CHAPITRE X.
L ENTENTE duclair-obfcur que lePeintre fur verre doit avoir acquife lui ayant procuré dans fon travail, done nous venons de lui tracer les différents traitements, ce bel effet d’union & d’obfcurité dans les maffes par oppofition aux grandes lumieres, on pourroit regarder fon ouvrage comme déja coterie 9 dans 1’état oü nous le fuppofons forti de fes mains: mais il n’eft pas encore coloré; ce n’eft encore qu’une maniere d’eftampe qu’il faut enluminer; enfeignons-lui les moyens de le faire avec fuccès.
Nous nous fommes fuffifamment étendus fur la compofition & 1’apprêt des différentes couleurs propres a la Peinture fur verre aêtuelle. Nous avons particuliérement indi- qué la maniere d’apprêter les émaux blanc, verd, bleu, violet & pourpre, après leur vitrification parfaite, & de les mettre en 1’état ou ils doivent être pour les coucher fur le verre avant. la recuiffon. Nous nous contentons ici d y renvoyer (a).
O) Voyez les Chapitres IV & V, de cette feconde Partie.
Nous fuppofons done finie de blanc & de noir, ou pour parler fuivant les termes de 1’Art, êclairêe & ombrée, une fuite d’ou- vrages de Peinture fur verre fufiifante pour remplir la capacité de l&poële d recuire, L’ou- vrage a féché pendant quelques jours. L’Ar- tifte a apporté tous fes foins pour enïever avec le balai de poil de gris tous les atö- mes de pouffiere, qui, malgré fes précau- tions, auroient pu féjourner fur fon ouvrage. 11 doit commencer par coucher de rouge ou carnation toutes les parties ou cette couleur doit entrer, de la même maniere & avec les mêmes foins que nous avons vus dans le Chapitre précédent pour le lavis do couleur noire.
Elie eft, ainfi que lui, de toutes les cou¬leurs propres a peindre fur verre celle qui porte le moins d’épaiffeur & celle qui eft le moins fujette a s’effacer avant la recuiffon; e’eft pourquoi nous la mettons la premiere dans 1’emploi des couleurs.
Les couleurs de bois, de cheveux, d’anl- maux, qui tirent fur le roux, s’employant comme la carnation dans la maniere de les
coucher,
Ó’ U R VE R
Oouchër 9 tlennênt le fecohd rang dans leur emploi.
Le lavis de blanc peut auffi s’employer de la même maniere.
Quant aux émaux verd, bleu , violet & pourpre, détrempés, comme nous Favons prefcrit (a), void la maniere de les cou¬cher.
On place la piece que Fon doit coucher <Fun ou de plufieurs de ces différents émaux , felon Fordre du coloris du tableau ou du blafon des armoiries, dans ün jufte équilibre & dansun exa& nivellement fur les bords d’un verre a boire a pane, porté fur la pan¬carte qui cöuvre le deffus de la table , cou- verte elle même d’une feuille de papier blanc. Alors le Peintre debout prend avec le pin¬ceau , qui ne doit fervir que pour la cou¬leur dont il a été imbibé la premiere fois, autant de 1’eau gommée de cette couleur qu’il en faut, pour emboire légérement & promptement, du cöté du travail, la partie qui doit être colorée. On prend enfuite avec le pinceau de la couleur défirée , de facon qu’elle ne foit ni trop claire, ni trop épaiffe. Trop claire, outre qffelle ne donneroit pas la teinte que Fon défire, elle courroit riff que d’effacer le travail fur lequel on Fappli- que. Trop épaijfe, elle ne s’étendroit pas uniment fur la furface qu’elle doit couvrir. Alors on promene légérement , prompte- ment & également cette couleur avec le pinceau , plus incliné fur fa maffe que porté fur fa pointe. La tranfparence, fentie au tra¬vers du verre par le reflet de ia feuille de papier blanc qui eft au-deffous , en annon¬ce le plus ou moins d’égalité. Enfin on agite doucement la piece en tout fens , en la tenant des deux mains, de fa^on que 1’ex- trémité des doigts ne pörte pas deffus, mais qu’ils ne faffent que la maintenir par fon épaiffeur , afin que toutes les parties de 1’é- mail colorant fe réuniffent dans une parfaite égalité. On laiffe alors fécher les pieces po-
fées a plat & de niveau fur la table pen¬dant deux jours.
On peut traiter de la même maniere Fét mail blanc, fur-tout lorfqu’on veut lui don¬ner une certaine opacité au-deffus de la demi-tranfparence, comme il en eft quel- quefois befoin dans les draperies blanches, &c.
Dans les grifailles qu’on veut émailler de blanc, on n’empioie qu’une teinte plus ou moins forte du lavis dece même blanc, qui fe couche comme le lavis de couleur noire fur le revers du travail.
On ne peut, en couchant le verre de ces couleurs, apporter trop de foin pour bien border tous les contours des draperies &
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Pour mieux reconnoitre fi les couleurs étoient couchées bien uniment & également, als fe cachoient le jour avec la main por- tée au-devant de la piece , qui leur faifoit une ombre que le papier blanc fur lequel étoit placé le verre a patte qui fupportoit la piece, leur réflettoit. Ils couchoient 1’a-
zur plus épais, le violet de même. Ils veti- lent néanmoins que Fazur foit^icöuché, de fa^on que, quand il a féché fiffe-piece, on puiffe Jui fentir quelque traaM^nce, paree que couché trop épais, i^nmSrroit noircir a la recuifion. ,