CHAPÏTRË IX.
DES LOCALITÉS LES PLUS COKVEMABLES POER LES VERRERIES
Qüöiqué nöüs ayöhs cru devoir CötiSacrer tin chapitre a cette question, iioüs hé nöüs proposons qué de dónrifer qüëlqüès apfer- £üS géhëraüx, attéhdu iqufe lés chapitres cörisacrés è la qüestioh ëconomiqüe ét auk ferix dó Pevient pöür chaqüé éspèfee de vérre metlront beaucoup mieux le lecteur en état d’apprécièr les évan- tages et désavantages que peuvent offrir les diverses localités, 1’opportunité de fonder une verrerie nouvelle ou de déplacer un ancien etablissement.
A tout entrepreneur d’industrie verrière, je dirai d’abord : Gar- dez-vous d’aller établir des verreries dans un pays dont le climal vousobligerait a chömer pendant les mois les plus chauds; durant ce chömage, il est vrai, vous ne brulerez ni bois ni eharbon, vous ne consommerez pas de malières premières, mais il vous faudra payer une partie de vos ouvriers, les verriers, ou les payer pour neuf ou dix mois autant qu’ils pourraient 1’êlre pour douze, et la plus grande partie de vos frais généraüx sera aussi élevée que pour douze mois de production.
Je conseilierai également de s’abstenir de fonder une verrerie dans un pays ou cette industrie n’est pas encore établie; car,
com me on ne p'eut pas improviser des verriers, dont il faut dès 1’enfance commencer 1’apprentissage, il vous faudrait importer une colonie de verriers, que vous ne pouvez expatrier que par 1’appa.l d’un salaire très-élevé, qui rendra les frais de fabrication onéreux.
Enfin n’établissez pas de verrerie dans un pays oü Ia fabrica¬tion du verre aura besoin, pour être profitable, d’être protégée par un droit de douane élevé; car cette protection, combattue par les consommateurs et par les aulres producteurs, devra tót ou tard disparaitre.
La France, 1'Angleterre, la Belgique, 1’Allemagne, ce sont la
DES LOCALISES I’OÜR LÉS VERRERIES.
les pays oü lïndustrie du verre ést vivace; ces pays peuvent se disputer la consómmatión des aütrös contrées dé monde, cmpié- ter meme sur la consommatiön lés uns dés autres; mais il n’est pas de libre échange qui puisse faire disparaitre lés verreries d’aucun de ces pays. En Allemagiié; la üïéitbd'oeuvre ét CertainéS inatières premières sont è très-bon rtïarchë. Mais, d’autre part, l’AHemagne, dont les prodüits sónt èn géne ral très-remarqüables, a des établissements qü’öü peut qualifier dé primitifs, surtout quant a 1’exiguïté des moyens dö fabrication. Un pol dé certaines .verreries anglaises a plus de eontenaüce qü’ê les buit a dix pots d'une verrerio de Bohème, et si Ie salaire d’un ouvrier verrier anglais est plus élevé que celui d’un verrier de Bohème, il pro- duit aussi beaucoup plus. -
Le pï'ix de la main-d’oeuvre est rnoiiis élevé en Belgique qü’en France et en Angleterre, ce qui donne a ce pays ün a vantage pöur certains articles d’exportation; avantage quo les aütrés pays ka- ehètent par leur supériorité dans les articles de luxe ét dé fan- taisie. . • .
Les verreries d’Allemagne en vi'êndront sèns doütè a agrandii’ leürs moyens de fabrication 5 mans, j’ai eu 1’óccasión déja de lè dire, les transformations en verrerie sönt lentes, ét qüand lëS verreries d’Allemagne, de Bohème surtout, se seront mises aü niveau des verreries de Belgique, de France oii d’Angletérre, la multiplication des communications résultant des Chentiins dé fer, et d’autres causes dü même genre, aüront change datis Cé pays lés conditions générales-de production. Aihsi dönc, je lè répète, la fa-brication du verre, dans ces qualre pays, póürra s’éfehdi’e pliiS ou moins dans tellé ou telle branche, mais saus jaöiais absorber, éteindre I’industrie des contrées rivales.
Examinöns a présent dans iin pays comma la France les avaü- tages et dësavautéges de diverses localités.
Les questions qui se rapporlent a eet exaniën sént celles rela-tives 1° aux approvisionnements de combustible, de si lice, de chaux, des alcalis ét oxydes inétalliques, des terres rélractaires,
2° è la main-d’oeuvre; 3° aux débouchés dés prodüits.
On pent dire que généralèmeiit la dépense dü combüstible forme environ le tiers des dépensos d’unó vërréïïe; la SiliCe et les aütres matièrès reunies ün autre tiers, et la main-d’oeuvre aussi un tiers.
La dépense en combustible formant environ le tiers de coïle d’une verrerio, on voit que les Economies sur eet article ont une grande influence sur Ie résultat final de la production, et commo le poids du combustible est en général deux & trois fois celui du . verre produit, il est clair qu’il y a d priori plus d’avantages a transporter le produit que le combustible; et düt-on avoir a transporter sur Je lieu de production du combustible presque toutes les maiières premières de fabrication pour les retranspor¬ter a 1’état de verre fabriqué, tous ces transports n’équivaudraient pas a celui du combustible. En outre, si vous êtes sur le iieu detraction de la houille, non-seulement vous êtes exempt de la nécessité d’approvisionnements, ce qui équivaut a Teconomic d’uncapital, mais, en profitant de cette économie, vous avez en outre, comme nous Tavoris dit au chapitre Combustible, une : houille de meilleure qualitó.
Dans la question du combustible, nous nous sommes plus pré- occupé de la houille que du bois, car nous pensons que le bois tend chaque jour a se retirer de la fabrication du verre : Pap¬pa uvrissement des forêts et Paccroissement des consommations de bois pour d’autres usages, ont élevó le prix du bois dans des pays tels que les départements de la Meurlhe, de la Moselle, par exemplo, au point que la dépense pour fondre 1 kilogramme de verre avec du bois dans ces départements n’est guère infé¬rieure a celle nécessaire pour fondre la même quantité de verre auprès de Paris, par exemple, oü cependant on a a transporter le charbon de terre de la Belgique ou du département du Nord.
Aprés le combustible, e’est la silice dont le poids est le plus a considérer, puisqu’elle forme environ la moitié du poids total des
A
maiières premières. Il sera done en général très-avantageux de poüvoir concilier les économies relatives au transport du com-bustible et du sable ou quartz employés pour lat.vitrification.
La cbaux, les alcalis ou oxydes métalliques, forment 1’aulre moitié du poids des maiières premières employées; mais il est clair que la question de leur transport ne pourra jamais consti- tuer un élément important des frais de fabrication, car, sauf pour la chaux, le prix des autres matières ne pourra pas être augmenté de beaucoup par le transport, tandis que pour le sable, par exem¬ple, le prix du transport pourra être souvent plusieürs fois sa valeur sur le lieu d’extraction.
La question de la main-d’oeuvre mérite un très-sérieux examen, car, comme nous 1’avons dit, la dépense de ce chef est environ Ie tiers de Ia dépense totale d’une verrerie. Les salaires des verriers proprement dits sont a peu prés les mêmes dans toutes les verre¬nes : c’est-a-dire qu’on payera a peu pres le même prix pour la
■ _ 1 fagon dé cent houteilles, ou de cent manehons de verre a vitre, a Rive-de-Gier, a Valenciennes, ou même pres de Paris; mais, d’une part, en raison de cette presque unilormité de tarifs, les hóns ouvriers préféreront se caser dans les verreries situées dans des pays ou ils peuvent vivre a meilleur marché; d’autre part, le per¬sonnel d’une verrerie ne se compose pas de verriers seulement : ily a lesfondeurs, tiseurs, potiers, emballeurs, etc.; en outre, un certain nombre de manoeuvres-, vous serez öbligé de donner a ces divers ouvriers un salaire proportionné a celui des manoeuvres dn lieu oü est établie la verrerie. En effet, si un tiseur habile, par example, se contente d’un salaire dè 75 francs par mois dans Rive- de-Gier, il ne se trouvera plus Suffisamment payé avec la même somme auprès de Paris, quand il verra un simple manoeuvre payé 3 francs par jour, soit 75 francs pour vingt-cinq jours de travail dans le mois.
J’ajouterai encore que Ie voisinage immédiat d’une grande ville n’est pas aussi favorable a la discipline, au bon ordre des ouvriers d’un établissement industriel, et qu’ily a intérêt, et pour le chef de 1’établissement et pour les ouvriers eux-mêmes, a ce que 1’u- sine se trouve éloignée des causes de désordres qui, on ne peut le nier, se rencontrent plutêt dans les grandes villes.
Enfin, une question très-importante aussi est celle des dóbouchés, pour lesquels le voisinage d’une grande ville de commerce mérite considération. II peut y avoir un grand intérêt a établir auprès de Paris une fabrication de bouteilles ou de flaconnerie, paree qu’il y a une infinilé d’industries qui ont besoin de modèles particuliers au sujet desquels on veut s’entendre avec le fabricant, et qu’on a besoin de recevoir du jour au lendemain. Dans la fabrication des cristaux, ily a aussi mille articles de fantaisie que 1’on veut avoir aussitól qu’on les a COHQUS, et qu’en raison de cela on ne craint pas de payer plus cher, ce qui compense certains frais de fabrication plus élevés. Le fabricant peut aussi plus facilement se tenir au courant du goüt dominant, étant en rapport plus fréquent avec le consommateur. .11 sera aussi mieux informé des procédés nou-
veaux, des. perfectionnements qui auront pu être introduits chez des concurrents nationaux ou étrangers,
Ces avantages ne sent pas entièrement anéantis par. la creation des chemins de fer, mais toutefois les désavantages de réloigne- npent des fabriques sont de beaucoup atténués. Le conso.m.mateur peut au besoin se transporter rapidement sur te. lieu de fabrica¬tion, si sa commando est importante et exige des explications particulières; les produilspresses peuvent être livrés presque aussi rapidement que par un établissement voisin de Paris. Un éta¬blissement anprès de Paris aura sans doute encore la préférence pour un certain nombre de petites, demandes, mais je pense, qu'il fera sagement de limiter sa production de manrère a ne fabriq.uer autant que, possible que ces articles spéciaux et ce.ux qui, sous un poids. donné, out un assez grand volume et exigent amsi des frais relatife d’ejmhallage. et de transport assez éleyés pour les établissements éloignés, et qu’ii peut livrer même sans embal¬lage, tels que. les cylindres. ou yerres de, pendules, les globes d’^clairage, etc..
Telles sont les réflexions générales que, nous, vouli.ons présenter
MVRE I.—CHAPITRE IX.
sur le choix d’un emplacement de verrerie. Nous ayons youfe principalemént appeler rattentioii du lecteur sur des questions qu’ii pourra b,ien mieux réso,udre, lu,i-même, et auxquetyes les détails, des liyres suivants apporteropt de plus, importants ele¬
ments de solution.