II-J JMft j>Wfr aTWft-.-jfWV
Jggfefr imiU>ii' ■■m/1' ' UU* n"W4/' UmT
TRAITE
HISTORIQUE ET PRATIQUE
Dl LA
PEINTURE SUR VERRE-
SECONDE PARTIE.
De la Peinture fur Verre confidérée dans fa partie Chimique
& Méchanique.
CHA PITRE PREMIER.
Des matieres qui entrent dans la compojition du Verre , <3G fur-tout
dans les différentes couleurs dont on peut le teindre aux
fourneaux des Verreries.
Plan <3e eet- N o u s n’avons épargné ni foins ni recher-
PaitieeC°hde ebes Pour mettre f°us les yeux du Le&eur dans la premiere Partie de ce Traité, tout ce qui appartient a 1’Hiftoire de la Peinture fur Verre, depuis les premiers moments connus de Tinvention du Verre blanc ou coloré: nous n’apporterons pas moins d attention a celle-ci, dans laquelle nous rendrons compte de ce qui regarde fa pratique, fur tout dans 1’Art de le colorer & la maniere a&uelle de traiter ce genre de Peinture.
, Tmportan- Le coloris a toujours été regardé comme
ce du colons une des plus importantes parties de la Pein- dans la Pein- r\ r ' r i_ if* i
turefurver- ture* Donner a chaque objet cette couleur te< naturelle qui le diftingue d’un autre & qui
en défigne le caraéiere, c’eft a quoi les Pein- tres, a quelque genre de Peinture qu’ils s’e- xercent, ne peuvent apporter trop d’appli- ? cation. '
Dans la Peinture fur Verre, la beauté du coloris par Péclat de fa tranfparence fait une
illufion fi forte fur les fens, qu’elle y répand une efpece d’enchantement qui arrête & fur- prend les yeux du fpeélateur, très-fouvent indépendamment du fujet même traité dans le tableau.
Nous ne pouvons done être trop exa&s a bien faire connoitre la nature fubftantielle des couleurs métalliques vitrefcibles dont on teignoit le Verre aux fourneaux des Verreries & des Emaux colorants qu’on y a depuis appliqués.
Mon deflein n’eft pas de traiter ici de De i’Art de FArt de la Verrerie dans toute fon étendue, Ia Verrerie mais feulement des différentes matieres qui a^genrede entrent dans la compofion du Verre & des Peinture, différentes couleurs dont on peut le teindre.
Je ne rapporterai pas ce qu’Agricola de Re metallica i Libavius dans fon Commentaire Alchimique (Part. i. Chap. 20), Ferrant Imperatus (Liv. 12. Chap. 14- & 17.) &
Porta (Liv. 6. Chap, 3) nous ont appris
fut la conftruaion, la forme, la matiere & le nombre des fourneaux des Verreries, fur Ia matiere & h forme des creufets ou pots deftinés a cette Fabrique , fur les noms des inftruments dont les Venders fe fervent, & fur la maniere dont ils travaillent leur matiere lorfqu’elle eft fuffifamment cuite. On peut fur toutes ces chofes confulter ces Auteurs, ainfi que ce qu’en ont écrit après eux Chriftophe Merret, Anglois, dans fes Obfervations furl’Art de la Verrerie de Neri, Florentin (a) ? & Haudicquer de Blancourt (b}.
Je ne peux néanmoins pafler fous filence ce que Pline (Liv. 36. Chap. 2$), nous apprend fur la maniere dont les anciens préparoient le Verre. D’abord, dit ceNatu- ralifte, lesPhéniciens s’en tinrent au mélange du nitre avec le fable qu’ils trouvoient en abondance fur la plage du Fleuve Belus. Ils y ajouterent enfuite la Magnéfie, quil paroit avoir confondue avec 1’Aimant, & que nos Verriers ont appellée le favon du ff°rre, a caufe de la propriété de cette fubftance pour le purifier. On effaya par la fuite de fubftituer au fable les pierres & les cailloux tranfpa- rents, même les coquilles de certains poif- fons. Enfin les fables des carrières y furent employés. On y mêla ie cuivre. On mettoit ces matieres en premiere fufion dans un fourneau. Lorfqu’elles étoient refroidies, elles donnoient une maffe de couleur de verd noiratre. On brifoit cette maffe pour la mettre une feconde fois en fufion. On la teignoit pour lors de différentes couleurs par le mélange des différentes fubftances colorantes. Enfin Pline, pour rendre compte de la maniere dont on compofoit le verre de fon temps en Italië, dans les Gaules & dans FEfpagne, dit qu’on y employa le fable le plus blanc & le plus mol; qu’on le réduifoit en poudre par la prefïion des moulins & des mortiers ; que , pour le mettre en fufion, on y mêloit trois por¬tions de nitre ; & que de cette compofition, après avoir paffé par plufieurs fufions diffé¬rentes dans différents fourneaux , on en fai- foit des maffes de verre d une grande netteté & tranfparence.
Les matieres qui entrent aftuellement dans la compofition du verre & qui fe réuniffent a 1’aide de 1’Art & du feu font toutes fortes de pierres fofïiles ou de fables, mêlés dans une certaine proportion avec des fucs con- crets ou des fels tirés d’autres fubftances, qui ont une affinité naturelle avec ces fables ou ces pierres. Parmi ces dernieres les plus claires & les plus tranfparentes ont toujours mérité la préférence; & entre les fables, les plus mols, les plus blancs & les plus fins ont toujours rendu un plus bel effet.
Les pierres tachées de noir ou de jaune, un fable dans lequel on trouve des veines, quelquefois jaunes ou chargées de fer , ta- chent ordinairement le verre des couleurs qu’elles ont contraétées.
Généralement parlant toutes pierres blan¬ches & tranfparentes, que le feu ne réduit point en chaux, font plus ou moins propres a donner du verre. Mais comme elles deman- dent plus de temps & plus de dépenfe dans leur apprêt, on leur préfere le fable qui en demande beaucoup moins & qui eft plus fufible.
Quant a la préparation & la qualité des fels propres a mettre ces pierres ou fables en fufion, on peut confulter 1’Art de la Verrerie de Néri, avec les Obfervations de Merret, & les Remarques de Kunckel {a}.
C’eft de la calcination faite dans un four particulier de ces matieres mélangées dans une jufte proportion que 1’expérience feule peut di&er, que fe fait la 'fritte 9 pour en ieparer toutes les matieres graffes, huileu- fes ou autres qui pourroient tacher le verre.
On la met enfuite fondre & fe purifier dans les pots ou creufets dont on tire le verre, lorfquil eft dans fon degré de fufion né- ceffaire pour le travailler. C’eft de cette fufion bien digérée , beaucoup plus que de la matiere> que dépend la bonté du verre.
On compte parmi les fubftances propres a la plus grande perfection du Verre laMagné- fie ou Manganèfe. C’eft une mine de fer dun gris tirant fur le noir, fuligineufe & ftriée comme 1’antimoine. Elle reffemble beaucoup a 1’aimant par fa couleur & par fon poids. Lorfqu’elle eft employée avec choix &c dif- cernement, elle contribue a rendre Ie verre plus blanc & plus tranfparent.
Cette même fubftance mêlée avec la fritte dans des dofes différentes , connues des Ver¬riers, fert aufli ateindre le verre en rouge , en noir & en pourpre.
Nous entrerons dans le détail des recettes propres a le teindre en différentes couleurs dans les Chapitres fuivants : expofons fuc- cinétement dans celui-ci les ingrédients mé- talliques propres a ces teintures différentes.
i°. Le faffre. C’eft une préparation fort Desïngr& connue des Allemands d’un minéral nommé 4iens metaI" Cobalt, II s’en trouve en très-grande quantité pSteindrê dans les mines de Schnée berg en Mifnie & Ie yerre de dans d’autres lieux de la Saxe. On en fait un ciuleunT gros négoce en Hollande , ou on 1’envoie tout préparé. Ce minéral fert a teindre le verre en bleu foncé.
20. Le ferret d’Efpagne. II s’en trouve de naturel dans les minieres : mais celui qui eft connu fous le nom d’<rr uftum > eft une pré-
(A) Voysz la Traduétion que M. le Baron d’Holback
a donnée de ces Auteurs, Sc fur cette Tradudion la fa) Art de la Verrerie, Paris, 1718, 1 Vol. , premiere note du Chapitre fuivant. premiere Partie, Chapitre II 8e fiiiv.
paration
paratlon du cuivre feul ou du fer & du cuivre, qui, dofée fuivant les regies de PArt conduites par Pexpérience, entre dans un grand nombre des différentes couleurs dont on veut teindre le verre.
3°. Le crocus martis ou fafran de Mars. C’eft une calcination du fer qui donne au verre une couleur tres-rouge & qui contri- bue a y faire paroitre & a y développêr toutes les autres couleurs métalliques, qui , fans une jufte mixtion du fafran de Mars, refte- roient cachées & obfcurcies.
4°i L’oripeaü ou clinquant, qui n’eft autre chofe qu’une preparation du iaiton très-pro- pre a teindre le verre en bleu célefte ou couleur d’aigue-marine.
II paroit qu’entre ces matieres.le cuivre eft le métal qui, relativement.a fes différèn- . tes préparations, entre le plus dans la tein- ture du verre en diverfes couleurs. Les pré¬parations variées de ces fubftances colorantes étant exaótement enfeignées par Néri & fes . Commentateurs , je me contente d’y ren- yoyer le leéteur (<?),
II paroit encore, comme je le juflifïerai. par les recettes inférées dans le Chapitre fuivant, que pour teindre le verre en noir, ou. en blanc opaque ou blanc de lalt, le plomb & 1’étain entrent auffi dans 1’ordre des fubftances métalliques & colorantes propres a eet effet.
Enfin , fuivant Néri, il eft des verres de plomb qui reqoivent admirablement toutes fortes de couleurs & qui font une des plus bel¬les & des plus délicates compofitions qui puif- fent fe préparer aux fourneaux des Verriers. Mais cette efpece de verre très-fragile, fupé- xieur néanmoins par la tranfparence des cou-
(a) Néri , de Ia Tradu&ion du Baron d’Holback, Chapitre XXIV, XXV, XXVlII , St XXXI.
leurs, • n’ayant pas affez de folidité, ne peut entrer dans 1’ordre des verres teints propres aux Peintres-Vitriers, maïs beaucoup mieux dans celui desEmaux dont on le colore, ou ' des patés dont f/on fait les pierres fadices.
Les fubftances métalliques colorantes pour le verre une fois connues, il eft a propos d’obferver ce qui peut le mieux contribuer a porter avec plus de perfe&ion dans le verre . les couleurs dont ellesfont le principe.
D’abord les creufets ou pots, dans lefquels. Desprécau- on met la compofition en fufion, pour quel- que.couleur que ce foit, ayant toujours quel- aflliter la que chofe de groflier & de terreftre qui peut fe communiquer au verre la premiere fois en différen- qu’on s’en fert, & én ternir l’éclat,.Néri tes couleurs. recommande de les vernir aü feu en dedans avec du verre bleu avant que 1’on s’en ferve.
2°. Ilde mande un creufet ou pot en par¬ticulier pour chaque couleur. Celui qui a fervi a préparer une couleur, ne doit jamais fervir a la compofition d’une autre. #
Il requiert en troifieme lieu une grande attention a la calcination des poudres mé¬talliques 6c colorantes qui doivent entrer . en mixtion avec la fritte. Le trop ou le trop peü de calcination cauferoient de 1’altération dans leurs mélanges.
Il en eft ; qui doivent être jointes a la . fritte lorfqu’on la met dans le pot ou elle doit entrer en fufion ; & d’autres ne doivent être incorporées qu’avec le verre fondu, lórfqu’il eft bien purifié, comme nous ver-
rons au Chapitre fuivant.
Enfin Néri recommande comme un foin effentiel, de bien chauffer un four de Ver- rerie avec un bois fee & dur; le bois verd ou trop tendre, outre qu’il ne communique point une chaleur fufiifante , court le rifque de gater par la fumée la matiere qui eft en fufion.
PcrvT errff 17mUR ft: T1. Part.