PREFACE.
Après avoir, pendant quarante ans, fabriqué du Verre, j’entreprends la publication de toutes les observations que cette longue pratique IIIe*a pernois de faire sur toutes les branches qui constituent 1’art de la verrerie ; et toutefois je ne me dissimule pas qu’avant fort peu d’unies les méthodes que je vais indiquer auront été perfectionnées, Trans- formées même; car accroissaient iiürnerise de toutes les consommations, doit aucune époque historique hé potinait dorer 1’exemple, et les liens qui, depuis la fini du dernier siècle surtout, unissent la soieries & 1’iridüstfië, out imprimé a cette dernière une marché d’huile rapidité extraire; nié il m’a semblé qu’il devait être intéressant j pour rios sri- casseurs dans la pratique de 1’industrie du verre, de Cori- naitre intérieur de nos ateliers^ de les comparer à ce qu’ils avaient été a des époques antérieures, de mesurer enfin les perfectionnements qu’ils y auraient eux-miens apportés.
Cet exposé de la situation actuelle de 1’art de la verrerie comblera d’ailleurs une véritable lacune ; Car pour trouver un traité satisfaisant sur la verrerie il faut remérite a la grande Encyclopédie in-folio du dix-huitième siècle, et
Surtout à fEneycïopédie par ordre de matières, où les articles G faces coulées par M. Allet, fait 1’Art de la- verrerie, par M. Alliot, étaient réellement 1’expression exacte de 1 état de la verrerie à cette époque ; et il rit ’a été depuis
PRÉFACE.
Public aucun traité complet pouvant faire connaitre les progrès accomplis dans la verrerie dans la fin du dix- huitième et les deux premiers tiers du dix-neuvième siècle.
Je ne me suis pas dissimulé les difficultés de mon tacle, qui ne doit pas se borner à indiquer les dosages de matières premières qui constituent les différentes espèces de verres, à tracer les plans des divers fours, à illustrer par des gravures la fabrication des verres a vitres, des cristaux, des vi- taux. J’ai pensé que je devais surtout m’attacher à donner aux questions économiques 1’importance qu’elles méritent ; care grand secret en industrie consiste à fabriquer le pro- duit le plus parfait au meilleur marché possible. J’ai donné fait suivre la description des procédés, de 1’analyse raison- née des prix de revient. C’est ce dernier point de vue qui caractérisera 1’ouvrage que j’ai entrepris, elle rendra intéressant à consulter dans 1’avenir. Je dirai combien de kilo¬
grammes de combustible sont employés pour fondre une quantité donnée de verre ou de cristal, le prix des diverses manutentions qui concourent à faire passer un poids donné de matières premières a son état définitif de verre a vitre, glace ou cristal; on saura combien un mètre carré de verre è. vitre ou de glace coute pour les matières premières, pour le combustible, les diverses main-d’œuvre de soufi- flagge ou de coulage, d’étendage ou de polissage, pourl’ou- tillage, les creusets, les fours de fusion, les frais généraux.
AMPERE, dans son mémorable Essai sur la philosophie des sciences, ou Exposition analytique d'une classification naturelle de toutes les connaissances humaines, dit : *
c. Pour approprier les corps aux divers usages auxquels ils sont destinés, il faut leur faire subir diverses transformations ; il faut les transporter des lieux où ils sont en abondance, dans ceux où la consommation les réclame : des instruments et des machines sont nécessaires pour opérer
PREFACE. IX
'■( V
Ces transformations ; or la connaissance des procédés par
Lesquels on les opère, des instruments et des machines qu’on emploi, constitue une science du troisième ordre que j’appelle technographie.
« Il ne suffit pas de connaitre les procédés, les machines, tous les instruments employés dans les arts, il faut encore qu’on sache se rendre compte des profits et des pertes d’une entreprise en activité, et prévoir ce qu’on peut attendre d’une entreprise à tenter.
« Pour cela, il faut calculer exactement les mises de fonds nécessaires, soit pour les locaux et appareils convenables, soit pour 1’achat des matières premières, et la main- d’couvre; il faut apprendre à connaitre les qualités diverses et les prix relatifs de ces matières premières, celui qu’elles acquièrent par les transformations qu’on leur fait subir; mille autres circonstances analogues doivent être prises en considération, et de toutes les recherches de ce genre se compose une science de troisième ordre & laquelle je donne le nom de cerdoristigue industrielle.
«. Tant que, dans 1’étude des procédés des arts, l’homme se borne à ces deux sciences du troisième ordre, il n’apprend qu’à répéter ce qu’on fait dans le lieu qu’il habite, il reste sous le joug de la routine. Pour que 1’industrie puisse faire des progrès, il est nécessaire de comparer les procédés, les instruments, les machines, etc., usités en différents temps et en différents lieux... c’est à cette science que je donne le nom d’économie industrielle. »
Ce sont ces principes, si nettement exposés par et illuse- tré savant, que je me suis efforcé d’appliquer dans 1’ou- rage que j’entreprends.
Par un concours de circonstances qui ont du bien ra- rement se rencontrer, ayant fabriqué à diverses époques toutes les espèces de verres, ayant participé pendant plu-
Tf,
{I.’
PREFACE.
Sieurs années aux travaux d’une des plus importantes ver- retries de 1* Angleterre, je pourrai faire connaitre non-sens- lament les procédés de fabrication de ces diverses espèces de verre, mais encore signaler les différences qui existent entre la fabrication en France et en Angleterre aux points de vue des procédés et des prix de revient. Je ne man-. Quernai pas de signaler aussi ce que j’ai pu observer de 1’état de la verrerie en Allemagne, qui a toujours occupé dans et art une place fort importante, et qui pourra encore en acquérir une plus considérable.
Cette publication formera donne un inventaire complet de 1’état de la fabrication du verre à notre époque ; c’est ainsi qu’elle pourra survivre aux procédés qu’elle aura décrits : je ne doute pas d’ailleurs quo tous ceux qui désormais entreprendront de faire de la technologie, ne marchent dans cette voie. Je m’estimerai lieur eux, en ce qui me con- cerne, d’y avoir contribué en mettant au jour ce que m’ont appris une longue expérience, et des investigations minutieuses dans les pays où 3a fabrication du verre a pris le plus d’extension.
Quelques mots sur le plan que j’ai adopté compléteront 1’exposé que je soumets préalablement au public.
J’ai cru devoir faire précéder IE Guide du verrier par une Introduction ou je trace rapidement 1’histoire du verre en général, et sans doute on s’attendra a retrouver la une partie des recherches qui ont été publiées è. diverses époques ; toutefois, de même que 1’étude approfondie des monuments a fait entrer 1’archéologie dans sa véritable voie rationnelle et 1’a dégagée d’une foule d’erreurs, de même aussi je baserai mon historique un peu moins sur les textes anciens, et davantage sur les diverses sortes de verres que 1’antiquité ou des temps plus rapprêtés nous ont transmis. Cette Introduction sera terminée par 1’énonciation des divisions de cet ouvrage consacrées aux diverses espèces de verres. Dans chacune de ces divisions, je donnerai une notice hits torique spéciale, les procédés de fabrication, les analyses des prix de revient et les prix de vente. Qu’il me soit permis, en terminant cette préface, de déclarer de nouveau que je n’ai pas la prétention d’énoncer dans cet ouvrage tous les derniers perfectionnements obtenus dans chacune des branches qui forment l’ensemble de 1’art de la verrerie. Je ne puis pas, en effet, me flatter de con- naitre le terme extrême auquel est parvenu, dans certains détails, le plus habile fabricant de cristaux, le plus habile fabricant de verres à vitres, de glacés... en France ou à 1’étranger. J’ajouterai même que cette pensée, pendant bien des années, a reculé 1’exécution du projet que j’avais formé depuis si longtemps d’écrire un traité sur la fabrication du verre ; le progrès marche de nos jours avec une telle rapidité, quo le temps matériellement nécessaire pour 1’impression d’un ouvrage technique un peu étendu suffit le plus souvent pour qu’il se trouve arriéré, sur certains points, lorsqu’il est livré à la publicité ; mais enfin, je me suis résigné. Et avec raison, sans doute, à décrire des procédés qui, dans plusieurs cas, pourront être ceux de la veille, avec la pensée intime, toutefois, que j’aurai ainsi, a très- peu près, fait connaitre 1’état de la fabrication du verre & 1’époque de la grande Exposition de 1867, et que ceux-là. Mines qui auront poussé plus loin 1’arl de, la verrerie ne liront pas sans intérêt 1’exposé des résultats de ma longue pratique.