CHAPITRE XI.
f
Etat de la Peinture fur verre au XV'. Jiecle.
* du College royal de Navarre, fur-tout vers la gauche , des vitres peintes du 14 au i>e< fiecle, dont les têtes entr’autres font d’un grand fini: les fonds fur lefquels les figures font appliquées , repréfentent des efpeces de ta¬pis gauffrés des couleurs les plus vives , ornés de franges d’or. Les exprelfions des vertus Théologales qui y font perfonifiées, ne font pas fans mérite.
Ce n’eft pas qu’on n’ait commencé dès ce fiecle a voir des vitreaux hiftoriés ; mais ils fe fentent de toute la barbarie d’une compofition fans ordre comme fans élé- gance. Telles font dans 1’Eglife royale & paroiftiale de Saint Paul a Paris, les vitres que Louis Due d’Orléans , frere de Char¬les VI, fit faire & peindre avec fes ar-moiries dans cette Eglife, <r en laquelle il prit le facrement deBaptême auprès des fonts de ladite Eglife (a). »
Le goüt gothïtfüe fe foutint encore vers Le goüt le milieu du 1 <e. fiecle: oti peut le remar- gothjque fe . j J . j y» t-y ioutient en-quer dans les autres vitres, de-.cette Egliïe core au mi-& dans la conftru&ión même de fon édifice, }ieu de ce fini par les foins de Charles VII, après ie_.
(&) Nous avoïis deja eu occafion dans une note de ce Chapitre > d’en rapporter des exemples pout Paris,
(a) Voy. Ie Teftament de ce^Prince daris Ia Vie de Char¬les VI, par Jean Juvenal désUriinsO^Edit. Par. iéyj , p. 6$6, Imprimerie Royale.
60 Hifi. de Ia viïle de Paris & de tout Ie Diocefe, Par. I7J4) f0772. 2. p. ƒ23.
{&) Sans doute Mcfficurs les Cures Sc Marguilliers de cette Paroiffe s’emprefieront de confervec a la me'moire de Jeanne d’Arc un monument fï précieux pour la nation, Sc dont il eft glorieux pour cette Eglife de fe trouver feule adluellement. en poffeffion. On auroit pu donner au choeur & a Ia nef un jour fuffifant, fans detruire aucunes vitres’peintes, en fe fervant desmoyens S«1 feront rapportos au Chap. 18, de cette premiere Partie terre on a plufieurs exemples de dédi- caces d’Eglifes faites avant que les édifices en fuffent entiérement achevés ».
Ce ne fut que vers la fin du 1 ye. fiecle que Fon s’appercut que le gout go thique comme n- qoit a céder ia place a Fantique; les archite&es fur-tout s’appliquoient a faire revivre eet an¬cien goüt, öc étoient curieux de le defli-* ner (a) : on vit même dans ce temps quel- ques Artiftes fe révolt$r contre les inftruc- tions de leurs Maitres qu’ils n’eftimoient plus que comme une routine fans art, qui ne devoit pas refterrer des génies capables de produire d’eux-mêmes des inventions fin- gulieres. La perfpe&ive devint F étude prin-cipale des meilleurs Peintres, les fites les plus gracieux & la belle nature le fujet de leur imitation ; les Peintres Vitriers fous la conduite d’Albert Durer 1’un d’eux qui venoit de donner un Traité de Per- fpective, s’appliquerent a en profiter. On vit alors, a la place de ces fonds comme gauffrés , les figures fortir agréablement de ces niches en architecture déiicatement peintes fur verre & d’un gout nouveau , quoiqu’encore chargés dans les commen¬cements de quelques ornements qui fe ref- fentoient de la derniere maniere. Telles font les vitres peintes du réfe&oire de FAbbaye royale de Saint Vidor a Paris, qui, quoique du commencement du i6e, fiecle fe reffentent beaucoup du gout qui domi- noit fur la fin du iye , & celles de quel¬ques Eglifes de la ville de Beauvais , done la reffemblance parfaite femble annoncer qu’elles fortent de la même main. On affure qu’elles ont été exécutées les unes & les autres fur les cartons d’Albert Durer. Un développement d’un meilleur gout de deflin, qui fe rapproche beaucoup de Fantique, fe fait remarquer , patticuliérement au bas cóté de 1’Eglife des Grands Auguftins a Paris, dans les figures peintes fur ies vitres a la hauteur de deux panneaux feulement, dans le pan du milieu de chaque vitreau. Ce gout pourroit être propofé comme un modele a fuivre , fi la Peinture fur verre venoit a xeprendre vigueur parmi nóus.
Avant de palfer a 1’état de la Peinture fur verre dans fon meilleur temps, je veux dire dans le feizieme fiecle, nous dirons quelque chofe des Artiftes qui fe diftinguerent le plus pendant le quinzieme.
Of) Fojez IaPré&ce du Cours d’Architecture dc Daviler; edit, 1691, *