CHAPITRE III.
Les creusets dans Iesquels le verre est fondu, les fours dans les- quels sont placés les creusets ont une immense importance dans 1’art du verrier; de leur bonne confection dépenden grande par- tie le succes d’une verrerie. Les creusets, auxquels on donne plus communément Ie nom de pots, doivent résister au feu le plus vio¬lent. Qu’un creuset se casse Iorsque le verre est fondu, et non- seulement il y a perte de la malière enfournée, mais s’il y a huit pols dans le four, il y a un huitième de production de moins, presque toutes les dépenses restant les mêmes; en outre, la per¬turbation que produit dans le four 1’écoulement du verre fondu par une fente du pot amène très-souvent la rupture d’un ou de plusieurs autres pots. Cet écoulement du verre tend a détériorer le four lui-même: a tous les points de vue Ia casse d’un pot est done un accident très-grave. Si un verrier, en commandant sa
campagne, n’a pas sa poterie garnie de très-bons pols, ce n’est pas son bénéfice seulement qui est compromis, mais une partie im- portante de son capital, avec impossibilité de se remettre rapide- ment enmeilleuro voie; car il faut refaire de nouveaux pols, qui ne pourront etre employés que dans plusieurs mois. Et ces nou¬veau* pots seront-ils meilleurs? Telle estl’anxiété que le maitre de verrerie n’a aucun moyen de calmer, car il ne peut juger a priori, au moment oü. un pot vient d’etre terminé, s’il remplira convenablement son office.
Le four ne joue pas un röle moins important; non-seulement il doit être construit en matériaux resistant au feu, mais il doit aussi avoir été coneu dans les proportions les mieux appropriécs & une bonne combustion; c’est-a-dire de manière a produire la tempé- ralure la plus élevée avec la moindre quantité de combustible; cette temperature élevée doit aussi être égale ment répartie sur
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tous los pols du four, en sorte qu’ils puissent être fondus dans le même temps. Siuu four ne chauffe pas convenablement, ilfaut, pourune même quantité de silice, mettreune plus forte propor¬tion de soude ou de potasse. Le verre est d’üne qualité inférieure, les fontessont plus longues, lestravaux do soufflage plus espa cés, et, par conséquent, moins nombreuxil y a done production moindre avec des dépenses en combustible plus considérables, et égale dépense de frais généraux.
Nous dirons, a la fin de ce cbapitre, ce qu’on doit attendre de
1’avenir, relativement au perfectionnement des fours et des creu- sets '} nous allons commencer par exposer 1’état actuel des con- naissances pratiques du verrier, en fait de pots et de fours.
Pots, —Avant de donner des prescriptions sur la confection des pots, nous pensons qu’il est bon de parler de leurs formes, de leurs dimensions, des avantages et des inconvénients attachés aux divers systèmes adoptés.
Les pots les plus communément employés sont des pots ronds, c’est-a-dire dont la section horizontal est un cercle. Ces potssont loujours un peu plus élroits du bas que du haut, c’ est-è-direqu’ils onl la forme d’un cöne tronqué reuverse 5 de cette maniere des pots rangés a cófcéles uns des aulres se touchent ou a peu prés du liaut, et leurs arêtes s’éloignent de plus eu plus jusqu’au fond, pour permettre a la flamme de circuler entre les pots d’une part, et entre ceux-ci et la paroi verticale du four, devant laquelle ils sont placés. C’est dans cette paroi que sont percós les ouvreauas du four par lesquels on enfourne la matière, et on la cueille quand ellc est fondue.
II y a des vérreries qui adoptent les pots ovales, c’est-ó-dire dont la seetion horizontale estun ovale aplatidans le sens du plus grand diamètre 1’ovale du haut étant, bien entendu, plus grand que 1’ovale du fond du pot poür la circulation de Ia flamme. Cette forme est adoptée dans des fours carrés, c’est-a-dire dont la sec¬tion horizontale è la hauteur des pots est un carré ou un rectangle.
Le but de cette forme ovale est de placer des pots plus grands sur un même espace. Süpposons, par exemple, un four rectangle . dont los siéges oü reposent les pots ont une longueur de 2m,80. On ne peut pas placer sur ce siege plus de quatre pots ronds de 70 cen¬timetres de diamètre du haut, mais on pourra y placer quatre pots
ovales de 70 centimetres du petit diamètre sur 90 centimetres ou s
plus du granddiatnètre. Ces pots conliendront plus de molière quo les pots ronds: ily a done, sous ce rapport, avantage pour le ver¬tier, car, avec la même quantite de combustible (du moins il 1’espère), il fondra une plus grande quantite de verre. Nous deyons dire, toutefois, que même dans des fours carrés, il y a des maltres de verrerie qui préfèrent les pots ronds, et voici les motifs de leur préférence : La pression exereée par Ia masse du verre liquide sur les parois du creuset fait, dans une certaine mesure, céder ces parois du creuset; leur forme s’altère, et bien que leur épais- seur soit plus grande au fond et aille en diminuant vers le haut, les pots se distendent principalement vers le tiers de la haüteur, è partir du bas, ils prennent du ventre; cette tendance a moins d’influence facheuse sur des pots ronds que sur des pots ovales, sur lesqueïs cette pression lend en outre a changer Ia forme ovale en forme ronde. Cette déformalion a done plus de chance d’occa-
sionner la rupture du pot; en outre, cette pression s’exergant sur les cótés plats de 1’ovale, tend & mettre les pots en contact non plus seulement sur Faróte du haut, mais sur une assez large surface, de telle sorte que la flamme ne pouvant plus aussi librement circu- ler, les fontes sont plus longues. On perd done bienlót l'avautage que 1’on a voulu atteindre en ayant des pots d’une plus grande contenance.
II est un autre motif important de préférence en faveur des pots ronds, c’est que les pots se corrodent extérieurement du cóté de la fosse assez rapidement; 1’arête du fond ou jable du pot contre lequel la flamme frappe pour ainsi dire comme le jet d'un chalumeau, s’amincit journellement, et la rupture du pot aurait lieu assez promptement, si le maltre de verrerie n’avait la precau¬tion, après quinze a vingt jours de duróe du pot, de faire tour- ner aw log is, c*est-a-dire du cóté de 1’ouvreau, le cóté qui était ex¬posé sur Ia fosse. Cette manoeuvre ne pourrait naturellement pas être faite avec un pot ovale, auquel, en consóquence, on donne plus d’épaisseur du cóté qui doit être sur le bord du siége. Pour que la flamme circule plus librement entre le pot et le mur d’ou- vreau, on donne, en fabriquant ces pots ovales, une pente plus grande au cóté qui est destiné a être pres de Fouvreau, qu'a celui qui doit être du cóté de la fosse; ainsi, en supposant cette pente par les cótés plats de 4 & 5 centimetres de chaque cóté; et égale- ment 4 centimetres du cóté de la fosse, on donnera 10 & 12 centi-
metres du cólé de f ouvreau, comme le montrent les deux coupes du pot ci-contre (fig. -5 et 6).
L’épaisseur A donnér aux pots est un point qui mérite grande consideration.
Un pot d’une plus grande ópaisseur, loutes autres. conditions égales d’ail- leurs, a plus de chance de durée: car il rcsisle mieux a la pression intérieure du verre liquide; de plus, la reduction d’é- paisseur provenant et de faction exté-rieure de la flamme et de faction inte- rieure des matières composant le verre, est plus de temps a araener le pot & ne plus pouvoir résistér et a se rompre.
Mais, d’autre part, un pot d’une plus grande ópaisseur a par cela même moins de contenance (les dimensions exté- rieures étant données par celles du four), ct le verre y fond plus difficilement,
Fier. 5.
Fig. 0.[images 5-6]
c’est-è-dire dans un temps plus long; aussi les fontes sont-elles plus courtes, le verre plus facilement affine quand les pots devicnnent vieux et conséquemment plus minces. Le maltre de verrerie a done a calculer les avantages resultant dé part at d’autre; s’il paye le combustible très-bon marche (éten général e’est la condition dans laquelle il doit chercher. a se placer), il pourra donner plus d’épaisseur a ses pots. Je pense toulefois qu’il y a généralement plus d’avantage a adopter des pots peu épais et a les remplacer un peu plus souvent., L’épaissöur moyenne la plus généralement adoptee est, pour le fond et la naissance de 1’élévation, dJenyiron un douzième dü diamètre su¬périeur du pot, arrivant graduollement au vingtibme pour le bord (toules mesures prises lors de la confection du pot),.
Il n’y a guère de relation entre la hauteur du pot etsondia¬mètre, paree que la hauteur étant déterminée principalement par lafacilité a donner è 1’ouvrier pour qu’il puisse, cüeiliir le verrè jusqu’au fond du pot, cette hauteur doit être en rapport avecla longueur des oulils du verrier, spécialemenl de la canne.Les petits pots ont done proporlionnellement une hauteur plus grande que les grands pots; 80 centimetres peuveht être regardes comme la
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hauteur moyenne extérieure donnés aux pots lors de leur confec¬tion. Ces 80 centimètres sc réduisent par la dessiccalion dans la poterie et le retrait dans le four a environ 70 centimetres, ce qui donne euviron 60 centimètres pour la profondeur du pot. Nous parlons ici des pots ordinaires des grandes verreries de France, de Belgique et d’Angleterre, car pour les pots des verreries alle- mandes, on no renconlrerait guère de pareilles dimensions.
Il existe en effet de très-grandes variations dans les dimensions des pots : c’est la une des faces qui se sontle plus modifiées depuis environ un demi-siècle dans la pratique des verreries. On ne se servait autrefois que de pots de dimension très-restreinte ; 150 & 200 kilogrammes de verre fondu, a la densite de 2,5, etaient con- sidérés, il y a soixante ans, coniine une contenanco assez ordi¬naire. Les grands pots de glaceries qui servaient 5.1’alimentation des cuvettes ne contenaient guère que 300 a 400 kilogrammes de verre.
Cette contenance de 400 kilogrammes de verre fondu estconsi- dérée aujourd’hui en Franco et en Belgique comme une moyenne póur les pots de verre & vitres et de gobeletterie. Les verreries alle- mandes ont conserve leurs pots de petites dimensions, qui ne con- tienUent guère que 75 a 100 kilogrammes de verre pour les go- beletteries, et 125 a 150 kilogrammes pour les verres è vitres et bouteilles.
Les verreries anglaises, au contraire, ont beaucoup augmenté les dimensions de leurs pots; il en est qui contiennent plus de 2500 kilogrammes de verre >fondu; des eontenances de 15 a 1 800 kilogrammes sont assez ordinaires pour lé verre a vitres.
Nous ne pouvons guère disculer ïci les avantages et desavan- tages précis de ces deux modes de fabrication; Uous y reviendrons quand nous traiterons les prix de revient; disons seulement qu’a tous les points de vue, les pots de la contenance de 400 a 500 kilo¬grammes sont un progrès évident sur les pots de 75 è 125 kilo¬grammes des verreriés de Bohème et des anciennes verreries fran- gaises, n’ayant que des fours dé fusion de petites dimensions, dans lesquels il y a proportiönnellémeht plus de déperdilion de chaleur,, et emploi d’üné plus grande quantité de combustible pour prodüire une quantifé donnée de verre. Il y a done, en prin¬cipe, avantage évident a augmenter les dimensions de§ fours et celles des pots.
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Cclto augmentation a une limito toutefois; celle dn maniement facile des creusets, qu’il faut transporter dans le four, aprés les avoir préalablement portés è Ia chaleur rouge blanc dans un four préparatoire. II me semble que les Anglais sont arivés cette li- niite, s’ilsnel’ont pas dépassée. Ils ont élé guides par plusieurs considérations : 1° le verre, une fois fondu, se conserve plus pur dans un grand pot que dans un petit; 2° le même nombre dJou- vriers fondeurs est employé pour un four a huit pots de 500 ki-logrammes que pour un four è. huit pots de 1200 kilogrammes; 3° la quantilé de combustible employée n’est pas clans la propor¬tion de 12 a 5. La perte est fort considérable, a la vérité, Iors- qu’un semblable pot vient a se briser. Co sont ces différentes considérations qu’il faut peser pour se déterminer dans la fixation des dimensions des pots et des fours.
Jusqu’ici nous n’avons parlé que des pols ouverts. II y a une autre sorte de pots employés pour la fonte du cristal dans les fours cliauffés a la houille, ce sont les pots couverts, sortes de cornues a col gros et court (fig. 7 et 8). Ce col ou embouchure est tourné vers Youvreau du four, et c’est par ce col qu’on
enfourne dans le creuset la composition, qui so trouve ainsi a 1’abri de la fumée et des par¬odies de houille entrainées par le courant de la combustion, ét dont 1’influence décompose- raitToxyde de plomb employé dans le cristal.
Quand on a enfourne le mélange dans le pot, on marge 1’entrée avec une tuilette et de l’ar- gile humide, pour que la chaleur soit concen- trée dans 1’intérieur du creuset, et quand Ia fonte est terminée, on débouche cette entree par laquelle 1’ouvrier cueille le verre. Ce sont les Anglais qui ont les premiers employé cette sorte de pots, comme ils avaient été les pre¬miers a se seryir.de houille poür la fonte des
verrês blancs. Ils ont vu qu’ils ne pouvaient pas, en raison des influences colorantes de ce combustible, obtenir du verre aussi blanc que celui fabriqué dans les fours chauffés par le bois. Ils
imaginerent de couvrir leurs pots d’pne Calotte hémisphërique ayant une ouverture du cöté de Pouyi’eau, il en résulta nattirel- lement que Vintérieur du pot ne put atteindre, une temperature
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aussi élevée. Il fallut employer une plus forte proportion d’al- cali; le verre y perdit en qualité. C’est alors qu’ils introduisirent Poxyde de plomb dans leur composition, et depuis lors les Anglais n’ont pas fabriqué d’autre gobeletterie que celle dans la compo¬sition de laquelle entre 1’oxyde de plomb, et a laquelle nous don- iions exclusivement le nom de crislal.
Les pots couverts sont presque toujours ronds, c’est-a-dire que leur coupe horizontale est un eerde; ils sont, du reste, comme les pots ouverls, d’un diamètre moindre au fond qu’au niveau du verre. Leur épaisseur est dans les mêmes proportions que celle des pots ouverts, et leur contenance est en general entre 500 et 800 kilogrammes.
Anncaiix flotteurs,—Nous devons parlor ici des anneaux flot- teurs, qui ont été un perfectionnement très-grand dans 1’art de la verrerie, et que nous devons a 1’Allemagne. Ils ont été introduits dans 1’usage des verreries frangaises et beiges il y a environ trente ans, et ont été peu de temps après adoptés en Angletcrre. Ces anneaux sont de la même matière que le creuset, d’uno densilé, par conséquent, un peu moindre que celle du verre; ils sont d’un diamètre moindre que le diamètre intérieur du fond du pot, d’une largeur de 5 a 6 centimetres et d’une hauteur de 6 a 8 ceutimètres. Ces flotteurs restent au fond du pot lant que le verre n’est pas fondu, mais, aussitöt que le verre est devenu li- quidëj le fïotleur monte a la surface du verre, et, en raison de la dilïérènce de densité, sa surface supérieure dépasse un peu celle du verre.
Le diamètre extérieur du flotteur étant moindre que celui du fond intérieur du pot, il en résulte que quand ce flotteur se trouve sur la surface du verre, il est entouré extérieurement d’une cou- ronne de verre : ce flotteur isole done en quelque sorte le verre qui se trouve au centre du creuset de celui qui se trouve contre les parois, lequel, pendant le travail, se trouve toujours plus re- froidi que celui qui est au centre. C’est surtout le verre touchant a la paroi du cöté de 1’ouvrëau qui est le plus refroidi, et qui, dans les pots ordinaires, se trouvant attiré vers le centre lors de 1’opé- ration du cueillage, occasionne un mélange de deux verres de température inégale qui produit des filandres, des ondes, contre lesquels Ie verrier ne se garantissait autrefois qu’en rehouvelant souvent Topération dYcraner, ce qui est une perte de verre.
moyen du flotteur, le verre que cüeille 1’öüvrier dans Ie cêntrö de I’anneau ne se trouve remplacé que par du verre du centre, puisque celui des bords est arrêté par le flotteur. Le vérre Se inainlient done cl une temperature égale dans 1’intérieur de 1’an- ncau flotteur; 1’ouvriern’est pas obligé d’écrémer, du moinsil 1’est bcaucoup plus rarement; et cét efiet est tellement marqué, que ceux des ouvriers qui sont le moins disposés & adopter un per- feetionnement, et malheureusement il y en a trop de ce genre, no inanquent pas de réclamer un nouveau flotteur quand celui de leur pot est ou trop usé ou cassé. Ces flotteurs s’usent en plus forte proportion que les parois du creuset, paree que les élé- ments de la composition agissent ét les corrodent sur toutes les faces pendant la fonte; aussi, malgré les dimensions que nous avons indiquées, se trouvent-ils au bout d’un mois tellernent anrincis, qu’on est obligé de les remplacer.
Nous allons a présent ëxposer ce qui est relatif & la composi¬tion et a Ia. confection des pots.
Composition des pots.—De tousles niétaux conriüs ou au moins en usage, le pïatine est le seul qui eut pu supporter le feu des verreries, et ne pas être attaqué par les compösants du verre. Mais son prix énorme a du le faire exclure des verreries et Pon a du employer 1’argilc, qui est infusible au feu des Verreries et sur laquelle la composition du verre n’agit que faibloinent; Pour rem- plir ces conditions, 1’argile doit être pure, c’est-a-dire ne se com¬poser que de silice et d’alumine, ou du möiris ne conteriir que des proportions insignifianles d’aulres matièrès. On cori$oit, en êflët, qu’avcc üne faible proportion d’oxydo de fer, de chaux, 1’argile deviendrait fusible, et ne répondrait pas au but qu’on se propose. Enfin, les argiles les plus propres a la confection des creusets sont celles dans lesquelles 1’alümine entre ëh plus.forte proportion, paree qu’elles ont plus de liant, plus de ténacité que les argiles contenant une faible proportion d’alumine.
La France possède d’excellêrites argiles propres è la fabrication des pols, en têle desquelles nous citerons les argiles de Forges- les-Eaux. La Belgique a les argiles dé Iïuy, prés dé Naniur; 1’Al - lemagne, les argiles de Kligenberg, dans la Bavièro rhénane, de Moravie et de Pilsen, en Bohème. Enfin, 1’Angleterre possède d’excellentes argiles dans les environs de Stourbridge, dans le
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en particulier, paree quo, dans la même localité, il y a quelques differences de composition; mais on peut regarder les proportions suivantes comme une moyenne des bonnes argiles :
Cette composition d’argile suppose qu’elle a été, après son ex¬traction, séchée pendant plusieurs mois sous des hangars, car, quand elle sort de la carrière, la proportion d’eau s’élève quel- quefois au dela do 15 pour 100.
Dans le cas que nous citons, 1’aluraine et la silice sont dans la proportion de 30,5 è 69,5; ily a des argiles dans lesquelles ces proportions sont de 45 a 55, d’autres de 25 a 75. Ces argiles sont généralement d’un gris ardoisé resultant des matières organiques qu’elles contiennent; aussi, quand elles ont ©té exposées a un feu violent, elles deviennent blanches. Si la torréfaction les rend rouges, cela annonce la presence dune trop forte proportion de fer et doit les faire rejeter de l’usage des pots.
Les argiles propres a la fabrication des pots sont onetueuses au toucher; elles happen! a la langue, et si a ces deux qualités se joint cette circonstance de devenir blanches après avoir été ex¬posées è un feu violent, ily a présomption, sans avoir a faire une analyse exacte, qu’elle produiront de bons creusets. Loysel, dans son Essai sur l'art de la verrerie, s’est très-longuement étendu sur les essais des argiles relativement a leur composition, leur qualité réfractaire, leur ductilité, ténacité, etc. Quelque dis¬posé que je sois a asseoir toutes les operations de la verrerie sur des bases rationnelles et scientifiques, je pense qu’un verrier devra se borner a une simple analyse chimique, et, d’après les qualités apparentes de 1’argile, il pourra juger s’il y a lieu d’es- sayer un grand pot, qui sera la vérilable expérience concluante.
Mais dans les meilleures argiles on rencontre des veines sablon- neuses et des veines pyriteuses qu’il faut soigneusement extraire.
La première préparation a faire subir aux argiles est done de les casser en morceaux de 100 a 150 grammes, et de racier avec un couteau les parties qui ne paraissent pas pures, qui sont rudes au toucher. L’argile est alors propre a la confection des pots. Cette argile toutefois ne peut être employee seule dans 1’état oii elle est extraite de la carrière. La propriété de l’argile de dimi- uuer de volume quand elle est exposée au feu ne peut permetlre de confectionner des pots avec 1’argile telle qu’elle est extraite de la carrière. Le retrait considerable que le feu fait subir a 1’argile, et qui est le résultat de Peau qu’elle retient avec une grande té- nacité, étant naturellement plus fort sur la partie solide du fond du pot que sur les parois, occasionnerait leur separation, c’est- a-dlre la rupture du pot. Il faut done mélanger cette argile avec une autre substance qui soit douée des mêmes propriétés et qui inodifie ce retrait. Cette substance n’est autre chose que la même argile ayant préalahlement subi la même température a laqnelle devra être soumise le creuset. A eet effet, on remplit un four semblable a ceux dans lesquels on attrempe les pots, de ces petits fragments d’argile qui ont été nettoyés.pour en extraire les por-tions sablonneuses ou pyriteuses, et on porte ce four au rouge blanc pendant un temps assez long pour que cette température pónètre complétement ces fragments. II est des maltres de ver- rerie qui, au lieu de mettre cette terre a. même dans le four, ou elle est exposée aux cendres, préfèrent mettre l’argile dans des pots grossiers que 1’on range dans Parche et d’oü on retire la terre plus propre que dansle premier cas. C’est cette terre brulée qui, pilée et tamisée, sert de ciment pour mêler avec Pargile crue ; ce ciment donne de la consistarice au mélange, en ouvre pour ainsi dire les pores, et permet ainsi 1’évaporation de 1’eau pendant la dessiccation et 1’attrempage. Plus on met de ciment, plus la dessiccation est rendue facile, moinsle pot est fragile pen-dant Patlrempage : mais, d’aulre part, plus on met de ciment, plus le pot est poreux, moins il est tenace et plus il a de facilité a être attaqué par les matières qui entrent dans la composition du verre. De même aussi, plus le grain du ciment est gros, plus ïo desséchement est facile, mais le pot en est plus poreux et moins
tenace. Il y a done a tenir compte de ces considérations diverses. Quant è la grosseur du grain, je cröisque ce qu’il y a de plus convenable est de passer la terre a un tamis de lailon de 80 a 90 fds au décimetre. Pour la quantilé de ciment, ell&est relative a la richesse de la terre en alumine : pour une argile semblable a cells dont j’ai indiqué la composition, je conseillcrais parties égales on volume de terre crue et de ciment; pour une terre plus riche en alumine, c’est-a-dire plus grasse, je conseillerais d’aug- menter Ia döse de cimént. Les terres du Staffordshire sont génó- ralement un peu plus maigres, et il y a dés verriers anglais qui emploient jusqu’a trois quarts de terre grasse sur tin quart de terre brülée ou ciment. On eongoit, d’après ce que nous avons dit, que plus un pot est force en terre crue, plus les précautions doivent être graudes pendant 1’attrempage, suftout quand il s’agit de pots très- völumineux.
II y a en France tine argile qui est très-pure, c’est-a-dire ne coutenant guère que de la silice et de 1’alumine (1’argile de Mon-tereau), mais dans laquelle la proportion de 1’alumine est plus faible que celles que j’ai indiquées, el, sans doute a caüse dc cette faible proportion d’alumine, on n’est jamais parvenu avec cette argile a faire des pots de verrerië très-salisfaisants. Cette argile cuit très-blane, et, toutefois, en mettant móme une assez faible proportion de ciment, ces pots ne résistent pas longtemps, ils n’ónt pas assez de téfiacité. Remarquons én móme temps que Cette argile de Montereau contient moins dé matières organiques que les argiles que nous avons citées: cette circonstanee n’aurait- elle pas quelque influence sur Faction des terres ? II est certain que lés argiles grises-n oir Aires önt plus de liant, sont plus duc- tiles que les autres, et quand elles sont è 1’état de pAte, cette paté est plus longue, sè prête mieux a la fagon qü’on vent lui douner. 11 paraitrait que ces matières organiques ont tine influence a eet égard; et on areconnu en outre que si on laissè 1’argile divisée, ou encore le mélange d’argile, dé ciment et d’eaü sous un han¬gar, óu même encore dans des caves pendant longtemps, de manière a produire une fermentation, a pourrir ce riiélange, il acqüiertdes qualités ductiles beaucoup plus grandes. Les Chinois, qui sont de grands maitres en fait de polerie, font pourrir lours mélanges : la richèssê d’un fabricant de porcelaine consiste a avoir de grands approvisionnements de mélanges putréfiés.
Én employantdes mélanges ainsi putréfiés, on peut augmênter la quantité de ciment, tout en coiiservant une grande ductililë A la pAté, et fabriquarit ainsi des pots plus tenaces. Cette fermen¬tation a-t-elle pour résullat d’unir plus intimement la silice et 1’alumine ? Je tie puis exactement le définir, mais j’affirine le feit, ct quoique peu de mattres dö verrerie aient mis è profit jusquu présent eelte propriété dans la confection des pots, elle est nóan- moins reconnüé; ce n’est point une allégation de la nature de celles des anciens empiriques qui, bien examinées, souvent ne Se confirmaient pas. Cette propriété a d’ailleurs été miso a profit par plusieurs verriers, qui entretiennent constamment un petit approvisionnement de mélange d’argile et de cimeht que 1’on rcinué de temps en temps et qui est a 1’état de terre pourric, avec lequel on répare les siéges ou autres parties du four de . fusion, et tandis que de la terrè nouvellemént préparée n’adhère pas, tombe en presqüe totalilé peu d’instants après avoir été intro- duite dans les cavilés que 1’on veut boucher, le mélange pütréfië, au contraire, beaucoup plus tenace, résiste au feu, et garnit, sanS se désagréger, les endroits ou on 1’a posé.
Les fragments de vieux pots peuvent aussi êlre employés comme ciment, mais ces fragments, avant d’être bocardés, doivent être soumis a une operation préalable, qui consiste a détacher au mar- ' tcau toutes les portions extérieures et intérieures vitrifiées, et qui iutroduiraient un élément fusible dans les mélanges pour pots. Mais comme on a besom* d’autre part, d’unè grande quantitó de ciment pour les briqucs de four dont nous parlerons ci-après, et que les dóbris de vieux pols seraient loin de suffire pour les pots et briques, on metrarement plus de moitié du ciment des pots en dóbris de pots, et bien des verriers n’en emploient même pas du lout dans les pots, pour lesquels ils ne se servent que de la terre neuve brülée.
Le broyage des lerres et du ciment se fait sous des méules ou au moyen de bocards, mus par manége, machine a vapeur ou roue hydraulique, qu’il 11’entre pas dans noire plan de décrire. Quand la terre est tarnisée et le ciment passé aüssi A un lamis de 80 a 90 fils au décimètre, on fait un mélange dans les proportions que nous avons indiquées, auquel on ajoute la quantité d’eau néces¬saire pour former une pate assez consistante. Loysel, que noüs avons déja cité, dohne, pour recönnaltre le degréde dureté conve¬nable, üne méthode qui consiste & laisser tomber une balie de plomb d’uhe certaine haütèur, et qui doit s’enfoncer d’une cer- taine quantité. Mais tous les potiers n’emploient pas leur terre au mêmó degré de consistance, qu’ils appréciént a Toeil et au toucher, et savént, d’ailleurs, le nombre de imesures d’eau qu?ils doivent
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ajouter ill un nombre donné de mesures d’argile et de ciment pour produire la consistence a laquello ils ont 1’habitude de travailler leur terre. 11 y a des ineonvénienls dans les deux extrêmes; si la terre est trop détrempée, le pot se déforme a mesure qu’on en monte les parois; si, au contraire, elle a trop de fermete, 1’ouvrier n’a pas assez de force pour lier les parties, il se forme des cham- bres d’air qui font éclater le pot pendant 1’altrempago. Avant de procéder a la confection du pot, la terre crue et le ciment doivent avoir été d’abord mélanges d’une manière bien intime. Dans quol- ques verreries, celte operation se faitmécaniquement, commedans les fabriques de poteries a porcelaines, et dans un appareil consis¬tent en un vaste cuvier ayant un axe vertical central garni de couteaux inclines, qui opère avec une grande perfection les mé¬langes. Les terres, dans cet appareil, sont coupées en tous sens et pressées par ces couteaux vers un orifice inférieur par lequel elles sortent bien mélangées, surlout si on les soumet plusieurs fois a la même operation. Ce procédé n’a peul-être qu’un inconvenient, celui d’exiger unc addition d’eau plus grande qu’on n’en emploie ordinairement, ce qui. nécessileraitune certaine des- siccation avant d’employer la pate.
Gónéralement les, verriers de France, de Belgique, d’Allemagne et même d’Angleterre, font marcher le mélange de terre et de ciment dans une grande caisse ou maie d’environ 2 a 3 mètres on plus de long sur lm,40 è 2 mètres de large, a rebords de 30 a 40 centimètres de hauteur. L’ouvrier mar- cheur commence par mêler avec une spatnle 1’ar- gile crue et le ciment seul, puis peu a peu il mouille, et quand il a ajonlé la quantité d’eau nécessaire, il forme du tout un bloc régulier oc¬cupant la moitié environ de la maie. Alors il enlre piedsnus, et piétine le mélange a partir del’extre- mité de la maie, la face tournee vers la par lie vide, allant de droile a gauche ou réciproquement \ puis, quand il arrive conlre la paroi de droite ou de gaucho, avanganfc d’une longueur de demi-semelle, il recommence le même piétinement transversal en sens inverse. Quand il est parvenu ainsi è 1’extré- mitó de sa motte, il tranche verlicalement cette motte avec sa
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spatule en bois (fig. 9) par petiles parties de la largeur de sa spa-tule, dont la palette a environ 12 centimetres sur 35 a 40, enlève chaque portion avec la spatule, et place toutes ces sections a plat du cöté oppose de la maie, de manière è ce que toute la motte occupe la parlie qui était vide, et que les couches qui étaient ver- ticales deviennent horizontales, puis il recommence a marcher en parfant de l’exlremite opposée. 11 fait celte manoeuvre cinq ou six fois, après lesquellcs le mélange se trouve suffisamment in- liine pour servir a la confection des pots.
Les pots se font a la main, dans des moules ou saus moule. On a essayé de les faire par un moyen mécanique avec une presse, maisjusqu’a présent les essais n’ont pas été satisfaisants. La pres- sion n’était pas exercée d’une manière égale sur toutes les portions du pot; il y avait de fair renfermé dans la substance du pot. La question mécanique de la confection des pots n’est done pas encore aujourd’hui résolue, et nous ne parlerons que des pots faits a la main avec moule ou sans moule.
Les pots faits dans un moule doivent avoir naturellement une régularité plus absolue; Le moule sert de point d’appuï pour presser el faire adhérer ensemble avec plus de force, au moyen de la batte, les portions de terre que pose successivement le polier, qui peut ainsi employer sa terre plus ferme. On eongoit du reste, aussi, qu’ilsoit plus facile de former en peu de temps un ouvrier polier qui a dans son moule un guide infaillible pour ses dimen-sions. Mais, d’autre part, j’ai vu les meilleurs potiers préférer monter leurs pots sans moule, prétendant qu’ils jugent mieux ainsi extérieurement et intérieurement la perfection de leur tra¬vail. II serail d’ailleurs impossible de faire dans un moule un pot de dimensions un peu considerables en hauteur : 1’ouvrier ne pourrait pas aller poser les premières assises inférieures. Quelle que soit la méthode que 1’on adopte, les precautions a prendre consistent è lier aussi intimement que possible toute la terre qui forme le pot, pour qu’il n’y ait aucune disjunction pendant la dessiceation, et a n’emprisonner aucune portion d’air dont Pexpan- sion, quand le pot serait exposé a la chaleur, le ferait óclater. Nous allons décrire d’abord la méthode au moyen du moule. S’il s’agit d’un pot rond, ce moule est une sorte do cuvier sans fond (fig. 10), composé de fortes douves en chêne s’ouvrant en trois parties égales, que 1’on assemble au moyen de clavetles
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qui entrent dans des nnneauxjtermjnant des bandes de fer qui relient les douves du haut et du bas. Ces bandes de fer dóivent être assez fortes pour ne pas permetlre au moule de so déformer. On les rem place quelquefois par des courbes en bois, dontIa coupe est un carré de 6 a 7 centimètres, ayant aux extrémités des pattes en fer trouées dans lesquelles entrent les clavettes, On pour- rait, a la rigueur, faire ce moule rond en
deux parties seulement, mais Irois parties se séparent plus aisément du pot terminé quand on öte les clavettes. Pouréviter que la terre humide n’adhère aux parois du moule, on revêt ce dernier d’une toile clouée du haut et du bas sur les bords de chaque compartiment.
La terre ayant été convenablement marchée, le marcheur la divise en paslons, qui sont des petits rouleaux d’environ 12 a 15 centimetres de longueur sur 3 a 4 de diamètre, et les ap- porte au maltre potier; celui - ci commence par faire son fond de pot, sur un fonccau qui n’est autre chose qu’un plateau carré ou rond, d’un diamètre de 20 centimetres environ plus grand que le fond du pot, traversé en dessous par deux barros de bois qui serveut a le porter et è porter le pot quand il est ter-miné. Au lieu de plateau en bois, on peut prendre une ardoise épaisse d’environ 3 centimetres, qui adhere moins au pot quo le bois, ou bien on ap¬plique sur le plateau en bois une feuille de zinc. Pour faire son fond de pot, le potier jelte avec force des moitiés de paston sur le fonccau, lès liant en¬semble en les étirant fortement avec 1’exlrémitó des doigts. II en forme ainsi une espèee de tourteau rond, plus élevé au centre qu’aux bords, ayant plus que le volume du fond du pot qu’il döit faire et qu’il bat ensuite perpendiculairement avec une batte cylin- driquea long manche (fig, 11), au moyen de laquelle jl donne a sa terre la forme d’un cylindre aplati d’un diamètre seulement un peu moindre que celui de
Fig- H, 1’intérieur de son moulo, Ayant ainsi ni velé avec la batte lo dessus de Ia terre, il enlève avec son aide le fonceau et
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[image 11]
Je reuverse sul* un autre fonceau dont lo dessus a étó préala- blement recouvert de grenaille de ciment passée a un tamis a maille double de celui du mélange pour pots, et ceïa dans le bul quo le fond du pot n’adhèro pas sur son fonceau et ne soit pas gêné dans son retrait lors de la dessiccation, Le fond de pot ayant ainsi été transbordé sur son fonceau délinilif, le polier place son moule sur ce fonceau, la ierre se trouvant alors a une faiblo distance des bords inférieurs du moule. L’ou- vrier bat alors ce fond avec sa batte, de manière non-seule- ment a joindre le moule, mais a se relever coritre les parots, et forme ainsi le jable de son pot. Quand il présume qu’il a fait refluer sur les parois suftisamment de terre pour que le fond n’ait plus que l’épaisseur voulue, ce dont, d’ailleurS, il peut s’assurer en mesurant 1’intervalle entre le dessus du fond et le bord supérieur, il commence a monter a la main les par- rois de son pot, et pour cela il commence par étirer horizon- lalernent le bord de la terre vers le moule, de manière a la metlre en chanffein; puis il prend un pasion de la main droite, en applique Vextrémité Sur le cbanfrein de la terre déjè posée, et relie successivement toute la longueur de son paston en le pres¬sant avec la première phalange de 1’index. 11 continue de même, en reculant constamment autour de son moule, étirant souvent la terre avec l’extrémité des doigls, eroisant les joints des pastons, et battant de temps en temps horizontalement avec une batte courbe garnie aussi de toile (fig. 12), au moyen de laquelle il régie 1’épais- seur de la paroi. II peut vérifier, au moyen de
cette batte, s’il a e.mprisonné de 1’air en posant sos pastons, car s’il y a une chambre d’air, même Irès-petite, lorsqu’il bat fortement a Vendroit oii elle se trouve, 1’air, comprimé par ce choCj réagit par son élasticité, et on voit, après le coup de la batte, surgir une petite bosse indicative, quel’ou- vrier ouvre avec l’extrómité de son doigt jusqu’a ce quil rencontre la cavité dans laquelle il ros- soude de la terre. L’ouvrier a plusieurs régies en bois quï lui servant de guides pourses épaisseürs aux différentes hauteurs. Il arrive ainsi a 1’estré- mité supérieure de son moule, et Ie pot est ter- miné. II ne reste plus qu’a le polir intérieurement, ce qu'il fait
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au moyen d’un polissoir (fig. 13) en bois, terminé en biseau ar- rondi par une extrémitó, avec lequel 1’ouyrier frotte horizontalement la surface inférieure, de ma¬nière a faire disparaitre toutes les inégalités. Cette opération n’est pas a négliger, car mieux le pot sera poli, moins il sera attaqué par la premiere fonte de Verre qu’ou y fera. Lorsque le potier a terminé son pot, il öte les clavetles et sépare les trois par¬ties du moule de son pot. — Le pot ovale se fait de
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la même manière, seulement le moule se divise en quatre parties. Le potier qui n’emploie pas de moule fait son fond de la même manière, le transporte de même du premier fonceau sur le fon- ceau définitif, bat verticalement ce fond pour y prendre son jable tout alentour, puis monte son tour de pot avec des pastons disposes de la même manière qüe pour le pot moülé; mais, au lieu d’ap- puyercontre le moule, il soutient avec la main gauche la terre déja posée, contre laquelle il appuie son paston avec la main droite. Pour celte méthode, il a besoin de se référer plus souvent a des mesures indicatives de ses diamètre et épaisseur, et il a besoin aussi d’un fil a plomb pour vérifier l’accroissement régulier du diamètre.—La terre s’emploie généralement un peu plus molle quand on ne se sert pas de moule; aussi le potier monte-t-il deux ou trois pots simultanément pour leur permeltre de prendre un peu de consistance. Ainsi, après avoir monté son pot è peu prés au tiers, il recouvre la partie supérieure d’un linge mouillé pour que ce bord ne soit pas seehó quand il en continuera Poeuvre; puis il commence un deuxième pot, quelquefois un troisième, ayant töujours soin de recouvrir d’un linge humide cliaque pot qu’il interrompt. Aü bout de vingt-quatre heures, il peut revenir au premier pot commencé, qu’il conduira aux deux tiers, ou qu’il terminera, suivant ses dimensions, et ainsi dé suite des autres.
S’il s’agit de pot couvert pour cristal, le potier pourra égale- ment le faire sans moule ou aveG moule jusqu’a la hauteur de la naissancë du dome, le laissera repóser vingt-quatre heures, puis commence rason dome en opérant cömme pour un pot monté sans moule. Ce dême devra être fait sans préoccupatiou de 1’ouver- - ture ou gueule du pot, c’est-a-dire qu’il fera un dême plein, et en lui laissant prendre la consistance suffisante pourse soutenir sans s’affaisser.
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Le pot a done d’abord la forme fig. 14. Alors le potier|ouvre avec un couteau pointu une ouverture (fig.'15) do la grandeur
qu’il veut donner 4 sa gueule, et a la hauteur, qui doit être le niveau supérieurdu cristal fondu. Sur cette partie, il construct sa gueule (fig. 16) en petits pastons, rapportés de manière a former intérieurement une feuillure sur laquelle devra venir s’appuyer la tuilette ou couvercle de pot. Quelques potiers ont 1’habitude do faire une gueule a part et de venir 1’appliquer contre la partie cde en la soudant avec des pastons et soutenant le dessous de cette gueule avec un support en bois; je préfère de beaucoup les gueules construites sur le pot meme, qui y sont plus intimement
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Nous avons parlé précédemment des flotteurs et de leur impor-tant usage. On n’a pas manque d’en adopter 1’emploi dans les pols è cristal, et, pour eela, on a commence a y introduire par la gueule deux demi-anneaux que 1’on disposait ensuite, lorsque 1c verre était fondu, de manière a ce que les deux points d’assem- blage se trouvassent sur les cötés; rnais par le mouvement du cuciilage, ces deux parties se disjoignaient souvent, et il n’en résultait qu’un assez mauvais service. Depnis on les a faits d’une seule piece comme pour les pots ouverts, mais alors on les a introduits dans le pot avaut de monter 1c dome, seulement on a la precaution de les poser sur trois petites cales en bois qui les préservent du contact du pot frais avec lequel ils feraient corps.
Scchage. <— Les pots ayant été fabriqués avec tous les soins que nous avons indiqüés, il y a encore bien des precautions & prendre jusqu’au moment ou ils seronl places dans le four, aptes a recevoir la matière a vitrifier. Ils doivent être d’abord séches lentement, et plus ou moins lentement suivant leur épaisseur: un pot couvert exige une plus lente dessiccation qu’un pot ouvert, un pot de 8 centiinètres d’épaisseur au bord ct 14 centimetres d’épaisseur au fond demande un lemps au moins deux fois plus long qu’un pot de 3 a 4 centimetres de bord.
La température des chambres è pot doit done être observée avec beaucoup de soin, et maintenue aussi égale que possible; elle ne doit pas être trop ólevée au moment oü le pot vient d’etre fait, car les surfaces extérieures seraient saisies, sécliées trop rapidement, et ne permettraient pas aux parties intérieures de se ressuyer. Quelques maitres de verreries sont dans 1’usage d’a¬voir des chambres dans lesquelles, au moven de calorifèrcs, its graduent la température depuis 20 degrés centigrades pour le lieu oü on fabrique les pots, jusqu’a 35 degrés et même 40 de¬grés oü on amène. peu a peu les pols sur les fonceaux sur les-quels ils out été faits, et ils ne quitteut cette température de 40 degrés, que pour passer dans 1’arclie d’attrempage. Cette mé¬thode a pour but de bater un peu le moment de 1’emploi du pot, on peut ainsi gagner quelques semaines; mais je pense que la meilleure méthode, paree qu’elle est aussi la plus facile, la moins sujette it accident, consisle a entretenir une température égale de 20 degrés centigrades dans toules les chambres 5 pols. On peut ainsi ne pas déplacer les pots jusqu’au moment oü on les emporte dans Farche d’attrempage,• et on peut d’ailleurs rem- placer 1’accélération resultant des 30, 35 et,40 degrés dansles chambres, par un plus long séjour dans 1’arche d’attrempage; si, par exemple, on chauffe un pot dans 1’arche habituellement pendant trois jours, iorsqu’il est agé de deux mois, on pourra, s’il n’est agé que de cinq semaiues et qu’on soit cependant dans la nécessité .de s’en servir, le mettre trois jours plus tót dans 1’arche
avec un feu très-doux. Un pot ouvert, de 3 a 4 centimetres d’é¬paisseur au bord, et de 7 a 9 centimètres au fond, doit, en gé- néral, n’être employé qu’après deux mois de fabrication, et il sera toujours mieux d’avoir un approvisionnement suffisarit pour ne 1’employer qu’au bout de trois a quatre mois. Mais dans un . moment d’urgence, on pourra 1’employer au bout de quatre 5 cinq semaines en redoublant de précaution au séchage et a 1’at- trempage. Un pot de 6 a 8 centimètres d’épaisseur au bord, de 12 a 15 au fond, devra rester trois a quatre mois dans la chambre a pots, et mieux encore cinq a six mois, mais pourra, avec un sureroil de précaution, être employé au bout de deux mois. Le retrait que subissent les pols pendant leur dessiccation depend beaucoup de la quantité de terre crue qui a élé employee. On peut l’évaluer en général du quinzième au yingtième, et on doit, en consequence, caïculer Ja dimension du naoule d’après la place que devra occuper le pot dans le four.
Attrcmpagc. —- Les pots, ayant óté convenablement séchés dans les chambres a pots, doivent encore, avant d’être mis dans le four, avoir élé amenés lentement & cette temperature du four dans une arehe a pots. Il y a presque autant d’arches & pots dif-férentes qu’il y a de verreries. Dans les anciennes verreries. les arches a pots attenaient au four de fusion, en sorte qu’elles étaient maintenues a une température déja élevée par rapport au pot qui y étaitapporté; pas suffisante, cependant, pour Ie faire casser. Mais, depuis un certain nombre d’années, on a générale-T * '
ment débarrassé les fours de fusion de toutes les arches access soires, arches de frittage, de recuisson et d'attrempage. ,Ces ar-hes d’attrempage sonfc done dans un des coins de la halle ou dans une loealité très-voisine. Il y a ordinairement, pour un four de fusion, deux arches a pots, dont 1’une peut contenir tous les pots du four ou au minimum Ie tout moins deux, et une autre arche plus petite contenant deux pots que I’on chauffe pour la mise totale des pots, ou quand on n’a qu’un ou deux pots a rem-placer. Nous allons donner Ia description de trois sortes d’arches a atlremper les pots, pouvant être chauffées soit avec la houille, soit avec du bois; dans ce dernier cas, on n’emploie que de gros morceaux, des souches au moyen desquelles il est plus facile de graduer la température sans coups de feu qui péuvent faire casser les pots.
Dans Farche a pots fig. 17, supposée pour deux pots, 1’aire dufour est placée au-dessus d’un foyer qui s’étend dans i toute la longueur de 1’arche, et dont la chaleur arrive dans Farche par trois lunettes, 1’une & 1’extrémité, les deux autres a droite et a gauche au milieu.
Les deux pots ayant été placés dans Farche, cliacün sur trois cales en terre cuite qui les tiennent de 10 a 15 centi-
Fig. 17.
metres au-dessus de Ia sole du four, on ferme 1’entrée do Farche au tnoyen de pièces en terre cuite, en un ou deux morceaux, su-perposés et éehancrés pour laisser passage è 1’excédant de la flamme qui ne s’échappe pas par la chemiuée placée au-dessus de 1’entrée. Si ondoit chauffer au bois, on met au fond du tisard des braises allumées, et on les renouvelle ainsi pendant plu¬sieurs heures, püis on met une ou deux souches qui brülcnt sur cette braisé. On entretient ainsi un feu de souches ou gros bois, non séché, pendant au moins douze heures, puis on augmente la quantité de bois, et quand, par un feu sans courant actif, on a porté la chaleur de Parche presque au rouge obscur vers les lu¬nettes, on met Ie bois sur la grille, en graduant la quantité et 1’intensité du feu, de manière a arriver lentement au rouge cerise, et enfin au rouge blanc. Le pot n*est bon a sortir de 1’arche, pour êlre porté au four, que lorsqu’il a été plusieurs heures rouge blanc én dessous du fond. On observera les mêmes précautions
si ott chauffe au charbon, c’est-a-dire qü’on mettra au fond du tisard, pendant plusieurs heures, des pelletées de charbon allumé, puis on y ajoutera de la houille crue en gaillettes; puis, quand on aura amené les lunettes aü rouge brun, on posera les barreaux sur les chenets, et on augmentera peu a peu 1’intensité du feu.
Dans 1’arche (fig. 18), le foyer est sur un descötés ; lö mur qui
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sépare le foyer des pots est élevé au moins jusqu’a la partie supé-rieure du pot. Mêmes précautions et observations que pour la'pré- cédente.
CREUSETS ET FOURS. 133
Dans 1’arche fig. 19, il y a deux lisards intérieurs dans lesquels on brule le charbon en gaillettes sans grille. Cette arche est fermée par une porte a deux vantaux dont le chassis est on forte fonte a compartiments garnis de briques; ces deux vantaux ont chacun une petite porte a charnières par laqüelle on fait entrer, au inoyen d’une pelle, les gaillettes pour les poser dans les tisards en tour és d’un mur a peu prés a la hauteur du pot. Ces tisards n’ont qu’un trou allant a 1’extérieur vers le fond poür dégager la cendre qui serail acc.umulée; au-dessus de la porte a vantaux, il y a trois lunettes par Jesquelles sortent la furaée et la flamme et au-dessus desquelles est la hotte de la cheminée.
Quelle que soit Farche qu’on adopte, elle doit être fortement armee d’au moins deux rnontanls de 8 a 10 centimetres en fonte sur chaque pied droit de la voute, reliés par des traverses en fer a quelques centimetres au-dessus de 1’extérieurde la Voüte. Des trois arches que je viens de décrire, je pense que l’arche fig. 19 est preferable et donne le plus de garanties, surtout s’il s’agit de pots d’un grand volume et d’une grande épaisseur.
Quand il s’agit de transporter les pots dans le four, ils dóivént etre a leur plus haute tempéralure, et celle du four, au contraire, doit avoir été abaissée. La grille doit en être bien margée, la fosse garnie de charbon, c’esta-dire qu’on aura dü faire une forte b/aise, afin qu’il n’y ait qu’une combustion morte, sans courant d’air, tant que les pots introduits dans le four ne se sont pas mis en équilibre complet de tempéralure avec ce four. Nous entre- rous dans plus de détails relativement a cette operation, pour chaque nature de produits; alors nous noüs mettrons dans la supposition d’une verrerie commengant ses opérations, construi- sant son four, chauffant celbur, puis les pots, et ainsi de suite; disons seulement ici que, quand on a sorti un pot de l’arche au moyen du chariot, il fUut refermer cette arche jusqu’a ce qu’on vienne reprendre un autre pot. Quand les pots qu’on doit mettre dans le four remplacent d’au tres pots hors de service, on retire
ces vieux pots avant de remettre le four en état de recevoir les nouveaux. II peut arriver parfois qu’un vieux pot brisé tombe dans la fosse .* alors on écarté les barreaux de la grille poür sortir lés fragments de ce pot; mais cette grille est toujours de dimension inférieure a célle des pots, on ne peut jdónc jamais y faire passer un vieux pot entier, et encore moins essayerait-on d’y
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faire passer un potneuf, en raison des precautions que nous ve- nons derecommander pour son introduction dans le four.
ANous n’avons parlé que des pots en usage dans les verreries, nous devons cependant mentionner quelques essais fails en yue do. perfectionnements qui n’ont toutefois pas élé réalisós : On a imagine d’adapter aux pots ouverts un plongeur, consistant en une sorte de gaine d’une section circu¬laire, dontune extrémité plonge dans le pot et 1’autre vient s’adapter a 1’ouvreau du four (fig. 20). L’auteur de ces plon¬geurs, M. Chamblant, avail des pots dc fonte el des pots de travail dans le même four; ón enfournait la composition dans les pots dé fonte par la gueule du plon-geur, et a mesure que le verre fondait il
prenait son niveau en dehors du plongeur. Le fondeur prenait ensuite le verre fondu en dehors du plongeur avec une pochc en fer et le trafiait ou trcjeta.it dans les pots de travail extérieure- ment au plongeur. De ces pots de travail il ne devait arriver è 1’intérieur de ce plongeur de travail que du verre épuré. Ces plongeurs avaient un grave inconvenient: étant plus légers que la matière du verre, ils tendaient a s’enlever, ce qui occasionnait contre 1’ouvreau une pression qui ébréchait lés bords du plongeur et faisait tomber les fragments dans le verre. M. Chamblant espé- rait ainsi obtenir un travail continu, mais il n’y est pas parvenu. On a essayé d’arriver au même but avec des pots qui par-ticipaiént dés pots ouverts et des pots couverts : c’étaient des pots cloisonnes dont la form o osl lig 21. On enfournait dans la
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t portie « et on travaillait le verre de la partie b par la gueule c. La cloison s’étendait d’un cótó a Pautre du pot jusqu’au fond,
...i sauf une solution de continüité de quelques centimetres au fond pour laisser passer le verre fondu. Nous dirons, dans la suite, jv les essais dc fabrication de bouteilles qui ont cté fails avec ces ; j pots par M. Morlot, 1'inventeur. On a dit que ces pots avaient été aussi essayés précédemment dans une verrerie en Prusse. Quoi qu’il eri soit, ces essais n’ont pas encore été suivis d’une
■ ; réussite complete.
? On a essayé aussi de suprimer les pols de verrerie; des brevets relalifs a ce mode de fusion ont cté pris a diverses époques, mais, comme cette suppression des creusets consiste dans un mode par- ticulier de construction du four, nous en parlerons a Partiele
: Four.
• Pour terminer ce qui est relatif aux pols, nous mentionne-rons deux sortes de reparations dont ils sont parfois suscep- tibles :
lu Lorsqu’il se manifeste sur le bord supérieur du pot un s. commencement de fente, on y met quelquefois une clef,. ou agrafe, qui peut empêcher que cette fente ne s’étende au del&. Cette clef (fig. 22) est mince et plate; elle a environ 15 centimetres de c en d. La partie ab est égale a 1’épaisseur supérieure du pot; la largeur de la clef est d’environ 5 a 6 centimetres^ son épais- seur de 15 millimetres. Cette clef est en terre ré-fractaire et cuite préalablement; on 1’applique sur le commencement de fente, la partie cd étant extérieure au pot.
2° Quand il se forme un écoulement du pot par un petit trou vers le jable, on tourne le pot fil faut que ce soit un pot rond) de tello sorle que co trou se trouve du cóté du logis (au-dessous de Pouvreau); on ouvre ce logis et on isole la partie du pol oü est ce trou de Pintérieur du four,- par deux pelits murs latéraux et un dessus en briques, puis on applique sur la plaie, du verre a bou-teilles qu’on a préalablement chauffé au bout d’un fer et dont on lait ainsi un emplatre. Ce verre & bouteilles se dévitrifie, devient plus dur et s’oppose a 1’écoulement du verre, en ayapt soin, d’ailleurs, de rafraicliir cette plaie en y projetant un peu d’eau quand on voit qü’elle reprend trop de chaleur. Jïais ce n’est la qu’un remède temporaire; on ne peut pas espérer qu’un pot chumbrè puisse durer longtemps, et il faufc pourvoir au plus tót a son remplacement.
Fours. — Après avoir ainsi exposé en détail les soins qui doi- vent être apportés dans la composition, la confection et Fattrem- page des pots, nous allons nous occuper des fours, dont 1’impor- tance n’est pas moins grande; car du four chauffant plus ou moins, dépend la dürée de la fonte, la quantité du fondant a me Ure dans Ia composition, la qualitó du verre, enfin la quantité de combustible employée et qui constitue une des principales dé- penses de Ia verrerie, quand elle n’est pas la plus forte.
Si 1’art de la verrerie a fait de grands progrès depuis un demi-, siècle, surtout en ce qui concèrne la composition du verre, on ne peut pas en dire autant des fours de fusion. On a seulement fait des fours plus grands, et en cela on a gagné de ne pas augmenter la consommation du combustible en proportion de la capacité des fours et pots; mais on est demeuré dans les mêmes données relativement aux dispositions générales; et on peut affirmer que la construction des fours n’est pas encore assise sur des bases rationnelles et scientifiques. Une transformation commence toute- fois a s’opérer par 1’emploi de fours a gaz que nous décrirons ci-après; mais, comme ils ne sont pas encore généralement adop- lés, nous devons mentionner d’abord ceux encore en usage et qui sont de deux sortes, c’est-a-dire les fours chauffés au bois et les fours chauffés a la houille. Nous nous occuperons d’abord des fours au bois, paree que ce sont ceux qui avaient été les plus anciennement employés, même les seuls employés jusqu’au mo¬ment oü les Anglais^ ces grands vulgarisateurs de la houille dans 1’industrie, commencèrent a la substituer au bois dans les verre¬ries, ce qui eut lieu vers le milieu du dix-septième siècle.
Les auteurs qui ont écrit le plus anciennement sur le verre ne nous ont donnó que des indications bien imparfailes relativement aux fours dont on faisait usage. Le moine Théophile (Theophili diversarium artium schedule), qui écrivait au douzième ou treizième siècle, décrit les fours en usage dans les verreries de verre a vitres, et quoique le texte ne soit pas accompagné de planches, un ver- rier comprendra assez aisómentsa description, qui se rapporte a peu prés a celle que donne Agricola (De re metallic",} environ trois siècles plus tard. Mais ici le texte est accompagné de gravures sur bois qui donnent une idéé très-nette de J’ótat de la verrerie a cette 1 époque : vous y trouvez le four a fritter, lo four de foute et de travail, le four a recuire. Et remarquons ici que ces fours durent
? pendant bien longtemps conserver les mêmes formes, car ceux ? qui écrivirent ensuite sur 1’art de la verrerie ne crurent pas pou- ï voir donner a leurs lecteurs une meilleure idee des fours de ver- s rerie et du mode de travail qu’en copiant fidélement les dessins d’AgricoIa. Vous les retrouvez trait pour trait, avec les mêmes ouvriers, les mêmes moules sur le sol de la halle de travail, les mêmes pots, dans Néri, Merret, Kunckel, dans YArt de la verrerie d’IIaudicquier de Blancourt. II resterait a savoir si ces auteurs, n’ëlant pas eux-mêmes très-familiers avec la réelle pratique des verreries, n’auraient pas jugé qu’ils n’avaient rien de mieux a faire que de seservir de planches toutes faites; nous avons vu. (failleurs eet exemple suivi de nos jours, et il en résulte que sauf les planches de YEncyclopédie in-folio ou de Y Encyclopédie par ordre de matières, il n’en existe dans aucun ouvrage qui donne des idéés exactes de la construction des fours de verreries.
Nous ne nous occuperons dans ce chapitre que des principes généraux qui s’appliquent a la construction des fours pour les di- vorsessortes de verres, nous réservant de donner des descriptions plus spéciales aux livres qui traitent de ces vorres.
Dans la construction d’un four, on doit avoir en vue de fondre la plus grande quantité de verre avec la moindre quantité de combustible ; on doit done disposer 1’intérieur du four de manière a avoir le moins possible d’espaee perdu, et cependant un espace suffisant pour que la combustion soit le plus vive et le plus com-plete possible.
Les pols doiverit avoir le bord supérieur très-près du raur d’ou- vreau, pour la facilité du cueillagc du verre et de 1’épuisement du creuset. Ges pots doivent être coniques, ainsi que nous 1’avons dója dit, pour que la chaleur puisse circuler entre eux •, leur di¬mension doit être telle, qu’ils remplissent, a quelques centimetres prés, l’espace qui leur a été. destiné. Si on leur donnait des dimen¬sions propres a remplir entièrement eet espace, il en résulterait souvent qu’un pot n’ayant pas pris dans Fattrempage tout le re- trait sur lequel on aurait comptó, ne pourrait pas entrer dans le four; si au contraire il restaït un trop grand espace entre les pots, la tendance qu’ils ont a s’ólargir sous la pression du'verre fondu les dilaterait outre mesure et amènerait leur rupture. Au bout de quelques fontes, quand des pots sont raisonnablement espaces do 2 a 3 centimetres, ils arrivent a être tangents Tun a 1’aulre du haut, et se soutiennent pour airisi dire les uns les autres. Ce con-, tact arrive d’ailleurs plus rapidement avec les pots ovales qu’avcc
les pols ronds. La forme de four la plus adoptée est la forme rec-tangulaire, la longueur n’ólant pas généralement de beaucoup su-périeure U la largeur. Cette largeur est réglée par la dimension des pots, étant ün peu plus de trois fois le diamètre du pot s’il esl rónd. et trois fois son grand diamètre s’il est ovale. Les pots sont placés sur une banquette ou siége qui règne dans toule la Ion-gueur du four sur une largeur è peu prés égale au diamètre su¬périeur du pot. Entre les deux siégesse trouvela fosse, dont la profondeur est a peu prés égale a la hauteur du pot. Cette fosse so prolonge de chaquc cöté sous le mur du carré du four süpporlc au-dessus de cette fosse par une petite voute ou tonnelle fermée a 1’extrémité par une pierre de la même composition que le four et qui est la pierre dé tisard, dans laquellesont entaillés, vers la parlie supérieure, un trou carré par lequel on entre les billettes dans le four, et, a la partie inférieure, un aulro trou en forme d’arche par lequel arrive Fair pour activer la combustion, et par lequel aussi on peut retirer, au moyén d’un rable, la braise qui encombrerait le fond de la tonnelle. Ce fond de tonnelle est garni d’une aulre pierre de composition, përcée d’un trou carré a environ 40 it 50 centimetres de la pierre de tisard, par lequel arrive le plus grand courant d’air nécessaire a la vive combustion et par lequel la billette, réduite en braise, tombe ou dans la cave, ou simple- ment sur le cendrier au niveau de la lialle.
Le four s’élève carrément jusqu’a la hauteur dti bord supérieur du pot, el a cette hauteur commence la naissance de la votite, qui quelquefois est dans le sens des tisards, quelquefois dans le sens des ouvreaux. La. flècbe de cette voute est généralement un peu supérieure seulement a la hauteur du pot. A chaque pot, corres¬pond un ouvreau dont les dimensions répondent a la nature du verre a trdvailler: si e’est un four de gobelelterie ou cristal, il y a deux ouvreaux pour chaque pot. Le bord inférieur de eet ouvreau doit être de 2 a 3 centimetres au-dessus du hord du pot. Si le bord du pot dépassait le bord de 1’ouvreau, ce serait autant de retran- ché sur Tusagede eet ouvreau, et ce bord du pot serait d’ailleurs nous venons d’indiquer aura quatre pots ronds de chaque cölé, ou cinq pol* ovales. Si on mettait cinq pots ronds sur chaque siége, on risquerait d’avoir un espace trop grand a chauffer d’une ma- nière suffisante au raoyen des deux tisards. Nous ne parlons pas jci des fours accessoires qui peuvent ötre joints au four principal et qui dependent de la nature du verre que Pon fabrique; nous ne parlons ici que du four de fusion.
On a fait aussi et on fait encore des fours ronds.'En principe^ celte forme est plus favorable, car l’inlérieur du four, étant circu¬laire etsurmonté d’une voute hémisphérique et un peuaplatie, se Irouve dans de meilleures conditions pour la reverberation égale de la chaleursur la surface do tous les pots ; dans ce cas, la ban¬quette des pots ou siége règne tout alentour, et se. trouve, des deux eötés des tisards, soutenue par les tonnelles. II fautdonc ou donner une profondeur plus grande a la fosse pour qu’il reste a la voute de la tonnelle une épaisseur suffisante pour porter les pols, ou bien élever le siége au-dessus des tonnelles, et mettre ainsi de chaque cólé un pot plus bas que les autres. Si on adopte ce plan de four, il est mieux que les pots soient disposés de manière que deux pots viennent se toucher au milieu de chaque tonnelle. Maïs ces fours ont un grand inconvenient, en ce que le verre qui coule sur le siége et qui occasionne déja des degradations assez graves sur les siéges pleins, arrive rapidement a mettre la tonnelle hors d’état de supporter les pots.
Nous donnons ci-après les plan, coupes et, elevation (Pun four carré chauiïé au bois d’après les données que nous avons indi- quées. Nous supposons les pols de 70 centimetres de haul, 80 cen- timètres de diamèlre. Les proportions entre les dimensions des pots, la profondeur, la largeur de la fosse, la hauteur de Ia voftte, ne sont pas le résullat de données scientifiques : je les donne comme une sorte de moyenne de ce que j’ai pratiqué ou vu prali- quer dans les établissements les plus recommandables, et, je le répète, il ne s’agit ici que de données générales sans application a une fabrication spéciale. *
La figure 23 est le plan du four.
La figure 24, la coupe du four par le milieu dans le sens des tisards.
La figure 25, la coupe par le milieu en travers, c’est-a-dire dans le sens des ouvreaux.
44*.
[image 23-25]
«,«, a, ,a, pots. bbbb, fosse.
c, c, c, c, plateaux de siége.
d, d, d, d, murs de siége. c, c, d, e, e, massifs de magonnerie. ff, tonnelle.
g,g>g,gi pierres de tisard ayant un trou su¬périeur de 10 sur 15 centimetres pour passer la billette, et un trou inférieur de 15 sur 15 centimetres pour passage de 1’air.
bghk, pierrede fond de tisard ayant un trou de 15 sur 15 centi- mètres pour passage de la braise.
hklm, een drier.
o, ouvreaux.
p, couronne de forme ellipsoïdale.
r, r,r, r, trous delogis pour surveiller le fond des pols.
Nous ne croyons pas utile de donner les plan, coupe et éléva-
tion d’un four rond & huit pots, nous redirons seulement que, dans cefour rond, les tonnelles qui onta supporter les pots et les détó- riorations qüi résultent du verre qui peut couler sur ces tonnelles servant de siéges, nécessitent les plus grands soins et une épais-
442
[image 26]
seur plus grande que dans les fours carrés, dont les tonnelles dan. 1’intérieur du four ne font qu’un avec les murs des bouts du four. Nous devons d’ailleurs abréger tout ce qui est relalif a des fours carrés ou ronds, et surtoul chauffés directement avec du bois, car ils n’auront bientót plus qu’un intórêt hisloriquo. Dabs le four rond, la nécessité de donner le plus de force possible a la vofde de la tonnelle, ne permet guère d’entrer les pots par Ie tisard, car Ia fosse en serait démesurément agrandie; dans ce cas done, on entre les pots a la hauteur du siége par des arcades correspondanl a chaque pot, ou bien, on réserve seulemenl une seule arcade de chaque cöté pour le service des pots. Si le pot a remplacer n’cst pas celui de 1’arcade réservée, on est obligo de sacritier cc pot, de 1’enlever d’abord,'puis faire passer par la même arcade Ie pol cassé, remplacer d’abord ce dernier, puis ensuite remplacerïe pót del’arcade. On peut quelquefois jeter a la fosse, après 1’avoir brisé, le pot qu’il s’agit de remplacer pour le retirer par le tisard, puis porter en sa place le pot de 1’arcade, et alors rnettre le pot neuf a la place de ce dernier. En ne réservant ainsi qu’une arcade de chaque cöté, on peut donner plus de soliditó au pourtour du four qui supporte la couronne.
Quelle que soit la formè de four adoptée, on ne doit pas négli- ger dele munir d’une forte armature composée de monlants en fer, ou simplement en fonte, d’un fort équarrissage, scellés du bas dans le sol, et se reliant du haut au moyen de traverses en fer.
Les fours chauffés a la houille ne différent pas beaucoup de ceux quo nous venons de décrire; seulement, lefond de la fosse, au lieu d’ótre plein, est occupé par une grille qui s’étend de chaque cöté jusqu’a moitié de la tonnelle. Comme il résulterait le plus souvent de cette disposition une grille trop longue, quand on a un four carré è quatre grands pots ou plus, on fait au milieu de la fosse un pont qu’on élève jusqu’aux deux tiers de la hauteur dusiége, de la largeur d’environ deux tiers d’un pot du has, venant en fuyant vers le haut, et contre lequel viennent s’appuyer des vdeux cötés les extrémités des deux grilles. Nous en donnons ci-après Vindication par. une coupe du four le long du milieu
de la fosse (fig. 27).
Lorsqu’on emploie les fours a houille, ils doivent être naturel- lement construits sur cave, amenant 1’air sous la grille. Cette cave
I doit pouvoir être fermée a volonté de fun'et de 1’autre cöté, pour S régler a volonté I’arrivage de l’air> suivant la direction des vents. I pious dirons aussi que la hauteur de la fosse, 1’espacement des bar-
[image 27]
j; reaux do la grille, dependent de la nature de la hoüille employee.
Les houilles grasses demandent des barreaux plus espaces, des
'j J
| fosses plus profondes : nous reviendrons sur ce sujet.
|ï Les fours que nous avons décrits peuvent s'appliquer pour les
fours a bois a toutes les fabrications de verre ou de cristal, et
I? *
3 pour les fours a charbon a toutes les fabrications de verre a pots
.'T-
J découverts. Quand on se sert de houille pour la fabrication du cristal, on est oblige de se servir de pots couverts, et alors ne
| pouvant plus entrer ces pots par les tisards a cause de leur dome,
5 on les entre & la hauteur du siége par des arcades, ainsi que nous
1 1’avons expliqué pour les fours ronds; en outre, pour concentrer
1 la chaleur sur les pots, il faut que la gueule fasse corps avec
l F arcade; a eet effet, on Louche avec de la terre a briques l’inter-
i , valle entre le pot et 1’arcade, et les produits de la combustion ne
1 1
• pouvant pas passer par les ouvreaux comme dans les fours a
! pots ouverts, on pratique des ouvertures dans les piliers qui sé-
parent les arcades, et ces ouvertures sont surmontées en dehors par des cheminées droiles, dune hauteur de lw,50 environ, ayant leur issue sous une hotte commune. Nous donnons^fig. 28) Vin¬
dication de ces dispositions.
Nous avons donné les indications générales relatives a la forme des fours; on pourra comprendre a présent la preparation des ma- tériaux et les méthodes de construction en usage.
Si on pouvaii se procurer une pierre naturelle, pouvant résis- ter au feu nécessaire pour la fusion du verre, la construction des fours serait bien* simplifiée, maïs on n’en a pas trouvó remplis- sant complétèment ce but. II y a bien dans le département de. Ia Meurthe, en France, et dans quelques Iocalitésen Angleterre, prés de Newcastle et dans le Surrey, des pier res siliceuses resistant assez bien au feu ; olies ont été employees dans quelques verre- ries de ces localités. Maïs eet emploi n'a jamais été au dela de la couronne du four; on n’a jamais pu faire de bons siéges, et même pour la couronne, il a été reconnu que des briques composées étaient infiniment supérieures. C’est done de la construction en briques que nous allons d’abord parler. VEncyclopédie parle de trois manières d’employer ces briques, savoir : 1° immédiate- ment après avoir été moulées; 2° après avoir été séchées pendant deux a trois mois; 3° enfin, après avoir été cuites. Par la pre¬
mière méthode, on pensait pouvoir réunir les briques de ma’hière a ce que le four füt un tout sans joints. On ne pouvait procéder qu’assez lentement, altendu que, la terre n’ayant pas une consis- tance suffisante, les assises inférieures se seraient affaissées sous
les assises supérieures. Le séchage d’uu tel four exigeail aussi un temps trés-long en raison de la masse, et n’était jamais aussi par* fait que pour des briques isolées; il en résultait que quand on ehauffait ce four, quelque precaution que l’on prit, il s’opérait des fentes pires que les joints réguliers des briques sèches, qu’on avait voulu éviter.
L’emploi de briques cuites a aussi sos inconvénienls, car pour éviter la multiplicité des joints sur Jesquels le feu exerce son ac¬tion corrosive, il faut faire des briques d'un très-gros volume. Pour pouvoir les employer cuites, il faut les tailler a Favance avec la precision que 1’on donne aux pierres qui composent un bêti- ment (et, d'après les plans que nous avons donnés, on doit voir qu’il y a des coupes assez compliquées). Or, il arrive que, dans la cuis- son, ces briques prennent un peu plus ou un peu moins de retrait quon ne l’avait calculé, et aussi un retrait inégal dans diverses parties d’une móme brique, ce qui peut amener des modifications dans la construction du four dont les dimensions avaient été cal- culées. Un autre ineonvénient des briques cuites est de ne pas se relier par le ciment; ce ciment, qui n’est pas autre chose qu’un bar¬botage de débris de ces briques pilés et passés au tamis, ne faisant pas corps avec les briques déja cuites, s’en sépare quand il a été alteint par le feu, et ouvre des joints. D’un autre cóté, ces briques cuites ont un grand avantage, c’est qu’ayant déja subi Fépreuve du feu, 1’attrempage ne meltra pas en danger la solidité du four. En résultat, on a adoptó une méthode mixte, qui consiste & em¬ployer des briques sèches et des briques cuites. Le siége, n’élant
compose qued’assises horizontales, peut être fait en totalité ou en partie en briques cuites j les murs d’ouvreaux, les tonnelles, Ia couronne, sont fails de briques seulement séchées.
II y a aussi des differences de composition pour ces briques, suivant la place qu’elles occupent dans Ie four. Commengons done par décrire la composition et la fabrication de ces briques. On fait usage de la même argile que pour les pols eux-mêmes; toutefois une terre moins riche en alumine peut être également adoptée, si on en trouve d’un prix moins élevé. Cette terre doit être ópluchée avec le même soin que pour les pots, pilée et ta- misée, mêlée avec une proportion de ciment variable, suivant la place que les briques doivent oceuper. En parlant des pots, nous ayons dit que plus la proportion de terre crue était grande, plus
la matièreoffrait de ténacilé. Mais on congoit quo pour les briques, cette ténacité n’est pas le point qu’il faut rechercher, et qu’on doit s’attaclier a obtenir des briques resistant le plus a la haute temperature,, a des variations de température, et ne prenant quo peu de retrait. J’indiquerai commo la proportion qui m’a paru Ie mieux réussir pour les briques de siége un tiers de terre crue contre deux tiers de ciment; ceciment n’a pas besoin d’etre aussi fin que pour les pots, il suffit de le passer a un lands de trente fils de lailon au decimetre. Pour ce ciment, on emploie la même terre cuite lorsqu’on fonde une verrerie, mais dans la suite on peut employer de vieux pots ou de vieilles briques de la même
composition, les uns et les autres préalablement nettoyés, débar- rassés des portions vitrifiées.
La composition ayant été faite dans ces proportions, est mêlee et marchée dans la maie, ainsi que nous 1’avons indiqué pour les pots; mais, au lieu d’en faire des pastons, on la divise it mesure qu’on l’emploie, en la coupant avec Ia grande spalulc. On fait les briques dans des moules en bois, de dimensions calculées et qui 2B sont composes de quatro cótés assem -
' blés avec des clavettes (tig. 29). On
[image 29]
remplil cc moule placé sur un fonceau de la même manière qu’on fait un fond de pot, et si la brique est d’un assez grand volume, on y marche la terre comme ou 1'a fait dans la maie pour que les parties en soient encore mieux liées.
On laisse ces briques sur leur fonceau tant qu’elles ne sont pas assez sèches pour êlre transportées; puis, quand elles ont acquis un assez grand degré de sic- cité, on les range les unes sur les autres avec inter- valles pour que fair puisse circuler et achever Ia des- siccation. Celles qui sont deslinées a être cuites doi- vent êlre taillées avec precision sur les mêmes prin¬cipes qu’on taille la pierre. Mais, outre la hachetlc, on se sort d’un riflard (fig. 30) en fer avec lequel Fig. so. on plane les surfaces. La cuisson s’opère dans des arches du genre de celles dans lesquelles on atlrempe les pots,
ot dans lesquelles on les range avec des espaces póur perinettre ft Ia flamme de circuler; on pousse la chaleur au rouge blanc, otl l’y entrelicnt pendant au moins deux jours, pour qüe cette temperature puisse pénétrer jusqu'aux centres des briques, et On laisse refroidir. .
Les venders qui préfèrent n’employer quo des briques sèches et non cuites ne peuvent toutefois se dispenser de cuire la pre¬mière assise du siége, c’est-&-dire celle oü se trouve la grille, car dans cette position, Pon ne pourrait jamais cuire cette assise par 1’attrempage du four. II convient aussi de cuire les plateaus de siégc, c’est-a-dire 1’assise dernière sur laquelle reposent les; pols, car il est très-important que ces plateaux soient compléte - ment cuils quand on y pose les premiers pols, et, en mettantdes briques cuites, on-est d’ailleurs moins exposé a avoir des joints ouverts qui donneraient lieu a Valtóration du siégc par 1’écoule- mont du verre sur ie siége.
La composition que nous avons donnée est celle qui convient le mieux aux briques de siége, celles qui sont le plus exposées aux ravages du feu, et a 1’altération resultant des écoulements de verre.
Cette composition donne lieu a un faible re trait; mais ce retrait u’a pas un grand inconvénient, en ce sens qu’il ne s’agit que de eonstruire un massif carré.. Pour les murs d’ouvreaux et pour la couronne, ce retrait causerait des deformations très-préjudi- ciables, qui amèneraient promptement Ia destruction du four. Au lieu de la proportion de un tiers a deux tiers, on met générale - ment un quart de terre cuite sur trois quarts de cimont; mais pour qu’une quantitó aussi grande decimentse lie mieux avec la terre crue, on le passe a un tamis plus fin, de soixanle a soixante-djx fils au decimetre. On peut, au lieu de ciment, employer du sable, si l’ou a a sa disposition du sable tres-pur, et, par conséquent, très- réfraclaire, et les briques faites ainsi, non-seulement ne prennent pas de retrait, mais même éprouvent un peu de dilatation. Cette propriété de ne pas prendrè do retrait les rend tout a fait pré- cieuses pour la construction de la couronne, paree que los joints ne s’ouvrent pas, et donnent beaucoup moins de prise a la flamme et, par suite, a 1’écoulement de gouttes ou larmes sur la surface des pots. . -
Il existe dans le pays de G-alles une argile qui contient 95 pour 100 de silice contre 5 d’alumine sans aucune trace de fer,
et dont on fait des briques extraordinaircment réfractaires. J’ai vu
un four de verrerie dont la couronne, faite avec ces briques, ne présentait pas, au bout de six mois d’usagé, les moindres traces de vitrification; leur surface intérieure n'était nullement vernissée. Si la mine peut fournir abondamment, ce sera un véritable tré- sor pour tous ceux qui ont a construire des fours.
Les briques qui doivent composer un four ayant été ainsi faites suivant les indications quenous avons données, il nous reste peu de choses a dire sur la construction des fours, que tout magon habile est apte afaire, quand ilconnalt exactement les dimensions auxquellesil doit scrupuleusement se conformer. Seulement 1’in- strurnent principal en usage, au lieu d’être la hachette, le mar- teau, etc., est le riflard dont nous avons déja parlé, aveclequel il plane exactement les surfaces, puis avant de placer déflnitive- ment une brique, 1’ouvrier la frotte a plat sur la brique sur la- quelle elle doit reposer; ces deux briques s’usent 1’une par 1’autre, de manière a obtenir un contact complet; après avoir été frottée
et sur la brique de dessous et contre la brique late¬rale, on la relève, on prend avec une cuiller en fer du coulis qu’on étend a la place que la brique doit oc- cuper et contre la brique adjacente, on rabaisse soi- gneuscment la brique, on la frotte encore un peu sur le coulis, et on la fixe a sa place definitive; ce coulis n’est autre chose que desraclures de la même brique faites par le riflard, délayées dans de 1’eau. Quand on veut diviser une brique, on la scie avec un passe¬partout ou scie en fer a main (fig. 31).
C’est par la cave naturellement qu’on doit com- mencer la construction. S’il s’agit d’un four a houille, la grille forme en quelque sorte une tranchée sur la voute qui règne dans la longueur du four. A envi¬ron 40 centimètres au-dessous du niveau oü seront les chenets, on place plusiours rouleaux en fer de 3 a 4 centimetres de diamètre, roulant sur pivots scellés sur les colés de la voute, et sur lesqüels on
appüiera les crochets avec lesqüels les tiseurs vien- dront passer les crasses qui obstruent la grille. On ferme la voüte au centre, è la place occupée par le
reposeront les barreaux; ces chenets sont scellés dans des briques réfractaires faites a Ia verrerie, en même composition que les bri-
I quos de siége et cuites. Quand les chenets sont scellés, on pose de chaque cóté une assise de briques de siége cuites, puis les briqués
| de siége séchées et non cuites *, puis enfin les plateaux de siége qui doivents’étendre en longueur sur un cspace un peu plus grand
I que 1’intérieur du four, de telle sorte que les raurs d'ouvreaux i et les pieds droits portent sur ces plateaux de siége. .II faut aussi '■ avoir soin que les assises des briques de siége, au lieu d’être de
i niveau, soient légèrement inclinées du dedans au dehors. Cette I inelinaison diminue un peu par le fait du retrait qui s’opère dans 1 1’attrempage du four, et qui est plus fort .vers la fosse que vers le I mur d’ouvreau, Si on posait les assises de niveau, les briques au- 'ii raient une tendance a couler vers la fosse. Les plateaux de siége j reposent done déja sur une assise inclinant légèrement a 1’ouvreau, | et en outre on leur donne plus d’épaisseur vers la fosse que vérs
1’ouvreau, en sorte que cela donne au pot qui y repose une inclinai-
S son vers 1’ouvreau. Cette inelinaison vers 1’ouvreau empêche le pot | d’avoir une tendance a couler vers la fosse. En outre, le verre qui / peut parfois passer par-dessüs les pots lors des enfournements, ou | par ie fait d’un bouillonnement, et qui tombe Sur le siége, s’écoule | ainsi vers le logis par lequel on peut le retirer, au lieu dé s’écou- | Ier vers la fosse au détririient de la conservation des siéges. On | doit aussi calculer la dimension des plateaux de siége, de manière g que les joints setrouvent, non pas entre deux pots, maissousle | milieu des pots, de telle sorte que 1’entre-deux des pols, sur lequel | il peut y avoir de 1’écoulement de verre, ne présente pas de joint ; dans lequel le verre puisse s’introduire. Ainsi, dans la supposition j de qualre pots sur chaque siége, je conseillerai de faire dé chaque | cóté trois ou cinq plateaux de siége.
' Le four ayant élé construit, il s’agit de 1’attremper, c’est-è-dire de 1’amener au degré de chaleur nécessaire pour recevoir les pots et fondre le verre. Il faut, pour cela, prendre des precautions de la nature de celles que 1’on prend pour les pots. On a exagéré
parfoisces precautions en chauffant, par ox era pie, unfour pen¬dant deux, Irois mois et plus. D’aulres verriers, au contraire, en- treprennent d’attremper un four en huit jours & peine; on peut parfois réussir, mais je conseillerai toujours do mettre deux se- maines enlieres a attremper un four. Je conseillerai aussi de dis¬poser en avant et a une faible distance des ouvreaux {8 it 10 cen- timèlres) une chemise legére en briques ordinaires, posées avec un coulis de briques, et s’élevant de 30 a 40 centimetres au dos- sus des- ouvreaux, afin de préserver les fagades du four du contact immédiatde Fair extérieur, et de permettre ainsi aux murs d’ou- vreaux do cuire jusqu’a 1’extérieur. Quelquefois les briques d’ou- vreaux sont percées sur place; mais le mieux est de les tailler et percer d’avance dans la forme convenable, et même de cuiro a part ces briques, ainsi qu’on le fait pour la première assise et pour les plateaux de siége. Ces dispositions prises, s’il s’agit d’un four a hois, on allume un petit feu en dehors de chaque tisard; on en- tretient ce feu avec de grosses bile lies ou souches, de mauière a donner, pendant trois ou qualre jours, seulemenl de la fumée dans Finlérieur du four; on augmente peu a peu ce feu, et on 1’avance jusque sous la pierre de fond du tisard, et dans cette position, on lui donne le plus d’intensité que Pon peut, ce qui, dans cette posi¬
tion, ne peut pas arriver a produire une temperature très-élevée a l’iqterieur du four; Ie sixième jour, On peut commencer le feu surla pierre defonddu tisard; mais alors on bouche le trou ceu- drier, et on augmente peu a peu le feu, et on Fétend sur une plus grande longueur, toujours avec du gros bois. Les plus grandes pré- cautions sont toujours a prendre tant qu’on n’a pas vu l’intérieur du four so revétir d’une couche noire; une fois ce point amené, ce qui doit être vers le onzième ou douziètne jour, on peut pousser davantage le feu, et en peu d’heures cette couche noire se brule, el le four arrive au rouge obsc-ur; on peut alors poser les pierres do tisard, et continuer le feu avec des billetles non séchêes, el sans dégarnir entièrement le fond de braise, qui est sur la pierre de fond du tisard; enfin, le treizième jour, on peut ouvrirle trou cen- drier, brfiler des billeltes sèches pendant vingt-quatre heures, et se préparer alors è la raise des pots,
S’il s’agil d’un four a charbon, 1’altrempage doit durcr le meme temps; on commencera par margër la grill© avee un mortier de terre déiayée a 1’eau; puis on met en dehors de chaque tisard (la ; picrro de lisard étant ötée) des pelletées de charbon de lerre al- 4 lumó, et on entretient ainsi un petit feu pendant environ deux i jours, puis on ajoute des gaillettes de houille. Peu a peu on ainène i Ie feu sous les tonnelles, puis on étend le foyer sur la grille jus-1 qu’au pont de chaquo cöté, et toujours sans poser les pierres du
; lisard; on doit ainsi amener le four pendant dix jours jusqu’au point oü le noir s’attache a Ia voüte et aux eötés du four. Si la cendre qui est sur la grille s oppose a 1’élévation dé la tempéra- lure, on fait au-dessous avoc un crochet quelques petits trous au
mortier de terre pour faire tomber la cendre, et on les rebouche.
On marche ainsi jusqu’au douzième jour, oü Ton casse tout le mortier qui garnissait la grille, mais en ayant soin, avanl de lo casser, d’avoir sur la grille une épaisseur de chauffage suffisanto pour que lo courant nesoit pas trop vif au moment oü 1’on dé- marge; puis on pose les pierres du tisard; et enfin, on met lo four en chaleur de fonte pendant vingt-quatre heures au moins avant la mise des pots. Le maltre do verrerie doit bien se garder, soit qu’il s’agisse d’un four a bois ou d’un four a charbon, d’en donner 1’entreprise d’atlrempage a un seul homme, qui lache de se faire suppleer pendant quelques heures seulement chaque jour. II faut qu’il y ait au moins deux hommes se relayant de douze én douze heures; car, si un four a élé négligé pendant - quelques heures, et que Ie vcilleur chercho a rattraper le temps pordu> il peut en résulter la détérioration du four.
Aux indications générales que nous avöns données sur la fabri-cation des fours, telle qu’elle se pratique dans les verreries, nous ajoulerons quelques aper^us sur certains perfectionnemenls qui ont été partiellement adoptés ou lenlés, et sur ceux que 1’on doit ospérer oblenir. Nous parlerons plus spécialement d«s fours a houille qui tendent a se substiluer de plus én plus aux fours a bois, excepté, toutefois, dans des localilés telles que la Bohème, . oü sans doute les fours a bois ont encore un certain avenir.
Quand il s’agit de houille, c’est souvent en Angleterre qu’il faut aller chercher Pexpérience. Je ne dirai pas qu'il faille y aller chercher Péconomie de combustible, loin de la. J’y ai vu beaucoup de verreries oü 1’on semblait s’èlre posé le problème d’employer le plus de combustible possible pour la production d’une quantitó donnéede verre; mais, toutefois, ayant employé Ta houille long- temps avant nous, les Anglais ont adopt© certaines dispositions qu’il serait bon d’imiter : nous citerons en première ligne la construction des halles dans lesquelles les fours sontétablis.
On sait généralement que les halles anglaises sont d’immenses cones qui eniourent le four, soit que ces cónes portent sur des arcades a une distance de quclques mètres seulement du four, soit que lëur base s'ótende jusqu’aux murs extérieurs de la balie. Les fours a houille anglais sont done placés sous de grandes holtes qui donnent è la combustion une activité que la forme de ros halles frangaises est loin de pouvoir produire. Nos fours, en France, sont placés au centre de halles en charpente au milieu des- quelles se trouve généralement unelanternedonnant passage aux produits de la combustion. Cés halles étaient suffisantes pour des fours chauffés au bois, et 1’on congoit que lorsque la houille fut peu & peu introduite dans les verreries, les propriétaires d’usines ne soient pas entrés dans la dépense de reconstruction totale de leurs verreries; toutefois, c’eüt été une dépense bien placée. Frappé, sous ce rapport, de la supériorité des verreries anglaises,
* j’ai youlu racheter en partie eet avantage avec le plus d’économie possible, en plagant, au-dessus de mes fours a houille, une hotte conique en töle d’un diamètre d’environ 1 mètre a lm,50 supé¬rieur au diamètre du four, d’une hauteur de 3 a 4 mètres, et
- surmontée d’un tuyau en töle d’environ 1 mètre de diamètre, s’é- levant jusqu’è 2 mètres au-dessus du faïtage (la partie extérieure du tuyau en tóle galvanisée). J’ai ainsi obtenu un meilleur rc- sultat; mais, pour 1’obtenir complet, il aurait fallu étendre cette cheminée aux proportions des cónes de briques que je voulais suppléer; et alors, autant aurait valu de suite refaire la halle, car ces cheminées en töle sont assez coüteuses, et quoique je fisse la partie extérieure en töle galvanisée, les dépenses de répara- tions étaient assez élevées. Je conseillerai done a celui qui établit une verrerie ab ovo, de faire des halles coniques, et je donnerai même ce conseii aux propriétaires de verrerie ayant des halles en charpente. Le tirage du four, dans ces halles coniques, est beaucoup moins dependant des variations atmosphériques; ily a un appel constant, énergique, qui se manifeste quand vous entrez dans la halle : si la porte s’ouvre du dedans en dehors (ainsi que cela doit avoir lieu dans ces halles), vous ouvrez la porte avec difficulté, et cette porte est énergiquement repoussée sur vous lorsque vöus êtes entré. Outre les hottes en töle, j’avais adopté une autre disposition de nature è activer le tirage par les ou-vreaux, et qui consistait è fermer par des pórtes en tóle les inter- valles entre les montants en fonte ou fer servant d’armature au four, et qui s’élèvent devant les séparations en briques qui sont aux en tre-deux d’ouvreaux. Ces portes en töle, posées sur des gonds fixes aux montants, s’élevaient jusqu’a. la hotte, s’ou- vraient pour les renfournements et le travail, augmentaient le tirage, et surtout diminuaient la déperdition de calorique résul- tant de 1’air froid extérieur. Plusieurs verreries anglaises ont adoptë 1’usage de ces portes en tóle, mais ils les placent è en¬viron 2 metres de la devanture des fours; ils préservent ainsi ces devantures de fours du refroidissement resultant de 1’immense quantité d’air attirée par leur cóne.
Je parlerai, enfin, d’une autre disposition quej’avais pratiquée, et qui Ta été aussi dans d’autres verreries, et qui consistait & ap- pliquer aux fours a pots ouverts les petites cheminées qui dans les fours è cristal a pots couverts sont substitués au tirage des ouvreaux. Dans les fours ordinaires a pots ouverts, le tirage ne s’effectue que par les ouvreaux, et, pour ne pas donner lieu & une aussi grande consommation de combustible, ces ouvreaux sont garnis d’une tuilette, qui en masque une partie de P ouverture; et, par parenthese, les verriers anglais negligent généralement célte économie, ils laissent è Pouvreau toute son ouverture pendant la fonte. Toute la flarame est attirée par les ouvreaux, et il n’en cir- cule qu’une faible partie vers le bas des pots. J’ai obtenu un peu d’économie de combustible et plus de régularité de fonte en prati- quant a 1’entre-deux de chaque pot et a 40 centimètres au-dessus du siége un trou de 12 a 15 centimètres a 1’intérieur du four, s’évasant jusqu’a 18 au dehors du mur d’ouvreau, et surmonté d’une cbe- minée corarae celle décrite peur les fours a pots couverts, et au lieu de mettre devant Pouvreau une tuilette qui n’en masquait guère que la moilié, j’ai mis une tuilette en forme de Iune, ne laissant u la flamme qu’un trou rond de 6 a 8 centimètres. J’ai obtenu Peffet que j’en attendais, car, pendant la fonte, au lieu de cette énorme quantité de fumée s’éebappant par les ouvreaux, il ne sorlait généralement de ces trous de lune qu’une flamme coürle et bleue, le principal tirage s’effectuant par les cheminées. II est vrai que j’étais dans une localité oü 1’économie de combustible était une condition d’existence. Mais je ne sache pas de localité oü quel que économie quo ce soit doive être négligée. Je dois dire que ces trous, percés dans les murs d’ouvreaux, amènentun peu plus promptement la deterioration du four, mais les dépenses de construction d’un four, même dans les localités oü le combustible est a très-bon marché, sont bien faibles auprès d’une économio sur une matière qui s’emploie journellement par tonnes.
Ce que nous avons dit des pots el des fours est un résumé que nous croy ons assez exact de 1’état le plus général de colte parlie do 1’art de la verrerie; et nous émeltrons de nouveau cetto opi¬nion, que eet élat ne nóus paralt pas très-avancé; mais nous re- dirons aussi que les innovations en verrerie sont très-dangereuses, très-dispendieuses, et que les m al tres de verrerie hésitent tou- jours a subslituer a des résultats éprouvés des amélioralions hypothétiques, et qui, fussent-elles basées sur des raisonnements solides, sur les lois d’une saine physique, ne réussiront quelquefois qu’après des essais tellement dispendieux, que des sommes im- porlantes pourront être employees, avant quo Pon soit arrivé a une pratique normale.
Quand les établisseme-nls de verrerie qui, comme presquo tous les établissements industriels, se seront plus encore rapprochés d’une complete concentration, on pourra alors, dans une entre- prise qui comptera ses fours par douzaine, tenter sur 1’un d’eux des nouveautés étudiées avec le concours de la science et de la pratique. Les idéés de transformation ne manquent pas, el jé pourrais citer bien des brevets qui ont été pris depuis longtemps déja, soit pour des fours sans creusets, c’est-a-dire fondant tout le verre dans une aire creuse entre deux foyers, ou seuloment adossée a un seul foyer latéral; soit pour des fours è comparti- ments, également sans creusets, oü le verre, fondu dans un pre¬mier réservoir, s’écoulerait a mesure dans un deuxième réservoir oü il affinerait et serail travaillé: on voulait ainsi obtenir un tra¬vail continu. La plupart de ces brevets sont reslés a 1’état de projets, et il n’en est, je pense, aucun dont la réussite compléte ait été constatée.
Nous devons mentionner aussi les essais qui ont été fails pour acliver la combustion, par une ventilation dirigée sur la grille des fours a houille. Ces essais u’ont pas réussi jusqu’a présent, et nous avouons que nous ne fondons pas grand espoir sur cello appli¬cation de la ventilation; il ne faut pas perdre de vue que dans un four a verre, il s’agit non-seulement d’obtênir une assez haute tem- péralure, maïs surtout une temperature bien également répartie dans un esp ace assez considerable, car il faut que tous les pots fondent les mêmes mélanges dans Ie même temps; et on a plus & gagner, je pense, en opérant uu énergique appel par le haut, qu’è forcerlecourant paria base, ce qui a généralement pour résultat d’eptralner dans les pots une plus grande quantité de charbon non brüló et de poussiëre. On a aussi essayé d'utiliser une partie de la chaleur perdue pour diriger sur la grille un courant d’air chaud; cette tentative, qui n’est pas encore généralement praliquée, di- minuerait sans doute beaucoup la consommation du charbon.
II est une autre idéé que j’ai congue depuis longtemps déjè, maïs que je no suis pas encore arrivé a pouvoir formulcr dans ses détails. II s’agirait d’appliqüer aux fours a verre le principe du doublé courant d’air, si ingénieusement adapté aux becs de lainpe par Argand. C’est en verlu de ce principe que les lampes brülent avec vivacité et sans fumée. Ce principe doit pouvoir êlre approprié a presque tous les fours, et surtout aux fours a verre. Combustion plus vive, plus égale, plus compléte et sans fumée, diminution de consommation de combustible, verre plus blanc, plus parfait, suppression même des pots couverts pour la fabri¬cation du cristal, tels seraient les ^vantages qui résulteraient des fours & double courant d’air. Mais n’oublions pas que nous vou-
lons surtout faire connaitre l’etat acluel des verreries, et ne nous langons pas davantage dans les conjectures de Pavenir.
A prés avoir exposé les détails pratiques relalifs aux pots et aux fours, il convient de donner quelques renseignements écono- miques sur leur fabrication. Nous prendrons pour base des pots les dimensions que nous avons citées, savoir :
Des pots de 70 centimetres de hauteur;
— 80 — de grand diamètre;
— 68 — de diamètre du bas;
— 10 — d’épaisseur du fond et du jable ;
— 5 — d’épaisseur au bord.
Ces pots ont, en conséquence, un volume de 0m,148 cubes et pèsent environ 300 kilogrammes (nous disons environ/ paree que le poids depend du degré de siccité).
Nous avons done è porter en dépense 300 kilogrammes de lorre i réfraclaire quo nous supposerons è 4 fr. 50 les 100 kilogrammes,
i On comprend qu’une grande partie de ce prix résulte de la dé-
j pensè du transport, cette terre no se trouvant que dans un petit
i nombre de localités. Un bon polier peut faire en deux jours trois
i pots de eette dimension (il y a des potiers habiles qui en feraient
i deux par jour, naais il en est d’autres qui n’arriveraient qu’avec
1 peine a un pot par jour). II peut done faire 36 pots par mois,
j nous n’en porterons que 30.
I ■
I .
j Un tel potier est payé, environ, par mois. . 140 a 150 fr.
Son marebeur de terre est payé environ. . 75 a 80 »
Un aide pour préparer les pastons 40 »
j On aura employé pour la fabrication de ces
| 30 pots, pour le pilage et le tamisage de la terre
i crue et du ciment, environ ia force d’un cheval, que
j nous évaluerons a 160 »
I
• Comptons en outre pour épluchage des terres. . 45 »
Chaque pot pesant 300 kilogrammes, les 30 pots i pèsent 9,000 kilogrammes de terre réfraclaire, a
| 4 fr. 50 405 »
' Nous ne faisons pas entrer dans ce compte le
loyer des ateliers, machines, etc., qui entrent dans les frais génêraux de la verrerie, maïs toutefois il convient de compter, pour les frais particuliers de 1’atelier, usure des fourneaux, moules, chauffage
! (ce chauffage n’est pas coüteux : on le fait avec des
j escarbiltes provenantdes fours de fusion), cuisson
■ de la terre pour ciment; mettons pour ces faux frais
! par mois 100 i>
3 i
i •
La dépense totale de ces 30 pots est done de 980 fr.
1 soit 32 fr. 70 par pot, ou bien encore on peut dire que les pots,
I dans ces dimensions, reviennent a environ 10 fr. 90 les 100 ki-
1
j1 lógrammes.
t- ' ■
1 ( 1 .
Si on suppose des pots plus grands, on en calculera le volume,
[■ . et je pense quJon ne s’éloignera pas beaucoup de la vérité en
i meltantégalement leur valeur a lOfr. 90 les 100 kilogrammes.
|.- On voit, par ce qui précède, que le prix de la terre est lélément
principal du coütdupot, qui peut, en conséquence, varier beau- coup, suivant les prix de la terre réfraetaire.
Pour calculer le prix d’un four, nous évaluerons égale ment le volume de sa construction, maïs ici, en raison du ciment employé que nous supposerons provenir des anciennes briques ou pots, nous ne compterons en dépense de terre que le tiers du volume du four.
! .
Il y a done è compter, pour la terre des briques, par
100 kilogrammes 1 fr. 50
Nous évaluons le pilage et le tamisage des terres a
1 franc les 100 kilogrammes, ci 1 »
Le marchage 5 » 50
Le moulage des briques a » 50
Frais accessoires relatifs a l’épluchage des terres,
casse et épluchage des vieilles briques, et autres menus frais, compris la cuisson de certaines briques. ..... 1 »
~4 50
Nous pensons done qu'on ne s’éloigne guère d’une moyenne en portant è 4fr. 50 les 100 kilogrammes le prix des briques.
Le four a houille, donl nous avons donné la description, a un cube d’environ 10m,50, dont le poids est d’environ 22,000; kilo¬grammes qui, da prés notre estimation, valent en- '
viron 990 fr.
On peut évaluer la taille préalable des briques è environ 15 journées d’un fournaliste et son aide a 6 francs 90 »
Enfin, deux fournalisles et deux aides devront faire un tel four en deux semaines, soit 28 journées a 4 francs •. . 112 »
Et 28 journées a 2 francs r . . 56 »
Nous ajouterons pour dépenses accessoires, em- ploi de briques ordinaires et reparations des ferre- men Is et ajustements . 142 »
Ce qui fera poür la dépense totale du four. ... 1,390 fr;
Dans les'conditions que nous avons établies, un four coüterait environ 65 fr. 45 la tonne ou encore 137 francs Ie mèlre cube
plein. Ce prix naturellement variera beaueoup avecles prix des terres réfractaires. ' /
Nous avons déja dit quelques mots des reparation^ quo Ton peut faire; cesrép^jatipnp ne^peuvent toutefois ótre J®es qu’aux sióges ou aux murs d’ouvreaux. Quaud Ia coüronne est attaquée, il faut pourvoir au plus tót au remplacement du four, ou au moins refaire une autre coüronne. Les reparations a faire sur les pla¬teaux sont assez faciles, la terre préparóe (semblable a de la com¬position de briques) s’y maintient assez bien dans les anfracluosi- tós que le feu peut avoir dóterminées. Les réparations aux murs de siége ne sont pas aussi faciles, et souvent, quelques heures après avoir mis des pastons dans les fentes, toute cette terre a été entraï- née sur la grille; cependant il en reste ordinairement suffisam¬ment pour retarder Ia mise hors de service de ces siéges et du four par conséquent. Pour faire ces réparations, on laisse refroi- dir le siége au rouge brun, puis on met un paston de terre pas trop consistante, et mouillée exlérieurement, sur le bout d’une
espagnole (on appelle ainsi une perche de 2 A 3 metres au bout de laquelle on attache un tampon de chiffons). On mouille ce tam¬pon, et le paston s’y attache suffisamment pour pouvoir ótre transporté assez vivement contre la crevasse que I’on veut rem- plir. Un autre ouvrier, avecle tampon d’une autre espagnole, pousse Ie paston dans la crevasse, et on en ajoute ainsi la quantité néces¬saire pour niveler a peu prés la surface latérale du siége. Cette réparation a quelque chance de durée. si la crevasse n'est pas trop évasée vers le bas, etsurtoutsi on a employé pour paston un mélange fait avecla terre fcrmentèc, et maintenu longlemps A la
cave en le remarchant de temps en temps.
Dans tout ce que nous avons dit sur les pots et fours, nous n’a-
vons eu en vue comme matière composante que 1’argile, qui seule a été employée jusqu’A ce jour, mais Ia science et la pratique n’ont sans doutc pas dit leur dernier mot A eet égard. Nous savons déja très-bien la supériorité qu’auraient des creusets de platine si le prix exorbitant de ce métal n’en excluait l’usage, mais parrni les métaux ou métalloïdes si abondamment répandus dans la na¬ture, tels que le silicium, 1’aluminium, etc., n’en trouvera-t-on pas dont les procédés de réduction el 1’inaltérabililé permettront de les employer au moins comme revétement des pots et des fours?
On peut dire aussi que la forme des fours, le mode de fusion,
LITRE I. —CHAPITRE HL
n’ont subi jusqini ce jour quo defaibles modifications, et appellent ccrlainemenl 1’altention des physiciens, pour sortir radicalement d’une ancienne routine. Déja nous avons signaló le perfeclion- nementqui noussemble pouvoir être obtenu de 1’applieation aux fours do verrerie du double courant d’air de la lampe d’Argand (supra, pb 155). Sans doute aussi le verrier doit être désireux d’éviter 1’empfoi direct, dans son four de fusion, de la houille au aiitres combustibles, pour n’y bröler que les gaz produils par ces combustibles, et se délivrer ainsi des cendres et des parcelles de charbon qui sont projetées sur les pots par la combustion.
Get essai a été fait en Allemagne il y a déja plus de seize ansj par un très-habile fabricant de produits chimiques de Zwik au en Saxe, M. Fickentscher, qui me raconta ainsi comment il était arrivé a se servir des gaz pour 1'ondre le verre: M. Fickentscher employant une assez grande quantilé de bombonnes en verre pour i’expédition de ses acides, et ne pouvant se les procurer facile- ment, ou du nioins a un prix suffisamment bas, résolul de faire un four a verre, et comme ce four a verre devait produire plus que la quantité de bombonnes dontil avait besoin, il joignit a cette fabrication celle du verre è vitres; mais il n’avait dans son voisi- riage qu’uue terre réfractaire assez médiocre; peut-être aussi n’a- vait-il qu’un mauvais potier, et il éprouvait beaucoup de casses de pots, etconséquemment de pertes de verre : cela pouvait pró- veuir aussi de ce que n’ayant pas de liseurs habitués a conduire un four de verrerie avec la houille (toutes les verreries d’Alle¬magne consommant du bois), la grille était mal dirigée, etil devait résulter des coups de feu et des casses de pots. ïoujours est-il que M. Fickentscher crut ne pouvoir remédier a ce mal qu’en suppri- manl la grille de son four, et employant sa houille a produire des gaz.
Voici les dispositions qu’il a adoptées: il y a dans le four six pots contenant chacun 225 kilogrammes de verre. II est construit suivant les regies ordinaires, quant aux siéges el aux devantures d’ouvreaux. Los gaz sont amenés par un tuyau bifurquant & chaque tisard, a 1’enlrée duquel se trouve un robinet pour en régler la consonimation. A cöté du tuyau de chaque tisard est un’ tuyau pour amener Fair atmosphérique nécessaire a la combus¬tion des gaz, et garni aussi d’un robinet; on peut- ainsi régler la marche du four, activer ou atténuer la combustion pendant la
.160 LITRE I. CHAPITRE III.
fonte ou le travail. Mais,soit que lesgaz n’affluassen t pas a vec une assez grande énergie, ou que Fappel extérieur ne fut pas suffisant, ce four, que j’ai vu en fonte et en travail, n’avait pas pendant la fonte 1’intensité de chaleur que 1’ceil exercé du verrïer apprécie parfaitement. Aussi je ne fus pas étouné quand M. Fickentscher me dit que ses fontes duraient jusqu’è quarante-cinq heures, quoique, pour 100 de silice, il employêt jusqu’è 50 de sulfate de soude. Néanmoins, cette tentative de 1’emploi des gaz était très- remarquable, et n’a probablement pas óté étrangèrè aux travaux qui ont eu lieu depuis dans cette direction. M. Fickentscher employait aussi les gaz a 1’étendage de son verre a vitres, et iet le succès était complet. Les gaz arrivaient aux quatre coins du four a éteudre par quatre lunettes, et le tuyau était aussi subdivisé
eu quatre branches, a chacune desquelles était joint un tuyau d’air atmosphérique, qu’on ne faisait arriver qu’en quantité un peu insufiïsanle pour la combustion des gaz; car, me disait M. Fic¬kentscher, si Fair atmosphérique ne suffit pas pour brüler tout le soufre qui s’est dégagé, il se forme de 1’acide sulfurique, qui n’a pas d’actionsur le verre, tandisque, dans lecas contraire, ildonne iiaissance è du gaz sulfureux, qui forme sur la surface 8u verre cette vapeur blanche bleu&tre qui en attaque la substance.
Ayant donné ces détails sur Fintéressante tentative de M. Fic-kentscher, nous croyons devoir donner aussi une idéé de 1’appa- reil au moyen duquel il produisait les gaz.
II y a deux appareils pour produire les gaz pour le four de fu-sion, et un appareil pour le four a étendre. La figure 32 (p. 161) est la section verticale de Fun de ces appareils.
La grille «6, de huit barreaux, a environ 80 centimetres carrésj ily a environ 2 metres de la grille a la parlie supérieure du four- neau. On mainlient environ 50 è 60 centimetres d’épaisseur de charbon sur la grille : ce n’est pas du charhon fin, mais de la petite gaillette: ou Fintroduit par une trappe A, elle tombe sur le dessus d’ün cöne BBB qui ferme le laboratoire de 1’appareil. Quand la trappe A est refermée, on léve le poids P, alors le cöne B descend et le charbon tombe en bas. Les gaz de combustion s’en
vont par le tuyau M. —N est un orifice que 1’on öuvre quand on veut óter les crasses qui se forment sur la grille. L’appareil est au- dessous du sol, de manière que le tuyau M luimëme est aussi au- dessous du sol, et va, par une légère pente ascendaute, vers le fond
de la fosse du four do fusion. Ces appareils sont placés sous ün hangar éloignë de 6 a 8 metres de Ja halle.
M. Fickentscher a done conslruit un appareil tres-simple et peu dispendièüx pour la production deses gaz; maissans doute, s’il eüt employé des cornues, desquelles les gaz se seraient rendus dans un reservoir comnie pour le gaz d’éclairage, d’oü une pres- sion Faurail envoyé au four de fusion, nous pensons qu’il cüt obtenu uflo combustion plus vive, une temperature plus intense.
[image 32]
Une puissante cheminée d’appel adaptée au four do fusion aurait surtout próduit ce résultat. Mais, qüel que soit encore 1’état d’im- porfeclion de son four è gaz, nous nóus félicitons d’avoir étó ad- mis par M. Fickentscher a voir son intéressant établissement, et a rendre justice k un industriel aussi distingué, et qui, nous le répé- lons, a étó le premier a a ppeler l’atten tion sur 1’oppórtuhité d’é- loigncr les combustibles des fours de fusion.
Après M. Fickentscher, üu ingénieur allomand, M. Seliinz. a pris, sous le numéro 50239, un brevet pour four de verrerie nli~ mentêpar les gas de combustion. Cette combustion s opère dans dos apparcils séparés du fourqui conlient les pots. Ce syslome a óté applique par son auteur a la combustion de la toürbe et du bois, et a produit des rósultats assez satisfaisants. Mais tantqu’on n’aura pas fait 1’épreuve avec la houille et qu’on n’aura opéré que dans
de très-petits fours, comme les construisent encore les Allemands et les Suisses, et qui devront certainemenl bientót cesser d’etre en usage, on lie pourra assignee la valour reel ie de ce procédé, sur lequel, en consequence, nous lie nous étendrons pas.
Le système de M, Ch. W. Siemens a eu plus do retentissement. Cet ingénieur a pris un brevets, en inai 1861,sous le numéro 49068; il donne a son système le liora do fours régênérateurs a gas. La fonte s’opère aussi dans ces fours au moyen de gaz de combustion préparés dans des apparcils séparés. L’idée fondamentale de
M. Siemens a élé de faire servir 1’énorme quantité de chaleur per¬due qui s’échappe par les cheminées, a chauffer 1’air atmosphé-
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rique qui aliments la combustion, et a chauffer aussi les gaz qui viennent se brüler dans le four.
Si, en eflet, entre Ie fourneau ous’opère la combustion du gaz et la cheminée d’appel par laquelle s’échappcnt les produits de la combustion è une fempérature égale a celle du fourneau lui- mÊne, on interpose une sorte de chambre reinplie de briques, su- perposées de manière a laisser des interstices entre elles, Ia par- tie de eette chambre voisine du foyer deviendra bientót aussi chaude que le four lui-même, et la temperature ira en dóeroissant jusqu’a Cexlrémité opposée, qui communiquera avec la cheminée d’appel. Si, a présent, au moven d’une squpape, on intercopte la communication entre cette chambre et la cheminée d’appel, tout en ouvrant en même temps une autre soupape qui donne entree a 1’air extérieur, cet air extérieur, suivant une marche contraire, s’échauffera successivement a mesure qu’il se rapprochera de 1’extrémité opposée, et ii pénétrera dans le four presque aussi ehaud que le four lui-même. Dans le même temps, on aura, par le moyen de deux autres soupapes d’une autre chambre sem- blahle, fermé le passage de 1’air extérieur arri van t par cette seconde chambre, et ouvert le passage par lequel les produits de la com-bustion se rendront dans la cheminée d’appel. Par ce jeu alterna- tif de soupapes, on maintient une alimentation d’air ehaud dans ]o four, et on economise ainsi une grande quantité de combus- fihlc, tout on portant le four a une plus haute temperature. On comprend que 1’eppareil peut être disposé de telle sorte que Ia même soupape qui intercepte le passage des produïts do la com-bustion a la cheminée d’appel, donne, par cette manoeuvre do fer- meture, Paccès a Fair atmosphérique, et réciproquement.
Si, d’autrc part, on soumet la houille ou autre combustible, dans un appareil séparé, a une temperature seulement suffisante pour vol ali liser les gaz combustibles, sans toutefois les brüler, el que fon fasse passer ces gaz par un appareil réticulaire, ainsi qu’on 1’a fait pour Vair, de manière & s’échauffer a mesure qifils s’appro- chent du four de combustion, on arrive ainsi a opérer la combus¬tion au moyen de gaz et d’air déjè presque aussi chauds que le . 5 r
four lui même, et 1’on congoit dès lors etle degré de temperature el 1’économie de combustible qui doivent résuller de cetle colnbi-naison. H est enlendu que les gaz, comme Pair, sont mis alterna- livement en correspondance avec deux chambres rétipulaires. Ces chambres sont done au nombre do quatre, dont deux conduisent les produits de la combustion dans la cheminée d’appel, les deux autres dounent accès, Pune A Pair chaud, Pautre aux gaz de com¬bustion échauflës; puis, par un jeu desoupapes, ces deux deriiières, dont Ia temperature s’est abaissée, sont réchauffées de nouveau, en servant de passage aux produits de la combustion vers la cheminée d’appel, tandis que les deux autres amèneut A leur tour Pune Pair, 1’aulre les gaz.
L’intensité de la température peut d’ailleurs être réglée au moyen dessoupapes quidonnent accès a volontéa plus oumoins d’air atmosphérique, a plus ou moins de gaz. On peut aussi par intervalles, el. si la température s’élevait trop, faire arriver directe* ment soit Pair atmosphérique, soit les gaz dans le four, sans les faire chauffer par leur passage dans les rêgénérateurs.
Le système de M. Siemens consiste done surtout A éloigner du four la houille ou autres combustibles solides, et A alimenlêr la combustion dans ce four au moyen de gaz el d’air préalablement chauffés a une haute température.
Les fours d’après le système de M. Siemens sont encore dans une phase de perfectionnement, en sorte qu'ii serail difficile d’ap- précier les economies qu’ils peuvent réaliser. 11 est clair qU’on a dü, dès le principe, produire une surabondance de gaz, plutót
V
que de risquer dese trouver au dépourvu. Les premiers fours sui- vant ce système ayant été construits en Angleterre, oü, comme j’ai déjè en l’occasion de le faire remarquer, il semble qu’on se soit proposó de brüler laplus grande quantité de combustible pour une production donnée de verre, on n’a pas dü oser, dès le prin¬cipe, diminuer dans une trop grande proportion la quantité de houilie destinée a produire les gaz. Aussi ai-je vu un four a verre a vilres pour lequel on consommail dansles appareilsSiemens une quantité de houilie encore bien supérieure a celle qu’on use gé- néralement en France et en Belgique pour une semblable produc¬tion. Mais, toutefois, ily avait déja grande économie relativement aux autres fours du même établissement.
Nous allons a présent signaler quelques-uns des principaux avantages des fours du système Siemens.
Ces avantages sonl de plusieurs natures : ils doivent amener une économie dans la consommation du combustible, donner des produits plus réguliers, plus beaux.
1° Nous disons que ces fours doivent amenerune économie de combustible. Cela résulte inconlestablementdes principes surles- quels ils reposent, et on outre de la diminution très-sensible de la capacité intérieure des fours, n’ayant plus ni grille ni fosse, et dans lesquels les deux rangées de pots peuvent être très-rapproehées, surtout si les fours de fusion ne servent pas en même temps de fours de travail. Si cette économie de combustible n’a pas encore été réalisée comparativement aux fours anciens construits dans de bonnes conditions, cela tient, ainsi que nous 1’avons fait remar¬quer, a Ia crainte que 1’on pouvait concevoir, dès le dóbut, de ne pas fournir les gaz en quantité suffisante.
2° Un perfectionnement important résulte de la suppression des parcclles de charbon et des cendresqui dans les anciens fours sont assez fréquemment projetées sur la surface du verre en fusion, et nuisent è sa qualité. Cet avantage est précieux, et les propriélaires du brevet 1’avaient même annoncé comme pouvant permettre de fondre les cristaux dans des pols ouverts, mais M. Ch. Siemens m’a avoué depuis que, dans 1’ólat acluel de ses fours, il se pro- duisait des flammes désoxydantes qui réduisaient le minium em¬ployé dans cette fabrication.
Il y avait done a perfectionner Ie système de M. Siemens sous ce rapport, et je suisheureux de pouvoir dire que 1’un denos plus habiles verriers de France, M. Didierjean, administrateur de la crislailei'ie de Saint-Louis, a róussi a fondre le cristal a pots ou- verts dans des fours Siemens alimentés avec de la liouille.
3uUn très-grand porfectionnementrésultantde cesfours consiste dans le mainlien de la pureté du verre pendant le travail depuis les premiers cueillages jusqu’au fond du pot. Dans les anciens fours on ne parviont jamais cntièrement a maintenir 1’uniformité de lémpérature depuis le commencement jusqu’a la tin du travail. Le verre devient plus dur, ondé, cordé. Eu outre, la braise qui mainlient la chaleur du four se perce, les cendres volent sur les pots, reudent le verre mousseux, de telle sorte qu’on ne peut ob- tenirdes choix supérieurs quand on a employé le tiers ou lamoi- lié du verre de chaque pot. On contjoit que ces graves inconvé- nients sont évités par les fours Siemens, dans lesquels le verre peul être maintenu aussi pui1 et aussi chaud jusqu’a épuisement des pots.
Malgré les avanlages des fours Siemens, un très-grand nombre de verriers hésilent encore a 1’adopter; plusieurs de ceux qui en ont fait 1’essai les ont abandonnés. C’est qu’il faut 1’avouer, la con-duite de ces fours est des plus diffiGiles; il faut pour ainsi dire un ingénieur au lieu d’un fondeur ordinaire pour en suivre la marclie. Plusieurs fois des explosions ont eu lieu dans ces fours par suito de fausse manoeuvre de 1’ouvrier fondeur. Si ce fondeur n’est pas attenlif, qu’il ne manoeuvre pas la soupape en teraps opportun, la température peut s’élever au dela du degré ulile et fondrê pots et four, ou bien refroidir a un degré qui les compromette par 1’effet opposé. Ces accidents, cette nécessité d’une surveillance éclairéo indiquent la nécessité de nouveaux pcrfectionnements.
Les fours Siemens sont d’üne assez grande importance pour quo nous croyions devoir en donner une description complete que nous extrayons d’une revue anglaise, the practical Mechanic's Journal, march 1862.
Les figures sont a 1’échelle de 1 centimètre par mètre.
La figure 33 est une section longitudinale a travers le four et les régénérateurs, suivant la ligne 1.1 de la figure 34.
La figure 34 est une section du four, des régénérateurs et des générateurs des gaz, suivant la ligne 2.2 de la figure 33.
[imagew 33-36]
La figure 35 est une section suivanl la ligne 3.3 de la figure 34, et montre en même temps la devanture du four en elevation.
La figure 36 est une section longitudinale de Pun des gónéra- teurs de gaz, suivant la ligne 4.4 de la figure 34.
A est le four de fusion, sur le siége o. duquel reposent les creu- sets X. Les ouvertures bf b sont les ouvreaux pour enfourner la composition et cueillir le verre.
Au-dessous du siége se trouvenl les qualre régénéraleurs B1, B2, B3, consistant chacun en une chainbre batie en briques. A une certaine distance du fond de ces cbambrcs est disposée une grille cl <?3 c4, sur laquello sont empilées des briques </-, d3, (P, de manière a laisser entre elles des intervalles. Ces chauibrcs sont voütées du liaut, et supporlent le siége du four.
Aux extrémilés du siége se trouvent des conduits e comtnuni- quant d’uncöté par le conduit ƒ (fig. 34) avec Fatmosplière, et do 1’autrc cóté par le conduit I avec les générateurs.
Un courant d’air passe continuellement par ces conduits dans le but de main ten ir le dessous du siége et la voute des régénóra- teurs a une température relativemenl peu élevée.
Les communications sont établies entre la partie supérieure des régénéraleurs B\ B2, B2, B3 et le four A de la manière suivante : ie régénérateur B* communique avec le four A en C par le passage D1, tandis que le régénérateur B4 communique avec le four A égale- ment en C par le passage D2. De même, le régénérateur B3 commu¬nique avec le four en C'.parlo passage D3, pendant que Ie régéné¬rateur B4 communique avec Ie four également en C' par le pas¬sage I.)4.
Aux points, C et C' les passages D) et D2, ainsi que les passages D3 et sont séparés par une division verticale jusqu’au niveau du dessus du siége a. On peut voir par la disposition du four que le verre ou aulres malières qui tomberaienl sur le siége ne pour- raient entrer dans les régénéraleurs, mais tomberaienl dans les fosses E, E', d’oü on peut les retirer par les ouvertures l, l' qu’on maintient ordinairement fermées.
Le dessous des grilles des régénéraleurs B\ B2, B3, B4 correspon- dent avec les ouvertures F1, F2, F3, F*, de telle sort e que les régéné- rateurs B‘ et B4 communiquent alternativement avec le passage C, par lequel arrivent les gaz des générateurs quo nous décrirons ci-après, et avec lè passage H qui conduit a la cheminée d’appel,
tandis que les régénérateurs B2 et B3 cominuniquont alternative-ment avec Ie passage I, qui amène fair atmösphérique, et le pas- sage H conduisant a la cheminée d’appel. Ces communications diverses sont réglées par Ie jeu des soupapes 4, .qu’on fait fónc- tionner de la manièro suivante : Lorsqiie la soupdpe ff ést dans Ia position indiquée dans la figure 35, des gaz de combustion arrivent parlo passage J, et enlrent dans le régénéralpür B‘ parPouver- lure F4; en même temps, la soupape h ótant dans Ia même position que la soupape g, 1’air atmosphéricjue arrivera dans le régénéra- teur B3 par le passage I, è travers L et F3.
Si les régénérateurs B3 et B* ontété précédemment échauffés par ]os produitsde la combustion qui les ont traverses pour serendre a la chcminée, aiors les gaz de combustion et Vair atmosphérique, en passant par les interstices de ces ehambres, y seront portés par degrés a une très-haule temperature. Ils arriveront aussi par les pas-sages D3, D4 au point C, oil, franchissant la division verticale i' qui los sépare, ils se réuniront en produisanl une fiamme d’une grande iiilensilé, qui se répartira dans toute la capaeité du four sur les pols qui le garnissent. Arrivés a 1’aulre extrémitó du four, les pro¬duits do la combustion descendront par les passages D1, D2 dansles
régénérateurs B1 et B2 pour.se rendre dans la eberainée d’appel par * »
les ouvertures F1, F2, les passages K et M, les soupapes ff et h et le conduit H. Par ce passage des produils de ia combustion dans les régénérateurs Bl et B2 de haul en bas, bes. deu.\/:ab.par.ei!s> qui avaient été précédemment refroidis par ia conlinuité du passage de Pair atmosphérique et des gaz de combustion, soiit chauiïés de nouveau. Lorsqu'on suppose qu’ils sont arrivés a la temperature convenable, on reuverse la position des soupapes g9 k,riau moven des leviers Z, et la combustion s’opère dans le four eii sens inverse. On doit avoir spin, dans la construction du four, de ménager sur le cöté des régénérateurs un passage Y pour pouvoir y cöinmuniqucr par les ouvertures y1, y2, y3, y4 (tig. 33 el 34). . ...
Les gaz de combustion sont produits dans unq. série de géné- rateurs N, oü le combustible est mis en ignition. Lè combustible,
supposons la bouille, est introduilo par dos trémies O due 1’on lerme au moyen de couverclcs o (fig. 36) ; de ces, exlrémilés la bouille descend sur un plan incline a 45 degrés environ, P, sur la grille Q, inclinée elle-même a 30 degrés environ. Au-dessus de nette grille cl a une hauteur suffisante pour permettro 1’introduc-tioü d’une couche assez épaisse do houille, est une voute eu ï briques qui, échaufïée a une assez haute temperature par le feu de - ]a grille, réverbère la ehaleur sur la houille fralche qui arrive par 1 Ie plan incline et commence a opérer la decomposition et la volatili- 5 sation qui s’achèvent au moven de 1’air almosphérique traversant s ]a grille Q; eet air, en passant au travers do la couche de houille,
Jéja arrivée a une assez haute temperature, qui repose sur les bar- reaux, forme de Tacido carbonique qui, traversant les couches supérieures de houille moins échauttées, se transforme en oxyde de carbone, et dans eet étafc passe par-dessus le cbarbon par le plan incline P, oü il se réunit aux autres gaz produits par la de-composition de la houille, pénèlre par le passage S dans le tuyau vertical T, et de la dans le tuyau horizontal U, qui établit la com-munication cnlre les générateurs de gaz et les régénérateurs B1 ct B\ Ce tuyau U descend ensuite en U’, oü il débouche dans le conduit G. De cette manière, Ia colonne de gaz dans le tuyau U1 ótant plus froide et par conséquent plus dense que la colonne de gaz qui se trouve dans la partie T, il s’établit vers la cheminée d’appel un courant suffisant pour prévenir 1’accès de 1’air atmo- sphérique par les fissures des luyaux et la combustion partielle des gaz qui y passent.
On ménage sur le dessus du générateur une ouverture V pour permetlre de temps en temps de remuer la houille, et facililer sa decomposition. ‘
Chaque tuyau de générateur T est garni d’une soupape W, de manière a interrompre la communication avec le tuyau U qui réunit les gaz de tousles générateurs, et pouvoir ainsi réparer chacun des générateurs, ou en suspendre Taction. Enfirt un petit tuyau s’embranchant dans chacun des conduits T amène dans chacun de ces conduits un petit filet d’eau qui, tombant eu partie sur la houille, forme une vapeur d’eau qui, se combinanl avec les alomes chauds de carbone qui s’élèvent avec les gaz, produit de Toxyde de carbone et de Thydrogène.
Quelques grands établissement d’Angleterre, de France èt de Belgique ont adopté les fours Siemens. Cette adoption fera chaque jour de nouveaux progrès, et surtout a mesure que leur usage aura amené de nouveaux perfectionnements.