EXTRAITS
SUR LA PEINTURE TANT EN ÉMAIL QUE SUR VERRE ;
& fur la Compofition des differences fortes de VerrebLanc & coloré ; traduits ,/zz/z Livre Anglois, en deux Tomes in-f. intitule, The handmaid to the Arts, 17^8. A Lorres, chf^ JeanNourfè; & a Paris, ehe^Cayelier, rue Saint-Jacques.
AVERT1SSEMENT.
L A fecon'de Partie de mon Traité étoit bien avancée, lorfqu un ami me demanda fi j’avois confulté un Livre Anglois, annoncé dans le Journal de Trévoux (Novembre 17JP), qui avoit embraffé une partie de la matiere fur laquelle je travaillois. Je n’en- tends point la Langue Angloife, lui répondis-je; mais je confulterai le Journal. J’y trouvai, a la page 28 y 1, Pannonce de cet Ouvrage ? dont le titre y eft traduit par celui de la Servante des Arts (a). Je connus par 1’analyfe qu’en fait le Journalifte , que , dans le premier Volume, PAuteur donnoit des détails pratiques fur la nature, la pré- paration, la compofition & 1’ufage des différentes fubftances colorantes employées par les Peintres, entr’autres dans la Peinture en Email & dans la Peinture fur Kerre; qu il s’étendoit, dans le fecond Tome, fur la nature, la préparation & la compofition des diiférentes fortes de verre, & fur 1’Art de contrefaire les pierres précieufes par des verres colorés, par des pates, &c. ma difficulté fubfiftoit toujours.
M. Hernandez (£), connu par les différents morceaux qu’il a traduits de P Anglois pour le Journal Etranger, vint a mon fecours; & c’eft a lui que je fuis redevable de la TraduCtion des deux Extraits que je vais donner de cet Ouvrage.
L’un fera fur la Peinture tant en Email que fur Verre, dont les fubftances colorantes font les mêmes; Pautre fur la compofition des différentes fortes de Verre.
J’aurois pu me borner a donner le premier Extrait, puifque je me fuis moins propofé pour objet dans le cours de mon Ouvrage de traiter de 1’Art de la Verrerie que de PArt de Peindre fur Verre; mais comme les Anglois ont la réputation d’être doués d’une grande fagacité dans la pratique des Arts qu’ils tiennent des autres Nations, & de les perfe&ionner autant qu il eft en eux; comme d’ailleurs ce que PAuteur Anglois dit de la compofition du verre de couleur entre parfaitement dans mon plan, j’ai cru que le Public verroit ces deux Extraits avec la même fatisfaCtion , & j’ai profité de la bonne volonté de mon Tradu&eur pour le fecond, avec autant d’ardeur & de reconnoiffance que pour le premier.
Les Entrepreneurs de nos Verreries pourront peut - être tirer quelqu’avantage des procédés dont les Anglois fe fervent dans la compofition & préparation tant du verre blanc que du verre plein de différentes couleurs, quoique cette entreprife ne foit pas fi étendue & autant accréditée dans PAngleterre qu’elle devroit l’être, a caufe des droits qui s’y levent fur les productions des Manufactures de Verre.
Je ne m’aflreindrai pas dans ces deuxExtraits a fuivre mon Auteur de point en point: j’omettrai, dans le premier, ce qui n’aura pas trait affez immédiatement a la Peinture fur Verre, & je ne ferai ufage, dans Pun ni dans Pautre, de ce quipourroit n’être propre qu’aux Anglois.
Cet Ouvrage eft dédié aux Membres de la Société de Pencouragement des Arts, Manufactures & Commerce de Londres.
(a) Mon Traduéleur, a 1’infpeétion du Livre Anglois, prétendit que Ie mot Handmaid feroit rendu plus }>üre- ment par le Francois la Guide, en LatinManuduftrix, que par celui de la Servaitte des Arts : mais par refpeél pour les talents du Journalifte, dont il reconnoit Fha- bileté dans ^’intelligence de la Langue Angloife , il a voulu que je confervaffe le titce que porte cet Ouvra-
ge dans fon Journal.
(b) M. Hernandez, nouvellement de retour de Saint- Peterfbourg, ou il re'fidoit depuis plufieurs anne'es en qualité de Secretaire du Prince Repnin , Grand Ecuyer de 1’impe'ratrice de Rufïie, eft aduellement Interprete du Roi, au Bureau des affaires Etrangeres.
PREMIER EXTRAIT,
Bi
£esPeinttes L’AuTEUR, après avoir remarquéque les I’S? de™ Peintres les plus habiles en huile ou en dé- trempe fe trouvent fouvent trompés, par Favarice & 1’ignorance des Juifs & des bas Artifants de qui ils achetent les couleurs pré- parées, paree qu’ils negligent 1’étude des fubftances qui entrent dans leurs compofi- tions pour s’appliquer a des objets qu’ils regardent comme principaux, & immédia- tement néceflaires a leur Art; après avoir annoncé que le but de fa premiere Partie, employee a la matiere pittorefque, eft de les mettre en état de préparer eux-mêmes les couleurs, ou de juger avec certitude de la bonté de celles qu’on leur prépare; après enfin avoir auguré de fon travail un fuccès d’autant plus affuré qu’il a, dit-il, une con- noiffance parfaite des différentes branches de la Chimie fondée fur des expériences réi- térées, paffe a la Peinture en émail & a la Peinture fur verre.
Ce qu’il donne fur la Peinture en émail eft, dit-il, un fyftême complet de théorie & de pratique. Ceux pour qui il eft écrit, en comprendront mieux le mérite & 1’utilité. Cet Art eft tout nouveau pour PAngleterre. Ceux qui le poffedent de plus vieille date dans les autres parties du monde, ont foigneu- fement gardé leur fecret fur la maniere de le travailler, comme fur la préparation 6c la fufion tant des matieres qui lui fervent de fond que de celles qui produifent les cou- leurs. Il n’eft done pas furprenant que les Artiftes Anglois n’ayent que très-peu de con- noiffance fur ces objets. Ils font^ obligés d’employer un émail blanc préparé a Venife pour faire les fonds fur lelquels ils doivent peindre, & a fe procurer, en tatonnant, des couleurs plus ou moins parfaites.
II en faut cependant excepter quelques- uns qui préparent eux-mêmes leurs couleurs fur des recettes, mais avec les qualités pré- caires qui réfultent de leur aveugle execu¬tion ; c’eft-a-dire, fans rien comprendre des propriétés générales des ingrédiens, ni des principes des opérations. Dela 1’incertitude du fuccès 6c Fembarras en opérant.
« Un de nos principaux objets, ajoute FAu- teur, a été de venir au fecours des Peintres en émail, Art très-intéreffant pour nous au PEINT. SUR VERRE. II. Part.
moment préfent, puifqu’il eft devenu le fon-dement d’une Manufacture dont nous pou- vons efpérer un grand avantage. Dé ja même nous la voyons tendre a une telle perfec¬tion , par la facilité du travail, qu’on nous en fait des demandes dans les Foires Etran- geres, quoique le long ufage & le bon mar- ché des ouvrages de Geneve, ou Fon eft en poffeffion depuis long-temps de cette bran-che de commerce , ayent originairement procuré aux Genevois beaucoup d’avantages ïur nous».
« La Peinture fur verre avec des couleurs Ëtat de Ia vitrefcibles n’eft pas, continue notre Au- peinture fuÉ teur , une matiere moins importante que la gleterre. Peinture en émail. Elle eft regardée en Angleterre, comme un Art dont le fecret efè perdu (a), Cet Art cependant n’eft dans le fait autre chofe qu’une Peinture avec des couleurs d’émail tranfparent fur un fond de verre par la même méthode. Les connoif* fances que nous avons acquifes récemment dans 1’Art d’émailler, peuvent nous donner la même fupériorité dans 1’Art de peindre fur verre. Aufli ai-je regardé cet objet com¬me une portion néceffaire de mon ouvrage ,
6c fuis-je entré dans un certain détail fur cet Art; je me réfere néanmoins en grande par- tie a ce que j’ai donné fur la Peinture en émail, a caufe de Faffinité que la Peinture fur verre a avec elle , 6c je n’appuie que fur la vraie différence qui fe trouve entre 1’une 6c 1’autre; mais je me flatte que, malgré le peu d’étendue que j’ai donné a cette ma¬tiere , quelqu’un qui y portera fon attention, deviendra un bon maitre dans 1’Art de pein-dre fur verre (b) ».
L’Auteur, parlant enfuite de la prépara- Des Auteurs tion des couleurs qui y font propres, dit 2?1 Jnt trai- que JNen lembie avoir établi la bafe de tou- leurs propres tes les recettes qu’on en a, par fon Art de la ^ce genre de Verrerie; que Bérallus , Mathiolle, Wor- einture' mius , Céfalpin öc autres ont aufli donné quelques enfeignements fur ce point; que
(#) Voye^ ci-devant Chapitre VI, Ia note ou je par*. Ie de deux Anglois, Peintres fur verre, vivants.
( b ) II paroit cependant que 1’Auteur a confondu i’Art de Peindre fur verre avec celui de Ie colorer. Voye? Ia remarque que nous avons faite a ce fujet dans le Cha- pitre ou il traite de ce genre de Peinture.
Rr
i;g L'ART
Canéparius, dans fon livre De Anamentifa été le copifte de Néri, fans le citer, & ra- voit beaucoup étendu, mais que fes additions n’étoient pas exemptes de défauts ; que Mer-ret, Médecin Anglois, avoit, par fa traduc-tion Latine de 1’ouvrage de Néri, fait con- noitre eet Auteur en Angleterre, mais que ne paroiffant pas avoir eu d’autres lumieres
Jpourle diriger dans fes fentïments,que celles ’Sgfil avoit puifées chez d’autres Ecrivains, les notes dont il 1’avoit orné , n’avoient ni éclairci, m augmenté beaucoup le téxte; que Kunckel avoit publié en Allemand 1e livre de Néri, avéc les notes de Merret, & fes propres obfervations fur Fun & fur Pautre; qu’il y avoit ajouté différents procédés beau¬coup plus sürs que ceux de Néri & de fes prédéceffeurs ; qu’enfin il étoit le feui qui, guidé par 1’expérience, eüt donné plus de détails fur eet Art.
Maniere de préparer l’Qckre écarlate*
(Avant de paffer a ce que notre Auteur enfeigne, tant fur la Peinture en émail que fur la Peinture fur verre, il eft a propós de rapporter ce qu’il dit ailleurs de la prépara- tion de Pochre écarlate, paree qu’il en fera fait mention dans la compofition des cou- leurs propres a ces deux genres de Peinture).
Ce que c’eft » L’ochre écarlate, dit-il, page 49 du pre- que 1’ochre mier Tome , eft la terre d’ochre ou plutót ecax a e. je fCf * 5afe du vitriol verd, féparé
par la calcination de Paeide du vitriol. La couleur qu’elle produit eft une écarlate oran- gée. On ne s’en fert point pour les fonds & dans les ombres de carnations, a caufe de fa ténacité, & de fa trop grande force ou cbaleur qui égale celle de Pochre naturelle : mais on 1’emplöie, corrime couleur fondue & mixtionnée, dans toutes fortes de peimu- res, excepté dans celle en émail, ou elle devient d’un jaune tranfparent brun, lorfque
ff .
le fond eft trop fort. Comnfe couleur on Ia prépare de la maniere fuivantê. »
» Prenez telle quantité que vöüs voudrez de Maniere de vitriof verd, copperas, en Franqois c o up er of e. Ia Preparer. Empliffez-en un creufet jufqu’aux deux tiers feulement; faites-le bouillir a un feu ordinaire jufqu’a ce que la matiere tire vers la ficcité ce qui en diminuera beaucoup la fubftance. Remplifiez alorsle creufet, ala même hauteur que la premiere fois , & répétez cette opé¬ration jufqu a ce que le creufet foit rempli d’une matiere réduite a ficcité. Otez alors le creufet du feu; mettez-le a un fourneau ji vent; ou fi vous n’en préparez qu’une petite quantité, continuez votre opération au pre¬mier fourneau, en raffemblant le charbon autour du creufet, & faites calciner le tout jufqu’a ce qu’en refroidiffant, il parvienne a parfaite rougeur. Pour vous affurer de ce degré de calcination, prenez, au bout d’une baguette de fer, un peu de la matiere dans le milieu du creufet, & la laiflez refroidir ; car, tant qu’elle fera chaude, vous n’aurez aucyn indice apparent de couleur rouge , quand même la calcination auroit été fufii- fante. Otez enfuite Pochre du creufet pen¬dant qu’il eft chaud, & la verfez dans de 1’eau; caffez le creufet, & en mettez les fragments dans la même eau pour en extraire Pochre qui y eft adhérente. Remuez bien ie tout dans Peau , jufqu’a ce que le vitriol qui auroit pu refter foit fondu. Laiflez enfuite repofer le tout; quand Peau fera claire, ver- fêz-la par inclination dans un autre vafe; ajoutez-y autant d’eau fraiche que la pre¬miere fois. Retirez les morceaux de creufet; répétez la même lotion que deflus. Remet- tez de Peau fraiche pour la troifieme fois, afin de purifier Pochre de toute faleté. Paf- fez enfuite le tout au tamis couvert d’un papier Joïeph, & le faites fécher fur une planche jüfqu’a parfaite ficcité. »
EXTRAIT DU CHAPÏTRE IX. DE LA I. PARTIÏ.
■ X ' . ' >
Dt ld fflature^ Preparation & UJage des differentes matieres employees - dans la Peinture en Pmail,
lors couvrir le métal d’un émail blanc vi- trefcible; mais, comme nous Favons dit , plus dur que les émaux colorants qui doi¬vent s’y appliquer; c’eft-a-dire, tel qu’il puiffe foutenir un degré de chaleur plus fort que les couleurs qui doivent s’incorporer ,
& fe lier avec lui, & affez fort pour s atta- cher lui-même au métal qui lui fert de bafe.
Aufli ce fond obtient la feconde place entre les matieres qui entrent dans Fordre de la Peinture en émail. •
La troifieme claffe fe tire des couleurs 30, Les co» ou émaux colorants, qui doivent ’être éga- l°rants* lement vitrefcibles & fulibies par 1’aétion du feu. Les métaux, les corps terreux & les minéraux font feuls propres a la compofi- tion de ces couleurs. Les végétaux & les animaux ne peuvent foutenir le moindre des degrés de chaleur qu’exige ce genre de Peinture.
La quatrieme forte de matieres, qui forme 4\Un corps
le fecond véhicule, eft quelque corps fluide coucherP°Ies par le fecours duquel on applique avec le émaux* pinceau fur le métal, ou autrè corps qui fert de bafe, tant Fémail du fond que les autres émaux colorants que celui-ci doit recevoir.
11 fert de medium pour coucher & étendre ces émaux, qui, dans leur préparation n’é- tant'qu’une poudre feche , ont befoin de quelque fubftance humide qui les délaie & qui puiffe s’évaporer & fe fécher fans dépofer aucune partie hétérogene a Fémail, ou capa¬ble de Faltérer.
On dólt fe fervir a eet effet de Feffence de ces huiles qui ont Favantage de fe fécher a la premiere approche du feu, & ont de plus une onêtuoflté légere qui les rend propres a être employées avec le pinceau.
La préparation de ces différents émaux a Les émaux été jufqu’a préfent beaucoup falfifiée par j^nTonUté les Vénitiens. Celle qui s’en fait a Drefde, bienfalfifiés, depuis Fétabliffement de la Manufa&ure de Porcelaines de Saxe, eft d’une qualité bien fupérieure; mais elle n’eft connue que de ceux qui s’exercent habituellement a en préparer. Peut-être même n’eft-il actuelle- ment perfonne en Angleterre, qui, verfé dans la connoiffance de quelques - unes de ces compofitions, n en ignore beaucoup d’autres connues par tels qui ignorent les premieres.
Les praticiens dans 1’art d’émailler n’ayant coArtojg les eu jufqu’a préfent aucun moyen d’apprendre a^ïe/cou-
Ï6O L’ART DE LA
par fyftême toutes les particularity dun arc oil il faut plus de conhoiffance de la Chymie que n en ont ordinairement lesPein- tres & autres Artiftes ; j’entrerai, dit 1’Au- teur, dans le plus grand détail fur la compo- fition des différentes fortes d’émaux de fonds & colorahts. Il efpere par la fe rendre très- utile a la Manufacture confidérable de Pein- ture en émail qui s’eft fcrmée en Angleterre.
La maniere de chauffer a propos les fonds, ceft a-dire, de donner telle chaleur a la matiere, en la couchant fur le corps qui doit être peint ou émaillé, qu il puifTe en fupporter la fonte, & conféquemment de donner a la fritte ou a la partie vitrefcible de cette compoötion les vraies qualités dun véhicule, qui puiffe les unir & lier enfem- ble , eft encore néceffaire a connoitre, ainfi que la fufion des couleurs après qu’elles ont été couchées fur le fond. L’Auteur s’engage a en facilker 1’opération par une méthode aifée, ou du moins a donner des principes affez furs pour corriger les défauts des premieres épreuves, qui, vu la délica- telfe de ce genre d’ouvrage , ne font pas fans difficulté,
II faut auffi un iugement fonde fur Pexpé- rïence pour préparer avec certitude les cou¬leurs : car les différentes parties des mêmes fubftances variant fréquemment dans leurs qualités , on ne peut bien. connoitre ces variations & la proportion exaéte des dif-férentes dofes que leur mélange exige, fans beaucoup d’expérience.
Cette expérience au refte n’eft pas diffi¬cile a acquérir ; car les fubftances , qui entrent dans ia compofition des émaux , font la plupart a bon marché. Ces épreu¬ves d’ailleurs peuvent être faites au même feu qui fert a 1’opération principale.
SECTION II.
Des matieres qui entrent dans la compofition
des fondants & dans celle de l'émail blanc.
Les matieres dont on fe fert pour Pémail des fonds & le fondant des couleurs font:
i°, La mine de plomb rouge (ou minium). Il faut choifir la plus pure. Elie rend Pé¬mail doux ; mais la couleur jaune dont elle eft fufceptible, empêche de la faire entrer indiftin&ement dans toutes fortes d’émaux.
2°, Le fel alkali fixe des fubftances végé- taies. II donne aux émaux une qualité moins douce; mais il n’eft pas fufceptible de ce jaune.
5°, Le borax. 11 opere la vitrification des émaux & leur fufion plus qu’aucune autre fubftance. Avant de le mêler avec les autres ingrédients, il faut le calciner & le pulvéri- fer. II eft très-utile, paree qu’il rendies cou¬leurs plus douces a la fufion.
PEINTURE
4°, Le fel marin eft auffi très-utile pour les fondants. II eft extrêmement fluide & peu tenace, mais plus fujet a pétiller que les autres corps vitreux.
y°, Le nitre & Parfenic font encore des fondants ; mais la méthode de les employer eft plus difficile & plus complexe.
Les matieres qui forment le corps d’un émail fondant font :
i°, Le fable blanc. Pulvérifé, il fe mêle mieux avec les autres ingrédients, & rend ie verre plus parfait.
2°, Le caillou calciné au feu jufqu’a ce que toute fa fubftance devienne blanche. Pour lors il faut le retirer du feu , le jetter dans Peau froide, & Py laiffer quelque temps pour 1$ mettre. en état d’être pulvérifé. Quand on n’a qu’une petite quantité d’émail a préparer, il faut préférer les cailloux au fable, comme plus faciles a réduire en pou- dre impalpable.
3°, Le moilon calciné fe tourne. plus promptement en vitrification que le caillou & le fable, & donne un fondant plus doux.
Les matieres qui entrent dans la compofi¬tion de Pémail blanc dont on fait les fonds des ouvrages de Peinture en émail, font;
i°, L’étain calciné. Celui que les Lapi- daires préparent & expofent en vente eft a meilleur compte. 11 eft connu fous le nom de Putty, en Francois Potée. Il faut prendre garde qu’il ne foit falfifié , ce qui fe fait avec
la chaux ou quelque terre blanche.
Le moyen de reconnoitre cette falfifica- tion eft de mettre le putty dans un creufet avec du fuif ou de la graiffe & de le faire fondre, en y ajoutant tou jours de la graiffe jufqu’a ce que Pétain calciné ait repris fon état métallique. Car après que la graiffe eft brulée , la terre-ou la chaux qui auroit été mêlée avec Pétain refte &furnage la fur-. face du métal.
Si la falfification en étoit faite avec le blanc de plomb , il ne feroit pas fi aifé de la découvrir, paree qu’il fe mêle avec Pétain a la fufion. Mais ft Pon couvre Ie creufet, dans lequel le putty fera fondu, avec un autre creufet, le blanc de plomb , s’il y en a, jettera une couleur de jaune brun adhé- rente au couvercle.
Pour faire un émail blanc pur & parfait} la meilleure maniere eft de calciner foi- même 1’étain avec le nitre ou falpêtre, ainfi qu’ii fuit.
Prenez une demi - üvre de falpêtre: faites- le fondre dans un creufet. Lorfqu’il fera fondu , jettez - y de temps en temps une demi - livre de limaille d’érain le plus fin , &, dans les intervalles, laiffez faire fon explofion a la partie d’étain que vous aurez jettée dans le creufet. Remuez le tout avec un tuyau de pipe. Lorfque vous aurez pro- jetté tout votre étain, remuez encore le tout
SF?;
SUR VERRE. II. PARTIS. Ï<5I
tout pendant un peu de temps. Otez le creufet du feu. Trempez-le dans Peau froide jufqu’a ce que le tout foit refroidi & puiffe être enlevé du creufet, fans rien prendre de la fubftance dudit creufet. Quand votre
. étain calciné fera bien fee, mettez-le dans une bouteille, & bouchez-la foigneufement. S’il reftoit quelque partie de fel, il n’eft pas befoin de le féparer d’avec 1’étain cal¬cine ; il ne peut lui porter aucun préju- dice.
a’Vantï- z°, L’antimoine calciné: mais il coüte jjjoine ealei- plus de dépenfes & de foins pour le réduire né» eft chaux.
* Merret dans fes notes fur Néri, ordonne au-tant' d’antimoine que de nitre. Maïs comme cette proportion ne calcine pas Fantimoine juftju’a la blancheur, & comme il né produit que le crocus metallorum > qui eft d’un rouge fale tirant fur le jauné, Fantimoine ne peut rempiir notre objet. Merret fe trompe encore en difant que le régule d’antimoine eft bon pour cette opération, puifqu’étant un corps
. métallique malléable, il ne peut fe pulvéri- ’ fer; ou du moins donner une couleur blan-
• che, s’il étoit réduit en poudre.
Quand on veut fe fervir d’antimoine pour
1’émait blanc, il faut le calciner avec le , nitre comme ilfuit.
Calcination Prenez une part d’antimoine & trois de idel’aniimoi- falpêtre. Pulvérifez le tout enfemble. Jettez tre,aVeClenl" ce mélange par cuillerées dans un creufet * \ déja rougi au feu. Lalffez agir Fexplofion a
chaque cuillerée , & la matiere fe repofer pendant quelque temps. Otez-la du feu, & pour le rede opérez comme pour Fétain. La chaux d’antimoine ainfi formée fera plus fine que la chaux d’étain, & par confequent plus parfaite; mais celle d’étain, dépenfe
moins de nitre, £>c-produit plus de chaux.
3°, L’arfe- 3°, L’arfenic : mais c’eft une matiere très- délicate a traiter. L’aétion du feu transforme 1’arfenic en un corps tranfparent. On Fem- ploie aufïi comme fondant \ mais il faut bien connoitre fes qualités , & prendre beaucoup
- . de précautions dans 1’ufage qu’on en fait.
SECTION III.
matieres qui entrent dans la compofition des émaux de couleurs.
>°, L’ou- i°, L’outremer fert pour le bleu clair tremer* d’émail. Ceux qui ne connoiffent pas 1’ufage du fafre & du bleu d’émail, s’en fervent encore dans d’autres cas. Au refte il y a peu d’occafions ou le böïï fafre mêlé avec le borax & le caillou calciné, ou le verre de Venife qui óte la trop. facile folubilité du borax , ne produife un meilleur effét
que 1’outremer.
*°> Ie fafre. 2°, Le fafre peut donner des couleurs bleues, vertes, pourpres & noires. On le
PRINT. SUR PERRE. IL Part.
tire d’une efpece de minéral nommé cobalt. Mêlé avec des fubftances vitrefcibles, il fe parfond avec elles, êt devient d’un bleu pourpre ou violet. On n’en peut connoitre la bonté que par Fexpérience a&uelle.
3°, La magnéfïe ou manganefe eft une terre qui, fondue avec des matieres vitreu- fes, produit une couleur de rofe fale. On Femploie non - feulement pour le rouge , mais pour le noir, le pourpre & le brun. On ne peut s’affurer de fa bonne qualité qu’en Féprouvant.
4°, Le bleu d’émail eft un fafre vitrifié par le mélange des fels alkalis fixes avec le fable ou le caillou calciné. On Femploie avec un fondant; mais comme il donne tro^ d’opacité au verre, le fafre lui eft préfé- rable.
Le bleu d’émail broyé fin & mêlé avec un quart de fon poids de borax réuffit très- bien iorfqu’on ne veut pas un bleu trop foncé. On juge de fa bonté par fon brillant & par Fépaiffeur de fa couleur. Le meilleur eft celui qui tire le moins fur ie pourpre. 11 n’eft pas fujet a falfification, & on le trouve aifément chez tous les Marchands de couleurs. .
, L’or produit une couleur cramoifie ou de rubis, qui, par une méprife fur la , fignification du mot latin purpureus} a fou- vent été nommée couleur de pourpre par des Auteurs Anglois^ ou Francois.
II faut a eet effet réduire For en pou¬dre précipitée, en le faifant diffoudre dans 1’eau régale, & en le précipitant par le moyen de 1’étain, du fel alkali fixe, ou des corps métalliques & aikalins, de la maniere qui fuit.
' Prenez huit onces de pur efprit de nitre: ajoutez-y deux onces de fel ammoniac bien clair, qui convertira 1’efpritde nitre en eau régale. Mettez quatre onces de cette eau régale dans une fiole convenable. Faites-y diffoudre une demi-once d’or purifiéque vous trouverez chez les Rafineurs fous le nona d’or de grain ou de depart. Pour hater la folu¬tion, tenez la phiole dans un degré de chaleur modéré julqu’a ce que Por difparoiffe entié- rement. Prenez pareille quantité d’eau régale dans une autre phiole: mettez-y de petits morceaux d’écain fin ou de la limaille d’é¬tain. Ajout^-en par degrés tant que 1’ef- fervefcence dure , fans quoi le mélange échaufferoit la phiole jufqu’au point de la faire caffer. Verfez enfuite trente ou qua- rante gouttes de la folution d’or dans une chopine d’eau. Immédiatement après verfez fur cette eau -quinze ou vingt gouttes de la folution d’étain. La di Ablution de For faite par Peau régale fe précipitera en forme de poudre au fond de cette eau claire. Vous répéterez cette opération jufqu’a ce que toute votre diffolution d’or foit employée.
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Chaux de Lorfque touts la poudre d’or a é'té pré-
d^USo °“ -- cipitée > verfez le fluide clair 9 & renlPllffez té par rltain. votre phiole avec de 1’eau de fource. Quand la poudre rouge fe fera précipitée au fond, verfez encore 1’eau , mettez enfuite une éponge humide fur la furface du fluide qui refte avec la poudre. Lorfque vous aurez extrait route 1’eau , fai tes fécher la poudre fur une pierre de marbre ou de porphyre, & prenez bien garde qu’il ne s’y mêle ni pouf-
fiere ni falete.
On emploie quelquefois, au lieu de folu- tion d’étain , Fétain crud pour précipiter For : mais l’attention que demande cette méthode contrebalance la peine qu’exige cette diflolution. Car fi la diflolution n’eft pas bien lavée, elle forme un corps gluti- neux, de forte que Fétain ne peut fe féparer de For précipité que par des moyens def- tru&ifs des qualités de Fémail: & lorfqu’on fe fert d’étain crud, il faut laver la diflolu- tion avec le triple d’eau , & n’y laiffer Fé¬tain qu’autant que For paroit en forme de poudre rouge fur fa furface. Il vaut mieux au refte fe fervir des deux folutions, étant plus aifé de conferver par ce moyen la cou¬leur écarlate: & fi Fétain refte trop long- temps dans ce mélange, la couleur tire fur le
pourpre.
Si Fon veut fe procurer un rougeempour- pré, il faut précipiter For par le moyen du fel alkali fixe, comme il fuit.
Or fulmi- Prenez la folution d’or par Peau régale nant’ ci-deflus enfeignée, faites une folution de fel de tartre; en en faifant fondre une demi- once dans un demi-feptier d’eau. Verfez cette folution dans celle d’eau régale aufli long- temps qu’il y aura de Fébullition. Laiffez alors repofer la poudre précipitée, & procédez comme a la précipitation par la folution d’é¬tain. Cette poudre eft For fulminant. Evitez- en foigneufement Fexplofion, en écartant toute chaleur du lieu oü vous la préparez, jufqu’a ce que vous la mêliez avec le fon¬
dant.
On peut précipiter de même For avec le fel volatil; & alors ce fel, dans la propor¬tion de la moitié du poids de Feau régale, peut être diffous en quatre portions d’eau du même poids: mais cette méthode ne produit pas une fi belle écarlate.
La meilleure de toutes ces piécipitations de For, eft celle du mercure dilfous dans Feau régale.
De même, fi For fulminant eft fondu avec du foufre commun, la couleur en fera beaucoup plus briljante, pourvu que le fou-fre foit totalement évaporé au feu.
Toutes ces méthodes néanmoins font plus hazardeufes que la premiere.
6°, L’ar- . 6°, L’argent fert a produire la couleur gent. jaune. On le pulvérife préaiablement par la précipitation de l’efprit de nitre ou par ia
calcination avec Ie foufre.
La précipitation de Fargent fe fait en Précipitati diffolvant une once d’argent dans trois ou de Urgent?* quatre onces d’efprit de nitre, procédant au furplus comme a la précipitation de For dans Feau régale.
On la fait aufli en verfant de la faumure fur la folution d’argent dans Fefprit de .nitre; mais je crois la premiere de ces deux métho-des meilleure que la feconde.
La calcination de Fargent fe fait en met- Calcination tant des lames d’argent bien minces dans un delarSeRt. creufet. II faut les arranger par fits, couvrir chaque lit d’argent d’un lit de fleur de foufre,
& faire fondre au fourneau. L’argent étant calciné deviendra friable. Pulvérifez-le dans un mortier de verre, d’agate, de porphyre, ou de caillou de mer.
On peut encore calciner Fargent en mêlant de la limaille d’argent avec la fleur de foufre 9 dans la proportion d’une once d’argent a une demi - once de foufre, & faites fondre.
On peut aufli jetter le foufre dans le creufet lorfque Fargent y devient rouge. 0 _
7°, Le cuivre forme les couleurs vertes, vrg/ ecui' bleues & rouges: mais il faut auparavant le calciner, ou le réduire en poudre par la précipitation.
On calcine le cuivre avec le foufre comme Caicinati^ Fargent: mais il faut un feu de deux heures , du cuivre™ & qu’il prenne une couleur de rouge noir que Fon réduit enfuite en une poudre très- fine. Le cuivre ainfi préparé s’appelle chez les Angloisd*Efpagne.
On peut encore le calciner, en le ftrati- fiant avec le vitriol Romain : mais il faut olus de feu, &, felon Néri, il faut répéter ufqu’a fix fois cette opération. On juge de a bonté de ce ferret par fa couleur. Si fon rouge tire fur le noir ou fur le pourpre , c’eft qu’on Fa tröp calciné, ou qu’on y a mis trop de foufre.
Au lieu de cuivre crud , on fe fert d’une efpece de laiton, nommé par les Ouvriers affidué, clinquant en Francois. Mais comme les feuilles en font très-minces, & qu’il fau- droit trop de foufre pour les ftratifier, il vaut mieux le couper par parcelles & le mêler a mefure avec des fleurs de foufre. L’extrême minceur des feuilles accélérera la calcination.
Le cuivre & le laiton peuvent fe cal¬ciner fans foufre en les laiflant long-temps a un grand feu. Sitöt que ces métaux font devenus friables, il faut les réduire en pou¬dre & les mettre fécher au feu, après les avoir éparpillés fur une tuile , en remuant, afin que le tout fe reffente également de 1’atteinte du feu; ce qui hatera la calcina¬tion.
Quoiqu’il fuffife de calciner le cuivre juf-qu’a ce qu’il deyienne rouge, il convient quelquefois d’enc préparer d’autre quantité dans un état de dllcination plus forte; de
forte que fa couleur foit d’un rouge pourpre, d un gris obfcur, ou d’un noir léger. II faut néanmoinsqu’il retienne une teinte de rouge, lans quoi on ne réuffiroit pas dans la compo- lition de Fémail.
L’autre méthode de réduire le cuivre en poudre impalpable eft la précipitation.
A eet effet on diffoudra le cuivre dans tel acide que ce foit, & on le précipitera en y ajoutant une folution de cendres gravelées ( a) faite aVec 1’eau commune. Cette calci¬nation eft préférable pour Fémail verd.
Pour éviter la peine de difloudre le cuivre, on peut fe fervir du vitriol Romain, qui eft une combinaifon du cuivre avec Fhuile de vitriol; mais il faut préalablement le diffou- dre en verfant de 1’eau chaude par-delfus, lorfquil eft réduit en poudre; &, après 1’avoir mêlé avec la cendre gravelée, le réduire de nouveau en poudre.
8°, Le’fer s’emploie pour avoir un rouge orangé, fale écarlate, ou jaune tranfparent, & pour aider a la compofttion du verd.
On prépare le fer par la corrofion & la précipitation. Le fuccès de ces deux manie- xes differe en ce que, par la «calcination, le fer étant délivré de fes acides & de fon foufre, fa chaux crue fe convertira en une couleur de rouge pourpre, lorfqu’elle n’aura pas affez de fondant pour la vitrifier ; & en jaune tranfparent tirant fur le rouge, lorf- qu’on y aura employé une plus grande quantité de fondant : au lieu que ft le fer n eft que peu ou point calciné, & s’il n’eft point dépouillé de fon foufre, fa couleur fera plus jaune.
II vaut mieux fe fervir du vitriol verd, qui ne conftfte que dans la fubftance du fer & dans 1’acide de vitriol , que d’employer le fer crud. Cela évite de la dépenfe. Mais la préparation de la rouille. par le vinaigre demande le fer même.
La premiere préparation du fer eft done la rouille par córrofton avec le vinaigre, ainfi qu’il fuit. • .
Prenez de la limaille de fer la plus belle : arrofez-la avec le vinaigre, de forte que le tout foit bien imbibé. Etendez-la enfuite dans un lieu frais proprement fur du papier ou fur une planche, jufqu’a ce qu’elle s’y deffeche. Eflayez alors de la pulvérifer dans un mortier de porphyre, de pierre ou d’agate avec un pilon de même matiere. Si la totalité rieft pas parvenue a une entiere corrofion, imbibez de nouveau avec du vinaigre & faites reffécher. Paffez au tamis de foie ce qui s’eft réduit en poufftere. Imbibez; le
(4) Les Anglois les appellent cendres de pedes, Pearl af'kef. Voyez ce que dit 1’Auteur de leur nature, & de la maniere de les purifier au Chapitre I, Seótion II j Chapitre III, Se&ion III; & Chapitre VI, Se&ion III du fecond Extrait.
réfidu de nouveau vinaigre. Séchez comme deflus , & réduifez le tout en poudre impalpable.
Le fer ainfi corrodé par le vinaigre donne un jaune tranfparent, qui fert beaucoup a faire le verd avec le fecours du bleu. Mais iï eft beaucoup plus pénible & moins profi¬table , a moins qu’on ne veuille faire un jaune plus rouge; a quoi il réuflira mieux.
On ffe fert de la rouille pour faire le crocus martis, mais mal a propos, puifqu’a la calcination le vitriol & le fer corrodé font également bons, & qu’on s’épargne beau¬coup de peines en employant le premier.
Le fer fe calcine de lui-même fans avoir befoin d’aucun mélange. On expofe a eet effet fa limaille fur une grande furface a Faélion du feu pendant un long-temps, ce qui converrit le fer en crocus martis, Mais cette préparation eft incommode, paree qu’elle demande un feu long & violent, fans produire plus d’avantage.
On calcine aüffi le fer par le foufre ; on y procédé comme a la calcination du cuivre : mais il ne produit pas un meilleur effet que le vitriol calciné.
La précipitation & la calcination du vitriol verd font les meilleures préparations du fer, & fe font ainfi.
Prenez du vitriol verd telle quantité que vous voudrez; faites le diffoudre dans Feau : ajoutez-y par degrés une folution de cendres gravelées faite dans Feau , fans qu’il foit befoin qu’elle foit purifiée, jufqu’a ce qu’il n’y ait plus d’effervefcence. Quand la pou¬dre eft précipitée, décantez-en le fluide : filtrez le réfidu: féchez la poudre. Les fels qui peuvent s’y rencontrer, ne peuvent nuire a Fémail.
Cette ochre, ou fer précipité, fait le même effet que la rouille, & donne un jaune tranfparent, qui peut fervir a faire une couleur verte, en la mêlant avec le bleu.
Le vitriol calciné fe prépare avec le vitriol crud pour faire la couleur rouge, comme on Fa dit (ci-devant pag. 1 y 8) pour Fochre écarlate. Avec moins de fondant, il donne un rouge tirant fur 1’orangé; & avec plus de fondant, un jaune tranfparent plus vif.
Si Fon défire des teintes tirant plus fur un rouge pourpre, Fochre précipitée réuflit fort bien, en la calcinant a un grand feu, qui en accélérera la calcination, (a)
$>°, L’antimoine eft propre a produire une couleur jaune, & même un fond d émail blanc, comme nous 1’avons déja dit. Cette matiere eft fort utile & dun grand ufage. C’eft un demi-métal qui par fa texture fe prépare en le broyant ( Levigated).
(#) Note de FEditeur. Je crois eflentiel d’obferver que les preparations de fer nous donnent toujours des rouges bruns par la rccuiifon ? fk j amais de jaune, quand il eft feut
En calcinant 1’antitnoine avec fon parei poids de nitre, ou même moins 9 on obtient une couleur orangée. Toutes les parties d’antimoine ne fe refletnblént pas. II ,en eft de vitiées par un foufre minéral : d’autres en font moins chargées. Mais 1’antimoine eft a fi bon marché , qu’on peut établir aifément un choix entre le bon & le meilleur.
Le verre d’antimoine eft lui-même un beau tranfparent orangé : mais coftme il n’a pas de corps , on ne peut s’en fervir qu’én le mêlant avec d’autres fubftances plus corporées. Ge verre eft a tres-bon compte. On en tire beaucoup de Venife. II faut cependant ê*re très-attentif a ia falfification qui peut s’en faire par des mélanges d’autre verre. Une couleur trop foncée eft un indice affez für de fa falfification.
10% Le mercure ou vif-argent fert quel- quefois dans la peinture en émail : mais avant de 1’y employer, il faut le préparer par quelque opération chimique. Les deux préparations qu’on en fait pour s’en fervir en Médecine font également propres ici. Le produit dune de ces opérations fenomme le turbith mineral, IL fe fait par le mélange du mercure avec 1’huile de vitriol, ainfi qu’il fuit.
Prenez vif argent pur & huile de vitriol, de chacun fix livres. Diftillez le tout a grand feu jufqu’a ce que le récipient ne donne plus de fumée. Pouffez le feu aufli vivement que le fourneau peut le fupporter. Quand la retorte eft froide , ótez-la du Bain de fable, & la rompez. Prenez la maffe blanche qui fe trouve au fond : réduifez-la en poudre grofilere dans un mortier de verre : verfez-y de 1’eau : votre poudre deviendra de couleur pune. Pilez le tout dans le mortier: réduifez- le en poudre : lavez votre compofition a mefure, & laiffez fécher le tout, qui fe réduit en maffe.
L’autre préparation du mercure fournit un rouge, en fe précipitant, qui donne une belle écarlate, mais fujette a perdre fa cou¬leur au feu : comme on peut fe procurer cette préparation a affez bon compte, en 1’achetant comme remede utile en Médecine, fon opération étant d’ailleurs trés-délicate , je n’en donnerai pas, dit notre Auteur , le procédé.
Mais il eft bon d’obferver fur cette feconde préparation, qu’employée dans la Peinture en émail, la couleur qu’elle donne, ne peut paffer deux fois au feu fans perdre toute fa fubftance. Elie eft a eet égard d’un moindre avantage que la premiere préparation.
n°, L’orpiment produit encore un beau jaune; mais ii eft aufii très-délicat au feu, & demande un fondant trop doux. L’anti- moine y fupplée entiérement.
ï2°, La brique pulvérifée donne aufli ce même jaune ; mais comme elie n’agit qu en conféquence de 1’ochre qu’elle contient,
SECTION. IV.
De la compofition & préparation des fondants
propres a la Peinture én émail,
On connoitra beaucoup mieux 1’efficacité des différents ingrédients qui entrent dans les compofitions propres a ce genre de Peinture, en faifant une recherche attentive & foute- nue de leur nature & de leurs effets, que par les recettes particulieres. Jevais néanmoins, dit notre Auteur, en donner une fuite com- plette, en commencant par les fondants.
Deux fortes de matieres s’emploient dans la compofition des fondants. Les unes ont un grand penchant a vitrifier & a fondre. Elies n’ont pas feulement une capacité pafiive de devenir verre, elles ont encore eelle de ral- lier & vitrifier tous les corps fufceptibles de vitrification.
Les fels, le plomb & l’arfenic font de cette-efpece : mais comme les?fels vitrifiés feuls font très-diffolubles par leur humidité, le verre qu’iis produifent fe corrode a Pair, devient obfeur & perd fon luftre, de forte qu’ii faut combiner ces fubftances avec d’autres corps qui en rendent la compofition plus durable.
Ces corredifs qui font Pautre efpece de fubftances plus foiides que les précédentes font les pierres, le fable & toute matiere calcaire. Etant parfaitement blanches & ré- fiftant a la corrofion, elles donnent de la fermeté a la compofition , fans altérer les ingrédients colorants; a moins que leur faculté vitrifiante ne vint a s’affoiblir avec le temps, & qu’enleur qualitéde fondants, elles n’euffent pas contradé la folidité de quelqu’un de ces ingrédients qui ne les auroient pas pris en fociété.
Le fondant le plus actif entre les fels eft le borax?Après lui le plomb, qui, fe vitrifiant a Min feu modéré , communique cette propriété non-feulement a toutes les ter- res, mais aufli a tous les métaux & demi-mé- taux,excepté Por & Pargent. L’arfenic tient le treifiemé
fondant très-doux.
N°. 2. Prenez une livre de verre de Fondant plomb, fix onces de cendres gravelées jjaire. ordl~ quatre onces de borax & une once d’arfenic,
Préparez le tout a 1’ordinaire. *
. Ce fondant eft très-doux & très-pröpre a vitrifier beaucoup de fafre, de poudre pré- cipitée & de chaux de métaux : d’oü ii eft tres-bon pour former des couleurs très-liffes.
On peut s’en fervir par-tout oü 1’émail ne doit paffer qu’a un feu modéré.
N°. 3. Prenez une livre de cailloux vitrï- Fondant fiés & bien pulvérifés, fix onces de cendres ??"fF^rent gravelées, deux onces de lel marin & une blanc&mo- once de borax. Préparez comme dit eft. do^ent
Ce fondant eft propre pour les pourpres, cramoifis & autres couleurs oü il ne faut point de jaune, comme aufli pour le blanc le plus pur. II eft plus dur que le fondant enfeigné au N°. 1; maïs on peut le corri- ger par une proportion de borax intermé¬diaire entre la préfente recette & la fuï- vante.
N°. 4. Prenez de la frkte faite avec les Fondant cailloux pulvérifés, ou de verre commun transparent une livre, de cendres gravelées & de borax blanc &très- de chacun quatre onces, de fel commun & doux. d’arfenic de chacun deux onces: fondez & préparez comme dit eft.
Obfervez feulement de laiffer plus long- temps en fufion ce fondant que les précé- dents, c’eft-a-dire , jufqu’a ce que la fu- mée, caufée par Farfenic fur la furface de cette compofition > difparoiffe. Cet ingré- dïent ne fe vkrifie jamais aufli promptement que les autres t & donne au verre une fur¬face laiteufe jufqu’a ce que fa vitrification foit parfaite.
On peut varier, iel comme plus haut , la dofe de borax & celle d’arfenic : on peut même fe paffer d’arfenic & de fel marin ; mais il faut toujours obferver les dofes des autres ingrédients.
On a fort peu entendu jufqu’a préfentles pu vette de principes des fondants & connu la nature Venife blanc, des ïubltances qu on y empioie. Ea compo- dant. fition de ceux de Venife Óc de Drefde eft reftée fous le fecret de ceux qui la prati- quent. On n’apporte point en Angleterre de verre de .Venife , connu chez nous tout au plus par J’ufage des verres a boire qui en viennent. Je doute fi les Vénitiens en contlnuent la fabrique. Peut-être^ ce quï nous en'eft parvenu eft-il un refte de ce qui s’en eft répandu en Europe, tandïs que les Vénitiens en avoient feuls la pratique.
Ce verre eft d’un doux tempéré. Il fe lie
fubftances colorantes. Mais la nuance lai¬teufe , qui en couvre la furface 9.. éft 'moins avantageufe qu’un fondant parfaitement tranfparent, pour donner.aux couleurs ce lïffe qui fait leur plus bel effet.
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i66 LAKI
On nen connoit pas abfolument la com- pofition ; & routes les recettes qu en donne ]Meri, font beaucoup plus dures. 11 elt iur- prenant qu’ayant fait paffer a la pofténté , dans fon Art de la Verrerie, toutes les compofitions qui étoient de pratique dans ritalie, & connoiffant très-bien celles de Venife, il ne nous ait pas donné la recette de ce fondant. On le reconnoitra toujours a fon trouble laiteux.
De la compofition & preparation de I'Email
blanc qui fert de fond dans la Peinture
en email, &£»
N°. i. Prenez une livre de verre de plomb , demi-livre de cendres gravelées, & autant de chaux d’étain. Mêlez bien ces ingrédients en les broyant fur le porphyre, ou en les pilant dans un mortier de verre. Mettez le tout dans un creufet a un feu modéré, jufqua ce qu’ils s’incorporent; il ne faut pas que la fufion en foit trop violen¬te ou de trop de durée ; autrement la chaux d’étain , moins prompte a entrer en fufion que le refte de la matiere, furnagera fur la furface, & fe mêlera dans la maffe, en fe refroidiffant. Quand le degré de chaleur fuffifant aura produit fon effet, ötez le pot du feu, & verfez la matiere fur une plaque de fer, ou dans des moules, pour en faire des gateaux comme les Vénitiens.
Cet émail eft le plus doux des émaux blancs ordinaires, & approchera de 1’émail commun de Venife. II n’eft pas fort blanc, & par conféquent n’eft pas bien propre aux cadrans de montres, ni a tout ce qui requiert unbeau blanc; mais par-tout oü la peinture le couvrira , il réuffira très-bien.
N°. 2. Prenez une livre de verre de ès’ plomb , demi - livre de cendres gravelées , autant de chaux d’étain, deux onces de bo¬rax, autant de fel commun, & une once d’arfenic. Faites comme au précédent. Mo- dérez Fadivité du feu, & en ótez le creu¬fet , lorfque votre compofition fera con¬vert! e en une maffe homogene, fans at ten- dre qu’elle devienne parfaitement fluïde.
Cet émail fera très-doux, & ne peut par conféquent fervir de fond affez folide pöur recevoir les couleurs; mais fi on le def- tine a n’en recevoir aucune, fi on fe con¬tente de 1’employer dans fa propre couleur, en le mêlant avec d’autres, & particuliére- ment avec le noir, il eft préférable a 1’émail dur, pouvant être travaillé avec moins de chaleur, & étant moins fujet, en paffant au feu, d’altérer la fubftancedu métal fur lequel on 1’employera.
,, , N°. 3. Prenez une livre de fritte de verre
modersment J . .. . . .
dur , mais commun, une demi-hvrede chaux detain
de la premiere blancheur, quatre onces de cendres gravelées 5 autant de fel commun , & une once de borax ; fondez comme def- fus, mais a plus grand feu.
Si la chaux d’étain eft parfaitement bonne; cet émail fera parfaitement blanc & pro¬pre aux cadrans de montres; il portera aufli très-bien les couleurs. S’il eft trop doux , on le rendra plus dur en fupprimant le borax.
N°. 4. Prenez une livre de fritte de verre commun, quatre onces de cendres gravelées, autant de fel commun, deux onces de borax & une once d’arfenic. Fondez £omme au précédent, mais épargnez le feu comme au N°. 2.
Cet émail eft trop doux pour fervir de fond aux autres émaux colorants; mais il eft excellent quand on veut un émail de la plus parfaite blancheur.
N°. y. Prenez une livre de fritte de verre , une demi-livre d’antimoine calciné, ou au¬tant d’étain calciné avec le nitre, felon les recettes que nous en avons donné ci-devant; troïs onces de cendres gravelées, autant de fel commun, trois onces de borax , & une once d’arfenic. Fondez, &c, mais évitez foigneufement trop de fufion, qui rendroit la matiere trop fluïde.
Cet émail fera très-propre pour rendre le blanc du linge, & par-tout ou il faut de fortes touches de blanc. S’il fe trou- voit trop doux, on pourroit fupprimer 1’ar- fenic, & employer moins de borax.
On fe fert fouvent pour les cadrans & autres ouvrages de Peinture en émail, du verre blanc de la Verrerie de M. Bowlès en South work.
C’eft un verre rendu blanc opaque par un grand mélange d’arfenic. On emploie pour ce mélange une fufion affez légere. On évite par ce moyen une trop fluide vitrification, & ce verre retient fon opacité. S’il reftoit trop long-temps en fufion, toute fa maffe deviendroit tranfparente. Ce penchant a per- dre fon opacité en rend 1’ufage plus borné & plus difficile, paree que, dans tous les cas oü il faudra beaucoup de feu , cette blancheur opaque dégénérera en tranfpa- rence.
Cet émail eft plus dur que le verre com- mun de Venife; mais il eft plus caffant ÓC plus facile a s’écailler. Son bon marché & fa parfaite blancheur, qui 1’emporte fur 1’émaii blanc de Venife, le rendent utile aux Email' leurs qui travaillent a vil prix.
SECTION VI.
De la compofition & mixtion de tous les Emaux
colorants propres d la Peinture en émail
avec leurs fondants particuliers,
N°. 1, Prenez des fondants ci-deffus enfèi-
Hate ou gnés fous les Ncs. i ou 2, ou de verre de cramoifi , _ Venife, fix portions; de la chaux de Caflius ^Sement °u d’or précipité par 1’étain, comrae nous fQ&yre d’or, 1’avons dit ci-devant, une portion; mêlez- les enfemble , & vous en fervez pour pein- dre.
Cette mixtion vous donnera une très-belle couleur d’écarlate ou cramoifi, fuivant la teinte de Tor précipité. J’ai expérimenté plus d’une fois, continue notre Auteur , que cette recette peut produire une véritable écarlate, quoiquordinairement fa prépara- tion ne donne qu’un cramoifi tirant fur le pourpre. Si la couleur rouge n’eft pas affez forte , fi elle eft trop tranfparente, on 1’au- gmentera en ajoutant plus d’or précipité.
Rouge écar- N°. 2. Prenez fix portions du fondant late tranfpa- enfeigné fous le N°. 2, & une d’or précipité geaaraolM Par detain; fondez-les enfemble a un feu violent, jufqu’a ce que le tout paroiffe d’un verre rouge tranfparent : verfez enfuite la matiere fur une plaque de fer, & la broyez bien jufqu’a ce qu’elle foit propre a peindre.
Cette préparation fera dans la Peinture en émail, 1’effet de la laqué dans la Pein¬ture a 1’huile.
Pour avoir un rouge plus foncé, augmen- tez la dofe de 1’or précipité, & laiffez la compofition plus long-temps en fufion; fi, après 1’avoir broyée, vous la mêlez avec un fixieme de plus d’or précipité, vous pour- rez vous en fervir fans autre fondant, & elle vous donnera unbeau cramoifi foncé.
N°. 3. Prenez des fondants fous les Nos. 2 ou 4, deux parts; de rouge précipité de mercure , ci-devant enfeigné , une part; mêlez & peignez.
Cette couleur eft très-délicate; il ne lui faut qu’un jufte degré de chaleur : aufli eft-il difficile de s’en fervir avec des compofitions plus dures.
N°. 3 (bis). Prenez du fondant fous le N°. 1, deux parts; d’ochre écarlate, ci- devant enfeignée, une part; mêlez & fon- dez, mais évitez une fufion trop longue & un feu trop violent.
C’eft ainfi que fe fait le rouge commun de la Chine. On peut le rendre plus vif, en mêlant une partie de verre d’antimoine avec une partie de fondant, au lieu de fe fervir du fondant feul.
N°. 4. Prenez du fondant fous le N°. 1, quatre parties , öc un quart de part de man- ganefe: fondez enfemble jufqu’è ce que le tout foit tranfparent. Mêlez-y alors une par¬tie de cuivre calciné jufqu’a la rougeur, & peignez.
Pour donner plus de tranfparence a cette compofition , il faut vitrifier le cuivre calci¬né avec les autres ingredients , & prendre foin d’óter la compofition du feu , fitót que la vitrification eft faire.
Pour donner du corps a cette couleur,
on peut y ajouter un peu d’émail blanc, ou, ce qui vaut mieux, un peu d’étain calci¬né avec le nitre , comme ci-devant; maïs la couleur en eft néceffairement affoiblie.
Ce rouge eft très-tendre , & craint un trop grand feu. Si on le trouve trop doux, jl faut y ajouter de la fritte de verre dut avec une petite partie de fondant, & les mêler a la manganefe.
Cette couleur eft trop délicate pour être employée dans les ouvrages a touche lége¬re : les compofitions par 1’or précipité leut conviennent mieux; mais elle eft fort utile dans les ouvrages fufceptibles de fortes cou¬ches ou teintes de couleurs.
Les recettes ordinaires pour former la couleur rouge par Ie cuivre calciné pref- crivent une égale proportion de tartre rou¬ge ; mais il faut, ft 1’on s’en fert, former le fondant de verre de fels. Si on mélangeoit le verre de plomb avec le tartre, 1’Auteur penfe que le corps du fondant en feroit dé- compofé.
N°. y. Prenez telle que vous voudrez des compofitions ci-deffus, ajoutez-y de 1’émail blanc, ou de la chaux d’étain préparée avec le nitre, ou de la chaux d’antimoine, juf¬qu’a ce qu’il y en ait affez pour donner a la couleur ie ton défiré.
N°. 6. Prenez fix parts des fondants fous les N os. 1 ou 2, ou autant de verre de Veni- fe, & une part du plus bel outremer : mê- lez-les bien pour peindre.
Si vous voulez obcenir de 1’outremerun bleu tranfparent, ajoutez au mélange ci-def- fus, une fixieme ou huitieme partie du fon¬dant fous le N°. 2; gardez ce mélange en fufion jufqu’a ce que 1’outremer foit parfaite- ment vitrifié, & que le tout foit devenu tranfparent.
Si votrebleu n’avoit pas affez de corps, augmentez la dofe d’outremer, ou, pout épargner la dépenfe, ajoutéz a 'ce mélange une petite quantité de bleu d’émail fondu avec quatre ou fix fois fa pefanteur de bo¬rax ; fi le bleu démail eft de la meilieure qualité, il fera paroitre 1’outremer plus fon¬cé , fans lui rien öter de fon luifant.
N°. 7. Prenez quatre parts des fondants fous les Nos. 3 ou 4, & une part de cendres d’outremer : mêlez-les pour peindre.
Cette compofition n’eft pratiquée que par ceux qui ne connoiffent pas Ja propriété du bleu d’émail; mais comme les cendres pures d’outremer ont une forte teinte de rouge & peu de luifant, les compofitions fuivantes font préférables a celle-ci. Si les cendres d’outremer font falfifiées avec le cuivre , comme cela arrive fouvent, elles vous don- neront du verd au lieu du bleu que vous en attendiez.
N°. 8. Prenez quatre parts de tel fon¬dant que vous voudrez, & une de bleu d’émail.
Fondez-les^nfemble a un feu violent,jufqu a ce que toute la maffe foit parfaitement vitn- fiée & tranfparente. Si la petite quantité de bleu d’émail paroiffoit retarder la vitrifica¬tion., ajoutez au mélange un peu de borax, & elle fera parfaite. Tirez alors la eompofi- . tion du feu; laiffezda refroidir, & la broyez
our vous en fervir : vous aurez un trés- eau bleu tranfparent. Plus il fera couché
épais, plus il fe foncera. , .
On peut mettre moins de bleu d’émail
lorfqu’on veut une couleur plus légere.
BIeu Ceief_ N°. 9. Prenez celle que vous voudrez des re. recettes ci-deffus prefcrites pour le bleu,
ajoutez-y de 1 émail blanc, oude la chaux d’étain ou d’antimoine, jufqu’a ce que vous obteniez la teinte que vous défirez. Si vous choififfez le N°. 6, les cendres d’outremer
produiront tout leur effet.
Bleu d’azur N°. io. Prenez cinq parts des fondants parlecuivre. pous jes jqOs# 3 ou 4, une part de cuivre cal- ciné tirant fur le pourpre, & autant de bleu d’émail. Mêlez-les bien enfemble; ajoutez, en broyant, une part de chaux d’antimoi- ne ou d’étain calcinés par le nitre, & gar- dez le tout pour peindre.
Le fuccès de cette compofition eft fi dou- teux qu’on la prépare rarement. S’il arrive qu’elle réuffiffe , le bleu qu’eile produit eft meilleur, mais plus froid que tous les autres.
N°. 11. Prenez quatre parts des fondants fous les Nos. 1 ou2, une part d’argent cal- ciné avec le foufre, comme il a été preterit, une part d’antimoine. Mêlez & fondez enfemble , jufqu’a parfaite vitrification. Broyez avec une part d’antimoine ou d’étain calcinés avec le nitre, & gardez pour pein- dre.
Ce jaune eft le plus parfait & le plus bril- lant que Ton puiffe employer. On peut le rendre plus foncé en diminuant les propor¬tions d’antimoine ou d’étain calcinés.
jaune bril- N°. 12. Prenez fix parts des fondants fous ïanttranfpa- jes jsjos. x Ou 2, deux parts d’argent calci- tent’ né avec le foufre, 6c demi-part d’antimoine calciné. Mêlez 6c fondez jufqu’a parfaite tranfparence, 6c broyez pour vous en fervir.
Quand on veut une tranfparence plus grande, on peut omettre 1’antimoine.
Ce jaune eft très-foncé, propre pour les fortes ombres, 6c d’une couleur parfaite- nient nette.
On fe fert plus ordinairement d’un jaune tranfparent a meilleur marché, qui fait le même effet.
jaune cl air ^°« *3* Procédez comme ci-deffus; feu- tranfparent, lement au lieu d’antimoine, prenez du fer Ic kfer?ent Pr^cip^ tiré du vitriol, comme on la en¬
* feigné ci-devant.
Cette couleur fera plus tranfparente que
• fi vous euffiez employé 1’antimoine, qui ,
variant a proportion du foufre crud qu’il contient, n’eft pas toujours fufceptlble d’une
grande tranfparence a la vitrification. Au
refte ce jaune fera vrai 6c très-froid; par
conféquent propre a former toutes fortes de
couleurs vertes ( mêlé avec du bleu).
N°. 14. Prenez fix parts des fondants fous jaUne
les Nos. 1 ou 2, ou de verre de Venife; piSn^, une part d’antimoine , 6c une demi-part de marchTlleur fer précipité avec le vitriol. Mêlez-les juf- * qu’a parfaite vitrification, 6c les broyez avec une part d’étain calciné jufqu’a la blancheur.
Ce jaune differe de celui du N°. 11, en ce qu’il n’eft pas aufli luifant 6c auffi plein ; mais il rendra toujours un jaune foncé très- pur, par-tout ou 1’on n’a pas befoin d’un émail fi brillant.
N°. iy. Procédezcomme ci-deffus; feu- lement au lieu de fer précipité , fervez-vous de 1’ochre écarlate, ci-devant enfeignée.
N°. 16. Prenez fix parts des fondants fous les Nos. i ou 2, 6c une part de fer précipité.
Mêlez 6c fondez le tout a un feu violent, jufqu’a ce que la maffe foit vitrifiée 6c tranf¬parente.
N°. 17. Prenez fix parts des fondants fous
les Nos. 1 ou 2, une part d’ochre écarlate, Pa^ent PIUS 6c une demi-part de verre d’antimoine. Mê- c au ’ lez 6c fondez jufqu’a parfaite tranfparence.
N°. 18. Prenez trois parts du fondant fous Jaune tranf- le N°. 2 , 6c une part d’orpiment rafiné ou Parenc par jaune de Roi. Mêlez 6c broyez pour vous en orPimcHt’ fervir.
Cette compofition eft très-délicate, 6c ne veut de feu qu’autant qu’il en faut pour lier les parties du fondant. Si vous voulez ce jaune plus chaud, ajoutez-y un peu de verre d’antimoine.
N°. 19. A telle des compofitions jaunes Jaunes lé- ci-deffus que vous voudrez, ajoutez la chaux en commune d’étain, fi vous défirez des jaunes * légers. S’il vous faut beaucoup de luifant, ajoutez de la chaux d’étain ou d’antimoine calcinés avec le nitre.
N°. 20. Prenez de 1’outremer 6c du jaune, enfeigné fous le N°. 11, ci-deffus, de cha- cun une part; des fondants fous les Nos. 1 que ’ ou 2, deux parts. Mêlez-les enfemble pour peindre.
N°. 21. Prenez fix parts des fondants fous verd tral¬ies Nos. 1 ou 2 , 6c une part de cuivre pré- Parent cipité par les fels alcalins ; mêlez & fondez fant* jufqu’a ce que la maffe foit tranfparente.
Vous aurez un beau verd épais; mais tirant fur le bleu, ce qui eft facile a corriger, en y ajoutant une quantité fuffifante des jaunes tranfparents > enfeignés ci-deffus fous les Nos.
12 ou i j.
N°. 22. Prenez du jaune fous le N°. 15 , Ver3 tr^f" & du bleu fous le N°. 8 , parties égales, fentfpar®*! 6c 1 es broyez enfemble pour vous en fervir. langcs.
N°. 23. Prenez fix parts des fondants fous Verd°eU- les Nos. i ou 2, une part de cuivre calciné JeuueE maiché. jufqu’a couleur pourpre, autant du jaune opaque fous le N°. 14; mêlez, fondez 6c
le N°. 14, & demi-part du bleu fous le N°.
8 , avec un quart du rouge fous le N°. 3 ; broyez poür Fufage.
N ’. 37. Prenez une part du jaune fous le Bruh ölivÉ N°. Ï 6, une demi-part du bleu fous le N°. ttaiafparënt;
8, & autant de vérre d’ahtimöine ; broyez le tout.
Ces couleurs peuvent fe varier en chan-geant la proportion des ingrédients. On peut aufii leur donner différentes teintes de brun léger, en y ajoutant des quantités fuffifante^ de chaux d’étain, qui peut fe mêler avec les autres ingrédients , ou être mife après leur mélange.
N°. 38. Prenez fix parts du fondant NV Couleur hob
1, une part de bleu d’émail, demi-part de aXément*10" verre d’antimoine, un quart d’ochre écarla- dut.
te, & autant de manganefe : mêlez & fon¬dez enfemble jufqu’a ce que le tout forme un noir épais.
N°. 3p. Subftituezie fondant fous le N°.
2, a celui fous le N°. 1 ; & opérez eom- me dans la précédente recette.
Cette compofition efi très-bonne pour les cadrans en émail ou pour peindre fur des fonds d’émail ou de porcelaine de Chine, en maniere d’eftampes ou de clair-obfcur, paree que, fe parfondant a un feu doux, les plus légeres touches fe montreront parfaite- ment, fans rifque d’altérer le fond.
Les compofitions fufdites peuvent fe va- En variant rier. En les recompofant enfemble, elles compofi-' donnent différentes nuances. On peut les S obtienr rendre plus ou moins douces par le choix des différentes fondants qu’on y mêlera* nuances.
Il n’y a point de regie abfoiue pour les n n’y a póinf dofes des ingrédients colorants qui entrent de re§Ie ïl,b' dans chaque compofition, a cauie des difié- dOfes. rentes qualités des diverfes parties de leurs fubfiances. D’autres circonftanees imprévues changent aufii quelquefois 1’effet qu’on en attendoit.
J’ai néanmoins toujours donnéies dofes $ ponrqüöi' dit notre Auteur; car, faute de cette con- ï’Auteur Afi noiffance, plufieurs Artiftes ont manqué des |^sne^gS épreuves qui leur auroient réufii , en faifant a propos quelques légers changements a la forme firide des recettes done ils fe font fervis.
N. B. (Je ne rapporterai pas ici la Tra-duction des Sections VII & VIII, de ce Chapitre, qui n’ont trait qu’au travail des Peintres en émail & a la cuifloii de leurs ouvrages. Le Mémoire de M. Taunai , dont j’ai parlé ailleurs (a), fournit fur ces
(a ) Au Chapitre VI 3 de notre feconde Partie.
Vv
obiets des connoiffances auffi süres que lu- fuivant, a ce qu ll a enfeigné dans ces deux mineufes : mais comrae 1’Auteur Anglois Settions ; fen extrairai pour lors ce qui fera renvoie dans la Sedion IV du Chapitre nécelfaire pour Vintelligence de celle-la),
EXTRAIT DU CHAPITRE X. DE LA I. PARTIE.
De I3Art de Peindre fur Verre par la RecuiJJbn avec des couleurs
vitrifiees tranfparentes.
SECTION PREMIERE.
Le fecret dela Peintu¬re fur verre eft regardé faulTement comme per¬du.
' Caufe de fa decadence.
Les Anglois tïennent des Chinois des couleurs plus belles que celles dont les anciens Peintres. fur verre fai- foient ufage.
Lumieres fur fa nature & fa pratique données par 1’Auteur pour Ia faire revi- vre en Angle- terre*
Affinité de la Peinture fur verre 8c de la Peintu-
De la nature en general de ce genre de Peinture.
L’A R T de peindre fur verre avec des cou- leurs vitrifiées, quant a leur compofition & leur cuiffon, eft regardé comme un fecret, parfaitement connu dans les fiecles anté- rieurs, mais perdu pour le temps préfent. Ce- pendant c’eft une erreur dont il eft facile de fe convaincre, pour peu quon examine cet- te queftion. Faute d’Artiftes qui cultivent cette maniere de peindre, paree qu’ils ne trouvent plus de patrons qui les y encoura- gent, la pratique bien entendue des cou¬leurs manque, & 1’on a ceffé de faire de bons ouvrages dans ce gout. Nous poffédons néanmoins la connoiffance de la préparation des couleurs, & la méthode de les cuire dans un degré plus parfait que celui des fie¬cles paffés, d’après les nouvelles lumieres que nous avons tirées de la Chine. Si d’habi- les Peintres s’appliquoiert a ce genre de Peinture , ils pourroient done nous donner des ouvrages fupérieurs a ceux que nous regardons comme les reftes de cet Art.
Aufti en faveur de ceux qui par des vues d’intérêt ou pour leur propre fatisfa&ion voudroient faire revivre cette Peinture, je vais, continue notre Auteur, répandre dans ce Chapitre des lumieres fur fa nature & fur fa pratique. Elies mettront ceux qui pei- gnent en huile, détrempe ou autres véhicu- les, en état de polféder les détails particu- liers de cet Art(zz).
La Peinture fur verre avec des couleurs vitrifiées roule précifément fur les mêmes principes que la Peinture en émail. L’opéra-
O) Nous avons déja obfervé que FAuteur Anglois, dans ce Chapitre, traite plutót de 1’Art de colorer le verre fur une fuperficie , que de FArt de le peindre,, e’eft-a-dire, de tracer fur le verre tel tableau que 1’on puiffe fe propofer, 8c de le rehaufler de couleurs con- venables. Plus Chimifte que Peintre, il s’eft plus appli¬que a donner des principes fur la nature des fubftances colorantes, 8c a prefcrire les dofes qui doivent entrer dans la compofition des différentes couleurs, qu’a don¬ner des préceptes fur la maniere de peindre. Auffi, dans tout ce Chapitre, paroit - il feulement s’en tenir a ce qui a fait 1’objet du Chapitre III de notre feconde Partie.
tion eft la même; fi ce n’eft que dans la Pein- re en émail, ture fur verre, la tranfparencedes couleurs Jnquoi elks étant indifpenfable > il n’y peut entrer que etent‘ des ingréaients parfaitement vitrefcibles.
Sans cette vitrification parfaite, il ne peut y avoir de parfaite tranfparence.
Trouver une fuite de couleurs quifoient Nature par- compofées de fubftances telles que9 mélan- {a*1 pXtiJe gées avec d’autres corps, elles puiflent paf- fur verre, fer de la fufion a la vitrification parfaite, & fe parfondre a un feu plus doux qu’ü ne le faut pour fondre les différentes fortes de ver¬re qui doivent fervir de fond; mettre ces couleurs en état d’être employées avec le pinceau , & de fouffrir dans la recuiffon une atteinte de feu telle que le verre, qui leur *
fert de fond, n’en puiffe fouffrir aucune alté- ration; voila tout le myftere de la Peinture fur verre.
Pour ne pas me répéter, je n’entrerai pas ici, dit notre Auteur, dans un grand détail fur la préparation des couleurs, ni fur leur ufage; je prouverai feulement que les mé¬thodes indiquées pour la Peinture en émail font applicables a la Peinture fur verre.
SECTION II,
Du choix du verre fur lequel on yeut peindre avec des couleurs vitrefcibles par la recuiffon.
Le premier objet auquel il faut faire at- choix du tention, c’eft le choix du verre qui fert de verJe fur fond. Il doit^tre du premier degré de dure- peindre/ té, mais en même-temps fans couleur pro¬pre , fans taches ni ondes. Le verre exempt de ces défauts en perfection, c’eft le méil- leur de ceux qu’on emploie aux fenêtres : le verre de glace, quoique clair & fans cou- Verre degia- leur, eft trop doux, a caufe du borax & cetropdoux. autres matieres qui entrent dans fa .compofi¬tion. Or le meiileur verre a vitres fe nomme Verrede^- (en Angleterre) verre de couronne ; c’eft un rowwe verre de fels dur & tranfparent qui, étant P^£Preferen' en plats ou tables, eft tout prêt pour cet ufage. Quand il eft queftion de Peintures dune certaine confluence , il faut fe fervir d’un verre en tables comme les glacés, mais d’une compofition particuliere ( e’eft-a-dire 9
fans doute plus dur qu a 1’ordinaire ).
jflaniere Lorfqu’on a a peindre de plus grands objets
particuliere que je volume d’une feule table de verre, plufieurs ta- il en faut joindre plufteurs de cette maniere : bles de verre on prend une planche bien unie, de la gran- cber les cou- deur de Fobjet que Fon veut peindre 9 on la leurs, q«and faupoudre d’un mélange de réfine & de
dredesobjets Poix5 on Femboit de ce ciment, en le fai- plus grands fant fondre avec une efpece de fer a repaf-
queed’unefeu- fer : on ï Pofe ies taWes de verre deftinées Stable. a Fouvrage 5 on les ferre le plus qu’il eft poffible 1’une contre Fautre, & elles fe fixent d’elles-mêmes a mefure que la réfine & la poix fe refroidiffent. Après le refroidiffe- ment, il faut nettoyer ce verre, & enlever tout le ciment qui peut déborder les joints des tables f d’abord en le grattant, enfuite enle frottant avec Fefpritde térébenthine. Il fera alors en état d’être peint avec les cou- leurs premieres. Cela fait, on ótera les ta-bles de verre de deffus la planche , en repaf-
, fant le fer chaud a un certain éloignemënt, qui, fondant le ciment, les en détachera, & alors on les fera recuire féparément fans aucun inconvénient.
SECTION III.
JDes fondants & des colorants dont on fe fert
dans la Peint are fur verre par la recuijfon.
trempé. Il laiffe plus aifémeht paffer la lu-miere au travers du verre, au lieu que les corps plus chargés de couleurs rendent une lumiere réfléchie.
Pour y parvenir, il faut étendre les cou-leurs fur le fond. Si les compofltions fern- blent avoir déja trop de corps, on les fim- plifie en les détrempant & y mêlant plus de fondants. Si elles deviennent trop dou- ces (trop tendres au feu), on y mêle du ver¬re broyé.
On obtient de cette facon des teintes plus ou moins légeres avec autant de certitude que par Faddition du blanc d’émail & des autres matieres pour peindre. L’avantage dé ce procédé eft d’autant plus grand que ft les couleurs manquent de luifant, elles ont plus de force que ft elles étoient plus char- gées par Fautre méthode.
Pour un rouge luifant fervez-vöus de la Cowïéut compofition enfeignée fous le N°. 2 (de la Sedion VI, du Chapitre précédent). Elie vous donnera un rouge cramoift ou écarla- te, felon la couleur de For que vous y au- rez employé.
Pour un rouge plus fale , fervez-vous de celle fous le N°. 4, ce rouge étant extre^ mement tendre, il ne faut pas le laiffer trop au feu, ni le laiffer venir a parfaite fufion.
Pour un vrai rouge écarlate, fervez*vous de celle fous le N°. 2 , avec un mélange de verre d’antimoine.
Pour un bleu très-luifant, fervez-vous de la compofition enfeignée fous le N°. 6 , après 1’avoir rendue très-tranfparente par une parfaite fufion. Comme elle eft formée d’outremer, qui, lorfqu’il eft bon eft fort cher, on peut y fubftituer les compofltions fuivantes.
Pour ün bleu plein ou il ne faut pas beau- coup de luifant, mais de la dureté a la fu¬fion , fervez-vous de la compofition enfei-; gnée fous le Nó* 8.
Pour un bleu froid ou fufceptible d’uné chaleur moins forte, fervez-vous de celle - fous le N°. 10, fans y employer la chaux d’antimoine ou. d’étain.
Pour un bleu plus fort en couleur, mê- lez les compofltions enfeignées fous les Nos„
8 & 10, jufqu’a ce qu’elles produifent la teinte que vous défirez. Prenez garde néan- moins que la dureté du bleu du N°. 8 , pat proportion au tendre du N°. 10, ne don* ne a la couleur par la fufion un ton trop verd.
Pouf un jaune très-luifant, fervez-vöus Couleuf de la compofition fous le N°. 12, fans la jaune; chauX d’antimoine ou d’étain :
Ou fervez-vous de celle fous le N°. 13.
Pour un jaune a meflleur marché, fer¬vez-vous de celle fous le N°. 16.
Pour un jaune chaud , a bon marché, fer-vez-vous de celle fous le N°. 17.
ï?2, L/i J- U XJ -rx
Pour un verd très-luilant , prenez les com- pofitions indiquées fous le N°. 16, conduit a Ünè parfaite tranlparence 9 & fous le N •
12 , fans antimoine. Mêlez-les dans une pro-portion qui rende le verre plus tirant fur Ie bleu ou le jaune, felon la teinte que vous défirez.
Cette compofitiön étant très-chere , a caufe de foutremer qui entre dans Fapprêt du N°. io, & le grand brillant étant rare- raent efientiel, on peut lui fubftituer la com- pofition fuivante.
Pour un verd luifant, a meilleur marché, fervez-vous de celle indiquée fous le N°. 2i ; en y ajoutant une quantité fuffifante de fels, fur-tout fi vous voulez un verd tirant fur le jaune.
Pour un verd a bon marché , mais moins luifant, mêlez enfemble les eompofitions enfeignées fous les Nos. 8 & 16.
Pour un orangé luifant, prenez celle du N°. 2, & celle du N°. 12 , fans antimoine.
Pour un orangé a meilleur marché, mais plus léger, mêlez du verre d’antimoine a la précédente recette. 1
Pour un orangé détrempé , appellé carna-tion , prenez dix parts de verre d’antimoine, une part de pourpre fous le N°. 33 ; en omettant le bleu d’émail, & mêlez-les avec les fondants enfeignés fous les Nos. 1 ou 2 (de la quatrieme Se&ion ) , fuivant la cou-leur que vous défirez.
Pour le noir , prenez les eompofitions données fous les Nos. 38 ou 35».
Pour un brun rouge, fervez-vous de celle fous le N°. 37.
Pour un brun olive, fervez-vous de celle fousleN0. 37.
Ou mêlez une fuffifante quantité de noir avec les recettes ci-deffus prefcrites pour le rouge ou pour le jaune.
Des différentes combinaifons des compo- fitions indiquées dans la préfente Seélion, réfulteront des couleurs plus ou moins lége- res : & fi les objets a peindre demandent moins de tranfparence, on parviendra a la ‘diminuer par Faddition d’une petite quantité des eompofitions d’émail blanc , dans la pro¬portion de la nuance que 1’on défire.
SECTION IV.
JDe la maniere de coucher les couleurs fur un
fond de Ferre , & de leur recuijfon,
L’affinité qui fe trouve entre la Peinture en émail & la Peinture fur verre, par rap¬port a la préparation des couleurs, s’étend fur la maniere de les coucher & de les faire recuire.
(L’Auteur fur la maniere de les coucher , renvoie a ce qu’il en a dit dans le Chapitre de la Peinture en émail; les huiles d’afpic,
de lavande & de térébenthine étant, dit-il / également convenables pour Fun & 1’autre genre de Peinture. Ainfi je vais rapporter ici ce qu’il a enfeigné fur eet objet, dans Fune des Se&ions dont je n ai point donné la Tradu&ion).
II faut d’abord broyer très-fin chaque ma- tiere d’émail, & bien nettoyer Ie corps qui doit être émaillé. On couchera enfuite Fé- mail, le plus uniment que faire fe pourra, avec la broffe ou pinceau, après Favoir dé¬trempé avec Fhuile d’afpic; & on ne laiffera guere de diftance entre la couche & la re- cuiffon, de peur qu’en féchant trop, Fémaii ne courre rifque d’être enlevé par le moin- dre frottement. Au lieu de détremper les couleurs avec Fhuile d’afpic & de les cou¬cher avec le pinceau, on peut fe contenter de frotter avec cette huile la furface de la piece qu’on veut émailler, d’entourer cette piece de papier ou de plomb (fans doute, de peur que Fémaii fuperflu ne fe perde ); & de répandre fur fa furface, par le moyen d’un tamis (de foie très-fin), Fémaii dont on veut la peindre , jufqu’a Fépaifleur défi- rée. On fe donnera bien de garde d’agiter les pieces ainfi faupoudrées, pour n’en pas dé ranger 1’émail, jufqu’a ce qu’il fe foit attaché.
On ajoute communément Fhuile de téré-benthine aux huiles d’afpic & de lavande. Les plus ménagers y ajoutent un peu d’huile d’o- live ou de lin : d’autres même fe fervent de la térébenthine crue.
(II eft aifé de faire F application a la Pein-ture fur verre, de ce que FAuteur vient de dire fur la maniere de coucher les cou¬leurs dans la Peinture en émail). Quant a leur recuiflbn, quoique la méthode en géné- ral foit la même, il faut cependant, dit-il dans la préfente Se&ion, la changer ici a certains égards.
On peut fe fervir de moufles fixes pour ‘ recuire, des tables de verre peint, ou de poë- les en forme de cercueil (coffing ) pour les plus grandes tables; mais comme la forme des tables , convexe dans la Peinture en émail, eft plate dans ia Peinture fur verre , on peut en mettre plufieurs 1’une fur 1’autre dans chaque poële , paree qu’il n’importe ici que la furface des tables s’approche plus ou moins, pourvu qu’elles ne fe touchent pas. Pour les y placer a leur avantage, il faut adapter a la poële des tables de fer, gar- nies a chaque coin d’un petit fupport de même matiere a angle droit. Ces fupports , comme autant de piliers , tiendront Lefdites tables a telle diftance 1’une de 1’autre, qu’u- ne table de verre pourra être pofée entre chaque table de fer, fans toucher a aucun autre corps dans fa furface fupérieure ( fur laquelle les couleurs font couchées ). Quant a celle du fond , n’ayant rien aü-deffous que la
SUR V E R R E. II. ËARtiK
ïa matief e dë la poële, elle eft fuffifamment foutenue. Ces tables de ferferont plus éten - dues que celles de verre, afin que celles- ci, placées deffus, n’éprouvent aucun frotte- ment contre les foutiens , qui poferont fur les tables de fer & non fur celles de verre. On commencera par le bas , & toujours fuc- ceflivement jufqu’au couvercle de la poële; elle doit être bien luttée avant d’être intro-duce dans le fourneau pour que la fumée ne puiffe y pénétrer (ce qui terniroit les cou- leurs). '
(Je ne rapporterai point ici la defcrlp- tion des fourneaux, que P Auteur a donnée dans le Chapitre précédent; car outre qu’elle
eft très-longue , les matieres dónt ils font formés, ainfi que celles des creufets, mou- fles & poëles, font propres a 1’Angleterre. Je termmerai feulement cette Seöion avec 1 Auteur, par remarquer que, quelque di- menfion qu’on donne au fourneau, il faut tou jours obferver la même diftance entre 1 atre & le deffous de la poële. L’atteinte du feu, en obfervant cette diftance j qu’il dit être de huit pouces de haut, fera tou- jours fuffifante, quetque longueur & quel¬que largeur qu’on donrie au fourneau. On fe fert en Angleterre , corame chez nous , de charbon de bois pour chauffer les four¬neaux a recuire).
EXTRAIT DU CHAPITRE XI. DE LA I. PARTIÉ.
L’émail & Ie verre fe dorent avec un fondant ou fans fon-dant ■
De la dorure de f Email & du Verre par la recuiffon.
Onemploie dans Ia do- rure for en feuilles ouen poudre.
Cr en feuil¬les. Maniere des’enfervir pour doren
L y a deux manieres de dorer Pémail & le verre par la recuiffon : 1’une produit la cohéfion de Por par le moyen d’un fondant Pautre fans ce fecours.
Ces deux méthodes ont néanmoins un principe commun; car elies n’ont Pune & Pautre d’autre objet que de faire adherer Por a Pémail ou au verre , qui fe prêtent a la cémentation de Por par fa fufion & fa üai- fon intime avec leurs propres corps.
Si on fe fert de quelques fondants , on doit employer le verre de borax, ou les autres fondants défignés pour les émaux.
La qualité de 1’or met aufli quèlque dif¬ference dans cette maniere de dorer; car on peut y faire ufage d’or en feuilles ou d’or en poudre.
Quand on fe fert d’or en feuilles, il faut humecter Pémail ou le verre avec une légere couche de gomme arabique, & la laiffer fécher. Le fond ainfi préparé , on y couche- ra la feuille d’or; & jufqu’a ce qu’elle s’y attache, on hallera deffus. Si elle ne fujfflt pas pour couvrir tout 1’ouvrage, on en ajou- tera d’autres; &, tandis que Por s’applï- quera, on hallera encore deffus, jufqu a ce que toute la furface foit dorée. L’or ainfi étendu fur ce fond par le cément de la gom¬me arabique, eft en é'tat d’être recuit.
Si, pour employer 1’or en feuilles, on a recours a un fondant, on broyera ce fon¬dant le plus fin qu’il eft poflible , on le dé- trémpera avec une légere folution de gom¬me arabique, & on Pétendra fur 1’ouvrage qui doit être doré, procédant au furplus comme deffus.
L’avantage que 1’on trouve a ne point fe fervir de fondant, c’eft que Por eft tou- jours plus également étendu, ce qui eft trés-
PEINT. SUR VERRE, II. Part.
important; mais a moins que le fond, fuï lequel Por eft couché , ne foit très-doux, il faut, s’il n’y a pas de fondant, une forte cba* leur pour attacher Por, auquel cas fi le fond eft d’émail, Pémail court rifque de s’endom- mager. Quand le degré de feu n’eft pas pro- portionné , le verre , ou Pémail qui ferc de fond, coule fans happer Por.
Quant a Ja méthode d’employer Por en poudre au même ufage , il eft a propos , avant dè Penfeigner, de donner la maniere de préparer cette po dre.
Prenez telle quantité d’or que vous vou- drez; faites-en la diffolution dans Peau réga- le, ainfi qu’il a été dit ( Chapitre IX , Sec¬tion III), dans le procédé de la chaux dé Caflius. Précipitez-le en mettant dans votre diffolution des paillettes de cuivre , & con- tinuez jufqu’a ce que Pébullition foit ceffée. Otez-les enfuite ; & Por, qui s’y étoit atta¬ché , étant enlevé, verfez le fluide hors du précipité. Subftituez-y de Peau fraïche, ce que vous répéterez a plufieurs reprifes juf» qu’a ce que le fel, formé par le cuivre & Peau régale , foit entiérement féparé de Por. Après Pévaporation , 1’or fera dans Pétat convenable a votre opération.
Si on ne veut pas fe donner la peine de préparer cette poudre, on fera ufage a fa place de celle de feuilles d’or; mais ce pré¬cipité eft la poudre la plus impalpable qu’on puiffe obtenir par aucune aurre méthode , & êlle prend une plus belle cuiffon que toute autre. ,
Pour dorer le verre ou Pémail avec cette poudre, on fe fert, ou non, de fondant, comme a la dorure avec les feuilles. Les avantages qui réfultent d'employer Ia poudre d’or avec des fondants font les mêmes 9 & Xx
Ot êftpoüs dre.
Manierede Ie préparer»
Maniere de s’en fervif pour dorer.
l'JRT DË LA
on a de plus celui d’avoir une dorufe capa¬ble de téfifter aux efforts de ceux qui la grattéroient; mais eet avantage fe trouve contrebalancé pat un inconvénient très- grand; car fi Ie fondant vient a fe mêler avec For, il détruit fon extérieur métallique, & ee qüi eft pire encore, lui öte a la recuif- fon fon véritable éclat.
Qu’on emploie cette poudre fans fon¬dant, oü avec fondant, il faut la détremper avec 1’huile d’afpic, oc la traVaillét com- me lês couleurs en émail. La quantité, du fondant doit être ün tiers du pöids de 1 or; quand 1’or eft ainfi pofé, 1’ouvrage eft prêt a paffer au feu; & cette opération, fi on ex- cepte le degré de chaleur, fe fait de la même
PEINTURE
forte dans les différentes méthodes de dorer.
La maniere de recuire Tor eft la même KeciuSbadé que pour les autres couleurs; mais les pie- -
ces dorées peuvent être mifes dans des mou- fles ou poëles. Dans le cas du verre, s’il n’y a pas de peinture, 1’opération peut fe faire a feu découvert.
Lorfqu’après la recuiffon on veut brunir Maniere 1’or, on lui donne le luftre convenable en k*unft le frottant avec une dent de chien , un bru- cuüTon.a re' niffoir d’agate, ou un fer poli.
( Cette facon de dorer le verre ouTémail Eeschinoi, au feu, eft k même que celle dont les Chi- f°^nt nois fe fervent pour dorer la porcelaine. -rceaine’ L’Auteur en parle au Chapitre I, de la qua* trieme Partie de fon Ouvrage).
»^!|
CHAPITRE I. DE LA III«. PARTIE.
Du Èwe eri general. .
Du verre quï O N entend lei föus le nom de Verre toute
fe fabnque vitrification artificielle qüi a trait a quelque dans les Ver- t r ■ j * •
reries Angloi- objet utile dans les beloins domeltiques ou f.es’ dans le commerce.
L’Art de préparer avec plus de perfection les matieres qui entrent dans fa compofition, eft 1’objet des obfervations & des enfeigne- ments que nous allons donner: nous évite- rons d’ailleurs toute recherche fpéculative ou philofophique ; nous omettrons même la méthode d’en modeler ou former toutes for¬tes de vaiffeaux.
Trots fortes On peut divifer le Verre-manufaéture en verrV bianc6 tro*s ckffes; favoir, le verre blanc tranfpa- le verre de rent, le verre coloré, & le verre commun verred bou- 0U * bouteilles.
teilles. 11 y a une grande variété dans les procé¬
dés de la premiere efpece, paree qu’ on n’en fait pas feulement des vitres, mais encore nombre d’uftenfiles domeftiques: il y en a auffi beaucoup dans la feconde, a caufe,de la différence des couleurs & de leurs dif- férentes propriétés ; mais il n’y en a aucune dans la troifieme claffe.
Commencons par donner des notions dif¬' rinétes fur la vitrification , quoiqu’avec moins d’étendue que Becker, Stahl & au-
tres. '
La vitrification eft le changement qui Pnncip«g$ 9 j □ c 1 J neraux fur la
s opere dans des corps fixes par le moyen du vitrification, feu , pouffé plus ou moins violemment, fe- Ion la différente nature de ces corps, qui les rend plus ou moins fluides. Cette ac¬tion du feu leur donne, après le refroidifle- ment, la tranfparence, la fragilité, un cer¬tain degré d’inflexibiiité , une privation en- tiere de malléabilité & de folubilité dans Peau.
Quelques-uns de ces effets peuvent man- quer dans certains cas, fur-tout par le défaut d’une vitrification complette, ou par le mé* lange de certains corps : par exemple, dans le verre blanc opaque, ou la matiere, qui donne la couleur laiteufe, empêche la tranf* parence; & dans les compofitions ou il en- tre trop de fels, qui pourroient rendre le verre foluble a 1’humidité, quoique parfait d’ailleurs.
Il paroit par la nature de la vitrification que tons corps fixes peuvent être des maté- riaux de verre parfaits. Tous néanmoins ne font pas également convenables au Verre-ma- nufa&ure dont il eft ici queftion. On ne peut regarder comme tels que ceux qu’on peut fe procurer en qualité fuffifante , *ót qui fe vitrifient par un feul fourneau, ou par leur mélange avec d’autres. Dans ce cas, les plus parfaits fournifTent a ceux qui le font moins les propriétés qui leur manquent.
Les’ principales matieres qui entrent dans Matierespr^ la compofition du Verre-manufa&ure font les
gojspoêtioft pierres , Ie fable , les fcrflrles , les textures da rerre. pierreufes & terreufes, les métaux & demi-
métaux préparés par ia calcination ou autres operations , Farfenic , Ie fafre & tous les
fels.
Éntre ces matieres, celles qui font les plus dures a la fufion communiquent au ver¬re une plus grande ténacité; d’autres beau- coup plus tendres fé vitrifient a un feu moins vif, & 9 mêlées avec d’autres corps, en accélérent la vitrification. Cette propriété s’appelle fluxing ou fondant. L’habileté du Verrier confifte dans le choix de celle-ci j par eette connoiffance il peut épargner beau- coup fur la dépenfe des ingrédients 9 & mê- me beaucoup de temps & de feu.
C’eft encore un grand talent dans un Ver-rier , de favoir öter la couleur premiere
' du verre pour le charger d autres couleurs de toute efpece; Car, par le mélange qui fé
• fait de ces matieres, Ü en eft qui opérent eet effet.
Êlles foftt- Les matieres dont on fait le verre font detrois for- done de trois fortes ; i°, celles qui confti- Ui* tuentle corps du verre ; 2°, celles connues fous le nom de flux ou fondant 9 celles
qui font propres a la coloration, v, Celles Dans la premiere claffe, font le fablé
qui confti- blanc, le caiilöu, Ie talc, le verre de Mof- du vcKe?rpS cov^e & ^es fofliles pierreux; fi ces matie¬res, trop dures a la fufion pour produlre feules du verre parfaitone befoin d’un me¬lange d’autres ingrédients qui la facilitent 9 êlles ontl’avantage d’êtrea très-bon compte 9 én très-grande quantité , & de donner aü verre la dureté, la confiftanée & Findiffo- lubilité qu’on chercheroit en vain a fe pro¬
curer fans elles*
Dans la feconde claffe, c'eft-a-dife, celle des fondants, entrent la mine de plomb rou¬ge , les cendres gravelées, le nitre ou falpê¬tre , le fel marin> le borax, Farfenic & les cendres de iwis qui forment une maffe ter- ïeufe remplie de fels lixiviels produits par riheineratiom
L’ufage de ces fondants eft très-varié pour le choix & pour les dofes des ingré¬dients , méme dans une mêrtie forte de ver¬re. Les Maitres de Verrerie n’ont fur cela aucune regie sure; ils s’attachentauxrecet¬tes qui leur paroiffent les meiileures , & ca- chent foigneufement a leurs Confreres les découvertes heureufes qu’ils acquierent par Fexpérience , & qui leur donnent quelqu ad-vantage fur eux.
3°» Celles Les matieres colorantes, qui forment la dont on fe troifieme claffe, font en grand nombre & colorifi^S? de différentes efpeces; tels font les métaux, les demi-métaux, les corps minéraux & les
foffiles.
De quelqu’utilité que puiffe être dans le commerce FArt de donner au verre toutes fortes de couleurs, celui de favoir en ban-
nir celles qui naiffent contre le gré du Ver¬rier , dans 1a compofition du verre tranfpa- rent eft d’un plus grand avantagé.
Le falpêtre ou nitre & la mangaüefe font les matieres qüe les Verriers Anglöis era-, ploient par préférencëpöur ce dernier effet;
La premiere augmente la dépenfe; la fecori- de préjudicie a la tranfparence.
11 y a une maniere générale dé combiner Ces trois claffes de matieres pour parvenir a les vitrifier. On réduit en poudre les corps qui font en trop groffes maffes, on en fait la mixtion, on la met dans des pots con- Venables, on place les pots dans les fours | jufqu’a ce qu’un jufte degré de chaleur ame- ne la matiere a une parfaite fufion & vitri¬fication.
Le vrai & parfait degré dé vitrification Fe connoit par Fégalité de tranfparence dans la matiere vitrifiée ; on en fait Feffai fur une petite partié qu’on laiffe refroidir. Plus les ingrédients font réduits en poudre fine & in- timement mélanges, plus la vitrification devient prompte & parfaite;
SECTION PRÉMIÈRE;
De la nature particuliere des différentes ful>fiances qui entrent dans la compofition
du l^erra,
Le fablé eft prefque la feule matiere dorit Desaiatié- ön fe fert dans les Verreries d’Angletcrre, paree qu’il ne demande pas ïa préparation du verre, préliminaire de la calcination , neceffairé .i°, Le fablé quand on emploie les cailloux & les pierres. bIanc*
Le méilleür eft celui de Lynn 9 dans le Comté de Norfolk. II y en a une autre efpé- ee inférieure qui vient de Maydftone , dans le Comté de Rendt. ïl eft blanc & brillant*
Dans Ie microfcope, 11 reffemblé a de pétits morceaux de cryftal de roche, & il en a les qualités. On préfere ce fable a tous les cail¬loux 9 quoiqu’étant plus lent a fe vitrifier / il exige plus de fondant & de feu. En ré- compenfe il eft plus clair & plus dégagé des corps hétérogenes colorifiqueè qui font dans les cailloux 9 & qui nuifent a la franchè netteté du verre;
Le fable ne demande aucune préparation , fur-tout lorfqu’on Femploie avec le falpêtre,- qui , purgeant toujours la matiere fulphu- reufe des fubftances animale & végétale, conféquemment les calcine; mais comme on ne fait pas ufage dé falpêtrs dans les ouvrages délicats, il faut purifier le fable en verfant de Feau deffus, le bien agiter dans Feau ,
& tenir le vaiffeau dans lequel on Ie lavé affez incliné pour que Feau en s’éeoulané puiffe en emporter la faleté.
Pour du verre groffier & coiftmün, ort fe fert d’un fable plus doux. Outre qu’il eft a iiieilleur marché, il eft plus vitrifiabW
I76 L'ART DE LA
& épargne les fondants. s
i", Les call- Dans les elfais qui ne produifent qu une
Ioux calci- petite quantité de verre, les cailloux cai- nêS' cïnés font préférables au fable. La dépenfe
de leur calcination ne fait pas monter le verre au-deflus du prix courant de celui qu’on auroit eu par le fable.
Les meilleurs cailloux font ceux d’une couleur claire, tranfparente, tirant fur le noir. II faut rejetter ceux qui font tachés de brun ou de jaüne, a caufe des parties ferrugineufes qu’ils contiennent, lefquelles ótent au verre beaucoup de fa blancheur.
On doit toujours calciner les cailloux 9 non-feulement pour pouvöir les mettre en poudre, mais encore pour les purger, par FaCtion du feu , d une portion huileufe qui nuit a leur vitrification.
Calcination On les calcine en les mettant dans un des cailloux. fourneau ? une chaleur modérée, jufqu a ce qu’ils foient devenus parfaitement blancs, ce qui demande plus ou moins de temps, fui- vant leur volume & le degré de feu. On les óte enfuite du feu pour les plonger in¬continent dans 1’eau froide, jufqu’a ce qu’ils foient entiérement refroidis. S’ils font bien calcinés, ils fe réduiront par menues par- celles friables & faciles a pulvérifer; s’il s’en trouve quelque partie qui ne foit pas tota- lement calcinée, on les recalcinera, pour, lorfqu’ils le feront fuffifamment, les broyer au moulin. H
V, Letale, On fe fert aulfi de talc, mais rarement dans de grands ouvrages. II faut quelquefois le calciner, mais a plus petit feu que les cailloux, & fans 1’éteindre dans 1’eau froide.
II y a des efpeces de talc plus ou moins vitrifiables ; on les fait entrer en fufion avec le fel de tartre ou la mine de plomb. Dans les grandes Verreries, on lui préfere les cailloux, comme moins rares & exigeant moins de fondants & de feu pour leur vitrification.
4% Lesfof- Les fofliles terreux ou pierreux, toute files terreux matiere qui fait feu avec Pacier, peuvent fcu pterreux. entrer. ^ans ja COmpofition du verre. Je n’en ferai néanmolns 1’énumération que de deux fortes, dit notre Auteur, paree que le peu d’avantage qu on en retire en a fait aban-
donner l’ufage en Angleterre.
L’une eft le moilon de France, qu’on
trouve en grande quantité a Pouverture des carrières : Ü eft fufceptible d’une prompte vitrification. L’autre eft une efpece de cail- loux de riviere blancs, ronds & femi-tranf- parents, qui fe vitrifient aulfi vite; plus on les choifit nets & exempts de couleurs, plus le verre qu’ils produifent eft blanc; mais pour les réduire en poudre, il faut les calci-ner a feu vif, jufqu’a ce qu’ils foient rouges, & les éteindre dans 1’eau froide.
.Kunckel confond fous le nom de fable, les cailloux & autres matieres pierreufes 9 quoi-
PEINTURE
qu’il metre lui-même une grande difference dans leur vitrification. II faut, dit-il, cent quarante livres de fels pour fondre cent cin- quante livres de pierres calcinées, tandis qu’il n’en faut que cent trente livres pour fondre deux cents livres de fable.
SECTION II. .
Des matieres quon emploie comme fondants
dans la compofition du Per re.
On a annoncé plushaut que ces matieres Desmatïe font ie plomb, les cendres gravelées, le dont otl nitre, le felmarin, le borax, Parfenic&les mefonda0?' cendres de bois.
Le plomb eft dans les Manufactures An- i0,Lepiomb
gloifes le fondant le plus important de ce r9ugeoumi. D J — \ r.Zi c mum.
qu on nomme verre a cailloux; u iaut aupa- ravant le réduire par la calcination a 1’état de ce qu’on appelle minium ou plomb rouge. II donne un verre plus folide que celui qu’on obtient des fels feuls; ce verre eft a bon marché. Fonciérement taché de jaune , il demande dans fa préparation une addition de nitre qui brule & détruife la matiere ful- phureufe & phlogiftique qu’il contient, & lui öte cette couleur hétérogene. Ge nitre, aiavérité, augmente la dépenfe, qui, fans lui, feroit peu confidérable; mais il remé¬dié de plus a un autre inconvénient, fans être obligé d’en ufer au-dela d’une certaine proportion. Car lorfque le plomb entre en grande quantité dans la compofition du ver¬re , il reqoit de Pair une impreffion corro- dante qui lui eft pernicieufe.
Il eft inutile de donner ici la maniere de calciner le plomb. Outre qu’elle a été enfei- gnée dans le premier Tomé; il en coüte- roit plus de le calciner foi-même que de Pacheter tout calciné. Sa perfection confifte dans une parfaite calcination: on la reeon- noit a fon brillant & a fa couleur qui tire fur le cramoifï. Il n’y a pas d’aUleurs de ma- tériaux rouges, a alfez bon compte, pour qu’il foit fujet a falfification , fi Pon en ex- cepte la brique pulvérifée & 1’ochre rouge.
On s’appercevröit aifément dans la vitrifica-tion qu’il feroit falfifié par la teinte de jaune qui s’y montreroit.
Les cendres gravelées (Pearl ashes) fup- Les een5 pléentaujourd’huii celles du Levant, aux KariUajjes d Elpagne 6c aux autres memé- ratïons dont on fe fervoit en Angleterre pour la compofition tant du verre que du favon.Par-tout oü ilfaut de la tranfparence, comme dans les glacés de miroirs & les ver- res a vitres, les fels font préférables au plomb comme fondants: conféquemment les cendres gravelées deviennent la matiere principale, étant les plus purs des fels lixi- viels ou alkalis fixes, qu’on peut fe pro¬curer a bon marché,
'SUR rËR
Les fcendres gravelées fe préparent en Alleniagne, en Ruffie &: en Pologne^ On extrait, a eet effet, les fels des cendres de bois; on réduit la lelïive a ficcité par évapo- ration & par une longue calcination dans un fourneau a un feu doux.
Comme on ne les prépare pas en Angle- terre avec avantage 9 quoiqu’on put le faire dans nos polfeffions en Amérique, je n’entre- xai pas, dit notre Auteur, dans ie détail de leur procédé, d’autant plus qu’elles ne font pas cheres. On connoit leur bonne qua- lité a leur extérieur égal & bianc , & a leur pureté.Lorfquil s’y rencontre quelquespar- celles tachées de bleu par la calcination, ce n’eft point un mauvais figne ; mais lorfqu’el- les font brunes en partie, ou grifesenleur entier, e’eft une preuve de mauvaife qua¬lité. Ceci ne doit s’entendre que de celles qui fe trouvent telles a 1’ouverture des caif- fes, quoique parfaitement feches; car li 1’air y entre, elles prennent aufii-tót cette couleur brune ou grife, par la demi-tranfpa- rence qu’elles acquierent.
Une autre faifification, fréquente & non apparente, c’eft 1’addition qu’on y fait de fel marin, quoiqu’il ne puiffe nuire au verre> il en nait néanmoins un vrai préjudice, en ce qu’on achete une chofe pour une autre fix fois plus qu’elle ne vaut. Void le moyen de la reconnoitre.
Prenez une petite quantité des cendres fufpectées; mettez-la fur une pêle a feu fur un feu ardent. Si elles font mêlées de fel comraun, on verra une légere explofion & un pétillement fenfible a mefure qu elles s’é- chaufferont.
Les cendres gravelées ne demandent de préparation que lorfqu’on les fait entrer dans la compofition des glacés ou des verres a vitres; alors il faut les purifier.
rf$Me nitre On fe fert de nitre rafiné, vulgairement
®tt falpêtre. nonim£ falpêtre , plutót comme decolorant que comme fondant, a caufe de fon habiieté a óter la couleur hétérogene au verre, &* a détruire le phlogiftique du plomb. Com¬me fondant, il a moins de pouvoir que le fel alkali fixe des végétaux. Etant beaucoup plus cher , on doit lui préférer les cendres
gravelées.
Le falpêtre qu’on emploie en Angleterre vient des Indes Orientales, dans la forme de ce qu’on appelle nitre crud, & en langage de commerce gros-petre ou rough-petre. Dans eet état il eft rnêlé de fel commun, 11 y a des gens qui fe font un métier de le rafiner , & de qui les Verriers 1’achetent pour s’en fervir dans les compofitions ou il doit en¬trer. Plus ii reffemble a des morceaux de cryftal par fa formé, par fon luifant & par une pureté exempte de couleurs, plus on eft sur qu’il eft bon, & qu’ilnacontra&é aucun mélange étranger.
PEIRT. SUR KERR£. IJ. Paft,
R Ë, Iï. P
Le fel marin s’emploie auflï cofnme fon- 4% be fei dant, & a beaucoup de force pour exciter mann’ la vitrification des corps les plus durs; mais il en faut une grande quantité* Il produit néanmoins un verre moins folide que le plomb ou le fel alkali des végétaux : c’eft pourquoi il faut le mêler avec d autres fels ,
& le deffécher par décrépitation , c’eft-a- dire , le faire paffer par un feu doux, juf- qu’a ce qu il ceffe de pétdler; autrement fa force explofive poufferoit les fubftances vi- trefcibles hors du pot. II faut bien fe garder après cette opération de 1’expofer a fair; car il y reprendroit fa qualité pétillante.
Le borax eft le plus puiffant des fondants ; Le mais a caufe de fa cherté, on ne s’en fert rax* que dans la compofition des glacés ou autres ouvrages de prïx, ou il n’en faudroit pas une trop grande quantité. On Ie ure des Indes Orientales, fous le nom de Tincal, La maniere de le rafiner n’eft connue en Europe que de trèspeu de perfonnes qui gardent fcrupuleufement ce fecret ; mais on s’en paffe aifément, paree qu’il eft facile de s’en procurer de rafiné. »
On juge de la bonté du borax par la grof- feur & le brillant de fes maffes en form© de pierres.
On le prépare en le calcinant a un feu doux qui le convertit en un état femblabk a celui de 1’alun calcine. La calcination doit s’en faire dans un vaiffeau capable d’en con- tenïr une bien plus grande quantité que celle qu’on veut calciner, paree qu’il eft fujet a fe gonfler &: qu’il occupe, en fe dilatant # beaucoup d’efpace.
L’arfenic eft auflï un très-bon fondant; 6°,L’arfehï^ mais lorfqu’on 1’emploie en trop grande quantité , il rend le verre laiteux & opaque;
& par cette qualité, il retarde la vitrifica** tion, & dépenfe beaucoup de temps & de feu. Ainfi il n’eft utile que pour dormer an verre cette couleur laiteufe & opaque*
Les cendres de bois, tant celles de genet fes deci¬
de bruyeres que celles de tout autre végétal , font un bon fondant pour le verre a bouteil- les ou le verre verd. II faut les employer dans leur état naturel, c’eft-a-dire, dans leur mélange de terre calcinée & de fel lixivieï ou alkali fixe. En eet état elles fe vitrifient facilement & agiffent fur les autres fuhftan- ces comme un puiffant fondant. G’eft une circonftance extraordinaire qui leur eft pro- pre : car lorfqu’on fépare leurs fels de leur partie terreufe par une folution dans 1’eau , leur partie terreufe répugne a la vitrifica¬tion. Si même on y remettöit ces fels, ou ff on y en ajoutoit d’autres, cette^rre pren- droit une nature route différente de celle qu’elle avoit avant la féparation de fes fels.
Ces cendres ne demandent d’autre prépa-ration que de les cribler pour en féparer les fragments de charbons de terre ou autre®
Yy
j/sl R T DE LA P E I N TU R E
parties de végétaux qui ne feroient pas par- venues a une parfaite ineinération. II faut auffi les préferver de toute humidité qui fépareroit les fels de la partie terreufe.
La bonté de ces cendres fe reconnoit par leur blancheur & leur exemption de toute impureté. Leur abondance en fels eft encore une preuve de leur bonté ; on peut 1’éprou- yer en faifant une leflive d’une petite por¬tion defdites cendres, & jugeant de fa force par fon poids.
SECTION III.
Des matieres dont on fe fert, comme co lor if-
qnes s dans la compofition dn JSerre*
Bes matje- Comme les matieres propres a produire fefettcomrae verre de différentes couleurs viendront colonnes, naturellement quand je traiterai de eet Art;
je ne parlerai ici, dit notre Auteur, que du nitre & de Ia manganefe qui fervent a dégager le verre de toute couleur hétéro- gene qui pourrok en altérer la beauté. Ces deux ingrédients font les plus employés , & prefque les feuls dont on fait ufage, a eet
effet, dans les groffes Verreries. i», Leni- On a fait mention ci-deffus de la nature
tre,°U falpe" générale du nitre ou falpêtre , en le confidé- rant comme fondant. Ici on ne 1’examine que relativement a la couleur. Sous eet afpect, il a la faculté d’échauffer & foutenir en un état combuftible tous les corps qui contien- nent une matiere phlogiftique & fulphureufe par leur rencontre avec lui a uncertain degré de chaleur. Par fon moven la matiere ful¬phureufe eft détruite, & les corps font ré- duits en calcination.
Aufli on fait entrer le falpêtre comme ingrédient dans la compofition du verre 3 ou Ton emploie le plomb comme fondant, paree que le plomb chargeant toujours ce verre d’une teinte de jaune, le falpêtre en procu¬re la deftruélion. On voit eet effet en jet- tant un morceau de falpêtre dans du verre de plomb en fufion : il s’enfuit une explo- fion qui dure jufqua ce que 1’acide du fal¬pêtre foit confumé.
D’après ce principe, on fent dans quel verre le falpêtre eft néceffaire, & quelle doit en être ladofe.Pluscherdu double que les cendres gravelées, il n’a d’autre avanta- ge fur elles que d’être moins chargé de cou¬leurs. II n’agit puiffamment que lorfque, purgé de fes acides, il fe rencontre avec les matieres phlogiftiques : il va pour lors de pair en nature avec les cendres gravelées , mais dans Ia proportion dun tiers de fa pefan- teur originaire. Le nitre ou falpêtre dok done entrer dans les verres formés de plomb
6c dans les verres de fels, ou il faut beaucoup de tranfparence; mais ceüx-ci en exigent moins que les verres de plomb.
La manganefe eft aufli fort utile pour óter au verre toute couleur défagréable. Ce ganefe- foflile partage la nature du fer fans en conté- nir beaucoup. On le trouve par-tout oii il y a des mines de fer, & fouvent fur des couches de mines de plomb. Ce dernier eft meilleur que le premier, comme moins char¬gé de fer. Les montagnes pres de Mondip , dans le Comté de Dorfet, en fourniffent de trés - bonne qualité.
La manganefe reffemble affes aVantimoine -par fa texture. Elie dok être d’une couleur de brun noir. On juge de fa bonté par l’obf» curité de fa couleur & par fon exemption de fignes extérieurs métalliques. Celle qui eft tachée de brun rouge ou de jaune, & de toute autre marque qui annonce la préfence du fer, doit être rejettée.
Son mélange avec toute efpece de verres les fait entrer facilement en fufion. Elle donne par elle-même au verre une couleur d’un rouge fort & empourpré. On s’en fert a détruire toute teinte de jaune dont le verre pourrok être taché, paree que les trois couleurs primitives qui font le jaune , le rouge & le bleu, mêlées enfemble, s’entre- détruifent & ne donnent plus qu’une couleur grife dans les corps opaques, êc une couleur noire dans les corps tranfparents.
La teinture de la manganefe dans le verre lui communiquant fa couleur de pourpre, qui eft un compofé de bleu & de rouge, fe con- fond avec la couleur jaune ou verte du verre,
& en détruit toute apparence, fur-tout par rapport au verd, paree quelle contient plus de rouge que de bleu. Alors le verre en reqoit une teinte noire & obfcure propor- tionnée aux couleurs détruites, & qui n’eft fenfible aux yeux qu’autant qu’on le com- pareroit a d’autre verre moins tranfparents
On doit done éviter 1’ufage de la manga¬nefe dans les compofitions de verre qui demandent beaucoup de tranfparence. On n’y doit faire entrer que les fubftances les moins chargées de couleurs par leur nature ou rendues telles par 1’ufage du nitre.
On calcine la manganefe dans un four- neau a feu violent, & on la réduk en poudre impalpable, avant de la mêler avec les autres fubftances. On étoit autrefois dans 1’ufage de 1’éteindre a plufieurs reprifes dans le vinaigre après fa calcination, pour la purger de toute partie ferrugineufe; maïs on a aban- donné cette pratique comme inutile.
On parlera ailleurs de Tapplication de la manganefe pour colorer le verre.
CHAPITRE II.
Des Injlruments & UJlenJiles dont on
Je fert pour la compojition & la
preparation du l^erre.
(L A plupart des enfeignements que notre Auteur donne dans ce Ghapitre, ne pou- vant être utiles qu’aux Anglois , je vais légérement le parcourïr).
ïflftruments Pour la pulvérifation & le mélange des
“^Verriers. ingïédiëms, onfefert, dlt-il, de moulins * qui fe menent a bras ou a 1’aide des che-
vaux; de pierres a broyer & de molettes très-dures, afin que le verre ne contraCte que le moins qu’il fe pourra de la fubfiance
defdites pierres.
Au défaut de moulins, on fe fert de grands mortiers de fonte de fer avec les pilons de même nature qu’on a grand foin de pré- ferver de la rouille. Dans les préparatïons les plus délicates, oü 1’on n’emploie que peu de matiere , il faudroit que les mortiers fuffent de gros verre a bouteilles, ou d’a- gate, & la pierre a broyer , ainfi que la molette, de porphyre ou d’agate.
Les tamis doivent être d’un bon linon très-fin, & avoir, comme ceux des Apo- ticaires , un couvercle en deffus & une boete en deffous, pour éviter Tévaporation de la poudre Ja plus déüée.
Foiiïnêaux Pour la fufion & la vitrification, on fe 'dontilsfefer* fert; , fians }es grands travaux, de grands fourneaux dont la conflruCtion, dit FAuteur, eft fi connue, qu’il eft inutile d’en donnet la defcription. Mais quand on ne veut fondre qu’une petite quantité de verre , comme dans le cas de la teinture du verre en diffé- rentes couleurs ou de ia compofition des pates qui imitent les pierres fines , on fe fert du fourneau ordinaire a vent ou de Fathanor des Chimiftes, ou enfin d’un four¬
neau fait expres.
(LsAuteur donne la conftruétion de ce fourneau; mais je Fomets, ainfi que ce qu’il enfeigne fur le choix & la préparation des terres propres a faire les pots ou creufets, pour la raifon fufdite).
CHAPITRE III.
ft Vim De la préparation & compojition des différentesJortes de Kerre blanc tranf parent, a clue lie ment en ufage ( en Angleterre ).
SECTION PREMIERE.
Des differentes Jortes de Verre blanc ér de
leur compofition en general.
Cinq for- I L y a différentes fortes de verre blanc, de verre favoir le verre a cailloux & le verre de
c^yftal d’Allemagne} qui fervent tous deux au même ufage; la glace a miroirs; le verre a vitres & le verre pour les phioles ou petits vaiffeaux.
Le verre des quatré premieres fortes exigö lïon feulement un fondant pur qui le décharge de toutes couleurs hétérogenes, mais encore le mélange du fable blanc, oudes cailloux cal¬cinés oudes cailloux blancs. Le verre a phio¬les, &même certaines efpeces du verre a vi¬tres, ne demandent pas tant de délicateffe dans le choix des fubfiances; mais ces verres font moins nets, lorfqu’on y emploie un fable trop brun ou des fels impurs.
Avec nos fables, plomb & charbon , dit FAuteur, qui regrette ici le peu d’encou- ragement des Verreries d’Angleterre & Fim- portation qu’on y fait du verre des Manu¬factures Ètrangeres, nous ferions du verre a meilïeur marché que par-tout ailleurs : & cependant nous achetons a grand prix des glacés des Manufactures de France; du verre a vitres des Hollandois ; des verres & boire $ a bord doré, des Verreries d’Allemagne, lefquels deviennent fort a la mode. La taxe qu’on a impofée fur le verre, contre tout principe de bonne politique, nous contraint arecourir a FEtranger, & nuit au grand dé¬triment de notre commerce, at Fexportation que nous commencions a faire de quelques fortes de cette marchandife.
SECTION II.
De la nature ér composition des Verres d
cailloux ér de cryftal d’Allemagne.
Le verre qu’on appelle ici verre d cailloux, premiere & paree qu’avant Fufage du fable blanc On le feconde for- préparoit avec des caiiloux calcinés , eft de blanc6’ leve* la même nature que celui qu’on nomme re a cailloux communément verre de cryftal. Il en differe d§
néanmoins par la compofition; car au lieu de n’y employer que les fels ou Farfenic, on le forme en partie de plomb. D’ailleurs le corps de ce verre , au lieu d’être de cail¬loux calcinés ou de cailloux blancs de riviere, eft d’un fable blanc qu’on ne trouve point de la même bonté hors de FAngleterre.
Ce verre eft done principalement compofé de fable blanc & de plomb avec un peu dé nitre , de manganefe & quelquefois d’arfe- nic, pour produire les effets dont nous avons parlé.
Indépendamfnent du nitre on v ajoutö d’autres fels , en diminuant le plomb a pro-portion ; diminution qui paroit par le peu de pefanteur & de tranfparence qu’on y trouve aujourd’hui, outre que les vaiffeaux qu’on en fait font fou filés a moindre épaif- feur.
Le plomb rend, a la vérité, le verre moins dur & moins trajjfparent que les fels, mais
Verre a caiï- ïoux le plus parfait.
Même vór- «« avec plus de fels.
Même ver¬re a meilleur marche', avec de 1’arfenic.
auffi le verre dans ia compofition duquel il entre , a Favantage de réfléchir la lumiere ■£omme le diamant & la topaze. Les vaifleaux ronds re<;oivent du plomb un luftre que les fels ne leur donnent pas.
En effet la trop grande tranfparence Óc le défaut de jeu des verres de fels donnent aux vaifleaux qui en font faits un certain air de maigreur qui influe fur la beauté de la couleur des liqueurs qu’ils contiennent. Mais ce verre eft préférable pour les vaif¬feaux polygones ou a pans , ainfi que pour ceux qui font relevés en figures incruftées ou dorées. On en peut juger par ceux qui nous viennent d’Allemagne.
II n’en eft pas de même pour les pierres taillées a facettes dont on fe fert pour les luftres: le verre de plomb y produit un bien plus bel effet pour les raifons ci-deffus défignées.
Par ces différentes combinaifons , on peut épargner de la dépenfe & rendre fon verre plus ou moins doux. Plus on augmentera la dofe du nitre & des fels, en diminuant celle du plomb , plus la texture du verre fera forte , & ainfi vice verfd. Je vais done tonner, dit notre Auteur, les compofitions de ces verres , relativement a toutes ces différences.
j. Prenez cent vingt livres de fable blanc, cinquante de plomb rouge ou mi¬nium , quarante des meilleures cendres gra- velées, vingt de nitre ou falpêtre & cinq onces de manganefe. Fondez a un feu fort avec le temps néceflaire.
Cette compofition eft plus chere que celle ci-deflous, mais approche davantage de la perfection, qui confifte a réunir le luftre & la dureté. Si Fon veut en accélé- rer la vitrification , & la laifler moins long- temps au feu , on peut y ajouter une livre ou deux d’arfenic.
N°. 2. Prenez cent vingt livres de fable blanc, cinquante-quatre des meilleures cen¬dres gravelées, trente-fix de plomb rouge, douze de nitre & fix onces de manganefe. Fondez au même feu.
Cette compofition fera plus dure que la précédenten mais réfléchira moins la lumiere. On pourra y ajouter Farfenic pour les raifons ci-devant prefcrites. Si on diminue la quan- tité de fable, le verre fera plus doux & plus foible.
N°. 5. Prenez cent vingt livres de fable blanc, trente-cinq des meilleures cendres gra- velées, quarante de plomb rouge, treize de nitre, fix d’arfenic & quatre onces de man¬ganefe. Laiflez pendant un long-temps le tout en fufion, fans trop la hater dans le commencement: Farfenic fe fublime a un feu trop violent.
Il eft bon d’ajouter a cette compofition pne fórte dofe de fragmeag^de verre impai-
fait: ces groifils (ou caleins) fe fondant avaaê lesautres ingrédients fixeront Farfenic. Ilfaut les laifler au feu jufqu’a ce que Farfenic ait entiérement difparu; car, malgré fa réfif- tance, il devient toujours un verre tres- tranfparent, & communique cette qualité aux autres ingrédients. Ce verre fera moins dur que les autres, mais plus clair & plus propre a former de grands vaiffeaux.
N°. 4. Prenez mêmes dofes des fubftances de la précédente recette, mais omettez Far¬fenic & fubftituez - y quinze livres de fel commun. Le verre eft moins caflant, mais n’eft bon que pour les vaiffeaux de moindre force.
N°. y. Prenez cent vingt livres de fable blanc, trente de plomb rouge, vingt des meilleures cendres gravelées, dix de nitre, quinze de fel commun & flx d’arfenic. Met- tez le tout en fufion a un feu modéré, mais aflez long-temps pour óter Fextérieur lai- teux de Farfenic. Ce verre fera plus doux que le dernier & en conféquence le pire de tous, a 1’apparence pres qu’il aura auflï bonne qu’aucun autre.
N°. 6. Prenez cent vingt livres de cail- loux calcinés ou de fable blanc, foixante & dix des meilleures cendres gravelées, dix de falpêtre, demi-livre d’arfenic, & cinq onces de manganefe.
Cette compofition donnera du meilleur verre. On y mêloit autrefois Je borax ; mais fon prix exceflif en a dégouté, d’au- tant qu’on ne fe fert de ce verre que pour des ouvrages a très-bon compte.
N°. 7. Prenez cent vingt livres de cail- loux calcinés ou de fable blanc, quarante- fix de cendres gravelées, fept de nitre, fix d’arfenic & cinq onces de manganefe. Laif- fez long-temps en fufion a caufe de Far-; fenic.
Ce verre fera autant ou plus tranfparent que le précédent, mais un peu plus caflant.
Au refte Farfenic eft un ingrédient fi défagréable & fl pernicieux a caufe de la fumée qu’il exhale jufqu’a. fa parfaite vitri¬fication , qu’ii faut autant fe fervir de Fautre compofition.
Même ver re.aplusb£ Hr?x^vecdllS le* commun,
Même
re le
vet. moins
cher de tous. avec de I’ar’ fenic & iel commun,
Verre de cryftal d’Ak lemagne Ie plus parfait,
Même verre a meilleur j marche.
SECTION III.
De la nature & compofition dtt Vme
de glacés ou d miroirs, «
Ce verre eft le plus difficile a préparer &
celui qui demande le plus de délicatefle re blanc: te
dans fa compofition. On ne peut lui don- verre de gfe- „ J 1- r i-rrf , ces OU 3 ABW
ner autant de qualités différentes qu au roirs, verre a cafiloux fans altérer fa bonté.
Les qualités qui lui font propres font d’être fouverainement tranfparent & de n’admettre aucune couleur étrangere , de réfléchir la lumiere le moins qu’ii eft pof-
Able ?
SUR V Ë R
r fible , d’etre entiérement exempt de bouil¬
lons & de fe fondre a un feu doux.
La dureté de confiftance eft moins impor-tante dans ce verre que dans le verre a cailloux : rftais c’cft un avantage1 de plus quand cette qualité peut fe réunir aux précédentes; car alors les glacés peuvent être travaillées plus minces, & avoir le même degré de force, qualité fort utile pour la perfection des miroirs.
Le fable blanc eft la vraie bafe de ce verre comme du verre a cailloux. Son fon¬dant principal eft le fel alkali des végétaux que les cendres gravelées fourniftent plus que tous les autres. Mals il doit être aidé dans la fufion par le borax , ou le fel commun, qüi empêche d’ailleurs la matiere vitrifiée de fe figer, en la cpnfervant dans le degré de chaleur néceffaire pour en former des glacés.
Le plomb & 1’arfenic ne doivent point entrer dans fa compofttion : ils réfléchiftent trop de lumieres.
On ne peut purger trop foigneufement de toute faleté le fable qu’on y emploie. Nous avons indiqué dans la premiere fedtion du Chapitre premier la maniere de le purifier.
II faut aufli calciner & pulvérifer le borax, avant d’en faire ufage.
Maniere Quant aux cendres gravelées , dont on
cendres6^- ne ^erv^r qu’aPr^s les avoir purifiées
jrdées. exa&ement, en voici la maniere.
Prenez telle quantité que vous voudrez de cendres gravelées : faites-les diffoudre dans le quadruple de leur poids d’eau bouil- lante dans une marmite de fonte de fer. Quand elles font diiïbutes , ótez-les, & les verfez dans une cuvette bien nette. Laiffez- les-y repofer pendant vingt-quatre heures, ou même plus long-temps. Séparez enfuite la diffolution de fa lie ou fédiment, en les verfant par inclination dans la marmite , & laiftez évaporer Peau, jufqu’a ce que les fels
’ foient parvenus a entiere ficcité.
Lorfqu’on ne s’en fert pas fur le champ, ïl faut les conferver dans des jarres de pierre a 1 abri de Pair & de Phumidité.
Il faut fur - tout avoir foin que la mar¬mite de fer ne foit point rouillée ; car la rouille donneroit a la glace une teinture de jaune tres - nuifible. .
Verre de N*. i. Prenez foixante livres de fable parfaitJ6 PluS blanc bien purifié, vingt-cinq de cendres gravelées aufli bien purifiées, quinze de fal- pêtre & fept de borax. Laiftez le tout long- temps au feu, qui dans le commencement doit être très-fort, & plus modéré enfuite par degrés, afin que le verre foit exempt de
bouillons. .
Si malheureufement ce verre étoit un peu
taché de jaune, il n’y auroit d’autre remede que d’y ajouter avant de le travailler, un peu de manganefe mêlée avec autant d’ar-
PsiNT. SUR UERRE. IL Part.
RE. II, pARTie. i8t
fenic, &, après avoir doublé le feu, 1’y laiffer fe débarraffer de toutes les caufes qui peuvent occafionner fes bouillons.
Si ia teinte de jaune eft légere, on eftaiera d’une feule once de manganefe; ou de deux, ft elle n’eft pas fuffifante. Mais il eft a remar- quer que plus il y en entrera , plus le verre fera obfcur. Cette obfcurité au furplus ne fera pas affez grande pour être trop fenfi- ble au premier coup d’oeil.
Le borax rend cette compofttion un peu chere ; mais le prix des glacés qui eft confi- dérable peut bien en faire fupporter la dépenfe.
N°. 2. Prenez foixante livres de fable blanc, vingt de cendres gravelées, dix de fel marin, fept de nitre, deux d’arfenic & une de borax.
Ce verre ne demande pas a la fufton un feu plus violent que le premier; mais il fera plus frangible & réfléchira plus de lumieres. Etant par conféquent moins bon que lé précédent , il vaut mieux rifquet plus de dépenfe pour s’en procurer pat l’autre procédé. C’eft plutót d’ailleurs 1’in- duftrie & la fa<;on, néceffaires pour la per¬fection des glacés, qui les renchériffent, que le prix des ingrédients qui entrant dans leut compofttion.
SECTION IV.
De la nature & compofttion du Verre dvitresï
Le verre a vitres le plus parfait demande les mêmes qualités & traitements que les précédents, On peut fe fervir des mêmes compofitions pour ceux qui veulent y met- tre le prix. Mais comme ils font rares, on fe fert pour 1’ordinaire d’une .compofition moins chere , & on s’épargne la dépenfe de la préparation qui confifte a moudre ou broyer les ingrédients.
Le meilleur verre a vitres d’Angleterre fe nomme ‘ crown-glajf ou verre de couronne* Ën voici la compofttion.
Nó. i. Prenez foixante livres de fable blanc, trente de cendres gravelées purifiées, quinze de falpêtre, une de borax ót une demi - livre d’arfenic.
Ce verre , lorfque les ingrédients lont bons, eft très-clair fans être cher. 11 entre en fufion a un feu modéré. Quand on veut le rendre plus fufible & plus doux, on ajoute une demi - livre ou une livre d’ar¬fenic. S’il prend du jaune , on peut 1’éclair- cir avec la manganefe comme ci-devann
N?. 2. Prenez foixante livres de fablé blanc, vingt-cinq de cendres gravelées, purifiées, dix de fel commun, cinq de nitre, deux d’arfenic & une once & demie de manganefe.
Ce verre fera inférieur au précédent \
ZZ
maïs en purifiant les cendres gravelées au point de les dégager de toutes leurs parties terreufes qui lui donnent quelque opacité
Fempêchent de fe vitrifier, on peut le rendre plus parfait & moins^fujet en même temps de fe charger de jaune. Lorfqu’on s’eft affuré a la bonté de ces cendres par une épreuve fuffifante, on peut s’épargner une once de manganefe, & peut être plus.
N°. 3. Prenez foixante livres de fable blanc , trente de cendres gravelées non purifiées, dix de fel comraun, deux d’ar- ienic & deux onces de manganefe.
Ce verre fans trop tirer fur le verd, ne manquera pas de tranfparence & fera a bon marché.
N°. 4. Prenez cent vingt livres de fable blanc au plus bas prix, trente de cendres gravelées fans être purifiées 9 foixante de cendres de bois bien brulées & tamifées , vingt de fel comraun & cinq d’arfenic.
Ce verre fera un peu plus verd de cou¬leur , mais au meilleur compte.
SECTION V.
De la nature & compofition du Pene pour les
phioles d’Slpothicaire f &c,
Ce verre tient le milieu entre le verre a cailloux & le verre a bouteilles comraun.
N°. J . Prenez cent vingt livres de fable blanc , cinquante de cendres gravelées fans les purifier, dix de fel commun , cinq d’ar- fenic & cinq onces de manganefe. Fondez a un feu modéré, & écumez de temps en temps pendant la fufion a caufe de Parfenic. Quand ce verre réuffit, il approche du verre de cryftal.
N°. 2. Prenez cent vingt livres de fable blanc au plus bas prix, quatre-vingt de cen¬dres de bois bien brfilées & criblées , vingt de cendres gravelées, quinze de fel commun & une d’arfenic. Fondez a un feu modéré : fi lefeu eft fortjla vitrification eft plus prompte. Ce verre tire fur la couleur verte, & eft paf- fablement tranfparent.
• C H A P I T RE IV.
Du mélange des ingredients qui entrent dans la compofition du Ferre blanc tranfparent, & de ïArt £ en mettre en fufion les differentes compofitions, pour les bien incorporer & les conduf re d une parfaite vitrification.
SECTION PREMIERE..
Du melange des ingredients qui entrent dans la compofition du Perre blanc tranfparent,
O N procédé a ce mélange par différentes méthodes fuivant la différence des ingré¬
dients.. Quand on ufe enfemble des fables ’§ des fels alkalis fixes, foit en forme de cen¬dres gravelées, foit qu’on emploie en nature les cendres de tous les végétaux dont les premieres font extraites , il faut les bien mêler & broyer dans un lieu fee, les mettre calciner a un feu modéré pendant cinq ou fix heures, en les remuant fouvent avec une efpece de rateau, puis les óter du fourneau: &, fi on veut les garder, les mettre a 1’abrl de Phumidité. La matiere en eet état fe nomme la fritte, Elle peut être convertie en verre fans autre preparation que d’être réduite en poudre grofliere avant d’être mife dans le pot, a moins qu’il ne fallut y ajou- ter d’autres ingrédients qu’on y mêlera par les méthodes fuivantes.
Si c’eft du nitre, le mélange s’en fait après la calcination: quand il eft bien pulvérifé, on peut le mêler avec la fritte fans les broyer enfemble.
Si c’eft de Parfenic, après 1’avoir bien broyé , on peut le mêler avec le nitre avant depulvérifer ce dernier, & les ajouter enfem¬ble a la fritte. Lorfqu’on n’emploie pas de nitre, il faut broyer Parfenic avec quelques livres de la fritte, ou mieux encore avec les fels qui entrent dans fa compofition.
Quand on fe fert pour le verre a cailloux de beaucoup de plomb & de nitre, &, dans tous les cas de compofition d’un verre doux ou 1’on fait ufage de puiffants fondants, on ne calcine pas . la fritte : on fe contente de bien mêler & broyer tous les ingrédients enfemble. Mais fi Pon emploie la fritte cal- cinée & groffiérement pulvérifée, on la met dans le pot avec les autres ingrédients.
Lorfque le borax eft le feul fondant qui doit être joint a la fritte, il faut le broyer avec une petite partie de fritte , puis le mêler avec le refte. Si on y ajoute d’autres ingrédients, on peut le broyer avec eux. Avant d’employer le borax, on doittoujours le calciner, c’eft-a-dire, le mettre a un feu modéré, jufqu’a ce que de fon ébullition il paffe a ficcité.
Quand on ufe de fel commun, on Pajoute aux fels alkallns & au fable. On le broie avec eux, ce qui abrege fa décrépitation, & on le met dans un vaiffeau net a un feu doux, jufqu’a ce qu’il ceffe de pétiller. Si la fritte eft préparée de forte que le fel doive fe calciner avec elle, on peut le mêler avec les autres ingrédients. Mais il faut le pré- ferver foïgneufement de toute humidité, qui perdroit la matiere, en la diflipant par des explofions.
La manganefe employée feule doit d’a- bord être bien broyée en particulier, puis avec quelques livres de la fritte. Mais fi on ajoute le plomb, le falpêtre ou d’autres ingré- dients, on les mêle enfemble pour les broyer. Quand la fritte ne feroit pas prépafée, on
pourroit Ia mêler avec chacun des ingre¬dients fondants} & enfuite avec toute la maffe.
SECTION II.
De la maniere de mettre en fujion les differen- tes compojitions pour les converter en Verre , & des moyens de juger fi la vitrification eft parfaite*
Les matériaux étant bien préparés & niélangés , on met la compofition dans les pots de verrerie, pour être fondue a un feu proportionné a la qualité du fondant. On continue le feu jufqu’a ce que toute la maffe devienne un fluide uniforme, & qu’elle ait acquis les qualités néceffaires a 1’efpece de verre qu’on s’eft propofé de fabriquer.
Un foin de la plus grande importance c’eft d’écumer exactement avec une cuillex les faletés que produifent les différents mgré- dients pendant la cuiffon avant de travailler le verre, fans quoi les taches qu’il contrac- teroit lui feroient perdre toute fa valeur. Cette écume fe nomme Juin de verre. Les Verriers la vendent aux Marchands de cou- leurs , qui la revendent aux Potiers, pour s’en fervir dans la compofition de leur cou- verte ou vernis.
Te,raps qu’ili On ne peut établir de regies certaines
aS^6 Pour temPs flue fes compofitions die verre doivent refter au feu. La variété qui fe ren¬contre dans les différentes parties des maté- ïiaux,augmente 1’incertitude fuï les différents degrés de chaleur dans laquelle il faut main- tenir le fourneau. La durée du feu dépénd de fon plus ou moins d’a&ivité, ou de la force plus ou moins grande des fondants dont on peut juger par Ia nature & les dofes des ingrédients. Au refte, en laiffant plus long-temps le verre en fufion, on ne rifque que le temps & le charbon; car une longue cuiffon donne toujours au verre plus de confiftance & de netteté.
(Moyens3e Lorfqu’on veut s’affurer du véritable état l>trede la de vitrification , on prend une canne de fer vinification, dont le bout foit poli ou au moins exempt de rouille, & on la plonge dans la matiere
en fufion* Plus cette matiere eft dudile facile a filer, plus la vitrification eft certaine. Au furplus la matiere extraite du pot étant refroidie, on juge de fa qualité par fa cou¬leur & fa clarté. Si elle eft tranfparente , fans couleur, fans tache ni bouillons, elle eft dans fon état de perfedion, & on peut la travailler. Si ces qualités lui manquent, on la laiffe plus long-temps en fufion, en 1’ef- fayant jufqu’a ce qu’on foit content de fa couleur & de fes autres qualités.
Comme il pourroit arriver que la matiere, après avoir été trés - long - temps au feu , n’eüt pu parvenir a 1’état de perfection défiré, on trouvera dans la Seétion fuivante les
moyens d’y remédier, fok que ladéfeduo-* fité vienne de la part des matériaux, fok qu’elle vienne de la compofition même*
SECTION III»
Des moyens d accélérer & procurer la parfaite vitrification des ingrédients } lorjque la com-pofition efi défeclueuffe, & de remédier d la teinte de jaune ou de verd dont elle auroit pu Je charger*
Si malgré tous les foins le verre ne fe réduit pas a la fufion en un tout fluide, uni¬forme , s’il paroit trouble & laiteux, s’il o abonde en bouillons après quelque diminu- dients, & de tion du feu , il faut en conclure que le fondant eft trop foible, & y en ajouter dans la même proportion qu’avant la cuiffon, mais par dégrés; de faqon qu’une ébullition fubite ne faffe pas gonfler & extravafer la matiere,.
On fe réglera pour la dofe fur ce qui paroitra avoir occafionné le retard de la vitrification*
On mettra d’abord cette dofe moins forte, fauf a augmenter par la fuite , fi elle ne devenoit pas fuflifante* Le trop de fondants nuifant a la qualité du verre & les fels na pouvant être reêtifiés que par la durée de la fufion, la plus petite quantité, ainfi ajoutée après coup, fait fouvent un effet qu’on ne fembloit pas devoir attendre.
On ufe quelquefois de 1’expédient fuivant pour accélérer la vitrification. On prend quatre ou fix onces d’arfenic, que 1’on mêle avec une once de manganefe. Le tout étant bien entortillé dans un morceau de papier en double, on 1’attache au bout de la canne>
& on le plonge au fond du pot. Alors le verre commence a s’éclaircir vers le fond öc ainfi fucceffivement jufqu’en haut*
Je n’approuve pas, dit 1’Auteur, fufage de la manganefe* Car fi le verre na point pris une teinte de jaune , elle lui donne une couleur tirant fur le pourpre, qui, quoique peu fenfible, eft toujours une imperfection dont on s’apperqoit, fi on le compare avec d’autre parfaitement blanc. Je crois dond qu’il vaudroit mieux mêler a 1’arfenic deux ou trois onces de borax calciné : eet expé- dient ne nult point au verre , & n’augmente pas la dépenfe, vu la quantité de marchan- dife que rend un pot de verre travailié.
Lorfque le verre, parfait d’ailleurs, peche Moyens de
par une teinte jaune ou verte, on la dimi- remédier aid r . f J i • j teinte de jau-
nuera en ajoutant une ou deux livres de neon de verd nitre , fi on en a peu employé auparavant dont ia com- dans la compofition. En ce cas on fera fe charger* fondre le nitre avec de la fritte, ou avec quelqu’autre verre de même nature que celui qui eft dans le pot, avant de le mêler avec les ingrédients qui font en fufion aöuelle.
C’eft le moyen de le faire incorporer plus facilement avec toute la matiere & d’em-
pêcheï flu’il ne s’extravafe paï 1’ébullition ^u’occafionneroit 1’humiditó contenue dans le in o ree au de nitre.
Si eet expédient ne fuffit pas, on aura ïecours a la manganefe melde avec deux ou trois onces d’arfenic, que 1’on intro- duira dans le pot comme deffus , pour empêcher la crafle du verre de Hotter fur la furface de la maMere fondue , tandis que Tarfenic fe fublimeroit 6C ne feroit aucun effet.
CH APITRE V.
De la compofition & du traitement du
Kef re yerdcommun ou a bouteilles.
CE verre.,-fi on excepte la beauté en cou¬leur & en tranfparence, eft le plus parfait de ceux qu’on manufa&ure. Eu égard a fon utilité , fa compofition eft d’aufïi grande importance que celle de tout autre verre.
On le forme de fables de toute efpece, mis en fufion avec des cendres de bois ou autres végétaux. Quoiqu’ elles ne foient pas dégagées de leurs fels, qui feuts peuvent communiquer au verre fa tranfparence; char- gées de la partie terreufe calcinée des fubf- tances végétales dont elles font produites, elles donnent au verre fa confiftance.
Cette partie terreufe acquiert la réfrac- tion , étant féparée de fes fels, & réfifte non-feulement a ces mêmes fels. maismême aux fondants les plus aCtifs ; tandis qu’unie a fes fels par Tincinération, non-feulëment elle fe vitriiïe parfaitement elle-mêtne, mais encore devient fondant: car, en mêlant le fable avec les cendres en nature, il s’en convertit une plus grande quantité en verre qu’on ne pourroit en obtenir par la propor¬tion des fels contenus dans ces cendres, 11 on les employoit fans leur partie terreufe.
Le verre a bouteilles en général eft com- .pofé des deux ingrédients fufdits : mais li on pouvoit avoir une quantité fuffifante de fco-ries ou machefer (Clinkert), on en tireroit un grand avantage ; car il faudroit moins de cendres de bois, 6c le verre fe trouveroit d’une plus parfaite qualité. Les fcories des grandes fonderies & des grands atteliers ou 1’on emploie un plus grand feu font les meilieures.
Voici la compolition particuliere de cette forte de verre ; mais les proportions qu’on donne, fuppofent le fable le plus doux. Le bon choix de ce fable procure une épargne conlidérable fur les cendres de bois*
Verreabou- N°. 1. Prenez deux cents livres de cendre
fcories. fanS t>ois & cent de fable, Mêlez bien le tout en broyant.
Voila la proportion convenable lorfque le fable eft bon, 6c qu’on emploie les cendres
fans autre addition. Mais il eft des veines de fobie ft propres a la vitrification qu’on peut en forcer la dofe.
N°. 2. Prenez cent foixante 6c dix livres Verre abOu* de cendres de bois, cent de fobie 6c cin- avec quante de fcories. Mêlez bien le tout en 65 cories* broyant.
Les fcories doivent être bien moulues avant de s’en fervir. Mais comme fouvent elles font trop dures, on les caffe feulement par petits morceaux, 6c on les mêle fans les broyer. Plus elles font dures, moins il eft important de les réduire en poudre; car dès-lors elles entrent d’elles-mêmes plus facilement en fufion; On procédé d’ailleurs comme on a dit précédemment.
Si on n’a pu fe procurer des fcories en quantité fuffifante, il fout du moins en avoir un peu pour en faire ufoge lorfque la vitrifi-cation eft défeétueufe: car alors il vaut mieux ajouter a la compofition une partie égale de fcories 6c de cendres de bois que des cendres de bois feules, qui, a caufe de leur variété , peuvent être fouvent un fondant trop foible.
CHAPITRE VI.
Du Kerre coloré ( ou teint dans toute m. rent fa maffe').
SECTION PREMIERE.
De la nature en général du V?rre de couleurs ,
& des différentes compofttions propres d les recevoir, relativement au Verre qui en eft etnpreint & aux patés qui imitent les pierres précieufes , avec leurs qualités particulier es*
LE verre qu’on vqut colorer peut être rangé en trois claffes, favoir, le verre blanc opaque 6c femi-tranfparent , le verre coloré transparent 6c le verre coloré opaque 6c femi- tranfparent.
Le premier s’emploie comme certains verres tranfparents a faire de petits vafes, des joujoux d’enfants, 6c quelques vaifleaux utiles dans le ménage, tels que dés pots a crème, 6cc, a limitation de la porcelaine de la Chine. Ón 1’emploie aufii comme 1’émail blanc aux cadrans , tabatieres 6c autres pieces qui ne font pas dans le cas de paffee plufieurs fois au feu.
La compofition de ce verre eft très-variée. Aucun verre fans couleur ne peut lui fervir de bafe. Sa teinte fe forme d’étain calciné, d’antimoine ou d’arfenic, ainfi que de cornes de cerf 6c d’os, calcinés.
Le fecond eft également varié. II fe diftiri- gue communément en verre de couleur 6c en pates, *6c voici le motif de cette diftinc- tion. L’objet de ce verre eft Fimitation des pierres précieufes: ainfi poür être parfait ?
SUR VERR
« .
il dolt être clair & tranfparent , exempt de toutes couleurs hétérogenes , dur & tenace.
Or ces qualités demandent un verre trés- difficile a fondre, & conféquem ment un feu confïdérable. Mais comme ceux qui n’en préparent qu’en petite quantity ne pour- roient foutenir un fi grand feu, on a cher- ché a parer eet incohvénient par des com-pofitions plus tendres qui puffent entrer en fufion a la chaleur d’un petit fourneau ordi¬naire & acquérir en moins de temps leur perfection ; c’eft ce qu’on appelle patés.
La dureté 9 qualité effentielle pour les bijoux d’un fervice journalier, étant exigée dans la contre-fa&ion des pierres précieufes, il n’eft point de verre plus propre pour les imiter que le verre parfait de fels , ou il n’entre pas plus de fondants qu’il n’en faut pour la vitrification complette du verre & pour 1’incorporation des matieres colorantes.
II faut feulement qu’il ne contra&e aucune teinte étrangere a celle que le Verder veut lui dormer.
Quant aux pates, le meilleur verre pour les former eft un verre mêlé de plomb & de fels; car, entrant aifément en fufion 3 il vitrifie en peu de temps les corps métalli- ques employés a fa teinte.
Pour rendre ce verre plus fufible & êpargner du plomb, qui, mis en trop grande quantité, en rend le tiffu trop tendre & trop frangible, il faut y faire entrer 1’ar- fenic & le borax.
Cette compofition a encore eet avantage qu’aucune autre n’eft plus propre a contre- faire le diamant & la topaze , paree que le plomb lui donne une réfraétion extraor¬dinaire. Ce genre de verre devroit appar- tenir a la claffe des verres blancs tranfpa- lents; mais 1’ufage qu’on en fait pour imiter les pierres précieufes, autorife a le placer au rang des pates.
3°, Le ver- La derniere forte de verre coloré fe forme
tecöloréöpa- fedifféremment de compofitions de verre dur «anfpare^r ou de celles des pates. On sen fert pour contre-faire les pierres femi-tranfparentes , telles que ie lapis-lazuli, la calcédoine, le jafpe, 1’agate, 1’opale, &c. On fait ce verre comme le précédent, a 1’exception qu’on y ajoute un corps opaque blanc qui puiffe
fouffrir la fufion fans fe vitrifier. Sa com¬pofition eft d’autant plus difficile qu’elle eft fufceptible dune variation de couleurs dans une même piece ’ auffi en fait-on peu.
SECTION II.
£)e la nature & preparation des matieres dont
on fe fert pour teindre le Verre.
__ matieres
dont on fe • Jre fe verre font, a 1’exception du tartre, fertpourtein- temvuy £ r m die le verre, métaliiques & iofliles.
P£IAT. A CAR VERRE. IJ. Part,
Frittes de Verre dur & de patés propres
a recevoir des couleurs.
9
Quoique tout verre fans couleur puiffe Frittes de être teint, il v a cependant, comme on 1’a Yerr? dur & deja oblerve j quelques competitions plus reCevoir les adaptées aux objets pour lefquels on fait couleurs. le verre coloré , foit par leur dureté & ténacité , foit par plus de facilité a être , travaillées paf* ceux qui les manufaclurent, en ce qu’elles demandent moins de feu pour leur fufion & vitrifient plus rapidement la matiere colorifique. La tranfparence du verre & la privation de couleurs hétéro¬genes font au refte également néceffaires dans les verres durs & les pates. Pour s’en procurer de parfaits, on pourroit done pré- parer un verre de chaque efpece ou 1’on fe ferviroit de méthodes plus exades que ce que permettent 1’intérêt & la main-d’oeuvre des groffes Manufactures ou Verreries. Maïs avant de paffer aux meilleures compofitions pour le verre dur , comme 1’extrême pureté
des fels alkalis fixes eft d’une grande con- féquence, il ne fera pas inutile de donnet
Aaa
la méthode 'de les porter au plus haut degré de perfe&ion.
Maniere de Prenez troïs livres des meilleures cendres purifier Ie grave^es & flx onces de falpêtre; mêlez-les mentks een- enfetnble dans un mortier de marbre ou de dres grave- verre. Mettcz-en une partie dans un grand fehaKsfi- creufet a un feu violent. Sitöt qu’elle eft xesdesvégé- devenue rouge, jettez-y le refte par degrés. taux. ne pOUVOit contenir le tout, verfez une
partie de la matiere fondue fur une pierre móuillée ou fur du marbre, &, votre creu¬fet vous donnant affez de place , mettez-y le refte & le laiffez jufqu’a ce qu’il foit rouge. Verfez enfuite le tout dans un pot de terre ou de fer avec dix pintes d eau que vous ferez chauffer jufqu’a ce que les fels foient fuffifamment fondus. Laiffez refroidir. FiL— trez la totalité a travers du papier Jofeph. Remettez enfuite le fiuide dans le pot. Eva- porez Thumide jufqu’a ficcité , de forte qu’il devienne aufli blanc que la neige, le nitre ayant bruid toute la matiere phlogiftique qul reftoit dans les cendres gravelées après leur
premiere calcination.
Frïtte du N°. i, Prenez douze livres du meilleur meiiieurver- fable blanc, bien lavé, fept de cendres gra- ïe Ur’ velées ou fels alkalis fixes purifiés avec le nitre, une de falpêtre & demi - livre de borax. Le fable ayant été bien pulvé- rifé dans un mortier de pierre dure ou de verre, mettez-y les autres ingrédients & les
mêlez bien avec lui.
meiStfe du 2’^reRez douze livres de fable blanc,
re6,1 un peu bienlavé, fept de cendres gravelées purifiées naoins dur. ' avec le falpêtre, une de nitre, demi - livre de borax & quatre onces d’arfenic, Procédez
comtne deffus.
Si on veut fondre le verre avec un moin- dre feu, on mettra une livre de borax au lieu d’une demi - livre, & on y ajoutera une livre de fel commun. Mais il eft bon d’obfer- ver que ce fel rend le verre plus frangible; ce qui nuit beaucoup aux Ouvriers qui le détaillent en petits morceaux pour en faire des bijoux.
Frïtte de N°. 3, Prenez fix livres de fable blanc, Soux°UVerre kien lavé ? trois de mine de plonftwouge, deux de cendres gravelées pmifiées avec le falpêtre & une de nitre: procédez comme
deffus.
coutre Vau" ’ Prenez fix livres <}e fable blanc,
US kien lavé , trois de mine de plomb rouge, trois de cendres gravelées purifiées, une de nitre , demi - livre de borax & trois onces
d’arfenic: procédez comme deffus.
Cette compofition très-douce fondra a
une chaleur modérée; mais elle demande du temps pour s’éclaircir, a caufe de 1’arfenic. On peut la préparer ou la teind<e a un feu ordinaire fans fourneau de fujêtion, pour- vu que les pots qui la contiennent foient environnés de charbons allumés, & qu’on ait foin qu’il n en tombe pas dans le creufet.
Comme le borax eft cher, on peut l’o~ mettre en augtnentant le feu, ou y fubfti, tuer une livre de fel commun; mais ft on préfere le borax, le verre fera plus parfait, plus clair & plus exempt de bouillons.
Ce verre, étant très-doux, ne fera pas dun bon fervice pour les bagues, boucles & autres bijoux expofés au frottement; mais pour boucles d’oreilles & ornêments de col il peut avoir lieu.
Il arrive fouvent qu’il refte au fond du pbfemtion# pot une partie de fable non vitrifiée; mais il lmP°r,tajteS faut bien prendre garde de nen laiffer au- de kw cune, car alors le verre étant trop chargé de te’ fels & de plomb, ne peut fouffrir 1’injure de Fair qui le corrode & lui donne une obf- curité qui en ternit tout le luftre (a).
De pauvres Lapidaires Anglois en firent, il y a quelques années, une facheufe expe¬rience. II y avoit alors une fourniture conft- dérable a faire de toutes fortes d’ornements décorés de fauffes pierreries, pour le com¬merce des Indes OccidentalesEfpagnoles.Ils y avoient employé beaucoup de pates co- lorées, la plupart tirées de Venife, qufils avoient achetées d’un particulier qui avoit trouvé Foccafion de fe les procurer a grand marché ; mais en peu de temps ces pates fe couvrirent fur la furface, d’une efpece d’é- cume & de taches qui en dévorerent la fubftance & en effacerent le luftre , au grand détriment des Entrepreneurs.
II réfulte dela qu’il eft effentiel, dans les compofitions,d’aj outer plus de fel & de plomb que la dofe ci-deffus prefcrite , & de veiller a ce que le fable, qui fait le corps du verre , entre totalement en fufion avec les ingré¬dients colorants: ou ft Fon achete ces pates toutes préparées, il faut s’affurer de leur bonté, fans quoi on court rifque de perdre 1’argent quelles ont coüté, le temps de les tailler, & fon propre crédit, en vendant une marchandife ft défedueufe.
On peut parer 1’inconvénient de la fépa- Calcination ration des fels, en les calcinant d’avance avcc avec le fable, comme dans la maniere de Ie a e* préparer la fritte. Mettez a eet effet le fable & le fel, pulvérifés & mêlés, fur une tui- le a un feu modéré, en les remuant avec une pipe a tabac ou une verge de fer. Pla- cez cette tuile a 1’entrée du fourneau; lorf- que la matiere paroït, en refroidiffant, for¬mer un corps dur, ótez-la, gardez-la a Fabri de 1’humidité, & la pulvérifez pour la mêler avec les autres matériaux, fuivant la pro¬portion que vous aurez obfervée a Fégard des ingrédients de cette fritte, fans autre préparation.
( a) Nous exprimons cette circonlocutïon par Ie verbe fe tajer.
3 ou 4); le refte comme deflus.
N°. 7. Prenez deux Iivres de la fritte de Verte dur;
verre dur, fous les Nos. 1 ou 2, une de ver- CouIeJir. ;d.e IJ . . . * , . grenst yinai*
re d antimoine , & demi-once de fer bien gre, calciné. Mêlez le fer avec la fritte; fondez- les jufqu’a pleine tranfparence; ajoutez-y Ie verre d antimoine pulvérifé, Remuez le tout avec une pipe a tabac (ou avec la canne de fer), & continuez au même feu jufqu’a ce que la totalite foit incorporée parfaitement.
N°. 8. Prenez de la fritte des pates fous Paté, cou-
les Nos. '3 ou 4, & faites comme deflus. -SI'e"
TA - 1 r • • / » flat vmaigre.
.Dans toutes les compoiitions qui précé¬
dent & qui fuivent, il faut obferver, relati- vement aux dofes des colorifiques ou matie- res propres a teindre le verre, que les frit- tes des pates ont plus de pefanteur que cel¬les de verre dur, a caufe du plomb qui y entre ; qu’ainfi le volume étant moindre dans une livre de paté que dans pareil poids de verre dur , il faut proportionnellement moins d’ingrédients colorants pour donner a la premiere la même force de couleur qu’au fecond.
SECTIO N V.
Compofttions de Vertes durs & de patés
de couleur bleue,
N°. 1. Prenez dix Iivres de la fritte de Couleur bleue* verre dur, fous les Nos. 1 ou 2, fix dragmes Ver.re dur » de fafre , & deux de manganefe : mêlez ót ble/fbrt. de fondez comme deflus.
Si ce verre donne un bleu trop foncé diminuez les dofes de fafre & de manganefe.
S’il tourne trop fur le pourpre, fupprimez la manganefe.
Si vous voulez une couleur de bleu pur * fubftituez a la manganefe demi-onee de cui- vre calciné , & mettez moitié moins de fafre.
N°. 2. Prenez dix Iivres de la fritte des Pate,cou- pates fous les Nos. 1 ou 2 ( ou plutót fous de les Nos. 3 ou 4): le refte comme a la précé- * dente recette.
N°. 3. Prenez dix Iivres de la fritte de Verre dur, verre dur fous les NOs. 1 ou 2, trois drag- couleur de mes & un fcrupule de fafre , & une dragme ap ir‘ de chaux de Caflius ou d’or précipité par 1’étain : au furplus procédez comme deflus.
N°. 4. Servez-vous des fubftances & des Le mème,è dofes de la précédente recette : feulement medleurma* au lieu d’or précipité, mettez deux dragmes & deux fcrupules de manganefe.
Si le mélange eft bien fait, la couleur fera fort bonne, & le verre employé & tail-
cation des numéros de Ia fritte des pates , qui jufqu’ici a été indiquée fous les Nos 3 4- Car on voit par l_a
Seétion précédente que cette fritte ne peut étre indi¬quée fous les Numéros i ou i; puifque ces Numéros font ceux de Ia fritte de verre dur. C’eft pourquoi par-tout ou, comme ici, la fritte des pates fera indiquée fous les NÖJ. 1 ou i; j’ajouterai cette parenthefe ( ou plutót Jous Iss A os- 3 ou 4)»
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r^4RT DE LA PEINTURE
lé reflemblera parfaitetnent au vrai faphir ; maïs comme la manganefe porte toujours avec elle quelque chofe d impur , qui cimi- nue 1’éclat du verre, la recette précédente donne une couleur encore plus belle.
Paté, cou- N°. y. Prenez de la fritte des pates fous leur de fa- jeg ou 4: le refte comme deflus.
phir' On peut fort bien ne point employer 1’or
précipité pour colorer les pates : alors on fe fervira de la méthode fuivante. .
Verre dur, N°. 6, Prenez telle quantité que ce^ foit ou paté, cou- ^es frites de verre dur ou de pates, mêlez- pör, par ie les avec un huitieme de leur poids du bleu ™°yei}, <?“ d’émail le plus tranfparent & le plus tirant
eu emai. je pOurpre qUe vous pourrez trouver.
Verre dur, N°. 7. Prenez dix livres de la fritte de couleur d’ai- verre jur fous jes ]\fos, j Ou 2; trois onces gue marine. £U|vre capciné avec le foufre , comme 11 a été dit dans la Section III, du Chapitre de la Peinture en émail, & un fcrupule de
fafre : mêlez & fondez comme deflus.
Paté, cou- N°. 8. Prenez dix livres de la fritte des
mïïinï’gne’ P^tes fous les Nos. i ou 2 (ou plutót fous les * Nos. 3 ou 4); opérez comme a la recette
. prefcrite fousle N°. 6, delapréfente SeêUon,
SECTION VI,
Compofitions de Perres durs & de patés
de couleur jaune.
Couleur jan- N°. i. Prenez dix livres de la fritte de
Verre dur, verre Jur feus les Nos. I OU 2 i maïs fllppri- couleur doe 1 r 1 A A* I. V
ou jaune mez le falpetre. Ajoutez pour chaque livre plein. une once de borax calciné, même deux , fi
le verre na pas aflez de fondant; dix on* ces de tartre rouge le plus épais, deux on* ces de manganefe , deux dragmes de char- bon de faule, ou autres genres doux j & opérez comme deflus.
On peut préparer cette couleur avec de 1’argent; mais comme Pavantage n’en con- trebalance pas la dépenfe, je n’en donne* rai pas, dit notre Auteur, le procédé.
Paté, cou- N°. 2. Prenez dix livres de la fritte des ïeurd’orou, pates fous les Nos. 5 ou 4, préparées fans jaune p em. pajp^tre * & une once & demie de fer forte*
ment calciné. Opérez comme deflus.
Lorfqu’il entre du plomb dans la compofi¬
tion du verre, on ne fe fervira pas de tartre crud ou de charbon de faule. On pourra mê-me fe pafler de nitre, paree que la tein* ture jaune que le plomb donne au verre ne peut lui nuire & ne fait qu’ajouter a la couleur.
On peut aufli la préparer par Pantimoïne crud, aufli bien que par le fer calciné; mais ce verre eft plus difficile a manoeuvrer, & ne vaut pas mieux.
N°. 5. Prenez dix livres de la fritte de verre dur fous les Nos. 1 ou 2; & autant du verre dur de couleur d’or. Réduifez le tout en poudre, & fondez enfemble,
Comme il y a des topazes d’un jaune plus ou moins foncé, on peut, pour les contre- faire, varier les dofes du jaune eu égard a la fritte; car le jaune ici prefcrit eft très-fort en couleur.
N°. 4. Cette compofition peut fe faire Pate,COu comme la précédente, mais on peut omettre leur detop^ le falpêtre : & pour imiter les topazes légers *e‘ en couleur, il ne faut ajouter ni paté cou¬leur d’or, ni autre matiere colorante ; le plomb fuffit, lorfqu’il n’eft pas détruit par le nitre. .
N°. y. Prenez dix livres de la fritte de Verre dur verre dur fous les Nos i ou 2, & fix dragmes coukur de fer calciné. Mêlez & fondez comme chryfolitIle* deflus. .
N°. 6. Prenez dix livres de la fritte des Pate,Cou~ pates fous les Nos. 3 ou 4, préparées fans Jf^dechryl falpêtre, & cinq dragmes de fer calciné: ° the’ opérez comme deflus. ♦ _ ,
SECTION VIL
Cowpojitions de Pene dur & de pdte de couleur verte» ‘
N°. i. Prenez neuf livres de la fritte de verre dur fous les Nos. 1 ou 2, trois onces de cuivre précipité a Peau-forte, & deux dragmes de fer précipité.
N°. 2. Prenez pareil poids de la fritte des pates fous les Nos. 1 ou 2 (ou plutót fous les Nos. 5 ou 4). Si on omet le falpê¬tre , on emploiera ici moins de fer que dans la précédente recette.
f
SECTION VIII.
' 1
Compofitions de Perres durs & de patés
de couleur pourpre.
N°. 1. Prenez dix livres de la fritte de verre dur fous les Nos. 1 ou 2, fix dragmes de fafre, & une dragme d’or précipité par 1’étain; mêlez & fondez, &c.
N°. 2. Prenez dix livres de la fritte de verre dur fous les Nos. 1 ou 2 , une once de manganefe , & demi-once de fafre; mêlez, &c.
N°. 3. Prenez dix livres de la fritte des pates fous les Nos. 3 ou 4, ajoutez-y les in- grédients colorants prefcrits ci-deflus, &c.
N°. 4. Prenez dix livres de la fritte de verre dur fous les Nos. i ou 2, une once & demie de manganefe, & une dragme de fafre : mêlez, &c.
^N°. y. Prenez dix livres de la fritte des pates fous les Nos. 1 ou 2 (ou plutót fous les Nos. 3 ou 4): au furplus comme a la précédente recette,
SECTION IX.
Compofition d'une paté qui imite le diamant»
Covletir de Prenez fix livres de fable blanc, quatre m^ne plonib rouge, trois de cendres le diamant, gravelées purifiées, deux de nitre, cinq onces d’arfenic, & un fcrupulede mangane- fe. Mêléz ; mais laiffez long-temps la ma- tiere en fufion, a caufe de la quantité d’ar-
fenic.
Lorfque cette compofition eft parfaite- ment vitrifiée & exempte de bouillons, elle eft très-blanche & d’un grand brillant. Si a 1’effai elle tire trop fur le rouge, ajoutez- y un fcrupule, ou plus, de manganefe.
On peut donner plus de dureté a cette compofition, en y faifant entrer moins de plomb & plus de fels, ou en la fondant a un feu violent; mais la diminution du plomb lui óte un peu du luftre de diamant.
SECTION X.
Compofitions de Verre dur & de pdte de couleur noire parfaite, -
N°. i. Prenez dix livres de la frltte de verre dur fous les Nos. i ou 2 , une once de fafre, fix dragmes de manganefe, & autant de fer fortement calciné : mêlez, &c.
N°. 2. Prenez dix livres de la fritte des pates fous les Nos. 1 ou 2 (ou plutót fous les Nos. 3 ou 4), préparées avec le falpêtre, une once de fafre, fix dragmes de mangane¬fe , & cinq dragmes de fer fortement calci¬ne ; mélez , &c. *
SECTION XI.
On en fabrique beaucoup dans une Verre- rie confidérable, pres de Londres. On en fait des vaiffeaux , des cadrans, des tabatie- res & autres ouvrages; qui n’ont pas befoin de repalfer au feu ; mais en certain cas, 1’é- mail blanc lui eft préférable.
N°. 4. Prenez dix livres de la fritte de verre dur ou de pates, telle que vous vou- drez, une livre & demie de putti ou étain calciné, ou d’antimoine, ou d’étain, cal- cinés par le nitre , comme il a été enfeigné dans le Chapitre de la Peinture en émail, Se&ionll; mêlez bien le tout, en le faifant palier au moulin, & fondez a une chaleur modérée.
Le verre de cette efpece, préparé avec la fritte des pates, ne differe de la prépara- tion de 1’émail blanc que par la dofe de chaux •d’étain ou d’antimoine; mais fi on prépare ces chaux avec le nitre, fans lequel elles ne peuvent donner un blanc parfait, cette compofition demande plus de foins, & eft d’une plus grande dépenfe que les autres , fans avoir fur elles d’autre avantage que de fupporter un feu plus vif & plus durable qui ne lui fait pas perdre fon opa- cité.
N°. y. Prenez dix livres de Ia fritte de verre dur ou de pates, & demi-livre de cor- ne de cerf, os ou ivoire calcines a parfaite blancheur.
Ce verre blanc eft le même que celui qu on emploie en. Allemagne, pour faire des écuelles, des pots a crème , des vinaigriers, &c.
SECTION XII.
Compofitions de Verres durs & de patés, colorêsj
opaques & femi^tranjparents»
N°. 1. Prenez dix livres de la fritte de ferre cofa verre dur ou de pates , trois quarterons d’os j-gmf-tranfpa- calcinés, corne de cerf ou ivoire, une once rem. Verre & demie de fafre , & demi-once de mangane- couleuSli fe. Fondez la fritte avec ie fafre & la man- pis-lazuli. ganefe , avant d’y mêler les os ou autres ma¬tieres calcinées, jufqu’a ce qu’ii en réfulte un verre bleu d’un foncé tranfparent. Cette premiere vitrification étant refroidie, pul- vérifez-la & la mêlez avec les os ou autres matieres calcinées, en faifant palier le tout au moulin. Fondez le tout a un feu mo¬déré, jufqu’a parfaite incorporation , & le verfez fur une table polie de cuivre ou de fer, pour en former des gateaux.
Si vous voulez y faire paroitre des veines d’or, mêlez a votre compofition de la pou- dre d’or , préparée comme il a été dit au Chapitre de la dorure de 1’émail 6c du vérre, avec fon poids égal de borax calciné dé- trempé a Vhuile cfafpic. Ces gateaux ainfi veinés étant recuits a un feu modéré, Tor s’attachera au verre aulfi étroitement que
Bbb
J9o VA R T Ï>E L 4
fi les veines y étoient riatureliemerit' em- preinces.
Pour rendre ce lapis plus léger en cou-leur, on diminue la dofe du fafre & de la manganefe: pour le rendre plus tranfparent, on diminue celle des os calcinés.
N°. 2. Prenez deux livres de la fritte de verre dur fous les Nos. i ou 2; une livre de verre d’antimoine; deux onces de vitriol cal¬cine , connu fous le nom $ ochre écarlate9 dont nous avons donné la préparation avant le Chapitre de la Peinture en émail; & une dragme de manganefe. Fondez dabord en- femble la fritte, la manganefe & Fantimoi- ne. Réduifez le tont en poudre, après qu’ii fera refroidi, & le mêiez avec Fochre écar- late , en faifant paffer le tout au moulin. Fondez enfuite ce mélange a un feu modéré, jufqu’a parfaite incorporation de töus les ingrédients, fans les laiffer au feu plus long- temps qq’ilne faut pour les vitrifier.
N°. 3. Prenez deux livres de la fritte des pates fous les Nos. 1 ou 2 ( ou plutót fous les NGS. 3 ou 4); le refte comme deffus.
N°. 4. Prenez deux livres de la fritte de verre dur fous les Nos. 1 ou 2 , une once d ochre jaune bien lavée , & autant d’os cal¬cinés» Mêlez-les & fondez jufqu’a parfaite incorporation réduite en maffe de verre.
N’. 3. Prenez deux livres de la fritte des pates fous les Nos. 1 ou 2 (ou plutót fous les No?. 3 ou 4) 5 le refte comme def¬fus.
N°. 6, Prenez dix livres des compofttions de verre bleu ou paté bleue, enfeignées fous les Nos. 7 ou 8 , de la Seêtion V, com¬me imitant i’aigue-marine ; & demi-livre d’os calcinés , corne de cerf ou ivoire. Pul- vérifez, mêiez & fondez jufqu’a parfaite incorporation.
N°. 7. Prenez cinq livres de la fritte de verre dur fous le N°. 2, autant de celle fous le N°. 1 , & une once de fer bien calciné. Mêlez-les & fondez jufqu’a ce que le fer foit parfaitement vitrifié , & d’une couleur d’un brun jaune foncé & tranfparent. Ce verre étant réfroidi, réduifez-le en poudre; ajoutez-y deux livres de verre d’antimoine pulvérifé. Mêiez le tout en le faifant paf¬fer au moulin. Prenez une partie de ce mé-lange : concaffez-y , en les froifiant enfemble, quatre-vingt ou cent feuilles de faux or, connu fous le nom d’cr de Hollande ou d’Al- lemagne, Lorfqu’elles feront divifées en me- nues parcelles, mêiez le tout avec la par¬tie de verre que vous aviez réfervée. Fondez enfuite ia totalité a un feu modéré, jufqu’a ce qu’elle foit réduite en maffe de verre, propre a former des figures ou vaiffeaux d’ufage ordinaire. Evitez néanmoins une par¬faite vitrification : elle détruiroit en peu de temps Fécartemenc des paillettes d’or, qui, venant a fe vitrifier elles-mêmes avec toute
PEINTURE
la maffe > donneroient un verre de couleur d’olive tranfparent.
On emploie cette efpece de verre pour des joujoux & ornements. Jufqu’ici, dit FAuteur Anglois, nous les avons tirés de Venife , & on nous en a demandé , depuis quelques années, une fi grande quantité pour la Chine 9 qu’on en a hauffé le prix; mais on en a tant fait venir de Venife qu’on en regorge a préfent (en Angleterre). On pour- roit également les préparer ici a moins de frais; il fufïiroit d’en faire quelques effais.
CHAPITRE VIL
De la fujïon & vitrification des diffe- rentes compojitions de Kerre (plein) de couleurs , avec les regies particu- lieres & les precautions que chacu- ne dé elles demande dans leur détail,
JL E s différentes compofitions ci - deffus étant préparées 9 fuivant les méthodes qu’on en a données , on met fes matieres dans des pots de fabrique, & grandeur convenables, pour qu’ils en puiffent contenir un tiers de plus. De quelque faqon que le fourneau foit conftruit} il faut y placer ces pots , de ma¬ffere que la matiere puiffe recevoir une chaleur fuffifante 9 & qu’il n’y entre ni char* bon, ni faleté. Pour prévenir eet effet, il eft bon que chaque pot ait fon couvercle, avec un trou 9 par lequel on puiffe y plonger une verge ou canne de fer , pour en tirer des effais & s’affurer du degré de vitrifi¬cation.
Quoique les pots foient bien cuits 9 il eft utile de leur donner une feconde cuiffon , lorfqu’il s’agit de verre de grand prix, ou il faut beaucoup de brillant. On peut encore les faupoudrer de verre comraun , mais exempt de toutes couleurs hétérogenes. Voici comme on y procédé : on réduit ce verre en poudre : on hume&e le dedans du pot avec de Feau : on y verfe cette poudre tandis qu’il eft humide : on Fagite jufqu’a. cs que Fhumidité en recouvre fuffifamment Fintérieur du pot: on jette ce qui n’a pu s’y attacher de ladite poudre. Le pot étant fee, on le met dans un fourneau affez chaud pour vitrifier cette couverte : il y refte quelque temps, puis on le laiffe refroidir par degrés.
Quand on veut fe fervir de ces pots, on y met fa compofition, & on les introduit dans le fourneau , fur les bancs qui doivent les porter entre chaque ouvreau , par le moyen d’une forte pêle de fer, telle que celle des Boulangers. Les pots ainfi pla- cés , on leur donne pour la premiere heure , & même plus long-temps, un degré de feu capable de les faire rougir, a moins qu’il
n y alt une forte dofe d’arfenic dans Ia com-pofition; auquel cas il faut chercher a le fixer & a Fempêcher de fe fublimer.
Lorfque des le commencement on a bien conduit fon feu, on peut parfaire la vitri-fication en une heure 6c demie ou deux; mais il ne faut pas mettre la matiere dans un grand degré de fluidité : elle occafionneroit la fépa- ration de quelques ingrédients, & retarde- roit, ou même préviendroit Fincorporation vitrifique du tout.
On ne peut établir de regie certaine fur le degré de chaleur néceffaire pour vitrifier les matieres contenues dans les pots : il y a de la variation par rapport a leur, quan- tité & a leur nature ; mais fi les pots en con- tiennent dix ou onze livres, on peut em¬ployer vingt ou vingt-quatre heures de feu pour le verre dur, & quatorze ou feize pour les pates.
S’il entre beaucoup d’arfenic dans la com- pofition , quoiqu’il foit néceffaire d’accélérer la vitrification, cependant il faut ia laiffer plus long-temps au feu, pour la purger des nuages (laiteux), dont cette matiere rend le verre fufceptible. ,
Dans la fufion du verre de couleurs (plein) tranfparent, il faut nécefïairement & par préférence a tout autre foin , éviter d’agiter la matiere ou d’ébranler les pots dans le fourneau. Autrement on court rifque de charger le verre de bouillons, qui font très- préjudiciables, fur-tout dans les compofi- tions deftinées a contrefaire les pierreries. S’appercoit-on que, malgré cette précau- tion, les ingrédients produifent des bouil¬lons par leur a&ion mutuelle ? on laiffera le verre au feu jufqu’a ce qu’ils difparoif- fent. Sont-ils trop difficiles a détruire ? on augmentera le feu par degré, jufqu’a ce que le verre devenu plus fluide perde fa quaÜté vifqueufe.
Après 1’expiration du temps fuffifant pour amener fa compofition a une vitrification parfaite, on s’aflurera de fon état, en plon- geant dans le pot, par le trou du couvercle , le bout d’une pipe ou d’une canne de fer. Si la matiere qu on en atirée,peche par le défaut de vitrification, on la laiffera plus long- temps au feu. Si la vitrification eft fake, on le diminuera par degré, on le laiffera s’é- teindre; &, les pots étant refroidis, on les caffêra, pour en féparer la maffe de verre & la tailler.
Dans le cas ou , de plufieurs pots qui feroient dans le fourneau, il n’y en auroit qu’un ou deux qui euffent atteint le degré de vitrification requis, il ne faudroit pas in- terrompre la chaleur du four ; mais fi le verre qu’ils contiennent n’eft pas de grand prix , 6c deftiné a des ouvrages de grande fineffe, on peut le tirer du pot, en former des gateaux, 6c les mettre a un feu modéré, jufqu’a ce qu’ils refroidiffent 6c qu’ils foient en état d’être travaillés.
Le verre coloré (plein ) tranfparent ac- quiert un degré de perfe&ion de plus en reftant au feu, même après avoir atteint fa vitrification parfaite : il en devient plus dur 6c plus exempt de taches 6c de bouillons; mais les verres colorés opaques femi-tranf- parents, & les verres blancs opaques formés d’arfenic, doivent être tirés du feu précifé- ment lorfque les ingrédients font bien incor- porés; car une vitrification plus complette convertiroit en tranfparence 1’opacité qu’on y demande»
LAKT DE PEINDRE SUR LE VERRE,
Ex trait du Journal (Economique, Aout 17^4, Page r49 > fius ce Titre :
AVIS <ECONOMIQUES D’ALLEMAGNE.
AVERT 1 SS EMENT.
IJ E but que je me fuis propofé de ne rien laiffer échapper des différentes connoif- fances que je pourrois adminiftrer fur la pratique de F Art de peindre fur Verre, m’a porté a inférer dans ce Traité ce que le Journal (Economique nous en apprend.
Mon Ouvrage, dira-t-on, devient une compilation; mais cette compilation peut- elle déplaire au Public 9 lorfqu’il s’y agit de remettre fous fes yeux une fuite de pré- ceptes qu’on regardoit comme perdus , & qui tous tendent au même objet , je veux dire a faire revivre , au moins dans la Théorie , un Art prefqu’oublié ?
Cet Extrait nous vient d’une Nation qui a toujours palfé pour être aufli expérimentée dans 1’Art de la Peinture fur Verre‘que dans 1’Art de la Verrerie. Il a fur 1’Ouvrage Anglois , ou nous n’avons trouvé que la maniere de colorer le Verre , 1’avantage de donner quelques préceptes fur la maniere de peindre fur ce fond. Ainfi ces deux mor" ceaux , rapprochés 1’un de 1’autre y entrant dans 1’ordre de mon Traité , femblent lui fervir d’appui & de preuve: le premier , en ce qu’il nous a fait connoitre fur les cou~ leurs nombre de compofitions différentes de celles que j’ai rapportées; le dernier , en ce qu’il s’accorde en partie avec les enfeignements que j’ai prefcrits fur la pratique de la Peinture fur Verre. II eüt été a défirer que fon Auteur lui eüt donné un peu plus de détail; mais on peut y fuppléerj&cela fera facile a ceux qui ont acquis déja quelques lumieres fur cet Art.
C E T Art noble faifant 1’admiration de tous ceux qui ont quelque goüt pour le deflin ou pour la Peinture , il ne fera pas hors de propos de donner ici quelques inftru&ïons aux Perfonnes ingénieufes, non-feulement pour fatisfaire leur curiofité, en leur appre- nant la nature de ce travail , mais encore pour leur en enfeigner la pratique. C’eft ce que nous allons faire le plus fuccinélement & le plus clairement que nous pourrons.
i°, Choififlez avant toute chofe des ver-
res qui foient claïrs, unis & doux.
2°, Frottez-en un cóté avec une éponge Manierede nette ou une broffe moïle & fléxible, trem- fg^c. fuE pée dans de 1’eau de gomme.
5% Quand il eft féché, appliquez fur le cóté clair du verre le deflin que vous vou- lez copier, & avec un petit pinceau garni de couleur noire, & préparé pour cela , comme on le dira ci-après , deflinez les traits principaux ; & aux endroits ou les ombres paroiffent tendres, trayaillez-les par des
des coups de pinceau aifés qui enjambent les uns dans les autres (a).
4°, Quand vos ombres & vos traits font terminés du mieux qu’il vous eft poflible , prenez un pinceau plus gros, & appliquez vos couleurs, chacune dans le lieu qui lui convient, comme la couleur de chair fur le vifage, le verd, le bleu & toutes les autres couleurs fur les draperies.
V°5 Quand vous avez fini, faites fortir avec foin les jours de votre ouvrage avec une plume grofïe & non fendue , dont vous vous fervez pour óter la couleur dans les endroits oü les jours doivent être les plus forts, ainfi qu’a ceux oü Fon doit donner a la barbe & aux cheveux un tour fingulier.
6°, Vous pouvez coucher toutes fortes de couleurs fur le même cöté du verre oü vous tracez votre deflln : il n’y a que le jau- ne qu il faut appüquer de Fautre cöté, pour empêcher qu’ii ne fe fonde & ne fe mêle avec les autres couleurs, ce qui gateroit tout Fouvrage.
Recuiffon du Le fourneau pour recuire le verre peint
verre après £tre conftruit ü quatre pans, & divifé peint, dans la hauteur en trois parties. La diviiion la plus baffe eft deftinée a recevoir les cen-
dres, & a attirer Fair pour allumer le feu.
La feconde divifion eft deftinée pour le
feu; elle a au-deffous d’elle une grille de , fer, & trois barres aufti de fer fur le haut, pour foutenir le vafe de terre qui contient le
, verre peint.
La troifieme divifion eft formée par les
barres dont on vient de parler, & par un couvercle au fommet oü il y a cinq trous pour pafler la flamme & la fumée.
Le vaifteau de terre ( dans lequel le verre a recuire eft couché a plat) eft fait de bonne argille de Potier, & moulé fur la forme & les dimenfions du fourneau. II eft plat parle fond ƒ & a cinq ou fix pouces de hauteur. II doit être a Fépreuve du feu, & ne doit pas avoir moins de deux pouces d’efpacé entre lui & les cötés du fourneau (b). *
Quand vous êtes fur le point de faire recui- re votre verre, prenez de 1a chaux vive que Pon a eu foin d’abord de faire bien recuire & rougir fur un grand feu de charbon. Quand elle eft froide, paffez-la par un petit tamis le plus également que vous pourrez; couvrez-en le fond du pot d environ demi-
pouce d’épaiffeur; enfuite, avec une plumè
unie, étalez-la d’une maniere égale & dé
niveau; après quoi couehez-y autant de vos
verres peints que la place vous le permet-
tra , & continuez jufqu’a ce que Ie pot foit
plein, en mettant fur chaque lit de verre un
lit du mélange en poudre ( a ), d’environ
Fépaiffeur d’un écu ; mais par-deffus le der¬
nier lit de verre peint, il faut mettre une
couche de poudre de la même épaiftfeur que
celle du fond. Quand le pot eft ainfi rempli
jufqu’au bord, placez-le fur les barres de fer
qui font au milieu du fourneau, öt couvrez
ce fourneau avec une calotte ou couvercle
fait de terre a Potier, & luttez-le exatle- «. ment tout autour pour empêcher 1’effet de tout autre vent que de celui qui vient par les trous du couvercle. Après avoir difpofé votre fourneau de cette maniere, & que le lut eft fee, faites un feu lent de charbon ou de bois fee a 1’entrée du fourneau. Au< gmentez la chaleur par degrés, de crainte qu’un feu trop vif d’abord ne fit fêler le verre. Continuez ainfi a augmenter le feu , jufqu’a ce que le fourneau foit rempli de charbon, & que la flamme forte delle-même par les trous du couvercle. Entretenez ainfi un feu vif pendant trois ou quatre heures; enfuite retirez-en vos effais, qui font des morceaux de verre fur lefquels vous avez peint une couleur jaune, & placez-les vïs-a- vis du pot. Quand vous voyez le verre courbé, la couleur fondue & d’un jaune tel qu’il vous le faut, vous pouvez en conclure que votre ouvrage eft prefque fait. On con- noït aufli par 1’augmentation des étincelles fur les barres de fer, ou par la lumiere qui frappe fur les pots quel eft le progrès de
Fopération. Quand vous voyez vos couleurs prefque faites, augmentez votre feu avec du bois fee, & placez-le de maniere que la flam¬me puiffe réfléchir & fe recourber tout au¬tour du pot. Pour lors abandonnez le feu Öc le laiffez s’éteindre, 1’ouvrage refroidi- ra de lui-même. Otez du fourneau votre verre, &, avec une broffe nette, chaffez- en la poudre qui pourroit être tombée deft fus. Votre ouvrage eft tout-a-fait fini.
Nous allons traiter des couleurs dont on fe fert pour peindre fur le verre.
Prenez une once de mewïmg (b), & deux Maniere dé onces d’émaii rouge ; broyez-les en poudre faire la cou- fine, & détrempez-les avec de bonne eau- de chair, de-vie fur une pierre dure. En faifant cuire
(a } Cet enfeignement eft celui que nous avons appel- lé, dans le Chapitre IX, de notre feconde Partie, la premiere, maniere de traiter Ia Peinture fur verre.
fb) Nous avons vu quelques variations, dans tous les endroits ou je parle de la recuiffon , fur 1’efpaceque l’on doit donner entre la poële & les parois du four¬neau; les uns demandant deux pouces au moins, les autres trois, & d’autres quatre. Ces variations viennent du plus ou moins de grandeur de la poële. Plus elle eft petite, moins elle en exige , le feu ayant moins de pei¬ne a atteindre le milieu d’une petite poële que d’une
PEINT. SUR VERRE. II. Part.
& faites-en une poudre fine. Quand vous vous en fervirez, couchez les fleurs qui doi- vent être d’une couleur bleue avec ce mé¬lange ; enfuite faites reflbrtir les parties jau- nes avec une plurrte, & couvrez-les d’une couleur de verre jaune. Remarquez que le bleu fur le jaune, ainfi que le jaune fur le bleu, font toujours une couleur verte.
Le verd de terre bleue, ou 1’azur mêlé avec 1’émail , donne une belle teinture bleue.
Prenez de la rocaille verte ou des petits couieUE grains de la même couleur deux parties, une vertc» partie de limaille d’airain, & deux parties de menning ; broyez le tout enfemble , & le réduifez en poudre, vous aurez une belle couleur verte. " * s
Ou Prenez deux onces d’airain brulé, deux onces de menning i huit onces de beau fable w blanc ; réduifez-les en poudre fine, & met- tez-les dans un creufet. Luttez-en bien le couvercle, & donnez-lui pendant une heure un feu vif dans un fourneau a vent; en¬fuite retirez le mélange du feu ; &, quand il eft refroidi , broyez-le dans un mortier d’airain.
L’expériènce a démontré que le plus beau Belle cou« jaune pour peindre fur verre fe prépare avec leur jaune’ 1’argent: c’eft pourquoi fi vous vouiez avoir une excellente couleur jaune , prenez de 1’ar¬gent fin, &, après 1’avoir battu & réduit en plaques fort minces, faites-le diffoudre & précipiter dans 1’eau-forte, comme on 1’a dit précédemment. Quand il a formé fon dépot, verfez-en 1’eau-forte, & broyezTar- gent avec trois fois autant d’argile bien brü- lée, tirée d’un four & réduite en poufliere fine; puis avec un pinceau doux & fléxible , couchez ce mélange fur le cóté uni du verre,
& vous aurez un beau jaune.
Ou Fondez autant d’argent que vous vou- drez dans un creufet; quand il eft en fufion , poudrez-y petit a petit la même pefanteur de foufre, jufqu’a ce qu’il folt calciné; enfuite broyez-le bien fin fur une pierre. Mêlez- y autant d’antimoine qu’il y a d’argent; & , après avoir bien broyé le tout, prenez de 1’ochre jaune, faites-le recuire, il fe chan- gera en un rouge brun ; détrempez-le avec de l’urine; puis en prenant le double de la quantité d’argent, mêlez le tout enfemble ,
&, après 1’avoir broyé de nouveau & réduit en une pouffiere très-déliée, appliquez-le fur le cóté uni du verre.
Ou Faites recuire quelques plaques minces d’argent, enfuite coupez-les par petits mor- ceaux; mettez les dans un creufet avec du foufre & de 1’antimoine. Quand elles feront difloutes, verfez-les dans de 1’eau claire;
&, après les avoir mêlées, pulvérifez le tout.
Mettez dans un pot de terre alternative- Jaune pate» ment des plaques minces d’airain, & des cou-
ches de foüfre & d’antimoine en poudre : brulez votre airain jufqu1 a ce qu il ne s’en- flamme plus 9 enfuite jettez-le tout rouge dans de Peau froide: retirez-le del’eau, le . pulvérifez : prenez une partie de cette pou¬dre, & cinq ou fix parties d’ochfe jaune recuit & détrempé dans le vinaigre; & , après avoir fait fécher le tout, broyez-le fur une pierre. Votre couleur fera en état d’être employée. ■
jvïattïere d’a- Prenez deux parties d’écailles de fer, une oornrle Vet- partie d’écailles de cuivre, & trois parties JJettre eri é- d’émail blanc: broyez le tout enfemble avec tat rece- Je Peau claire fur un marbre ou fur une vo« la pein p|aque J’ajrain Ou fer pendant deux ou trois jours , jufqu a ce qu il ne faffe plus
* qutine poudre très-fine. Frottez-en votre verre par-tout, fur-tout du cóté que vous voulez peindre; les couleurs s’y applique¬
’ ront beaucoup mieux & plus facilement. Obfemtions I°J Quand vous mettez votre verre recui- généraies fur re* placez le cóté peint, en deflbus; & le £Kè&£ Cóté du jaune, en deffus.
lecuirelever* 20, Delayez toutes vos couleurs avec de Peau de gomme.
3°, Broyez le rouge & le noir fur une plaque de cuivre. A Pégard des autres eou- leurs, vous pouvez les broyer fur un mor- ceau de verre ou fur une pierre.
4°, Les couleurs de verre qui fe prépa- rent promptement font Pémail de verre qui vient de Venife, en pains de différentes efpeces , ainfi que les petits chapelets de verre que 1’on tire d’Allemagne, & fur-tout de Francfort fur le Mein. Les vieux mor- ceaux de verre peint brifé font bons pour cela , auffi bien que le verre verd des Po- tiers, & les gouttes de verre qui coulent de la Poterie dans le four.
Les mêmes couleurs, dont les Potiers fe fervent pour peindre fur la vaiffelle de terre, peuvent auffi fervir pour peindre fur le verre.
Manïetepar- Prenez une petite quantité'de graïnede Se fur écrafex‘k* mettez-la quatre ou cinq
jours dans un petit fac de toile * tremper un verte & dans de 1’eau de pluie que vous changerez boire‘ tous les jours; enfuite, tordant le fac, vous en tirerez une fubftance collante, fembla- ble, a de la glu. Servez-vous-en pour broyer vos couleurs corarae a 1’ördinaire j enfuite peignez ou deflinez avec un pinceaü tout ce que vous voudrez fur le verre, & donnez-lui un grand degré de chaleur. Vous pouvez auffi avec la même glu dorer le verre avant de ie mettre au feu*
Prenez de la gomme ammoniaque, fai- Belle dórü* tes-la diffoudre toute la nuit dans de bon le
vinaigre de vin blanc, & broyez de la gom¬me ammoniaque & un peu de gomme ara' bique avec de Peau claire. Quand le tout eft bien incorporé & broyé bien fin, écrivez ou deflinez fur votre verre ce que vous ju- gerez a propos. Quand cette gomme fera prefque feche, vous y appliquerez votre or , en le preffant avec un peu de coton. Le lendemain frottez doucement le verre avec un peu de coton pour en óter Por quï n’eft point attaché , vous verrez alors les ornements, les figures, ou Pécriture que vous y avez mis, très-bien appliqués. Faites fécher votre verre petit a petit a une cha¬leur douce,que vous augmenterez par degrés jufqu’au point de le faire rougir : laiffez-le refroidir de lui-même; Por fera un très-bel effet, & fera a 1’épreuve de Peau. •
Prenez deux parties de plomb, une partie d’émeril, & une petite quantité de blanc de plomb: broyez-les bien fin avec de 1’eau clai¬re , & détrempez-les avec de Peau de gom¬me , & avec un pinceau doux couvrez-en tout 1’extérieur de votre verre. Quand il fera fee, vous pourrez avec un pinceau y écrire ou tracer ce que vous voudrez ; enfuite au- gmentez le feu jufqu’au point de faire rougir le verre; laiflez-le refroidir, & vous ver¬rez votre deffin ou votre écriture paroitre fur le verre, fans que Peau froide ni la chaude puiffent Peffacer.
N°. ir.
Nou s avons détruit au Chapitre XVIII. de notre premiere Partie les inconvénients que Pon reproche a la Peinture fur verre; nous avons indiqué dans le Chapitre fuivant les moyens poflïbïes de la tirer de fa léthar- gie a&uelle & de lui rendre fon ancien luf- tre : en attendant qu'on en faffe ufage, ne négligeons pas ceux que nous fournit ici M. Pingeron, pour la rendre utile même dans les objets de notre frivolité.
^flexions Après quelques préliminaires eet Amateur fur l’ufage des des Arts obferve que Fémail ne réufïït par-
aux^tabatie- ^aitement Que &r 1’or • cette matiere pré- ies. cieufe eft en effet la feuie qui naltere point
la vivacité des couleurs dont on la couvre. Pour effayer de produire le même effet a Poeil) en évitant Pénormité de la dépenfe , on a mis des glacés fur de belles miniatures. Mais fi la miniature eft dans Pintérieur d une tabatiere , 1’humidité & Podeur du tabac la fait jaunir : fi elle eft extérieure, le contad de la glace fur la peinture n’eft point affez intime pour que Pillufion foit abfolument complette. Nos Artiftes, toujours inventifs, ont elfayé d’y remédier, en peignant fur la glace même3 & ont approché de plus pres de leur but. Mais il refte encore a défirer que la glace qui couvre la miniature foit en même temps pénétrée par les couleurs, & ne falfe qu’un tout qu on ne fauroit détruire par partie. Le moyen de parvenir a ce but, dit M. Pingeron , eft très-fimple, en fe fervant de la Peinture fur verre par tranf-
parence.
Manierede On choifit un morceau de glace bien
verre? pro- P°^e 9 au(lue^on donne la forme de la partie pre a embel- fupérieure de la tabatiere qu’il doit embellir;
tiei«S °n P^ace fur le revers d’une eftampe ou eies. d’un deflin verni qui le rend tranfparent; on peint cette glace avec les émaux ordinaires.
Il faut avoir foin de lalfïer le fond de la glace pour les grands clairs, & de fuivre a peu prés les mêmes regies que pour le lavis des plans. On répand fur cette peinture du beau cryftal de Bohème réduit en poudre impalpable , & Ton fe fert d’un petit tamis très-fin pour cette opération. Lorfqu’on a une certaine quantité de glacés peintes de cette maniere, on les paffe au feu, après les avoir mifes du cöté qui n’eft pas peint fur un lit de ehaux éteinte, répandu fur une plaque de fer; on peut encore les paffee au feu de la même maniere que Témaii ordinaire : la peinture fe trouve pour lors comme renfermée entre deux verres , & ne fauroit plus s’effacer. Nous avons confeillé de fe fervir du revers des eftampes vernies ; i°, pour faciliter ce genre de peinture a ceux qui ne favent point defliner; 2% afin que la peinture étant peinte a gauche, re* vienne a droite, quand on la place fur la tabatiere : on y met un papier blanc deffous & un cercle plus ou moins riche tout autóur.
Les effais qui ont été faits, ont eu le fuccès le plus complet; & telle tabatiere dont la valeur étoit tres - médiocre, a été efti- mée un prix confidérable. On remarquera que la fufion des émaux s’opere plus éga- lement dans les grands fourneaux, que fous les petites moufles.
II feroit a défirer, continue M. Pingeron ƒ sOn avan? que cette nouvelle branche d’induftrie four- tagc. nit une reffource de plus au gout & a 1’ha- bileté des jeunes perfonnes qui peignént ces élégantes tabatieres de carton dont le peu de folidité a fait paffer la mode: leurs talents ne leur feroient plus inutiles , &
1’Art y gagneroit du cóté de 1’agrément des nouveaux bijoux & du cóté de leur folk dité.
Ein de la feconde Partie.
TABLB
*9«E-
TABLE
DES CHAPITR.ES
Contenus dans la Seconde Partie de la Peinture fur Verre,
confidérée dans fa partie Chimique & Méchanique.
SECTION PREMIERE. De la nature en general de la Peinture en Email. ibid*
SECT. II. Des matieres qui entrent dans la compofition des fondants & dans celle de Pé- mail blanc. ido
SECT. III. Des matieres qui entrent dans la compofition des émaux de couleurs. 161
SECT. IV. De la compofition & preparation des fondants propres d la Peinture en émail*
.. 164
SECT. V. De la compofition & preparation de ƒEmail blanc qui Jert de fond dans ce genre de Peinture. 166
SECT. VI. De la compofition & mixtion de tous les Emaux colorants propres d la Pein¬ture en émail 9 avec leurs fondants parti- culiers. ibid.
EXTRAIT du Chapitre X de la premiere Partie* t de PArt de Peindre fur Verre par la recuif- fon avec des couleurs vitrifiées tranf paren¬tes. 170
SECT, I. De la nature en general de ce genre de Peinture. ibid.
SECT. II. Du choix du verre fur lequel 'on veut peindre avec des couleurs vitrefcibles
par la recuiffon. ibid.
SECT. III. Des fondants & des colorants
dont on fe fert dans la Peinture fur verre par la recuiffon. 171
SECT. IV. De la maniere de coucher les cou¬leurs fur un fond de Verre , & de leur re¬cuiffon. 174
EXTRAIT du Chapitre XI de la premiere Par- tie 9 de la Dorure de P Email & du Verre ' par la recuiffon. 173
II. EXTRAIT fur la nature & la compofition du Verre 9 & fur P Art de contrefaire toutes fortes de Pierres pré cieufes. 174
CHAPITRE I. De la troifieme Partie. Du Verre en gènéral. ibid.
SECT. I. De la nature particuliere des diffé-rentes fubftances qui entrent dans la compofi¬tion du Verre. ' 177
SECT. II. Des matieres quon emploie comme fondants dans la compofition du Verre. 176
SECT. Ill* Des matieres dont on fe fert9 com-me colorifiques > dans la compofition du Verre. Ï7$
CHAP. II. Des Infiruments Ufienfiles dont Ddd
on fè fert pour ia compofition & la prepa¬ration du Verre. *79
CHAP. III. De la preparation & compofition des différentes fortes de Vme bianc tranfpa- rent, affuellement en ufage en Angleterre.
ibid.
SECT. I. Des différentes fortes de Verre bianc & de leur compojition en général. ibid.
SECT. II. De la nature & compofition des Verres d cailloux & de cry ft al dé Alle¬rnet gne. ibid.
SECT. III. De la nature & compojition du Verre de glacés ou d miroirs. 180
SECT. IV. De la nature & compofition du Verre d vitres. 181
SECT. V. De la nature & compofition du Verre pour les phioles dé Apothicaire 9 &c.
182
CHAP. IV. Du mélange des ingredients qui entrent dans la compojition du Verre bianc tranfparent 9 & de léArt dé en mettre en fufion les différentes compojitions pour les bien incorporer & les conduire d une parfaite vi¬trification. ibid.
SECT. I» Du mélange des ingrédients qui en¬trent dans la compofition du Vme bianc tranfparent. ibid.
SECT. II. De la maniere de mettre en fufion les différentes compojitions pour les convertir en Verre 9 & des moyens de juger Ji la vitrification efiparfaite. 183
SECT. III. Des moyens dtaccélérer & procu¬rer la parfaite vitrification des ingrédients 3 lorfque la compofition eft défeclueufe , ö" de remèdier d la teinte de jaune ou de verd dont elle auroit pu fe charger. ibid.
CHAP. V. De la compofition & du traitement du Verre verd commun ou d bouteilles. 184.
CHAP. VI. Du Verre coloré ou teint dans toute fa maffe. Ibid.
SECT. I. Dé la nature engénéral du Verre de couleurs, & des différentes compofitions propres d les recevoir 9 relativement au V?rre
qui en efi empreint & aux patés qui imitent les pïerres précieufes, avec leurs qualités particulieres. ibid.
SECT. II. De la nature & préparation des ) matïeres dont on fe fert pour teindre le r Vme. 18 y
SECT. III. Frittes de Verre dur & de patés propres d recevoir cfes couleurs. ibid.
SECT. IV. Compofitions de Vmes durs & de patés de couleur rouge. 187
SECT. V. Compofitions de Verres durs & de pates de couleur bleue. ibid.
SECT. VL Compofitions de Verres durs & de patés de couleur jaune. 18&
SECT. VII. Compofitions deVmes durs & de patés de couleur verte» ibid.
SECT. VIII. Compofitions de Verres durs de patés de couleur pourpre. ibid.
SECT. IX. Compofition dé une pdte qui imite y le Diamant. 189
SECT, X. Compofition de Verre dur & de pdte de couleur noire parfaite. ibid.
SECT. XI. Compojitions de Verres durs & de pates 9 blancs opaques & femi-tranfparents.
ibid.
SECT. XII. Compofitions de Verres durs & de pates 9 colorés 9 opaques & femi-tranfparents.
ibid.
CHAP. VII. De la fufion & vitrification des différentes compofitions de Verre de couleurs 9 avec les regies particulieres & les précau- tions que chacune déelles demande dans leur détail. a 9 o»
EXTRAIT du Journal (Economique 9 article dé Allemagne. 190
AVERTISSEMENT. ïbid.
UArt de peindre fur le Verre 9 Extrait déun
Ouvrage Allemand. Extrait de la Gazette dé Agriculture 9 de Commerce & de finan¬ces. ibid.’
Maniere de peindre fur Verre qui imite ÏE- mail. 19#
Fin de la Table de la Seconde Partie.