du bois de fernambouc; faites-le bieri bouillir dans de 1’eau claire pour en extraire la teinture ; mêlez-y un peu d’alun, & colorez-en votre platre comme on 1’a dit ci-delfus.
XXIX.
Couleur brune.
Prenez du bóis de brefil; mettez le dans une leffive aflez forte ; faites bien bouillir, & pro-: cedez comme il a été dit ci-devant.
XXX.
Couleur noire.
Prenez des écorces de bois d’aune encore ver¬tes ; faites-les bouillir dans de 1’eau claire avec de 1’alun jufqu’a réduélion de la moitié; procé- dez comme pour les couleurs précédentes.
laquelle vous mettrez la couleur, foit une eau de colle; par ce moyen , non-feulement le plStre fe colcre maïs encore il fe durcit; fi on fe fert de colle de poiffon, cela .n’en vaudra que mieux.
XXXI.
Manier e de donner d la come & d l’ivoire la couleur,
de l’e'caille.
Prenez une once d’eau forte, une demie drach¬me d’argent pur, que vous ferez dilfoudre dans 1’eau forte; commencez par répandre de la cire fondue fur la corne & l’ivoire; paHez-y enfuite la folution; laiflez-la fecher d’elle-même; la cor¬ne fera d’un brun foncé aux endroits oü il n’y aura point eu de cire.
XXXII.
Maniere de colorer de la corne ou du bois en verd.
Prenez deux parties de verd de gris, un tiers de fel ammoniac; mêlez bien ces deux matie- res; verfez par-deflus de fort vinaigre ; mettez- y du bois, de la corne ou de 1’os; bouchez bien le vafe, & le lailfez en repos julqu a ce que la matiere foit fuffifamment colorée*.
XXXIII.
Autre verd.
Prenez des pelures de noix vertes; mettez- les dans une lellive acre; joignezy un peu de vitriol & d’alun ; fakes bouillir le tout pendant deux heures ; prenez tel bois que vcus voudrez; commencez par le faire tremper pendant deuX jours dans de fort vinaigre; prenez enfuite deux gros de verd de gris broyé dans du vinaigre que vous joindrez a ia composition j faites-y bien bouillir le bois , il deviendra d’un beau verd.
XXXIV.
Couleur rouge.
Prenez de la chaux vive; verfez de 1’eau de pluye par-deiTus/& laiflez repofer le tout pen¬dant une nuit; paflez enfuite cette eau par un linge ; ajoutez-y une pinte d’eau claire , une de- mie once de raciures de bois de brefil; inettez- y enfuite le bois ou la corne ; faites bouillir le tout, & VOtre bois prendra un beau rouge ; mals il faut qu’il ait trempé auparavant dans de i’eau d’alun.
XXXV.
Couleur brune.
Eteignez de la chaux vive dans de 1’urine; endüifez votre bois avec ce melange ; lavez-16
4^ bien avec de 1’eau rouge des Tanneurs, il de- viendra d’abord verd ; trottez le enfuite de nou¬veau avec la chaux éteinte dans Purine ; puis lavez-le encore avec Peau rouge des Tanneurs, ou lailfez-Py tremper pendant quelques terns ; il deviendra d’un beau brun.
XXXVI.
Couleur noire.
Prenez du noir j mettez-le dans un pot neuf; ajoütez-y un peu de fel ammoniac ; faites bouillir dans cette compofition le bois que vousvou-drez colorer, jufquä ce qu’il foit devenu affez noir; frottez-le enfuite avec de la cire. Vous obferverez que, quand vous voudrez colorer foit du bois foit de la corne, il faudra les laiffer tremper pendant une demie journee dans de l'eau d’alun & les faire lecher enfuite.
XXXVII
Saniere de faire le noir d’ivoire.
Prenez des raclures ou de la feiure d’ivoire bumeclez-la avec de l’huile de lin , & mettez- la dans un vailfeau luté ; expofez ce vaiffeau ä un feu modere , & Py tenez jufqu’ä ce qu’il n’en parte plus de fumee j retirez le vaiffeau promp-tement du feu; mettez-le fur du fablet renver-fez un autre vaiffeau par-deffus, & vous aurez un tres-beau noir.
XXXVIII.
Maniere de moucheter differents ouvrages de Menuifirie.
Commencez par enduire votre ouvrage d’eau de colle ; portez-y enfuite deux couches de noir délayé dans de l’eau de colle > lorfque tout fera bien feché, répandez-y du blanc de cérufe pul- vérifé & délayé dans de l’eau de colle; lorfque cette feconde couleur fera aufl'i féchée, prenez du verd de-gris broyé avec de ,l’huile , Sc pei-gnez tout votre ouvrage avec cette couleur a Phuile ; les taches blanches deviendront vertes, & ne s’en irorit jamais.
XXXIX.
Faire une feule maffe avec differentes fortes de bois.
Prenez de la fecure ou des copeaux de qua-tre ou cinq fortes de bois différens, réduits en une poudre très-fine; prenez auffi une livre de ïOgnures de parchemin que vous mettrez dans un pot; verfez par-deffus móitié d’eau de puits Sc móitié d’eau de pluye, après y avoir mis trem-per auparavant un peu de canelle ou d’ceillets; laiffez repofer le melange pendant trois jours Sc trois nuits ; prenez alors de gomme arabique Sc de gomme adragant, de chacune deux onces, que vous mettrez dans l’eau ou fera le parchemin 5
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min; faites-L’y bouillir pendant deux ou trois heures, après avoir eu foin de la bien couvrir ; paf- fez le melange au travers d’un linge ; jettez-y Votre poudre de bois, & remuez-la avec foin delfos le feu, de maniere que la compofition prenne une confidence de bouillie; vous pourrez aulli y meier les couleurs que vous voudrez, pourvü qu’elles ne foient point empoifonnées; Vous y joindrez de l’ambre pulvérifé; vous mettrez ce mélange dans un moule enduit d’hui- le d’amandes douces; vous l’y laifferez pendant deux jours; au bout de ce tems, vous le retirerez & le travaillerez ; il aura la même confidence qu’un morceau de bois entier.
X L.
Maniere de mouler le bois & de lui donner différentes formes oil figures , comme au platre.
Prenez, comme on vient de le dire, de la fecure très-fine de tels bois que vous voudrez; foivez exaélement les mêmes procédés qui viennent d’être enfeignés dans i’opération pré-cédente ; coulez le mélange dans des moules comme il a été dit en parlant du platre; file moule ne fo trouvoit point exaélement rempli, il faudra droit y en remettre ; vousjetterez en moule de cette facon, différentes figures, que vous pourrez enfuite peindre, vernir & polir.
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X L I.
Enlever entitlement l’écriture de dejjus le papier.
Prenez une once d’buile de vitriol ou de bonne eau forte, une demie once d’ambre jaune ou gris; broyez le bien dans le diflolvant; paflez avec un pinceau de ce melange fur chaque lettre qui fera auffitöt emportée ; mais il faudra y mettre enfuite un peu d’eau, fans quoi le papier deviem droit jaune.
X L I I.
Faire une êcriture qui ne paroijje poinr.
Mettez de la noix de galle dans de l’eau claire, & fervez-vous en pourécrire; ou bien prenez une noix de galle ; vuidez-la par le petit trou quis’y trouve ; remplilfez-la d’eau, & fervez-vous de cette eau pour écrire; on ne verra point ce que vous aurez écrit; mais quand vous voudrez que l’écriture paroilfe, vous dilfoudrez du vitriol dans del’eau; vous tremperez une éponge dans cette folution , &. vous la paflerez fur ce que vous aU' rez écrit; il deviendra noir. Si pour éviter de donner du foup^on, vous voulez faire fur ce papier? une êcriture qui puilfe s’enlever;prenez de la paille d’avoine que vous brulerez; humeélez-la enfuice avec de 1’eau & lervez vous-en pour écrire ; lorf que vous palferez delfus le papier 1’éponge trem" pée dans la folution de vitriol, 1’écriture qui eft vifible difparoitra & celle qui efl: invifible fe montrera feule.
X L I I I.
Defcription détaillèe de la maniere de faire le papier marbré.
1°. Il faut commencer par faire faire une forme de bois de la grandeur d’une feuille de papier, & dont les rebords ayent environ deux pouces de baut.
2.. Il faut avoir un peigne dont les dents foient de fil de léton , a une diftance égale les unes des autres, & telle qu’on peut la juger paries traits qui font fur le papier marbré.
3°. Prenez de la gomme adragant; verfez de£ fus un peu d’eau claire , & laiffez la folution fè faire ; mais il fautqu’elle foitfi claire qu’on puide lapalfer par un linge & qu’elle n’ait que la confif- tence d’une eau de gomme épaifle.
4°. On verfe la folution précédente dans la for¬me dont on a parlé , & 1’on répand defïus, avec un pinceau qu’on fecoue,les couleurs quei’on aura préparées , de forte que toute la furface en'fok couverte.
5°. On enduit de couleurs, le peigne en le frottant depuis le baut jufqu’en bas; les couleurs fe ralfemblent & fe mettent par ordre.
6°. On prend ie peigne & on le paflè depuis le baut de la forme jufqu’au bas; les couleurs le prelfent & fe fuivent les unes les autres, fans perdre leur ordre ; mais ft l’on veut que les traits foient pointus des deux cótés, en haut & en bas, il faudra pafler le peigne en fens contraire , ou de bas en haut, en fuivant le même chemin. Mais faut-il que les traits foient en tourbillons? on pren- dra une plume & on formera les tourbillons avec cette plume , en la mouvant en rond ; c’eft la même méthode pour telle autre figure que 1’on voudra.
7°. Pour les couleurs, vous prendrez de l’orpin & de l’arfenic rouge que vous mêlerez enfemble pour faire du jaune ; l'indigo mêlé a de la craie donnera un bleu clair; le bleu mêlé a du jaune fera du verd ; c’eft en changeant les dofes de l’un ou de l’autre que vous aurez différents verds. On prend de lalaque de Florence pour le rouge; on n’y employe point de noir; & le blanc n’y eft point néceffaire, paree que le fond du papier donne cette couleur.
8°. On broye bien exaélement toutes ces cou¬leurs , après les avoir humeétées d’efprit de vin bien reéfifié , 8c 1’on y mêle un peu de fiel de poifton ; fur quoi il eft bon d’obferver que fou- vent les couleurs s’écartent trop les unes des autres, ou fe pelotonnent. Cela ne vient que du trop peu de fiel de poiffon que 1’on y a mis ; c’eft al’expé- rience & a la pratique a apprendre quel eft le jufte milieu. Quand toutes chofes ont étéainfi préparées 8c que les couleurs ont été mifès convenablement fur 1’eau de gomme adragant,
9°. On prendra du papier ordinaire aimprimer ; on le fera tremper comme les Imprimeurs en one coutume, lorfqu’iis veulent imprimer; on i’ap- pliquera fur les couleurs, &. on le preflera avec les doigts afin qu’il prenne bien la couleur; on le retirera enfuite,& on le fulpendra feuille a feuille afin de le faire fécfiér.
10°. Lorfque le papier eft bien fee , on le frette avecun peu de favon; enfuite dequoi cn le polit, &. on le rend liffe avec une pierre faite expres; car c’eft le poli qui en fait le plus bel ornement.
11°. On pourra aulfi fe fervird’or ou d’argenten coquille , & d’Aurum ou d’argentum muficum; on n’aurapour cela qu’a délayer ces matieres avec delagomme arabique qui ne foit point tropépaif- fe. On pourra de cette maniere y faire toutes fortes d’ornemens.
X L I V.
Preparer du papier de maniere a pouvoir écrire defins avec un ftilet d’argent ou de suivre jaune.
Prenez de la corne de cerf calcinée ; réduivèz-la enpoudre; prenez enfuite du papier blanc qui ne foit point trop uni; frottez le bien exaóle-ment partout avec la corne de cerf pulvérifée , au nroyen d’un morceau de peau bien lort; le papier ainfi préparé deviendra proprë a écrire avec un filet d’argent ou de (un filet de) léton.
X L V.
Autre.
Prenez des os de moutons calcines ; réduifeZ- les en poudre ; humeélez cette poudre avec de l’eau de gomme ; enduifez-en votre papier des deuxcótés; faites le fécher; vous pourrez écrire fur ce papier avec un ftilec d’argent 011 de léton.
X L V I.
Tablettes de papier noir.
1°. Prenez deux parties de colle que vous mettrez a détremper avec un peu de colle de poiffon dans une chopine d’eau ; faites bien chauffer ce melange ; mettez-y peu a peu une partie d’alun pulvérifé; laiffez bien réfroidir le tout, & vous en appliquerez fur des cartes 011 fur du carton des deux cótés; enfuite de quoi vous le ferez bien fécher.
2°. Prenez du noir de fumée calciné, ou de 1’encre d’Imprimeur; broyez le noir avec de 1’eau; formez-en de petits tas fur du papier brouillard, afin que 1’eau puiffe s’y imbiber, & faites les bien fécher; broyez-les enfuite de nouveau, & paffeZ la poudre par un tamis ferré.
3.. Prenez parties égales de pierre ponce calcinée & de moulée ; triturez bien ces deux paatieres avec del’eaude colle ; mettez-y du noif préparé comme on vient de le dire, en quantité fuffifante.
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4. Prenez de ce noir avec un pinceau; frottez- en votre papier des deux cótés, & laiflez-le fé¬cher ; on peut réïtérer la menie chofe jufqu a trois fois en faifant fécher a chaque fois.
5. Lorfque le papier fera bienfec , il faudra le frotter avec un morceau de drap pour le polir óc le rendre bien uni.
6. Prenez du noir qui a été décrit; délayez le dans de 1’eau de gomrae, & repaflez-en une cou- clie légere fur le papier que vous aurez noirci.
7.- Pour que Ton ne remarque point les traces du pinceau , il faudra y palfer légerement une éponge mouillée, ce qui les fera dilparoitre , & les tabiettes paroitront unies; on pourra y écrire avec un flilet d’argcnt ou de léton.
X L V I I.
Faire des tajjès de papier qui paroiflent d’argent»
Faites de la colle avec de la farïne & de 1’eau ; prenez du papier brouiilard, qui foit de la gran¬deur que vous voudrez donnera vos talles; mouil- lez-le avec une éponge;& appliquez-le fur les taf- fes dont vous voudrez prendre la forme ; mettez de la colle fur ce papier, & remettez-y encore du papier; faites la même chofe trois ou quatre fois, & laiifez fécher tous ces papiers collés les uns fur les autres ; mettez-y enfuite trois couches d’eau
de gomme en laiflant fécher a chaque fois; la derniere fois, vous y appliquerèz de 1’or ou de 1’argent en feuiiies; il faudra feulement faire at-tention a ce que la derniere couche d’eau de gom¬me foit a fon vrai point, c’eft-a-dire, nefoit trop humide ni trop féche.
X L V I I I.
Faire des taches noires Jur un cheval blcmc.
Prenez une once & demie de litharge d’argent, trois onces de chaux vive; mêlez& broyez exac- tement ces deux matieres, & mettez-les dans un pot; verfez pardelfus une forte leflive , & faites bouillir ce mélange ; ii fe formera a lafurface une pellicule grafle que vous en óterez , & vous en frotterez un cheval aux endroits que vouS voudrez noircir; le poil y deviendra noir fut le champ.
X L I X.
Fcindre en noir un clieval roux.
On fuitle même procédé que i’on vient de dire, fi-non quel’on prend une dofe égale de chaux 8C de litharge,& qu’aulieu’de leflive on les fait bouil¬lir dans de 1’eau; on prend la pellicule qui fe for¬me a la furface ; on en frotte le cheval; fi on le fait le foir, le lendemain le poil fera devenu noir*
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Rendre un cheval gri-pommelé.
Au printems , prenez des bourgeons de jeunes chênes ou d’aunes; mêlez-en trois ou quatre fois dans le manger des chevaux; ils deviendront gris-poinmelés, & cette couleur leur reftera pendant un an.
Comme, en donnant a 1’article X LIII. la ma- niere de faire le papier marbré, il a été queftion de l’Aurum muficum, on a cru devoir en enfeigner ici le procédé.
Maniere de faire I’Aurum Muficum.
Prenez des quantités égales d’étain , de vif ar¬gent , de foufre & de fel ammoniac ; faites fon- dre 1’étain dans un creulèt; quand il.fera fondu, verfez-y le vif argent, & lailfez réfroidir ce mé¬lange ; faites enfuite fondre le foufre ; verfez le fel ammoniac pulvérifé dans ce foufre fondu ; re- ttiuez ce mélange, & faites-le réfroidir; broyez- le enfuite avec foin jufqu’a ce qu’il foit réduit en une poudre impalpable; joignez-y votre mé¬lange d’étain & de vif argent, & mêlez bien ces matieres en continuant a les triturer; mettez le tout dans un fort matras de verre bien luté par le fond, & dont le col ïoit long; il faut que les trois quarts du naat/as demeurent vuide;
Nn n vous boucherez ce vaifleau avec un couvercle de fer blanc que vous luterez ; cependant il faudra y pratiquer un trou de la grandeur d’un pois pour pouvoir y fourer un petit clou ou bouchon, afinqu’iin’en forte point de fumée. Vous mettrez ce matras au bain de fable ou fur des cendres chaudes ; donnez d’abord un feu douX que vous augmenterez peu a peu jufqu’a ce que le melange commence a rougir; pour lors vous pourrez öter le clou ou le bouchon, & vous verrez s’il n’en part plus de fumée; pour plus de fureté, vous n’aurez qu’a laifler encore le melange pendant deux ou trois heures dans une chaleur égale ; au bout de ce terns vous aurez un fort bon aurum muftcum qui fera propre a co- lorer le verre, a enluminer les eftampes & le papier marbré, &c.
Autre maniere de faire f Aurum Muficum.
Prenez une once d’étain pur que vous fereZ fondre ; mettez-y deux gros de bifmuth que vous y ferez bien incorporer; laiflez réfroidir le mé¬lange j & broyez-le avec loin fur une pierre 5 ajoutez-y deux gros de foufre & autant de fel ammoniac que vous aurez foin de meier & de bien triturer avec le refte du mélange; mettez- le tout dans un matras que vous poferez fur des cendres chaudes; vous augmenterez peu a peu le feu jufqu’a ce que le mélange rougiffe dou- cement ; tenez-le pendant quelques heures dans le même degré de ebaleur; vous aurez un bon durum muficum; mais il faut avoir eu la precaution de bien boucher le matras afin qu’il n’en forte point de vapeurs, & obferver du refte tout ce qui a été prefcrit dans l’opération précédente.
Maniere de faire l’Argentum Muficum.
Prenez fix gros d’étain bien pur que vous fe- rez fondre dans un creufet; & lorfqu’il fera pref que entiérement entré en fufion , ajoütez-y fix gros de bifmutb; remuez le melange avec un fil de fer jufqu’a ce que vous foyez afluré que le bifmutb s’eft entiérement fondu; retirez alors le creufet du feu , & laiflez-le un peu réfroidir ; Vous mettrez enfuite fix gros de vif argent dans la matiere fondue ; vous remuerez bien, pour que le mercure s’unilfe parfaitement au mélange que Vous verferez enfuite fur une pierre , afin qu’il le fige ; quand vous voudrez vous en fervir , vous délayerez cette composition dans du blanc d’ceuf ou du vernis ou de 1’efprit de vin ou vous au¬rez fait diffoudre de la gomme arabique, &c. quand vous en aurez mis fur quelque ouvrage,vous pourrez le poiir avec une dent de ioup , & il de- viendra fort brillant. Vous remarquerez que plus on met de mercure dans ce mélange, plus il de- vient aifé a étendre ; cependant il ne faut point Y en mettre trop; ce fecret eft éprouvé.