SOL SINE NESTE,
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Trente experiences pour tirer, la couuleur pour de l’or
Quelques conjectures fur la deftruction de l'Or, & un infstruction pour faire dans Ia plus grande perfection de faux Rubis ou du Verre rouge.
Par J. C. Orfchall Infpecteur des Mines def Prince de Heffe,
Traduit de l’Allemand.
Preface
Je vais vous communiquer , cher Leqeur, quelques experiences fur l’or qui pourront contribuer également a Votre plaifir & a votre utilité ; elles ont pour objet la Def-truction de ce metal qu’on a tant cherchée de nos jours & qu’on cherchera vraifemblablement encore long-tems.
Si vous me demandez ce que je penfe de cette opération, je vous répondrai que je ne la nie ni ne l’assure: je fais feulement qu’on ne tirera jamais d’un corps tous les avan-tages que l’on défire, fans fa Deftructïon qui ne peut être produite que par l’action du feu; & je ne ferois point étonné qu’on admit la poffibilité de cette deftruction; qu on en reconnut le fimbole dansle Phoenix des Anciens, qui, après avoir été réduit en cendres, revient de nouveau a la vie & fe reproduit en plusieurs milliers de petits phoenix; qu’on imaginat que , li nous pouvions venir a boutde bruler ce beau phoenix [ou 1’orj , nous parviendrions enfuire a la découverte tant défirée de la Pierre Philofophale ; qu’on ajouta qu’il nes’agit que de le réduire en cendres ; qu’il n’importe nullement de quelle maniere 1’opération fe fafle: que, foit que ce fut par la voie humide ou féche , foit que ce fut paria voye froide ou chaude , on pourroit fe flatter d’avoir atteint le but qu’on fe propofe, fi l’on avoir une fois la folution radicale de 1’or 5 caron poffé- deroit des lors le vrai mercure des Philosophes.
Je n’entreprendrai point ici 1’énumération dc tous les citoyens fophiftiques que j’ai vu employer pendant le cours de ma vie pour parvenir a la definition de for; (car j’ai été élevédès ma plus tendre jeunefle dans les travaux de ./la Chimie</, & je puis dire fans exagérer que j’ai fait des chofes finguliéres en ce genre). Entre les Charlatans que j’ai démafqués, Pun avoitun diflolvant, 1’autre une poudre; mais examinoit-on la chofe au grand jour,ce n’étoit qu’uno diflolution de la nature de celles qu’on auroit pu obtenir
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avec 1’eau régale, & que je défigne en général par le noin de Divijion, parceque ce n’eft autre chofe que Tor divifó en très-petites parties; operation qui toutefois exigeroit plus de peine qu’on ne fe 1’imagirie , fi on fela propofoit par la voye du phoenix. Quant a celle des diffolvants, je regarde Ia multitude de ceux qu’on employe fur Tor coinme fort inutile, & je reviens , cher Leéleur, a 1’allégorie dn Phoenix. On trouve dans les anciens Poëtes & Philofophes, que le Phoenix, après avoir ramafle une quantité de toutes fortes d’aromats 9 fe place fur ce bucher , que les matieres en font allumées par le Soleil, & qu’il fe confume lui même; hiéroglyphes vuides de fens, ou qui nous in- diquent affez clairement, ce mefemble, de ne point cher- cher dans les chofes étrangéres, ce qu’il faut tirer de la chofe même; inftructions qu’ils one encore renfermées dans cetre efpéce d’apophtegme , ne cherchez ni dans les plantes ni dans les animaux, ni dans la graijje > ni dans les métaux ni dans les fels ? Ou faut-il done chercher ? Nulle part; car c eft de lui-méme ou de /on femblable , ou de ce qui lui eft le plus proche quil faut Pemprunter.
Il eft done affez inutile de fe tourmenter pour avoir des Diffolvans. Siceque nous cherchons eft invifible, & ft nous le cherchons ou il n’eft pas, quelle utilité tirerons nous de notre travail ? Je ne pretends pas donner a entendre par ce que je viensdedire, qu’il faille chercher la chofe dans Por; ce n’eft pas la ma penfée; je veux feulement que nous faffions notre poffible pour trouver la maniere de brüler le Phoenix parlui-même ; & c’eft ce dont je traiterai dans lafuite plus amplement.
Pour ne pas m’étendre ici en difcours fuperflus, je déclarerai d’abord qu une deftruttion de lor dont je ne fais au- cun cas, c’eft celle de la quelle on dit qu’après 1’avoir obtenue , il n’eft plus poffible de remettre 1’or en un corps» Un Italien qui s’étoit arrêté quelque temps a Nuremberg prétendoit avoir ce fécret , & fe vantoit de pouvoir rellement détruire Por, qu’il n’étoit plus poffible de réduire. Un homme d’efprit lui demanda quoi ce fecrer
£toit bon. Un autre lui dit que la meilleure maniere de travailler fur 1’or droit d’amaffer force ducats dans fa boqrfe. Ce Virtuofe eftimoit ce fecret 1000 ducats; mais perfonne n’envoulanta ce prix, ni aaucun autre, ill’au- roit volontiers donnd pourrien. Jene fais done aucun cas d’un fecret qui detruit l’or au point qu’il n’ya plus moyen d’en refaire un corps, & je crois même que cela n’eft pas pofltble. Qu’on me donne un corps detruit de cette forte, & on verra ft je ne lui rendrai pas bientôt fans exiftence. Je n’ai d’aurre garant a offrir au JLe&eur de ce que j’a- vance que la parole d’un homme qui a travaillé en Chi- mifte tant qu’il a vêcu, & qui a rdufli en beaucoup de chofes. J’expliquerai ici la precipitation rouge de l’or: lorfque je la fis pour la premiere fois-, je crus avoir pris, comme on dit, la pie-au-nid ; mais quand j’examinai mieux la chofe , je me trouvai bien loin de compte.
A prés ce préambule dont on fe feroit bien paffd; je finis en alfurant que ce qui m’a determine a rendre ce traité fi court, e’efi: que je me propofe , quand j’aurai plus de loifir, d’en écrire un très-détendu, & d’adduire plus au long ce que je ne fais ici qu’effleurer en partant. S’il fe trouve des gens qui, par ignorance ou par u n ddlir infatiable d’avoir tout à la fois, m’obtiennent que je pouvois me difpenfer de me mettre a l’ouvrage pour fi peu de chose; je leur fermerai la bouche avec la refponfe du célèbre Sabinus. Ce fâchant homme, aptès avoir fervi Dieu & eclaird le monde par fa fcience & fon drudition en qualite de Profeffeur a Koningfbergen Pruffe, formale delfein de laiffera Ja pofturitd un petit Ouvrage , & il en publia d’abord quelques feuilles. Il cher choitè faire l’avantage & le bien du pro- ovain, & a s’acquérir en même terns une gloire immortelle ; fes dcrits etoient bons: mais un railleur entre pritdc jette du ridicule fur leur brièveté, & lui demanda, pour- quoi il n’avoit pas compofe un grand & bel ouvrage a l’exemple d’Homère & de Virgile; Sabinus repoul facette impertinente queftion , en obfervant queles Beeufs, les Afnes, les Vaches & les Mulets, n’aimoienr point a boire dans depetits ruifleaux, mais dans de grandes eaux troubles telles que celles du Danube, de l’Elbe, et du Rhin; ciu’il en étoir autrement des gens d’efprit; qu’ils aimoienta fc défaltérer a de petites fources oü 1’eau eft plus pure 6c plus délicate que dans ces grandes Rivieres, le receptacle de routes fortes d’immondices.
Si d’autres ajoutent qu’il n’y a point de lucre a tirer de eet écrit, je leur dirai, aprenez, (ö avares infatiables) que vous êtes des aveugles 6c que vous méritez le fort de Midas, puifque vous préférez la richefle a la fcience qU<3 Ton acquiert par 1’étude de la nature ; femblables a ce Ro* ignorant qui préféroit le flageolet de Pan au luth d’Apolloti-
Au refte, qu’on loue ou qu’on blame eet Ouvrage; cela m’eft égal. Le jugement que chacun en portera fera con- noitrefa fa<;on de penfer , fans rien changer a la mienne.
Quant a vous, Lefteur, qui aimez les Sciences 6c les Arts, a peine aurez-vous lü ce traité que vous en aurez la fuite. J’ai pris pour devife, ce que Ton dit aux enfans a 1’école, que celui qui méprife les petites chofes ne mérite pas celles qui font plus importantes. Si eet Ouvrage vous eft agréable, je vous en promets un plus confldérable 6c je nö tarderai pas a vous tenir parole.
Vale, eiee et Judica bene.
Qü Celibet res nihil praflare potcf prater id quod &
fe eft & continet. GEBER.
[483] tation, jusqu’à ce que nous euffions expofé le mélange au feu ; après quoi nous ne trouvames dans le fond aucune chofe rouge comme nous l’avions cru; mais feulement une poudre jaune: tout le Rouge avoit disparut, ce qui nous mortifia beaucoup.
III. EXPERIENCE.
Nous pensâmes que la diffolution fe faifant dans l’eau; elle ne raan que roit pas de réuffira uffi dans l’efpritde vin ; nous donames prefque dans l’o-pinion de Fr. Bafiie qui en parlant du fel dans fes vers s’exprime ainfi.
L’efprit de vin me nuit;
Il produit For potable.
Je me fou vien sace propos d’une merveille que j’ai louvent entendue raconter a raon pere; il fcavoit avec de i’elprit de fel doux, tirer d’un ducat d’orun quart de ducat; le refte de 1’or de- meuroit blanc comme de 1’argent. Il mettoit de ./l’antimoine</ fur le quart du ducat qu'il avoit ex- trait; & avec ce mélange , il teignoit trois quarts de ducat du plus fin argent qui devenoit de l’or parfait. J’ai voulu refaire cette opération, mais elle ne m’a pas réuffi, ainfi que je 1’avois elpér ; cependant comme le procédé en eft curieux plaisant, je vais le mettre ici.
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IV. EXPERIENCE.
Je fis un or fulminant a la maniere ordinaire, c eft-a-dire, qu’après que j’eus dilfous de 1’or dans de 1’eau-régale , je précipitai avec 1’huile de tartre par défaillance ; je verlai fur eet or fulminant de 1’elprit de fel doux ; mais il ne voulut mordre delfus , que quand je 1’eüs mis a un dégré de chaleur médiocre; je parvins pourlors a le dilfoudre tout-a-fait. Mon efprit de fel doux devint d’un beau jaune lèmblable a celui de la plus belle diffolution d’or dans 1’eau-régale ; ce qui me fit croire qu’il étoit très-bien dilfout. J’en fis évaporer 1’ef¬prit de fel, & je m’attendois a trouver dans ma chaux d’or quelque ebofe de rare; mais il arriva ce dont je ne me ferois jamais douté , c’eft-a- dire que ia force élaftique y demeura encore Cachée , comme 1’expérience me le fit bientót connoitre ; cette chaux commenca a fe fécher tout doucement; mais lorfque toutes les vapeurs Sc humidités en furent forties, j’entendis dans mon appartement un bruit fi terrible , qu’on au- roit cru qu’on y avoit tiré un des plus gros canons; il n’y avoit cependant qu’une petite quantité de matiere : on peut conclure de-ia que le fel de tartre s’y infinue de facon qu’il n’eft prefque pas polfible de 1’en tirer par les lotions. Cela m’ap- prit auffi que eet efprit de fell’attire a lui; mais je lailfea chacunla liberté d’en juger.
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Cependant je perfiftai dans le delfein de trouver Ie moyen de précipiter 1’or dans une bellecouleur rouge , ce que jene pouvois venir a bout de faire. Mais un jour que j’avois entrepris un certain tra¬vail pour lequel j’avois befoin d’une diflolution d’or, je la fis dans 1’eau-régale & me fervis pour cela d’un petit matras; après i’opération faite, je voulus par hazard nettoyer ce matras ; pour cet effet je verfai dedans une certaine quantité d’eau douce : je lerinfai bien , & ne trouvantpour cette fois fous ma main d’autre vaifleau pour verfer i’eau, je la mis dans un vafe d’étain qui étoit difpofé de fagon a laiffer couler 1’eau dans un autre vafe, mais qui pour cette fois le trouva bouché de maniere que rien n’en put fortir; 1’eau demeura done dedans pendant le terns de mon diner, après lequel étant rentré dans mon appartement pour me laver, je m’appercus avec furprife que le vafe d’étain étoit tout rouge. Je ne pus devi-nir d’abord ce qui en étoit la caufe; mais je ne tardai pas a m’en appercevoir.
V. EXPERIENCE.
Le Doéfeur Caffius que je confultai, m’indi- qua une autre route; mais comme la confufion de mes idéés jettoit dela langueur dans mon travail & que je ne fcavois comment m’y prendre, il me vint en penfée que , puifque felprit de fel diifout 1’or après qu’on 1’a rendu fulminant, il pourroic
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bien fe faire quecet efprit de fel feroit trop fort, ce qui me détermina a elfayer cequi fuit.
VI. EXPERIENCE.
Je pris du fel commun tel que celui dont on fe fert a table; je le fis bien fécher & le pilai très- fubtilement; je pris auffi des feuilles ou lames très-minces de for le plus fin. Je plagai ces feuilles d’or avecmon fel bien féché , (Iratum JïiperJ auratunt, ou lits ou couches de 1’un fur 1’autre , dansun vafe capable de réfifter a l’adiion du feu ; je continuai cette cementation pendant huit heures, le plus foigneufement qu’il me fut poffible. Je m’étois imaginé que mes lames d’or , après avoir été rongées & réduites en petits morceaux, auroient communiqué au fel leur belle couleur jaune. Quoiqu’après que le vaifieau fut réiroidi & que je 1’eus ouvert, je m’apercuffe bien que je n’avois pas réuffi; j’eus cependant lieu d’être content: je trouvai quelque chofe demeilleur & de plus important, puifque le felétoit teint en un fi beau pour- prequ’il mefit un plaifir infini. Je crus done encore avoir pris la pie-au-nid ; que je n’avois plus qua verfer fur ce fel de 1’elprit de vin,& que je ne man- querois pas d’en extraire la belle couleur rouge. Cela n’arriva cependant pas ainfi ; mon efprit de vin demeura blanc;& quoiqu’il eütrefté a ilez long- tems deflus, mon fel ne perdit en aucune facon fa brillante couleur rouge; il en devint feulement
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plus éclatant & plus agréable a la vue ; il acquit parla une qualité &un brillant. que je ne faurois décrire, & devintun reméde très-utife contre les palpitations de coeur, & un fudorifique excellent; mais je n’en pus tirer aucun autre avantage.
Dans la penfée qui me vint de cémenter 1’or avec le fel, je fis la diffolution de [’or fineJ repitu; je la placerai ici, quoiqu’ elie foit connue d’ajlleurs. Je fais d’autant moins de difficulté de la rapporter, qu’elle n’a réuffi a perfonne de la maniere que je vais la décrire.
VII. EXPERIENCE.
On prend du falpêtre , de i’alun, du fel comtnun, de chacun égale quantité ; on broyele tout avec un poids de feuilles d’or égala celui de cha-cune des matieres fufdites en particulier ; apres avoir réduit le melange en une poudre aufii fub-tile au’il fe peut, on verfe le tout enfemble dans un matras, & l’on met par de flus de l’eau que 1’on évapore enfuite en la faifant fortement bouil- lir, ce que Ton continue jufqu a ce que le fel qui refteaufond demeure jaune; li-non il faut de nouveau verier de 1’eau deflus & faire évaporer jufqu a ce que le figne fufdit paroiffe ; alors on vCrfe fur ce fel jaune de 1’efprit de vin , lequel en prendla couleur dans le moment; fion trempeun fer poli dans cet efprit de vin & qu’on le laiffe fécher enfuite, il prend une belle couleur d or.
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On precipice eet efprit de vin avec de 1’HuiIe de tartre par défaillance, & pour lors on a un beau crocus d’or au fond du vafe. Zwelfer en a fait mention fort au long. Un de mes amis voulut a Sulzbach réduire cette chaux, qu’on appelle autrement crocus d’or. 11 s’imagina pouvoir la fondre avec un flux commun ou ordinaire ; mais lorfqu’il s’attendoit a trouver un réguie d’or, il ne trouva contre fon efpérance qffun verre noir, d’un rouge foncé, cependant un peu tranlparent. On peut fe rappeller ici le grand cas que les anciens faifoient de la vitrification de 1’or , operation aujourd’hui très-facile & trés - connue. Je fais qu’il y a environ feize ans, differences perfonnes ont reçu des récompenses pour le procédé de vitrifier 1’or que je viens d’indiquer. Quoique toutes les fois que j’ai communiqué ce procédé , j’aie averti qu’on n’en tireroit aucun profit , mes advertiffemens ont été inutils.
VIII. EXP ERIENCE.
Comme je m’appliquois beaucoup ci-devant a la fonte des minéraux pour en pouvoir obténir quelque utilité , je crus qu’il y auroit auffi de i’a-- vantage atraiter ce que les Orfévres appellent des ordures ; j’étois occupé de cette idéé, lorsqu’il me iomBa fous la main des raclures d’or qui ne font autre chofe que de la pierre ponce dont les Orfèvres
[ 489] févres fe font fervis a frotter l’or pour le poiir. Comme la pierre ponce dont on a frotté 1’or en détache beaucoup, je comptois pouvoir faire fondre ces raclures avec de la litharge , mais je trouvai qu’ilne fe formoit point defcories; je m’a- vifai delestraiter comme du verre,& je crus qu’il pourroitfe former un régule: pour eet effet je pris un flux eompofé de cendres gravelées, de nitre & de borax que je mêlai avec les raclures. Je fis bien fondre le tout; mais je trouvai aulieu d’un régule quelques petits grains , & j’eus outre cela un beau verre rouge tout femblablea l’émail rouge tranfparent dont fe fervent ceux qui travaillenc en or : ils étoient fi reffembians que , quoique j’en connuffela difference, j’avois de la peine ales diftinguer. Void la maniere de procéder dans cette operation.
Prenez une lame d’or battu; frottez-la avec la pierre ponce ; raffemblez avec foin toute la raclure qui tombera dans un vafe avec de 1’eau ; féchez-la enfuite ; prenez de cette raclure autant que vous en voudrez, &c. Procédez pour le refte comme il aété dit ci-deffus. Les Anciens ont fait un grand cas de la vitrification de 1’or ; mais je ne veux pas decider s’ils s’y prenoient de ia même maniere que je m’y fuispris, & fi le fuccèsen étoit le même ; il me fuffit que je fache vitrifier 1’or: je voudrois feulement féa voir le moyen de réduire ce verre d’or & d’en retirer 1’or qui y elf contenu. Cette vitrification me fit entreprendre un autre
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travail dans 1’elpérance de parvenir a faire des rubis, fecret très-déf ré ; mais queque peine que jeprifle, tous mes efforts furentinutils. Je vis bien que, fans une forte deftrucfion de 1’or , je ne pourrois réuffir. ïl arriva dans ces entre-faites, que le célébre Doéfeur Caflius qui eften-poffeffion du fecret de faire le verre rouge , entra en converfa-tion avec moi; il fe vantoit non - feulement de précipiter for dans le plus grand rouge ; mais auffi de le détruire tellement qu’il n’étoit plus poffible de le réduire. Lui ayant raconté ace fujet ce qui m’étoit arrivé avec le vaiffeau que j’avois lavé& la cuvette d’étain dont j’ai parlé ci-deflus, il en fut étonné & me révé la tout de fuitefon fecret que je crois devoir rapporter ici, d’autant plus que je 1’ai louvent mis en pratique avec fuccès & que je m’en fuis fervi pour faire plufieurs expériences.
On prend trois quarts d’eau-forte dans laquelle on ait précipité de l’argent,& un quart d’eau falée; on les mêle enfemble; ce mélange prend une couleur laiteufe, c’eft-a-dire que 1’argent dont quelques parties font encore demeurées dans beau forte après la precipitation, tombe au fond du vale. On lailfe ce mélange dans eet état jufqu’a ce qu’il foit redevenu clair ; il eft alors d’une couleur d’aigue-marine; on le décante enfuite dans un autre vafe pour le féparer de fon fédiment, Sc on le filtre avec foin. Après cette preparation, on jette dans cette liqueur un peu de limaille d’étain j
SINE VESTE. 491 on 1’expofe a une chaleur douce, & on laiffe diffoudre peu a peu. Mais il ne faut jecter dans la liqueur qu’une petite pincce d etain a chaque fois, c’eft-a-dire, autant que 1’on peuten prendre avee les deux premiers doigts ; il faut attendre qu’une pincée foit diftoute pour en remettre une autre ; on continue ce procédé jusqu’a ce que 1’eau foie entiérement devenue d’un beau jaune, ce.qui eft la marque que la folution aété fuffilante ; onfiltre cette liqueur jaune de facon qu’elle foit très-belle & très-pure , & on la garde en eet état.
On fait enfuite une eau-régale avec de 1’eau- forte & du fel ammoniac fuivantla méthode con- nue de tout le monde ; on diftout de i’or dans cette eau. On fait tomber quelques gouttes de cette folution d’or dans un très-grand verre plein d’eau defontaine bienpure & bien nette ; on re- naue bien le tout enlemble, & enfuite on laifte tomber dansle même verre une ou deux gouttes de la diftolution d’étain préparée comme on 1’a enlèigné ci delfus; fur le champ on voit toute la liqueur devenir rouge & d’une belle couleur de fang. C’eft ici la
IX. EXPERJENCE.
J’avoue que lorfque je fis cette operation pour la premiere foiselle me caufa untrès grand plaifir; car je penfai avec le Doéleur Caftius que ce précïpicé rouge ne pouvoir fe réduire. Ji meparuc
d’abord que cela étoit ainfi ; mals a la fin je trou- vai le moy en de le réduire & d’en tirer de tres- bon or , comme je le dirai plus bas.
Je mis a part cette eau rouge teinte par les gouttes de la diflolution de lor & de celles de 1’étain que j’avois verfées deflus. Pendant la nuit il fe précipita un beau crocus d’or au fond du vaileau. Ce ./crocus</ fournit aux Orfèvres un beau pourpre d’or très-propre a être employé dans leurs émaux.
Je m’appliquai fans perdre de terns a faire des expériences fur cette admirable eau rouge ; je fentois que plus j’y travaillois, plus monzèle augmentoit. Je crus d’abord qu’avant que cette mallere rouge fe précipitat, je pouvois la diftiller par la cornue dont je me fervois de preference a un alembic, afin que la matiere nefutpas obligée de monter fi baut; mais cette experience ne re- pondit point a mon attente.
X. EXPERIENCE.
Auffi tót que 1’eaufufdite fe fut colorée, je la mis dans une petite cornue de verre, a l’embouchure de laquelle j’ajoutai un petit recipient que je lutai le plus exaélement que je pus. Je donner d’abord une chaleur douce ; mais plus je voulus pouffer la diftiilation, moins il vint' de gouttes rou¬ges ; je crus a la fin devoir augmenter le feu pour obtenir quelque cliofe; mais je ne pus même avoir un réfidu rouge; iln’étoit que d’un jaune pale :
je verrai deffus de l’efprit de vin qui prit fur le champ une couleur auffi jaune qu’une folution d’or; mais il refta en arriere une petite quantité d’une chaux blanche que je regardai comme provenant de 1’é.ain qui étoit entré dans le mélange.
Cet efprit de vin coloré en jaune ne me parut pas différent de la folution d'or fine ftrepitup y trem- pai unferpoli: non feulement ce fer ne fe dora point; mais il ne s’yfit pas même la moindretache jaune , fans que j’en pufte pénétrer la raifon. Cet événement me fit concevoir une autre efpérance. Je crus que l’or qui étoit dans cet efprit de vin n’étoit point ficerporel ou fi fenfible que dans la folution d’or fine flrepitu, <& que pourvü qu’il paffat par la cornue, il étoit égal qu’il fut jaune ou rouge ou de quelque couleur que ce fut; mais j’éprouvai qu’il me donnoit un produit tout différent, comme on le va voir dans la
XI. EXPERIENCE,
Je pris 1’efprit de vin ci-deffus qui étoit d’un beau jaune; je le mis dans une petite cornue a digérer pendant quelque tems, afin qu’il put de- venir fuffifaniment délié; quand je crus que le tems d’en faire ufage étoit venu , jeTexpofai d’a- bord a un dégré de chaleur , très-modéré. Mais cela fut inutile , car mon efpritde vin paffa tout blanc ; & après que la diftillation fut faite jufqu’a ficcité, je trouvai dans le fond de la cor
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nue de petites étoiles d’or. C’eft ainfi que eet or que le Doéfeur Caffius avoir fait palier pour irré- duébble fe réd uit fans peine en or ; mais ce qui m’étonna le plus, ce fut que, de quelque ma- niere que je m’y prille, je ne pus prefque pas ré- duire la chaux, lorfqu’elle fe fut dépofée au fond ; ce qui me donna occafion de tenter encore quel-; que chofe & de faire 1’opération fuivante.
XIIe. EXPERIENCE,
Après avoir précipité une certaine quantité d’or de la maniere expliquée ci-deffus, je mis 1’eau rouge a évaporer; car il me parut qu’il étoit affez indifférent de la faire diftiller ou de la faire évaporer. Il arriva cependant que, lorfque l’évaporation étoit prefque fur fa fin , ie matras de verre qui contenoit la matiere fe fendit. Je ie retirai du feu, afin qu’il ne fe brilat pas entiérement; je laiffai réfroidirla matiere qui étoit gluante & avoit pris la confiftence d’un onguent, & je verfai enfuite del’efprit de vin pardeffus, qui devint a la vérité jaune, mais un peu trouble. Je verfai dans un autre petit verre eet elprit de vin ainfi coloré; je le laiffai découvert, & j’allai diner. Lorfque je revins pour voir fi eet efprit de vin coloré nes’é- toit point clarifié, je trouvai qu’il étoit devenu de la couleur d’un beau rouge de rubis ; ce qui me caufa beaucoup de joye, comme on peut fe l’imaginer. J’av-que que j’ignore quelle eft la caufe
[497] particuliere de ce phénomêne, & qu’ayant réïtéré cette experience a plufieurs repriles différentes, je n’ai pu y réuffir en tout que deux fois en constant cette premiere. Je n’ai jamais imagine quelle étoit la fubtile & finguliere manipulation qui fe dérobcit ici; ce qu’il y a de plus admirable c’celtique la teinture n’étoit pas d’un rouge limple comme les autres, mais d’un Rouge de rubis qui tiroit fur le pourpre.
Ce qui reftoit au fond du verre étoit tout blanc. . Je le laiflai fans y faire attention; il me fournit cependant i’occafion de faire 1’expérience fui- vante.
XIII. EXPERIENCE.
Le verre qui contenoit le réfidu de l’expérience précédente étant refté affez long-tems fur une fe-nêtre , paree que je n’en faifois aucun cas ; il Ie trouva par hazard que je voulus nétoyer & déba- raffer cette place ; ce vafe tomba fous ma main & j’appercus que de ce réfidu ou de ce mare blanc il s’étoit formé unë matiere rouge & féche qui tenoit tres fortement au verre; les fels contenus dans cette matiere s’étoient élevés & poulfés en hautfousia forme de poils ou de cheveux d’une maniere fort jolie; je crus qu’en préfentant ce melange a la lumiere, il paroitroit encore plus beau; je trouvai qu’il n’étoit pas rouge, mais violet, en le tenant dans 1’obfcurité ; & lorfque la lumicre
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donnoit deflus, il paroitroit de même que s’il avoit été doré par le meilleur peintre. Cette opération m’a réuflï piufieurs fois; maïs il faut que la mattere ait été long-tems expofée a. Pair. Continuant toujours a faire des experiences fur cette matiere , je cherchai les différentes facons dont on peut mêler ou combiner les liqueurs fufitesies unes avec les autres.
XIV. EXPERIENCE.
J’ai trouvai qu’il y avoir une très-grande différence averfer la folution d’étain dans la folution d’or , ou a verfer la folution d’or dans la folution d’étain, quoique les matieres fulfent en même poids &en même proportion. Si je prendsun petit verre rempli de folution d’or & que je verfe dedans un peu de folution d’étain , ce mélange devient noir comme du charbön oudel’encre, enforce qu’on peut s’en fervir pour écrire ; mais li je prends un petit verre plein de folution d’étain & que je verfe dedans de la folution d’or, la liqueur devient a la vériré dans 1’inftant couleur de char- bon , mais le mélange fe met a travailler & rede- vient clair en peu de tems; fi on y reverie de nouvelle folution d’or, il arrivera la même chofe que dans le premier mélange , & ce dernier phénomène pourra bien palfer pour une chofe très-fin- gullere; il nous a foürni l’expérience fuivante.
XV,
XV. EXPERIENCE
On peut faire la meme cbofe en mettant deux fois plus de la folution d’or que de celle d’étain, Sc il en réfultera encore un phénomêne fingulier. Je crus d’abord que le mélange me donneroit du rouge ; fi, de même que dans 1’autre folution d’or, je verfoisdes gouttes, & fi je mettois par de flus de nouvelle folution d’étain , attendu qu’il y avoit plus d’or que d’étain ; maïs cela n’arriva point. Je pris done de ce dernier mélange de folution détain & d’or ; j’en laffai tomber quelques gouttes dans un grand verre plein d’eau; j’y mis auffi quelques gouttes de la folution d’étain.
XVI. EXPERIENCE.
J’obfervai que ce mélange ne devenoit pas rouge, mais d’un beau violet qui fe précipita en-fuite au fond du vafe ; ce qui prouve que Ie beau rouge ne vientque de l’or. Je ne puis me difpenfer d’expoler ici comment il faut s’y prendre pour faire la diifolution d’étain, de facon que l’on puilïe réuflir dans ces experiences.
Si 1’on veut fe difpenfer de 1’embarras de la précipitation de 1’eau-forte & de la feconde pre-cipitation avec 1’eau falée , dont on a parlé dans la VIIIs. experience vers le milieu, on prendra feuiement de l’eau-régale , c’eft- a-dire, de l’eau
R rx (receipe)
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forte dans laquelle on aura fait diffoudre du fel ammoniac , & on y dilfoudra de i’étain ; cela pro- duira le même eifet que ce que j’ai dit ci-deflus; mais pour s’exempter de toute cette peine , on pourra procéder de la maniere fuivante.
XVII. EXPERIENCE.
On prendra un grand verre plein d’eau de fontaine, bien propre; on mettra dedans quelques gouttes de folution d’or faite comme il a été dit; on y mettra enfuite un morceau ./d’étain d’Angle- terre</ bien pur & bien nétoyé ; & après qu’on l’y aura laiffé tremper quelque tems , on verra que l’eau qui paroitra d’abord entiérement noire, après avoir été quelques heures dans eet état, commen-cera a. fecolorer en rouge. Quand elle aura acquis la plus vive rougeur, on en retirera le morceau d’étain.
Cette opération produira les mêmes effets que ceux qu’on a produits ci-deflus par le moyen de la folution d’étain, & on pourra faire avec ce rouge toutes les expériences qui ont été rapportées. La fólution préparée de la maniere fuivante pro-, duit auffi le même effet.
XEII1. EXPERIENCE.
On fait un amalgame de mercure & d’étain avec lequel on mêle une égale portion de fublimé:
[ 499] on met ce mélange fur un plateau de verre & non de fer , que 1’on porte enfuite a la cave ou dans un. autre lieu humide, pour qu’il fe réfolve enune liqueur. On peut fe fervir de cette liqueur d’étain pour produire les mêmes effets que par la folution d’étain dont on a parlé ci-deffus. Il y a une autre liqueur ou folution detain que le Doéleur Calïius nfa apprife qui eft encore beaucoup plus curieufe; ce n’eft qu’un efprit fumant; & certes cet efprita quelque chofe de merveilleux ; comme il m’eft arrivé de faire très-fouvent cette operation, je veux la mettre ici.
XIX.\ EXPERIENCE.
Quoique cette operation ne fe falfe point avec de 1’or, elle peut cependant être utile: en voici le procédé. Premièrement, on fait a la maniere ordinaire un amalgame de trois parties d’étain d’Angleterre avec cinq parties de mercure vif; on triture cet amalgame autant qu’il eft polfible avec un poids égal de mercure fublimé ; on in- corpore bien ces matieres, après quoi on met ce mélange dans une cornue de verre au bain de table,& on 1’expole au feu, après y avoir trés étroitement lutté un récipient dont on tient le ventre dans de l’eau froide. On commence par donner un feu doux; on le rend enfuite plus fort; alors il pafte une liqueur claire ; cette liqueur eftbien- tót fuiviede certains efprits qui s’élevent avec tant
de violence qu’il y a lieu d’en être étonné: lorf-qu’on s’aperçoit qu’il commence a fe fublimer quelque chofe du fel, on celfe le feu & on lailfe réfroidir le tout.
Lorlque tout eft réfroidi, on délutele récipient & 1’on vuide promptement 1’elprit qui fe trouve dedans , dans un vale très-bien bouché. Lorlque eet efpriteft expofé a fair, il commence a fumer fortement & ne celfe pas jufqu’a ce qu’il foit en- tiérement évaporé. Quand on prépare est esprit fumant, il faut bien faire attention qu’on ne doit pas fe fervir de vafeou d’inftrument de métal ; il faut que tout fe fafte avec des vaifteaux de terre oii de grès; faute d’avoir pris cette precaution, l’opération m’a manqué plufieurs fois; & je voulois y renoncer, lorsque je me rappellai que j’avois fait mon amalgame dans une cuillère de fer , ce qui paroit de peu de conséquence; cela fut pour- tant la caufe de ce que je ne réuftis pas ; je me fervis une autre fois d’un vailfeau de terre, tout alia bien, & ne manqua jamais de réuftir depuis»
Cet efprit fumant précipite 1’ordansla plus belle & ia plus vive rougeur, quand on s’en fertluivant le procédé que j’ai dit ci-delfus, au lieu de la folu- tion d’étain. Le Dodeur Calfius m’a dit la-delfus, que li on mêle cet efprit fumant avec une chaux d’or, & qu’on le retire enfuite paria diftillation,
L’or paffe aufti fous la forme d’une belle réline rouge comme *du fang, qui auffi-töt qu’on l’ex- pofe a la chaleur, devient liquide comme de
SINE VESTE. jor l’huile , mais fe durcit au froid comrne les autres refines ; & quefi j’en mettois feulement quelques gouttes dans un verre plein d’eau , 1’eau fie chan- gérait en une pierre lemblabie au criftal; mais je n’ai pas encore porté mes recherches fi loin, j’ai fieuiement éprouvé ce qui fiuit.
XX. EXPERIENCE.
Une personne me pria de lui apprendre à préparer del’elprit fumant; je n’avois pas trop d’envie de lui montrer ce fiecret; je voulois l’en dégouter fous prétexte de la dépenfie qu’il falloit faire pour réuffir ; comrne elle me prelfioic toujours& que je ne pouvois pas refufier; je joignis pour la valeur de deux ducats d’or en feuilles avec quaere onces du mélange fiufidit; je crus que ceia ne nuiroitpas a l’opération; mais au lieu de 1’efprit fumant que je m’attendois a avoir, je n’obtins abfiolument rien ; perfionne n’enfut plus faché que moi qui ne pouvois deviner la caule de cette perte; je remarquai cependant, après avoir cafte la cor- nue , qu’il setoit attaché au col par-ci par-la, quelques belles fleurs couleur de pourpre, & je trouvai un peu de fublimé de la même couleur au- deflus du caput mortuum : j’étois alors en voyage , & Popération setant faite dans un autre labora- toire quele mien, je ne pus paspoufler l’expérience plus loin ; je fus done obligé d’abandonner a quelque autre le fioin de continuer l’examen dela chofe. Quant a ce qui concerne ce que le Docteur Calfius m’avoit dit dela coagulation de l’eau je ne regarde pas la chofe comme impoffibile , car il m’eft arrivé ce que je vais raconter.
XXL EXPERIENCE.
Je m’étois férieufement applique ci-devant a chercher le moyen de pouvoir meurir les perles , maturatio perlarum , &. j’avois imaginé que i’efpric fumant pouvoity contribuer beaucoup: je fis done avec un de mes meilleurs amis de l’eiprit fumant, & nous voulions mettre dedans une perle non-müre. Comme nous n’avions point dans ce moment une bouteille nétoyée & propre ; pour épargner le terns, nous ne voulümes point en envoyer chercher , &. nous en fimes rinfer une; il refta, comme ïl a toujours coutume d’arriver, quelques petites gouttes d’eau attachées ca & ia aux parois du verre; nous lavames auffi la perle , & il y refta quelque humidité ; enfin nous jetta mes la perle dans la liqueur; nous vimes dans le fond du verre quelques parties d’eau qui s’y étoient dépoiees ; nous n’y fimes point attention ; & fans rien craindre, nous verfames defius de l’efprit fumant; nous l’y laifiames un peu de tems , c’eft-a-dire preique une heure, après avoir bien fermé le vaifleau; Sc nous nous en aliames. Nous voulûmes après cela remuer la bouteille; mais notre perle s’étoit attachée fortement & ne remuoit pas; nous nous te gardames l’uni’autrö, ne faculent ce que cela Vouloit dire. Je pris enfin une plume avec la quelle je crus pouvoir détacher la perle , mais cela fut inutile ; dans la mauvaife humeur ou j’étois, je pris un outil de fer qui fe trouva fous ma main , Sc je voulus m’en fervir; il arriva que la perle s’étoit en peu detems fifortement attachée, que je fus obligé de caflerle verre avant d’en avoir pu venir about, & notre efprit fumant fut répandu fans que nous pufifions le ramafler a caufe de la promptitude avec laquelle il s’évaporat. Je me refouvins alors de ce qu’un de mes amis d’Hambourg m’avoit écrit, il y avoir environ douze ans. Le Voici: » Une compagnie de gens rappelables fe » trouva aflemblée dans une auberge ; c’étoienc >> tous gens curieux. Ils converfoient enfemble fur » dififérens fujets, lorfquil arriva un homme in- » connu qui fe joignit a eux & fit la converfation > » un moment après , il demanda un verre plein. »d’eau de fontaine fraiche qu’on lui apporta. Il » déboutonna fon habit ; il ouvrit la fente de fa » chemiè ; on remarqua qu il portoit fur la peau » une efpéce de large ceinture a laquelle étoienc » attachées plufieurs petites bourfes ; il en ouvrir » une ; il en tira un peu d’une drogue & la jetta »dans le verre ; il s’en alia enfuite lans qu’on s’en » aperçut, & on ne put favoir ce qu’il étoit de- » venu : ón examina ce qui étoit dans le verre, & » ón trouva que c’étoit du criftal & fi dur qu’on » en fut étonné ». On n’a jamais pü fcavoir quel
étoic eet hommièSc CQ qu il étoit devenu : pour moi, je ne doute pas que 1’efprit fumant ne puilfe coaguler Peau; & voici fur cela ce que je puis attefter avoir vü de mes yeux.
XXII. EXPERIENCE.
Un Garcon qui travailloit dans mon labora-toire en que j’avois chargé de nettoyer le recipient dans lequel j’avois fait diftiller de Pelprit fumant, jetta dans ce recipient une aftez grande quantité d’eau, dans le delTein de le rinfer ; mais il revint a moi dans le moment pour me montrer ce qui étoit arrivé , en fe piaindre que l’eau qu’il avoit verfée dans le récipent étoit devenue une efpéce de fel coagulé ; d’ou je conclus que ce n’eft pas une chofe fi difficile de coaguler Peau; il y au* roit plufieurs expériences a faire pour cela; mais ilnefaut pas tropnous éloigner de notre fujet.
XXIII. EXPERIENCE.
On prend de l’elprit de vitriol bien re élifié; on verfe deffus, une quantité égale d’eau falée ; on fait enfuite évaporer ce mélange ; il refte au fond du vafe un gateau , blanc , aigre-falé qui tombe très-facilement en diliquium ; on prend enfuite du ./crocus d’orqui</ s’eft dépofé au fond de l’eau rouge dont nous avons parlé plus haut; on le triture avec ce fel duplicaten tant & fi long-tems que Pon peut;
enfin *
yoy enfin, jufqu’a ceque cruel, qui par lui-même eft blanc, acquiere une couleur violette ; on le met enfuite a chaufer dans un vafe de terre qui puiffe réfifter au feu, & il fe liquéfie très-promptement; quand il eft liquéfié, on le décante ; alors il a une fi belle couleur rouge incarnate qu’elle fait grand plaifir a voir: on pile ce fel ainfi coloré dans un mortier de verre , & on verfe deffus un efprit de vin tartarife; on le laifle un peu de terns en digeftion , & on en extrait par-la un beau rouge couleur de fang; les fels reftent blancs au fond.
Je fis cette experience en procédant comme je viens de dire , excepté qu’au lieu de fel duplication'» j’employai du fel admirabile de Glauber ; mais je remarquai , après 1’avoir fondu, qu il n’étoit pas fi beau qu’en fe fervant du fel duplicatum; il étoit d’une couleur noiratre & ne promettoit point un heureux fuccès. Effectivement, j’éprouvai que l’efprit de vin dont je l’arrofai, ne vouloit point agir deffus ; ce qui rendit le travail inu le.
Je veux mettre ici un procédé du Doóleur Caf- fius parle quei on apprendra a faire ufage d’une dif- folution d’argent avec de 1’eau-forte ou de 1’efpric de nitre; il veut qu’on 1’évapore jufqu’a pellicule; qu’après l’avoir fait criflallifer, on diffoude les criftaux dans le vinaigre diftillé ; qu’on criftallife de nouveau ; qu’on mêle ces criftaux avec l’extraction d’or rapportée ci-deffus ; enfin qu’on tienneletout endigeftion; ce quidonnera, dit- il, un bon produit vid particulari j mais j’ai peine
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a prendre confiance en ^jette operation.
Je la regarde avec raison comme une teinture d’or : & je croirai facilement que cette teinture eft très-déliée & meilleure que celle que Ton fait avec la folution d’or Jme Jïreïitu, fi 1’on verfe delfus de i’efprit de vin,& qu’il lè teigne en jaune auffitót. Maïs l’ory eft encore trop corporel ; cependant j’admettrai lans peine un fait qui m’a été raconté a Vienne par une perfonne du premier ordre; il étoit arrivé a un Comte.
Ce Seigneur n’avoiteu pendant toute la vie » que lort peu de fanté, en perfonne n’en favoit » la raifon & ne connoiffóit fa maladie. Un Chymifte qui prétendoit n’ignorer de rien, s’offrit a » rétablir entiérement le pauvre malade avec l’aide » de Dieü en par le moyen d’une teinture d’or , » qu’il difoit être le fruit de fon habileté dans » 1’Art. Avec cette teinture , ( qui n’étoit autre » cholè qu’un efprit de vin coloré , femblable a » celui dont nous venons deparler), peut-être » auroit-ii reuffi, fi le reméde avoit été auffi ex- » cellent que la foi Sc la confiance du malade D étoient grandes. Ce mauvais Chymifte donna » de la prétendue’ teinture d’or, fans confidérer » le mal qu’elle pouvoit caufer au malade, qui en » mourut en peu de jours. Les parens furent curieux de favoir quelle avoit été la caufe » d’une maladie aflez opiniatre pour refifter al admirable or potable ; après avoir tenu confèil ? ils firent ouvrir le corps du deffunt; en comme
SINE. VESTE. 507 en contre-autres parties, on visitait aufti l’eftomac, » on y trouva un petit morceau d’or qui, ( comme » on peut le conjeélurer) n’étoit pas d’une couleur » auffi vive que l’or ordinaire ; quoiqu'il ne fat » pas douteux que ce n’en fut: mais ce qui eft » bien furprenant, c’eft qu’il paroif foit comme s’il » eüt été fondu & réuni ; on eüt alors des preuves de la vertutant vantée de l’or potable ».
Je pourrois rapporter plufieur straits fembiables, et je ne craignois d’abufer d’une tems prétieux; il eft done plus difficile qu’on ne fe l’imagine d’otenir une vraie teinture d’or. Les Anciens croyen t’impoftible de l ’obtenir fans un diflolvant univerfelle fuis de leur opinion Cur ce point. J’ajoute feulement que l’or eft un corps dur qui ne peut être difldut par aucun efprit fans le fècours foit dufel ammoniac, foit du fel animal, foit du fel commun. Le célébre Docleur Volkamer, Medecin & Phyficien de Nuremberg & Membre de l’Académie des Curieux de la nature , a trouvé une maniere finguliere de décompofer le nitre & d’en féparer l’efprit, l’eau, le fel & une terre blanche comme la ncige ; cet efprit de nitre , après avoir été préparé & aiguife de cette maniere par fon fel, effen état de dilloudre l’or; je l’ai vu moi-même & l’aié prouvé plu-ileurs fois. Mais pour ne pas allonger davantage cette digreffion, je remets a traiter cette matiere en fon lieu, & je retourne a ma precipitation d’or,
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XXIV. EXPERIENCE.
Je pris un verre plein d’efprit de vin; je mis dedans quelques goutes de eet efprit de vin jaune que donne la folution de l’or d m tonatant de fois parlé ci-defl'us ; après avoir il n mêié letout, j’y ajoütai en morceau d’étain que j’y laiflai jufqu’a ce que la liqueur devint d’un beau rouge; letout refta dans eet état encore une fois aufli longtems; il ne fe précipita rien , & le mélange demeura toujours d’un beau Rouge , a. l’exception de quelques peu de fédiment noir qui tomboient au fond. Ayant obfervé que plus je laifl cis cetef- prit, plus il devenoit beau, j’en eus beaucoup de joye; je le laiflai long-tems, paree que je fis un voiage; & quoique mon abfence dut être d’un mois, ’étois perfuadé que je le retrouverois rouge; mais a mon retour , lorfque je vins a jetter les yeux deflus , je vis qu’il étoit devenu clair & que le rouge s’étoit dépofé au fond de 1’efprit de vin, comme il avoir fait dans 1’eau; j’eus encore lieu d’obferver que la couleur rouge qui s’étoit dépofée au fond de 1’eau en forme de chaux , s’étoit dépofée dans l’efprit de vin lous celle d’un mucilage. Il eft certain que plus long-tems on veut laifler
/ cette couleur dans 1’efprit de vin , plus il fautque
eet efnrit foit reélifié. Une perfonne de ma con-noiffance qui avoir fait aveemoices recherches, m’a raconté que 1’eau dans laquelle la couleur
SINE VESTE. jo? rouge, s’étoit une iois dépofée, redevenoit d’elle- mênae toute rouge avec le terns. Il ne m’eft jamais arrivé de voir ce phénomene, & 1’eau m’eft reftée toujours blanche.
XXV. EXPERIENCE.
Ayant un jour fait une bonne provifion d’eau- forte précipitée deuxfois, la premiere par l’ar¬gent , la feconde , par de 1’eau defel, ou pour parler plus jufte , ayant préparé de 1’eau régale ; je fis dift'oudre toutes fortes de rnétaux dans cette eau , du moins tous ceux qui pouvoient s’y diifoudre ; je m’en lervis pour la dilution de l’etain , comme pour celle de 1’or; mais je n’en pus rien tirer qui en valut la peine , jusqu’à ce que l’ayant employée fur le mercure , je trouval que , lorfqu’il eft diftous & mis en ufage de la même maniere que la folution detain , il precipite 1’or dans la plus vive couleur rouge & la rend plus belle , plus éclattante & plus parfaite que letain ne le fait: je m’imagine done qu’ace rouge précipité parle mercure , il fe joint quelque chofe d’un autre rouge qui eft particulier au mercure; carj’ai obfervé qu’en trempant une plume, un morceau de bois ou quelqu’autre chofe dans la folution de mercure , tout prend en fechant, un aufti beau rougeque fi on l’avoit trempé dans la folution de for; ce qui ne me laifle au-cun doute , comme je l’ai déja dit, que , dans i’o-pération dont il s’agit, il n’y ait un peu du rouge qui vienne du mercure. Chacun en croira ce qu il voudra ; ce qu’il y a de certain, c’eft que ce crocus d’or forme un très-beau pourpre comme je 1’ai dit ci-deflus. Mais on ne peut le faire pafter a la diftillation comme le crocus d’or dont j’ai parlé plus haut; il faut pour cela le meier avec du fïux, ce qui en concentre la couleur. Mon plus grand amufement étoit autrefois de m’occuper de la couleur pourpre ; en voici une que je veux met- treici.
XXVI. EXPERIENCE.
Je préparai un fel de tartre extemporaneum t comme a 1’ordinaire , en faifant allumer & dé- tonner enfembie dans un creufet le nitre & le fel de tartre en égale portion ; je les portai enfuite a la cave pour faire tomber le mélange en déli- quium. Je me fèrvis de cette liqueur pour pré-cipiter une foliation d’or, au lieu d’y employer de 1’huile de tartre; la precipitation fe fit fort bien • ayant mêlé leprécipité avec des fleurs de foufre & fait rougir le tout au feu , j’obtins une chaux qui donna un fi beau pourpre d’or pour peindre , quej’en fuis encore tout émerveillé. Le liquor criftailorum produit la mêmechofe; mais la couleur del’un eft plus belie que celle de l’autre.
Je crois que le nitre, particuliérement lorfqu’il eft fixe, contribue a cec effet & que Ia couleur en eft réhauftee ; mais j’abandonne ceia au jugement d’un chacun. Je me louviens cepen- dant d’avoir vu unpholphore qui étoit tout-a-fait imagineux; & (comme j’ai raifion de ie croire a préfent que fen connois la preparation) ce mucilage devoit être aflezfort pour changer 1’or lui- même en un corps mucilagineux d’un beau rouge; maisy avoit ilia dunitre ? N’eft-on pas oblige de dire qu’il n’y en avoit point; & ne peut-on pas mettre ici en queftion, fi la propriété de diviler i’or, qa’ale fel ammoniac , lorlque eft diftout dans l ean forte , nevient point uniquement d’un peu de lei urineux qu’il contient ? Je ne doute pas qu’on ne prenne l’affirmative la-deftus , & qu’on nepuift'e trouverdans Purine un femblable dilfol- vant; car celt pour ainfi-dire du fel commun changé en lei ammoniac : il eft fibre a chacun de le croire ou nonjje parle i cilur mes expériences, & je ne veux dilputer avec perfonne ; car jefcais que les hommes ne le trompent en rien aufti aifément que dans la preparation de la teinture de 1’or: plusieurs tiennent un diffolvant coloré & un aurum putabile, XLn or pretend ;,pour un ./aurum potabile</, de 1’or potable; combien n’y a-t il pas de gens qui font Pextrait de la chaux d’or avec de 1’elprit de mieldc qui difent que, lorsque cet efprit de miel a refté long-terns danscet état, il le change de luf même en un beau rouge 1 J’ai connu un Brüleur de charbon , dontjene veux pas direle nom , qui
vendoit un dilfolvant fort cher, affurant que c’é- toit le vrai dilfolvant univerfel. Auflitót qu’il en verfoit des gouttes fur quelque chofe que ce fut, cctte chofe en peu de tems devenoit d’un beau rouge ; iln’importoit fur quelle chofe il les versat; l’effet ne manquoit jamais. Ce qui me donnar du foupcon fur fon operation, ce fut de voir que tant deteintures différentes ne communiqual fent jamais au diflolvant que la même couleur: carjepenlois que l’une auroit du faire du rouge, l’autre du verd, 1’autre du bleu, &c. Je dis a ce Charlatan que peut-être fon prétendu dilfolvant s’étoit ainfi coloré lui-même : il me répondit que les foufres diffouts, (car les foufres, difoit-il, étoient auffi des teintures ) étoienttous de même nature avant que de prendre une forme, & que par conséquent ils devoient par le moyen de fon excellente & veritable extraction, n’avoir qu’une feule & même couleur. Mais après avoir bien examine , je découvris que ce diflolvant univerfel tant vanté n’é- toit qu’un pur & vrai elprit de fuie, ./fpiritus fuliginis</, qui devenoit rouge de lui-même, peilde tems après avoir été en repos. J’ai éprouvéque tous les efprits acides, quels qu’ils foient , comme les efprits des bois, de la mane , de la rofée de Mai Sc de 1’eau de pluye produifoient le même effet. C’eft pourquoi il eft a propos de biên examiner, avant que d’entreprendre quelque chofe d’utile, le dilfolvant dont on fe fert. Mais pour éviter la prolixité Sc finir promptement ce difcours, je chercherai en peu de mots s’il eft certain que lebeau rouge foie produit particuliérement par 1’or, ou fi les fels ne pourroient pas y contribuer en quelque chofe. Ce pourpre d’or dont j’ai fouvent parlé & dont les Orfévres ont coutume defe fervir pour peindre en émail, m’engage dans eet examen; on en connoit affez la preparation; il n’eft pas néceflaire de la repéterici : cependant il eft bon de dire que e’eft un or fulminant , lorfqu’après avoir été diffout par l’eau-régale , on 1’a précipité avec i’huile detartre par defaillance : chacun fcait quelle détonation épouventable il produit, quand il eft mis fur le feu. Mais j’eus moi-meme lieu d'être bien furpris un jour : ayant précipité une alfez grande quantité d’or, c’efl-a-dire, a peu prés pour la valeur de huit ducats, dans le deffein de faire plufieurs expériences, je fbrtis après avoir mis cet or dans un mortier de jafpe feuiement fur unpoële, pour le faire fécher: quand je revins a la maifon , je trouvai que la matiere étoit encore toute enfemble & en grumeaux : ne croyant pas qu’elle dut jamais fulminer, je l’otai de deffus le poële, & je travaillai avec un pilonde jafpe , a en écrafer les grumeaux; quel coup ne fit-elle pas entendre ? On ./auroic</ cru que toute la maifon étoit renverfée de fond en comble: le mortier qui m’a- voit coüté très-cher, fut brifé en tant de mor- ceaux qu’on nepouvoitles compter : l’or fulminant me fauta dans les yeux , & j’eus la même fenfatjon que fi 1’on m’avoit tiré au vifage un fu-fil chargé de fable , fans cependant être blefie. Je conclus de-la que 1’agitation feule fuffifoit pour allumer eet or. On peut voir un autre exemple de ce phénomene dans les obfervations fur les experiences de R. Lulle ; je me difpenfe de le rappor- ter pour abreger. Pour revenir a mon propos qui eft de fcavoir fi les fels contribuent a la couleur rouge , voici les observations que j’ai faites.
XXVII. EXPERIENCE.
Quand je veux avoir li mon pourpre d’or /era beau j’en prends un peu , & avant que de le mêler a des fondasse j’approche d’une lumiere ou d’une bougie ; plus il fait de bruit en fulminant avec éclat & plus je juge qu’il deviendra beau; on ne- peut done pas disconvenir qu’il n’y ait quelques parties de /el! Je voudrois pourtant m’en convaincre encore mieux; mais comment faire pourcela: je crois en attendant, que la couleur intérieure de for doit être rouge ; car fi cela n’étoit pas , il s’enfuivroit néceffairement que lorfque je diiïbusj du cuivre ou un autre métal dans l’eau-regale, (cette eau les attaque tous volontiers ) elle devroit non- feulement teindre fur le champ cette difiolution, mais encore donner du rouge, de même qu’elle en donne,lorfque je fais ce procédé avec 1’or & la dis¬solution d’étain.
Mais -afin de ne pas être trop long, j’abandonne ces difeuffions, pour rapporter les expériences
que j’ai tentées pour contrefaire des r.ibis, avec toutce qui concerne leur preparation.
Les anciens regardoient comme on fecret fort rare la maniere de colorer le verre en beau rouge; ils Croyoient impoffible d’y parvenir dans une folution radicale de for ; je ne veux point rapporter routes les folies 8c toutes les opérations extravagantes auxquelles cette idee a donné lieu ; il vaut mieux fe taire que de perdre le tems a raconter ce qu’il eft inutile de favoir; apprenons plutoc a chacun la maniere de faire un verre rouge 8c des rubis fadtices. D’abord il eft vrai que la ma- génie fublimée plufieurs fois avec du fel ammoniac , bien édulcorée enfuite & mêlee avec une frite de criftal donne un verre rouge. Pareillement, lorfqu’oma précipité avec le mercure une extraction d’émeril rouge ( fuivant Béguin ) & qu’on 1’a mêlée avec une frite, on obtient un verre rouge ; mais ce rouge eft auffi différent de celui du rubis que l’écarlate l’eft du crat noifi.
On ne peut nier, car c’eft un fait connu de tout le monde, quele Doéteur Caffiusn’ait obtenu un beau rubis par le procédé que nous venons d’expofer, & qu’il n’ait communique plufieurs föis cette méthode pour de 1’argent. On peut voir de fes rubis en plufieurs endroits & entr’autres a Freyfmgen ou il en a diftribué quantité ; mais il te-noit fon fecret fort caché. Jen ai fait moi-meme plufieurs de la meme maniere; elle m’a quelque fois réuffi, & mes pierres font venues fort belles; d’autres fois je les ai manquées. J’ai tenté differentes experiences fur cette matiere, que je ne ferai pas difficulté de rapporter ici.
Effa-il bien vrai, comme les anciens 1’ont pré- tendu, que, fans une vraie deftruction de for par la diftolution, on ne puilfe donner au verre une couleur lemblable a celle du rubis 1 Si cela eft ainfi, je fuis für de pofteder le fecret de la diffolution radicale de l’or, car je fais par le moyen de cette diftolution faire des rubis, & l’on ne peut me le difputer. Il eft très-certain que fans l’or il eft impoffible de contrefaire les rubis ou de donner au verre la vraie couleur pourpre ; ceux que font dans le cas de peindre le verre ou de forcer des couleurs dans les émaux , n’ont point d’autre pourpre que celui qui fe tire de 1’or; aurffi ne réuf fit-on point dans ces talens qu’on ne fcache bien la maniere de travailler l’or. Le favant Artifte en verre Jean Kunckel fe vante du contraire ; il allure qu’il a la méthode de préparer un beau verre rouge, couleur de rubis, fans employer for. Je ne veux pas le contredire; mais je ne peux m imaginer que ce verre foit d’un beau rouge 8c véritablement pourpre; & fi je n’étois pas perfuadé que Kunckel fait parfaitement diftinguer les couleurs, je ne pourrois le croire. Je ne veux pas le contredire , peut-être fon pourpre ne vient-il pas d’un or corporel, mais feulement d’un foufre do- ré , 8cc. Je laifte la chofe pour ce qu’elle eft , & j’elpere qu’au plutót j’aurai un peu de ce verre;
car j’avoue que je meurs d’envie d’en voir; mon impatience eft d’autant plus grande , que je fais que Kunckel eft homme tres - verfé dans l’Art de faire des verres. Mais fans m’arrêter plus long- terns fur ceci; je vais pafler a quelque cholè de merveilieux qui me vient d’un certain lieu comme une grande expérience , & je veux en faire juge Kunckel qui entend ft bien la maniere de preparer des verres & des rubis : car je ne doute pas que ce petit traité ne lui tombe entre les mains.
Voici ce que 1’on m’a mandé.
Le Profeffeur Kirchmayer [ je ne le connois pas, mais j’ai vuun Traité avec un Baron de Ratisbonne ftgnédefon nom & muni de fon cachet J com-muniqua a ce Baron le procédé fuivant, pour lui apprendre a faire un vin d’Elpagne, d’un vin com-mun de Baviere.
1°. On prend du caillou ou un beaucriftal bien pur; on le fait rougir au feu; on 1’éteint dans 1’eau, & on réïtére la meme chofe , jufqu’a ce qu’il foit devenu friable; on le réduit enfuite en une poudre très-fubtile ; on prend de ce criftal & de fel de tartre bien pur autant de i’un que de l’autre ; on fait fondre le tout, & on le porte a la cave pour qu’il tombe en deliquium.
2°. On prend d’antimoine une partie , de cloux de fer une partie, de faipetre & de tartre autant de 1’un que de 1’autre ad pondus omnium ; on fait fondre ce melange pour avoir un régule; on fépare ce régule de fes fcories; on réfend ce régule avec du nitre trois fois de fuite, c’eft-a-diré, a trois differences reprifes; alors il eft tout préparé.
3°. On diffout de i’or dans 1’eau-régale ; on le précipite avec le liquor filicum ou criftallorum men- tioné ci-deffus , & on édulcore la chaux. On faic enfuite liquéfierle régule d’antimoine qu’on vient de préparer , & on y met un peu de chaux d’or; on prétend que le melange devient rouge & aftez tranfparent; alors lateinture eft toute laite , & le rubis joiuble ( comme il 1’appelie ) eft préparé. On le mêle avec du verre , & il lui donne une belle couleur de rubis , &c.
J’ai rapporté ceci en peu de mots , cepenfi dant fans rien omettre du procédé.
Je ne puis m’imaginer qu’un homme, pour peu qu’il foit verfé dans les travaux Chymiques croye que ia cbofe puifte réuftir: car prefcrire ce procédé eft-ce dire autre chofe que ce qui fuiti Quon prenne de l’or fulminant & quon le mêle avec du régule d’ antimoine bien purifié, &c. Ce procédé donnera une poudre rouge , &c. Qui eft-ce qui ne riroit pas ? Qui eft-ce qui croira que Tor fulminant puifte être fait avec le liquor criftallorum. Dites- moi, de quoi le liquor criftallorum eft-il particu-liérement compofé ; de quoi participe-t’ilie plus? N’eft-ce pas du fel de tartre ? Oui certes. Si on avoit fait un liquor criftallorum avec le nitre, je pourrois bien croireque le nitre fixé auroit donné un précipité ou une chaux d’une autre couleur,
Secondement,le Profelfeur Kirchmayer enfeigne a faire un régule üantimo'me qui eft même un régule martial qu’il a foin de purifier enfuite plu-fieurs fois avec le nitre; il met dans ce régule une chaux qu’il a précipitée par ./le liquor ilicum</ ; après avoir donné le procédé, il ajoüte que le melange deviendra rouge, & qu’il fe diffoudra d’abord a l’air; que e’eft pour cela qu’il faut bien le garder, & il l’appelle par la même raifon foluble. L’Auteur de ce procédé devroit bien me dire pourquoi ce mélange fe diffout auffi aifément a l’air que les fels, en s’il a jamais fait l’opération de fondre & purifier l’or par i’antimoinel S’il pré-tendoit cela, ne fe moqueroit-on pas de lui, & n’auroit-il pas lieu lui-même de s’étonner de fa fimplicité ? Ou a-t-on jamais vu qu’un métal fe dilloude a l’air ? qu’eft-ce autre chofe que tout ce produit, finon un régule d’or ? quand même on y mettroit encore une fois plus de chaux d’or, & qu’on mêleroit bien exaélement le tout enfem-ble; l’antimoine ne feroit autre chofe qu’abfor- ber i’or & s’en emparer; car fi on en fépare l’an¬timoine, Tor en un corps. Le régule d’an- timoine eftil autre chofe que le plus pur & le plus bei antimoine ? Quand il auroit éré mêlé avec du fer, il quitteroit le fer dès qu’on le poulTeroic au feu. Je crois que ce procédé a été co-pié de Glauber , en que le Doéleur Kirchmayer y a feuiement changé quelque chofe.
Glauber en enfeignant ( fi je m’en fouviens bien ) la méthode de faire un régule fimple d’an- timoine , dit qu’il faut le fondre plus d’une fois avec la chaux d’or, en qu’alors on obtiendra une couleur rouge ; je le creirai fans peine, mais ce fera après le fuccès. Je répondrois bien qu’il n’au- ra lieu que fous une de ces conftellations favo-rables aux Charlatans & a leurs procédés men*fongers. C’eft pourquoi, mon cher Profeffeur , foyez mieux fur vos gardes une autre fois; ne croyez pas tout ce que l’on vous prefcrit, en foyez plus réfervé a le communiquer a d’autres comme quelque chofe de certain, afin qu’il ne vous arrive pas ce qui eft arrivé dans une cour a une perfonne connue en que vous connoiffez bien, a l’occafion d’un pholphore.
Je h’aï pas voulu laifler palier ce Iait fous li-lence, afin que l’on fcache a quoi s’en tenir, & que Ton connoiffe ceux a qui l’on peut ajouter foi; mais il feroit inutile de s’arrêter la-deffus plus long-tems ; & pour revenir a la briéveté que j’ai affeótée dans ce petit Tiité , je vais expolèr en peu de mots ce qui m’eft arrivé dans la preparation des rubis, en fuivant mon procédé accoutumé & ce a quoi il faut donner attention; j’ai ci-devant traité affez au long de la precipitation rouge de l’or, & expofé aflez clairement les experiences qui la concernent, je crois done inutile d’y revenir ici.
XXVIIL EXPERIENCE.
Je prens une partie de cailloux bien calcinés, un quart de lalpêtre, du lel de tartre & du borax autant que de lalpêtre ; je réduis le tout enfemble en une poudre la plus fubtile qu il elt pollible 5 je jette ce mélange dans 1’eau rouge ou s’eft faite la precipitation de 1’or; je laiffe le tout furie feu l’un avec l’autre, jufqu’a ce qu il foit entiérement évaporé; je broye le réfidu tout au plus menu, & je le tiens bien enfermé dans une bouteille. Ceci eft une teinture bien différente de celle de Monfieur Kirchmayer ; & il y a lieu de crain drequ’elle ne tombe en déliquium a fair.
Lorfque je veux faire le flux, c’eft a-dire, former les rubis, je prends deux petits creufets; je mets la matiere rouge fufdite dans l’un, & dans l’autre une belle fritte de criftal, en un fourneau proprea cela ; quand tous deux font entrés en fu- fton , j’obferve d’abord dans quel creufet eft le rouge , & j’en retire un peu; je le mets a 1’air & je le laifleré froidir; & iors il paroit blanc; je remets arougir, & j’examine quelle en eft la couleur; ft elle eft trop vive ou trop foible. Si elle eft trop rouge , je remets de rechef dedans un peu du criftal fondu. Je laifle ie melange fe fondre, & fe lier exaéfement; après quoi j’en fais l’épreuve comme auparavant, ce que je continue jufqu’a. ce que je fois content de la couleur.
Lorfque je tentai cette opération pour ia premiere fois; le Doéleur Caflius ne m’ayant poinc dit que d’abord la matiere rouge feroit blanche , je fus défefpéré, & je crus avoir perdu toutes mes peines. J’abandonnai cette recherche, & je fus long-tems fans y travailler; pendant ce tems je m’exercai a la preparation des beaux verres, en fa^on de porcelaine. J’obfervai cependant que quand je les regardois au fortir du premier feu, ils étoient de la couleur du criftal; inais qu’aufft-tót qu’onles avoit chauffés derechef. [Ce que les faifeurs de verre appellent recuire ] ils pré- noient la couleur déftrée ; je voulus éprouver s’il n’en feroit pas de même du rubis faélice ; plus j’avois été affligé d’avoir manqué au premier eilaï > plus je fus réjoui de réuftir dans celui-ci; je m’af* furai toute fois que la chofe ne réufft lfoit pas toujours & j’obfervai que les fels qui étoient dam l'eau ou s’eft faite la precipitation y contribuoient beaucoup. Quelquefois le verre prenoit un en- duit jaunatre & quelques fois une croüte ou peau bleuatre; & je penfai pouvoir en conclure que les fels étoient la caufe de to us ces changemens, comme je l’ai déja dit. Je laiffai done l’eau fe clarifier Sc ne me déterminai a me fervir du précipité ou du crocus d’or qu’aprèsque les fels en feroient édulcorés.
XXIX. EXPERIENCE.
Après avoir conduit ainfi mon operation , j’eftimai qu’il ne devoit plus refter de parties de Cel; Sc après avoir fnêlé le tout exaélement, je n’eus aucune inquietude qu’il me revint autre ebofe qu’un rubis faéfice plutót trop-vif en couleur que trop foible ; je fis bon feu dans un bon fourneau a vent, Sc comme je remarquois que tout entroit bien en fufion, je fus curieux de voir ce que c’étoit, & je trouvai a la verité un beau verre de criftal; jele laiffai réfroidir, Sc je lefis de nouveau chauffer jusqu’à ce qu’il devint rouge, comme j’a- vois procédé auparavant; maïs il ne prit pointcette couleur. Je ne f^avois plus comment je devois m’y prendre, lorfque je remarquai que mon or s’étoit réduit au fond ducreufet, c’eft-a-dire, avoit repris fa premiere forme : quel ne fut pas mon étonnement ? Car for eft d’ordinairement tres-réfraélaire & trés-difficile a réduire. J’accufaï done encore les fels de eet effet, & j’édulcorai en¬core une fois du mieux quejepus, fans que le verre prit pour cela la couleur du rubis ; Dieu fcait combien de manipulations differentes je mis enufage; je n’en pouvois affiez imaginer & effaier de nouvelles pour réuflir dans mon entreprife , jufqu’a. ce qu’enfin j’entrepris une ebofe fin- guliere que je vais expliquer ici.
XXX. & derniere EXPERIENCE.
Je fis le raifonnement fuivant. Le crocus d’of donne ün beau pourpre d’ör pour peindre en émail; i’or fulminant; mêrne produit eet effet ; quand on 1’a mêlé dans le fondant & qu’on i’a’pilé le plus menu qu’il eftpoffible, il ne fe réduit pas; mais il demeure fbus la forme d’une chaux de couleur pourpre. Veux-t’on le pouffer trop fortement, il fe diffipe dans 1e feu & 1’on n’obtient rien.pil arrive la mêrme chofe , lorfqu’on employe une portion d’or fulminant qui foit prefque tout or, avec trois ou quatre portions du flux ou fondant. Que devientfor 1 Et d’oü nait cette facilité de s’cehap- per & de fe difliper 1 Ce qu’on y ajoüte ri’eft autre chofe que du verre de Venife, [fai coütum de m’en fervir auffi] & la préparation confite a le piler très-futilement; ceci doit y contribuer.
Je prends le crocus d’or qui a été précipité par l’étain; je le mêle avec fix parties de verre de
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Venife & le fait piler tres - fin dans un mortier d’agathe, comme on le pratique pour le pourpre d’or a. émailler; je mêle le tout avec ma fritte, & qui eft-ce qui a de plus beaux rubis que moi 1 Je me fiers de cette méthode, quand l’occafion & le tems me le permettent, & je trouveque c’eft la meilleure maniere; car avec l’eau, ils ne viennent pas toujours beaux.
CONCLUSION.
On peut voir par ce petit Ouvrage , que l’excellent Artifte Langelott poftede une belle invention dans fon Tritic. En continuant ces Experiences qui peut être produiront dans la fuite quelque chofe de mieux , je pourrai communiquer au public des chofes curieufes, furtout fi je remarque que celles-ci lui foient agréables; mais pour cette fois je m’en tiens a ces XXX Experiences, ne doutant pas que chacun neles employe a fon plus grand profit; du moins telle a été mon intention.
Ouvrages auxquels le sol sine feste s’ORschal a Donne LIE V
Avertissement du traducteur.
O N a cm que le Leldeur feroit bien aife de trouver a la fuitede la traduftion du Sol Sine Vefte d Orfchall, celle des Critiques ou reponfes auxquelles cct Ouvrage a donne lieu. 11 y en a trois. La premiere a pour titre, Apelles poft tabulam obfervans maculas in foie line vefte , ou Queftions ou i’on examine ft J. C. Orfchall a eu le fecret de décompofer 1’or & de faire le verre de rubis. Cet ouvrage anonyme contient 3 2 pag. in 12 en Allemand ; ce nefl quun tiffu d’in- vettives & de mauvaifes plaifanteries contrc Orfchall, a qui on faitfouvent de véritables querelles d’Allemand, fans dédommager le Letteur par aucun fait qui puijfe intérejfer faruriofité. Après I’avoir bien examine', on riy a rien trouvé qui mêritat d’etre traduit.
Le fecond Ouvrage paroit être de la meme main que le premier ; il a pour titre
Heliofcopium videndi fine vefte folem Chymicum.
Comme il renferme des experiences & desfaits qui peuvent être du gout de tit. certaines gens, Ton en trouvera id la Traduttion entiere.
Le troifiéme Ouvrage a pour titre Sol SineVefte. L’Auteur ejl un nommé Chriftophe Grummet. On en trouvera la Traduftion par extrait d la fiuite de celle de /’Heiiofcopium.
HELIOSCOPIUM r 1 D E N D I SINE VESTE SOLEM CHYMICUM.
PROCÉDÉ
Su 17 AN T lequel on fit voir d deux grands Princes
l’orjous la couleur du Pubis & enjiiite du Grenat.
Commencez par prendre de bon antimoine d’Hongrie & de bon mercure fublimé, de chacun deux livres; broyez avec foin ces deux matieres, mettez-les dans une retorte proportionnée a leur volume, & la retorte au bain de fable. Il viendra d’abord un peu de liqueur ou de flegme que vous óterez ; eniuite une matiere blanche fem-blable a du fuif, qui fe figera promptement 5 c’eft pourquoi il faudra appliquer un charbon allumé au col de la retorte j par ce moyen la matiere fe liquefiera & tombera goutte a goutte dans le recipient; vous réferverez cette liqueur, pout
Xxxij
HELIOSCÖPIUM
vous en fervir comme on va dire.
Prenez de nitre bien pur, de fel ammoniac. d’alun non calciné de chacun deux livres; mêlez exactement ces matières, après Jes avoir triturées avec foin j repartitfez enfuite ce mélange dans fix cornues de verre de moyenne grandeur; luttez les avec foin, de maniere cependant qu’il refte une petite ouverture; vous verrez palfer des vapeurs blanches dans le récipient, vous place rez chaque cornue fur un trépied j & vous commence rez par donner un feu très-doux qui ne fafle qu’écbauffer la matiere > auffi-töt qu’elle commencera a fèntir la chaleur, la liqueur paflera trés- rapidement > lorfqu’il viendra une liqueur blanche, vous óterez le feu, fans quoi tous les vaiifeaux feront en danger d’être brifés; toute la matiere montera & paifera par le col de la retorte ; conti- nuez a diftiller jufqu’a ce que vous ayez une livre de liqueur que vous mettrez dans un vaifleau de verre; vous y joindrez deux onces de 1’eau mercurielle précédente , & vous boucherez le vaifleau avec de la cire ; vous le placerez enfuite dans un endroit chaud, pendant un jour &. une nuit; ii fe dépofera un fédiment au fond ; faites difiiller cette liqueur jufqu’a ficcité ; ceflez alcrs la diftillation , & remettez deux onces ou deux onces & demie de la premiere eau mercurielle; laifiez encore ce mélange repofer pendant une nuit, & rediftillez de nouveau ; vous réitérerez la même operation avec la premiere liqueur nier-
[533]
curielle, jufgu’a ce qu’elle de vienne rouge com- me du fang; pour lors vocre huile fera au point qu’elle doit être.
Dijfolution de l’Or.
Vous prendrez de cette huile ou liqueur a volonté ; vous y mettrez en folution une once d’or qui ait été purifié trois fois par 1’antimoine ; lorf que cet or fera diifout, mettez en digeftion la folution dans une chaleur modérée, & laiffez-la dans cet état, pendant un jour & une nuit, dans un vaffeau bien bouché; diftillez enfuite la liqueur, & reverfez-en de nouvelle; remettez encore le melange en digeftion, pendant un jour & une nuit, dans un endroit chaud, comme au- parayant; & rediftillez de nouveau; cohobez & digérez ainfi quatre ou cinq fois, le plus fouvent fera le mieux; pour lors vous n’aurez qu’a pouf- fer vivement le feu; l’or fe fublimera en une couleur rouge comme du fang Sc s’attachera en partie dans le chapiteau & en partie aux parois du vaiffeau ; il demeurera au fond une fubftance ou terre jaune & peu compade; ótez ce fédiment *** ; confervez l’or qui fe fera fublimé, dans un verre bien net; ii ne refemblera plus a de for , en. fera tres-difficile a réduire.
Precede de la Magnéfïe,
Prenez du fel; faites-le bien calciner a un feu de flanimes, fans cependant qu’il entre en fulion;
534 HELIOSCOPIUM
réduifez ce fel en une poudre très-fine ; mettez- le a la cave pour qu’il tombe en déliquium, ou, ce qui vaut encore mieux, dans une veflie de cochon; quand il fera tombé en déliquium, mettez-le dans une retorte, & le diftillez au bain de fable ; pilez & pulvérifez de nouveau le réfidu , & faites-le dilfoudre dans la liqueur qui fera paf- fée a la diftillation; réitérez la même chole jufqu’a ce que vous ayez fait palfer tout votre lel, ce qui arrivera au bout de quatre ou cinq fois ; cependant *** ; faites évaporer la liqueur jufqu’a moitié, dans de l’eau chaude ou au bain marie ; mettez enfuite le vailfeau de la cave, dans un baquet rempli d’eau froide ; par ce moyen vous aurez de très-beaux criftaux, que vous re- tirerez ; vous les ferez dilfoudre dans leur eau propre ; vous ferez évaporer de nouveau jufqu’a la moitié, en obfervant cependant de ne point laire bouillir la liqueur ; faites la criftallifer de nouveau ; réitérez la même chole quatre ou cinq fois, le plus fouvent ne lera que le mieux ; faites enfuite fécher vos criftaux ; broyez-les bien exactement fur une pierre; mettez-les dans une petite cucurbite; verfez par-deflus de l’elprit de vin bien reélifié; retirez-le par la diftillation, & le recohobez de nouveau, jufqu’ace que vous voyez au fond du vailfeau une matiere en forme d’hui- le coulante comme de la cire fondue, qui le coagule au froid, & relfemble a une belle pierre tranfparente-; c’eft la l’huile incombustible que
l’on nomrae le lion verd; c’elt un vrai tréfor que vous conferverez avec foin.
Suite du procédé.
Prenez l’or qui a été diffout comme on a dit; fi vous en prenez une once, vous y joindrez une demie once de la pierre verte qui vient d’être décrite, que vous ferez fondre dans un vaiffeau de verre fait expres, en le plagant fur du fable chaud, & vous y mettrez votre or préparé; aussitôt que vous remuerez ce mélange, il fe changera en une matiere noire femblable a de la poix; mais ayez foin qu’il n’y ait que le tiers du vaiffeau de rem- pli; vous le boucherez avcc un bouchon de bois que vous lutterez, & * * * ; vous le mettrez fur des cendres chaudes; vous donnerez pendant qua- torze jours & nuits un feu f doux que vous puiffiez tenir la main fur les cendres; vous 1’aug- menterez pendant quatorze autres jours & nuits ; au bout de ce tems vous óterez les cendres; vous mettrez dans les capfiles, du fable que vous au-rez eu foin de chauffer auparavant, & vous y placerez ie matras tout chaud ; vous donnerez un feu affez fort pour ne pouvoir point tenir la main lur ce fable, & continuerez ainf, jufqu’a ce que la couleur de vos matieres foit entiérement chan- gée & devenue d’un rouge de fang ou comme un grenat foncé, & fous la forme d’une huile épaiffe; quand vous retirerez cette matiere, elle
cra coagulée; vous pourrez en faire Peflai fur une petite plaque ou lamme d’argent, pour voir fi elle a affez de confiftence , fi elle ne donne plus de fumée, & Il elle pénétre & colore 1’argent; quand elle aura toutes ces quaiités, ce fera une marque que la teinture fera préparée. Faites fon- dre pour lors une once de verre; verfez-y liuic grains de la teinture; laiflez le melange en fuflon pendant un quart d heure; remuez avec un fil de fer; Por s’unira au verre & lui donnera une couleur d’un beau rouge; II ce verre n’étoit pas affez rouge , on pourroit y remettre un, deux ou trois grains de la teinture.
Hie filere Jujfu Hermes, adjicique Clav.pro folvendo
Aur. Sequ.
Si vous voulez bien décompofer l’or , fervez- vous d’un diffolvant qui lui ait été femblable 8c qui puiffe devenir tel parl’Art Philofophique. Si vous avez quelques parties de mercure vierge lublimé ; fl vous fcavez ce que c’efl: que les colombes de Diane; fi vous connoiffez bien Pauteur de ce nom ,penes nos eft unda Tagi; & fi vous poffédez bien le Chap V. de Philal. in bifol. Chymic. vous ferez en état de réufllr. Mais f’il vous ignorez toutes ces chofes, vous n’êtes point en poffeffion du fecret. Pour me rendre plus clair, je vais dire quelque cbofe en faveur des Enfans de l’Art, quoique ce qui precede foit beaucoup plus exadl,
Premieremenc
Tremierement il eft certain que Pantimoine bien préparé eft Ia vraie magnéfie des fages ; fi Vous êtes en état d’en tirer un mercure coulant, & que vous le mêliez, fuivant Part, vous pour-rez parvenir a la diffolution radicale de Por.
Le célébre Artifte Jean Kunckel, ü verfé dans
l’anatomie des métaux, dit dans la delcripcion du phosphore admirable, page 27, qu il a appris au Doéleur Lincken lel fecret de le préparer en fix heures detems.Le menie Auteur fe flatte dansles obfervations chimiques de pouvoir le faire en peu d’heures, & aflure que la feule différence confifte dans la préparation du fel de tartre; mais qu’il n’a point en vie de communiquer a tout le monde la méthode la plus aifée. Qui- conque fait traiter le régule d’antimoine avec un alkali, le mêler & le dilïoudre avec trois fois fon poids de chaux vive, eft bien prés du but.
Bafile Valentin dit dans fon Traité de Pantimoine p. m. 128'. que par le moyen de l’esprit de tartre & du fel ammoniac mis en digeftion, pendant quelque tems, on fait avec Pantimoine un fublimé qui a l’aide du fer ordinaire eft change en mercure vif. Bien des gens ont cherché ce mercure tiré de Pantimoine, mais peu Pont trou- vé. Voyez le procédé qu’en donne le fieur ./Joel Langelotte</ qui eft connu de tout le monde.
II prefcrit de réduire Pantimoine en une poudre impalpable , d’en prendre une livre , de la mêler avec autant de fel de tartre & une demje
Yyy
HELFOSCOPIUM
once de fel ammoniac, 8t de verfer par-deflus le mélange., de l’urine d’un homme fain & qui boive du vin ; après l’avoir ainfi humeèlé , on le fait triturer fortement fur un marbre ou fur une pierre a. broyer ; & quand la poudre fe féche, on l’humeóle de tems en tems avec de la nouvelle urine.
Quand le tout a été fuffifamment trituré, on le met dans une cucurbite de verre ou dans un vaif> feau qui foit de la forme d’une courge ; on verfè par-defius de nouvelle urine de facon qu’elle fur- nage de trois doigts; on laifïe le melange en digeftion a. une cbaleur douce , pendant un mois, en obfervant cependant de remuer une ou deux fois par jour, afin que la poudre s’imbibe & fè diflolve mieux. Au bout du mois, mêlez 1’anti- moine avec un poids égal de poudre compofée de parties égales de chaux vive & de verre pilé, au point de prendre la confiflence d’une pulpe; formez-en des petits gateaux que vous pourrez faire fécher doucement au foleil.
Prenez enfuite une cucurbite de fer; mettez- y un peu coteau ; placez par-deflus fa bouche une plaque de fer percée de trous; par -deflus cette plaque , mettez les petits gateaux d’antimoine que vous aurez formés; & par-deflus les gateaux, mettez une autre plaque de fer pour y pofèr les charbons*. Les chofes étant ainfi difpofées, vous donnerez un feu doux, les quatre premieres heures;
* C’cft une diftillation per dejcenfum,
Vous l’augmenterez pendant les quatre heures fui- vantes, & vous finirez par donner fe dégrélc plus violent. Laiflez enfuite réfroidir le tout de foi- meme , de peur que fi vous veniez a le découvrir trop-töt, le mercure d’antimoine , qui ne fera point encore condenfé, ne vous échappe, comme cela m’eft arrivé. Voila ce que dit Langelotte.
Un autre Auteur a dit qu’il falloit réduire en chaux le régule d’antimoine, comme on fait les autres métaux , & verfer pardeflhs l’eau de borax de Paracelfe ; il prétend que 1’on obtient de cette maniere le mercure de l’antimoine , comme on obtient celui des autres chaux métalliques.
Vida Theophraft in iüpift. ad Docl. Poidorjf comil em itineris.
Voiciun autre procédé fingulier. Prenez de l’antimoine ; joignez-y un quart de nitre, & faites le fondre pour avoir un régule ; mêlez-y dans la fufion, du charbon en poudre; lorfque la matiere fera fondue, verfez-la dans un cone, & féparez les fcories; remettez en fufion le régule étoilé que vous aurez obtenu , avec du nitre , & féparez-eri encore les fcories; faites dilfoudre ce régule dans de 1’eau-régale de la meme maniere que 1’on dif- fout 1’or & 1’argent; diftilez cette eau régale , & la cohobez ; laiflez-y 1’antimoine, pendant un mois, en digeftion dans du fumier; enlevez le dilfolvant, par la diftillation, a. feu doux ; réco- hobez de nouveau, & diftilez ala fin a feu vio¬lent; lorfqueles vailfeauxfe feront réfroidis d’eux-memes, vous trouverez dans le recipient un mercure d’antimoine coulant.
[Helioscopium]
Aliud autlarium de folvendo auro fine igne vehement,
L’Auteur veut prouver ici centre Orfchall que 1 or peut être diffeut fans le feu de la flamme; c’efl: pour le démontrer qui cite le pallage fuivant tire d’Olaus Eorrichius in Hermete AEgypttaco, Lib. II. Cap. i. fit autem , quoniam it a Itbet Conringio ,flam- mens ignis ineptus dtfjolvendo auro ; at via alia calore vix fienfili comitata id praflat. De qua nunc experimen- tum d Sapientififimo & Auguflfifimo Lege nofiro, Divo Frederico III. Japeiteratumfidemfaciat. Jufifitis au- rum puriffimum in br able as dedublum tam diu in mor- tario vitreo, pifiillo vitreo fiubigi, ((tandem in aureo prafiitit idemfi donee in pulverem fibnigrumfiatificretj quem cum poflea ex retort a vitred calore excitatiori evo- care infiitueret, prodiit ali quid liquor is rubicundijfimi , in Spir. Fin. facile diffiolvendum, & poculenti auri no¬men non injuria impletwum. Neque reliquia iterato tritai, expofitaque umbris negabant iteratum liquorem ; adeo Ut vel hdc vix tenuiter calente triturd ipfia auri compages, licet vidlentifiimd ignis attritione nihil corpo¬ris fiui deperdat, fiolvatur. Non (equitur ergo, ea qua fiammeo igni non cedunt, non etiam cedere quandoque molliori.
VIDENDI, &c...
Idem liber II. Cap. 7. N°. y. haec memorata
digna refert.
Operofioris indufiria er it metallorum fialia , incen- fiultis ignnim ferociorum (piculis, publico ofiendcre. Sed fortafiis audentes juvabit for tuna, licet reluctant c hie quoque Conringio, cujus ilia fttnt,» ex mctallis au- » rum eerie, argentum purum , & Hydrargyrus cum » millo tgne, millo alio modo Hatieniis cogn.it0 in partes »pojfint folvi , fatentibus praclarijfimis quibufque » metallica rei artificibus , ipfiqiie adeo Helmontio &*, » Boylio,(atis queque confiat, nihilfalls pofie exhibere». Visa jam pride m hac difficult ate , Jubu animum h<ec etiam metalla filem fuumfortafiis non denegatara ocu- lis 5 f lieeret eadem, mote lapidum, in alkohol redigere. Verum , quid id ita commode fieri non pofie videbatw fine ope acidorum (pirituum , abfiinendum ab hac me- thodo judicavi,nèpro veris metallorum falibus adharen~ tes illis acidi fpiritus corpus qiioddam progrefii operis formarent ftppofititium , pro falibus metallorum fialsb obtrudendum. Igitur re iterum iterumque pen/hatd, in amalgamata conjicio oculos ■> & hac, inquam, diuturnd triturd patientur fortaffis aliquid corporibus metallicis , etiam nobilioribus, abradi, quod in aquam fiillatitiam tranfiaium , miti ad balneum , vel rolem , evaporation ofiendat cujus fit originis ; & cum ab aqua fiorbeantur tantum (alia , erit, fi prodierit quicquam , opinor , falina. Ventum ad experimenta. Conficio ex quadru- plo purgatijfimi tlydrargyri & fimplo atiri, per anti-
[542]
moniumfcllicitè tranfnifft, amalgama, quod diu per otium in mortario vitrzo fuper infitsd aqua ftdlatitid, divexo atteroque y interea obftrvo quotidiè, imo quavis hord tantilliim corporis cujufÜam nigricantis in aquam ex attritu. dzponi, cumque liquor fatis videretur nigrore illo feet us , in vitrwn mundum ejfundo, & poft interval¬lum breve , fubfidentibus infundum atratis illis atomis , natantem ftiprd aquam iterum reddo amalgamate; tero , tit priiis , & negotium hoc diu perjequor. Poft dies ali¬quot nigricantes ilia partieula cum viderentur abradi parcius, adjeci non nihil purififtmi hydrargyri , ut ftexi- lius redderetur amalgama, metallic re at omi fub pifi tillo vitreo harentes deviderentur exablius i ita conti-
nuato ad aliquot Hebdomadas labore hoc, nigrum ilium pulviftculum , minutum quidem ilium & Icevem ad afi- tivifoils radios deftcco, cujus cympoffederimdrachmam dimidiam , & adhuc ftrupuli dimidium poffideam, varils tentamentis explorari libuit, iterum ne in au- rum poffet reduci: Sed nullo hall enus artificioidliquitl aliquid tarnen for fan inde reduci poffe ingeniosd diligen- tid, non reluttabor.
FLIN de fHeliofcopium Videndi Sine Vefte
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folem Chimicum.
NON SINE EESTE
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L’INVINCIBILITÉ DE L’OR
DE’ MONERE’ E contre tous ceux qui ont pretendu poffeder le moyen de le vitrifier & de sen Jervir pour contre-faire les Rubis, en tirer la couleur, pourpre, &c.
Ouvrage oü Pon prouve par des experiences certaines & fondées fur la vérité, que cette couleur n’eft produite que par la fèule Magnefie développée par le moyen du Nitre.
Par CHRISTOPHE GRUMMET,
E X T R A I T
DE L’ INTRODUCTION.
L AUTEUR de ce petit Traité nous avertit qu’il faute dèfier des faux procédés 9 & que dans les operations Chymiques fon ne doit en croire que fa propre experience ; vu la multitude des Auteurs qui fe font illufion deux-mémes & prennent des ombres pour des vérites. Il prêtend que dans les opérations fur les métaux, il ne faut point du tout se arrêter aux couleurs qui 9 felon lui 9 ne dècident rien.
11 nous dit quaprès s'être long-tems occupè d'experiences Chymiques & furtout de celles qui ont pour objet la vitrification des métaux ; Ie Sol fine vefte (f’Orfchall lui étant tombé entre les mains , il efpera y trouver fur la vitrification de for & fon parfait développement 9 des lumieres qu'il avoit depuis long-tems cherchées vainement} mais quil fut fruflrè dans fon attente 9 & que ce fut la-diffus quil fe détermina d donner les Expériences qu’il avoit tentèes avant que d’avoir eu connoijfance de ouvrage d’Orfchall. Par ces Expériences il fe propofe de prouver que la couleur pourpre ne vientpoint de lor 9 fondéfur ce quil atiré la mime couleur de tous les autres métaux: il pré tend que c efl a la magné ftere vivifiée ou rejfu feit ée par facide nitreux 9 que l’on eft redevable de cette couleur. Cefi aux Le couleurs d juger sil démontre ce quil avance, Au refic, nous croyons que fon ne peut mieux faire que de se affurer par f’expérience de ia vèrité des faits qu’il rappórte, & d'appliquer d f Auteur même 9 la regie quil propofe au commencement de f’ntroduction qui précede fes operations 9 fide 9 fed cui vide.
fai cru ne devoir donner cette introduction que par extrait $ paree quelle contient beaucoup de verbiage fans rien apprendre d'intêrejfant ; ƒ ai penfé que Ion aimeroit mieux en venir tout de fuite aux experiences , & aux faits; je les expofe ici exaftement traduits > paree quen Chymie ce qui ejft d'expirience doit toujours être extrêmement prétieux.
PREMIERE
EX PERIE N C E
L’experience qui luit m’avoit fait croire depuis long-tems que le rouge de rubis & le beau pourpre réfidoient dans l’or. J’avois remarqué que les Orfévres & les Emailleurs faifoient des émaux d’une fi grande beauté avec leur poudre brune d’or, que ma curiofité en fut excitée , Sc que je voulus me mettre au fait de la preparation de cette couleur. En voici le procédé. On fait diffoudre de l’or dans. de Peau régale ; on précipite la folution avec de 1’hu.ile de tartre ; on mêle la matiere précipitée dans une grande quantité de verre blanc de Venilè ; on met le tout en fufion. En fuivant ce procédé , j’eus un fort beau verre pourpre ou de la couleur du rubis, & jc crus déja avoir trouvé la pierre philofophale, ce qui me détermina a faire une
II. EXPERIENCE.
Je pris des petits morceaux de verre blanc ou criftallin. que je pilai bien exaólement; j’y mettai un peu de borax, & je mis le tout dans un creufet; j’y joignis un peu de folution d’or faite dans l’eau régale ; je fis fondre tqut doucement cette compofition; j’obtins encore par ce procédé un verre pourpre ou de la couleur du rubis. En voyant que la chafe me réufiiffoit fi bien, je vou- lus tenter la vitrification de l’argent, & ce fut ma
III. EXPERIENCE.
Je fis diffoudre de 1’argent bien pur dans de l’eau forte julqu’a faturation ; je verfiai dans la folution de 1’efprit d’urine jufqu’a ce que le mélange ne fit plus d’effervefcence ; je fis bouillir le tout julqu’a ce que la plus grande partie de 1’argent qui avoit été précipitée , fe fut redilfoute de nouveau; cela fe fit trés-aifément; j’humeéfai bien les morceaux de verre pilés, mêlés d’un quart de borax calciné avec la folution ; je fis fondre le mélange a un feu modéré ; j’obtins par la un beau verre pourpre ou couleur de rubis; je penfai a la vüe de cette expérience que , puif qu on réufiiffoit auffi bien a tirer cette couleur de l’argent que de for, l’opération en leroit moins couteufe. Mais je ne me contentai point de cela, & je voulus elfayer la même chofe fur d’autres jnétaux.
IV. EXPERIENCE.
Je fis diiloudre du plomb dans de 1’elprit de nitre; je précipitai la folution avec une quantité
5-49 Fuffifante d’efprit de fel ammoniac; tout Fe pré-cipita Fans fe rediitoudre de nouveau dans le diFfolvant, comme cela étoit arrive avec f argent. Je pris cette eau toute claire dont le plomb avoit été précipité ; j’en humeélai du verre blanc pile, mêlé avec un quart de borax calciné ; je fis Fort- dre le mélange, & j’obtins aufl'i un verre de couleur de rubis ; je fus fort Furpris pour lors de cette couleur, & 1’idée qui me vint fut que l’ame ou la teinture d’or qui eft caché dans tous les métaux s’étoit détachée de la partie groffiere du corps dans la precipitation , & étoit demeurée dans-le dilfolvant; mais je fus détrompé par les expériences luisantes. Je pris done encore une fois du plomb;
V. EXPERIENCE.
Je fis diffoudre ce plomb dans de l’eau forte ordinaire, mêlée d’une bonne partie d’eau de pluie, parée que par ce moyen il entre mieux en diffolution ; je précipitai la folution avec de 1’efprie de fel marin , & je la fis bouillir pendant’ un quart d’heure au bain de fable ; tout le plomb tomba Fur le champ au fond , fous la forme d’une chaux blanche comme de la neige ; le diflolvant qui étoit deflus étoic clair; je me fervis encore de cette eau ou de ce dilTolvant pour mouiller du verre blanc pilé, mêlé avec un quart de borax calcine; je fis fondre le melange, Sc j’eus un verre pourpre ou couleur de rubis aufli beau que les précédens. Cet événement me fit grand plaifir, quoique je ne pufie pas toujours avoir le mê¬me fuccès. Je vouius efiayer la même cholè fur le fier.
VI. EXPERIENCE.
Je fis difitudre du fer dans de 1’eau forte > je précipitai la folution avec de 1’efprit de fel am-moniac ; le fer tomba au fond fous la forme d’un très-beau crocus, & il ne refta point de fer dans le diffolvant, au lieu qu’avec un autre alcali contraire la precipitation ne fe fait a peine qu’a moi- tié, & prefque tout le fer refte dans le difïbl— vant; je décantai i’eau toute claire qui furnageoit au crocus; je m’en fervis pour humeéler du verre blanc pilé, mêlé d’un quart de borax calciné; je fis fondre le tout; & le fer qui donne ordi- nairement dans la vitrification du jaune , me pro- duifit auffi un beau verre tranfparent de couleur de rubis. Comme le fer m’avoit donné cette cou¬leur , je vouius efiayer ce que pourroit donner le cuivre, en ie traitant de la même maniere.
VII. EXPERIENCE.
Je fis difibudre du cuivre dans de l’eau forte ; je précipitai la folution avec de 1’buile de tartre; tout le métal tomba au fond , & ie diffolvant de- meura tout clair; je le pris pour bumeéler du verre blanc pilé ou du verre de Venife mêlé d’un
NON SINE VESTE. yp ./quart de borax calcine</ ; je fis fondre le tout, &. j’eus encore un verre pourpre ou de couleur de rubis. Je continuai mes experiences, & je vou-lus eflayer ce que produiroit l’etain.
VIII. EXPERIENCE.
Je fis diftoudre de l’étain dans de l’efprit de nitre affoibli par de l’eau ; la folution & la pre-cipitation fe font en meme terns; mais le difloi-vant qui furnage demeure clair; je le pris pour en imbiber du verre pilé , mêlé d’un quart de borax calcine; & je trouvai que l’étain donnoit pareillement un verre pourpre.
NOTE.
Je prie le Lefleur de ne point faire attention a 1’ordre que j’ai donné aux métaux ; je n’ai fait que fuivre celui de mes experiences; il y a encore d’autres métaux & mi- néraux qui, quandon les traite avec le nitre, produifent aufli la couleur du rubis; mais ce font des procédés que je ne crois point néceflaire de rendre publics, quant a préfent. Par les expériences qui précédent, le Lefteur a püvoirquel’on peut tirerune couleur pourpre femblable è celle de For , même desnrétaux les moins prétieux. Il merefle encore a prouverque cette belle couleur ou tein- ture ne doit fon origine ni a For ni a 1’argent ni aux autres métaux; mais qu’ellevient d’une autre lubftance riche en couleur, ce que Fon verra par le procédé fuivant oül’on. enfeigne la maniére de préparer du pourpre ou une couleur de rubis par le moyen du nitre,
IX. EXPERIENCE.
Prenez des morceaux de verre blanc, ou de verre tendre de Venife qui produit le même effet, a volonté ; réduiliz-les en poudre ; mêiez-y un quart, un huitiéme ou encore rnoins de nitre purifié ; vous pourrez aufli y joindre un peu de borax calcine, cela en rendra la fufion plus ai- fée j faites fondre ce melange d’une maniere convenable ; vous obtiendrez un verre pourpre de la couleur des plus beaux rubis , qui ne le cédera en rien a tous ceux que 1’on aura fait luivant les procédés qu’on a donnés ci-devant.
L’on pourroit demander a ceux qui s’imaginent que c’eft de 1’or que vient la couleur pourpre, d’ou celle qui eft venue par cette derniere opéra- tion peut tirer fon origine , puifqu’il n’y entre au- cuns métauxl l’on répondra peut-être que ce procédé ne doit point toujours réuffir; mais je répii-querai a cela qu’on le réitére cent fois en un jour, il ne snanquera jamais.
Si 1’on demande done d’ou peut venir le pourpre que 1’on a eu dans 1’expérience neuviéme ? je ré- pondrai que cette couleur ne vient que de la magnéfie qui eft contenue & cachée dans le verre blanc ou le verre tendre de Venife, & qu’elle eft reftufeitée ou ranimée par un fel magnétique qui contient une teinture analogue. En effet tous les Yerriers fcavent bien que ce minéral (la magné- fe)
lie) a fa propriété de donner a tout verre au commencement, une couleur pourpre tres vive; e’eft pourquoi ils font dans 1’ufage d’en meier a la fritte 011 au melange dont ils font le verre, dans fidée que cela le rend plus clair. Quoiqu’il en foit j il eft certain qu’avec un petit feu, je fuis «parvenu a faire du criftal aulfi beau, aufti clair & aufti lolide que les Verriers ayènt jamais pü enfai re en fuivant leur méthode ordinaire : d’ailleurs line propriété de la magnéfie, quoiqu’elle foie un vrai minéral, e’eft que quand on la mêle an verre dans les pots ou creufets, & qu’on remue ie mélange, il le gonfle, fait une effervefcence aufti violente que ft i’on y mettoit du nitre, un fel ftxe ou autre chofe de cette nature , & eft en meme terns pénétré d’un rouge de pourpre trés- vif qui diminue par la fuite peu a peu , & enfin dilparoit & n’eft plus vifible. Je ne connois point d’autre moyen pour reproduire & faire reparoitre cette couleur qu’un aimant nitreux & chargé dune teinture analogue.
L’on m’objeélera peut-être que dans les expériences qui ont précédé, il n’eft point entré de nitre; mais dans quelques-unes seulement des métaux précipités, leurs solutions , ou meme les diftolvans qui en avoient été féparés; & que, malgré cela , l’on a toujours eu du pourpre.
Je réponds a cette difficulté que 1°. dans la précipitation de l’or, le poids considérable dont il est augmenté , vient de l’acicle nitreux , ou de I anima, nitri, dont la couleur pourpre fe retrouve
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toujours & fe fépare même dans la diftillation, d’une quantité d’autres fels; eet acide concentré avec 1’or, eft enfuite ranimé ou développé par le travail de 1’émail & par la fufion, de même que fe fait la révivification de la couleur de la magnéfie. L’elprit de nitre produit le même effet dans les difiolutions. Mais dans les autres opérations , e’eft le nitre régénéré & rendu cor-porel par un contraire ( l’alcali) qui a été joint au difl'olvant.
On demandera peut-être comment on pour- roit s’aflurer que la couleur vient uniquement de la magnéfie, a l’aide du nitre, furtout après que tous les procédés différens donnent une même couleur pourpre. A 1’aide du procédé fuivant par lequel on 'verra que la précipitation ou la fdlution d’or, quand on 1’a jointe a du verre dans lequel originairement on n’a point mêlé de magnéfie, ne donne point de couleur pourpre
X. E XP ERI E N € E.
C’eftici la plus grande difficulté ; fi nous par-venons a la lever, toutes les vitrifications de l’or fèront renverfées au point que Ton ne fera plus en droit de dire Sol fine vefte , mais Sol veflitifiwiis, &c. . . . Paffons done a l’expérience.
Faites du verre fans magnéfie; on peut fè fervir pour cela de pierres a fufil pilées avec partie égale de fel de tartre, ou de potalfe ; on faitfon- dre fuffifamment ce melange ; on le tire enfuite, & on le verfe pour en former des pains tels que
NON SINE VESTE. yyy ceux du verre tendre de Venife ; on le pile dans un mortier de fer, bien net; enfuite de quoi on le tamile avec loin. Le verre préparé de la maniere qu’on vient de décrire, a a l’extérieur la meme apparence que celui dans lequel ileft en-tré de la magnéfie ; mais fi i’on vient a l’employer de l’une des manieres qui ont été indiquées, l’óie avec foit fans or, jamais il ne (era poffible d’ob-tenir une couleur pourpre ou de rubis.
Pour prouver aux curieux que dans les com-poficions colorees en pourpre dont on a parlé, Tor ne fe vitrifie point, mais ne fait que fe roêler au verre; Ton n’aura qu’a dormer pendant long- terns, a un melange de cetce efpece, tin dégré de feu très-violent; la couleur fe diffipera peu a peu, & l’or commencera d’abord a former une pellicule a la furface de la matiere fondue ; & enfin il tombera au fond du creufet. La meme chofe arrivera dans la derniere experience que l’on vient d’indiquer, avec cette difference que , pour les raifons que l’on a déduites, le verre ne fe colorera point du tout. En voyant ces ebofes , on fera obligé de convenir que i’on s’eft abufë , & qu’au lieu de voir for a nud , ou le Soleil fans habit, on n’a fait que le voir couvert d’un man-teau de pourpre , & , &c
Je me flatte que chacun pourra conclure des procédés clairs & circonftanciés que je viens de donner, que la couleur pourpre du verre ne doit point fon origine a la reduction de l’or qu’on y a mêlé au commencement de l’opération; mais a la magnéfie
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^6 SOL NON SINE VESTE.
qui y étoit deja : il faudra done chercher d’autres
voyes pour pouvoir réuflir. Sapicnti fat.
Enfin, je crois encore devoir faire obferver aux Artiftes qu’il eft très-difficiie de réuflir a contrefaire les rubis dans un fourneau a vent; il faut faire 1’opération dans un fourneau conftruit de la même maniere que ceux de verrerie, afin que les creufets foient expofés a l’aólion libre de la flamtne,& qu’on puifle de tems en tems en tirer des eflais, & retirerles creufets aufli-tót quele verreaprisla vraie couleur que 1’on demande; toutes ces chofes ne peuvent s’exécuter commodément dans d’autres fourneaux oir les creusets font couverts; on travaille alors a taton, & le fuccès eft toujours incertain.
Le moyen le plus fur eft de commencer par faire ces effais fur une petite quantité , & de met- tre la matiere dans de petits creufets que l’on expofe dans une ./moufle</ au ./fourneau de coupelle</, auquel on donne le plus violent degré du feu ; de cette maniere on peut fouvent retirer la matiere , pour obferver les changemens qui lui arrivent , & la remettre ; on s’aflure par-la. en peu de terns de ce que l’on eft en droit d’attendre , au lieu que dans un grand feu , il eft aifé de lè tromper, & de porter de faux jugemens.
Voila le précis de ce qui ejl contenu dans l’Ouvrage de Chr. Grummet qui a pour titre , Sol non fine vefte. Sur quoi je crois devoir encore répéter que c’eft a l’experience a decider de quel cótépeut entre la vérite dans cette difpute.
VITRIFICATION DES yÈGÈTAUX,
AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR.
Nous avons cru faire plaifr au Lefteur en lui dormant a la fuite de eet Ouvrage une Traduttion du Chapitre X I'. du Flora Sarurnizans de Monfeiir Henckel; c’ejl une explication abrégée des phénoménes '& des regies repanducs dans l’ Art de la Verrerie , avee plufteurs autres obfervations sur la Nitrification, qui mentent ïattention des Chymifles & des ./Phyftciens</.
DE LA vitrification des vegetaux
Chapitre XI.
Du livre
De MR. Henckel}
Qui a pour Titre
Flora Saturniza NS.
Le feu eft un agent puiflant auquel il y a peu de corps dans ia nature qui puiilent réfifter ; il leur fait a tous changer de forme; nous reconnoiffons quele verre qu’ilne peut altérer ni détruire, quand même on le tiendroit expofé a fa violence jufqu’a. la fin du monde ; cette matiere ftibf fte dans la chaleur la plus forte ; & plus fes parties font pénétrées par le feu, plus elle devient pure , tranf-
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parente , compacte & folide. Nous sllons démonftrer que les Végétaux font, al’aide du feu, tranf- forrnés en cette fubftance; mais pour rendre la chofe plus claire , d’abord nous parlerons dell’arte de la Verrerie en général, & nous donnerons un précis de ce que Neri, Merret & Kunckel out enfeigné fur cette matiere ; nous le réduirons aux propofitions fuivantes.
1°. Pline pretend que c’eft a la plante Kali que l’on decit l’origine de l’Art de la Verrerie; que quelques Marchands jettés par la tempête a l’emboucbure du fleuve Belus en Syrië, furent obliges de fe fervir de cette plante done ils trouverent abondance, pour faire cuire leurs alimens; que fa cendre produifit de la foude ou de la ./roquette</ qui, nrêlée avec du fable , forma du verre, Fojyez la Preface de l’Art de la Perrerie de Neri.
11°.. Ii faut que le bois dont on fait ufage dans l’Art de la Verrerie foit fee en dur, paree que celui qui donne beaucoup de fumée rend le verre peu clair en d’une couleur défagréable. Poyez le njfone Ouvrage.
I 11°. Trois cens livres de cendres de roquette ou du Levant donnent ordinairement 8o a po livresde fel. r’A't/.
IV°. Quand le melange de fel etc. c de fable , que l’on nemrae fritte, a vieilli pendant trois ou quatre mois; il n’en eft que-plus propre a ctre travaillé , en il felie beaucoup mieux.
V°, Si fur cent livres de verre commun ou de
VITRIFICATION, /i de verre blanc , on met dix livres de fel de tar-tre purifié, on obtient un verre plus beau que le criftal.
VI°. Lorfqu’on veut donner une couleur verte au verre , il faut avoir foin qu’il ne foit point trop chargé de fel, fans quoi la couleur en fera bleuatre &tirantfur l’aigue-marine.
V11°. Sur cent livres de foude , on met quatre-vingta quatre-vingt-dix livres de fable ; fi enfui-vant cette proportion le melange eft encore trop difficile a faire entrer en fufon, on n’aura qu’a ajouter un peu plus de foude ; s’il entre trop aisément enfufion, on augmentera la dofe de fable.
V I 11°. On ire doit point faire grand cas du verre dans la compofition duquel il entre de la foude ; car quoique ce verre fe travaille aifément, il est fumet a l’inconvénient de fe brifer en réfroi diffant, & de conferver toujours un ceil bleuatre; & quand même on auroip eu la precaution d’y joindre de la magnéfie, qui a la propriété d’éclaircir le verre , celui oü il feroit entre de la foude nelaif étroit pas d’être noirâtre ou verdâtre.
I X°. Mais quand on a tiré le fel de la foude par la lixiviation ; que 1’on en a fait évaporer la lefïïve fur le feu, & que 1’on en a calciné le fel , fi 1’on réïtére ces operations jufqu’a quatre fois, on obtiendra un beau fel done on pourra faire de très-bon verre.
X°. Quand on a tiré le fel de la foude par la lixiviation, on peut encore fe fervir de la même
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DE LA
foude pour faire un verre groflier; paree qu’il eft prefque impoffibie de leffiver les cendres aflez exaólement pour qu’il n’y refte point de fel.
XI°. Kunckel dit qu’il fe trouve fur le bord de la Mer & des Lacs d’eau lalée, des cailloux qui font quelquefois de la grolfeur du poing, qui ont la transparence du criftal, & qu’il a obfervé que, lorfqu’on employoit des cailloux de cette efpece dans la compofition du verre , ils n’exigeaient point une dofe aufli forte de fel que les autres cailloux.
XU". Van-Helmont dit au Chapitre de la Terre, que , fi on mêle du verre bien pulvérifé avec un alcali pur, & qu’on mette ce mélange dans un endroit humide,le verre fe réfout en eau en un petit nombre d’années; & que, fi 1’on verfe delfus cette eau de ./l’Eau Régale</ jufqu’a ./faturation</, on retrouvera au fond du vafe un poids de fable égal a celui qui étoit entré dans ./la compofition du verre</.
Sur quoi Kunckel remarque que ce phénomene na pas lieu avec toute forte de verre, mais feu- lement avec celui dans la compofition duquel on a mis trop de fel; il ajoute mème que le verre de cette efpece fe décompofe a fair.
XIII°. Quant au verre flexible dontparle Pline, & que d’autres Auteurs ont prétendu avoir été malleable, quoiqu’il y ait de la difference entre la flexibility & la malléabilité ; Merret préfume que , le fecret de recuire le verre étant inconnu du tems de Pline, le verre devoit être fort font, paree qu’on le faifoit avec du nitre; & qu'il a fort bienpu fe faire que quelqu’Artifte euttrouvé le fecret d’employer de J’alcali, ou du fei tire du kali, de mettre le verre a recuire , & de lui donner ainfi plus de folidité & de confidence * que n’en avoitle verre connu avant lui.
XIV°. Le meilleurtems pourcueillir la plant©, e’eft un peu avant fa maturité , parée qu’alors elle abonde plus en fucs.
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SOL SINE NESTE,
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T R E N T E
EXPERIENCES.
POUR TIRER
LA COULEUR POURPRE DE L’OR,
A V E C
Quelques conjectures fur la deftruCtion de l'Or, uneinftru Ction pour faire dans Ia plusgrande perfection de faux Rubis ou du Verre rouge.
PA R J. C. Orfchall Infpecleitr des Mines dit Prince de HeJJe,
TRADUIT DE L’ALLEMAND.
PRE FAC E.
J E vais vous communiquer , cher Le&eur, quelques experiences fur l’or qui pourront contribuer également a Votre plaifir & a votre utilité ; elles ont pour objet la Def- truclion de ce metal qu’on a tant cherchée de nos jours & qu’on cherchera vraifem blablement encore long-terns.
Si vous me demandez ce que je penfe de cette opération, je vous répondrai quejene la nie ni ne Failure: je fcais feulement qu’on ne tirera jamais d’un corps tous les avan- tages que 1’on défire, fans fa Deftruëlïon qui ne peut être produite que par l’aftion du feu; & je ne ferois point étonné qu’on adn&itla poffibilité de cette deftruction; qu on en reconnut le fimbole dansle Phoenix des Anciens, qui, après avoir été réduit en cendres, revient de nouveau a la vie & fe reproduit en plufieurs milJiers de petits phoenix; qu’on imaginat que , li nous pouvions venir a boutde bru¬ler ce beau phoenix [ou 1’orj , nous narviendrions enfuire a la découverte tant défirée de la Pierre Philofophale ; qu’on ajoutatqu’il nes’agitque deleréduire en cendres ; qu’il n’importe nullement de quelle maniere 1’opération fe fafle: que, foit que ce fut par la voie humide ou féche , foit que ce fut paria voye froide ou chaude , on pourroit fe flatter d’avoir atteint le but qu’on fe propofe, fl 1’on avoir une fois la folurion radicale de 1’or 5 caron poffé- deroit des lors le vrai mercure des Philofopkes.
Je n’entreprendrai point ici 1’énumération dc tous les nioyens fophiftiques que j’ai vu employer pendant le cours de ma vie pour parvenir a la definition de for; (car j’ai été élevédès ma plus tendre jeunefle dans les travaux de la Chimie, & je puis dire fans exagérer que j’ai fait des chofes finguliéres en ce genre). Entre les Charlatans que j’ai démafqués, Pun avoitun diflolvant, 1’autre une poudre; mais examinoit-on la chofe au grand jour,ce n’étoit qu’uno diflolution de la nature de celles qu’on auroit pu obtenir
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avec 1’eau régale, & que je défigne en général par le noin de Divijion,parceque ce n’eft autre chofe que Tor divifó en très-petites parties; operation qui toutefois exigeroit plus de peine qu’on ne fe 1’imagirie , fi onfelapropofoitpar la voye du phoenix. Quant a celle des diffolvants, je regarde Ia multitude de ceux qu’on employe fur Tor coinme fort inutile, & je reviens , cher Leéleur, a 1’allégorie dn Phoenix. On trouve dans les anciens Poëtes & Phi- lofophes, que le Phoenix, après avoir ramafle une quantité de toutes fortes d’aromats 9 fe place fur ce bucher , que les matieres en font allumées par le Soleil, & qu’il fe confume lui même; hiéroglyphes vuides de fens, ou qui nous in- diquent affez clairement, ce mefemble, de ne point cher- cher dans les chofes étrangéres, ce qu’il faut tirer de la chofe même; inftruélions qu’ils one encore renfermées dans cetre efpéce d’apophtegme , ne chcrchez ni dans les plantes ni dansles animaux, ni dans lagraijje > ni dans les métaux ni dans les fels ? Ou faut-il done chercher ? Nulle part; car c eft de lui-méme ou de /on femblable , ou de ce qui lui eft le plus proche quil faut Pemprunter.
Il eft done affez inutile de fe tourmenter pour avoir des Diffolvans. Siceque nous cherchons eft invifible, & ft nous le cherchons ou il n’eft pas, quelle utilité tirerons nous de notre travail ? Je ne pretends pas donner a entendre par ce que je viensdedire, qu’il faille chercher la chofe dans Por; ce n’eft pas la ma penfée; je veux feulement que nous faffions notre poffible pour trouver la maniere de brüler le Phoenix parlui-même ; & c’eft ce dont je traiterai dans lafuite plus amplement.
Pour ne pas m’étendre ici en difcoursfuperflus, je décla- rerai d’abord qu une deftruttion de lor dont je ne fais au- cun cas, c’eft celle de la quelle on dit qu’après 1’avoir obtenue , il n’eft plus poffible de remettre 1’or en un corps» Un Italien qui s’étoit arrêté quelque terns a Nuremberg prétendoit avoir ce fécret , & fe vantoit de pouvoir rellement détruire Por, qu’il n’étoit plus poffible de réduire. Un homme d’efprit lui demandaa quoicefecrer
PREFACE. 47?
<£toit bon. Un aufre lui dit que la meilleure maniere de travailler fur 1’or droit d’amaffer force ducats dans fa boqrfe. Ce Virtuofe eftimoit ce fecret 1000 ducats; mais perfonne n’envoulanta ce prix, ni aaucun autre, ill’au- roit volontiers donnd pourrien. Jene fais done aucun cas d’un fecret qui ddtruitl’or au point qu’iln’ya plus moyen d’en refaire un corps,& je crois même que cela n’eft pas pofltble. Qu’on me donne un corps ddtruit de cette forte, & on verra ft je ne lui rendrai pas bientót fans exiftence. Je n’ai d’aurre garant a offrir au JLe&eur de ce que j’a- vance que la parole d’un homme qui a travaillé en Chi- mifte tant qu’il a vêcu, & qui a rdufli en beaucoup de chofes. J’expliquerai ici la precipitation rouge de 1’or: lorfque je la fis pour la premiere fois-, je crus avoir pris, comme on dit, la pie-au-nid ; mais quand j’examinai mieux la chofe , je me trouvai bien loin de compte.
A prés ce préambule dont on fe feroit bien paffd; je finis en alfurant que ce qui m’a determine a rendre ce traité fi court, e’efi: que je me propofe , quand j’aurai plus de loifir, d’en écrire un très-dtendu, & de ddduire plus au long ce que je ne fais ici qu’effleurer en palTant. S’il fe trouve des gens qui, par ignorance ou par u n ddlir infatiable d’avoir tout a la fois, m’obje&ent que je pouvois me difpenfer de me mettre a 1’ouvrage pour fi peu de chofe; je leur fer- merai la bouche avec la rdponfe du cdldbre Sabinus. Ce fcavant homme, aptès avoir fervi Dieu & dclaird le monde par fa fcience & fon drudition en qualite de Profeffeur a Konifbergen Pruffe, formale delfein de laiffera Ja pof- tdritd un petit Ouvrage , & il en publia d’abord quelques feuilles. 11 eherchoitè faire i’avantage & le bien du pro- oliain, & a s’acquerir en même terns une gloire immor¬telle ; fes dcrits dtoient bons: mais unrailleurentrepritdc jettet du ridicule fur leur bridvetd, & lui demanda, pour- quoi il n’avoit pas compofd un grand & bel ouvrage a 1’exemple d’Homere & de Virgile; Sabinus repoulfacette impertinente queftion , en obfervant queles Bceufs, les Afnes, les Vaches & les Mulets, n’aimoienr point a boire
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-47<? . PREFACE.
dans depetits ruifleaux, maisdans de grandes eauxtroubles telles que celles du Danube, de 1’Elbe, 6c du Rhin; cju’il en étoir autrement des gens d’efprit; qu’ils aimoienta fc défaltérer a de petites fources oü 1’eau eft plus pure 6c plus délicate que dans ces grandes Rivieres, lereceptacle de routes fortes d’immondices.
Si d’autres ajoutent qu’il n’y a point de lucre a tirer de eet écrit, je leur dirai, aprenez, (ö avares infatiables) que vous êtes des aveugles 6c que vous méritez le fort de Midas, puifque vous préférez la richefle a la fcience qU<3 Ton acquiert par 1’étude de la nature ; femblables a ce Ro* ignorant qui préféroit le flageolet de Pan au luth d’Apolloti-
Au refte, qu’on loue ou qu’on blame eet Ouvrage; cela m’eft égal. Le jugement que chacun en portera fera con- noitrefa fa<;on de penfer , fans rien changer a la mienne.
Quant a vous, Lefteur, qui aimez les Sciences 6c les Arts, a peine aurez-vous lü ce traité que vous en aurez la fuite. J’ai pris pour devife, ce que Ton dit aux enfans a 1’école, que celui qui méprife les petites chofes ne mérite p#s celles qui font plus importantes. Si eet Ouvrage vous eft agréable, je vous en promets un plus confldérable 6c je nö tarderai pas a vous tenir parole.
VALE, EIEE ET JUD1CA BENE.
QüCelibet res nihil praflare potcf prater id quod &
fe eft & continet. GEBER.
SINE VESTE. 483 tation, jufqu’a ce que nous euffions expofé le mélange au feu ; après quoi nous ne trouvames dans le fond aucune chofe rouge comme nous 1’avionscru; mais feulement une poudre jaune: tout le Rouge avoit difparüt, ce qui nous mortifia beaucoup.
III. EXPERIENCE.
Nous penlames que la dilTolutionfe faifant dans 1’eau; elle ne raanqueroit pas de réuffirauffi dans 1’efpritde vin ; nous donames prefque dans l’o- pinion de Fr. Bafiie qui en parlant du fel dans fes vers s’exprime ainfi.
L’efprit de vin me nuit;
Il produit For potable.
Je me fouviensace propos d’une merveille que j’ai louvent entendue raconter a raon pere; il fcavoit avec de i’elprit de fel doux, tirer d’un ducat d’orun quart de ducat; le refte de 1’or de- meuroit blanc comme de 1’argent. Il mettoit de l’antimoine fur le quart du ducat qu'il avoit ex- trait; & avec ce mélange , il teignoit trois quarts de ducat du plus fin argent qui devenoit de 1’or parfait. J’ai voulu refaire cette opération, mais elle ne m’a pas réuffi, ainfi que je 1’avois elpér ; cependant comme le procédé en eft curieux plailant, je vais le mettre ici.
Ppp V
IV. EXPERIENCE.
Je fis un or fulminant a la maniere ordinaire, c eft-a-dire, qu’après que j’eus dilfous de 1’or dans de 1’eau-régale , je précipitai avec 1’huile de tar- tre par défaillance ; je verlai fur eet or fulminant de 1’elprit de fel doux ; mais il ne voulut mordre delfus , que quand je 1’eüs mis a un dégré de cha- leur médiocre; je parvins pourlors a le dilfoudre tout-a-fait. Mon efprit de fel doux devint d’un beau jaune lèmblable a celui de la plus belle diffo- lution d’or dans 1’eau-régale ; ce qui me fit croire qu’il étoit très-bien dilfout. J’en fis évaporer 1’ef¬prit de fel, & je m’attendois a trouver dans ma cbaux d’or quelque ebofe de rare; mais il arriva ce dont je ne me ferois jamais douté , c’eft-a- dire que ia force élaftique y demeura encore Cachée , comme 1’expérience me le fit bientót connoitre ; cette chaux commenca a fe fécher tout doucement; maislorfque toutes les vapeurs Sc humidités en furent forties, j’entendis dans mon appartement un bruit fi terrible , qu’on au- roit cru qu’on y avoit tiré un des plus gros canons; il n’y avoit cependant qu’une petite quantité de matiere : on peut conclure de-ia que le fel de tartre s’y infinue de facon qu’il n’eft prefque pas polfible de 1’en tirer par les lotions. Cela m’ap- prit auffi que eet efprit de fell’attire a lui; mais je lailfea chacunla liberté d’en juger.
SINE VESTE. 48;
Cependant je perfiftai dans le delfein de trouver Ie moyen de précipiter 1’or dans une bellecouleur rouge , ce que jene pouvois venir a bout de faire. Mais un jour que j’avois entrepris un certain tra¬vail pour lequel j’avois befoin d’une diflolution d’or, je la fis dans 1’eau-régale & me fervis pour cela d’un petit matras; après i’opération faite, je voulus par hazard nettoyer ce matras ; pour cet effet je verfai dedans une certaine quantité d’eau douce : je lerinfai bien , & ne trouvantpour cette fois fous ma main d’autre vaifleau pour verfer i’eau, je la mis dans un vafe d’étain qui étoit difpofé de fagon a laiffer couler 1’eau dans un autre vafe, mais qui pour cette fois le trouva bouché de maniere que rien n’en put fortir; 1’eau demeura done dedans pendant le terns de mon diner, après lequel étant rentré dans mon appartement pour me laver, je m’appercus avec furprife que le vafe d’étain étoit tout rouge. Je ne pus devi- ner d’abord ce qui en étoit la caufe; mais je ne tardai pas a m’en appercevoir.
V. EXPERIENCE.
Le Doéfeur Caffius que je confultai, m’indi- qua une autre route; mais comme la confufion de mes idéés jettoit dela langueur dans mon travail & que je ne fcavois comment m’y prendre, il me vint en penfée que , puifque felprit de fel diifout 1’or après qu’on 1’a rendu fulminant, il pourroic
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bien fe faire quecet efprit de fel feroit trop fort, ce qui me détermina a elfayer cequi fuit.
VI. EXPERIENCE.
Je pris du fel commun tel que celui dont on fe fert a table; je le fis bien fécher & le pilai très- fubtilement; je pris auffi des feuilles ou lames très-minces de for le plus fin. Je plagai ces feuilles d’or avecmon fel bien féché , (Iratum JïiperJlratunt, ou lits ou couches de 1’un fur 1’autre , dansun vafe capable de réfifter a l’adiion du feu ; je continuai cette cementation pendant huit heures, le plus foigneufement qu’il me fut poffible. Je m’étois imaginé que mes lames d’or , après avoir été rongées & réduites en petits morceaux, auroient communiqué au fel leur belle couleur jaune. Quoiqu’après que le vaifieau fut réiroidi & que je 1’eus ouvert, je m’apercuffe bien que je n’avois pas réuffi; j’eus cependant lieu d’être content: je trouvai quelque chofe demeilleur & de plus im¬portant,puifque le felétoit teint enun fibeaupour- prequ’il mefitunplaifir infini. Je crus done encore avoir pris la pie-au-nid ; que je n’avois plus qua verfer fur ce fel de 1’elprit de vin,& que je ne man- querois pas d’en extraire la belle couleur rouge. Cela n’arriva cependant pas ainfi ; mon efprit de vin demeurablanc;& quoiqu’il eütreftéailezlong- tems deflus, mon fel ne perdit en aucune facon fa brillante couleur rouge; il en devint feulement
SINE VESTE. . 487
plus éclatant & plus agréab-le a la vue ; il acquit par-la une qualité &un brillant.que je ne fcaurois décrire, & devintun reméde très-utife contre les palpitations de cceur, & un fudorifique excellent; mais je n’en pus tirer aucun autre avantage.
Dans la penfée qui me vint de cémenter 1’or avec le fel, je fis la diffolution de [’or fineJlrepitu; je la placerai ici, quoiqu’elie foit connue d’ajl- leurs. Je fais d’aujpnt moins de difficulté de la rapporter, qu’elle n’a réuffi a perfonne de la ma- niere que je vais la décrire.
VII. EXPERIENCE.
On prend du falpêtre , de i’alun, du fel com- tnun, de chacun égale quantité ; on broyele tout avec unpoidsde feuilles d’or égala celui de cha- cune des matieres fufdites en particulier ; apres avoir réduit le melange en une poudre aufii fub- tile au’il fe peut, on verfe le tout enfemble dans un matras, & 1’on met pardeflus de 1’eau que 1’on évapore enfuite en la faifant fortement bouil- lir, ce que Ton continue jufqu a ce que le fel qui refteaufond demeure jaune; li-non il faut de nouveau verier de 1’eau deflus & faire évaporer jufqu a ce que le figne fufdit paroiffe ; alors on vCrfe fur ce fel jaune de 1’efprit de vin , lequel en prendla couleur dans le moment; fion trempeun fer poli dans cet efprit de vin & qu’on le laiffe fécher enfuite, il prend une belle couleur d or.
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On precipice eet efprit de vin avec de 1’HuiIe de tartre par défaillance, & pour lors on a un beau crocus d’or au fond du vafe. Zwelfer en a fait mention fort au long. Un de mes amis voulut a Sulzbach réduire cette chaux, qu’on appelle autrement crocus d’or. 11 s’imagina pouvoir la fondre avec un flux commun ou ordinaire ; mais lorfqu’il s’attendoit a trouver un réguie d’or, il ne trouva contre fon efpérance qffun verre noir, d’un rouge foncé, cependant un peu tranlparent. On peut fe rappeller ici le grand cas que les anciens faifoient de la vitrification de 1’or , operation aujourd’hui très-facile & trés - connue. Je fgais qu’il y a environ feize ans, differences perfonnes ont re§u des récompenfes pour le procédé de vitrifier 1’or que je viens d’indiquer. Quoique toutes les fois que j’ai communiqué ce procédé , j’aie averti qu’on n’en tireroit aucun profit , mes advertiffemens ont été inutils.
VIII. EXP ERIENCE.
Comme je m’appliquois beaucoup ci-devant a la fonte des minéraux pour en pouvoir obténir quelque utilité , je crus qu’il y auroit auffi de i’a-- vantage atraiter ce que les Orfévres appellent des ordures ; j’étois occupé de cette idéé, lorlqu’il me iomBa fous la main des raclures d’or qui ne font autre chofe que de la pierre ponce dont les Or¬févres
SINE VESTE. 489 févres fe font fervis a frotter 1’or pour le poiir. Comme la pierre ponce dont on a frotté 1’or en détache beaucoup, je comptois pouvoir faire fondre ces raclures avec de la litharge , mais je trouvai qu’ilne fe formoit point defcories; je m’a- vifai delestraiter comme du verre,& je crus qu’il pourroitfe former un régule: pour eet effet je pris unfluxeompofé de cendresgravelées,de nitre & de borax que je mêlai avec les raclures. Je fis bien fondre le tout; mais je trouvai aulieu d’un régule quelques petits grains , & j’eus outre cela un beau verre rouge toutfemblableal’émailrouge tranfparent dont fe fervent ceux qui travaillenc en or : ils étoient fi relfembians que , quoique j’en connuffela difference, j’avois de la peine ales diftinguer. Void la maniere de procéder dans cette operation.
Prenez une lame d’or battu; frottez-la avec la pierre ponce ; ralïemblez avec foin toute la raclure qui tombera dans un vafe avec de 1’eau ; féchez-la enfuite ; prenez de cette raclure autant que vous en voudrez, &c. Procédez pour le refte comme il aété dit ci-deffus. Les Anciens ont fait un grand cas de la vitrification de 1’or ; mais je ne veux pas decider s’ils s’y prenoient de ia même maniere que je m’y fuispris, & fi le fuccèsen étoit le même ; il me fuffit que je fache vitrifier 1’or: je voudrois feulement féavoirle moyenderéduire ce verre d’or & d’en retirer 1’or qui y elf contenu. Cette vitrification me fit entreprendre un autre
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travail dans 1’elpérance de parvenir a faire des rubis, fecret très-déf ré ; maisqueique peine que jeprifle, tous mes efforts furentinutils. Je vis bien que, fans une forte deftrucfion de 1’or , je ne pourrois réuffir. ïl arriva dans ces entre-faites, que le célébre Doéfeur Caflius qui eften-pofl'effion du fecret de faire le verre rouge , entra en converfa- tion avec moi; il fe vantoit non - feulement de précipiter for dans le plus grand rouge ; mais auffi de le détruire tellement qu’il n’étoit plus poffible de le réduire. Lui ayant raconté acefujet ce qui m’étoit arrivé avec le vaiffeau que j’avois lavé& la cuvette d’étain dont j’ai parlé ci-deflus, il en fut étonné & me révélatout defuitefon fecret que je crois devoir rapporter ici, d’autant plus que je 1’ai louvent mis en pratique avec fuccès & que je m’en fuis fervi pour faire plufieurs expérien- ces.
On prend trois quarts d’eau-forte dans laquelle on ait précipité de l’argent,& un quart d’eau falée; on les mêle enfemble; ce mélange prend une couleur laiteufe, c’eft-a-dire que 1’argent dont quelques parties font encore demeurées dans beau forte après la precipitation, tombe au fond du vale. On lailfe ce mélange dans eet état jufqu’a ce qu’il foitredevenu clair ; il eft alors d’une cou¬leur d’aigue-marine; on le décante enfuite dans un autre vafe pour le féparer de fon fédiment, Sc on le filtre avec foin. Après cette preparation, on jette dans cette liqueur un peu de limaille d’étain j
SINE VESTE. 491 on 1’expofe a une chaleur douce, & on laiiTe dif- foudre peu a peu. Mais il ne faut jecter dans la liqueur qu’une petite pincce d etain a chaque fois, c’eft-a-dire, autant que 1’on peuten prendre avee les deux premiers doigts ; il faut attendre qu’une pincée foit diftoute pour en remettre une autre ; on continue ce procédé juiqu’a ce que 1’eau foie entiérement devenue d’un beau jaune, ce.qui eft la marque que la folution aété fuffilante ; onfiltre cette liqueur jaune de facon qu’elle foit très-belle & très-pure , & on la garde en eet état.
On fait enfuite une eau-régale avec de 1’eau- forte & du fel ammoniac fuivantla méthode con- nue de tout le monde ; on diftout de i’or dans cette eau. On fait tomber quelques gouttes de cette folution d’or dans un très-grand verre plein d’eau defontaine bienpure & bien nette ; on re- naue bien le tout enlemble, & enfuite on laifte tomber dansle même verre une ou deux gouttes de la diftolution d’étain préparée comme on 1’a enlèigné ci delfus; fur le champ on voit toute la liqueur devenir rouge & d’une belle couleur de fang. C’eft ici la
IX. EXPERJENCE.
J’avoue que lorfque je fis cette operation pour la premiere foiselle me caufa untrès grand plaifir; car je penfai avec le Doéleur Caftius que ce pré* pïpicé rouge ne pouYoit fe réduire. Ji meparuc
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d’abord que cela étoit ainfi ; mals a la fin je trou- vai le moy en de le réduire & d’en tirer de tres- bon or , comme je le dirai plus bas.
Je mis a part cetteeau rouge teinte par lesgouttes de la diflolution de lor & de celles de 1’étain que j’avois verfées deflus. Pendant la nuit il fe précipita un beau crocus d’or au fond du vaiiïeau. Ce cro¬cus fournit aux Orfévres un beau pourpre d’or très-propre a être employé dans leurs émaux.
Je m’appliquai fans perdre de terns a faire des expériences fur cette admirable eau rouge ; je fentois que plus j’y travaillois, plus monzèle aug' mentoit. Je crus d’abord qu’avant que cette ma¬llere rouge fe précipitat, je pouvois la diftiller par la cornue dont je me fervois de preference a un alembic, afin que la matiere nefutpas obligée de monter fi baut; mais cette experience ne re- pondit point a mon attente.
X. EXPERIENCE.
Auffi tót que 1’eaufufdite fe fut colorée, je la mis dans une petite cornue de verre, a 1’embou- chure de laquelle j’ajoütai un petit recipient que je lutai le plus exaélement que je pus. Je donnar d’abord une chaleur douce ; mais plus je voulus pouffer la diftiilation, moins il vint' de gouttes rou¬ges ; je crus a la fin devoir augmenter le feu pour obtenir quelque cliofe; mais je ne pus même avoir un réfidu rouge; iln’étoit que d’un jaune pale :
SINE VESTE. 493 je verfai deffus de 1’efprit de vin qui prit fur le champ une couleur auffijaunequ’une folution d’or; mais il refta en arriere une petite quantité d’une chaux blanche que je regardai comme provenant de 1’é.ain qui étoit entré dans le mélange.
Cet efprit de vin coloré en jaune ne me parut pas différent de ia folution d'or fineftrepitup]y trem- pai unferpoli: non feulement ce fer ne fe dora point; mais il ne s’yfit pas même la moindretache jaune , fans que j’en pufte pénétrer la raifon. Cet événement me fit concevoir une autre efpérance. Je crus que i’or qui étoit dans cet efprit de vin n’étoit point ficerporel ou fi fenfible que dans la folution d’or fine flrepitu, <& que pourvü qu’il paffat par la cornue, il étoit égal qu’il fut jaune ou rouge ou de quelque couleur que ce fut; mais j’éprou- vai qu’il me donnoit un produit tout différent, comme on le va voir dans la
XI. EXPERIENCE,
Je pris 1’efprit de vin ci-deffus qui étoit d’un beau jaune; je le mis dans une petite cornue a digérer pendant quelque tems, afin qu’il put de- venir fuffifaniment délié; quand je crus que le tems d en faire ufage étoit venu , jeTexpofai d’a- bord a un dégré de chaleur , très-modéré. Mais cela fut inutile , car mon efpritde vin paffa tout blanc ; & après que la diftillation fut faite jufqu’a ficcité, je trouvai dans le fond de la cor-»
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nue de petites étoiles d’or. C’eft ainfi que eet or que le Doéfeur Caffius avoir fait palier pour irré- duébble fe réd uit fans peine en or ; mais ce qui m’étonna le plus, ce fut que , de quelque ma- niere que je m’y prille , je ne pus prefque pas ré- duire la chaux, lorfqu’elle fe fut dépofée au fond ; ce qui me donna occafion de tenter encore quel-; que chofe & de faire 1’opération fuivante.
XIIe. EXPERIENCE,
Après avoir précipité une certaine quantité d’or de la maniere expliquée ci-deffus, je mis 1’eau rouge a évaporer; car il me parut qu’il étoit affez indifférent de la faire diftiller ou de la faire éva¬porer. Il arriva cependant que, lorfque 1’évapora- tion étoit prefque fur fa fin , ie matras de verre qui contenoit la matiere fe fendit. Je ie retirai du feu, afin qu’il ne fe brilat pas entiérement; je laiffai réfroidirla matiere qui étoit gluante & avoit pris la confiftence d’un onguent, & je verfai enfuite del’efprit de vin pardeffus, qui devint a la vérité jaune, mais un peu trouble. Je verfai dans un autre petit verre eet elprit de vin ainfi coloré; je le laiffai découvert, & j’allai diner. Lorfque je revins pour voir fi eet efprit de vin coloré nes’é- toit point clarifié, je trouvai qu’il étoit devenu de la couleur d’un beau rouge de rubis ; ce qui me caufa beaucoup de joye, comme on peut fe 1’i- maginer. J’av-oue que j’ignore quelle eft la caufe
SINE VESTE. 4py particuliere de ce phénomêne, & qu’ayant réïtéré cette experience a plufieurs repriles différentes, je n’ai pu y réuffir en tout que deux fois en cons¬tant cette premiere. Je n’ai jamais imagine quelle étoit la fubtile & finguliere manipulation qui fe dérobcit ici; cequ’il y a de plus admirable c’eltque la teinture n’étoit pas d’un rouge limple comme les autres, mais d’un Rouge de rubis qui tiroit fur le pourpre.
Ce qui reftoit au fond du verre étoit tout blanc. . Je le laiflai fans y faire attention; il me fournit cependant i’occafion de faire 1’expérience fui- vante.
XIII. EXPERIENCE.
Le verre quicontenoit le réfidu de 1’expérience précédente étant refté aflëzlong-tems fur une fe- nêtre , paree que je n’en faifois aucun cas ; il Ie trouva par hazard que je voulusnétoyer & déba- raffer cette place ; ce vafe tomba fous ma main & j’apperqus que de ce réfidu ou de ce mare blanc il s’étoit formé unë matiere rouge & féche qui tenoit tres-fortement au verre; les fels contenus dans cette matiere s’étoient élevés & poulfés en hautfousia forme de poils ou de cheveux d’une maniere fort jolie; je crus qu’en préfentant ce melange a la lumiere,il paroitroit encore plus beau; je trouvai qu’il n’étoit pas rouge, mais violet, en le tenant dans 1’obfcurité ; & lorfque la lumicre
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donnoit deflus, il paroilfoit de même que s’il avoic été doré par le meilleur peintre. Cette opération m’a réuflï piufieursfois; maïs il fautque la mattere ait été long-tems expofée a. Pair. Continuant tou- jours a faire des experiences fur cette matiere , je cherchai les différentes facons dont on peut mêler ou combiner les liqueurs fufditesies unes avec les autres.
XIV. EXPERIENCE.
J’ai trouvai qu’il y avoic une très-grande diffe¬rence averfer la folution d’étain dans la folution d’or , ou a verfer la folution d’or dans la folution d’étain, quoique les matieres fulfent en même poids &en même proportion. Si je prendsun petit verre rempli.de folution d’or & que je verfe de¬dans un peu de folution d’étain , ce mélange de¬vient noir comme du charbön oudel’encre, en¬force qu’on peut s’en fervir pour écrire ; mais li je prends un petit verre plein de folution d’étain & que je verfe dedans de la folution d’or, la liqueur devient a la vériré dans 1’inftant couleur de char- bon , mais le mélange fe met a travailler & rede- vient clair en peu de tems; fi on y reverie de nouvelle folution d’or, il arrivera la même chofe que dans le premier mélange , & ce dernier phé- noméne pourrabienpalfer pour une chofe très-fin- gullere; il nous a foürni 1’expérience fuivante.
XV,
XV. EXPERIENCE
On peut faire la meme cbofe en mettant deux fois plus de la folution d’or que de celle d’étain, Sc il en réfultera encore un phénomêne fingulier. Je crus d’abord que le mélange me donneroit du rouge ; fi, de même que dans 1’autre folution d’or, je verfoisdes gouttes, & fi je mettois pardeflusde nouvelle folution d’étain , attendu qu’il y avoit plus d’or que d’étain ; maïs cela n’arriva point. Je pris done de ce dernier mélange de folution d’é¬tain & d’or ; j’en laiifai tomber quelques gouttes dans un grand verre plein d’eau; j’y mis aulli quel- ques gouttes de la folution d’étain.
XVI. EXPERIENCE.
J’obfervai que ce mélange ne devenoit pas rouge, mais d’un beau violet qui feprécipita en- fuite au fond du vafe ; ce qui prouve que Ie beau rouge ne vientque de 1’or. Je ne puis me dilpen- fer d’expoler ici comment il faut s’y prendre pour faire la diifolution d’étain, de iacon que 1’on puilïe réuflir dans ces experiences.
Si 1’on veut fe difpenfer de 1’embarras de la pfécipitation de 1’eau-forte & de la feconde pre-cipitation avec 1’eau falée , dont on a parlé dansla VIIIs. experience vers le milieu, on prendra feuiement de i’eau-régale , c’elt- a-dire, de 1’eau
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498 SOL
forte dans laquelle on aura fait difloudre du fel ammoniac , & on y dilfoudra de i’étain ; cela pro- duira le même eifet que ce que j’ai dit ci-deflus; mais pour s’exempter de toute cette peine , on pourra procéder de la maniere fuivante.
XVII. EXPERIENCE.
On prendra un grand verre plein d’eau de fontaine, bien propre; on mettra dedans quelques gouttes de folution d’or faite comme il a été dit; on y mettra enfuite un morceau d’étain d’Angle- terre bien pur & bien nétoyé ; & après qu’on 1’y aura laiflé tremper quelque tems , on verra que 1’eau qui paroitra d’abord entiérement noire, après avoir été quelques heures dans eet état, commen- cera a. fecolorer en rouge. Quand elle aura acquis la plus vive rougeur, on en retirera le morceau d’étain.
Cette opération produira les mêmes effets que ceux qu’on a produits ci - deflus par le moyen de la folution d’étain, & on pourra faire avec ce rouge toutes les expériences qui ont été rapportées. La lólution préparée de la maniere fuivante pro-, duit aulfi le même effet.
XEII1. EXPERIENCE.
On fait un amalgame de mercure & d’étain avec iequel on mêle une égale portion de fublimé:
SINE VESTE. 499 on met ce mélange fur un plateau de verre & non de fer , que 1’on porte enfuite a la cave ou dans un. autre lieu humide, pour qu’il fe réfolve enune liqueur. On peutfe fervir de cette liqueur d’étain pour produire les mêmes effets que par lafolution d’étain dont on a parlé ci-deffus. Il y a une autre liqueur ou folution detain que le Doéleur Calïius nfa apprife,qui eft encore beaucoup pluscurieule; ce n’eft qu’un elpritfumant; & certes cet elprita quelque cbole de merveilleux ; comme il m’eft arrivé de faire très-fouvent cette operation, je veux la mettreici.
XIX.\ EXPERIENCE.
Quoique cette operation ne fe falfe point avec de 1’or, elle peut cependant être utile: en voicile procédé. Premiérement, on fait a la maniere ordinaire un amalgame de trois parties d’étain d’Angleterre avec cinq parties de mercure vif; on triture cet amalgame autant qu’il eft polfible avec un poids égal de mercure fublimé ; on in- corpore bien ces matieres, après quoi on met ce mélange dans une cornue de verre au bain de lable,& on 1’expole au feu, après y avoir trés étroi- tement lutté un récipient dont on tient le ventre dans de l’eau froide. On commence par donner un feu doux; on le rend enfuite plus fort; alors il pafte une liqueur claire ; cette liqueur eftbien- tótfuiviede certains elprits qui s’élevent avec tant
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de violence qu’il y a lieu d’en être étonné: lorf- qu’on s’appergoit qu’il commence a fe fublimer quelque chofe du fel, on celfe le feu & on lailfe réfroidir le tout.
Lorlque tout eft réfroidi, on délutele recipient & 1’on vuide promptement 1’elprit qui fe trouve dedans , dans un vale très-bien bouché. Lorlque eet efpriteft expofé a fair, il commence a fumer fortement & ne celfe pas jufqu’a ce qu’il foit en- tiérement évaporé. Quand on prépare eet efpric fumant, il faut bien faire attention qu’on ne doit pas fe fervir de vafeou d’inftrument de métal ; il faut que tout fe fafte avec des vaifteaux de terre oii de grès; faute d’avoir pris cette precaution, l’o-^ pération m’a manqué plufieurs fois; & je voulois y renoncer, lorlque je me rappellai que j’avois fait mon amalgame dans une cuillere de fer , ce qui paroit de peu de conlequence; cela fut pour- tant la caufe de ce que je ne réuftis pas ; je me fervis une autre fois d’un vailfeau de terre, tout alia bien, & ne manqua jamais de réuftir depuis»
Cet efprit fumant précipite 1’ordansla plus belle & ia plus vive rougeur, quand on s’en fertluivant le procédé que j’ai dit ci-delfus, au lieu de la folu- tion d’étain. Le Dodeur Calfius m’a dit la-delfus, que li on mêle cet efprit fumant avec une chauX d or, & qu’on le retire enfuite paria diftillation,
1 or paffe aufti fous la forme d’une belle réline rouge comme *du fang, qui auffi-töt qu’on 1’ex- pofe a la chaleur, devient liquide comme de
SINE VESTE. jor l’huile , mais fe durcit au froid comrne les autres refines ; & quefi j’en mettois fieuiement quelques gouttes dans un verre plein d’eau , 1’eau fie chan- geroit en une pierre lemblabie au criftal; mais je n’ai pas encore porté mes recherches fi loin, j’ai fieuiement éprouvé ce qui fiuit.
XX. EXPERIENCE.
Une perlonne me pria de lui apprendre a prépa-* rer del’elprit fumant; je n’avois pas rrop d’envie de lui montrer ce fiecret; je voulois 1’en dégou- ter fous prétexte de la dépenfie qu’il falloit faire pour yréuffir ; comrne elle me prelfioic toujours& que je ne pouvois pas refufier; je joignis pour la valeur de deux ducats d’or en feuilles avec quaere onces du mélange fiufidit; je crus que ceia ne nuiroitpas a l’opération; mais au lieu de 1’efprit fumant que je m’attendois a avoir, je n’obtins abfiolument rien ; perfionne n’enfut plus faché que moi qui ne pouvois deviner la caule de cette perte; je remarquai cependant, après avoir cafte la cor- nue , qu’il setoit attaché au col par-ci par-la, quelques belles fleurs couleur de pourpre, & je trouvai un peu de fublimé de la même couleur au- deflus du caput mortuum : j’étois alors en voyage , & Popération setant faite dans un autre labora- toire quele mien, je ne pus paspoufler 1’expérience plus loin ; je fus done obligé d’abandonner a queique autre le fioin de continuer 1’examen dela
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chofe. Quant a ce qui concerne ce que le Doc- teurCalfiusm’avoitditdelacoagulation de 1’eauj je ne regarde pas la chofe comme impofllble , cac il m’eft arrivé ce que je vais raconter.
XXL EXPERIENCE.
Je m’étois férieufement applique ci-devant a chercher le moyen de pouvoir meurir les perles , maturatio perlarum , &. j’avois imaginé que i’efpric fumant pouvoity contribuer beaucoup: je fis done avec un de mes meilleurs amis de l’eiprit fumant, & nous voulions mettre dedans une perle non-müre. Comme nous n’avions point dans ce moment une bouteille nétoyée & propre ; pour épargner le terns, nous ne voulümes point en envoyer cher¬cher , &. nous en fimes rinfer une; il refta, comme ïl atoujours coutume d’arriver, quelques petites gouttes d’eau attachées ca & ia aux parois du verre; nous lavames aufll la perle , & il y reftaquelque humidité ; enfin nous jettames la perle dans la liqueur; nous vimes dans le fond du verre quel¬ques parties d’eau qui s’y étoient dépoiees ; nous n’y fimes point attention ; & fans rien craindre, nous verfames defius de 1’efprit fumant; nous 1’y laifiames un peu de terns , e’eft-a-dire preique uneheure, après avoir bien fermé le vaifleau; Sc nous nous en aliames. Nous voulümes après cela remuer la bouteille; mais notre perle s’étoit atta- chée fortement & ne remuoit pas; nous nous
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tegardames 1’uni’autrö, ne faclwnt ce que cela Vouloit dire. Je pris enfin une plume aveclaquelle je crus pouvoir détacher la perle , mais cela fut inutile ; dans la mauvaife humeur ou j’étois, je pris un outil de fer qui fe trouva fous ma main , Sc je voulus m’en fervir; il arriva que la perle s’étoit en peu detems fifortement attachée, que je fus obligé de caflerle verre avant d’en avoir pu venir about, & notre efprit fumant fut répandu fans que nous pufifions le ramafler a caufe de la promp¬titude avec laquelle il s’évaporat. Je me refou- vins alors de ce qu’un de mes amis d’Hambourg m’avoit écrit, il y avoir environ douze ans. Le Voici: » Une compagnie de gens relpeélables fe » trouva aflemblée dans une auberge ; c’étoienc >> tous gens curieux. Ils converfoient enfemble fur » dififérens fujets, lorfquil arriva un homme in- » connu qui fe joignit a eux & fit la converfation > » un moment après , il demanda un verre plein. »d’eau de fontaine fraiche qu’on lui apporta. Il » déboutonna fon habit ; il ouvrit la fente de fa » chemilè ; on remarqua qu il portoit fur la peau » une efpéce de large ceinture a laquelle étoienc » attachées piufieurs petites bourfes ; il en ouvric » une ; il en tira un peu d’une drogue & la jetta »dansle verre ; il s’en alia enfuite lans qu’on s’en » appercüt, & on ne put fcavoir ce qu’il étoit de- » venu : ón examina ce qui étoit dans le verre, & » ón trouva que c’étoit du criftal & fi dur qu’on » en fut étonné ». On n’a jamais pü fcavoir quel
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étoic eet hommièSc CQ qu il étoit devenu : pour moi, je ne doute pas que 1’efprit fumant ne puilfe coaguler Peau; & voici fur cela ce que je puis attefter avoir vü de mes yeux.
XXII. EXPERIENCE.
Un Garcon qui travailloit dans mon lab o ra- toire Sc que j’avois chargé de nettoyer le recipient danslequel j’avois fait diftiller de Pelprit fumant, jetta dans ce recipient une aftez grande quantité d’eau, dans le delTein de le rinfer ; mais il revint a moi dans le moment pour me montrer ce qui étoit arrivé , Sc fe piaindre que 1’eau qu’il avoit verfée dans le récipent étoit devenue une efpéce de fel coagulé ; d’ou je conclus que ce n’eft pas une chofe fi difficile de coaguler Peau; il y au* roit plufieurs expériences a faire pour cela; mais ilnefaut pas tropnous éloigner de notrefujet.
XXIII. EXPERIENCE.
On prend de 1’elprit de vitriol bien reélifié; on verfe deffus, une quantité égale d’eau falée ; on fait enfuite évaporer ce mélange ; il refte au fond du vafe un gateau , blanc , aigre-falé qui tombe très-facilement en diliquium ; on prend enfuite du crocus d’orqui s’eft dépofé au fond de 1’eau rouge dont nous avons parlé plus haut; on le triture a-vec
ce fel duplicaten tant & fi long-tems que Pon peut;
enfin *
SINE VESTE. yoy enfin, jufqu’a ceque cfrfel, qui par lui-même eft blanc , acquiere une couleur violette ; on le met enfuite a chaufer dans un vafe de terre qui puiffe réfifter au feu, & il fe liquéfie très-promptement; quand il eft liquéfié, on le décante ; alors il a une fi belle couleur rouge incarnate qu’elle fait grand plaifir a voir: on pile ce fel ainfi coloré dans un mortier de verre , & on verfe deffus un efprit de vin tartarife; on le laifle un peu de terns en digeftion , & on en extrait par-la un beau rouge couleur de fang; les fels reftent blancs au fond.
Je fis cette experience en procédant comme je viens de dire , excepté qu’au lieu de fel dupli¬catin'» j’employai du fel admirabile de Glauber ; mais je remarquai , après 1’avoir fondu, qu il n’étoit pas fi beau qu’en fe fervant du fel duplicatum; il étoit d’une couleur noiratre & ne promettoit point un heureux fuccès. Effeélivement, j’éprou- vai que 1’efprit de vin dont je 1’arrofai, ne vouloit point agir deffus ; ce qui rendit le travail inu le.
Je veux mettr'e ici un procédé du Doóleur Caf- fiusparlequei on apprendra a faire ufage d’une dif- folution d’argent avec de 1’eau-forte ou de 1’efpric de nitre; il veut qu’on 1’évapore jufqu’a pellicule; qu’après 1’avoir fait criflallifer, on diffoude les criftaux dans le vinaigre diftillé ; qu’on criftallife de nouveau ; qu’on mêle ces criftaux avec 1’ex- traélion d’or rapportée ci-deffus ; enfin qu’on tienneletout endigeftion; ce quidonnera, dit- il, un bon produit vid particulari j mais j’ai peine
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a prendre confiance en ^jette operation.
Je la regarde avec railon comme une teinture d’or : & je croirai facilement que cette teinture eft très-déliée & meilleure que celleque Ton fait avec la folution d’or Jme Jïreïitu, fi 1’on verfe delfus de i’efprit de vin,& qu’il lè teigne en jaune auffitót. Maïs 1’ory eft encore trop corporel ; cependant j’admettrai lans peine un fait qui m’a été raconté a Vienne par une perfonne du premier ordre; il étoit arrivé a un Comte.
» Ce Seigneur n’avoiteu pendant toute la vie » que lort peu de fanté, Sc perfonne n’en fqavoit » la raifon & ne connoiflóit fa maladie. Un Chy- » mifte qui prétendoit n’ignorer de rien, s’offrit a » rétablir entiérement ie pauvre malade avec i’aide » de Dieü Sc par le moyen d’une teinture d’or , » qu’il difoit être le fruit de fon habileté dans » 1’Art. Avec cette teinture , ( qui n’étoit autre » cholè qu’un elprit de vin coloré , femblable a » celui dont nous venons deparler), peut-être » auroit-ii reuffi, fi le reméde avoit été auffi ex- » cellent que la foi Sc la confiance du maiade D étoient grandes. Ce mauvais Chymifte donna » de la prétendue’teinture d’or, lans confidérer » le mal qu’elle pouvoit caufer au malade, qui en » mourut en peu de jours. Les parens furent cu- » rieux de fqavoir quelle avoit été la caufe » d’une maladie aflez opiniatre pour refifter al’ad- » mirable or potable ; après avoir tenu conlèil ? ils firent ouvrir le corps du deffunt; Sc comme
SINE. VESTE. 507 s> cntre-autres parties, on vifitoit aufti l’eftomac, » on y trouva un petit morceau d’or qui, ( comme » on peut le conjeélurer) n’étoitpas d’une couleur » auffi vive que i’or ordinaire ; quoiqu'il ne fat » pas douteux que ce n en fut: mais ce qui eft » bien furprenant, c’eftqu’il paroiffoit comme s’il » eüt été fondu & réuni ; on eüt alors des preu- » ves de la vertutant vantée de i’or potable ».
Je pourrois rapporterplufieurstraits fembiables, ft je ne craignois d’abufer d’tfn terns prétieux; il eft done plus difficile qu’on ne fe l’imagine d’ot^enir une vraie teinture d’or. Les Anciens croyentim- poftible de 1’obtenir fans undiflolvant univerfei;je fuis dc leur opinion Cur ce point. J’ajoutefeulement que 1’or eft un corps dur qui ne peut être difldut par aucun efprit fans le fècours foit dufel ammoniac, foit du fel animal, foit du fel commun. Le célébre Docleur Volkamer,Medecin & Phyficien de Nu-remberg & Membre de 1’Académie des Curieux de la nature , a trouvé une maniere finguliere de décompofer le nitre &d’en féparer 1’efprit, 1’eau, le fel & une terre blanche comme la ncige ; eet efprit de nitre , après avoir été préparé & aiguife de cette maniere par fon fel, effen état de dillou- dre 1’or; je 1’ai vu moi-même & 1’aiéprouvé plu- ileursfois. Mais pour ne pas allongerdavantage cette digreffion, je remets a traiter cette matiere en fon lieu, & je retourne a ma precipitation d’or,
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XXIV. EXPERIENCE.
Je pris un verre plein d’efprit de vin; je mis dedans quelques goutes de eet efprit de vin jaune que donne la folution de 1’or d mtonatant de fois parlé ci-defl'us ; après avoir bk n mêié letout, j’y ajoütai en morceau d’étain que j’y laiflai jufqu’a ce que la liqueur devint d’un beau rouge; letout refta dans eet état encore une fois aufli lon^-tems; il ne fe précipita rien , & le mélange demeura toujours d’un beau Rouge , a. 1’exceptiotl de quelques peu de fédiment noir qui tomboient au fond. Ayant obfervé que plus jelaiflcis cetef- prit, plus il devenoit beau, j en eus beaucoup de joye; je le laiflai long-tems, paree que je fis un voiage; & quoique mon abfence dut être d’un mois, ’étois perluadé que je le retrouverois rouge; mais a mon retour , lorfque je vins a jetter les yeux deflus , je vis qu’il étoit devenu clair & que le rouge s’étoit dépofé au fond de 1’efprit de vin, comme il avoir fait dans 1’eau; j’eus encore lieu d’obierver que la couleur rouge qui s’étoit dépofée au fond de 1’eau en forme de chaux , s’étoit dé¬pofée dans 1'efprit de vin lous celle d’un mucilage. Il eft certain que plus long-tems on veut laifler
/ cette couleur dans 1’efprit de vin , plus il fautque
eet efnrit foit reélifié. Une perfonne de ma con- noiflance qui avoir fait aveemoices recherches, m’a raconté que 1’eau dans laquelle la couleur
SINE VESTE. jo? rouge, s’étoit une iois dépofée, redevenoit d’elle- mênae toute rouge avec le terns. Il ne m’eft jamais arrivé de voir ce phénomene, & 1’eau m’eft reftée toujours blanche.
XXV. EXPERIENCE.
Ayant un jour fait une bonne provifion d’eau- forte précipitée deuxfois, la premiere par 1’ar¬gent , la feconde , par de 1’eau defel, ou pour parler plus jufte , ayant préparé de 1’eau régale ; je fis dift'oudre toutes fortes de rnétaux dans cette eau , du moins tous ceux qui pouvoient s’y diifou- dre ; je m’en lervis pour la diilblution de 1’etain , comme pour celle de 1’or; mais je n’en pus rien tirer qui en vallüt la peine , jufqu’a ce que 1’ayant employée fur le mercure , je trouval que , lorfqu’il eft diftous & mis en ufage de la même maniere que la folution detain , il precipite 1’or dans la plus vive couleur rouge & la rend plus belle , plus éclattante & plus parfaite que letain ne le fait: je m’imagine done qu’ace rouge précipité parle mercure , il fe joint quelque chofe d’un autre rouge qui eft particulier au mercure; carj’ai obfervé qu’en trempant une plume, un morceau de bois ou queiqu’autre chofe dans la folution de mercure , tout prend en fe- chant, un aufti beau rougeque fi onl’avoit trempé dans la folution de for; ce qui ne me laifle au- cun doute , comme je i’ai déja dit, que , dans i’o-
pération dont il s’agit, il n’y ait un peu du rouge qui vienne du mercure. Chacun en croira ce qu il voudra ; ce qu’il y a de certain, c’eft que ce cro¬cus d’or forme un très-beau pourpre comme je 1’ai dit ci-deflus. Mais on ne peut le faire pafter a la diftillation comme le crocus d’or dont j’ai parlé plus haut; il faut pour cela le meier avec du fïux, ce qui en concentre la couleur. Mon plus grand amufement étoit autrefois de m’occuper de la couleur pourpre ; en voici une que je veux met- treici.
XXVI. EXPERIENCE.
Je préparai un fel de tartre extemporaneum t comme a 1’ordinaire , en faifant allumer & dé- tonner enfembie dans un creufet le nitre & le fel de tartre en égale portion ; je les portai enfuite a la cave pour faire tomber le mélange en déli- quium. Je me fèrvis de cette liqueur pour pré- cipiter nne foliation d’or, au lieu d’y employer de 1’huile de tartre; la precipitation fe fit fort bien • ayant mêlé leprécipité avec des fleurs de foufre & fait rougir le tout au feu , j’obtins une chaux qui donna un fi beau pourpre d’or pour peindre , quej’en fuis encore tout émerveillé. Le liquor crifta'ilorum produit la mêmechofe; mais la cou¬leur del’un eft plus belie que celle de 1’autre.
Je crois que le nitre, particuliérement lorfqu’ii
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eft fixe, contribue a cec effet & que Ia couleur en eft réhauftee ; mais j’abandonne ceia au jugement d’un chacun. Je me louviens cepen- dant d’avoir vu unpholphore qui étoit tout-a-fait mficiiagineux; &(commej’ai raifion de ie croire a préfent que fen connois la preparation) ce mu¬cilage devoit être aflezfort pour changer 1’or lui- même en un corpsmucilagineux d’un beau rouge; maisy avoit ilia dunitre ? N’eft-on pas oblige de dire qu’il n’y en avoit point; & ne peut-on pas mettre ici en queftion, fi la propriété de diviler i’or, qa’ale fel ammoniac , lorlqu’ii eft diftout dans l ean forte , nevient point uniquement d’un peu de lei urineux qu’il contient ? Jenedoutepas qu’on ne prenne 1’affirmative la-deftus , & qu’on nepuift'e trouverdans Purine un femblable dilfol- vant; car celt pour ainfi-dire du fel commun changé en lei ammoniac : il eft fibre a chacun de le croire ou nonjje parle icilurmesexpériences,& je ne veux dilputer avec perfo.nne ; car jefcais que les hommes ne le trompent en rien aufti aifément que dans la preparation de la teinture de 1’or: plufieurs tiennent un diffolvant coloré & un au- rum putabile,XLn or pretend ;,pour un aurumpotabile, de 1’or potable; combien n’y a-t il pas de gens qui font Pextrait de la chaux d or avec de 1’elprit de mieldc qui difent que, lor.quecet efprit de miel a refté long-terns danscet état, il le change de luf même en un beau rouge 1 J’ai connu un Brüleur de charbon , dontjene veux pas direle nom , qui
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vendoit un dilfolvant fort cher, affurant que c’é- toit le vrai dilfolvant univerfel. Aufli-tót qu’il en verfoit des gouttes fur quelque chofe que ce fut, cctte chofe en peu de tems devenoit d’un beau rouge ; iln’importoit fur quelle chofe il les versat; 1’effet ne manquoit jamais. Ce qui me donnar du foupcon fur fon operation, ce fut de voir que tant deteintures différentesnecommuniqualfent jamais au diflolvant que la même couleur: carjepenlois que 1’une auroit du faire du rouge, 1’autre du verd, 1’autre du bleu, &c. Je dis a ce Charlatan que peut-être fon prétendu dilfolvant s’étoit ainfi co- loré Iui-même : il me répondit que les foufres dif- fouts, (car les foufres, difoit-il, étoient auffi des teintures ) étoienttous de même nature avant que de prendre une forme, & que par conféquent ils •devoient par le moyen de fon excellente & ve¬ritable extraction, n’avoir qu’une feule & même couleur. Mais après avoir bien examine , je dé- couvrisque ce diflolvant univerfel tant vanté n’é- toitqu’un pur & vrai elprit de fuie, fpiritus fuliginis, qui devenoit rouge de lui-même, peilde tems après avoir été en repos. J’ai éprouvéque tous les efprits acides, quels qu’ils foient , comme les efprits des bois, de la mane , de la rofée de Mai Sc de 1’eau de pluye produifoient le même effet. C’eft pourquoi il eft a propos de biên examiner, avant que d’entreprendre quelque chofe d’utile, le dilfolvant dont on fe fert. Mais pour éviter la prolixité Sc finir promptement ce difcours,je cher- ■ cherai
SINE VESTE. yr? cherai en peu de mots sJil eft certain que lebeau rouge foie produit particuliérement par 1’or, ou fi les fels ne pourroient pas y contribuer en quelque chofe. Ce pourpre d’or dont j’ai fouvent parlé & dont les Orfévres ont coutume defe fervir pour peindre en émail, m’engage dans eet examen; on en connoit affez la preparation; il n’eft pas néceflaire de la repéterici : cependant il eft bon de dire que e’eft un or fulminant , lorfqu’après avoir été diffout par 1’eau-régale , on 1’a précipité avec i’huile detartre par defaillance : chacun fcait quelle détonation épouventable il produit, quand il eft mis fur le feu. Mais j’eus moi-meme lieu d'être bien furpris un jour : ayant précipité une alfez grande quantité d’or, c’efl-a-dire, a peu prés pour la valeur de huit ducats, dans le deffein de faire plufieurs expériences, je fbrtis après avoir mis cet or dans un mortier de jafpe feuiement fur unpoële, pour le faire fécher: quand je revins a la maifon , je trouvai que la matiere étoit encore toute enfemble & en grumeaux : ne croyant pas qu’elle dut jamais fulminer, je l’otai de deffus le poële, & je travaillai avec un pilonde jafpe , a en écrafer les grumeaux; quel coup ne fit-elle pas en¬tendre ? On auroic cru que toute la maifon étoit renverfée de fond en comble: le mortier qui m’a- voit coüté très-cher, fut brifé en tant de mor- ceaux qu’on nepouvoitles compter : 1’or fulmi¬nant me fauta dans les yeux , & j’eus la mêmc fenfatjon que fi 1’on m’avoit tiré au vifage un fu-
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fil chargé de fable , fans cependant être blefie. Je conclus de-la que 1’agitation feule fuffifoit pour allumer eet or. On peut voir un autre exemple de ce phénomene dans les obfervations fur les expe¬riences de R. Lulle ; je me difpenfe de le rappor- terpour abreger. Pour revenir a mon propos qui eft de fcavoir fi les fels contribuent a la couleur rouge , voici les obfervations que j’ai faites.
XXVII. EXPERIENCE.
Quand je veux fcavoir li mon pourpre d’or /era beau j’en prends un peu , & avant que de le mêler a des fondansqe i’approche d’une lumiere ou d’une bougie ; plus il fait de bruit en fulminant avec éclat & plus je juge qu’il deviendra beau; on ne- peut done pas difconvenir qu’il n’y ait quelques parties de /él! Je voudroispourtant m’en convain- cre encore mieux; mais comment faire pourcela: je crois en attendant, que la couleur intérieure de for doit être rouge ; car fi cela n’étoit pas , il s’enfuivroit néceffairement que lorfque je diiïbusj du cuivre ou un autre métal dans 1’eau-regale,(cette eau les attaque tous volontiers ) elle devroit non- feulement teindre fur le champ cette difiolution, mais encore donner du rouge, de mêmequ’elle en donne,lorfque je fais ce procédé avec 1’or & la dis¬solution d’étain.
Mais -afin de ne pas être trop long, j’abandonne ces difeuffions , pour rapporter les expériences
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que j’ai tentées pour contrefaire des r.ibis, avec toutce qui concerne leur preparation.
Les anciens regardoient comme on fecret fort rare la maniere de colorer le verre en beau rouge; ils Croyoient impoffible d’y parvenir lans une fd- lution radicale de for ; je ne veux point rapporter routes les folies 8c toutes les opérations extrava- gantes auxquelles cette idee a donné lieu ; il vaut mieux fe taire que de perdre le terns a raconter ce qu’il eft inutile de fcavoir; apprenons plutoc a chacun la maniere de faire un verre rouge 8c des rubis fadtices. D’abord il eft vrai que la ma- gnéfie fublimée plufieurs fois avec du fel ammo¬niac , bien édulcorée enfuite & mêlee avec une frite de criftal donne un verre rouge.Pareillement, lorfqu’oma précipité avec le mercure une extrac¬tion d’émeril rouge ( fuivant Béguin ) & qu’on 1’a mêlée avec une frite, on obtient un verre rou¬ge ; mais ce rouge eft auffi différent de celui du rubis que 1’écarlate 1’eft du cratnoifi.
On ne peut nier, car c’eft un fait connu de tout le monde,queleDoéteur Caffiusn’ait obtenu un beau rubis par le procédé que nous venons d’expofer, & qu’il n’ait communique plufieurs föis cette méthode pour de 1’argent. On peut voir de fes rubis en plufieurs endroits & entr’autres a Freyfmgen ou il en a diftribué quantité ; mais il te- noit fon fecret fort caché. Jen ai fait moi-meme plufieurs de la meme maniere;elle m’a quelque fois réuffi, 8c mes pierres font venues fort belles; d’au-
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tres fois je les ai manquées. J’ai tenté differentes experiences fur cette matiere, que je ne ferai pas difficulté de rapporter ici.
Effc-il bien vrai, comme les anciens 1’ont pré- tendu, que, fans une vraie deftruófion de for par la diftolution, on ne puilfe donner au verre une couleur lemblable a celle du rubis 1 Si cela eft ainfi, je fuis für de pofteder le fecret de la diffo- lution radicale de 1’or, car je fcais par le moyen de cette diftolution faire des rubis, 8c 1’on ne peut me le difputer. Il eft très-certain que fans 1’or ii eft impoffible de contrefaire les rubis ou de don¬ner au verre la vraie couleur pourpre ; ceux qul font dans le cas de peindre le verre ou de forcer des couleurs dans les émaux , n’ont point d’autre pourpre que celui qui fe tire de 1’or; aurffi ne réuf fit-on point dans ces talens qu’on ne fcache bien la maniere de travailler 1’or. Le f^avant Artifte en verre Jean Kunckel fe vante du contraire ; il allure qu’il a la méthode de préparer un beau ver¬re rouge, couleur de rubis, fans employer for. Je ne veux pas le contredire; mais je ne peux m imaginer que ce verre foit d’un beau rouge 8c véritablement pourpre; & fi je n’étois pas perfuadé que Kunckel f^ait parfaitement diftinguer les co'u- leurs, je ne pourrois le croire. Je ne veux pas le contredire ,• peut-être fon pourpre ne vient-il pas d’un or corporel, mais feulement d’un foufre do- ré , 8cc. Je laifte la chofe pour ce qu’elle eft , 8c j’elpere qu’au plutót j’aurai un peu de ce verre;
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car j’avoue que je meurs d’envie d’en voir; mon impatience eft d’autant plus grande , que je fcais que Kunckel eft homme tres - verfé dans 1’Art de faire des verres. Mais fans m’arrêter plus long- terns fur ceci; je vais pafler a quelque cholè de merveilieux qui me vient d’un certain lieu com- me une grande expérience , & je veux en faire juge Kunckel qui entend ft bien la maniere de preparer des verres & des rubis : car je ne doute pas que ce petit traité ne lui tombe entre les mains.
Voici ce que 1’on m’a mandé.
Le Profefleur Kirchmayer [ je ne le connois pas, maisj’ai vuun Traité avecun Baron deRatisbonne ftgnédefon nom & muni de fon cachet J com- muniqua a ce Baron le procédé fuivant, pour lui apprendre a faire un vin d’Elpagne, d’un vin com- mun de Baviere.
i°. On prend du caillou ou un beaucriftal bien pur; on le fait rougir au feu; on 1’éteint dans 1’eau, & on réïtére la meme chofe , jufqu’a ce qu’il foit devenu friable; on le réduit enfuite en une poudre très-fubtile ; on prend de ce criftal & de fel de tartre bien pur autant de i’un que de i’autre ; on fait fondre le tout, & on le porte a la cave pour qu’il tombe en deliquium.
2°. On prend d’antimoine une partie , de cloux de fer une partie, de faipetre & de tartre autant de 1’un que de 1’autre ad pondus omnium ; on fait fondre ce melange pour avoir un régule; on fépare ce régule de fes fcories; on réiend ce
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régule avec du nitre trois fois de fuite, c’eft-a-diré, a trois differences reprifes; alors il eft tout pré¬paré.
3°. On diffout de i’or dans 1’eau-régale ; on le précipite avec le liquor filicum ou criftallorum men- tioné ci-deffus , & on édulcore la chaux. On faic enfuite liquéfierle régule d’antimoine qu’on vient de préparer,& on y met un peu de chaux d’or; on prétend que le melange devient rouge & aftez tranfparent; alors lateinture eft toute laite , & le rubis joiuble ( comme il 1’appelie ) eft préparé. On le mêle avec du verre , & il lui donne une belle couleur de rubis , &c.
J’ai rapporté ceci en peu de mots , cepenfi dant fans rien omettre du procédé.
Je ne puis m’imaginer qu’un homme, pour peu qu’il foit verfé dans les travaux Chymiques5croye que ia cbofe puifte réuftir: car prefcrire ce procédé eft-ce dire autre chofe que ce qui fuiti Quonprenne de l’or fulminant & quon le mêle avec du régule d’ antimoine bien purifié, &c. Ce procédé donnera une poudre rouge , &c. Qui eft-ce qui ne riroit pas ? Qui eft-ce qui croira que Tor fulminant puifte être fait avec le liquor criftallorum. Dites- moi, de quoi le liquor criftallorum eft-il particu- liérement compofé ; de quoi participe-t’ilieplus? N’eft-ce pas du fel de tartre ? Oui certes. Si on avoit fait un liquor criftallorum avec le nitre, je pourrois bien croireque le nitre fixé auroit donné unprécipité ouune chaux d’une autre couleur,
SINE VESTE. r 'pp telle que la couleur d’ocre, car je 1’ai éprouvé. J’avois un jour laiHe tomber en deliquium dans la caveun fel de tartre extemporaneum ( comme on Ie nomme ) pour en compofer une liqueur ; c’eft-a- dire que j’avois fait détonner parties égales de nitre & de tartre ; je mis enfuite fur une partie de la folution d’or, trois fois autant d’eau, & j’en fis la precipitation avec cette liqueur, paree que je n’avois point d’huile de tartre fous ma main ; il tomba au fond une chaux d’un beau violet qui me fervit très-bien pour un pourpre d’or. Cependant je ne pus point 1’employer a colorer le verre, avec quelque adreffe & quelque precaution que je m’y prille. Que ceci foit dit pour répondre au premier chef.
Secondement,le Profelfeur Kirchmayer enfei- gne a faire un régule üantimo'me qui eft même un régule martial qu’il a foin de purifier enfuite plu- fieurs fois avec le nitre; il met dans ce régule une chaux qu’il a précipitée par le liquor [ilicum ; après avoir donné le procédé, il ajoüte que le melange deviendra rouge, & qu’il fe diffoudra d’abord a 1’air; que e’eft pour cela qu’il faut bien le garder, & il 1’appelle par la même raifon rwZ'zj foluble. L’Auteur de ce procédé devroit bien me dire pourquoi ce mélange fe diffout auflj aifément a 1’air que les fels, Sc s’il a jamais fait i’opération de fondre & purifier 1’or par i’antimoinel S’il pré- tendoit cela, ne fe moqueroit-on pas de lui, & n’auroit-il pas lieu lui-même de s’étonner de fa
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fimplicité ? Ou a-t-on jamais vu qu’un métal fe dilloude a 1’air ? qu’eft-ce autre chofe que tout ce produit, finon un régule d’or ? quand même on y mettroit encore une fois plus de chaux d’or, & qu’on mêleroit bien exaélement le tout enftm- ble; 1’antimoine ne feroit autre chofe qu’abfor- ber i’or & s’en emparer; car fi on en fépare 1’an¬timoine, illailTe Tor en un corps. Le régule d’an- timoine eftil autre chofe que le plus pur & le plus bei antimoine ? & quand il auroit éré mêlé avec du fer, il quitteroit le fer dès qu’on le poulTeroic au feu. Jecrois que ce procédé a été co- pié de Glauber , Sc que le Doéleur Kirchmayer y a feuiement changé quelque chofe.
Glauber en enfeignant ( fi je m’en fouviens bien ) la méthode de faire un régule fimple d’an- timoine , dit qu’il faut le fondre plus d’une fois avec la chaux d’or, Sc qu’alors on obtiendra une couleur rouge ; je le creirai fans peine, mais ce fera après le fuccès. Je répondrois bien qu’il n’au- ra lieu que fous une de ces conftellations favo- rables aux Charlatans & a leurs procédés men* fongers. C’eft pourquoi, mon cher Profeffeur , foyez mieux fur vos gardes une autre fois; ne croyez pas tout ce que 1’on vous prefcrit, Sc foyez plus réfervé a le communiquer a d’autres comme quelque chofe de certain, afin qu’il ne vous arrive pas ce qui eft arrivé dans une cour a une perfonne connue Sc que vous connoiffez bien, a 1’occafion d’un pholphore.
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Je h’aï pas voulu laifler palier ce Iait fous li- lence, afin que 1’on fcache a quoi s’en tenir, & que Ton connoiffe ceux a qui 1’on peut ajouter foi; mais il feroit inutile de s’arrêter la-deffus plus long-tems ; & pour revenir a la briéveté que j’ai affeótée dans ce petit T^ité , je vais expolèr en peu de mots ce qui m’eft arrivé dans la pre¬paration des rubis, en fuivant mon procédé ac- coutumé & ce a quoi il faut donner attention; j’ai ci-devant traité affez au long de la precipita¬tion rouge de 1’or, & expofé aflez clairement les experiences qui la concernent, je crois done inu¬tile d’y revenir ici.
XXVIIL EXPERIENCE.
Je prens une partie de cailloux bien calcinés, un quart de lalpêtre, du lel de tartre & du borax autant que de lalpêtre ; je réduis le tout enfemble en une poudre la plus fubtile qu il elt pollible 5 je jette ce mélange dans 1’eau rouge ou s’eft faite la precipitation de 1’or; je laiffe le tout furie feu 1’un avec 1’autre, jufqu’a ce qu il foit entiére- ment évaporé; je broye le réfidu tout au plus menu, & je le tiens bien enfermé dans une bou- teille. Ceci eft une teinture bien différente de celle de Monfieur Kirchmayer ; & il y a lieu de craindrequ’elle ne tombe en déliquium a fair.
Lorfque je veux faire le flux, e’eft a-dire, for¬mer les rubis, je prends deux petits creufets; je
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ƒ22 S O'• L
mets la matiere rouge fufdite dans 1’un, & dans 1’autre une belle fritte de criftal, en un fourneau proprea cela ; quand tous deux font entrés en fu- fton , j’obferve d’abord dans quel creufet eft le rouge , & j’en retire un peu; je le mets a 1’air & je le laifleréfroidir; &iors il paroit blanc; je remets arougir, & j’examine quelle en eft la couleur; ft elle eft trop vive ou trop foible. Si elle eft trop rouge , je remets de rechef dedans un peu du criftal fondu. Je laifle ie melange fe fondre, & fe lier exaéfement; après quoi j’en fais 1’épreuve comme auparavant, ce que je continue jufqu’a. ce que je fois content de la couleur.
Lorfque je tentai cette opération pour ia pre¬miere fois; le Doéleur Caflius ne m’ayant poinc dit que d’abord la matiere rouge feroit blanche , je fus défefpéré, & je crus avoir perdu toutes mes peines. J’abandonnai cette recherche, & je fus long-tems fans y travailler; pendant ce tems je m’exercai a la preparation des beaux verres, en fa^on de porcelaine. J’obfervai cependant que quand je les regardois au fortir du premier feu, ils étoient de la couleur du criftal; inais qu’aufft-tót qu’onles avoitchauffés derechef. [Ce que les faifeurs de verre appellent recuire ] ils pré- noient la couleur déftrée ; je voulus éprouver s’il n’en feroit pas de même du rubis faélice ; plus j’avois été affligé d’avoir manqué au premier eilaï > plus je fus réjoui de réuftir dans celui-ci; je m’af* furai toute fois que la chofe ne réufftlfoitpas tou-
SINE VESTE. jours, & j’obfervai que les fels qui étoient dam 1'eau ou s’eft faite la precipitation y contribuoient beaucoup. Quelquefois le verre prenoit un en- duit jaunatre & quelquesfois une croüte ou peau bleuatre; & je penfai pouvoir en conclure que les fels étoient la caufe de to us ces changemens, comme je 1’ai déja dit. Je laiffai done 1’eau fe cla¬rifier Sc ne me déterminai a me fervir du précipité ou du crocus d’or qu’aprèsque les fels en feroient édulcorés.
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XXIX. EXPERIENCE.
Après avoir conduit ainfi mon operation , j’ef- timai qu’il ne devoit plus refter de parties de Cel; Sc après avoir fnêlé le tout exaélement, je n’eus aucune inquietude qu’il me revint autre ebofe qu’un rubis faéfice plutót trop-vif en couleur que trop foible ; je fis bon feu dans un bon fourneau a vent, Sc comme je remarquois que tout entroit bien en fufion, je fus curieux de voir ce que c’étoit, & je trouvai a la verité un beau verre de criftal; jele laiffai réfroidir, Sc je lefis de nouveau chauffer jufqu’a ce qu’il devint rouge, comme j’a- vois procédé auparavant; maïs il ne prit pointcette couleur. Je ne f^avois plus comment je devois m’y prendre, lorfque je remarquai que mon or s’étoit réduit au fond ducreufet, c’eft-a-dire, avoit repris fa premiere forme : quel ne fut pas mon étonnement ? Car for eft d’ordinairement tres-
V v v ij
yaq SOL
réfraélaire & trés-difficile a réduire. J’accufaï done encore les fels de eet effet, & j’édulcorai en¬core une fois du mieux quejepus, fans que le verre prit pour cela la couleur du rubis ; Dieu fcait combien de manipulations differentes je mis enufage; je n’en pouvois affiez imaginer & ef-, faier de nouvelles pour réuflir dans mon entre- prife , jufqu’a. cequ’enfin j’entrepris une ebofe fin- guliere que je vais expliquer ici.
XXX. & derniere EXPERIENCE.
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Je fis le raifonnement fuivant. Le crocus d’of donne ün beaü pourpre d’ör pourpeindre en émail; i’or fulminant; mêrne produit eet effet ; quand on 1’a mêlé dans le fondant & qu’on i’a’pilé le plus menu qu’il eftpoffible, il ne fe réduit pas; mais il demeure fbus la forme d’une chaux de couleur pourpre. Veux-t’on le pouffer trop fortement, il fe diffipe dans 1e feu & 1’on n’obtient rien.pil ar¬rive la mêrnechofe , lorfqu’on employe unepor- tion d’or fulminant qui foit prefque tout or, avec trois ou quatre portions du flux ou fondant. Que devientfor 1 Et d’oü nait cette facilité de s’cehap- per & de fe difliper 1 Ce qu’on y ajoüte ri’eft autre chofe que du verre de Venife, [fai coütum.® de m’en fervir aufli"] & la preparation confifte a le piler très-fubtilement; ceci doit y contribuer.
Je prends le crocus d’or qui a été précipité par l’étain; je le mêle avec fix parties de verre de
SINE VESTE. 52;
Venife & le fait piler tres - fin dans un mortier d’agathe, comme on le pratique pour lepourpre d’or a. émailler; je mêle le tout avec ma fritte, & qui eft-ce qui a de plus beaux rubis que moi 1 Je me fiers de cette méthode, quand l’occafion & le terns me le permettent, &jetrouveque c’eft la meilleure maniere; car avec i’eau, ils ne viennent pas toujours beaux.
CONCLUSION.
On peut voir par ce petit Ouvrage , que 1’ex- cellent Artifte Langelott poftede une belle inven¬tion dans fon Tritic. En continuant ces Experien¬ces qui peut être produiront dans la fuitequelque chofe de mieux , je pourrai communiquer au pu¬blic des chofes curieufes, furtout fi je remarque que celles-ci lui foient agréables; mais pour cette fois je m’en tiens a ces XXX Experiences, ne doutant pas que chacun neles employe a fon plus grand profit; du moins telle a été mon intention.
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OUVRAGES
AUXQUELS
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SOL SINE FESTE
D’ORSCHALL
A D O N N É LIE V.
AVERTISSEMENT
DU TRADUCTEUR.
O N a cm que le Leldeur feroit bien aife de trouver a la fuitede la traduftion du Sol Sine Vefte d Orfchall, celle des Critiques ou reponfes auxquelles cct Ouvrage a donne lieu. 11 y en a trois. La premiere a pour titre, Apelles poft tabulam obfervans maculas in foie line vefte , ou Queftions ou i’on examine ft J. C. Orfchall a eu le fecret de décompofer 1’or & de faire le verre de rubis. Cet ouvrage anonyme contient 3 2 pag. in 12 en Allemand ; ce nefl quun tiffu d’in- vettives & de mauvaifes plaifanteries contrc Orfchall, a qui on faitfouvent de véritables querelles d’Allemand, fans dédommager le Letteur par aucun fait qui puijfe intérejfer faruriofité. Après I’avoir bien examine', on riy a rien trouvé qui mêritat d’etre traduit.
Le fecond Ouvrage paroit être de la meme main que
le premier ; il a pour titre Heliofcopium videndi
fine vefte folem Chymicum. Comme ilrenferme des
experiences & desfaits qui peuvent être du gout de tit.
certaines gens, Ton en trouvera id la Traduttion entiere.
Letroifiéme Ouvrage a pour titre Sol SineVefte. L’Auteur ejl un nommé Chriftophe Grummet. On en trouvera la Traduftion par extrait d la fiuite de celle de /’Heiiofcopium.
HELIOSCOPIUM
r 1 D E N D I
SINE VESTE
SOLEM CHYMICUM.
PROCÉDÉ
Su 17 AN T lequel on fit voir d deux grands Princes
l’orjous la couleur du Pubis & enjiiite du Grenat.
C Ommencez par prendre de bon antimoinc d’Hongrie & de bon mercure fublimé, de chacun deux livres; broyez avec foin ces deux matieres > mettez-les dans une retorte proportionnée a leur volume, & la retorte au bain de fable. Il vien- dra d’abord un peu de liqueur ou de flegme que vous óterez ; eniuite une matiere blanche fem- blable a du fuif, qui fe figera promptement 5 c’eft pourquoi il faudra appliquer un charbon allumé au col de la retorte j par ce moyen la matiere fe liquefiera & tombera goutte a goutte dans le recipient; vous réferverez cette liqueur, pout
Xxxij
HELIOSCÖPIUM
vous en fervir comme on va dire.
Prenez de nitre bien pur, de fel ammoniac 8c
d’alun non calciné de cbacun deux livres; mêlez exaétement ces matieres, après Jes avoir tritu- rées avec foin j repartitfez enfuite ce mélange dans fix cornues de verre de moyenne grandeur; luttez les avec foin, de maniere cependant qu’il refte une petite ouverture; vous verrez palfer des vapeurs blanches dans le recipient j vous place¬rez chaque cornue fur un trépied j & vous com- mencerez par donner un feu très-doux qui ne fafle qu’écbauffer la matiere > auffi-töt qu’elle com- mencera a fèntir la chaleur, la liqueur paflera trés- rapidement > lorfqu’il viendra une liqueur blan¬che, vous óterez le feu, fans quoi tous les vaiifeaux feront en danger d’être brifés; toute la matiere montera & paifera par le col de la retorte ; conti- nuez a diftiller jufqu’a ce que vous ayez une li- vre de liqueur que vous mettrez dans un vaifleau de verre; vous y joindrez deux onces de 1’eau mercurielle précédente , & vous boucherez le vaifleau avec de la cire ; vous le placerez enfuite dans un endroit chaud, pendant un jour &. une nuit; ii fe dépofera un fédiment au fond ; faites difiiller cette liqueur jufqu’a ficcité ; ceflez alcrs la diftillation , & remettez deux onces ou deux onces & demie de la premiere eau mercurielle; laifiez encore ce mélange repofer pendant une nuit, & rediilillez de nouveau ; vous réitérerez la même operation avec la premiere liqueur nier-
VI DEND I, Sec.:. 533
curielle, jufgu’a ce qu’elle de vienne rouge com- me du fang; pour lors vocre huile fera au point qu’elle doit être.
Dijfolution de l’Or.
Vous prendrez de cette huile ou liqueur a vo- lonté ; vous y mettrez en folution une once d’or qui ait été purifié trois fois par 1’antimoine ; lorf que cet or {era diifout, mettez en digeftion la fo¬lution dans une chaleur modérée, & lailfez-la dans cet état, pendant un jour & une nuit, dans un vailfeau bien bouché; diftillez enfuite la li¬queur, & reverfez-en de nouvelle; remettez en¬core le melange en digeftion, pendant un jour & une nuit, dans un endroit chaud, comme au- parayant; & rediftillez de nouveau;cohobez& di- gérez ainfi quatre ou cinq fois, le plus fouvent fera le mieux; pour lors vous n’aurez qu’a pouf- fer vivement le feu; 1’or fe fublimera en une cou¬leur rouge comme du fang Sc s’attachera en partie dans le chapiteau & en partie aux parois du vaif feau ; il demeurera au fond une fubftance ou terre jaune & peu compade; ótez ce fédiment *** ; confervez 1’or qui fe fera fublimé, dans un verre bien net; ii ne reiïemblera plus a de for , Sc. fera tres-difficile a réduire.
Precede' de la JMagnéJïe,
Prenez du fel; faites-le bien calciner a un feu de flanimes, fans cependant qu’il entre en fulion;
534 HELIOSCOPIUM
réduifez ce fel en une poudre très-fine ; mettez- le a la cave pour qu’il tombe en déliquium, ou, ce qui vaut encore mieux, dans une veflie de cochon; quand il fera tombé en déliquium, met- tez-le dans une retorte, & le diftillez au bain de fable ; pilez & pulvérifez de nouveau le réfidu , & faites-le dilfoudre dans la liqueur qui fera paf- fée a la diftillation; réitérez la même chole juf- qu’a ce que vous ayez fait palfer tout votre lel, ce qui arrivera au bout de quatre ou cinq fois ; cependant *** ; faites évaporer la liqueur julqu’a moitié, dans de i’eau chaude ou au bain ma¬rie ; mettez enfuite le vailfeau de la cave, dans un baquet rempli d’eau froide ; par ce moyen vous aurez de très-beaux criftaux, que vous re- tirerez ; vous les ferez dilfoudre dans leur eau propre ; vous ferez évaporer de nouveau julqu’a la moitié, en obfervant cependant de ne point laire bouiliir la liqueur ; faites la criftallifer de nouveau ; réitérez la même chole quatre ou cinq fois, le plus fouvent ne lera que le mieux ; faites enfuite fécher vos criftaux ; broyez-les bien exac« tement fur une pierre; mettez-les dans une petite cucurbite; verfez par-deflus de 1’elprit de vin bien reélifié; retirez-le par la diftillation, & le recohobez de nouveau, jufqu’ace que vous voyez au fond du vailfeau une matiere en forme d’hui- le coulante comme de la cire fondue, qui le coagule au froid, & relfemble a une belle pierre tranlparente-; c’eft la 1’huile incombuftible que
VIDENDI, &c... f 5*3? 1’on nomrae le lion verd; c’elt un vrai tréfor que vous conferverez avec foin.
Suite du procédé.
Prenez 1’or qui a été diffout comme on a dit; fi vous en prenez une once, vous y joindrez une demie once de la pierre verte qui vient d’être dé- crite, que vous ferez fondre dans un vaiffeau de verre fait expres, en le plagant fur du fable chaud, & vous y mettrez votre or préparé; auffi-töt que vous remuerez ce mélange, il fe changera en une matiere noire femblable a de la poix; mais ayez foin qu’il n’y ait que le tiers du vaiffeau de rem- pli; vous le boucherez avcc un bouchon de bois que vous lutterez, & * * * ; vous le mettrez fur des cendres chaudes; vous donnerez pendant qua- torze jours & nuits un feu f doux que vous puif- fiez tenir la main fur les cendres; vous 1’aug- menterez pendant quatorze autres jours & nuits ; au bout de ce tems vous óterez les cendres; vous mettrez dans les capfiles, du fable que vous au- rez eu foin de chauffer auparavant, & vous y placerez ie matras tout chaud ; vous donnerez un feu affez fort pour ne pouvoir point tenir la main lur ce fable, & continuerez ainf, jufqu’a ce que la couleur de vos matieres foit entiérement chan- gée & devenue d’un rouge de fang ou comme un grenat foncé, & fous la forme d’une huile épaiffe; quand vous retirerez cette matiere, elle
<Ï6 HELÏOSCOPIUM icra coagulée; vous pourrez en faire Peflai fur une petite plaque ou lamme d’argent, pour voir fi elle a affez de confiftence , fi elle ne donne plus de fumée, & II elle pénétre & colore 1’argent; quand elle aura toutes ces quaiités, ce fera une marque que la teinture fera préparée. Faites fon- dre pour lors une once de verre; verfez-y liuic grains de la teinture; laiflez le melange en fuflon pendant un quart d heure; remuez avec un fil de fer; Por s’unira au verre & lui donnera une couleur d’un beau rouge; II ce verre n’étoit pas affez rouge , on pourroit y remettre un, deux ou trois grains de la teinture.
Hie filere Jujfu Hermes, adjicique Clav.pro folvendo
Aur. Sequ.
Si vous voulez bien décompofer 1’or , fervez- vous d’un diffolvant qui lui ait été femblable 8c qui puiffe devenir tel parl’Art Philofophique. Si vous avez quelques parties de mercure vierge lublimé ; fl vous fcavez ce que c’efl: que les co- lombes de Diane; fi vous connoiffez bien Pau- teur de ce nom ,penes nos eft unda Tagi; & fi vous poffédez bien le Chap V. de Philal. in bifol. Chymic. vous ferez en état de réufllr. Mais fl vous igno^- rez toutes ces chofes, vous n’êtes point en pof- feffion du fecret. Pour me rendre plus clair, je vais dire quelque cbofe en faveur des Enfans de 1’Art, quoique ce qui precede foit beaucoup plus exadl, Premieremenc
VI DENDI, &c... 537
Tremierement il eft certain que Pantimoine bien préparé eft Ia vraie magnéfie des fages ; fi Vous êtes en état d’en tirer un mercure coulant, & que vous le mêliez, fuivant Part, vous pour-
rez parvenir a la dilTolution radicale de Por.
Le célébre Artifte Jean Kunckel, ü verfé dans
1’anatomie des métaux, dit dans la delcripcion du phofphore admirable, page 27, qu il a appris au Doéleur Linckenlelecretde le préparer en fix heures detems.Le menie Auteur fe flatte dansles obfervations chimiques de pouvoir le faire en peu d’heures, & aflure que la feule différence confifte dans la préparation du fel de tartre; mais qu’il n’a point en vie de communiquer a tout le monde la méthode la plus aifée. Qui- conque fcait traiter le régule d’antimoine avec un alkali, le mêler & le dilïoudre avec trois fois fon poids de chaux vive, eft bien prés du but.
Bafile Valentin dit dans fon Traité de Panti- moine p. m. 128'. que par le moyen de 1’efprit de tartre & du fel ammoniac mis en digeftion, pen¬dant quelque tems, on fait avec Pantimoine un fublimé qui a 1’aide du fer ordinaire eft change en mercure vif. Bien des gens ont cherché ce mercure tiré de Pantimoine, mais peu Pont trou- vé. Voyez le procédé qu’en donne le fieur Joel Langelotte qui eft connu de tout le monde.
IIprefcritde réduirePantimoine en une poudre impalpable , d’en prendre une livre , de la mêler avec autant de fel de tartre & une demje
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HELFOSCOPIUM
once de fel ammoniac, 8t de verfer par-deflus le mélange., de 1’urine d’unhomme fain & qui boive du vin ; après 1’avoir ainfi humeèlé , on le fait triturer fortement fur un marbre ou fur une pierre a. broyer ; & quand la poudre fe féche, on 1’humeóle de tems en tems avec de la nouvelle urine.
Quand le tout a été fuffifamment trituré, on le met dans une cucurbite de verre ou dans un vaif> feau qui foit de la forme d’une courge ; on verfè par-defius de nouvelle urine de facon qu’elle fur- nage de trois doigts; on laifïe le melange en di- geftion a. une cbaleur douce , pendant un mois, en obfervant cependant de remuer une ou deux fois par jour, afin que la poudre s’imbibe & fè diflolve mieux. Au bout du mois, mêlez 1’anti- moine avec un poids égal de poudre compofée de parties égales de chaux vive & de verre pilé, au point de prendre la confiflence d’une pulpe; formez-en des petits gateaux que vous pourrez faire fécher doucement au foleil.
Prenez enfuite une cucurbite de fer; mettez- y un peu cTeau ; placez par-deflus fa bouche une plaque de fer percée de trous; par -deflus cette plaque , mettez les petits gateaux d’antimoine que vous aurez formés; & par-deflus les gateaux, mettez une autre plaque de fer pour y pofèr les charbons*. Les chofes étant ainfi difpofées, vous donnerez un feu doux,les quatre premieres heures;
* C’cft une diftillation per dejcenfum,
VIDEND 5-59
Vous 1’augmenterez pendant les quatre heures fui- vantes, & vous finirez par donncr Ie dégrélc plus violent. Laiflez enfuite réfroidir le tout de foi- mcme , de peurque fi vousveniez a le découvrir trop-töt, le mercure d’antimoine , qui ne fera point encore condenfé, ne vous échappe, comme cela m’eft arrivé. Voila ce que dit Langelotte.
Un autre Auteur a dit qu’il falloit réduire en chaux le régule d’antimoine, comme on fait les autres métaux , & verfer pardeflhs i’eau de borax de Paracelfe ; il prétend que 1’on obtient de cette maniere le mercure de 1’antimoine , comme on obtient celui des autres chaux métalliques. Vida ’ï'heophraft. in iüpift. ad Docl. Poidorjf comil em iti~ neris.
Voiciun autre procédé fingulier. Prenezde 1’an-timoine ; joignez-y un quart de nitre, & faites le fondre pour avoir un régule ; mêlez-y dans la fu¬fion, ducharbon en poudre;lorfque lamatierefera fondue, verfez-la dans un cone, & féparez les fcories; remettez en fufion le régule étoilé que vous aurez obtenu , avec du nitre , & féparez-eri encore les fcories; faites dilfoudre ce régule dans de 1’eau-régale de la meme maniere que 1’on dif- fout 1’or & 1’argent; diftilez cette eau régale , & la cohobez ; laiflez-y 1’antimoine, pendant un mois, en digeftion dans du fumier; enlevez le dilfolvant, par la diftillation, a. feu doux ; réco- hobez de nouveau, & diftilez ala fin a feu vio¬lent; lorfqueles vailfeauxfe feront réfroidis d’eux-
y yy y
549 HEL IOSC OPIUM
memes, vous trouverez dans le recipient un
mercure d’antimoine coulant.
Aliud autlarium de folvendo auro fine igne vehement},
L’Auteur veut prouver ici centre Orfchall que 1 or peut être diffeut fans le feu de la flamme; c’efl: pour le démontrer quü cite le pallage fuivant tire d’Olaus Eorrichius in Hermete AEgypttaco, Lib. II. Cap. i. fit autem , quoniam it a Itbet Conringio ,flam- mens ignis ineptus dtfjolvendo auro ; at via alia calore vix fienfili comitata id praflat. De qua nunc experimen- tum d Sapientififimo & Auguflfifimo Lege nofiro, Divo Frederico III. Japeiteratumfidemfaciat. Jufifitis au- rum puriffimum in br able as dedublum tam diu in mor- tario vitreo, pifiillo vitreo fiubigi, ((tandem in aureo prafiitit idemfi donee in pulverem fibnigrumfiatificretj quem cum poflea ex retort a vitred calore excitatiori evo- care infiitueret, prodiit ali quid liquor is rubicundijfimi , in Spir. Fin. facile diffiolvendum, & poculenti auri no¬men non injuria impletwum. Neque reliquia iterato tritai, expofitaque umbris negabant iteratum liquorem ; adeo Ut vel hdc vix tenuiter calente triturd ipfia auri compages, licet vidlentifiimd ignis attritione nihil corpo¬ris fiui deperdat, fiolvatur. Non (equitur ergo, ea qua
fiammeo igni non cedunt, non etiam cedere quandoque molliori.
VIDENDI, &c...
Idem liber II. Cap. 7. N°. y. haec memorata
digna refert.
Operofioris indufiria er it metallorum fialia , incen- fiultis ignnim ferociorum (piculis, publico ofiendcre. Sed fortafiis audentes juvabit for tuna, licet reluctant c hie quoque Conringio, cujus ilia fttnt,» ex mctallis au- » rum eerie, argentum purum , & Hydrargyrus cum » millo tgne, millo alio modo Hatieniis cogn.it0 in partes »pojfint folvi , fatentibus praclarijfimis quibufque » metallica rei artificibus , ipfiqiie adeo Helmontio &*, » Boylio,(atis queque confiat, nihilfalls pofie exhibere». Visa jam pride m hac difficult ate , Jubu animum h<ec etiam metalla filem fuumfortafiis non denegatara ocu- lis 5 f lieeret eadem, mote lapidum, in alkohol redigere. Verum , quid id ita commode fieri non pofie videbatw fine ope acidorum (pirituum , abfiinendum ab hac me- thodo judicavi,nèpro veris metallorum falibus adharen~ tes illis acidi fpiritus corpus qiioddam progrefii operis formarent ftppofititium , pro falibus metallorum fialsb obtrudendum. Igitur re iterum iterumque pen/hatd, in amalgamata conjicio oculos ■> & hac, inquam, diuturnd triturd patientur fortaffis aliquid corporibus metallicis , etiam nobilioribus, abradi, quod in aquam fiillatitiam tranfiaium , miti ad balneum , vel rolem , evaporation ofiendat cujus fit originis ; & cum ab aqua fiorbeantur tantum (alia , erit, fi prodierit quicquam , opinor , falina. Ventum ad experimenta. Conficio ex quadru- plo purgatijfimi tlydrargyri & fimplo atiri, per anti-
542 HELIO SCOPIUM
moniumfcllicitè tranfnifft, amalgama, quod diu per otium in mortario vitrzo fuper infitsd aqua ftdlatitid, divexo atteroque y interea obftrvo quotidiè, imo quavis hord tantilliim corporis cujufÜam nigricantis in aquam ex attritu. dzponi, cumque liquor fatis videretur nigrore illo feet us , in vitrwn mundum ejfundo, & poft interval¬lum breve , fubfidentibus infundum atratis illis atomis , natantem ftiprd aquam iterum reddo amalgamate; tero , tit priiis , & negotium hoc diu perjequor. Poft dies ali¬quot nigricantes ilia partieula cum viderentur abradi parcius, adjeci non nihil purififtmi hydrargyri , ut ftexi- lius redderetur amalgama, metallic re at omi fub pifi tillo vitreo harentes deviderentur exablius i ita conti-
nuato ad aliquot Hebdomadas labore hoc, nigrum ilium pulviftculum , minutum quidem ilium & Icevem ad afi- tivifoils radios deftcco, cujus cympoffederimdrachmam dimidiam , & adhuc ftrupuli dimidium poffideam, varils tentamentis explorari libuit, iterum ne in au- rum poffet reduci: Sed nullo hall enus artificioidliquitl aliquid tarnen for fan inde reduci poffe ingeniosd diligen- tid, non reluttabor.
LIN de fHeliofcopium Videndi Sine Vefte
fc
folem Chimicum.
NON SINE EESTE
O u
L’INVINCIBILITÉ DE LOR
D E’MONERE’E contrc tous ceux qui ont prdtendu pojfeder le moyen de le vitrifier & de sen Jervir pour contre-faire les Rubis, en tirer la couleur, pourpre, &c.
O u v RA GE oü Pon prouve par des experiences certaines & fondées fur la vérité, que cette cou-leur n’eft produite que par la lèule Magnefie développée par le moyen du Nitre.
Ear CHRISTOPHE GRUMMET,
E X T R A I T
DE L’ INTRODUCTION.
L AUTEUR de ce petit Traité nous avertit quil fautJe dèfier des faux procédés 9 & que dans les operations Chymiques fon ne doit en croire que fa propre experience ; vu la multitude des Auteurs qui fe font illufion d eux-mémes & prennent des ombres pour des véritcs. 11 prêtend que dans les opérations fur les métaux, il ne faut point du tout s9 arrêter aux couleurs qui 9 felon lui 9 ne dècident rien.
11 nous dit quaprès s'être long-tems occupè d'experiences Chymiques & furtout de celles qui ont pour objet la vitrification des métaux ; Ie Sol fine vefte (fOrfchall lui étant tombé entre les mains , il efpera y trouver fur la vitrification de for & fon parfait développement 9 des lumieres qu'il avoit depuis long-tems chcrchées vainement} mais quil fut fruflrè dans fon attente 9 & que cefüt la-deffus quil fe détermina d donner les Experiences quil avoit tentèes avant que d’avoir eu connoijfance de füuvrage d’Orfchall. Par ces Expériences il fe propofe de prouver que la couleur pourpre ne vientpoint de lor 9 fondéfur ce quil atiré la mime couleur de tous les autres métaux: il pré tend que c efl a lamagnéfterevivifiée ou rejfu feit ée par facide nitreux 9 que [on efl redevable de cette couleur. Cefi aux Leëleurs d juger sil démontre ce quil avance, Au refic, nous croyons que fon ne peut mieux faire que de s9 affurer par fexpé- rience de ia vèrité des faits qu’il rappórte, & d'appliquer d f Auteur même 9 la regie quil propofe au commencement de f introduction qui précede fes operations 9 fide 9 fed cui vide.
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fai cru ne devoir donner cette introduction que par extrait $ paree quelle contientbeaucoup de verbiage fans rien appren- dre d'intêrejfant ; ƒ ai penfé que Ion aimeroit mieux en venir tout de fuite aux experiences , & aux faits; je les expofe ici exaftement traduits > paree quen Chymie ce qui ejl d'exi pjrience doit toujours être extrêmement prétieux.
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PREMIERE
EX PERIE N C E
L’E XPERI.ENC E qui luit m’avoit fait croire depuis long-tems que le rouge de rubis & le beau pourpre réfidoient dans 1’or. J’avois remarqué que les Orfévres & les Emailleurs faifoient des émaux d’une fi grande beauté avec leur poudre brune d’or, que ma curiofité en fut excitée , Sc que je voulus me mettre au fait de la preparation de cette couleur. En voici le procédé. On fait dif- foudre de 1’or dans. de Peau régale ; on précipite la folution avec de 1’hu.ile de tartre ; on mêle la matiere précipitée dans une grande quantité de verre blanc de Venilè ; on met le tout en fufion. En fuivant ce procédé , j’eus un fort beau verre pourpre ou de la couleur du rubis, & jc crus déja avoir trouvé la pierre philoïopbale, ce qui me détermina a faire une
II. EXPERIENCE.
Je pris des petits morceaux de verre blanc ou criftallin. que je pilai bien exaólement; j’y mêlai
Z z z ij
548 SOL
un peu de borax, & je mis le tout dans un creu- fet; j’y joignis un peu de folution d’or faite dans 1’eau régale ; je fis fondre tqut doucement cette compofition; j’obtins encore par ce procédé un verre pourpre ou de la couleur du rubis. En voyant que la chafe me réufiiffoit fi bien, je vou- lus tenter la vitrification de 1’argent, & ce fut ma
III. EXPERIENCE.
Je fis diffoudre de 1’argent bien pur dans de 1’eau forte julqu’a faturation ; je verfiai dans la fo¬lution de 1’efprit d’urine jufqu’a ce que le mé¬lange ne fit plus d’effervefcence ; je fis bouillir le tout julqu’a ce que la plus grande partie de 1’ar¬gent qui avoit été précipitée , fe fut redilfoute de nouveau; cela fe fit trés-aifément; j’humeéfai bien les morceaux de verre pilés, mêlés d’un quart de borax calciné avec la folution ; je fis fondre le mélange a un feu modéré ; j’obtins par la un beau verre pourpre ou couleur de rubis; je penfai a la vüe de cette expérience que , puif qu on réufiiffoit aulli bien a tirer cette couleur de 1 argent que de for, 1’opération en leroit moins couteufe. Mais je ne me contentai point de cela, & je voulus elfayer la même chofe fur d’autres jnétaux.
IV. EXPERIENCE.
Je fis diiloudre du plomb dans de 1’elprit de nitre; je précipitai la folution avec une quantité
NON SINE VESTE. 5-49 Fuffifante d’efprit de fel ammoniac; tout Fe pré- cipita Fans fe rediiToudre de nouveau dans le diF- folvant, comme.cela étoit arrive avec f argent. Je pris cette eau toute claire dont le plomb avoit été précipité ; j’en humeélai du verre blanc pile, mêlé avec un quart de borax calciné ; je fis Fort- dre le mélange, & j’obtins aufl'i un verre de cou¬leur de rubis ; je fus fort Furpris pour lors de cet¬te couleur, & 1’idée qui me vint fut que l’ame ou la teinture d’or qui eft caché dans tous les métaux s’étoit détachée de la partie groffiere du corps dans la precipitation , & étoit demeurée dans-le dilTolvant; mais je fus détrompé par les expérien- ces luivantcs. Je pris done encore une fois du plomb;
V. EXPERIENCE.
Je fis difioudre ce plomb dans de Teau forte ordinaire, mêlée d’une bonne partie d eau de pluie, paree que par ce moyen il entre mieux en dilTolution ; je précipitai la foiution avec de 1’efprie de fel marin , & je la fis bouillir pendant’ un quart d’heure au bain de fable ; tout le plomb tomba Fur le champ au fond , fous la forme d’une chaux blanche comme de la neige ; le diflolvant qui étoit deflus étoic clair; je me fcrvis encore de cette eau ou de ce dilTolvant pour mouiller du verre blanc pilé, mêlé avec un quart de borax calcine; je fis fondre le melange, Sc j’eus un
5P SOL
verre pourpre ou couleur de rubis aufli beau que les précédens. Cet événement me fit grand plai- fir, quoique je ne pufie pas toujours avoir le mê¬me fuccès. Je vouius efiayer la même cholè fur le fier.
VI. EXPERIENCE.
Je fis difibudre du fer dans de 1’eau forte > je précipitai la folution avec de 1’efprit de fel am-moniac ; le fer tomba au fond fous la forme d’un très-beau crocus, & il ne refta point de fer dans le diffolvant, au lieu qu’avec un autre alcali con¬traire la precipitation ne fe fait a peine qu’a moi- tié, & prefque tout le fer refte dans le difïbl— vant; je décantai i’eau toute claire qui furnageoit au crocus; je m’en fervis pour humeéler du ver¬re blanc pilé, mêlé d’un quart de borax calciné; je fis fondre le tout; & le fer qui donne ordi- nairement dans la vitrification du jaune , me pro- duifit auffi un beau verre tranfparent de couleur de rubis. Comme le fer m’avoit donné cette cou¬leur , je vouius efiayer ce que pourroit donner le cuivre, en ie traitant de la même maniere.
VII. EXPERIENCE.
Je fis difibudre du cuivre dans de 1’eau forte ; je précipitai la folution avec de 1’buile de tartre; tout le métal tomba au fond , & ie diffolvant de- meura tout clair; je le pris pour bumeéler du verre blanc pilé ou du verre de Venife mêlé d’un
NON SINE VESTE. yp quart de borax calcine; je fis fondre le tout, &. j’eus encore un verre pourpre ou de couleur de rubis. Je continuai mes experiences, & je vou- lus eflayer ce que produiroit 1’etain.
VIII. EXPERIENCE.
Je fis diiToudre de 1’étain dans de 1’efprit de nitre affoibli par de 1’eau ; la folution & la pre-cipitation fe font en meme terns; mais le difloi- vant qui furnage demeure clair; je le pris pour en imbiber du verre pilé , mêlé d’un quart de bo¬rax calcine; & je trouvai que 1’étain donnoit pa- reillement un verre pourpre.
NOTE.
Je prie le Lefleur de ne point faire attention a 1’ordre que j’ai donné aux métaux ; je n’ai fait que fuivre celui de mes experiences; il y a encore d’autres métaux & mi- néraux qui, quandon les traite avec le nitre, produifent aufli la couleur du rubis; mais ce font des procédés que je ne crois point néceflaire de rendre publics, quant a préfent. Par les expériences qui précédent, le Lefteur a püvoirquel’on peut tirerune couleur pourpre femblable è celle de For , même desnrétaux les moins prétieux. Il merefle encore a prouverque cette belle couleur ou tein- ture ne doit fon origine ni a For ni a 1’argent ni aux autres métaux; mais qu’ellevient d’une autre lubftance riche en couleur, ce que Fon verra par le procédé fuivant oül’on. enfeigne la maniére de préparer du pourpre ou une cou¬leur de rubis par le moyen du nitre,
IX. EXPERIENCE.
Prenez des morceaux de verre blanc, ou de verre tendre de Venife qui produit le même ef¬fet, a volonté ; réduiliz-les en poudre ; mêiez-y un quart, un huitiéme ou encore rnoins de nitre purifié ; vous pourrez aufli y joindre un peu de borax calcine, cela en rendra la fufion plus ai- fée j faites fondre ce melange d’une maniere con¬venable ; vous obtiendrez un verre pourpre de la couleur des plus beaux rubis , qui ne le cédera en rien a tous ceux que 1’on aura fait luivant les procédés qu’on a donnés ci-devant.
L’on pourroit demander a ceux qui s’imaginenc que c’eft de 1’or que vient la couleur pourpre, d’ou celle qui eft venue par cette derniere opéra- tion peut tirer fon origine , puifqu’il n’y entre au- cuns métauxl 1’on répondra peut-être que ce pro¬cédé ne doit point toujours réuffir; mais je répii- querai a cela qu’on le réitére cent fois en un jour, il ne snanquera jamais.
Si 1’on demande done d’ou peut venir le pourpre que 1’on a eu dans 1’expérience neuviéme ? je ré- pondrai que cette couleur ne vient que de la ma- gnéfie qui eft contenue & cachée dans le verre blanc ou le verre tendre de Venife, & qu’elle eft reftufeitée ou ranimée par un fel magnétique qui contient une teinture analogue. En effet tous les Yerriers fcavent bien que ce minéral (la magné- fuQ
NON SINE VESTE. ^3 lie) a Ia propriété de donner a tout verre au com¬mencement, une couleur pourpre tres vive; e’eft pourquoi ils font dans 1’ufage d’en meier a la fritte 011 au melange dont ils font le verre, dans fidée que cela le rend plus clair. Quoiqu’il en foit j il eft certain qu’avec un petit feu, je fuis «parvenu a faire du criftal aulfi beau, aufti clair & aufti lolide que les Verriers ayènt jamais pü en
fai re en fuivant leur méthode ordinaire : d’ailleurs line propriété de la magnéfie, quoiqu’elle foie un vrai minéral, e’eft que quand on la mêle an verre dans les pots ou creufets, & qu’on remue ie mélange, il le gonfle, fait une effervefcence aufti violente que ft i’on y mettoit du nitre, un fel ftxe ou autre chofe de cette nature , & eft en meme terns pénétré d’un rouge de pourpre trés- vif qui diminue par la fuite peu a peu , & enfin dilparoit & n’eft plus vifible. Je ne connois point d’autre moyen pour reproduire & faire reparoi- tre cette couleur qu’un aimant nitreux & char¬gé dune teinture analogue.
L’on m’objeélera peut-être que dans les expe-riences qui ont précédé, il n’eft point entré de nitre; mais dans quelques-unes ïeulement des métaux précipités, leurs lolutions , ou meme les diftolvans qui en avoient été féparés; & que, malgré cela , l’on a toujours eu du pourpre.
Je réponds a cette difficulté que i°. dans la précipitation de 1’or, le poids confidérable dont il eft augmenté , vient de I’acicle nitreux , ou de I anima, nitri, dont la couleur pourpre fe retrouve
A a aa
554 SOL
toujours & fe fépare même dans la diftillation, d’une quantité d’autres fels; eet acide concentré avec 1’or, eft enfuite ranimé ou développé par le travail de 1’émail & par la fufion, de même que fe fait la révivification de la couleur de la magnéfie. L’elprit de nitre produit le même effet dans les difiolutions. Mais dans les autres opérations , e’eft le nitre régénéré & rendu cor- porel par un contraire ( l’alcali) qui a été joint au difl'olvant.
On demandera peut-être comment on pour- roit s’aflurer que la couleur vienc uniquement de la magnéfie, a 1’aide du nitre, furtout après que tous les procédés différens donnent une mê¬me couleur pourpre. A 1’aide du procédé fuivant par lequel on 'verra que la précipitation ou la fdlution d’or, quand on 1’a jointe a du verre dans lequel originairement on n’a point mêlé de magnéfie, ne donne point de couleur pourpre
X. E XP ERI E N € E.
C’eftici la plus grande difficulté ; fi nous par- venons a la lever, toutes les vitrifications de 1’or fèront renverfées au point que Ton ne fera plus en droit de dire Sol fine vefte , mais Sol veflitifiwiis, &c. . . . Paffons done a 1’expérience.
Faites du verre fans magnéfie; on peut fè fervir pour cela de pierres a fufil pilées avec partie égale de fel de tartre, ou de potalfe ; on faitfon- dre fuffifamment ce melange ; on le tire enfuite, & on le verfe pour en former des pains tels que
NON SINE VESTE. yyy ceux du verre tendre de Venife ; on le pile dans un mortier de fer, bien net; enfuite de quoi on le tamile avec loin. Le verre préparé de la ma- niere qu’on vient de décrire, a a 1’extérieur la meme apparence que celui danslequel ileft en- tré de la magnéfie ; mais fi i’on vient a 1’employer de 1’une des manieres qui ont été indiquées, ïóie avec foit fans or, jamais il ne (era poffible d’ob- tenir une couleur pourpre ou de rubis.
Pour prouver aux curieux que dans les com- poficions colorees en pourpre dont on a parlé, Tor ne fe vitrifie point, mais ne fait que fe roêler au verre; Ton n’aura qu’a dormer pendant long- terns, a un melange de cetce efpece, tin dégré de feu très-violent; la couleur fe diffipera peu a peu, & 1’or commencera d’abord a former une pelli- cule a la furface de la matiere fondue ; & enfin il tombera au fond du creufet. La meme chofe arrivera dans la derniere experience que 1’on vient d’indiquer, avec cette difference que , pour les raifons que 1’on a déduites, le verre ne fe colorera point du tout. En voyant ces ebofes , on fera obligé de convenir que i’on s’eft abufë , & qu’au lieu de voir for a nud , ou le Soleil fans habit, on n’a fait que le voir couvert d’un man-
teau de pourpre , & , &c Je me flatte que
chacun pourra conclure des procédés clairs & circonftanciés que je viens de donner, que la couleur pourpre du verre ne doit point fon ori¬gine a la reduction de 1’or qu’on y a mêlé au com¬mencement de 1’opération; mais a la magnéfie
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^6 SOL NON SINE VESTE.
qui y étoit deja : il faudra done chercher d’autres
voyes pour pouvoir réuflir. Sapicnti fat.
Enfin, je crois encore devoir faire obferver aux Artiftes qu’il eft très-difficiie de réuflir a contrefaire les rubis dans un fourneau a vent; il faut faire 1’opération dans un fourneau conftruit de la même maniere que ceux de verrerie, afin que les creufets foient expofés a 1’aólion libre de la flamtne,& qu’on puifle de terns en terns en tirer des eflais,& retirerles creufets aufli-tót quele verreaprisla vraie couleur que 1’on demande; toutes ces chofes ne peuvent s’exécuter commo- dement dans d’autres fourneaux oir les creufets font couverts; on travaiile alors a taton, & le fuccès eft toujours incertain.
Le moyen le plus fur eft de commencer par faire ces effais fur une petite quantité , & de met- tre la matiere dans de petits creufets que 1’on expofe dans une moufle au fourneau de coupelle, auquel on donne le plus violent degré du feu ; de cette maniere on peut fouvent retirer la ma¬tiere , pour obferver les changemens qui lui ar- rivent , & la remettre ; on s’aflure par-la. en peu de terns de ce que 1’on eft en droit d’attendre , au lieu que dans un grand feu , il eft aifé de lè trom- per, & de porter de faux jugemens.
Voila le précis de ce qui ejl contenu dans l’Ouvrage de Chr. Grummet qui a pour titre , Sol non fine vefte. Sur quoi je crois devoir encore répéter que c’efl a I’ex¬perience d decider de quel cótépeut ctre la véritc dans cette difpute.
VITRIFICATION
DES
yÈGÈTAUX,
AVERTISSEMENT
DU TRADUCTEUR.
N O u s avons cru faire plaifr au Lefteur en lui dormant a la fuite de eet Ouvrage une Traduttion du Chapitre X I'. du Flora Sarurnizans de Monfeiir Henckel; c’ejl une explication abrégée des phénoménes '& des regies rcpanducs dans l’ Art de la Verrerie , avee plufteurs autres obfervations Jur la Nitrification, qui mentent ïattention des Chymifles & des Phyftciens.
f
DE LA
VIT RIFI CATI O N
DES
V E G ET AU X.
CHAPITRE XI.
DU L I V R E
DE MR. H E N C K E L }
Qui a pour Titre
F L O R A SATURNIZA NS.
LE feu eft un agent puiflant auquel il y a peu de corps dans ia nature qui puiilent réfifter ; il leur fait a tous changer de forme;nous neconnoilfons quele verre qu’ilnepeut altérer ni détruire, quand même on le tiendroit expofé a fa violence jufqu’a. la fin du monde ; cette matiere ftibf fte dans la chaleur la plus forte ; & plus fes parties font pé- nétrées par le feu, plus elle devient pure , tranf-
y6o DE LA
parente , compacte & foiide. Nous sllons démon- trer que les Végétaux font, al’aide du feu, tranf- forrnés en cette fubftance; mais pour rendre la cbofe plus claire , d’abord nous parlerons del’Art de la Verrerie en général, & nous donnérons un précis de ce que Neri, Merret & Kunckel out enfeigné fur cette matiere ; nous le réduirons aux propofitions fuivantes.
1°. Pline pretend que c’eft a la plante Kali que 1’on dcit 1’origine de 1’Art de la Verrerie; que quelques Marchands jettés par la tempête a 1’em- boucbure du fleuve Belus en Syrië, furent obliges de fe fervir de cette plante done ils trouverent abondance, pour faire cuire leurs alimens; que fa cendre produifit de la foude ou de la roquette qui, nrêlée avec du fable , forma du verre, Fojyez la Preface de l’Art de la Perrerie de Neri.
11°.. Ii faut que le bois dont on fait ufage dans l’Art de la Verrerie foit fee Sc dur, paree que celui qui donne beaucoup de fumée rend le verre peu clair Sc d’une couleur défagréable. Poyez le njfone Oavrage.
I 11°. Trois cens livres de cendres de roquette ou du Levant donnent ordinairement 8o a po livresde fel. r’A't/.
IV°. Quand le melange de fel Sc de fable , que 1’on nemrae fritte, a vieilli pendant trois ou quatre mois; il n’en eft que-plus propre a ctre travaillé , Sc il felie beaucoup mieux.
V°, Si fur cent livres de verre commun ou de
VITRIFICATION, /i de verre blanc , on met dix livres de fel de tar- tre purifié , on obtient un verre plus beau que le criftal.
VI°. Lorfqu’on veut donner une couleur verte au verre , il faut avoir foin qu’il ne foit point trop chargé de fel, fans quoi la couleur en fera bleuatre &tirantfur 1’aigue-marine.
V11°. Sur cent livres de foude , on met quatre- vingta quatre-vingt-dix livres de fable ; fi enfui- vant cette proportion le melange eft encore trop difficile a faire entrer en fufon, on n’aura qu’a ajouter un peu plus de foude ; s’il entre trop ai¬fément enfufion, on augmentera la dofe de fable.
V I 11°. On ire doit point faire grand cas du verre dans la compofition duquel il entre de la foude ; car quoique ce verre fe travaille aifément, il eft fujet a 1’inconvénient de fe brifer en réfroi- diffant, & de conferver toujours un ceil bleuatre; & quand même on auroip eu la precaution d’y joindre de la magnéfie , qui a la propriété d’é- claircir le verre , celui oü il feroit entre de la foude nelaifteroit pas d’etre noiratre ou verdatre.
I X°. Mais quand on a tiré le fel de la foude par la lixiviation ; que 1’on en a fait évaporer la lefïïve fur le feu, & que 1’on en a calciné le fel , fi 1’on réïtére ces operations jufqu’a quatre fois, on obtiendra un beau fel done on pourra faire de très-bon verre.
X°. Quand on a tiré le fel de la foude par la lixiviation, on peut encore fe fervir de la même
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DE LA
foude pour faire un verre groflier; paree qu’il eft prefque impoffibie de leffiver les cendres aflez exaólement pour qu’il n’y refte point de fel.
XI°. Kunckel dit qu’il fe trouve fur le bord de la Mer & des Lacs d’eau lalée, des cailloux qui font quelquefois de la grolfeur du poing, qui ont la tranfparence du criftal, & qu’il a obfervé que, lorfqu’on employoit des cailloux de cette efpece dans la compofition du verre , ils n’exi- geoient point une dofe aufli forte de fel que les autres cailloux.
XU". Van-Helmont dit au Chapitre de la Terre, que , fi on mêle du verre bien pulvérifé avec un alcali pur, & qu’on mette ce mélange dans un endroit humide,le verre fe réfout en eau en un petit nombre d’années; & que, fi 1’on verfe delfus cette eau de 1’Eau Régale jufqu’a faturation , on retrouvera au fond du vafe un poids de fable égal a celui qui étoit entré dans la compofition du verre.
Sur quoi Kunckel remarque que ce phénomene na pas lieu avec toute forte de verre, mais feu- lement avec celui dans la compofition duquel on a mis trop de fel; il ajoute mème que le verre de cette efpece fe décompofe a fair.
XIII°. Quant au verre flexible dontparle Pline, & que d’autres Auteurs ont prétendu avoir été malleable, quoiqu’il y ait de la difference entre la flexibility & la malléabilité ; Merret préfume que , le fecret de recuire le verre étant inconnu du tems de Pline, le verre devoit être fort caP
VITRIFICATION, &c. $63
font, paree qu’on le faifoit avec du nitre; & qu'il a fort bienpu fe faire que quelqu’Artifte euttrou- vé le fecret d’employer de J’alcali, ou du fei tire du kali, de mettre le verre a recuire , & de lui donner ainfi plus de folidité & de confidence * que n’en avoitle verre connu avant lui.
XIV°. Le meilleurtems pourcueillir la plant©, e’eft un peu avant fa maturité , paree qu’alors elle abonde plus en fucs.
XV°. Les plantes qu’on a laiftelecber furpied, ne fourniflent que très-peu de fel.
XVI°. Tout végétal qui donne beaucoup de fel alcali, eft propre a 1’Art de la Verrerie.
XVIT. Le lei alcalde eft celui qui réfifte a la plus grande violence du feu , fans en être volati- lifé ni diflipé dans Pair.
XVIII°. Parmi les arbres ceux qui donnent le plus de bon fel alcali font le mürier, le chêne , le chêne verd ,1’epine-vinette, les farments devigne. Parmi les plantes ce lont i°. les épineufès,ou celles qui font armées de pointes, comme les chardons. 20. Toutes les plantes ameres, comme le tabac, le houblon , 1’abfinthe, la petite cen- taurée , la gentiane , 1’aurone, la Tanefie, le paftel ou la guefde. 30. Les plantes légumineufes, comme les féves, les pois, la vefee. q°. Les
( Note de I’Auteur ).
* Peut-êtrele verre flexible ou malléable n’étoit il autre chofe que de la lune cornée, qui quelquefois prend 1’oeil d’un beau verre jau- neatre, & devient capable d’etre travaillée au marteau.
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plantes laiteufes, comme les tithymales , &c.’
XIX°. C'eft des branches les plus confidéra- bles des plantes & des arbres que Ton retire les meilleures cendres.
XX°. Il y a des cendres qui produifent un verre plus blanc les unes que les autres; les cen¬dres de chêne, paree qu’elles font vitrioliques , donnent un verre obfcur; au lieu que celles de 1’épine-vinette & des faules produifent un verre plus blanc, paree que leur fel approche de la qua- lité du nitre.
XXL0. Agricola pretend que le nitre eft le meilleur fel dont on puiftè fe fervir pour faire du verre, il donne le fecond rang au fel gemme bien tranfparent, & le troifiéme au fel tiré de la plante anthyllis *, ou de toute autre plante chargée de fel.
XXII0. Le même Auteur dit que quelques Venders préférent le fel tiré de la plante an¬thyllis au nitre , & qu’au défaut de cette plante ils font leur verre avec deux parties de cendres de chêne ou de chêne-verd, ou avec des cendres de hêtre ou de fapin ; qu’ils mêlent ces Iels avec une partiedecailloux ou delable, en y joignant un peu. de fel marin, & un petit morceau de magnéfie ; mais ces compófitions ne font point en état de produire un beau verre bien tranf¬parent.
*Efpéce d’Herniole qui croic au bord de lamer. Voyez Tournefotf ïnjlit, rei, Herb.
VITRIFIC ATION, &c. yóy
XXIII0. La tnagnéfie eft comme le favon du verre ; elle a ia propriété de lui enlever le verda- tre qui lui eft ordinaire, & de lui donner une couleur rougeatre ou même noiratre.
XXIV°. Dansle Pays de Holftein , on ne mêle que très-peu de fable aux cendres pour faire du verre.
XXV°. Plus la cendre contiendra de fel, plus on pourra lui meier de fable, & vice verfa.
XXV1°. Falloppe a prétendu que la cendre neproduit point le verre ; maïs ne fait qu’extraire celui qui eft dans le fable ou les cailloux ; il eft cependant vrai que ioo livres de fable produi- fent 150 livres de verre.
XXVII0. Merret dit avoir connu un Scavant qui par le moyen d’une folution de foude & de chaux vive, d’alun & de potafle, étoit parvenu a extraire les couleurs de plufieurs fleurs, & a re- préfènter les fleurs au naturel dans unLivre,enles enluminant avec leurs propres couleurs.
XXVIII0. Le verre eft done une pierre tranfc parente, compofée par art & fujette aux mêmes accidens que les pierres ordinaires.
XXIX0. Ce n’eft point un métal, comme le prétendent quelques Verriers , ni un minér al mi- toyen, comme ie croit Fallope3 ni un fuc concret, comme le dit Agricola.
Partoutes les oblèrvations que nous venons de rapporter, 1°. nous voyons en général que les matieres végétales favorifent ia vitrification, a2.
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Que le verre approche beaucoup de la nature d’un mineral, tel qu’eft le criftal. 30. Enfin, que les lubftances végétales font très-propres a nous faire connoitre la nature des minéraux. En effet, s’il étoit queftion de donner une definition du verre , nous pourrions dire que c’eft un corps iranfparent, compare , pejant, & ténacc, caflant lorf quil efl froid, fufible & fixe dans le feu , qui fiappd avec l’acier donne des étincelles , & qui par confiquenf efl de la nature despierres.Le. verre eft tran'parent, lors même qu’il eft pénétré de quelque couleur que 1’on y ait mêlee ; il reffemble a de la glace ou a de 1’eau congelée , a moins que la trop grande quantité d’un métal, tel que le fer ou le cuivre qu’on y auroit mile , ne le rendit oblcur & opa¬que ; ou que i’on n’eut point fait entrer dans la compofition une fuffifante quantité de matiere vitrifiable & clarifiante , telle qu’eft le lable ; ou qu’ii s’y trouvat encore des parties hétérogênes , arfénicales ou fulfureulès, femblabies a celles qué nousremarquons dans les fcories quiviennent des premieres fontes, furtout dans les fonderies de fer, OU nous voyons que ces fcories font rouges comme du cinnabre : ce font ces parties hétéro¬gênes qui font en effet toute la difference qui le trouve entrfc le verre & les fcories; ce font elles qui caufent la non-tranfparence & qui font que le verre eft plus compaéle 8c plus lié qu’elles ne le font elles - mêmes ; je crois cependant que les fcories pourroient être poullées par une fufion plus
VIT R I F I C A T I O N , &c. 567
continues au point de devenir un verre plus pur & plus fin, & a former une combinaifon plus ho- mogêne , fi les parties fulfureufes qui parent en- tiérement dans la fubftance da verre, au moins du verre métallique, écoient entiérement con- fumées, comme on peut l’gffayer avec le plomb & le foulre ; a moins que la tranfparence ne vine peut-être encore a manquer a ces fcories, faute d’une fuffifante quantité de fable ou decailloux.
Le verre eft fi compaéfe qu’un vaifïeau de verre qui n’a que 1’épaifleur d’une feuille de pa- vot, ne donne aucun paffage a 1’air, a moins qu’il n’en foit brifé paria preflion. La fameufe poterie de Waldembourg , & encore plus la porcelaine blanche ont beaucoup de rapport avec le verre par cette propriété ; mais quoique par des calci¬nations fortes & réitérées , on ait vitrifié la por¬celaine, elle ne laifïe pas d etre moins compaéfe que le verre; & i’on a trouvé par le moyen de la balance hydroftatique que le verre blanc ou criftallin excéde encore d’un neuviéme le poids
de cette porcelaine.
Le verre eft un corps pefant; il eft plus lourd •que toutes les terres & que 1’albatre même , com¬me je 1’ai éprouvé dans la balance hydroftatique; & fon poids ne différe que d’un degré de celui du fpath & du quartz; ce qui prouve qu’il approche de fort prés du poids de corps qui ne font pas allurement les plus legers dans la clafte des pierres, qui ne font furpaüés en pefanteur que par les
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lubftances métalliques, ce qui eft a remarquer, & que 1’on trouve toujours a cóté & dans le voi- finage des filons métalliques, comme on peut le voir dans le quartz & la pierre de corne ( horn- ftein ) ; ces pierres, quoiqu’on ne doive point les regarder comme des matrices de métaux, ont cependant beaucoup d’affinité avec les mé¬taux ; elles en contiennent fouvent, & les ac¬compagneert prefque toujours.
Le verre approche auffi beaucoup des pierres cnies , telles que font les fpaths, les quartz & les criftaux que les ouvriers des mines mettent au nombre des quartz; en effet, le verre a la pro- priété de s’ammollir,d’entrer en fufion, d’etre ren¬du duélile a la chaleur, & de devenir dur & caft- fant en un moment, lorfqu’il eft expofé au froid ; & nous ne connoiflions aucune autre matiere fur la terre qui puiffe lui être comparée par ces deux propriétés qui lui font routes parciculieres , a moins que ce ne foient les métaux mêmes; mais ft nous fuivions le verre auffi loin que nous le pourrions faire, nous ne le rangerions plus dans le regne végétale ; & quelque quantité de (oude qu’il foit entré dans fa compofition, nous aurions toujours droit de le placer au nombre des fubf- tances minérales. En un mot le verre eft une fubftance pierreufe; c’eft ce que prouvent affez routes les propriétés que nous venons de décrire: on peut encore ajouter que le verre, de même que les pierres précieufes, fait feu & donne des ^tincelles ƒ
VITRIFICATION, &c, 569
étincelles; ce feu décéle aflez Terreur de ceux qui, comme le Hollandois Rumpf, fe font ima¬gine que la propriété de faire feu étoic la caraólé- riftique des pierres précieufesla marque a la- quelle on pouvoit les reconnoitre.
L’on auroit peut-être raifon de compter trois efpeces différentes de verre, fuivant les trois ma- tieres qui entrent ordinairement dans fa compofi- tion; fcavoir un verre purement mineral, un verre parement vcgétal, & un verre mixte', quoique ce qui conllitue ces trois efpeces de verre foit la mê- me chofe. Le verre mineral pourroit fe foudivi- fer en naturel Sc en artificiel; on pourroit nommer verres artificiels tous les fluor s , les quarts tranfpa-» rens , les drufen ou criftaux de Spath blancs & co- lorés, fur-tout lorfque ces pierres ont été polies; car pour lors eiles reffemblent fi fort a du verre artificiel que, fi la lime Sc le feu-n’en montroient la difference, il ne leur refteroit rien qui les en fit diftinguer. On mettroit dans la claffe du verre artificiel tous les verres qui Ce tirent tant des mé- taux parfaits que des imparfaits, foit qu’ils foient faits par eux-mêmes, foit qu’ils aient été pro- duits par 1’addition de quelqu’autre matiere falï- ne. De cette efpece font le verre de plomb de couleur d’hyacinthe, ie verre rouge d’antimoine, le verre d’étain qui eft dun blanc de perle, le verre pourpre ou couleur de rubis qui fe tire de Tor, les fcories noires du fer, ou le verre rouge
fait ayec le fafran de Mars, les verres d’émérau-
*
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des qui réfultent d’un mélange de verd-de-gris & de fel alcali, enfin les faphires faits avec du cuivre & de 1’efprit de nitre. Mrs. de 1’Académie des Sciences de Paris ont fait plufieurs expérien- ces fur la vitrification par le moyen du miroir ar¬dent de Tfchirnhaufen ; je ne puis me difpenfer d’en rapporter ici quelques-unes.
Suivant leurs obfervations , 1’or expofé au mi¬roir ardent donne beaucoup de fumée & dirni- nue au point qu’il en refte a peine un dixié- me. L’argent bien pur ne fe vitrifie point au mi¬roir ardent, il fe change feulement a fa furface en une poudre blanche fort légere qui ne peut être mife en fufion. Mais fi i’on joint a 1’argent un peu de phlogiftique, comme feroit une partie d’or, un peu d’huile ou de foufre du fer, ou fi i’on a purifié 1’argent par le régule d’antimoine , il en partira de la fumée , & il fe formera une matiere vitreufe a fa furface.
Tous les métaux fe vitrifient aux rayons du fo- leil, pourvü qu’on les place lur un morceau de porcelaine, & qu’on les expofe précifément au foyer; 1’or fe change en un très-beau verre pour- pre; deux matieres qui chacune prife féparément n’entrent que très-difficilement en fufion , telles que font les cailloux & la craie d’Angleterre, forment une maffe & deviennent volatiles, lorf- qu’on les a mêlées en dofes convenables; un ru-
bis Oriental, ainfi que routes les autres pierres précieufes , perd fa couleur en un moment ; j’ai cependant éprouvé que le grenat conferve fa couleur rouge dans le feu ordinaire. Un melan¬ge de plomb & d’étain donne une fcorie vi- treufe . Un Phyficien a lieu d'etre bien lurpris de voir que 1’argent qui a tant d’affinité avec 1’or ne fe vitrifie point comme lui, a moins qu’on ne lui joigne un foufre, ( pour nous fervir de 1’ex- prelfion des Mémoires de 1’Académie des Scien¬ces ) par exemple de 1’or, une huile , ou un Joiifie de fer ou du régule d’antimoine : Ton voit cepen¬dant en general dans toutes les vitrifications done on vient de parler, que le metal n’eft point la feule chofe fur laquelle le miroir ardent agilfe; mais on obfervera qu’il s’y joint d’autres fubftan- ces, même contre le gré de celui qui fait 1’expé- rience , & fans qu’il puilfe s’en appercevoir. En effet que 1’on pofe le metal fur tel fupport que 1’on jugera le plus propre , comme des morceaux de porcelaine , ou fur un charbon de bois; dans ces deux cas il fe joindra quelque chofe au n^étal que 1’on voudra vitrifier; fi on le pofe fur de la porcelaine , on le joint a un corps déja vitrifie , je veux dire a la couverte de la porcelaine * * qui
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eft un verre d’étain; ft c’eft fur le charbon, on joint ie métal a une matiere faline propre a vitri¬fier , qui eft 1’alcali du charbon; ainfi queile que foit celie de ces matieres pour iaquelle on lè de¬termine , il n’eft guéres poflible que ie feu con¬centre du foieii ne la fafte entrer dans un état d’aétion & de réaélion avec le métal qui la tou¬che , & ne produife une vitrification a i’aide des matieres que ces fupports lui fourniftent.
Comme il n’eft pas décidé qu’un métal puc être vitrifié par lui-même dans un vaifteau ferme ou la fuieoule phogiftique du charbon nepourroit pénétrer, a moins que ce ne fut du plomb, de i’étain ou du réguie d’antimoine; cette opéra- tion n’ayant aucun lieu avec for, comment pour- rions-nous prétendre de la faire avec 1’argent ? Je m’explique, & je dis que, de même que 1’or exige quelque addition pour entrer dans i’état d’igni- tion & de fufion, il lui faut aufti quelque addi¬tion qui contribue a le vitrifier. Je prouverai a ce fujet, fondé fur ma propre expérience , que 1’ar- gent, &peut être même le mercure, peuvent être réduits en un verre d’un blanc laiteux , pourvu qu’ils ayent été diftbus dans des menftrues conve- nables, & qu’on leur joigne des matieres analo¬gues. Après avoir fait un arbre de Diane & m’ê- tre fervi de ce mélange comme d’un amalgame; je remis encore un peu de mercure dans le dif-
il eft très-certain qu’il n’entre point de i laine de la Chine & du Japon, métaux dans la couvene de la porce- (
VITRIFICATION, &c; ƒ73
folvant, & commc il n’ctoic plus guércs en état d’attirer ou diifoudre de 1’argenc, je mis le mé¬lange fur le feu; je fis évaporer a un certain point; par ce moyen je produifis encore un amalgame très-fiuide que je fis diiToudre dans 1’eau forte; j’en fis la précipitation avec du lei marin dillouc dans 1’eau chaude, & j’obtins une poudre blan¬che comme de la neige, Je pris une drachme de cette poudre dont le mercure laifoit la plus gran¬de partie, & je verlai par-delfus une quantité égale d’huile duirine par défaillance, qui n’eft autre chofe qu’un fel d’urine dégagé de fa par- tie odorante, & qui, après avoir été criftailifé a plufieurs reprilès, ne peut plus former de criftaux,. mais fe décompole & devicnt fèmblable a une huile d’amandes blanche & inodore*. Après avoir fait digérer par dégrés ce melange , jour & nuit, pendant quatre femaines, il devint a la fin fee ; je le fis rougir peu a peu, & je finis par donner enfin le dégré de feu le plus violent; une partie du mercure fe volatilifa pour lors, & le mélange devint fluide comme de 1'huile. Je laillai doncre- froidir le tout, & je trouvai un gateau dur com- me du verre, d’un blanc de perle d une cou¬leur laiteulè , qui pefoit une drachme & neuf grains; il y avoit un régule de couleur grife au milieu, qui étoit couvert & entouré de ce verre par-delfus & par les cótés comme de fcories; ce
Ita mirari de/inaf,Bojle, cam vïderis ( tionem. Chym,Scept. *99 *■
2,2 wfflw “urn claujïs wrificar [
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verre pefoit environ un fcrupule; tout le refte étoit un régule aigre, calfant, non métallique & brillant, d’une couleur fauve ou grifatre. Ce ver¬re n’étoit point auffi compaéle que le verre ordi¬naire , quoiqu’il fut tranchant & aigu dans 1’endroit de la fraélure; cependant il étoit pour le moins auffi dur que du borax vitrifié, & il y a tout lieu de croire qu il eut acquis plus de dure- té & de confiftence au fourneau de Verrerie, fi j’avois été a portée de 1’y mettre; le gout de cette efpece de verre étoit métallique ou vitriolique , il perdit peu a peu fon éclat a fair, & en un an de tems il fe réduifit en une poudre. Je pris ce¬pendant la moitié de ce verre que je pafïai a la coupelle avec du plomb & de 1’argent, & j’ob- tins un bouton d’argent très-pur; je trouvai auffi alfez d’or dans eet argent; mais comme je n’a- vois pas eu delfein de 1’y chercher, & que je n’a- vois point pefé exaélement 1’argent que j’avois pris pour cette opération, je ne leus quel jugement en porter, c’eft ce qui m’empêche d’en rien dire de pofnif. Je n’ignore point que le fel d’urine contient une fubllance femblable a une pierre tendre, vitrifiable & féléniteufe, qui fe montre Ibus la forme de petits criftaux blancs , tranfpa- rens, oblongs, inlipides 8c fabuleux, lorfque 1’on fait doucement évaporer de 1’urine d’un homme en fanté ; & je fcais que cette fubllance eft vrai- femblablement la bafe du verre qui vient d’être décrit; néanmoins la couleur laiteule 8c de perle
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que 1’on remarque dans ce verre, auffi bien que fon goüt métallique & vitriolique qui font des propriétés qui ne lui appartiennent point par lui- même, prouvent aflez que queiques parties mé¬talliques del’argent, peut-être même du mercure, ont du fe vitrifier dans i’opération qui vient d’e¬tre décrite. Il pourroit être que 1’argent feul pro- duifitceteffet5& que lalunecornéeferoit la même chofe ; d’un autre cóté il pourroit auffi arriver que ce fut le mercure qui du moins y contribuat; cell a des experiences réitérées a nous appren- dre la caufe de ces effiets. Pour moi je penfe que 1’on pourroit obtenir des melanges métalliques les effets les plus furprenans , fi Ton avoir un lieu propre, & la commodité de faire fes experien¬ces & fes operations d’une fagon convenable. Il n’eft point douteux que Ton ne foit force d’aban- donner la plupart de celles qu’on tente & deles lailïer imparfaites, faute de pouvoir difpofer, je ne dis pas feulement de miroirs ardens, tels que ceux de Tfchirnhaufen , mais même d’un four- neau de Verrerie ou d’un feu qui foit tenu dans le plus grand degré de violence; toutes chofes qui fèroient cependant nécelfaires pour porter les corps au plus haut point de perfection dont ils foient capabies. Bien des Obfervateurs de ia na¬ture font certainement dans le même cas, & ont les memes plaintes a faire; c’eft pourquoijeme flatte qu’on ne fcaura point mauvais gré , fi pour jecter un plus grand jour fur ce cbapitre & fur la
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vitrification en general, je continue le précis des experiences faites au moyen du miroir de Tlchirn- haufen, telles qu’elles font rapportées dans Clu- ■veras in nova crifi temporum.
Les miróirs ardens ont environ douze pouces du Rhin de diamétre; ils produifent les mêmes effets en hiver qu’en été; on y fond, i°. les mé- taux, pourvü qu’ils aient une épaifieur & une lar- geur convenables, & que tout le morceau ait été mis dans un degré de chaleur fuffifant. 2°. Le fer, lorfqu’il eft mince, y rougit en un moment, & eft percé de trous. 30. Les briques, 1’ardoife, la pier- re ponce , 1’amianche & la fayance d’Hollan- de, de quelque épaifieur qu’ils foient, rougiflenc fur le champ & fe changent en verre, 40. Pour accélérer la fufion des rnétaux, on prend avec iuccès du machefer ealcïné; on y fait un creux ou 1’on met le métal qui entre en fufion en un moment, & devient liquide & coulant comme de l’eau. y°. Lorfqu’on tient les rnétaux long-tems en fufion, ils fe difiipent entiérement, & s’en vont en vapeurs, comme on le peut remarquer dans 1’étain & le plornb. 6°. Quand fur du ma¬chefer préparé comme on 1’a dit, on met des mor- ceaux de briques, de talc, &c. tout fe fond en un moment & prend la forme de boules de verre. 7°. Les cendres de papier, de linge, de plantes, d’herbes ou de bois s’y vitrifient fur le champ. 8°. Le verre & le jalpe fe fendent & fe caflent auffi-tot par la chaleur; mais quand on approche
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ces matieres peu a peu du foyer, eiles entrent en fufion. 9°. Quand certaines matieres ne fe fon- dentpas, lorlqu’elles font entieres; il n’y a qu’a les pulvériler; & fi on y mêle des fels, eiles de- viennent bien-tót coulantes. io°. Les fubftances qui font blanches, comme la craie, les cailloux blancs & la chaux, s’altérent le plus difficilement aux rayons du foleil. n°. Les fubftances noires comme fardoife font celles qui s’y changent le plus aifément. 120. Tous les métaux que 1’ on pole fur dela porcelaine ou de la pierre lont vitrifies. 13°. Le plomb pofé fur de la brique fe vitrifie. 14°. Deux matieres trcs-difficilesa fondre,comme de la craie & du cailiou ; lorfqu’elles font melees en une certaine dole , entrent très-facilement en fufion. 150. Lorfquon fait fondre de très-petits morceaux de cuivre, & qu’on les jette aulfitot dans 1’eau , ils font un bruit étonnant & font ca- pables de rompre des vaifleaux deterre ; le cuivre devient invifible, & divide en des particules trés-, déliées ; ce phénomene n’arrive qu’au cuivre. 16°. On peut, a 1’aide du miroir ardent, puri¬fier les métaux les uns par les autres, paree que les uns fe volatilifent plus promptement que les autres; ainfi 1’on y purifiera en peu de terns , 1’argent par le mayen du plomb, aufti exadlement qu’on feroit avec la coupelle. i7°. Comme les métaux pen¬dent leur brillant métallique au feu du Soleil, on peut le leur redonner & en faire de beaux verres coiorés & tranfparens. i8°. Tousles autres corps
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perdent leurs couleurs a ce feu, comme il arrive aux pierres prétieufes d’orient; le rubis ne retient point la moindre chofe de la llenne. ip°. Il y a des matieres qui y entrent facilement en fufion & deviennent tranlparentes comme du criftal; maïs lorfqu’ elles font réfroidies , elles blanchiifent & deviennent opaques; d’autresqui étoient opaques dans le tems de la fufion , deviennent tranlparen¬tes en réfroidiflant; d’autres enfin perdent leur tranlparence au bout de quelques jours : on peut faire avec de certaines matieres, des boules de verre tranfparent, qui font fi dures que, quand on les a taillées & que 1’on y a fait des angles , elles font en état de couper le verre. 20°. Le plomb & 1’étain fondus lur une plaque de cuivre épaifl'e , donnent une fumée beaucoup plus grande que 1’un de ces deux métaux fondu feul; lorfque la fumée cefle,il refte une matiere vitrifiée. 22°. Les rayons de la Lune dans fon plein ralfemblés par le mo- yen du miroir ardent donnent une lumiere con- fidérable; mais elle n’eft point accompagnée de chaleur; on peut même fans danger placer i’oeij dans le foyer.
La feconde efpéce de verre eft le verre pure- ment végétai; ii a pour bafe la terre tirée des vé- gétaux qui fe réduit a deux chofes; la cendre & le lel lixiviel. Cette efpéce de verre eft beaucoup plus fufible que celle qui eft purement minérale ; paree que les plantes dont elle eft tirée, font par leur texture, leur compofition & les parties
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aqueufes qui leur font mêlées, originairement plus tendres & plus molles queles minéraux. Mals comme la mollelle & la dureté, la légéreté & la péfanteur ne mettent point une difference réelle entre les terres , & que , fuivant le Chapitre 9. du difcours de Becher fur les trois terres, les plantes ontrecu de la terre, pour bafe de leur état de Jiccité, les mêmes particules que les minéraux: concluons que le verre qui vient des cendres ou des fels lixiviels, quant aux principes primitifs qui le compofent, eft précifément lè même que celui qui eft produit par ïafulion du fable ou de 1’argille; en effet, comment pourroit-il fe faire qu’une fubf- tance ne produifit pas une compofition de Ja même nature ? comment fe feroit-il qu’un corps végétal put acquérir par la vitrification qui eft une der- niere clarification, une confiftence fi ferme, fi fo- lide, fi maffive Sc fi durable ; fi la nature n’eüt été troublée Sc preflee par 1’art dans fon travail mitoyen ? Suivant les travaux ordinaires , on ne peut point faire de verre avec du bois , a moins qu’on ne commence par réduire ce bois en charbons; mais ces charbons ne font point encore en état de pro¬duce eet effet ; il laut de plus qu’iis ayent été réduits en cendres. Cette réduólion du bois en charbons, Sc cette incinération n’eft autre chofe qu’une réduélion en terre; & quand nous aurons de la terre, il fera toujours aifé de produire du verre; mais cette facon de procéder eft trop vio¬lente Sc n’eft point celle de la nature qui pour
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produire une terre propre a faire un verre folide & péfant, demande une terre plus compaóte que ne font les cendres ou les fels alcalis qui font des produits de la combuftion d’une plante; il fauc pour produire cette terre que la putréfaétion qui eft la fource de toute tranfmutation & de toute perfection, ait précédé. Lors done que du bois eft non-feulement devenu terre par la putréfaétion , mais encore que cette terre de bois a la longue a perdu la texture molle & peu ferrée qui lui eft pro¬pre pour devenir compaóte, folide & dure, & quelle eft redevenue prefque le même corps que celui dont elle a tiréfon origine ; c’eft alorsqu’en fuivant cette voie conforme a la nature, elle eft rendue plus propre a produire un verre folide & durable . La calcination qui précéde le travail du verre eft aufli d’une grande importance & contri- bue a rendre le verre mol ou dur , & a lui donner differentes nuances de couleurs,» c’eft pour cela, » dit Stahl,que le plomb qui fe met promptement » en litharge donne un verre tendre & obfcur , » aulieu qu’une cendre de plomb qui a été faite » lentement, ou du minium qui a été produitpar » une longue calcination de la litharge , ou un » jaune de plomb clair qui eft fait par une calcina- »tion douce a 1’air libre, donne un verre d’un
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»jaunc clair tirant fur lc verd». Kunckeinous die auffi avoir remarqué ie beau verre rouge que produifoit le fafran de Mars préparé a ia maniere d’llaac le Hollandois par une calcination de plufieurs femaines.
Il y a une difference bicn remarquable entre la couleur du verre vegetal & du verre minéral, fuivant le même ftahl. 5 » Quand on expolè les » cendres tirées des végétaux a une chaleur fuffi- » fante, elles fe vitrifient; il arrive la même cholè » aux cendres des métaux. Mais le verre produit » par les végétaux eft toujours d’un verd obleur de »loncé au point même que 1’on nepeut jamais par- » venir a donner de la blancbeur & de la clarté a. » ce verre fans des additions particulieres ; c’eff » fur quoi Becher n’a pas manqué d’obferver que »le caraélére ou la marque diftinélive du regne » végétal fe montre encore jufque dans la cendre » & dans le verre qui en a été fait ». Kunckei a ,
£ je ne me trompe, fait la même oblervation; & il faut que cette couleur verte foit bien finguliére:
§ en effet elle eft commune a tout le regne végétal
5 § 2 DE LA'
au point que c’eft une des marques qui le fait re-connoitre ; c’eft pourquoi on le nomme aufïï quelqu^fois le regne verd. Quoique cette couleur difparoifte par laficcation & la combuftion, il ne laifle pas d’en paroitre encore des veftiges après Ia vitrification , a moins qu’on ne 1’ait fait difi paroitre par le moyen de quelque addition étran- gere; cela donne lieu de conjeélurer que cette couleur verte qui a été ou détruite ou divifée avec les parties organiques de la plante ou qui y de- meure cachée pendantquelques tems, eftranimée, ralfemblée & rendue vifible par la violence du feu. J’ai d’ailleurs oblervé dans les teintures que les acides contribuent beaucoup a faire fortir la couleur verte des végétaux lorfqu’elle eft cachée, Sc même que c’eft le feul moyen de produire eet effet; c’eft ce que j’ai plufieurs fois éprouvé non-- feulement avec 1’efprit de nitre dulcifié dans le- quel 1’acide fe fait toujours fentir, quelque peine qu’on ait prife pour ledulcorer; mais encore dans 1’huile grafie du guayac & dans la couleur bleue qui, comme jele ferai voir plus loin, a beaucoup d’affinité avec le verd.
hxc terra etiam per fe vitrefcere poffit; ut in Polonia ali- quando nobis accidit, cum abfmthii fecibus. Quin imo haec < prima ) terra cum mineralibus vitris , quae ex Arena
6 Silicibus parantur, conveniens eft, ut nulla re nifi colore indedifcerniqueat, quiviridiseft vel fubcxruleus, inde- lebilem fui regni aftericum fervans, nempe vegetabilem viriditatem exprimens; fed magnó vitrariorum incommodo qui ciara magis quarn colorata vitra defiderant. Bechers fhyfic. Subterran. pag. 131.
VIT R I FI C A TI O N , &c. ƒ83
Je ne park point ici de 1’acide de 1’air ; ii n’ell point douteux qu’il ne contribue & qu’il ne fe mêle a la vitrification. Ne pourroit-on point a la vüe de ce verdqui ellfixe au feu, inférer que cette couleurtire fon origine d’un mixte minéral &que le cuivre a de 1’affinité avec le regne végétal? H eft certain que c’eftle verd qui diltinguele cuivre de tous les autres minéraux & métaux; &quoique nous ne foyons point autborifés a dire que la cou¬leur verte des végétaux vienne d’une terre cui- vreule , furtout paree que la terre desjardins n’eft rien moins que cuivreufe , il pourroit cependant fort bien arriver que les plantes tiraffent leur ver¬dure d’un mélange tout femblable a celui qui a formé la forte couleur du verd-de gris. II efl conf tant que des couleurs fixes de cette nature ne font point accidentelles, comme celles qui font pro- duitespar la reflection & la réfraótion ; mais elles font fi réelles & fi effentielles qu’elles conftituent ou dumoinscontribuentaconftitucrle corps. L’011 a done droit, lorfque 1’on confidére la verdure des prés & des bois, de rechercber quelle peut être i’origine d’une couleur fi belle ou du moins d’en être étonné.
Il nous refte a examiner aéluellement 1’efpéce de verre qui eft produite par des parties animales ; il elf très-fmgulier, & c’eft un phénomene digne de notre attention , que ce verre prenne toujours une blancheur route particuliere,& telle que celle que produifent les Verriers qui donnent une cou-
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leur opale 8c laiteufe a leur verre , en y ajoutant des os calcinés. De la vitrification des matieres animales,nous pourrons tirer la conclufion fuivante 8c dire ; s’il arrive que des corps qui n’ont d’au- tre relation ou connexion immediate ‘avec la terre minerale que celle que leur fourniflent les plantes & la chair , a 1’exception de 1’eau de fon- taine ; s’il arrive, dis-je, que ces corps puiftent de- venir une fubftance d’une forme pierreufe , telle que celle quel’on appelle verre & qui par fa forme & par fa nature appartient au regne minéral, com- bien plus les plantes feront-elles en état de deve¬nir la mcme chofe, elles qui tirent immediate-, ment leur fubftance de la terre ?
Mais fans nous arrêter davantage la-deftus , nous parlerons encore de la troifiéme efpéce ou du verre mixte qui eft compofé de matieres mi- nérales & végétales. Celui qui fe fait dans les Verreries, eft de cette efpéce, & il eft néceftaire qu’il foit ainfi compofé, pour qu’une matiere dure 8c réfraélaire puifte devenir fufible &propre a être travaillée , & qu’une matiere molle puifte acqué- rir de la durecé & une confidence convenable. En effet, le fable & les cailloux feuls 8c. fans ad¬dition pourroient a la fin être mis en fufion ; la cendre , la potafte ou la foude ne fondroient que trop aifément, & chacune de ces matieres fépa- rément pourroit faire du verre ; mais ce ne feroic qu’a grands fraisqu’on pourroit le faire de matie*. res de la premiere efpéce; 8c il feroit impoftible
VITRIFICATION, &c. ;8y
<Fen faire une quantité aulfi confidérable que ie grand ulage lèmble 1’exiger : quant aux matieres de la derniere efpéce , elles produiroient un verre qui n’auroit ni la durée ni la folidité nécelfaires. Les Anciens fe font lèrvis pour faire leur verre., de la loude dans laquelle il fe trouve une com- binaifon toute particuliere d’alcali ordinaire & de fel raarin , comtne nous le dirons ailleurs , forte de mélange qui ne fe rencontre point dansles autres efpéces de Kali : ceux qui font a portée d’avoir de lafoude dans leur voifinage, ou qui ont la commodité de la faire eux - mêmes , peuvent s’en fervir; quant a nous qui vivons en Allemagne , nous n’en avons aucun befoin ; & Kunckel nous a fait connoitre quetoutes les cen- dres & tous les alcalis qui en font tirés ont la propriété de faire entrer le fable ou les cailloux en fufion & de former un bon verre. M. Duha- mel prétend que pour faire du verre, il faut fur deux cens livres de lable , mettre cent livres de foude, & fix onces de magnéfie; il cbercbe a prouver que dans le verre il peut y avoir un fel, & cela paree qu’il eft impoftible qu un tiers de loude puilïe fe réduire en écume ou en cequ’on nomme Piel de verre s & lelon moi, paree qu’un verre, quand il s’eft chargé d’une trop grande portion de fel qu’on ne peut plus lui óter par la fuite, fe décompofe & fe détruit a i’ajr .
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On f^ait que pour donner différentes couleurs
aux verres , on y mêle du métal ou une fubftance métallique , après 1’avoir réduite en cbaux, foit par le moyen du feu , foitpar quelque diflolvant convenable; je n’en donnerai que deux exem- ples. Le verd-de-gris ( qui n’eft autre chofe qu’un cuivre réduit en poudre par le moyen du raifin & du vinaigre ) , quand on le mêle avec de 1’alcali, donne un verre de bleu de faphire. Mais un fait remarquable , & qui eft une forte preuve du peu de différence qui fe trouve originairement entre la couleur bleue & ia verte; c’eft que, li pour colorer le verre, on fe fert de cuivre qui ait été diflout dans 1’efprit de nitre , 1’on n’aura qu’un verre verd, & jamais on n’obtiendra un
nitrofus cunéla procreans , cum mixta corpora ingreditur, è cxlefli in terrenam degenerat naturam. Enim vero id mihi perfuadere non pofliim , nihil falis in vitro rema- nere : nam qui po (Tent terra: corpufcula inter fe conjungi, ni vifcofofale neélerentur ? Nee video quaratione virrum iterum fundi queat fi omni fale exuatur.... Jam quxro, an quod erat faiis in fodaaut nitro, auf alio fale-fattitio , in fpumam abeat ? Id fane nemo dixerit. . . . Magnefia expurgando vitroifit perfpicuitati conciliandx adhiberur ; fecus enim vitrum aut viride aut opacum aut impuruin fieret. Quod fi major hujus lapidis quantitas apponeretur, vitrum foret purpureum , quod ubi acciderit perparum falis Tarrari adjiciunt; hie enim abftergitfit alios colores eluit. Neque illud inficior, magnam vitri partem in arena aut lapidibus vitro micantibus atlu contineri; fed neque omni fale caret, nee citra falem poteft fluere. De Conf. Vet. & Nov. Phil. pag. 448. & Jf.
verre bleu. Je connois auffi une couverte blanche pour la porcelaine qui fe fair avec un vitriol d’é- tain préparé par 1’efprit de nitre; c’eft un fecret au- quelbiendes gensauront de la peine a parvenir, faute de connoicre les tours de mains néceflaires a cette opération.
On voit clairement que tout ce qui vient d’etre dit, tend a mon but qui eft de prouver qu’il y a une affinité réelle entre les végétaux & les minéraux. En effet, comrae nous 1’avons vü dans ce Chapitre , io. des matieres végétales, tel¬les que la potafte & les fels lixiviels, fe mêlent & s’incorporent avec des matieres minérales, telles que font les quartz , le fable & les métaux, &c. d’une maniere inféparable , pourvü que 1’on obferve de juftes proportions dans la com- binaifon , & qu’ii n’y ait ni trop ni trop peu de l’une ou de 1’autre eipece de matiere ; & même ia fuye que fournit ce feu , fi le Verrier n’y prend pas garde, s’attache fi étroitement a la maffe du verre qui eft en fufion , que le verre en perd fa blancheur. Ces matieres fe réuniftent & s’incor¬porent aun dégré du feu que 1’on pourroit nom- mer i’épreuve ou le purgatoire de la fixité, <& qui eit tr-'lnu n V a P°’nc ^eu de douter de la corn- binaifon intitne des matieres: U fe par-la one onion f, étroite que tojtes deux ne conftttuent plus qu un corps tranfparent, fixe au reu , image de ia perfection éternelie.
3°. Les végétaux prennent auftï par eux- E e e e ij
;88 DE LA VITRIFICATION, &c.
mêmes la forme d’un verre qui differe cepen- danc du verre mineral par la mollede , la légé— reté&ladureté. En effet, la figure criftaline de ce dernier verre & fa fixité qui eft telle que le feu le plus violent ne peut le détruire , prouvent aflez que nonobftantces propriétés accidentelles, les fondemens & principes en font les mêmes que ceux du verre mineral.
FIN. du Chapitre onziéme du Flora Saturnizans
De HENCKEL
ET DE
L’ART ENTIER DE LA VERRERIE.
JM EMO IRE fur la maniere dont le
Sajfre ou la Couleur Bleue tire's du
Cobalt fe fait en Saxe.
PAR M. ZIMMERMANN.
Traduit de l’Allemand.
§. i.
o N faifoit autrefois un très-grand myftere de la maniere de faire le iaffre ou la couleur bleue : mais il eft fort inutile de tenir la chofefi fecrete, car quoiquil y ait différentes operations & tours de mains qui contribucnt a la pureté & a la fineffe de cettc couleur; c’eft cependant le cobalt & la terre du bifmuth, iFifmuth graupen , qui en font la bafe , & partoutou Pon trouvera ces deux matieres, Pon ne manquera point de gens quifauront en tirer la couleur bleue , Ton n’aura qu’a fe fervir de Verriers qui auront déja travaillé aux verres de différentes couleurs, ilsne tarderont point a trouver les manipulations néceffaires pour faire réuflir 1’entreprife. Ces manipulations varient a proportion des différentes efpeces de cobalt que 1’on doit traiter; fouvent le pro¬cédé qui eft avantageux pour une efpece de cobalt ne Pcft point pour uneautre, & dans un endroit on fait myftere d’une operation qui nepeut quelquefois pas avoir lieu dans un autre. En un mot, en don- nant une description exa&e des materiaux que Pon employe & du manuel de Poperation , c’eft nerien découvrir: mais ft on vouloit en donner une theorie complette , peut-etre feroit-on obligé de faire connoitre des verités qui conduiroient a trouver moyen de travailler avec profit des mines de cobalt dont a&uellement on ne tire rien du tout,ou du moins qui ne fourniffent qu’une couleur de très-peu d’im- portance. Ce ffeft point la mon deffein, je nc veux parler ici que du
travail qui fe pratique dans les manufactures de faffre , & des arran- gemens économiques que Pon peut y établir. On trouveraici d’abord une courts defcription des matieres que I on employe, qui ferafuivie d’un détail clair & intelligible du travail; on pourra par ce que je vais dire fuppléer a ce qui n’a été décrit qu’imparfaitement dans d’aur tres traités fur la meme matiere.
§ 2.
Pour faire la couleur bleue on fe fert du Cobalt, ou de la terre du Bifmuth , de potafle. 8c de fable. Dans ce pays ( en Saxe ) c’eft a Schneeberg qu’ontire lc plus de cobalt, il s’en trouve auffi a Johann- Georgenftadt & a Annaberg: mais depuis quelque terns ce dernier en- droit n’enfournit que fort peu. Les mines de cobalt de Schneeberg font a 120 ou a i jo brafles de profondeur en terre; celui qui ie trouve bienavanten terre eft beaucoup meilleur que celui que 1’on rencontre a la furfacc ; il eft mêlé avcc du quartz ; c’eft celui qui four- nit la plus belle couleur. Il s’en rencontre aufli avec le Kupfernikkel ou mine arfenicale rouge : mais il fait un verre brun & obfeur; enfin on cn voit qui eft mêlé avec de Pardoife. Le cobalt differe en qualité & en bonté fuivant les difFerens endroits d ou ii a été tire; il y en a qui eft de deux ou trois cens plus cher que d’autre. Lorfque 1’on a rencontré les fillons ou le cobalt fe trouve, 8c que Pon a ouvert des puits , on le fepare de fa gangue, on en fait le triage 8c on le réduit en morceaux de la grofleur d’un oeuf de poule; on ne permet pas de le laiffer en plus grands morceaux , afin de pouvoir en faire des effaij avec plus d’exa&itude.
§ 3-
Comme les mines de cobalt contiennent ordinairement du bifmuth J Pon ne fait ufage que du mineral qui eft dans ce cas; voici comment on les travaiUe. Prés des endroits ou Pon a raflemblé ce qui a été tire des mines, on choifit un emplacement ou terrein ferme 8c dur; ou fi J’on n’en trouve point, on forme avec de Pargille une aire femblable a celles des granges; cette aire a neuf ou dix aunes en quarré , on y met deux perches qui ont une certaine épaiffeur, on fend du bois en petits morceaux pour en mettre en travers tout le long des perches a proportion de la quantité de mineral que Pon veut faire fondre; ces
morceaux de bois fendusqui font environ d’un demi pouce de diametre de la longueur d’une buche ordinaire fe mettent les uns a cóté des autres ; on répand pardeflus ce bois ainfi arrangé les mines de Bif¬muth , Sc pour lors on allume le feu. On fait ce travail lorfqu’il fait du vent afin qu’il puifife poufler lefeu, que Ton entrecient en y remet- tant continuellement de nouveaux morceaux de bois. Quand tout le bois eft confumé on enleve la mine, un ouvrierla met dans un panier & lc tourne au vent afin d’en faire partir toutes les cendres & les fa- letés quel1 • peut avoir contraélé dans le feu ; de cette maniere les grains d..- bifmuth demeurent tout feuls a i’exception des parties que le feu peut en avoir détachécs. On raflemble ces matieres Sc on les garde jufqu’a ce qu’on en puifle faire le lavage dans Peau, on les rafiine dans des poeiles de fer , enfin on les fait fondre Sc on leur donne la forme de pains ou de gateaux.
§ 4-
Lorfqu’on fait fondre le bifmutb, on joint ce qui s’en fépare aux cobalts & a la terre du bifmuth, Sc on le vend furie meme pied que le cobalt.
Il faut obferver quelorfqu’on tire d’une mincde bifmu.b qui n’eft point aflez pur pour etre mis en fufion , & qui n’eft point aflez bon pour dédommager des frais Sc dela peine qu’on y employeroit, ou s’il arrivoit que la terre quiy eft jointe fut trop legere Sc le diflippat en vapeurs; darsces cas il vaut mieux joindre la mine de Bifmuth aux cobalts. Lorfqu'on tire le cobalt Sc le bifmuth de la mine , il fetreuve fouvent des matieres en grumeaux qui coupent Sc interrompent le filon , il y auroit trop de peine a les travailler, Sc fi on les meloit au cobalt elles en diminucroient la qualité ; on porte done cctte efpece de mineral au boccard ou on 1’écrafe a fee, on la tamife, Sc le cobalt qui s’y trouve mêlé fe fepare des autres parties impures Sc heterogenes. On nomme Klein le cobalt qui en a été feparé. Quant a la partie fa- bulcufe qui y eft melee, on la nomme Bren , on ne s’en fert que pour faire du mortier Sc dans les ouvrages de Ma^onnerie. On paye au boccard deux gros ( cinq fols) de droits par voiture ; on donne deux florins a celui qui fait le triage , autant pour le boccard Sc huit pfennings 5 Pour tamifer. Une voiture eft autant qu’un cheval peut tirer depuis la mine jufqu a 1’endroit oü eft le boccard. La matiere que nous avons dit étre nommée Klein eft aufli bonne que le cobalt, on
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la travaille de la même fa$on que lui, & Pon en met ordinairement trente livres fur un quintal de cobalt. La terre de bifmuth , le cobalt, & le Klein fe mêlent eniemble , a moins qu’on ne voulüt travailler le Klein feul, ce qui n’eftgueres d’ufage quant a préfent: mais il n’eft point permis de le mouiller paree que ce feroit une tromperie. II fauc que rintendant des mines foit bien au fait de la qualité du cobalt de les mines, afin de favoir au jufte combien il doit prendre de chacune des efpeces de matieres que nous venons de décrire pour pouvoir ren- contrer la couleur ou nuance qui eft requife. En effet les cobalts don- nent une couleur plus vive que la terre de bifmuth , & cependant celle de cette derniere fubftance eft plus agréable a Poeil; & quand on a meld ces deux chofes dans de juftes proportions, 1’on obtient des ef¬fais ou échantillonsdccouleurs très-beaux.C’eft pour cela que 1 Inten-dant des mines doit avoir la precaution de faire faire des effais lur lel- quels il puiflefc régler. Pour chaque effai on paye a PEflayeur trois florins ? & un florin a celui qui a PinfpecUon des couleurs.
§ 5-
Tous les quartiers , c’eft-a-dire , toutes les onze femaines, Pon envoyeles effaisdu cobalt pour être jugés par le Confeil des mines , & POfficier qui a Pinfpe&ion du cobalt prend une notte de tous les cobalts qu’on y préfente; on Penvoie au Grand-Confeil des Mines pour qtPil en decide , après quoi on délivre a chaque Intéreffé dans les mines la repartition qui lui revient: la pefée fe fait en prefence de POfficier qui eft chargé de la recette du dixieme du Prince , des autres Officiers des mines , des Propriétaires des mines & de ceux des In- térefles qui veulent s’y trouver. On fe fert pour pefer, d’un poids fur lequel on fe regie dans toutes les mines , & Pon repartit a chacun la quantité qui doit lui être livrée , chaque manufaélure de bleu a un cinquieme dans la totalité. Auffi-tót après que le cobalt a été pefé, on Pemporte, on garde les échantillons que Pon en a pris après les avoir bien broyés & en avoirfait les eflais , on les met dans des boites que Ponafoito decacheter, & fur lefquelles on met des marques pour pouvoir les reconnoitre j & chacun des Officiers & intérefiés va faire les eflais,
§ 6.
11 fe paffe ordinairement quinze jours avant que tous les effais foient fairs. Au bout de cetemsle Confeil fixe un jour pour la taxe , chacun fe rend a Pendroit indiqué avec les eflais qu’il a faits. Voicï comment
ADDITION. 393
comment fe fait la taxe. Nous avons die que l’on avoir confervé les échantillons dans des boites cachetées ; il faut done que chaque Pro¬priétaire de quelque portion dc mine & les Intéreffés viennent recon¬noitre leurs bones;-on leur compare les nouveaux effais que Ton a faits , & 1'onen fixele prix: on tire des boites les échantillons , on les pilede nouveau dans un mortier, on les étend fur du papier, & 1’on en fait le triage ; 1’on en prend avec la pointe d’un couteau, & quand les échantiilonss’accordent avec les effais, on les remec dans les boites , & eiles font cachetées de nouveau par les Officiers des mines, les Manufaéturiers de la couleur bleue , & les Intéreffés , &c. On com¬mence pour iors a taxer les Propriétaires des mines fuivantPordrc dans lequel ils ont livré, c’eft au Confeil qu’appartient le droit de fixer le prix du cobalt. Quand la taxe eft faite , le Receveur du Dixieme expédie des billets pour lefquels ebaque propriétaire d’une portion de mine doit lui payer trois florins:on marque fur ces billets ce qui efl du al'Eleéleur pourfon dixieme & neuvieme, & le furplus du prix. Refte pour les intéreflés, qui portent ces billets aux Manufa&ures pour y recevoir le payement fur lequel on retient le dixieme & le neuvieme,&c, § 7-
Auffi-tót que le cobalt a été porté a la Manufa&ure & ya été payé, on Pécrafe au boccard, on le paffe par un tamis de fils de laiton, en- fuite dequoi on le portc au fourneau de calcination qui reflémble affez a un four & caire du pain.Ce fourneau a environ trois aunes & demie de long fur autant de large; le plan du fourneau & fa voute font faits de briques , on allume le feu Sc la flamme paffe pardeffus le cobalt & le reverbere. Dans ces atteliers on ne brüle que d’excellent bois très- dur. On continue la calcination pendant quatre, cinq , fix Sc même neuf heures fuivant la nature du cobalt que Pon traite ; on a foin de remuerde terns en tems la matiere avec un rable de fer; la vapeur ar- fenicale Sc dangereufe qui part du cobalt eft re$üe dans un batiment qui a pour 1 ordinaire cent pas de longueur; ce batiment dans lón commencement eft de brique ou de pierre A caufe de la grande cbaleur qu’il re$oit, le refte n’cft que de bois ; il a quatre aunes dc haut fur deux aunes de large; c’eft dans ce batiment qu’eft recüe la fumée , elle eft d’une couleur blancbe , & fe précipite en bas. Par la calcination que nous venons de décrire, un quintal de co¬balt perd depuis vingt jufqu’a trente livres de fon poids, a proportion de fa qualité. C’eft avec la vapeur ou fumée condenfée qui s’eft atta-
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chée aux parois du batiment de bois que fe fait 1’arfenic; I’oti employe pour cela une operation qui demande une defcription particuliere. Poyest les notes de Kunckflfur Neri. pag. f i. Pour le cobalt quand il a été calcine on le paffe par un tamis de cuivre jaune fort ferré: 1’on nomme Grauplein les morceaux qui rcftcnt fur le tamis & qui n’ontr point pü paffer au travers > on les écrafe de nouveau , &on lestamife, cn continuant de même jufqu’a ce que le cobalt foit en état d’etre joint aux matieres avec lefquelles il doit être mis en fufion.
§8.
La potaflequi enfre dans Ia compofition de la couleur bleue fe fair avec toutes fortes de cendres de bois de chauffige , ou avec celles que 1’on obtient en brulant desarbres dans les forêts; celles de la derniere efpece font les meilleures , paree que non-feulcment le fel qu’on en tire eft plus fort, mais encore paree qu’il eft en plus grande abondance, On fait la leffive de cette cendre dans des tonneaux faits exprès , on commence par 1’humeéler avec unpeu d’eau , après avoir mis préala- blement un peu de paille ou de fagots dans le fond du tonneau , afin que la cendre ne puifle point paffer. Tant que la leflive eft d^une cou¬leur brune,on la verfe dans des chaudieres de fer: quand elle eft blanche ou moins chargée de fel, on la reverfe fur de nouvelles cendres, afin qu’elle devienne plus forte. On fait évaporer cette leflive dans des chaudieres de fer;cette evaporation demande ordinairement deux jours de tems : mais quand on s’eft fervi de cendres des forêts, lopération eft achevéeen un jour &demi. Chaque chaudiere a proportion de fa grandeur fournit un quintal ou même 125* livres de fel qui fe durcit par la cuiflcn , & prend la confidence d\ine pierre: aufli eft-on oblige de le detacher a coups de cizeaux de la chaudiere. On confume pour une pareillecuiflon le quart d’une corde de bois , & les frais qu’il en cofite pour chaque cuiflon montent ordinairement a dix florins. Comme la leflive eft fujette a fuir & a s’élever par-deflus les’chaudieres. Pon remedie a eet inconvenient cn y jettant un pcu de poix. Le fel qui eft demeuré après l’évaporation doit encore être calcine, & lorfqu’il a pafle par cette operation on lui donne le nom de Potajfe. La calcina¬tion s’en fait a peu prés comme celle du cobalt, quia été décrite ci- deflus. L’onaun fourneau tout exprès pour calciner ce fel, & en deux heures de terns la calcination eft faite. Par cette operation le quintal de fel perd quatorze, feize & jufqu’a dix-huit livres de fon poids. Enfin on pafle encore la potafle calcinée par un tamis de fil de fer peu ferré, les morceaux qui fonttrop gros s’écrafent & fe réduifenc en poudre afin qu’ils foient pluspropres a être employés pour la fufion de la couleur bleue dans laquellc il entre de la pouffe.
§ 9-
^addition ou fondant, dont on fefert pour faire fondre la couleur bleue fe fait avec des cailloux blancs que Pon ramafle dans les cham»>s oudu quartz que Pon tire des mines memes; celafaitun petit prjfa pour les ouvriers, on leur donne deux gros (cinq fols ) pourchaque voiture. Ce quartz eft porte dans Pattellier, on Py calcine afin de pouvoirle réduire plus aifément enpoudre. On fefert pour cela d’un boccardaeaugarni d’unécouloir : ce qui eft pur refte dans le boccard, & ce qui eft impur eft entraine par Peau. Après que les cailloux ou le quartz ont pafle par cette operation, on les porte dans un fourneau pour les y faire bicn rougir & calciner: on les paffe par un tamis de cuivre jaune,& on met ce»qui eft paffe dans des caiffes ; pour lors cette matiere eft propte £ être fondue. Ce qui n’a pu paffer par le tamis eft jremis au boccard, & on Pécrafe de nouveau.
$ xo.
On fe fert des trois matieres que nous venons de décrire pour fairc la couleur bleue. On prend ordinairement parties égales de cobalt de cailloux pulverifés & de potaffe , a moinsque le cobalt nefut d‘ nature a pouvoir fouffrir une addition plus forte. Onjette ces trois matieres enfemblc dans une cailfe, pour les meier exa&ement; enfuitc de quoi on met ce melange dans des creufets, & on le fait fondre- e’eft ce melange qui prqduit le verre dont on fair ia couleur bleue. Lc fourneau oul’on fait fondre ces matieres reffcmble a ceux des Verre ries , il a trois aunes de long, une aune un quart de large, & trois dê haut. Lcspotsoucreufcts lont places a la moitié de la hauteur do fourneau. On met a la bouche du fourneau une norte i>
pester, c’ertpar-la que Pon met & que Pon reg ies cette porte .1 y a un pent trou , par ou Pon met recuire les effais cn petit que Pen a fans de Ia couleur; ce petit trou fe bouche avec un peu de terre grate. A chaque cóté du fourneau il ya trois ouvreaux- par ou Pon met dans les creufets la matiere qui doit ctre virrtfX» *
OÜ on peut la puifer lorfqu’elle s’eft changée cn verre. Pendant" qu’on fait fondre,on touche ces ouvreaux avec des morceaux de terre e-rate A 1’cxception de deux travers de doigt, afin que Pair puite avfir fon cours. Au-dcteus de ces ouvreaux il y a encore trois trous que 1’on ne debouche que lorfqu’il y a quelque cholè è faire aux creufets ou qu on en veut placer de nouyeaux dans le fourneau , afin de pou-
Ffff ij
A D D IT I O N.
voir mieux les placér & les remuer avec des tenailles de fer. Enfin plus bas encore & au-deflous de ces ouvreaux, c’eft è-dire, au pié du fourneau il y a deux ouvertures deftinées a tirer les cendres & le verre, qui en fortanr des creufets auroit pü fe repandre dans le fourneau;on le nomme verre de foyer & on le remet de nouveau fondre.
§ ir.
Dans chaque foyrneau il y a pour Pordinaire fix creufets dans Iefquels on met le melange avec unecuillieredefer courbée garnie d\m man¬che de bois. Les pots ou creufets fe font avec de bonne argille que Pon apporte communement de Bohème. On donne a 1’ouvrier qui les fait trois florins pour chacun de ces creufets ; ceux qui font faits avec un tiers de taiffons ou de morceaux de creufets écrafés refiftent mieux au feu que ceux qui font faits avec de la nouvelle argille; & lorfqu’ilsfont bien faits ils peuvent durer pendant vingt femaines.Avant que de fe fer- virdc ces creufets pour les faire fccher on les met dans un fourneau deftiné a ccr ufage, que l’on nomme temper ojen , qui dans toutes les manufaftures eft fort prés du fourneau ae fonte, afin que lorfqu’on vient £ les tranfporter de Pun a Pautre, Pair ne puiffe point les en- dommager, ni les faire fendre.
§ 12.
Comme pour mettre le verre en fufion il faut une chaleur très-con- fidérable , & que le fourneau de verrerie a deux ouvertures Pune de- vant Pautre, par derriere , on n’y fait du feu qu’avec du bois bien fee. II y a un fourneau conftruit tout a coté du fourneau de fonte qui eft un peu plus élevéque lui,afin que la chaleur aille de Pun dans Pautre ; ce fourneau eft voute & aufli long que large , e’eft-la qu’on met le bois que Pon veut fécher ; par devant il eft garni d’une porte de fer que Pon ferme pour que le bois y feche au point de devenir prefqu’en charbon ; on y laiffe le bois pendant deux ou trois heures, de forte qu’on en peutfaire fécher trois ou quatre fournées en un jour. Par Pautre ou¬verture on ne met que du gros bois ordinaire , car celui dont nous venons de parler & que 1’on fait fécher doit être en petits morceaux , & même fi les buchesétoient trop groffes il faudroit les fendre.
§
A vcc le bois ainfi féché on entretient un feu bien égal, & lorfque le melange des matieres a été pendant fix heures dans le fourneau, on le remue avec une baguette dc fer deftinée a cet ufage ; on fait la meme chofe de quart d’hcure en quart d’heurc, il y a un horloge dans Pat- telier pour que tout fe fafïe a point nommé; on continue de meme pendant fix autres heures, afin que tout le melange foitbien vitrifie. L’on peut aufii ne mettre que huit heures a ce travail lorfque Pon fait un verre de moindre valeur. Au bout de ce terns on puife le verre avec une cuilliere dc fer, & on le jette dans un vaifleau plein d’eau , afind’étonnerle verre, de lerendreplus friable & plus propre a être pile & écrafé dans lc moulin. Au fond du verre , outre le bifmuth , il s’amafle une matierc que Pon nomme Speifs , * une maflecngaceaux: on la retire aufii des crcufets, ce qui eft caufe que le Verrier qui eft charge de cette befogne eft oblige de foutenir une chaleur très-violente. En effet, il met cette matiere en gateaux dans une poele de fer avant que de jetterle verre dans Peau. On lui donne un pfenning pour chaque livre de cette mafic reguline qu’il retire. Voici comment on s’y prend enfuite pour féparer cette matiere d’avec le bifmuth. Lorfqu’on laifie eteindre le feu du fourneau & que les creufets doivent d’ailleurs être facrifiés, on les remplit de cette matiere que Pon fait entrer en fu- fion , alors lebifmuth tombe au fond & k Jpeifi vient an defius, & on le fépare. Mais la féparation s’en fait encore mieux, lorfque Pon fait du feu tout autourde cette maffe en gateaux: pour lors le bifmuth en eft plus pur & tombe plus aifement en fe fondant. Pour ce qui eft du fpeifi on peut s’en fervir comme du cobalt pour le joindre au me¬lange dont on fait le verre bleu , pourvii qu’il ait été traité de la même manicre que le cobalt. Quand on a retire le verre de Peau ou Pon a fait Pextindion, on le porte au boccard dans des brouettes ; & com¬me fouvent il fe trouve encore du fpeifi dans le vaifleau ou Pon a éteint le verre , des petits gar$ons le ramaffent & on leur en donne auffi un pfenning par livre ; ce n’eft point tanr pour mettre a profit cette matiere que paree qu’il eft bon qu’ellefoit ïéparée du verre dont clle rendroit la couleur grife. On pafie Ie verre après qu’il a été écrafé par un tamisde fil de iaiton, qui vaut mieux qu’un tamis de fil de fer a caufe dc la rouille; après quoi le verre eft pret a être porté au moulin.
* Dans les Manufadures dc bleu,Von de Varfenic > un peu de fer & quelque- entend par Spzifi une maffe d’un gris fois quelques parricides de cuivre. dair, caffantc,qui contient du cobalt,
§ 14.
Ces mouüns font ordinairement prés du boccard, & vont en même terns que lui. Lemoulin eft une efpece de grande cuve compofée de douvcs aflez fcmblables a celles d’un tonneau: au fond decette cuve eft un plateau qui pofefur le fond; il eft fait d’une pierre extréme- ment dure, quieft très-ume par-deftus & par-deflousy & arrondie par lcscótés:elle a uneaune ou troisquartsd’épaifteur,& uneaune& demie ou une aune trois quarts de diamétre, lorfqu’on peut en trouver de cette taille : mais comme la pierre qui doit fervir de plateau n’eft point toüjours affez grande pour remplir exaélement la cuve ou qu’ellen’a point la rondeur néceflaire, on remplir les intervalles avec des morceaux de pierre, & on bouche avec foin les vuides avec de la moufle , afin qu’il n’y entre point de la couleur, qui nelaifferoit pour- tant pas d’etre entrainée parl’eau. Au milieu de cette pierre ou pla¬teau, 1’on fait untrou quarré de quatre doigts de profondeur que longarnit dun fer bien trempéfur lcquel tourne un eflieu quieft mis en mouvement par une roue a dents. Acer effieu font attachées deux meules de pierres de la même efpece que celle du plateau; ces rneu- les font attachées les unes aux autrespar deforts liens de fer, * dies fervent a broyer le verre qui eft fur le plateau & £ lc réduire en pou- dre au fond de 1’eau. C’eft dans cemoulin que 1’on met le verre qui fort du boccard; on le travaille de cette maniere pendant fix heures • pour lors on lache un robinet, & 1’eau chargee de couleur qui eft dans la cuve du moulin coule dans des baquets que 1’on y préfente ; ces ba- quets fontfaits comme des feeaux , excepté que d’un cöté les douves en font de quatre doigts plus élevées que de 1’autre ; on verfe cette eau colorée dans des cuves £ lavage qui ont environ deux aunes de diametre & une aune ou cinq quarts de haut. L’on y laiffe repofer la couleur pendant trois ou quatre heures & elle tombe au fond • on puife leau qui eft demeurée claire, & on la verfe dans des a’uees d’ou elle va coaler dans unrefervoir; 1’eau qui furnage £ ce premier refervoir retombe dans un fecond, & enfuite dans un troifieme ou elle a le terns d’achever dp devenir claire, & la couleur delèprécipiter. On nomine Efckel cette couleur qui s’eft précipitée, on la joint a de la matiere que i’on fait fondre; parcemoyen 1’on épargne du fondant & {’on ne Jaifl'e pas d’en faire de bonne couleur.
* L’Auteur auroit du dire que ccs deux meules de pierres toignent verticale- joaent.
§ i;.
Les cuves ou tonneaux remplis fie Ia couleur qui a palfé au moulin font portés dans un endroit quc Ton appelle la laverie; on détache la couleur 6c on la concaft'e tantfoitpeu, puis on la met dans un vaif- feau qui eft tout au pres; cc vaiffeau eft reropli d’eau qu’un ouvrier remue avec une fpatulc de bois pendant un quart d’h«ure fans interrup¬tion afin de bien nettoyer la couleur & d’enlever routes lcs falctes qu’elle auroit pu contractor; on puife pour lors avec une écuelle cette eau ainfi agitée , & on la pafte par un tamis de erin fort ferré; 6c pour achever de la purifier on la met dans un nouveau vaiffeau ou elle doit fejourncr pendant trois ou quatre heures. Au bout dc ce terns on décante 1’eau claire;& Ton réitere trois ou quatre fois ce lavage fuivant le dégré de purcté & de fineffe que Ton veut donner a la couleur; on retire ce qui eft tombé au fond ; ie Direéleur de la Manufaóf ure en prend uneffai qu’il fait fécher, ille pafte par un petit tamis de crin pour en connoïtre la bonté, & voir fi fa couleur s’accorde avec 1’é- chantillon ou modele auquel il doitetre compare.
§ 16.
Lorfque la couleur a les qualités requifes, on Fétend fur une table unie qui a fix aunes de long & deux aunes 6c demie de large & qui eft faite avecde forts madriers. Un ouvrier fe met a égalifer 6c a pulvé- rifer la couleur en grumeaux, ce qu’il fait aifément paree que ces grumeaux ne font point durs. Pendant ce terns 1& d'autres ouvriers prennent des rouleaux de bois de trois poucesde diametre, 6c ilss^en fervent aufll pour égalifer la couleur: plus elle eft fine,plus elle eft aifée è rendre unie. On metenfuite cette couleur fur des planches garnies de rebords: mais on n’y en met que deux pouccs dépaiffeur, afin que Ja chaleur de Fétuve puifle la fécher; on Fégalife avec les mains 6c on porte ces planches dans une étuve qui eft ordinairement voutée Acaufe dc la grande chaleur qui y regne. On pole ces planches fur des appuis faits expres ou fur de fortes barres de fer; on les y laiftè pendant un jour 6c une nuit, afin que la chaleur agifte 6c que ia couleur fok bieo féchée.
§ i7*
Enfin or nleve la couleur, on la porte dans Ia chambre ou font les balances . 5: on la met dans des caiflès ; dans eet endroitil y a un ou- vrier don Ja fonólion efl de tamifer la couleur dans une grande caifle de bois garnie de toile , il fe fert pour cela d’un tamis de erin fer ré a proportion de la finefl'e de la couleur : mais comme cela fait voltiger la couleur qui eften poudre, 1’ouvrier eft oblige de fe bander la bouche avec un linge , afin de n’en point avaler. Quand on aainfi rempli une de ces caiflès qui peut tenir quinze , vingt & même jufqu’a trente quintaux de couleur, on l’hume&e avec unpeud’eau afin de pouvoir plus aifément 1’empaqueter; on la pêtrit avec les mains , on écrafe les grumeaux qui fe formenc auxendroits qui ont été mouillés , afin que la couleur le foit partout également. On pefe la couleur avant que de la mettre dans de grands oude petitstonneaux. Mais avant que d’en venir la, l’Infpe&eur eft oblige d’en prendre un efl'ai pour voir fi la nuance s’accorde avec fes échantillons. Si la couleur n’efl pas telle qu’on la demande, il faut qu’il y remedie en y mêlant d’autres cou- leurs ou plus claires ou plusfoncées; cependant on n’exige point une exa&itude trop rigoureufe, il fuffit que la couleur ne differe point trop decellede l’échantillon. Après qu’on a pefé la couleur, on 1’entafl'e fortement dans des tonneauxgarnisde cerceaux quel’on attache avec des clous ; on y imprime avec un fer chaud la marqué & le nom , & avec du crayon rouge on en indique 1’efpece de la maniere fuivante : O. C. marque un clair ordinaire ; O. H. marque un bleu vif ordi¬naire. M. C. Clair moven. M. H. Bleu vif moyen. G. C. ou F C. une couleur bonne ou fine. F F C. Couleur fine & claire , &c. On l’envoye enfuite a Schneeberg, ou 1’on fonde tous les tonnneaux pour en tirer des échantillons: on fait une marque fur ie tonneau; on paye les droits du Prince; on prend un pafle-port,& onenvoye cette couleur dans les Pays Strangers.
F I N.
SECRET
DES VRAIES
PORCELA I N ES
DE LA CHINE ET DE SAXE.
TRADUIT DE L’ALLEMAND.
(JO2
AVERTISSEMENT.
C E petit Traite rnétant tombé entre les mains après avoir achevé la Traduélion de l Art de la Fer¬rer ie , Tai cru devoir en faire part au Public, fans me rendre garant f l’Auteur anonyme a rempli tons fes engagemens ; il me paroit avoir tire tout ce quil dat de la Porcelaine de la Chine , des Lettres édifiantes & curieufs des R R. PP. Jefiites, & deTHifloire de la Chine du P. du Halde, dont il ne donne qu’un ex- trait i mais comtne il nous apprend les procédés .quon fit en Saxe pour faire la Porcelaineai cru quau- jourd’hui quon cherche a l’imiter en quclqv.es end} oits. de la France, on ne feroit point faché de trouver ce détaik
6oj
PRÉFACE
D E
E’ A U T E U R.
I j E trop de fcience de quelques gens de notre £écle les a extraordinairement enflés, & le grand nombre de fourbes qui ont parcouru différentes Cours de 1’Europe, a rendu les Princes fi deffians, qu’ils ont fermé tour accès aux vrais Arciftes & poffieffeurs de fecrets. Ce font ces motifs qui rn’ont determine a expofer aux yeux de tout 1’univers un fecret qu’on avoit ignoré, afin de réprimer 1’orgeuil & la charlatanerie , du moins fur la maniere de faire la Porcelaine. J’entreraï dans le détail de toutes les operations qui y ont rapport; ceux qui voudront opérer, trouveront que je n’ai rien omis , & i’expérience fera connoitre que les cailloux , terres a pipes, argilles & autres matieres groftïeres ne font point, comme quelques-uns le prétendent, propres a faire de la vraie Porcelaine. J’efpére qu en fuivant les regies que je prefcrirai, bien des gens qui étoient dans 1’erreur, feront remisdans le vrai chemin : je ne parle ici que de ceux qui errent <le bonne foi, & non pas de ceux qui errent pat
Gggg V
604 PREFACE, &c:
entêtement, pour qui je n’ai point eu deflein d’écrire : ceux - ei peuvent perfilter dans Jeurs idéés; leurs louanges ou leurs critiques me font parfaitement égales ; il me fuffit d’avoir dit la verité. J’ai eu occafion de m’en inftruire , ayant été plufieurs années témoin de la maniere dont fè faifoit la Porcelaine , & y ayant travaillé moi- même ; ce qu’il me feroit facile de prouver, ü je jugeois a propos de me faire connoitre.
FIN de la Preface de l’Auteur,
obtXxXJCJbüCót.tXODtXJb.x.uCcbcc.ct»,'*- -* •* ^
SE C R E T
DES VRAIES
POR CELAIN ES
DE LA CHINE ET DE SAXE.
Traduit de l Allemand.
(^) UATRE chofes fontnéceflaires pour la preparation de la vraie Porcelaine. II faut connoitrc.
i°. Lamatiere dont on la fait.
20. La maniere d’en faire différens vafes.
30. Les couleurs que 1’on dóit employer pour peindre ces vafes; 40. La maniere de recuire la porcelaine , ou de lui donner un
dégré de feu proportionné a fa qualité.
PREMIERE PARTI E.
De la matiere dont on fait la Porcelaine.
Onfe fert a Ia Chine de deux matieres pour Ia compofltion de Ia Porcelaine , & Ton employe pour la couverte deux efpéces huiles ou de vernis. L’une de ces matieres fe nomme Petuntjè êc 1’autre Kaolin. En Saxe on fe fert aufli de deux matieres pour faire la paté de la Por¬celaine. L’une eft un fpath alcalin ; 1’autre efl une terre toute parti¬culiere , d’une couleur blanche ou jauneatre, & tirant même quelquefois fur le rouge; elle eft aufli douce au toucher que du velour. On tire du Petuntfe une matiere que 1’on nomme huile depetuntfe;, *
? C’eft fort improprement <jue Ton nomme kuile eette matiere^
on s’en fere £ la Chine pour faire le vernis ou la couverte. Il y en a une autre que Pon tire d'e la chaux, Sc qu’on nomine huile de chaux, En Saxe on fe fere de la mine de plomb fpathique pour la couverte de la porcelainc.
Voici en quoi confifte la premiere preparation du petuntfe. On le brife avec des outils de fer, on lepulvérife , & enfin on le pile dans un mortier. Lorfqu’il eft réduit en une poudre impalpable , on le met dans un vaifleau rempli d’eau, & on le remue pendant 1’efpace d’une heure avec unefpatule de bois. Lorfque Peau a eu le terns de repofer pendant une heure, onenleve une efpéce de peau ou de creme qui nage a fa furface; elle y eft de Pépaifleur de quatre ou cinq doigts: on jette cette matiere coagulée dans un autre vaifleau plein d’eau, & l’on continue de remuer la matiere du premier vaifleau & d’en eniever la creme pour la mêttre dans le fecond, jufqu’a ce qu’il ne refte plus rien du Petuntfe qu’une matiere femblable a un fable grolfier que l’on tri- 'cure de nouveau , &. qu’on travaille de la meme maniere que nous ve- nons de décrire. Pour ce qui eft du fecond vaifleau dans lequel on a mis la matiere que l’on a ótée du premier, voici ce qu’on en fair. Aufli- tót que Peau s’eft entiérement repofée & eft devenue claire, on la dé- cante fort doucement: on met le fédiment qui eft refté au fond du vaifleau fous la forme d’une pate molle , dans des boites plattes que Pon expofe au grand air: on a cependant la précaution de les couvrir pour mettrela matiere al’abri de la pluie &de lapoufliere. C’eftdans ces boites qu’on fait fécher la pate.
En Saxe on prépare le fpathalcalin précifémcnt de la meme ma¬niere que les Chinois préparent leur Petuntfe.
Le Kaolin eft la feconde matiere qui entre dans la compofition de la porcelaine de la Chine; e’eft une terre trés-fine: voici comment on la prepare. On la met dans un grand vaifleau plein d’eau ou on a foin de la bien remuer; après Pavoir laiflé repofer pendant fort peu de terns , on décante Peau encore trouble & on Ia ver/è dans un autre vaifleau , on reverfe de nouvelle eau fur le fédiment qui eft refté dans le premier vaifleau ; on reïtére la même opération jutqu’A ce qu’il ne refte plus rien au fond du vaifleau qu’un fable groflier que Pon jette paree qu’il n’cft d’aucun ufage.
Avant d’aller plus loin , il eft a propos de donner la defcription du Petuntfi de la Chine Sc du Spath alcalin de Saxe, & d’en faire con-* noitre les differences.
nerd, fpathi-formi albd vel grifecl. Il en compte cinq variétés differences. Il feroit a fouhaiter que PAuteur fc fufc explique plus clairement.
Le Petuntfe eft une pierre très-dure dont la couleur eft blanchatre ou d’un gris tirant un peu fur le verd ; elle n’eit point fufible au feu. Il n’eft point douteux que , fi on calcinoit cette pierre avant que de 1’écrafer, elle nefut beaucoup plus aifée a réduire en poudre ; mais la calcination lui fair du tort & la rend peu prupre è être employee dans la comppfition de la porcelaine , paree que la calcination lui enleve fa force & la qualité qu’elle a de s’unir a 1’autre maticre a laquelle elle doit être jointe, e’eft pour cela qu’il faut lapulvérifer toute crue, teile qu’elle fort du fein de la terre , afin de pouvoir 1’unir au Kaolin.
II en eft de même du (path; c’eft aufli une pierre fort dure qui cft ou d’une couleur de chair fort claire ou d’un rouge très-pale & blan- cheatre, d’oii il arrive que la Porcelaine qui eft faire avec ce fpath eft beaucoup plus blanche deplus belle quecelle qui eft faite avec le Petuntfe dont la couleur eft verdatre & qui eft ordinairement envi- ronné d’une terre aflez groflicre; et c’eft aufli laraifon pourquoi la porcelaine de la Chine a toujours un ceil bleuatre & n’a par conféquent point le mêmeéclat que celie de Saxe.Les deux pierres dont nous par- lons font toutesdeux non-fufibles comme nous l’avons déja remarqué , &a quelque violence du feu qu’on lesexpofe feules, elles ne peuvent former un corps. C’eft une circonftance que les Anglois auroient du favoir : ils crurent que pour faire de la Porcelaine il fuffifoit d’avoir du Petuntfe ; enconfêquence ils en acheterent qui avoit ddjaété pré¬paré , s'imaginant qu’ils en feroient des eflais de porcelaine; mais ils furent trompés dans leur attente. Quand les Chinois apprirent ce qui étoit arrivé aux Anglois , ils enrirentbeaucoup, & dirent, qu’il fal- loit que les Européens fujfcnt des gens bien extraordinair es, de vouloir faire un corps fans o t, tandis que Vun ne pouvoit nife mouvoir ni fe foutenïr fans les autres ; il faur ccpendant entendre ceci dans un fens contraire; car en fuivant cette comparaifon, la terre ne peut point être prife pour les os ; on doit plutót la regarder comme la chair, & c’eft le Petuntfe & le Spath qui dans ce fens fervent de foutien au corps & rempliflent la fonélion des os.
Toutes les efpéces des pierr. s dont nous parlons nefont point éga- lemcnt propres au même u'age ; il ne faut prendre que celles qui ne: font entre-mêléés que de peu de terre groflicre ; celles qui font pures quoique non-tranfparentes fontles meilleüret.
Je vais aéhiellement parler de la maniere dont les Chinois font leur couverte. On choifit pour cela les meillèurs morceaux de Petuntfe, on les lave & on les prépare de la maniere que nous avons déja décrite plus haat. On tire ce qu’ils appellent Pkuile de la mattere ainfi préparee , c’eft-a-dire la partie la plus fubtile & la plus déliée ; on la tient dans 1’état de liquidité r & fur cent livres de cette ma-
tiere, on met cent livres de borax, que les Chinois nomment Chekao. Ils prennent enfuite des pierres a chaux calcinées , ilen font Pextinélion avec de l’eau en hume&ant peu a peu avec les doigts, ou avec un ballet de paille , jufqu’i ce que toute la chaux foit dé- compofée 6c tombée en pouflierc; pour lors on prend cette chaux 6c 6c de la fougere, on les ftratifie,ou on metces deux chofes par couches alternatives au grand air, 6c Ton en fait un tas aflez confidérable. Pour lors on y met le feu, 6c la fougere fe confume entiérement; on réïtére la meme operation jufqifa cinq ou fix fois. Après avoir raffemblé une quantité 1‘uffifante de cendre de fougere mêlee avec la chaux, on la jette dans un vaifleau plein d’eau; fur cent livres de cette cendre on met une livre de borax , 6c l’on en fépare la partie groffiere. Cette huile ou liqueur que l’on tient liquide eft comme Fame de la premiere. On mêle ces deux hides cn portions égales: c’eft la couverte dont fe fervent les Chinois. .
En Saxe on fe fert de mine de plomb fpathique comme nous 1’avons déja dit; on choifitpour ccla les morceaux les plus purs, que l’on réduiten une poudre extrémement fine, on délaie la partie la plus fine dans quelques liqueurs , par ce moycn on obtient une couverte
<beaucoup plus belle que celle de la Chine.
SECONDE PARTIE.
De la maniere de faiye toutes Jones de vajes.
On commence par meier le Petuntfe 6c le Kaolin ; voici comment on s’y prend pour cette operation. On fe regie d’abord fur la finefle dont on veut que foit la porcelaine qu’on veut faire; quand on veut qu’elle foit de la premiere finefle , on prend égale quantité de Tune 6c de 1’autre de ces matieres; pour la moyenne efpéce, on prend quatre parties de Kaolin contre trois de petuntfe, on luit a peu pres les mêmes proportions pour 1’efpéce la plus grofliere. »
On obferve les mêmes regies en Saxe 6c 1'on fait le mélange de la terre 6c de la pierre dans les mêmes proportions qu’en Chine.
Le travail le plus penible confifte A paitrir 6c incorporer ces deux matieres ; cela fe fait ou dans de grandes cuves , ou dans des boites de bois plattes faites exprès: les ouvricrs foulent 6c païtrifiênt le me¬lange avec les piés; ils en font une paté très-fine en la travaillanc
n’eft pas non plus la méme cbofe que le Chekao qui eft une efpcce de fpath ou de pierre gipfeufe,
comme
tomme les Potlers font 1’argille , afin que les matieres s’uniflent bien intimement. Quand cette operation eft finie, on fait des efpéces de gateaux ou morceaux quarrés de cette pate ; on les met par couches dans des caiiïes de bois ou de pierre qui doivent être placées dans un endroit humide , 6c 1’on y laifle cette matierc pendant troisou quatre femaines, afin que pendant cc terns ellc entre en putréfadion , pour que par-la cllefe lie plus étroitement; è la fin elle prend une odeur putride & commence adevenir bleue ou verdatre ; par ce moyen le .melange devient lie 6c tenace, aulieu qu’auparavant il étoit fragile 6c ■facile a pulvérifer. Si on peut en avoir beaucoupen avance 6c le laiffer repofer pendant un an 6c meme plus long-terns, cela n’en eft que mieux ; car plus le melange eft gardé, plus les vaiffeaux qui en font faits font beaux, mais il faut avoir foin que la matiere ne féche point, Sc meme il eft bon de l’hume&er de terns en terns avec un peu d’eau.
Quand la matiere a été préparée de la fa$on que nous venons de de'erire , le Tourneur 6c le Mouleur en prennent ppur en faire des vafes de différentes efpéces. Je vais parler du travail de ces deux Ouvriers.
Aprés que le Tourneur a pétrit de nouveau 6c hume&éle mélange avec de 1’cau pour 1’amollir, il en prend pour mettre fur fa roue , Sc il fe met a tourner; mais il en fait des vafes fans délicatefle 6c trés- épais, aprés quoi, il les pofe fur une planche & les expofe è Fair afin que la plus grande partie de 1’humidité puiffe s’évaporer; quand cela eft fait, il remet ces vafes une feconde fois fur la roue, 6c il les tourne alors trés’delicatement avec des outils d’acier propres & cec ufage; ft a auprès de luiun moule de platre 6c de gipfe ; il prend la piece qu’il a tournée 6c rendue trés - mince , il la trempe dans Peau Sc la met dans le moule , 6c paffe une éponge legerement par- delfus; c*eft ainfi que le vale prend exa&ement la forme qu^on veuc lui donner; de-la vient auffi que touteslespiéces ont la meme hau¬teur 6c les memes dimenfions.
Le travail de celui qui fait les figures n’eft pasfi long , mais il cxigc plus d’adrefe > paree qu’il faut qu’il fache fculpter. Il a aufli des mou¬les de gipfe,il enfonce fa pate dans ces moules,6c aprés Ty avoir laifle fécher un peu,il en retire les figures mouiées, 6c il réunit les morceaux avec de la pate délayée,il acheve de les reparer avec de petits morceaux de bois, un pinccau 6c une éponge, enfuitc de quoi il les fait fécher. >>Les moules dont on fe fert pour ce travail doivent avoir été travaiilés par un habile Sculpteur, 6c les modeles fur lefquels il fait fes moules doivent etrc de terre cuite de la plus fine efpéce.
Si Ton vcut y mettre quclqües ornemens, commedes ffeurs , des feuillages ou des fruits, on les forme avec les doigts ou dans des moules, & on les attache avec de la paté délayee. Il arrive aux Sculpteurs de ne pouvoir point jetter en moule une figure entiere , furtout lorfqu’elle eft ifolée ; fouvent ils font obliges d’en couper les jambes & les bras pour en remettre d’autres a la place; la même cbofe arrive aux figures en porcelaine; c’ëft pourquoi^ quand on veut faire des ouvrages de ce genre , il faut quePouvrier fache def- finer & fculpter pour pouvoir remédier aux inconvéniens qui pour- roient furvenir, & pour être en état de finir fon travail fansgatei. 1’ou- vrage du Sculpteur & fans perdre les beautés du modele.
Jufqu’a préfent j’ai donné une defcription détailiée des matieres qu’on employe tant pour la paté de la porcelaine que pour la couverter & j ai indiqué la maniere dont on la traite avant de la peindre & de la cuire. J’efpere que le Leóteur comprendra bien tout le procédé, &: je me fiatte de Pavoir mis en état de faire tout ce que j’ai dit, pourvu qu’il prcnne & la lettre tout le procédé & qu’il ne s’imagine point que ce foit une regie générale en Chyinie que de parler aufll clairement que POracle de Delphes-
TROISIEME PARTI E.
Des Couleurs & de la Peinture de la Porcelaine.
Avant d’en venir a la fa$on de cuire la Porcelaine , je ne puis me difpenfer de parler de la maniere delapeindre, & des différentes couleurs qui peuvent y être employées ; ce travail eft un des plus délicats de tous ceux de la porcelaine ; en effet, ce font les couleurs & la peinture qui en font un des plus beaux ornemens , Jurtout lork qu’elles font vives & belles.
V o B.
Voici comment on fait diïïoudre 1’Cr. Cn prend un ducat * que Pon bat pour le réduire en une lame très-mince ; on coupe cette lame en ?etits filets, que Pon fait diifoudre dans trois drachmes d^cau- régale : quand ladiffolution eft faite, on prend une demie once de vitriol dllongrie , on le fait diifoudre dans de Peau; on fibre la folu- tion dans un matras; on verfe pardeffusla liqueur filtrée, la diflólution
<Tor; par ce moyen i l’or fe précipire fous la forme d’une poudr e brune; quand la precipitation eft entierement finie , on décante 1 a liqueur qui furnage, on verfe de Peau bien pure pardeflus le preci - pité, ce que Pon réïcére plufieurs fois afin dc bien cdulcorer Tor: on le fait fécher enfuitc; & quand on vcuten faire ufage, on le triturc fur tin plateau de verre avec de l’huile de fpic, & on s’cn fert pou r peindre. Quand la porcelaine a etc recuite, on polit cec or avec un bruniffoirde jafpe.
P O V R P R E.
On prcnd un ducat quePon bat pouren faire une lame bien mince, on le coupe en filets très-déliés que 1’on met en diflolution dans un matras avec trois drachmes d’eau régale, & une drachme d’efprit de fel. On prcnd enfuite de 1’étain fin d’Angleterre qu’on réduit en li- maille; on endiflbut une demie drachme dans une drachme d’eau- forte & une demie drachme d’efprit de fel. Void comment fe fait la diflolution del’etain. On nemet que très-peu d’étain a la fois dans le difloivan: & on lui donne a chaque fois le terns de fe difloudre en- tiéreraent avant que d’y en remettre de nouueau; carfion mcttoit tout 1’étain a la fois, la aiflolution s’échaufferoit, fcroit effervefcence & la partie la plusfpiritueufe en partiroit; c’eft pourquoi il faut boucher le matras & ne jamais 1’ouvrir jufqu’è ce que les vapeurs fe foient en¬tierement appaifées ; c’eft pour lorsqu’on peut y remettre de nouvcl étain. On étend enfuite la aiflolution d’or dans environ fix onccs d’eau chaude, & ?on y verfe goutte a goutte de la folution d’étain ; on voit fur le champ fe faire un precipice noir, qui pcu a pcu devient d’un beau rouge de rubis: onfaifle repofer cette couleur pendant cinq on fix jours, au bout defquels on la trouve tombée au fond du matras fous la forme d’une poudre rouge ; lorfqu’on s’appergoit que 1’eau eft devenue entiérementclaire, on la décante pour remettre de nouvelle eau deffus le précipité; on fait la meme chofejufqu’a ce qu’ellc ne fe charge plus d’aucune partie faline $ enfin on fait lecher la poudre , on en met une partie fur fix parties de verre blanc de Venife, on broye bien exa&eroent ce melange , auquel on peut joindre de Phuile d’af- pic quand on veut en faire ufage.
N O J J?.
Cette couleur fe fait avec une partie d’écailles defer, une demie partie de vitriol, deux parties de cobalt ; on réduit toutes ccs ma*
H h h h i j
SE CR E Tj &c.
tieres en une poudre impalpable; on les met en fufion avec trois parties de plomb fpathique , & une partie de nitre , ce qui produit une maffe de verre qu’on réduiren une poudre très-fine.
R O U G E..
II v a différentes manieres de le faire , fuivant qu’on veut avoir utr rouge clairou foncé. Le rouge clair fe fait avec la rouille de fer ou le faffran de Mars. Lerouge.foncé.fe fait avec ie vitriol d’Hongrie après qu’il a paffé par une calcination de buit heures. Il y a encore un autre- rouge qui fe fait avec la magnéfie , cette couleur approcbe de celle des fleurs de pêchers. II y a aufli des terres & des pierres qui fournif-- fent du rouge.
JAUNE.
On le fait avec de Vanrimoine mclé avec du verre de plomb , ou avec le jaune de plomb d’Angleterre , ou la Tutie d’Alexandrie. On peut faire, ufage- de 1’une de ces matieres en la mêlant avec du verre de plomb,
V E R D,
La bafe de cette couleur eft la cendre de cuivre mêlee avec de la mine de plomb fpathique. Si on veut la rendre foncée , on ffa qu’a y joindre, un peu de bleu ; fi on veut qu’elle foit plus claire , on pent y meier un peu de jaune, lelon la nuance que l’on veut obtenir.
B R U N.
Cette couleur fe fait avec des terres ou pierres qui prennent cette couleur dans lefeu.; on les mêie ou avec du verre de plomb ou avec du fpath.-
B L E U.'
On fait cette couleur avec du lapis lazuli, ou avec du cobalt, dtr faffre , du fmalt ou bleu d’émail.
Je n’ai point cru devoir m’étendre beaucoup fur les couleurs, paree qu’ii le trouve prefque partout des Artiftcs qui s’occupent de ces fc-rtes detravaux ; ilfuffit de dire que routes les couleurs de laporce- lainele tirent des métaux > minéraux, pierres.ou terres. Ges lubftanr
SECRET, '&c‘.
CCS produifent autant de différentes nuances que la Chymie employe de travaux diffe'rens, pour en tirer les couleurs; celles dont on fe fere dans la peinture de la porcelaine doivent être mifes toutes dans un dégréégal de fufibilité, afin qu’elles puifTcnt être appliquées tOUtCS a la fois. Il faut aufli qu’elles ne foient point dures, mais aifées a fon- dre car toutes les couleurs qui font difficiles a mettre en fufion per- dent leur éclat & leur beauté dans un feu trop violent; e’eft un aver* tiffement que j’ai cru néceffaire.
De la Peinture de la Porcelaine, & de la maniere porter les Couleurs.
La Peinture eft un des plus beaux ornemens de la Porcelaine 5 furcout quand elle eft faite par une main habile. 11 ne faut jamais pein- dre la porcelaine avant qu’elle ait été cuite, il n’y a que ce qui doit être peint en bleu a quoi on donne fa couleur dès la premiere fois que la porcelaine fort du feu , & avant que d’y avoir mis lacouverte. La couverte eft comrne nous avons déja dir une compofition ou matiere délayéequi a la même confidence qu’une couleur en dérrempe, ou elle reffemble A la couverte des Potiers deterre. Après done que les vales ont été expofés au feu pour la premiere fois, on commence par leur appliquer la couverte : mais ce qui doit être peint en bleu doit être portéau Pejntre avant que d’y mettre la couverte. Aufli-töt que le Peintre a fait fes peintures fur le vafe , on 1’arrofe avec la couverte,de maniere qi?il y en refte de 1’épaiffeur de deux bonnes feyillesde papier> après quoi on donne a la couverte le terns defécher.
On ports également lacouverte fur les endroits qui doivent être de plufieurs couleurs dittérentes , & fur ceux qui doivent demeurer blancs. Quant tout eft bien fee, on porte les vafes au fourneau,ou on les met a recuire ; lorfque cette operation eft finie , on porte la por¬celaine qui doit refter blanche dans les magazins pour le debit; mais les pieces qui doivent être peintes de différentes couleurs font mifes entre les mains des Peintres pour y faire des fleurs, des païfages & des fruits; quand *ès peintures !ónt achevées , on porte la porcelaine au fourneau des Emailleurs pour l’y mettre a recuire. Ce n’eft point le- Peintre qui fait lui-même fes-couleurs , elles font préparées par une perfonne qui en a le fecrer, qui les hvre a celui qui doit les broyer, c’tftdecet Ouvricr que les Peintres les re^oivent. Toutes les cou¬leurs qui s’appliquent pardeflus la couverte fe débyent avec de 1’huile de fpic ; mais la couleur bleue qui fe met avant la couverte n’eft déia- yée que dans de Peau, & on 1 applique lur la pate de la porcelaine eiH
'SECRE T,
coretoute brute ; paree que le cobalt, qui eft un minéral, s’unit G étroitement a la paté de la porcelaine,que Ton n’a befoin ni de gommes ni d’autres mordants pour 1’y faire tenir.
De la maniere de faire recuire les Couleurs.
Pour faire recuire les vafesquand ils ont étépeints, on a de gratt- des moufles * de terre a Potiers, on place ces moufles dans des four¬neaux faits exprès dont la forme reflèmble a celle des fourneaux de coupelle; ils font difpofés de maniere que la flamme du foyer peut circuler entre les moufles & les parois du fourneau. Il faut que par le bas il y ait des ventoufes qui entrent dans le fourneau , afin que le feu ait de l’air&puiffe faire bien rougir les moufles qui contiennent les morceaux de porcelaine qu’on veut recuire. On fe fert de charbons pour chauffer le fourneau , & aufli-tót qu’il eft prêt, il faut mettre les pieces travaillées dans les moufles; on les ferme de tous cötés a Pexception d’une petite ouverture qu’on laiffe pardevant pour pou- voir obferver ce qui s’y pafl'e. On allume enfuicc le feu , qu’il faut con¬duce aveC beaucoup de precaution; en ne chaufPant les moufles que par degrés , afin de ne point faire rompre les porcelaines qui y font contenues , on augmente toujours le feu par degrés jufqu’a ce que tout devienne rouge, & par le trou de la moufle qu’on a laiffe ouverc on peut voir fi la porcelaine a été affez chauffée. La marque a laquelle on peut reconnoitre qu’elle a été fuffifamment recuite, c’eft lorfque les morceaux qui font fous la moufle font d’un rouge tranfparent 6c qu’on n'y remarque aucune tache ou endroit obfcur; pourlors on óte tout le feu du fourneau , afin de le laiffer réfroidir. Tout ceci demande une attention très-fcrupuleufe : fi le feu n’a pas été affez fort, les couleurs ne lont point affez cuites ; s’il a été trop fort les couleurs fe gatent, c’eft pourquoi aufli-tót qu’on s’apper$oit que la cuiffon eft faire , il faut öter le feu pour prévenir tout inconvenient. Lorfque lo fourneau eft entierement réfroidi, on 1’ouvre pour en re- tirer la porcelaine > on polit les dorures avec un brunifloir de jafpe ou d’agathe, & pourlors toute 1’opération eft faite.
Quoique je ne donne qu’une courtedefcription de ce travail, je n’y ai cependant rien omis d’eflèntiei, les détours ne peuvent produire d’autres effets que d’induire en erreurceuxqui font déja dans 1’incer- titude; je fuis ami de la verité, elle ne demande point aêtre fardée
5 E C R E T, &c. <fi;
QUATRIEME PARTIE.
De la maniere de cuire la Porcelaine , & de cc qui cn depend.
Je commencerai par donner la defcription des fourneaux de cuite ,
& leur conftruéïion tant intérieure qu’cxtérieure. II faut que les briques dont on les fait foient de bonne terre a Potiers; on y mêle un peu de gravicr ou de fable groffier , Se on les fait cuire avec foin.
Le fourneau oü fe fait la premiere cuite eft conftruit précifément: delamême fa^on que le fourneau des Potiers; on ne peut ni dans lc premier ni dans le fecond de ces fourneaux faire cuire la porce¬laine fans fe fervir de moufles , qui font faites précifément de la mêmc terre avec laquelle on fait les briques dont le fourneau eft bati. Ces moufles ou caflettes fe font au tour, el les font plates par lc fond , 6e les cótcs s'élevent tout droit & font de la hauteur de la piece de por¬celaine qu’on y veut faire cuire; elles doivent s’ajufter exaéfe- ment les unes fur les autres , paree qu’on les arrange en piles ou en piramides les unes au-deflus des autres : fur celle qui eft la plus haute on met un couvcrcle fait exprès. Ces piramides de moufles, ainfi dif- pofées,fe pla$ent fi prés les unes des autres qu’on peut a peine fourcr le doigt entre-deux; & comme ces colonnes font arrangées en piles dans le fourneau, il s’enfuit que le feu a aflez d’efpace pour agir def- fus & les environner de toutes parts.
Lors done que le fourneau a été bien rempli de ces moufles mifes les unes fur les autres , on en bouche 1’entrée & on commence a allumer le feu de la mêrne maniere que font les Potiers, & on le fait durer auffi Jong-tems qu’eux , e’eft-a dire pendant douze ou quatorze heu- res : au bout de ce tems, les porcelaincs ont fuffifament rougi. Quand le fourneau eft réfroidi, on en débouche 1’entrée, pour en retirer les caflettes avec les morceaux de porcelaincs qui y lont contenus ; on les porte a l’endroit ou Pon met la couverte , & les morceaux qui doivent être peints en bleu le portent che* les Peintres. C’eft-la ce ee qu’on appelle donner la premiere cuite. Je vaisa prélent parler de lafeconde.
Le fourneau qui eft defliné a eet ufage eft conftruit de la fa$on fui- vante;le fol ou le plan du fourneau eft un oval qui a fix pie's de longfur quatre 6e demie de large ; fa hauteur eft de dix piés , il eft terminépar une voute percée de dix a douze ventoufes , qui ont cinq pouces en quarré & qui font difpofés de diftance en diftance tout autour du fourneau. Au milieu de la voute , il y a trois de ces ouvertures placées de fa^on A faire un triangle; devant chacune de ces ouvertures,, il y a un.
6i6 S E C R Ei T,
regiftre ou morceau de terre cuite qui la bouche exaétement & qüï fert a gouverner le feu. Si le feu eft trop violent d’un cöté, on bouche deux, trois & même plus de ces ventoufes fuivant 1’exigence des cas c^cft a quoi il faut avoir une attention route particuliere. Au-deflus de cette voute eft un plan au travers duquel les ventoufes paffent, & pardeflus ce plan il y a encore une voute qui peut avoir environ cinq piés de haut, c’eft par oü paffe la cheminée; cette voute & cette cheminée reflemblent a un entonnoir renverfé : mais pour pouvoir attcindre les ventoufes qui traverfent ce foyer fupérieur, il y a dans eet efpécc d’entonnoir renverfé une ouverture femblable a la bouche d’un four- neau a cuire du pain, par ou avec des pincettes on peut fermer & déboucher les ventoufes a volonté. Il y a encore deux petites voütes au-deffous du fourneau , de maniere quele fourneau a recuire dans fa totalité eft compofé de quatre voütes; celle qui eft précifemcnt au- deffous du plan oü 1’on met les moufles eft l’endroit oü 1’on met le feu ce n’eft proprement point une voute; mais on pourroit la nommer plus convenablementune grillede brique, paree qu’elle eft prefque enticrement percée de trous par oü le feu pénétre dans le fourneau. La voute inférieure eftle cendrier ou l’endroit oü tombent la cendrc & les charbons. Voila quelle eft la conftruólion de ce fourneau. Voic.ï comment on y recuit la porcelaine. On met les vafes dans des moufles ou caffettes comme pour la premiere cuite : on arrange ces moufles en piles fort prés les unes des autres, de maniere cependant que le feu ait du jeu & puifle pénétrer par tout. Lorfqu’on aarrangé les moufles,on ferme 1’entréedu fourneau,& 1’on allume le feu,qui dans le commencement doit être aufli douxqu’il eft poflïble ; on continue de même pendant vingt-quatre heures en 1’augmentant cependant de quelques dégrés, c’eft la le feu de coagulation qui fert pourainfi-dire a mürir la porcelaine, cependant chacun eft le maitre d’en croire ce qu’il voudra. Enfuite on augmente le feu d’heure en heure, jufqu’ace qu’ il foit d’une force étonnante; on 1’entretient dans ce dégré de force pendant fix heures; de cette maniere la porcelaine fe vitrificra d’elle- même, & formera une maffe de verre tranfparent qui donnera des étincellesfi on la frappe avec de Facier. Au bout de quelques heures il faut óter par en bas au fourneau toute communication avec Pair ex- térieur;on en bouche exaólement toutes les ventoufes par oü il pourroit entrer. On le laiffe enfuite réfroidir pendant trois ou quatre jours, au bout defquels on pourra en retirer la porcelaine: celle qui doit être peinte fe remet aux Peintrcs, & on la travaille comme nous i’avons dit plus haut en parlant de la Peinture.
J* 1 N.
6\-j
EXPLICATION
DES PLANCHES
CONTENUES
DANS L’ A R T
DE LA
V E R R E R I E.
PLANCHE L T? - T -c //- • r
JL^-L-Lh reprciente un ancien fourneau de Verrerie a Pita-
liennc ^’explication nc s’en trouvepoinc dans le cours de POuvrage, mats elle eft la mêtne qne celle du fourneau de Verrerie d’Amfterdam done Merret donne la defcription a la fin de fa Preface, pag. liij. Planclie 4. A. Corps du fourneau, B. Ouvreau. D. Banquette. E. Petit mur qui met les Vérders a couvert de Pardeur du feu. F F. Contre-forts qui fervent a rendre le fourneau plus folide. G. Ouvriers qui fouffle du verre. H. Autre ouvrier qui donne la forme au verre. C. Tour ou fourneau a recuire ie verre.
PLANCHES II & III. Elles repréfentent les differens fourneaux de Verrerie , dont Agricola donne la defcription quePori peut voir a la fuite de la Preface de Merret, ou Pon a traduit ce qu’Agricola a dit du verre,page xlix. Cr JL
PLANCHE IV. Elle repréfente le fourneau de Verrerie dont on (e fervoit a Amfterdam du tems de Merret qui en donne la defcription a la fin de fa Pre¬face, pag. liij. On y voit^uffiles differens outils qui font employés dans les Verreries.
P L A wen E V. Plan Géomctrïque d’un fourneau de Verrerie a PAllemande.' Kunckel Pa mis dans fon Ouvrage fans en donner duplication, & méme fon plan ctoit défedueux,& Pon a cru devoir le rendre plus intelligible. La planche V. repréfente un fourneau de verrerie léparé en deux parties par la liane A B. La parcie A BCD eft le plan du fourneau au rez. de-chauffée. I/autre partiè A B E F eft la coupe du meme .fourneau a la hauteur des banquettes. H H eft le glacis qui entoure le fourneau & qui fert de Marche-pié aux ouv. ers. T Q R $ N O. Le plan du fourneau de fonte. S N O , le plan de la maqon- aetie au niveau des glacis. P Q R, la coupe horifontale de la macopnene 3
la hauteur des cuvreaux. 44* Les ouvreaux. IT, banquettes qui font au-dèvanc des ouvreaux. K, pots ou creufets places dans 1’intérieur du fourneau. L , nioitié de 1’ouverture ronde , par laquelle la Hamme paffe du foyer dans la chambre fupé-rieure qui eft couverte d’ur.e voute. M M , la grille ou foyer qui eft au-deflus du cendrier. G. Entree du cendrier. S T V X Y R Z. Plan du foumeau a calciner ou a recuire; ii eft contigu au précédent avec lequel il communique par 1’ouverture 8 ; cette ouverture eft au - deffus du plan ou pofent les creufets, enforte que laflamme va du premier fourneau dans le fe- cond. X. Ouverture pour placer le verre a recuire: il y en a une lemblable en x. V. Ouverture du cendrier ou de la chambre inférieure du fourneau a recuire. B F & B C, portion du mur de 1’attelier.
PIANCHE VI. Elevation du fourneau dont Ie plan efl repréfenté dans la' planche V. A , fourneau oü Ton fait fondre le verre. B. fourneau a recuire.. C, entree du cendrier. D, foyer par ou Pon met Ie bois. t, ail ou ouver¬ture de Ia chambre oü fe placentles creufets; on la bouche lorlque le fourneau eft allumé. F, ouvreaux. G , une des fenétres du fourneau a recuire. H , eft le glacis. I,, petits murs pour garantir les ouvriers de i’ardeur du feu qui fort par les ouvreaux. K K, contreforts qui affexmiflent le fourneau. LL, auges dans lefquels on tient de 1’eau pour ratfraichir la canne ou felle des Verriers»
PLANCHE VIL Figure I. Elevation du fourneau a recuire, vu paf derriere. A , fortie du cendrier. B B, fenêtrc par ou on met le verre a recuire. Figure I ï. A , fourneau a fondre ie verre vü par. devant. B B , les deux banquettes qui font devant? les ouvreaux. D, Entree du foyer. C, defcente au cendrier dont Ia porteeftomifc dans Ia figure , mais que 1’on peut voir dans b Planche VI. qui precede oü elle eft marquee, C. E F,. ouvreaux.-E. ail de la chambre oü fort ies creufets.
PLANCHE VII L Attelier & fourneau pour la calcination du cobalft. A B, fourneau de reverbere. B, entrée ou ouverture par oü L’ón met le co¬balt fur le plan du fourneau & qu’on ferme. C D , gallerie de bois, ou cheminée horifontale, le long de laquelle la fumée arfenicale circule & laifle l’arfenic con- denfé aux parois ,. d’oü on Penleveau bout d un certain terns par les petites portes E E. FF, piliers qui foutiennenc la gallerie. G , coupe perpendicu¬laire du fourneau dans lequel on calcine le cobalt. H , coupe perpendiculaire de ia gallerie. I, ouverture du foyer du fourneau a calciner.
PLANCHE XT. Attelier & fourneau dont on ft; fert pour fiiblimer l’ar- fenic , afin de lui faire prendre une forme criftallinc & compa&e & pour faire 1’arfenic jaune & 1’arfenic rouge en le mclant avec du fóufre. A , eft le foyer du fourneau. B , la cheminée. C > capfules ou bailins de fer dans lefquels on met I’arfènic qui doitétre fublimé. D, tuyaux de ferbattu ou de tóle que 1’on pofe fur les capfules. F, calotte de fer dont on couYre les tuyaux pour que Farfenic s-’y fublimc &fe metre en maffe..
PLANCHE X. Fourneau de Kunckel vü par dehors, dont on peut fe fer- vir pour faire des effais en petits, & pour contrefaire les pierres prétieufès,. Ce fourneau eft fait avec des briques, on peut lui donnet telle grandeurqu’on voudia.
PLANCHFC XI. Coupe Hu fourneau precedent de la Planche X. A, -cendrier. B , grille. C , ouverture par oil on met le bois. D, ouverture par oii Ja flamme communique de la chambre inférieure dans la fuperieure. E , ouvreaux pour mettre les creufets. F, ouverture que Pon peut boucher a vo- lonté, e’eftparou la flamme paffe pour aller en G, ou lortir tout droit par le tuyau H cue 1’on peut fermer avec un couvercle I, & pour lors la flamme eft obligee de pafler par lc tuyau L , auquel Kunckel dit que Pon peut adapter tin autre fourneau de terre propre a reverberer, calciner ou mettre cn digeftion.
PLANCHE XII. Figure I. A B C D E F G. Cage de bois feparée en deux parun plancher. H I K, la partie fupérieure contientunc roue dentée N , dont les dents engrainent dans la lanterne M. On fait aller cette roue par Ia maniveile L, fixcea une des extrémités de fon axe. L’eflieuqui traverfe la lanterne M, & qui eft placé verticalemcnt, s’atlache au pilon , apres avoir traverfé le plancher H ï K, la partie fupérieure du meme eftieu eft chargée d’un poids deplomb O, dont la fondion eft d’affujetir Je pilon Q, contre le fond concave du Mortier. P. 113. Pilon qui eft dc deux morceaux afluiettis enfembJe. r. Trouquarré dans lequel entre la partie 4« de 1’axe de Ja lanterne W. $. portion de la partie fupérieure du meme axe.
Figure 11. Machine a triturer de Pinvention de Kunckel. C’eft une boite dont on a fupprimé les planches entcrieures pour qu on put voir le dedans tie la machine. A B D, un des Jongs cótés de Ia boire fiir Jequel lont fixées ho- rifontalement plufieurs barres de bois E F, entre lcfquelles & celles de Ja partie oppofee peut couler une planche L , qui eft repréfentée feparément au bas de la figure fous les numeros 3 & 4;le numero 3 cft le defliis de cctte planche, au milieu de laquelle eftun difque de bois G, au centre duquel s’éleve une cheville; c’eft fur cette chevillc que Von monte la poulie G, a qui clle fert d’axe: on fait mouvoir cette poulie par le bouton H, qui y oft fixéau moyen d’uns corde que Pon peut pafler autour & qui n’eft point repréfentée dans lafigure; a Pautre extrémité de la boitefont 4 barres MN dont on voit deux, les deuxautresfont fuppofées dansla planche antérieure; c’cft entre ces barres que coule le chaflis PQ, qui cft traverfé par 1’axe du pilon R. Cet axe potte une petiic poulie O , fur laquelle & fur Ja grande poulie G , paffe une corde fans fin V, qui fait tourr.er le pilon dans le mortier S. Maïs comme il pourroit arriver que la corde V, ne fut pas fuffifament tendue , on éloigne ou approche la grande poulie G, de la poulie O, par Ie moyen delaviffel, que Pon fait tourner par la manivelle K; cette mécanique Ie voit clairement dans le numero 4, repréfente le porte-poulie L , vü en-deflbus. ’I i, la viffe. T, 1’écroue.
Figure TIL repréfente unc rroifieme machine pour triturer. A , eft un mor¬tier dans lêquel tournela meule B, qu’on fait mouvoir par la manivelle
PEANCEE XIII. E 11e repréfente 1’attelier oü Pon fait la potafle , on en trouvera Pexplication, page 311 & fuivantes.
PLANCHE XIV. Reprefente deux fourneaux propres a calciner ou a re- cuire le verre lorfqu’il a etc peint. Kunckel n’en donne point Pexplication ; il dit feulement qu’on peut fe mettre au fait de leur conftrudion cn les allant voir chez les Peintres fur verre & les Vitriers. Malgré cc peu de lumieres nouï avons cru devoir les placer ici.
Iiii ij
PL ANC HE XV. Elie repréfente la Table des Emailleurs; on en verr& la defcription a la page 415? & fuivante.
PLANCHE XVI. Elie reprefente le plan & Vclevation dela machine pout faire des phioles de yerre dune grandeur donnee. Elie eft expliquée a la
468.
FIN des Explications des Planches.
TABLE
A LPHABETI QUE
DES MATIERES
DE L’ART DE LA VE RRERIE, & des
autres Ouvrages contenus dans ce Volume,
6*22 TABLE
Arfenic. Se tire du Cobalt 9 51 & fuiv. Differences des trois efpéces, pag. 17c & fuiv.
AJleric ou Gyrafol. En donner la couleur au cryftal, &Juiv. AVRVM MVSICUU, Comment il fe fait , 4Óy.
Bijhwth. Maniere d’employer fa terre a faire le Saffre, ypo & fuiv: Blanc de lait. 103 & Juiv. 143 e>* fiiv. Maniere derendre le verre blancen lui enlevant fa couleur , 3 ƒ 7- Couverte blanche fur la fayance. 3 69, 408 , 410 irfuiv:
Bleu de Turquoife. $9 & fuiv. 1*02. D’outremer, 164,23 7 & fuiv. Blcucélefte 188. Autre bleu, 228. Peindre le verre en bleu, 360 & fuiv. Couverte bleue, 370 fuiv. $22. Couleur bleue tirée du cobalt. ƒ 1 &Juiv.
Bois. Quel eft le meilleur pour les fourneaux de Verreric , 41,304. Maniere de le teindre , 45*3 , 4JÓ &fuiv. Bois de Brefil. Ma¬niere d’cn rircr la laqué. 2 ƒ O.
Boeurre d’Or, 481. Boeurre d’anrimoine. yj 1.
B o LL 7 T o. Efpéce de cryftal, comment on le fait. 14,44 ér 8y. Boules de Verre. Maniere de les étamer 6c leur donner des couleurs.
23 4 Cb*' Juiv»
Brune. ( Couverte ) pour la fayance; 371.
G
Cadmie. Voyez Pierre calaminaire.
Cailloux propres a faire du verre , 16. Cailloux blancs pour faire du cryftal. . 18.
Calcédoine. Maniere delimiter. 117 & fuiv.
Cendres. On en tire le fel pour faire le verre, 3. Quclles font les meilleures pour faire le verre, 27 ér fuiv. 26 & fuiv. Cendres gr a- velees ,28. Cendres de Mojcovie. 27.
Chair. ( Couleur de ) fur le verre. 360.
Chaudieres de cuivre 9 ne font point d’un bon ufage. p.
Chekao. Ce que c’eft. Entre dans la couverte de laPorcelaine. Cheval. ( Peindre un ) de differentes couleurs. 464 èr fuïv:
Chryfolithe. Maniere dlmiter fa couleur. 187 & fuiv.
Cii e a cachetter. Maniere d’en faire de differentes couleurs. 35) 2 ér ƒ. Cobalt. Maniere d’en tirer Parfenic & le faffre , 51 & fuiv. Maniere
d’cn-faire la couleur bleue.. y 89 ér Juiv.
Colcothar pour les couleurs. 74 & Juiv.
Colle. Differentcs efpéces de colles , 402 & fuiv. Pour collcr les pierrcs & le verre. P^. 40 r.
Corne. Teindre la corne de differentcs couleurs. 453 & Juiv.
Couleurs. Obfervations générales fur les couleurs , 87 &fuiv. i<?2
& fiiiv. Dans quelle proportion on les fair entrcr dans lc verre , 182 & fuiv. Manierede les appliquer fur du verre. fuiv
Convenes de différentes couleurs fur la fayance ., 3 69 fuiv. 407. & fuiv. 410; Obfcures & foncées, 426 & fuiv. Couverte blanche de HencKel. 787.
Cryftal. Maniere de le faire , 27&*/^28c5^ Procédé de Kuncxel, 101 & 145?. Cryjlalde roche. Maniere de lui donner differentcs coujeurs, I66 & f. Entre dans differentcs coiripofitions ,17 & f
Cuivre. Maniere de le calciner , yp & f. 84, 88. Extrairela cou¬leur du cuivre , 66. Couleur de rubis faite avec le cuivre, yyo.- Donne du bleu ou du verd, 62. Maniere de faire le verre de cuivre, 177. Lui donner la couleur de Tor, 444. Blanchir le cuivre, 445*.
D
DiQilldtwn pour extraire les couleurs des végétaux. 226 & fuiv. Dijfilution de Por , ftneJlrepitu. 487 &fufo,
Dtjfilvant univerfel. 5^2.
Dorer fur le verre. f 343. Dorer fur le fer, 447. Le cuivre,
444. DorerPargenta froid, 446. Dorer a Pair, 446. Animcr ladorure. 44^
Doublets. Maniere de les faire, 287 & f. Comment les connoirre.
^7-
Eau forte. Maniere de la faire, 108 &fuiv. Ou Eau de départ, ui. Autre purifiée par Pargent.
Eau H égale. Maniere de la faire, 117. Autre maniere. ƒ op.
Eau nfercurielle. Pour la composition du Ï31 & fuiv.
Ecriture. Comment on peut Pen lever , 478. Qui ne paroït point,
478. Ecrire fur du verre. 349& fuiv.
Email- Maniere de le faire, 77. Comment on Papplique, 367.
Maniereden faire de toutes lórtes d’efpeces, 203 &f Blanc, 206. B’euTurquin, 207. Bleu d’azur, 208. Verd, 210 &f Noir, 212 & fuiv. Pourpre , 214 Órfuiv. Jaune ,216. Violet, 217» Couleur de rofe. , 2 5 7 & fuiv.
Efprit de (el Dillout Por lorfqu’il eft joint au NJtre ,482. Diffout Por fulminant». 484 & Juiv..
LJprit de vin. Prend une belle couleur rouge. 494 &1 fuiv.
Efprit fumant. Maniere de le faire, 499 & fitiv. Son effet fur une perle, y°2- Coagule 1’eau. 5'°4*
Manierede les colorer. 39^*
Ftain. Sert a faire les Emaux , 203. Manierede faire le verre d’e- tain , 1 y y. Chaux d’étain pour les couvertes , 408. Donne dif- férentes couleursau verre, 122. 'L’étain fert adonner la couleur rouge a la diflolution de Por , 48 y. Maniere dont il faut faire dif- fouare l’étain pour qu’il précipite 1’or, 457 & f. $0%* Couleur rouge faite avec l’étain, S 51;
Fer. Comment on le rend propre a êtré coulé dans des moules, 443.’ Eau pourdorer le fer, 44; & 447. Le préferver de la rouille, 448. Couleur rouge , ou rubis fait par le fer. , y y o.
Ferret cTEfpagne. Ce que c’eft, comment on le prépare , ƒ9 ƒ N’eft autre chofe que Tas-ufium, 6 ï.
Fiel dc -verrv- Cc que r’ell. , . 299.
Fondant pour appliquer des cpuleurs fur le verre, 3 y 3 & fuiv. Pour l’argcnt. # 437*
Fougere. Maniere d’en tirer le fel, 22 & fuiv. Dans quel tems il faut la couper. 23.
Fourneau. Comment il doit être écbauffé , 38,41,44. Fourneau a calciner le verre peint, 3 3 6. Fourneau pour vitrifier le melange dont on fait le faffre, y^y. Defcription du fourneau ou 1’on recuit la Porcelaine.
Fritte. Maniere de la préparer , 13 £> fuiv, Pour le cryftal, 19 i 32 & fuiv. Proportion pour la faire. y ó 1 €7* fuiv.
Fwnée. Elie rendie cryftalobfcur, 38*
G
Garance. Maniere d’en tirer la laqué. 2 50;
Gardes. Ce que c’eft dans la calcination du verre peint. 3 32.
Genet. Maniere d’en tirer la laqué. 219 & fuiv.
Grenats. Maniere de les imiter, 137^ ƒ. Avec le minium, 191.
& fuiv. Sc I9y, Ceux d’Orient ne perdent point leur couleur au feu. ‘ i94: 971*
tdammonirutni
Hammoif.trum, Ce que les Anciens entendoient par ce mot, P. 3 ƒ. Huile de lin, de noix, propres pour les vernis , 388 &juiv. Huile d’Afpic, 372. Huile ou foufre defer pour vitnfier 1’argent, 5-70.
Hyacinthe. Maniere dePimiter.
I
Jafpe. Maniere de Pimiter. 117 c? fuiv:
Jaune d’or,, 134. Avec le verre de plomb, 164. Procédés pour faire ditferens jaunes avec Pargent, 361 & fuiv. Couverte jaune pour lafayance. 3^ , 369, 41; &fuiv.
K
Kali Plante dont on fait la foude, 7 & ƒ Maniere de la préparer, ibid. Kaolin, Cc que c’cfi , 606. Comment on le prépare. ibid.
Kermes, On en peut faire de la laqué. 242,244 &fuiv.
Klein, Cc que Pon entend par ce mot» 5 o 1 fafuiv.
Kupffer nickel. Ce que c’eft. * 7 !•
L
Lait. Verre de couleur de lait. fafuivl
Lacque. Comment fe tire des fleurs, 219 & ƒ Jaune, 219. Violette,
22i&f. Verte 223. Plante qui peuvent en fournir, 224-Ecar- latte, 241. Avec la Cochenille ,448 &fuiv. Avec le bois de Brefil &la Garance, 2 ;o. Aveclc Kermés. 25 1 & fuiv.
Laine. Maniere de la teindre pour en tirer de la laqué. 244^ fuiv. Lampe. Maniere d’y travailler Pémail & le verre. 429. & fuiv. Lapis Lazuli. Perd fa couleur au feu, ƒ o, 226. Maniere dele contrefaire. 398,
Larmes de verre ou Bataviques. 290 fuiv.
Leffive pour tirer la laqué des fleurs. 120 & fuiv.
Léton. ( Cuivre de ) Maniere de le faire, 66 & fuiv. Maniere de le blanchir fansargent. 44 ƒ•
LIQUOR SILICUM. Maniere de Ie faire. 717 &Jiuv.
M
Magnéfie. Ce que c’eft, u. Sa propriété dans Ia compofition du verre, 39&fi Maniere de la préparer, 53 c? ƒ Commenr elle purifie le verre, ;é>. Se trouve en Angleterre, ƒ 8. Rougit le verre , yiy. Eft le principe de la couleur rouge, yyy ó“ Magnéfie des Alchymiftes. . Pag. r33 &fitiv.
Kkkk
fe# TABLE
Malléabilité du verre , n’a jamais , exifté. 302, 363.*.
Marbre. Imiter fa couleur. I47*
MaJJicot 9 ou JMafiicot. Maniere de lc préparer. 407 & fuiv. Miftic j ou colle pour les pierres. Ie verre, & les métaux, 400 & f Mer cure (lc) peut précipi er lafolution d’oren rouge. yOj;«
Miroir ( ardent) de Tfchimhaufen , fes effets , & fuiv. 57 8*
Miroir de métal, leurs compofitions. 230 & fuiv*
Mortier*. Comment ils doivent êrre. 13 > 33.
Moule pour faire des bouteilles d’une grandeur donnée, 468 &
Maniere de jetteren moule des plantes43 y. Autres moules.
442ér/«ivi
Moulce. Ce que c’ëft. $ 8.
Moulin pour broyer le fable ou la pierre a fufil , 27^ ƒ P°ur broyer lesmatieres, 37. Moulin propre a broyer le faffre. 508.
N
Nitre. Lorfqu’iieft joint avec la magnéfie 9 fert a developper fa cou¬leur rouge. y y 4.
Noir. Maniere de faire un beau verre noir, 141^ ƒ Couleur noire furie verre, 3 5*4 &J'. Cou verte noire fur la fayance , 371,42S, Colorer cn noir les ouvrages de plomb, 441. Noir de fumée, maniere de le faire, 3^7. Noir d’ivoire 45’y*’
O
@r. Maniere de faire l’or en coquille , 397 & f. Maniere de donner une couleur d’or au verre , j 34 & f. N’empêche point le verre defegonfler, idy, 306’. Sert a contrefaire le rubis, 5*23. Se change en un verre pourpre , 370. Ce qu’il faut penfer de fa def- tru&ion > 473 & f- Procédé pour fublimer Por, 33 1. Diflblution de l’or, 5-40. Autre fine Jlrepitu, 487. Or fulminant. Force avec laquelle il agit, 484, 715, 314. Or potable : faux pro¬cédés pour le faire: feroit un mauvais remcde. y 06.
Giipeau ou Clinquant. Maniere de le calciner. P/zg. 76 & fuiv; Or piment» Se change en verre. 302»-
P
Tates ou pierresfaélices , 152 & & ƒ différefttes compo-fitions pour les faire. 2 81 Ó* /m».
Tapier. Maniere de faire le papier marbré , 4yp. Faire des taffes avec du papier. 463.
Becker ( couleur de fleurs de
DES MA T IE R ES. g2j
Peinture fcr le verre. Comment elle fe fait. p. 329 35*0 &'f.
Perles. Imiter la couleur desperlcs, iyo. Se diffolvcnt parl’efprit fumant. jO2.
Petrification. Hiftoire d’une pretendue petrification de 1’cau. yo$. Petuntfe. Cequec'cft, 6oy. Maniere de lc preparer, ibid & fi Pierres. Lespicrresafufil noircs, bonnes pour faire du verre, 1 p.
Comment il faut les preparer, 278. & f. Pierre de Bergen proprc a faire des moules, 442. Pierre ponce donne un verre pourpre.
488
Pierre calaminaire. Fagon de 1’employer pour faire ie cuivre de léton. 66 & fuiv.
Plantes qui donnent le plus de fel pour la compofition du verre , y 63. Comment on les jette en moule , 43 8. Qui font celles qui four- niflent de la laqué. 224.
Pldtre. Comment on le prépare pour y jetter en moule, 445) & f.
manierede colorer. 4^
Plomb. Manieredele calciner , i$6 & f. Sert a faire les émaux,
203 & fuiv. Perce les creufets, 305*. Fait du rouge, 5-48.
des Anciens, cequec’eft. 67.
Potafe. Manierede la purifier ,101. Manierede la faire , 3 13 & fi Manierede la calciner, 321. Entre dans la compofition du faffre.
S94*
Poêles pour faire calciner le verre peint. 330 &*fuiv*
Porcelaine. Maniere de faire cellede la Chine & de Saxc,6o 3 &fuiv.
Couleur qufon employe pour la peindre, 610. Maniere de la
_ faire, Fayon dc la recuire, ib&.
Pourpre. Couleur tirée de Por, 480. Maniere de Caffius , 4po. Se réduitquclquefois > 4pi« Autres fa^ons de leproduire, 498 &*f Cette couleur produite avec plufieurs métaux, ƒ48. On prétend que cette couleur vient de la magnéfie. 5 ƒ 4°
Quartz. FA propre 5 faire du verre , i S. Entre dans Ia compofition
R w.
Rable. Ce que c’éft.
Rocaille. Grains de rocaille.
Rolette. Ce que c’eft, i & fuiv, 6 & fuiv. Maniere d’en extraire
n v / -1 1 J r 2 & fui v. 19 &fuiv*
Rofichiero. Voyez émail couleur de rofe.
Rouge pour colorer le verre, 83. Foncé, i47. Tranfpar^nt Kkkk ij
628 TABLE
78. Autre rouge tranfparent, 25*2 &f 265. Rouge de fang; 25*4. Rouge femblable a celui du Rubis-balais , 2 y y. Autre rouge, 262. Differens rouges, 358 & J'* Couvertes rouges, 427. Beau rouge tiré de for. Bag. ƒ04»
Rouille. Maniere d’en garentir le fer. 448.
Rubis fait a la maniere de Caffius , y 1 y. A la maniere d'Orfchall,
5216^ fuiv. A la maniere de Grummet, 547 & fuiv. Sans or ni métaux. J y 2 & fuiv.
s
Sable. Entre dans la compofition du verre, 16 firiv. Quel eft lc Meilleur pour le cryftal. 17.
Saffre. Maniere de le preparer, 48. Ce que c’eft. yo & fuiv.
Saffran de Mars. Maniere de le preparer, 70 ƒ Suivant le procédé dUfaac lc Hollandois, produit un-beau verre rouge. y 81.
Saphyre. Manierede 1’imiter, 139 &f. avecle verre de plomb , 163. Avec le minium. 189Ó* fuiv.
Sel Alcali , ce Cjue «Peft , zz f <£r f. Il aide a la fufion des métaux ,42. Propre A faire du verre, 2. Peut être tiré de toutes fortes de végé- taux , 24 & f. On ne peut mettre trop de fel dans le verre , 29 8 CZƒ Maniere de tirer les fels & de les calciner, 307. Qualités que doit avoir le fel , 29. Sel de cbaux n’eft point bon pour le verre , 3 1 & f. Sel marin cemcnté avec 1’or devient propre, 486.
Sonde. On s’en fert au lieu de la Roquette, 1. Maniere d’en préparer le fel, 2 & f. 12. Dans quelle proportion elle entre dans k verre ,11. Entre dans la compofition de la fritte ordinaire >32. & firiv. Doit être bien purifiée , 561. Sa compofition. 582.
Spath. Sert a faire des moules, 436. Maniere de le préparer, 440 & firiv. Entre dans la compofition de la Porcelaine deSaxe.
606. &fuv.
Speifi. Ce qu’on entend par ce mot. y97-
Sucre de Saturne. Procédé pour le faire. 19 y firiv.
Suye , fert a faire paroitre les couleurs du verre. 122.
T
Tablettes. Maniere de faire des tablettes blanches & noires pour écrire avec un ftilet. 461 & fuiv.
Talc. Savoir s’il peut fondre. 301.
Tartre. Manierede le préparer, 9 &f. Maniere dele purifier, 46
& f' Maniere de le calciner ,116. Parties égales de fel de tartre & de nitre détonés précipitent l’or en violet > y 19. Sel de tartre , extemporaneiwr. y 1 o.
Tarfe. Ce que c’eft, 13. Entre dans la compofition du verre, leinture de Mars. 74*
Topnfè. Maniere d’imiter fa couleur. i 61 , i8 6 &* fuiv.
TurqurifeMimeit de lui rendre fa couleur lorfqu’elle Fa perdue,2 2$.
V
Vaiffeaux. De quelle matiere ils doivent êtrc pour Ia preparation des fels. . . io.
Verre. Matieres qui peuvent fervira le faire , i r , 13 6*’ƒ Maniere de faire le verre blanc, 43. Celui ou il entre du plomb ne vaut rien, pp. Maniere de Kunckel, 101 ƒ Verre opaque trés- bon, 102. Lorfqu’il eftaffez cuit; ne prend de fel que ce qu’il lui en faut, 2pp. Le verre qui n'eft pas aflez cuit fe décompofe dans laterre, 301. Ne peut être alteré ni dérruit par le feu, yj’p. Verre de plomb , comment fe fait, 1 ƒ1 &Autre maniere de le faire, 177 CZƒ Verre peint comment fe calcine, 32P & f. Verres defonte , 337. Verre pefé dans la balance hydroftatique, ƒ67. On peut en diftinguer de trois-oipeces mineral, vege ral & mixte. ytfp, 77s, ƒ81,783.
Verd d’Emeraudes, 94 ó" fuiv. 1 ƒ p & f. Avee le cryftal de roclie , 17P & ƒ Difierentes manieres de produire du verd, 283. Pein- dre le verre en verd , 337. Couverte en verd , 3 69 , 420 & f. Conjectures fur la couleur verte en general, ƒ 82 £>ƒ Eft propre au regne végétal. . .
Vernir. Maniere d’en faire de differentes efpeces, 372 ƒ A l’huile d’afpic, 372. A l’efprit de vin , 372 ƒ Vernis fur bois en fa^on d’écailles, 383. Vernis rouge , &c. 385*, 387, 388 & 38p. Sur la peinture endétrempe. 3Pi.
Violet. Couverte violette. 370,424.
Vitriol. Sa purification pour faire l’cau-forte , 112 & f. Vitriol de
Venus, Maniere dele faire, p 3,267 ó" Vitriol dont on fait du verd ,268. Pour faire du bleu , 2^9. Maniere dc le blanchir, 274. Maniere dc lc rougir, 277. Vitriol lans corrofifs.
273 &>fuivl
Urine. On a cru qu’elle pouvoic diflbudre radicalemement Por, Hiftoirs a ce fujet.
z
Donne des cryflaux verds,
tin de la Table.
TAUTES P RINCIPA LES A CORRIGER.
PRÉFACES.
Vag. xv. Hg. 6, paroïtrons, lif paróittont. xvi. lig. 13 , telle, lif. telles.
xx. lig. i$, oü lif ou9 ibid lig. 20 défygner lif défïgner.’' ibid. lig. 30 ifat-in, lif. ifatin.
xxiv. lig. 11, en maffes, lif ou malles, xxxj. lig- 16 , interception, lif interruption, xxxviij. lig. 11 , bature lif nature.
xlj. & fuiv. Lecra, lif leera. ibid kfuiv.piUng-poJl. lif piling-pot^,
xliv. lig. 28 , fpiei 9lif. fpiei.
xlv. Hg* 19 > enivre , lif cnnyvrent.
ADDITION;
P<z£. Ij. lig. 10, fèchées, lif feches.
hij lïg 16 fplCl, lif. fpiei, e< Zeer» ,
liv. en marge, burres, lif barres, &enfourrer, lif enfourMer,
Jy. en marge, procillo. lif. procello.
CORPS DE L’OUVRAGE;
Png. 17 i lig. n > Tin, lif Tyr. .
143 , lig. 8 , cafli, lif cas-ci.’
201, kg. 18, a, lif. la.
22$, lig. 7> felfel, /i/i felfel.
230, lig. 1» prouvé, lif éprouvé.
27$, lig. 14 > qu’il ne peut plus y, lif qu'iln’yen peut plus; 282, lig. 1$, fouftre, lif laffre.
376, lig. 24, bouillr, lifi bouillir.
451, lig. 9 , après pldtre , mette^ un point.
47$ 5 kg- 5>, fans exiftence , lif. Ion exiitence;
$2$ , lig. TI Ï langelott, lif Jangelotte.
50, lig* 19 > cens, lif écus , 16, lig. 11, fillons , lif filons. .$>1, lig.S, le, lif.ln, ié, lig. I7> debi£nut, $, lif.dvt
J AY lu par ordre de Monfiïigneur le Chancelier, un Manufcrit intitule I* Art de la Yerrerie de Neri, avec des notes de Merret & de Kunckel; &*c. &j’ai jugé ce Livre très-digne dc l’imprefiion. A Paris ce 6 Février 1752.
M A C Q U E R.
PRIVILEGE DU ROY.
L O UI S, par la Grace de Dieu , Roi de France & de Navarre : A' nos Ames & Feaux Conleillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maitres des Requires ordinaires de notre Hotel, Grand Confeil , Prévót de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenar.s Civils & autres nos Jufti- ciers qu’il appartiendra, SALUT : Notre Arne, LAURENT DURAND Libraire a Paris , Nous a fait expofer qu’il défïreroit faire imprimer &donner au Public, des Ouvrages qui ont pour titre, Negotiation de M. le Comte. Davaux en Hollande. Amufement de la raifott. L'drc de la Yerrerie par Neri > avec les Oofewatiwts de Merret de Kunckel , Xerrre fur la Mindralogitr
& la Metallurgie. Pratiques par M. Diederick-Wefell-Linden, dediée au Comte d’Halifax, s’il nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilege pour ce ncceflaire. A CES CAUSES: voulant favorablement traiter PEx- pofant , nous lui avons permis & permerrons, par ces Préfentes , de faire imprimer lefdits Ouvrages autant de fois que bon lui fcmblera, & de les vendre, faire vendre & debitor par tout notre Royaume, pendant le temps de neuf années confccutives, a compter du jour de la date des Préfentes. F.iifbns défenfès a tous Imprimeurs , Libraires & autres per- fonnes de quelque qualité & condition qu’elles foient , d’en introduce d’impreflion étrangere dans aucun lieu de notre obéiflance. Comme aufli d’imprimer ou faire imprimer , vendre , faire vendre , débiter ni contrefairc lefdits Ouvrages, ni d’en-faire aucuns extraits fous quelque prétexte que ce foit, d’augmentation , correction, changement ou autres, Ians la permif- Eon expreïe & par ccrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui & de tous depens , dommages & intéréts. A la charge que ces Préfentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois jnois de la date d’icelles; que 1’impreflion defdics Ouvrages fcra faite dans notre Royaume & non ailleurs;, cn bon papier & beaux caraéleres, conformément ala feuille amprimce , attachés pour modèle fous le contre-fcel des préfentes; que 1’Impétrantfe conformcra en tout aux Réglemens de la Librairie, & notta- ment a celui du 10 Avril 172.5» qu’avant de les expofer en vente , les Ma-* nuferits quiauront fervi de copie al’impreflion defdits Ouvrages, fera remis dans le méme état ou 1’Approbation y aura été donnée cs mains de notre trèseher & féal Chevalier, Chancelier de France, le fleurde la Moignon, & qu’il en (era enfuite remis deux exemplaires de chacun dans notre Biblio- théque publique, un dans cellc de notre Chateau du Louvre, undanscelle de notre di: très-cher & féal Chevalier, Chancelier de France, le fïeurde UMpignon* & un dans cellc de notre très-cher & féal Chevalier, Garde
des Scöaux de France, le ficur de Machault, Commandeur de nos Or- dres, le tout a.peine de nullité des préfentes. Du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de fjire joiiir ledit Expofint & fes ayans caufes t plcinement &, paifblement, fans fouftrir qu’il.fvv foit fait aucun trouble ou empcchement. Voulons qu’a la copie des Preientes, qui fera imprimée tout au long. au commencement ou a la iin defdiis Ouvrages foit tenue pour duement Egnifice, & qu’aux copies coliationnces par 1’un de.nos amés-& féaux Cónfeillers Secretaires, foi foit ajoütée .comme a 1’original. Com* mandons au.premier pqtre Huiflier ou Sergent fur ce requis , de faire pourf execution ufieèHes tous Ades ‘requis &.néceflaires, fans demander autre permiflïon;- & nonobflant clameur de Haro, Charte Normande & Letties a ce contraire. Car tel' eft notre plaiflr. DONNE’ a VerfeiJles le dix - feptiéme jour du mois d’Avril, fan de. Grace mil fept cent einquante-dcux,, & de notre regné le trente-feptiéme.
Par k Roi en Jon Confeih Signé'SAIKSOH.
Regiflré fur Is Regtjirs doti^e de la Chambre Royale des Libratres & Imprimeurs de Paris, N°. 777. fol. 622. conformément aux anciens Ré- glemens, confirm^ par celui Ju is Pévrier 172?. A Paris, le 2$ Avril 1752,
ƒ. HERISSANT, Adjoint,
De flmpiimcrie de J. CHARDON.
• /JCIDSS , (les) contribuent a développer les couleurs des a/ï végéteaux. page 382»
ALS -u/lum. Voycz cuivre calciné.
Affinité. Entre leregne végetal & mineral, y^7-
Agathe. Maniere de Fimiter. 117 &> fuiv.
Agricola. Ordre qu’il faut fuivre felon lui dans le cboix des' fels. 28. Aigue-marinc. ( Compofition pour imiter 1’) 75? ,8y, 90 162.
Ale At. Ce que e’eft. 25 &fuiv. 41.
Alun. Entre dans Ia compofition de Feau-forte* 108.
Arne de Saturne.. Comment on Fextrait.
Atnethfle. Maniere delimiter.
Antimoine. Savoir siil colore le verre, pag. yo. Son régule entre dans la compofition du rubis , y 18 , 5 3 1. Selon Glauber ,donn<* une couleur rouge fondu avec la chauxd’or, y2O. Procédé pour tirer le mercure de 1'antimoine ,937. Entre dans la compofition de 1’émail blanc. 206.
'Argent en coquille, 397. Comment on le nettoye 437.
Manierede le teindre en or, 483. Rubis fait avec lui, f48. Ne fe vitr.fie point fans foufre , ƒ71. Se réduit en un verre blanc &. laiteux. 527 fuiv,
'ARG£ NT uM Mus/cu M, 467».