VERRE A VITRÉ.
HISTÖRÏQÜE.
Le verre a vit re, ee produit donfc 1’utilitó doit être principale- ment appréciée dans les contréès du nord, ne parait pas avoir élé employé dans une antiquité bien reculée. Le silence des anciens auteurs grecs et latins sur ce point prouve suffisarament qu’on n’en faisait point usage de leur ‘ temps; et, toutefois, la merveil- leuse adresse avec laquelle on travaillait le verre bien des siècles avant 1’ère chrétienne rendrait surprenant qu’on n’eüt pas songé a en faire des vitres, si le climat 1’eut réclamé plus impérieuse- ment. Nous ne commenqons a en trouver mention que dans le premier siècle de 1’ère chrétienne. Philon,juif, dans un passage de la relation de son ambassade veis 1’empereur Caligula, fait
J .
allusion è 1’emplpi des vitres ; d’autpe part, Sénèque nous assure qup ce fut de son temps qu’on en inventa 1’usagé. Ces assertions ont pu, du reste, être longtemps conlestées. Certains commeutq- teurs voulaientque ces vitres ne fussent que des treillis ou sortos 4e jalousies en hois dont on garnissait les fenêtres; d’autressou- tenaient qu’elles n’étaient que du talc ininee, qu’on appelait
; mais aujourd’bui 1’incertitude ne peut plus être a4mise depuis les découvertes faites a Herculanum et a Pompéi. Mazojs, architecte, dans son remarquable ouvrage, les Ruines de
Pompéi (Paris, 1814-1835, 4 vol. in-fü), 's’exprime ainsi, tome IJ( p. 77, cbapitre des Bainspublics :
«Sï la question de 1’emploi des vitres chez les anciens était encore douteuse, nous trouverions dans cette salie un témoignage propre a Iarésoudre : lessiècles y ont conserve un chdssis vitré en bronze, qui determine non-seulement la grandeur et 1’épaisseur des vitres employees, mais encore la manière de les ajusler. Les figures 38 et 39, qui donnent l’ensemble et les détails de ces chas¬sis, font voir que ces vitres étaient posées dans une rainure, et
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Kg. 38. Hg. 39.
retenues de distance en distance par des boutons lournants qui se rabaltaient sur les vitres pour les fixer; leur largeur est de 20 pouces (0“,54 environ) sur 28 pouces (0ra,72) de haut, et leur épaisseur de plus de21ignes (5 è 6 millimètres). »
La certitude de 1’emploi des vitres & une époque antérieure A 1’an 79 de notre ère (date des eruptions du Vésuve qui enfouirent Herculanum et Pompéi) étant acquise, il devenait fort intéressant pour les verriers de savoir comment ces vitres qui, comme on 1’a vu, étaient d’une assez grande dimension, avaient été fabriquées, si elles avaient été soufflées en cylindres ou en plateaux, ou si
HTSTORIQUE,
olies avaienl été coulées a la manièro des glacés. L’inspection sculo des fragments pouvait m’éclairer a ce sujet. Ces vitres, qui, d’après les dimensions, ne devaient pas peser moins de 5 kilo- irrammes, no pouvaient pas, si elles avaient été soufflées, être le produit d’un seul eueülage de verre; on devait done, dans ce cas, reconnaltre sur la tranche du verre les différents cueillages. Si ces vilres étaienl le résultat du soufflage d’un cylindre fendu et développé, les bulles que contenait le verre devaient être allon¬ges et parallèles dans le sens de 1’arête du cylindre; elles devaient êtro concentriques, si ces vitres étaient le résultat d’une boule développé© en plateau; enfin, si elles avaient été coulées, les bulles 11e pouvaient avoir aucune direction uniforme et devaient élre généralement rondes et plates. Ne sachant a quelle époque je pourrais aller examiner les fragments dè ces vitres trouvées a Pompéi, je rn’adressai a M. le ministre des affaires étrangères, pour le prier de faire demander par le consul de Naples que 1’on me confiat quelques-uns de ces fragments. M. Dumas voulut bien
* apostiller ma demande, et peu de semaines après M. le ministre m’annongait que 1’inlervention de Vagent consulaire de Naples
' (M. de Soulanges, consul général) avail eu tout le succès que je
’ pouvais espórer; qu’en effet, le surintendant général des musées . de Naples, M. le prince de San Giorgio, apprécianl 1’utilité de mes travaux, ótait heureux de m’offrir des fragments des vitres
trouvées a Pompéi.
Ces fragments ne mesurent pas moius de 10 centimetres, et, d’après leur examen, il ne peut rester le moindre doute sur Ia manièredont ces vitres avaient été fabriquées.
Le verre est bien fondu, exempt de noeuds et autres défauts, II yades parties qui sont exemptes de bulles; il s’en trouve en grande quantité dans d’autres portions; mais elles ne sont pas toutes inhérentes a la fusion. L’ópaisseur du verre est inégale; elle est de plus de 5 millimetres par places, tandis que dans d’autres elle est a peine de 3. Ce signe seul n’indiquerait pas que ces vilres n’onl pas été soufflées. L’une des surfaces porte Vempreinte de 1’aire sur laquelle le verre a reposé étant chaud; ce pourrait être la marque de la pierre réfractaire sur laquelle on aurait déve¬loppé le cylindre ou manchon; mais 1’autre surface n’est passem- blableacelle qui proviendrait d’un soufflage. Puisilya d’autres signés encore plus certains que ce verre n’a pas été soufflé : les
LTVBE II; — VERRE A VITRE.
bulles iie sent ni celles d’uii cylindre ni celles d’une bouïe déye- loppcè ón plateau.
Ou voit évidemment quo cliaque vitro a étó 1’objet d'un con- lage; quö Cé couluge, dans ceitaines parties, n’a pas atteint tout a fait la regie qui devait le boruer; que, dans d’aütres, au con¬traire, 1’oüvrièr étarit arrivé en coulant pres de la limite, a retro¬grade en repliant le verrë sur lui-même, et qu’il y a eu ainsi interposition d’air et formation d’une coucbe de bülles.
. L’inégalité d’épaisseur prouve qu’on ri’employait pas un cy¬lindre métallique pour prèsser sur le verre. II est done vraisem- blable que Ton posait un cadre métallique de la grandeur de la vitre qu’on voulait obtenir, soit de öm,72 sdrOm,54sur unepierre polie sur laquelle on saupoudrait un peu d’argile très-fine. On versait dans 1’intérièur de Ce cadre le verre que 1’on avait extrait du creuset dans des cuillérs probablement On bronze, oil menie avec des cannes, et, avec un petit bloc en bois emmanebé d’une tige de fer; on pressait sur le verre de manière a lui faire remplir le cadre. Les anciens étaient done bien pres de 1’invention des glacés coulees, qui ne devait avoir lieu en France que dix-sepl siècles plus tard; car s’ils avaierit passé un rouleau sur ce cadre, ils auraieut obténu ces vitres d’une épaisseür régulière, et iine s’agissait plus ensuite que de polir les surfaces, operation a la- quello ils n’étaientpas étrangers; car Pliné, dans son Histoire du Monde, dit qu’on se servait d'obsidienne pour en faire des miróirs qu’on attachait eontre les tours, et ce rië pouvait êtrë évidemment qu’après avoir poli cette obsidienne \
Le verre des vitres de Pompéi est d’une teinte verte-bleuêlrcy Comme étail le verre a vitre cominun il y a environ'cinquanto ans; L’analyse a donné le résuitat suivant ;
Silïce (59,43 oxygene «de la silice.«♦ * •. 36,78
Chaux. -.. ......... 7,24 — 2,07 \
Soude '17,51 — 4.461
Alumiue. .... ... 3,55 — 1,65 s 8,60 X 4 = 54,4
Oxyde de fer 1^15 — 0,34 l
Oxyde de manganese,. 0,59 — 0,08/
Öxydë dë cuivre— . . . traces
99^07
* « Jn genere vïlri et obsidiana numeraulur ad similitudinem lapidis quem i» Ethiopia invenit Obsidius nigerrimi colons, aliquando et translucidï, crasslorc Visa., alque in speculis pariéium pro imagine umbras reddenlë* » ƒ( Lib, XXXVL èap. xkvi.) .
HiSTÓHIQUE.
Cello analyse ést remarquable en cé qif olie se rappórtê tout ft fait avec Panalyse deverres fabriqués denos jours; éneffet, prê- noris 1’analyse du vérre & vitre faite par M. Dumds, citëé danS sön ouvrage sous le n° 4, et nöus trouvons:
Silice.;,.... * 68?65
Ghaux ^65
Soude 17,70
Alumine 4
Peut-être. dans cetté dernière andlySe a-t-on négligé ijüelques traces de fer et de.manganese: mais, én dehors de ces deux ele-ments, on conviendra que ces deux analysés indiquèntdës compo-sitions presque identiques.
Maisrevenonsa l’analyse du vérre de Pompéi: la silice, cömine de nos jours, constituaitl’element principal du vérre. Les anciens
ajoutaiênt a leur composition une quantité assêz notable de cftaux;il$ avaient parfaitemerit reconnuquela silicè et 1’alcali seuls font un verre déliquëscent, sans solidité, difficile a travail- Ier. La soude était 1’alCali eihployé, dü möins dans lés vitrés de Pompéi, ainsi que cela résulle de Fanalyse; öü auraitpu eri döu- ter d’après Plinë, qui, au même livré, même chapitre, dit: « On fait le verre en Italië avec un sablè blanc qu’ön trouve au bord dü fleuve Vulturne, & six milles de son embouchure, eritre Cuinos ét le lac Lucrin. Ce sable, très-tendre, est facilément pulverise sous des pilons oü. unemeule; én. le mêle avec troïs quarts de nitre; on fond ce mélange dans un premier four ét on obtiént une masse . qu?on appelle dmmonitrwn, que nous traduirons par fritter et étant ensuite refondue, ellese convertit eriun verre blanc'. »
Mais par nitruin, il ne faut peut-être pas toujours comprèndre
Ie nitrate de potasse. Si nous recherchons dans cetauteur, au livre XXXI, chapitre x, ce qu’il entend par nitrum, nous vöyöns que la défïnitiön qu’il en donne, sa formation en effloreseenée dans certainés vallées, peut s’appliquer aü nitrate dé potasse, iuais aussi a. line substance cónnue sous le nom de ndtroti. Ce
1 « Jam veroet in Yulturno mari Ifali» arena albanascens sex. M. q. alittorê inter Cumas atque Lucrinum, qu<e mollissima est, pila molaque teritur. Dein miscetur tribus partibus nitri pondere vel mesura, ac liquata iit alias fornaces Iraiisfunditur: ibi fit massa quae vocatur ammóniirum-, atque hoe réöóquitüV el fii vitriim püriim, ac massa vïfri candidi. »
*■
228 LIVRE II.—VERRE A VITRE,
qu’il ditdans le même chapitre des nitrières d’Egyple achèvedc nous persuader qu’il s’agissait de cette deruière substance. Ce passage se termine par ces mots : « Nee non frequenter liquatuin (nitrum) cum sulphure'coquantes in carbonibus.» Etassez souvent on fondee nitro mélange avec du soufre sur un feu de charbon.
Mais s’il s’agissait réellement du nitre ou nitrate de potasse, lie serait-il pas arrive qu’une petite portion du mélange lombant nno fois ou 1’autre sur le charbon out fait explosion el amené des lore la découverte de la poudre a canon? Ge mélange sulfureux, dont parlePline, devait, sans aucun doute, se rapporter a une opéra-
I
tion métallurgique subséquenle.
Nous sommes done très-porté a croire que par nitrum on dési- gnait aussi le nalron, et comme ce sel se trouve en assez grande abondance en Egypte, e’est sans doUte eet alcali dont les verriere égyptiens se seront servis pour faire leur verre, et ce sel aura de même été employé dans les verreries d’Italio, qui n’étaient que des colonies verrières égyptiennes.
La presence del’alumine dans la proportion de 3,55 s’explique naturellement; elle ne dilïère guère de la quantilé signaléepar M. Dumas dans un verre a vitre de nos jours; elle provient de plusieurs sources : du sable d’abord très-probablement, de la chaux peut-être aussi, du natron pour une petite portion, et enfin de 1’argile du creuset.
Uoxyde defer* dans la proportion de 1,15, provient des mêmes sources que 1’alumine. C’est a sa présence que doit être principa- lement allribuée la coloration du verre.
L’analyse signale des traces de cuivre. II y aurait a se demander a eet égard si le verrier n’aurait pas voulu donner a son verre une teinte plus agréable en y ajoutant une très-petile quantité d’oxyde de cuivre auquel le verre doit cette légere coloration azurée; mais nous supposons plutöt que ces traces indiquent 1’usago d’mslrumenls en cuivre, tels que chaudières dans les- quelles on aurait séché le natron, plaques ou mortiers sur les- quéls on aurait broyé le sable, la chaux, etc. Les anciens, pour un grand nombre de leurs outils, employaient plus le bronze que le fer.
Vient enfin Yaxyde de manganese, que 1’analyse signale dans la proportion de 0,39, soit plus d’un tiers pour 100. Ce fait est re- marquable et nous prouve que les anciens avaient très-bien
apprécié la propriété de 1’oxyde de manganese. Pline dit fort bien dans le même chapitre, après avoir rapporté sa légende absurde de 1’origine de la fabrication du verre : « Depuis lors, comme les hommes sont inventïfs, on ne se contenta pas do mêler le nitre A ja matière du verre, on y mit aussi de la pierre A'aimant, paree qtt’on croit que celte pierre attire le verre liquide, comme elle attire le fer. Ce qui est la traduction littérale do cette phrase : «Mox, ut est astuta et ingeniosa solertia, non fuit contenta ni- trum miscuisse, cceptus addi et magnes lapis, quoniam in se liquorem vitri quoque ut ferrum trahere creditur. »
On a longtemps confondu le minerai de manganese avec le fer magnétique qui lui ressemble et c’est ainsi que les Latins lui ont donné le nom de magnes, quhl faut traduire ici, non pas par pierre d’aimant, mais bien par manganèse. On donnait aussi au_- (refois a ce mélal le nom de magnêsie, ainsi que nous 1’avons dit page 89. Et quant a la propriété qu’ oh lui attribuait d’attirer le verre liquide, comme le fer, un verrier ne peut traduire cela autre- ment qu’en disant qu’on avait reconnu que, de même que 1’ai- mant attire le fer, de même, dans le verre liquide, le manganèse agit sur le fer et neutralise sa coloration.
Cette presence du manganèse dansles vitres de Pompéi indique done que les anciens avaient apprécié 1’opporlunité de son emploi 'dans le verre blanc. Ils connaissaient aussi tres-bien sa propriété de coloration en violet plus ou moins foncó; cela n’a pas lieu de nous surprendre : pour peu que 1’on ait examine les verreries antiques, non-seulement celles qui ont dü êlre fabriquées du - temps de la splendeur de Rome, mais celles dont 1’crigine remonte aux anciens ages de 1’Égypte, on reconnait que les [verriers de ces temps éloigués avaient appliqué les propriétés coiorantes des oxydes d’un assez grand nonibre de métaux, tels quo le cuivre pour le bleu turquoise el le rouge, le cobalt pour le bleu, 1’anti- nioine pour le jaune, le cuivre etle fer pour le vert, le manga¬nèse pour le violet. A eet égard même, 1’examen des verres an¬tiques pourrait ne pas être inutile a 1’élude de la mineralogie chez les anciens. Ils savaient aussi combiner ces divers verres de couleur dans une même pièce avec un art devant lequel les vei- riers de nos jours doivent s’incliner. II n’y a que lp verre blanc pour lequel ils n’avaient pas atteint une grande perfection, en raison de 1’impureté de leurs matières; et quoique Pline nous
dise au sujet des coupes en verre : « On estime surtout celles qui sont d’une transparence et d’uno blancheur approchant du cristal de roche (Maximus tarnen honoS in candido translucenle quam proxima crystalli simililudine, usus vero ad potandutn argenti metalla et auri pepulit). » Nous ne pensons pas, d’après tous les vases antiques qui nous ont été conservés, que ces coupes fussent beaucoup plus blanches que les vitres de Pompéi; aussi som mes-nous bien persuades que les deux vases de moyenne grandeur, qui, du temps de Néron, furent vendus six mille ses-terces (« Sed quid refert, Neronis principatu, repertavitri arte quce modicos calices duos quos appellabant Pierotos, sex millibus venderet... » Pline, liv, XXXVI, cap. x), ne devaient pas être du simple verre blanc. C’étaient sans doute de ces merveilles dont le vase Barberini ou Portland, du Muséebri tan ni que, ou d’autres frag¬
ments qui selrouvent a la Bibliothèque impériale de Paris, nous donnent une si haute idéé, et sur lesquelles les grands artistes, dont les camces excitent notre juste admiration ne dédaignaient pas de modeler des bas-reliefs en émail blanc sur un fond de verre coloré, avec une perfection digne des belles époques de 1’art grec;
Nous savonsdonc pertmemment que les Romains ont employé des vitres coulees, et Pon doit naturellement en conclure que eet usage ne put que s’étendre a mesure qu’ils portèrent dans les pro¬vinces sous leur domination, e’est-a-dire dans PIbérie, les Gaules, la Germanie, toutes les jouissances auxquellés ils s’étaient habi¬tués én Italië. L’usage des vitres était certes un de ceux dont le besoin devait se faire le plus sentir dans ces pays froids; mais, toutefois, il ne dut être réservé qu’aux habitations les plus luxueuses, surtout tant qu’on fit usage de vitres coulées, très- dispendieuses par la quantité de matières qu’elles employaient; mais 1’extension de eet usage dut assez promptement amener des procédés de fabrication plus économiques, et conséquemmentle soufflage des vitres. 11 nous est impossible, toutefois, de suivre pendant quelques siècles, è partir de renfouissement de Pompéi, l’historique de la fabrication des vitres. Ce n’est qu’au quatrième sièple qu’il en est fait mention dans deux auteurs sacrés : Lac-
tance et saint Jéróme. Le premier dit que notre ame voit et dis¬tingue les objets par les yeux du corps comme par des fenêtres garnies de verres; le second parle de fenêtres ferméès avec du vprreenlames peu étendues et très-minces. Ceci semble déja nous
confirtner qu’il ne s’agissait plus de vitres coulees, raais souf- Aces. Fortunat de Potiers, contemporain de Grégoire de Tours au sixième siècle, s’est singulièrement appliqué, dans ses poésies Ia tines, a faire honneur aux saints évêques de son temps, du spin qu’ils prennent cléclairer les églises au moyen de granges fe- nêlres garnies de verre. L’usage des vitres paralt n’avoir pénótré que plus tard en Angleterre. Ia première mention authentique qui en soit faite ne date que du huitième siècle, dans les histpires de saint Béde et de saint Benoit, supérieurs des monastères de Jarrow et de Wearmouth. Ces saints hommes, par le mpyen des pèlerinages des membres de leur ordre, firent venir du conti¬nent du verre et des ouvriers pour vitrer leurs églises; et tel était 1’effet merveilleux de Ia substitution de ces fenêtres vitrées, aux
volets opaques qui garnissaient les ouvertures de ces églises, que le vulgaire attribuait eet effet a des combinaisons surnatu- relles; et remarquant qu’è travers ces vitres on apercevait Ia lumière de la lune et des étoiles, il en était résulté eet adage, que pour Péglise de Jarrow il n’y avait pas de ténèbres. A la même
I,.
époque, James Wilfrid avait fait venir de France des vitres et des
vilriers pour fermer les fenêtres de la cathédralè d’York, qup saint Paulin avait fait batir. Ce luxe des vitres fut pendant bien des siècles réservé presque exclusivement aux églises; il était tel - lement limité, surtout en Angleterrq au seizièmp siècle, et en Ecosse au dix-septième siècle, que les palais seuls étaient garnis de vitres, elseulement aux étages supérieurs.
Examinons a présent de quelle nature furent les vitres prïmiti- vement employées et quelles transformations cette industrie a snbies.
II serail difficile d’assigner lequel des deux procédés, du souf-flage en plateaux ou du soufflage en cylindre, a été le plus an- ciennement pratique; et nous ne pensons pas nous tromper en supposant que tous deux furent a peu prés contemporains et si- multanóment en usage a toutes les époques. D’un cóté, les vitres blanches, trouvées dans de très-anciens édifices, sont générale-
ment formées de petites pieces de verre rondes appelées cives, qui avaient eet avantage de ponvoir être fabriquóes par une seule opéra lion; d’un autre co té, il est également constant que les verres des plus anciens vitraux connus (il n’en existe'pas d’anté- rieurs au douzième siècle) ont été fabriqués par le procédé des
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cylindres. Ce dernier procédé est même le seul déerit par Je moino • Théophile dans les chapitres vi et ix du livre II de son ouvrage;
Diversariwn artium schcedala, qui date du onzième ou douziènie siècle. On congoil, du reste, que ce procédé devait avoir un grand avantage quandil s’agissaitdes verres de couleur et surtout des verres de couleur doublés (ainsi qu’était toujours le verre rouge), paree qu’on oblenait ainsi une teinte plus égale dans toute la surface du verre soufflé, landis que par Ie procédé des pla¬teaux le centre eüt élé toujours d’une couleur plus intense que la circonférence. Quoi qu’ilen soit, et bien quo nous supposions que ces deux procédés de fabrication des vitres furent contempo¬rains, il paralt toutefois que les Vénitiens pratiquèrent presque exclusivement le procédé de fabrication au moyen des cylindres, procédé qu’ils appliquèrent plus lard a la fabrication de leurs iniroirs; mais que ce procédé tomba peu a peu en désuétude en France et en Angleterre, surtout a mesure que la fabrication des verres de couleur et des vitraux lendit è disparaitre ; et qu’ainsi
• les vitres, dans ces deux pays et dans le nord de l’AIlemagne, ne furent plus guère, è partir du seizième au dix-septième siècle, fabriqués qu’en plateaux.
Le procédé des cylindres, pratiqué, ainsi que nous 1’avons dit, a
Veüise, s’était conservé aussi dans la Bohème, qui paralt avoir ét© initiée par Venise a tous les procédés des diverses espèces de verreries; de telle sorte que ïorsqu’on voulait se procurer en France, aux dix-septième et dix-huitième siècles, des vitres blanches d’une épaisseur uniforme et d’une grande dimension, on les tirait de la Bohème. En effet, les plateaux ne portaient guère alors que 30 pouces de diamètre, étaient beaucoup plus épais au centre que vers la circonférence, et Pon n’aurait guère pu y cou- per un carreau de 16 pouces sur 12 (0m,39 sur 0m,31) d’une épaisseur a peu prés égale.
Tel était 1’état de la fabrication des vitres en France au com-mencement du dix-huitième siècle, lorsqu’un militaire francais, M. Drolinvaux, frappé de la supériorité des vitres qu’il avait vu fabriquér en Bohème, entreprit d’introduire ce mode de fabrica¬tion en France. Il forma une compagnie avee laquelle il exploita une verrerie située a Lettenbach (Saint-Quirin), sur les fron- tières de la Lorraine et de PAlsace, dans laquelle il iamena des verders allemands, qui ne durent pas se trouver dépaysés, car on
y parlait et Pon y parle encore leur laugue. Cette exploitation fut conduite avee un succes tel, que la Compagnie, ne pouvant ache- ler cette verrerie, qui appartenait aux moiuos dè Saint-Quirin, la loua, en 1740, par bail emphytéotique, au profit de cesmoines; et, par suite, conséquemment, au profit de 1’Etat. Ce bail a cessé en 1840, et 1’établissement a été alors vendu par 1’Élat et acheté par la Compagnie, qui, par précaution, avait déjè fondé dans le voisinage la belle usine de Cirey. Cette verrerie de Lettenbach, plus connue ensuite sous le nom de Saint-Quirin, a été la souche de toutes les verreries qui depuis ont fabriqué des verres a vitres en cylindres, dans le Lyonnais, dans le nord de la Franco, én Belgique, et, de nos jours, en Angleterre.
Les premiers souffleurs de verres en cylindre qui avaient été amenés a la verrerie de Saint-Quirin par Pappot de salaires éle- vés, prévoyant que ces salaires subiraient une forte baisse s’ils formaient des élèves, s’étaient engagés entre eux a u’enseigner leur état qu’a leurs enfants, et a s’op poser même a ce que des ou- vriers verriers, étrangers a leurs families, essayassent ce genre de travail. Cette convention s’est parfaitement maintenue pendant prés dJun siècle, ainsi que nous 1’avons dit au livre lcr, page 179.
Les avantages du procédé des cylindres sur celui des plateaux sont la plus grande dimension des carreaux obtenus et Fabsence de déchet è 1’équarrissage et a la division des feuilles. Ces avan¬tages devaient être surtout appréciés en France et en Belgique, ou les architectes tendaient constamment é. augmenter les dimen¬sions des carreaux de vitres, et amenèrent peu a peu la substitu¬tion compléte des verreries è cylindres aux verreries a plateaux. La dernière qui en ait fabriqué en France était une verrerie en Normandie, prés d’Abbeville. La fabrication des plateaux a dis- paru aussi presque complétèment en Allemagne, oh. il ne reste plus que deux verreries : 1’une dans le ïïanovre, 1’aulre prés de Wurzbourg, en Bavière, qui en fabriquent sur une échelle très- restreinle.
En Angleterre, au contraire, la fabrication des vitres en pla¬teaux, qui y avait pris le nom de crown-glass, s’était tellement per- feetionnée sousle rapport de la fusion, de Fiiniformité d’épaisseur et des grandes dimensions, qu’elle a pu s’y maintenir presque exclusivemènt jusqu’a une époque assez récente. Ön y fabriquait ' aussi une espèce de verre assez grossier, connue sous le nom de
234 LIVKE II. — VERRE A VITRE.
spread-glass ou broad-glass, qui n'était guère employé© quo pour le vitrage des maisons de laboureurs et d’ouvriers. C’est ce verre qu’on a connu aussi en France sous Je nom de queue de inorue. On Ie soufflait comme les cyïindres; mais au lieu do laisser re- froidir ces cyïindres, on les ouvrait a chaud avec des ciseaux et on les développait de suite sur une plaque do töle recouverte de sable, Ce verre avail une épaisseur très-irrógulière, une sur¬face irès-grossièrc, et sa fabrication a complétement disparu. Lo crown-glass, au contraire, développé {flashed) par Faction du feu, 4 une surface brillante, a laquelle la glace pólie peut seule être comparée. Le verre a vitre en cyïindres, quelque bien fabriqué qu’il soit, donne a la vérité des carreaux plus grands; mais, d’une part, Ia nécessité de le développer sur une aire, même la plus unie possible, enlève une partie de son brillant a la surface qui est en contact avec cette aire ; d’autre part, la surface inté- rieure d’un cylindre étant inférieure en ótendue (quelque mince que soit ce cylindre) a la surface extérieure, il résulte de 1’opéra- tion de Fétendage qui les ramène a Fégalité, tiraillement de 1’une et contraction de 1’autre, ce qui produit une sorle d’ondulation qui se remarque sur la feuille, surtout quand on la voit exté- rieurement et d’une manière oblique. Ces motifs d’infériorité du verre soufflé en cylindre oqt rendu assez lente d’abord 1’introduc-, tion de ce verre en Angleterre; mais 1’usage, chaque jour plus
répandu, des glacés pour vitrage, qui a amené un changement dans les formes des fenêtres, qui ne peuvent plus être vitrées qu’avec de grands carreaux, diminue chaque jour 1’emploi dn verre en plateaux, dont la fabrication disparailra probablement dans un temps peu éloigné.
VERRE A VITRE SOUFFLÉ EN MANCHONS.
Nous allons étudier séparément ces deux sortes de fabrication, en commen^ant par le verre a vitré soufflé en cyïindres, générale- mpnt appelés manchons ou canons en France et en Belgique.
Afin de n’omettre autant que possible aucun des détails relatifs aux diverses opérations qui coneourent a la fabrication du verre a vitre, nous traiterons chacune de ces opérations en particulier, de manière a appeler Fattention successivement sur tout ce qui les concerne.
COMPOSITIONS.
COMPOSITIONS.
J
La composition du verre a vitre anaturellementsubi les varia-
r -
lions et modifications des diverses matieres qui y sont employées. ■
Le verre a vitre est, en termes généraux, compose de sable1, d’alcali et de chaux.
Si I’analyse signale d’autres substances, telles que 1’alumine, Je fer, la magnésie, on peut dire que ces substances s’y trouvent aceidentellement, en raison de 1’impureté do certaines matières ou de Faction des éléments du verre sur la matière du creuset.
Nous avons fait connaltre aux articles Silice, Soude, Potasse, Chaux, liv. Icr, chap, n, les diverses variétés de ces matières pre-mières employées pour Ia fabrication du verre ; nous ne recher- cherons pas è une époque trop éloignée è quel état et en quelles proportions ell es furent employées : nous ne trouverions, a eet egard, que desrenseignements trop ineomplets. Nous nous repor- terons a 1’Encyclopédie, oü nous trouverons des détails précis sur diverses compositions de verre a vitre. Nous citerons seulement, pour le verre a vitre ordinaire :
Soude d’AIicaute ou de Sicilc...
Sable
Ccndrcs .
Saliu ou potasse
Saffre
Et la sqivante :
Salicor de Languedoc.. .
Sable
Cendres
Salin ou potasse
Saffre.
Afin de ramener toutes les compositions dont nous auronsocca-
1 Nous ne disons pas silice ou acide siiicique, qui est ie terne scienlifique, el nous devons prévenir encore une fois ici que nousemploierons plus généraleraent les noms dont on se sert en fabrique.
2 I/addition du saffre avail pour but de faire virer au bleuatre, la teinle vert-
Jaune resultant des matieres ferrugineuses et charbonneuses. .
I I '
sion de parler a des terraes de com par ai son facile, nous prendrons pour le sable, qui est 1’élément principal commun a tous les verres, une quantité fixe invariable, 100 parties, par example; et, de cette manière, la première composition ci-dessus devient (en nombres ronds):
Sable.,* 100
Soude d’Alicanle ou de SiGile..., 56
Cendres 40
Salin ou polasse - 12
Satfre 0,02
La deuxième :
Sable» »■
Salieor de Languedoc
Cendres
Salin ou polasse
Saffrc,
100
77
45
14
0,03
Ces compositions étant mélangées, on les enfóurnait dans 1’arche a fritter qui attenait au four de fusion. Cette opéralion avait pour but la combustion du principe organique contenu dans les soudes, les cendres et les salins. La matière élait remuée dans 1’arche a fritter avec un grand rable en fer, pour que toutes les parties fussent soumises a faction du feu; et quand 1’opération était jugéesuffisante, on prenait la matière rouge dans les arches a fritter et on I’enfournait de suite dans les pots. L’auteur de Par¬ticle de YEncyclopédie ajoute : « On emploie avec utilité dans chaque potée de verre quelqües onces d’arseuic que Pon y mêle avec la première pellée de composition que Pon enfourne.
Outre le verre a vitre ordinaire qu’on appellait aussi verre d'Al¬sace, on fabriquait a cette époque ce qu’on appelait verre faeon de Bohêrne ou verre en table. Nous expliquerons, quand il sera question du travail du verre, la différence qui existe entre le vérre a vitre et Ie verre en tablet pour le moment, nous dirons seulement que ce dernier était plus blanc et généraiement plus épais, Ce verre était employé a vitrer les fenêlres des beaux appartemenls en grands carreaux, a garnir les portières des voitures, Va couvrii’ les estampes et pastels.
Voici Tune dcs compositions indiquées alors pour cette fabri-cation :
Sable..«.». 100
Polasse............ 60
Ghaux 7
Manganese 0,06
Si le sable avait été bien lavé et séché, la potasse parfaitement calcinóe, et si la chaux était bien blanche, on se dispensait de fopération de la fritte eL on ajoutait un peu de nitre pour assurer Pedel du manganese.
Quelquefois on remplagait la potasse par Yalcali fixe mineral, extrail de la barille d’Alicante et sufflsammcnt calcine.
Los compositions que nous avons citées élaient celles en usage
*
vers la fin du dernier, siècle, et encore assez longtemps 'dans ce siècle-ci. La soude d’Alicante était souvent remplacée par les soudcs de Fécamp oude Cherbourg; mais alors on forgait la dose de cclles-ci, quin’étaient pas si fortes en alcali que les soudes d’Espagne. •
La découverte de la fabrication de la soude arlificielle par la dé- coinposition du sel marin ne tarda pas a amener des modifications radicales dans la composition du verre è vitre. D’abord, quelques verriers remplacèrent les soudes de varech par la soude arlificielle; puis, quand avec ces soudes artificielles on fabriqua du carbonate de soude, ce dernier sel fut bienlót employé dans Ia fabrication du beau verre a vitre, et on cessa alors de fritter la composition.
Toutefois, comme ce carbonate de soude, connu sous le nom de sel de soude du commerce, était encore assez dispendieux, on y adjoignit soit des soudes de varech lessivées , soit des natrons dEgyple. Ces seis de soude du commerce, qui se fabriquaient généralement pres de Marseille, tilraient de 72 a 75 degrés.
Vers 1’année 1820, la composition du verre 5 vitre était, en moyenne, dans les verreries de ltive-de-Gier, du département du Nerd et des environs de Paris :
Sable 100
Sel de soude. 40
Ghaux 20
Arsenic 0,5
Manganese... 0,5
lit -
A ces élëniënts oh ajoutait le groisil provenant do la fabrication, qui, en general, forme environ le tiers de la composition totale. Si on fabriquait du. vérre plus commun, au groisil provenant de la fabrication on ajoutait partie égale de groisil do vitrier, et mêmc quelquefois des bouteilles cassees..
La chaux était employee a 1’état de chaux óteinte en poudre öü de craie. Dans co dernier cas, on en mettait une plus grande quantité.
La quantité de sel de soudé dépendait du degré de temperature du four. Si ce four était conslruit dans des proportions bien caïcu-
1 A I x
léés ; si le combustible était de bonne qualité, 36 cl 38 de sel de soude pouvaienlsuffirepour 100 de sable. Mais cesei de soude, qui généralement contenait une assez forte proportion de sulfate de
soude, dohhait lieu pendant la fonte a la production du /iel de verre,
/
formant un bain aqueux a la surface du creusel. Si la quantité n’en était pas tfop forte, ón pouvait atlendre qu’elle fut évaporée par Ia force du feu; mais généralement on le retirait avec des poches it la fin de Ia fonte. Ce sel, ou fiel de verre, qui n’était autre qu’un mélange de sulfate de soude et de sel marin, n’était pas utilise dans la verrerie, paree qu’alors on ne connaissait pas 1’einploi direct du sulfate de soude pour la fabrication du verre, connne nous Favoiis dit page 58.
Pendant assez longtemps on employa moitié sulfate, inoitiö carbonate, puis enfin le sulfate fut seul employé pour la fabrica¬tion des verres a vitre. On peut dire que depuis environ tronie ans la composition du verre a vitre dans toutes les verréries de France a élé, a quelques légères differences prés, formée de :
Sa hl e,
Sulfate dc soude.... Charbon en poudre..
. Carbonate dè chaux.
Maüganese.;
Arsenic
WO
53 a 40
1,5 a 2 (mêlc préalablement avec le sulfate pile); 25 a «3a 0,5 0,5
Groisil (celui provenant de la fabricaïion).
Pour le charbon en poudre? on emploie des braises pilóes, si on se
tion des soudes de varech. Lë produil de cetle lixiviaiion était séché et calcine au four; on obtenait done ainsi un produit assez blanc compose de sulfate et de car-bonate, mais qui différait des seis de soude du commerce en ce qu’il contenait une bieii plus for le proportion dé clüórurë.
sert de bois dans 1’établissementsirioh, ori pile dri coke. Qüélqtiès venders qüi ont des mines d’anthracile dans leur voisiriage eri cinploient a cet usage.
Si on n’a pas employe une assez forte proportion de char bón eii poudre, il ne suffit pas ft la décoinpositióu totale du sulfate dë soude. Si, au contraire, on force la dose, cet excès de charbon petit agir commë rriatière colorante (voir liv. I°r, chap. Ii, pagelOStJ, naturellement il vaüt mieux pécher par défaut que par excès, et avoir un peu de sulfate indécomposé qüi s’évapóre a la surface dubairi de verre, ou qu’on enlève a lapoche enfer, que d’avoir un verre jaune, qui ne serait pas vendable Comme vörre a vitre, quelque faible que füt cette teinte jaune.
La quanlilé de sulfate de soude depend dd degré de temperature que peut atteindre le four de fusion et de la qualite de la houille. Nous avbns dója dit a 1’article Houille, chap, n, liv. Ier, que nori- seulement certairies houilles produisaient une temperature plus élevée que d’aiitres, hiais que, de la mêmé mine, la houille brü- lait d’autant plus aetivenient qu’elle était plus riöuveïleriient ex- traite. Nous ajouterons que 1’état de l’atmosphère influë beaucöup sur la combustion, et, par suite, sur la températiire du foürueau. Dans les temps secs et froids surtout, le tiragë est plus actif, la températurëdu four plus élevéë; enfin, les fours de fontë, apres quelques mois d’usage, chauffent davantage. Le verrier, dansla préparation des compositions, devra done avoir égard a töutes cescirconstances pour les modifier par 1’additiöri ou la soiistractiön dequelques parties de sulfate dë soude. Enfin, quant a cette pro¬portion du sulfate de soüdë, nous cönséiliferöns de né jamais lend re a arfiver a la limite du minimum dë sulfate. Sans döute, il y a économie a employer lë moiris possible dë sülfatë, et 1’ön sail aussi qüe moinsun verre contiënt d’alcali, moins il est Sujet a s’altérer par l’humidité; et toulefois, höus insistoiis sur cë point: mieux vaut une composition tfop richê qüC tfoppauvre én sulfate. Vous ne manquerez pas vötre fontë paree tjüe vöus aurez mis un excédant de sulfate. Le verre fondra plus faciiëtüënt; la plus grande portion dë ’cet ëxcédant sera ëvapöréë veiri la firi de la fusion, si Ie four est convenablement ehauffé, ët, pöurvu <Jüë voiis ayez mis lë carbonate de chaüx ën qüantité Suffisantê, lë verfc n’allirera pas 1’humidité ; tandis que, si vous rie metfezque rigoü- i’ëusement Ia qüantité de sulfate nécessaire, il pèüt arfivëf, si
vous ótes dans une mauvaise veine de houille, si 1’état do 1’atmos- phère n’est pas favorable, que la fontesoit difficile; vous aurez des portions de sable non vitrifiées, et, conséquemment, du verre pierreux. Le verre n’étant pas assez liquide, les gaz ne se dégage- rontpas facilement; vous aurez du verre mousseux; enfin ce verre sera dur a travailler; les divers cueillages ne feront pas un tout ho- mogène; ie verre sera ondé. II y a.donc plus d’inconvénients que d’avantages a n’employer que juste la quantilé de sulfate néces¬saire dans les circonstances ordinaires.
On trouvo, dans le commerce, des sulfates de soude provenant de la decomposition du nitrate de soude pour la fabrication de Facide nitriqueöu azolique. Cés sulfates ne sont pas aussi purs quo ceux qui proviennent de la décomposition du sel marin; ils contiennent toujours un excédant d’acide sulfurique et des por¬tions defer provenant des cliaudières en foute dans lesquelles sa •préparation a été terminée; aussi ces sulfates sont-ils moins propres a la fabrication du verre a vitre quand on veut obtenir
une grande blancheur.
Le carbonate de chaux, dans la composition, contribue a la dé-composition du sulfatë de soude; il donne du corps au verre. Quand on employait pour la fabrication des vitres le carbonate de soude et qu’on nomettait qu’une faible proportion de craie ou de chaux, non-seulement le verre était déliquescenl, mais ii n’avait pas de corps, il était trop liquide sur la canne, se soufflait mal. Plus on met de carbonate de chaux dans Ia composition, plus le verre a de qualité et plusil est indecomposable par les variations hygro- métriques; mais, d’autre part, il y a une proportion qu’on ne peut dépasser; et cetle proportion est environ la quantité de sulfate de soude employé qu’on peut a peu prés regarder comme limite. Au dela de cette proportion, sitöt que la matière commence a se refroidir dans les pots, le verre devicnt qaleux, c’est-a-dire qu’ïl s’opère un commencement de devitrification. On est obligé de réchaufïerle four pour faire cesser eet état du verre; mais bientöt, après le soufflage de quelques manchons, la gale se représente en plus grande quantité encore et rend le verre tout a faitimpropre au travail. On est obligé de le tirer a Peau, et la fonte se trouve
ainsi perdue. line faut done pas que le verrier se tienne trop prés de la limite de 1’excès de carbonate de chaux; car, si ce ii’est dans le commencement du travail, lorsqu’on arrivera vers le fond des
pots, on aura génóralement du verre galeux qu’on sera obligó de lirer du pot.
Le carbonate de chaux s’emploie a*J’état de pierre a chaux pilée, ou de chaux éteintö, ou mieux encore, quand on en trouve a proximité, a 1’élat de craie (voir page 75).
II estsansdoute superflu derecomraander de ne pas employer de pierre a chaux con tenant de 1’oxyde de fer. La craie de Meudon est un véritable type du carbonate de chaux a rechercher par les verreries.
Quelques fabricants ont essayé d'introduire le carbonate de baryte dans la composition du verre è vitre; mais on peut dire qu’aucun résullat pratique avantageux n’a encore été obtenu. Nous avons dit au livre I°r, page 78, que 98 de carbonate de baryte étaient 1’équivalent de 54 de carbonate de soude ou de 72 desuifale de soude. Ainsi dit la théorie; mais onne peut pasen totalilé substituer le carbonate de baryte au sülfate ou au carbo¬nate de soude, paree que le verre qu’on obtient ne peut pas se travailler aussi facilement. Ainsi, nous avons essayé de faire du verre a peu pres dans les données de celui fait a Saint-Gobain, dont 1’analyse est énoncée page 79. Ce verre, dès la première fonte, était déja roide, difficile a travailler; el, dès la seconde fonte, la même composition avec le groisil provenant du premier travail, fondait plus difficilement, et 1’ouvrier, dès les premiers
manchons, dut renoncer a le souffler.
Nous avons peu de choses a dire du manganese et de Tarsenic
(oxyde demanganèse et acide arsénieux). Nous avons vu au livreler, chap, ii, le róle que ces deux substances jouent dans la composi¬tion du verre. La qualité du manganèse sera d’autant meilleure qu’il contiendra moins defer et qu’il sera plus complótement a 1’état de peroxyde. Le manganèse est destine a agir sur quel¬ques portions de fer qui se tróuvent dans la composition, prin- cipalement celles qui résuitent de Temploi du groisil, des meules ou mors de canne. L’arsenic est destine è agiter le mélange par le fait desa sublimation; il constitue en même temps ün fon¬dant actif. Quelques verriers, au lieu d’en mettre dans la compo¬sition même, se contentent d’en projeter quelques fragments dans le pot lors du raffinage du verre, et nous devons dire que nous préférons ce dernier mode. L’arsenic employé ain§i opère un maclaye} un brassage du verre liquide qüi Ie rend plus hó-
242 L1YRE II. — VERRE A VITRE.
i-
mogène, prévient ló défaut dos ondes et facilite le dógagenient des gaz.
’ f ,
11 nous reste è parley du groisil employé dans les composi- tious. Cc groisil résulle du travail du soufflage, de la casse a Fétendage et des rognures de magasin. Le travail du soufiïage donne en groisil la portion de verre qui reste adhérente è la canne, la calotte du manchon et Ie rognage de 1’extréinité op- posée ci la canne, les écrémages ou excramaisons, comme on dit cn verrcrie. De tous cesgroisils, le verre qui était adherent a la canne est celui dont l’emploi est le plus désavantageux, a cause du fer de la canne qui reste adhérent au verre. II y aura d’au- tant moinsde fer détaché de la canne qu’on Faura moins chauffée avant de la plonger dans le verre (et toutefois il faut qu’elle soit assoz chaude pour que le verre y adhère, et qu’elle ne re- froidisse pas trop le verre devant le troü de canne, ce qui em- pöcherait le soufflage). II faut aussi avoir un nombre de Cannes
suffisant pour qu’elles aieöt le temps de se refroidir avant d’etre . réemployées. Quand ce nombre est suffisant,, les meules ou mors so délachentsponlanément, è mesure que Ie verre se refroiditet se brise, et enlèvent moins de fer de la canne que quand on est obligó de les battre pour en detacher le verre. La qualité du fer de la canne est aussi un point important. Le fer le plus eorroyê est le meilleur; aussi emploie-t-on souvent dans les verreries les
vieux fers de chevaux pour faire les bouts de canne. .
Quand on veut avoir des potées de verre plus blanches, on n’y
met que les groisïls des calottes de manchons et les rognures de magasin, et pas les meules de canne.
Le groisil constituerait sans doute une grande perte dans la fabrication si on ne 1’employait pas dans la composition; mais il faudrait bien se garder de croire que le groisil, étant déja uil verre tout fait, doit beaucoup hater Ia vitrification de la composi ¬tion. Il n’a, pour ainsi dire, qu’un avantage, celui de rendre le mélange moins compacte dans le pot, et de faciliter ainsi 1’accès de la chaieur vers les parties centrales; mais il ne fond pas plus facilèment que de la composition ueuve, ainsi- que nous 1’avons remarqué page 108; et, comme nous Favons dit aussi, il pröduit un Verre plus dur que cette même composition; aussi remarque- t-on qüë quand il arrive qu’on charge un pot entièrement en. groisil, ce pot n’est pas en avance sur lesautres; son affinage
,nt’me est plus lent, et Io verre de ce pot est plus roide a travail- ] er; aussi quand on a a faire de très grandes feuilles de vérre ou de tres grands verres de pendule (cylindres), on met fort peu de groisil dans Ia composition pour avoir un verre plus souple; obéissant plus facilement au soufflage.
Les verreries, celles sur lont qui se trouvent dans le voisinagê des grandes villes, se Iaissent généralement imposer par les ache- leurs Ia condition de recevoir en payenient d’uno parlie du verre qui leur est fourni, des casses et rognurés de vitre, qü’ils re§oi- venteux-mêmes en payement des vitriers. Souvent même, par le fait de Ia concurrence entre les fabricanls,.ils consentent a ré?
preiidre ce verre cassé a un prix presque égal, parfois même égal, a celui de la composition neuve. Cette condition est très-fêchèuséj car ce groisil peut être différent dans ses principes constituante de la composition du fabricant qui 1’achète, il peul en résuïter dü vorre non homogene, et, par conséquent, oudé; en outre, ce groisil est plus dur a fondre et altère Ia blancheur. Pour coiia- penser ces désavantages, il faudrait que ce groisil de la casse des vilres ne revint qu’a peine a la moitié du prix de la liiatièré neuve; et encore même serait-il préférablc de le rejeterentièré» ment dc la fabrication du verre a vitre, pour être employé par les fabricants de bouteilles.
Les compositions doivent se faire dans une chambro spéciale,1 oü se trouvent de grandes caisses pour chacune des matières premières et de grandes maies pour remuer les mélanges. II importe d’exercer une active
surveillance sur ce départe¬ment, et d’avoir un compte de matières hien régulier, pour que les ouvriers auxquels on donne les ordres écrits pour les proportions des mélanges, si toutefois un employé n’est pas chargé de faire faire les potées sous ses' yeux_, soient Fjg 40
contrölés par les quanlités dépenséfes. Deux hommes peu vent transporter dans leur chambre les matières premières et peser les compositions pour trois fourset les mólanger/Si le charbon en poudre n’a pas été-préalablcment mêlé avec Ie sulfalc de
sou de pilé, il serabien de les peser d’abord et de les mélanger entièrement avant d’ajoufer le sable et le carbonate de chaux. II y a des verreries ou le mélange se fait dans un appareil dont la coupe est indiquée figure 40. Les matières premières pesées sont jetées par une porte a coulisse A dans une trémie dans laquelle la machine è vapeur fait tourner un cylindre garni d’aubes qui opère le mélange par sa rotation. Quand onjuge ce mélange suf- fisant, on ouvre la porie è coulisse B, au-dossus d’une brouette ou tombereau qui enlève la composition. 4
Le groisil ne s’ajoute è la composition que quand elle a été préalablement mêlee.
Nous avons dit que la composition, dont nous avons indiqué les proportions page 238, pouvait être considérée comme ctant, a quelques légères differences prés, la composition de toutes les verreries de France, nous pouvons dire même des verreries de Belgique et d’Angleterre. Cette composition produit un verre plus ou moins blanc, suivant la pureté du sable et des autres ma¬tières, mais aussi suivant la qualité de Ia houille, et surlout sui¬vant la manière dont le tisage est conduit. Le verre a vitre a lou- jours une teinte légèrement verdatre azurée, teinte assez faible dans certains verres de France, mais qui est très-prononcée dans les verres a jdtre d’Angleterre, qui, même lorsqu’on emploie le carbonate de soude pur au lieu de sulfate, out uue teinte plus verte que les verres de France fabriqués au sulfate, et qui tient a 1’impureté de leur sable et a la poussière de houille qui tombe dans les pots par le fait d’un tisage mal dirigé. Cette teinte foncéc ne pouvait pas convenir pour certains usages, tels que les verres pour la photographic, dont la consommation est devenue
très-importante.
Les fabricants anglais ont alors fait pour les verres a vitre extrablancs ce qu’ils avaient fait il y a prés de deux siècles pour le cristai. Ils ont fondu du verre a vitre a pots couverts. La com¬position suivante a Irès-bien réussi :
Sable blanc de Fontainebleau ou d’Amérique..... 100
Carbonate de poiasse 1
Sesquioxyde de plomb (minium). 5
Carbonate de soude a 90 degrés. S0
Kitrale de soude.. 5 .
Chauxéteinte en poudre. 11 i’
Arsenic. 0,5
FOKTE.
Cette composition f’ondait très-bion dans un petit four a deux pols couverts; puis la consommation de ce verre ayant aug- menté, on construisit un four a huit pots couverts., dont la tem¬perature atleignait au plus haut degré d’intensité; on a alors sup- priirié le minium et le carbonate de potasse, et la composition suivante a très-hien réussi: .
■ ƒ ' _ ■
Sabfe de Fontainebleau ou d’Amérique 100
Carbonate de soude a 96 degrés 56
Nitrate de soude 5
Chaux éteinte en poudre 12
Arsenic 0,5
On fait rentrer chaque jour dans la composition le groisil.de la veille, mais en supprimant les fragments de mors de canne tachés de fer. Le verre produit par cette composition en pot couvert est très-blanc. Posé sur le papier, iln’en change pas Ia couleur. C’est la le résultat qu’on devrait pouvoir obtenir même a pot ouvert. Ce progrès est sans doute réservé a nos successeurs. .
FONTE DU VERRE A VITRE.
Sous ce titre, nous traiterons des pots et des fours employés pour la fonte du verre a vitre, des combustibles, de la conduite de la fonte, c’est-èt-dire des renfournements, du tisage, de raffi¬nage du verre. . . ,.
Dansle chapitre Pots'et fours du livre i®*, nous avons dit qu’on employait des pots ronds et des pots o vales; leurs dimensions dépendaient autrefois de la quantité de verre que peut, dans un travail, soufflèr un verrier; car, jusqu’a ce jour, dans la presque totalitó des verreries de verre a vitre, chaque. verrier avait son pot a travailler. Dans 1’article Verre en manchons, de VEncyclo¬pédie par ordre de matières (c’est, nous ne nous lassons pas de Ie répéter, le seul ouvrage ou 1’on puisse trouver des renseignements. exacts), on estimait « qu’un hon ouvrier pouvait, sans s’excéder, fabriquer de cent soixante a cent quatre-vingts pieces de mesures ordinaires, du poids d’üne livre et demie. » II s’ensuivait que les pots devaient conlenir envirqp qualre cents livres de verre, pour suffire non-seulement a la fabrication, mais encore aux dó- chets qu’entraine le travail. Les pieces dont il était question
étaient des feuilles de 20 pouces sur 12, ou de 18 sur 14. Muis plus lard, au lieu de fabriquer ces petiles mesures, on doubla les di¬mensions, c’est-a-dire qu’on souffla des feuilles pouvant donner deux carreaux des anciennes dimensions, soit des 25 sur 20 et des 29 sur 18 et un ouvrier put fabriquer plus que la moitié en nombre de ces feuilles doubles, c’est-a-dire que 1’ouvrier qui fabriquait cent soixante a cent quatre-vingts manchons de 20 pouces sur 12 ou de 18 sur 14 de 1 livre 1/2, put faire plus dé quatre-vingls è quatre- vingt-dix manchons de 25 sur 20 ou de 29 sur 18, pesant 3 li- vres; on augmenta done la dimension des pots. Aujourd’hui on a même doublé ces dimensions de 25 pouces sur 20, 29 sur 18 (69¬54, 81-48, en centimètres); on souffle des 111®.sur 69, 99 sur 81; Ie nombre des pieces fabriquées s’est aussi proportionnellement augmenté; en outre, le verre a vitro se fabrique plus épais. LI ne pesait, d’après les données de 1’ Encyclopédie, que 3fc,50 le mètre carré; il pèse actüéllément 4fc,50 le mètre carré. Un verrier qui peut souffler environ soixante feuilles de 111 centimètres sur 69, pesant 4 kilogrammes, doit done avoir a sa disposition un pot eontenant environ 350 a 400 kilogrammes de verre. II faul
observer, en outre,-qu’il est convenable de laisser au fond du pot quelques centimètres de verre, qui ne produiraient que dés man¬chons de rebut; et, en outre, le pot ne peut êlre rem pl i que jus¬qu’a 3 a 4 centimètres du bord : on pourra done calculer la gran¬deur è donner aux pols, d’après ces données, que le mètre cube de verre a vilre pèse 2,500 kilogrammes. Les pots ronds devant toujours être coniques, on calcule leur capacité en multipliant Ia demf-somme des deux cercles intérieurs supérieur et inférieur par la hauteur.
Ainsi, un pot ayant intérieurement ;
Diamelre du haul 70 cenliroiiLres.
Diamelre du bas*...... 54 —
Haüteur iritérieure 64 —
*■>
*
Contiéndra, en supposant le pot plein jusqu’an bord, environ 500 kilogrammes de verre; mais si on ne compte que 50 centi-mètres de haüteur de verre a travailler, supposant que le pot n’est plein que jusqu’a 4 centimetres du bord, et qu’pn laisse 10 centimètres au fond du pot, on aura environ 370 kilogrammes de vérre a travailler, ce qui produira au moins soixante feuilles
FONTE.
de 4 kilogrammes. D’a prés ce que nous avons dit de Fepaisseur raison na ble des creusets, du retrait au séchage et a la cuissön, le pot dont nods venous de parlor dovra avoir extérieurenient, quand il est sec, 77 centimèlres de diamètre du haul; 70 centi* metres' de diamètre du has et 72 eehtimètres dë hauteur, et au moment de leur fabrication environ :
Diamètre du haul.... 85 centimetres.
Diamètre du has 79 —
’ Hauteur intérieure... 83 —
Nous disons environ, altendu què le re trait depend de la qua* lite de 1’argile emplóyée, et de la proportion d’argile crue et d’argile cüite qui Ie composenl.
La dimension de pots ci-dessus est, en moyenne, celle des ver- reries de verre a vitre du nord de la France; les verreries du Lyonnais ont des pots plus grands; les ouvriers travaillent environ vingt heures avec deux ou troisposes, et fa.briquent, dans ce temps, deux centcinqüantemanchonsde 66centimètressUr 54, un peuplus légers que les manchons du Nord. Les pots de Rive-de Gier con- tiennent, pour cela, environ 600 kilogrammes do verre; c’est A peu prés aussi la contenance des pots en Belgique, ou les ter¬riers, aidés par un grand gamin, peuvent produire davantage. Par , un système de travail que nous mentionnerous quand il s’agira du soufflage du verre, on est arrivé (cela en Angleterre) a se ser- vir de creusets beaucoup plus grands, jusqu’a lmj60'de diametro extérieur, contenant environ 3,500 kilogrammes de verre; mais nous ne parlerons, pour le moment, que de la moyenne ties pots employés aujourd'hui en France, et, pour décrire Ia conduite d’uné fonte, nous prendrons pour exemple un four carré a huits pots ronds de 400 kilogrammesde verre ; il ne sera également ques- lion ici que des fours a la houille, car c’est a peine, sans doute,s’il resle aujourd’hui en France un seul four a verre a vitre chauffc au bois; la houille est seule emplóyée aussi en Belgique, et, a plus forte raison, on Angleterre; il n’y a done qü’en Aliemagne (com- prenant la Bohème), ou Fob fonde au bois. *
Disons d’abord quelques mots de la halle dans laquelle le four est construit: cetle halle doit être spacicuse, pour que le travail flu soufflage s’y fasse avec aisance, que 1’air y circule largemeut pendant le soufflage, et, a cet.offet, les cötés de.la halle.faisaut
face aux ouvreaux doivent ötre, a partir de la hauteur d’ap- pui, et sur une largeur de 6 metres environ, formés par des montants en charpente de 25 centimetres carrés, et de 2 a 2”,50 de haut, espaces de 1 a im,20, sur lesquels s’ajustent des volets que 1’on tient fermés pendant la fonte, et que 1’on ouvre 5 volonté pendant le travail du verre. La halle doit avoir environ 7 mètres de hauteur sous charpente, et être garnie a son sommet d’une lanterne en charpente régnant sinon sur toute la langueur de la halle, au moins sur une longueur de 6 mètres au-dessus du four; celte lanterne est destinée a donner passage a la fumée et aulres produits de la combustion, pour toutes les verreries qui n’ont pas encore surmonté leur four d’une hotte, dont nous avons indiqué la disposition au livre I, p. 152.
Une halle pour le four que nous prenons pour exemple doit avoir intérieurement environ 20 mètres sur 20 mètres, et être élevóe au-dessus d’une cave s’élendant longiludinalement au- dessous de la grille du four, d’une largeur d’environ 2n,j50, et d’une hauteur d’environ 2“,50 sous les barreaux de la grille.
■«t I
Outre le four de fusion placé au centre, il doit y avoir dans la halle une arche pour 1’attrempage de six pots, et une plus petite pour 1’attrempage de deux pots; de telle sorte que si on n’a que un ou deux pots è remplacer, on chauffe seulement la petite arche, et ön les chauffe toutes les deux quand lous les pols sont a remplacer. II y a des verreries, c’est même le 'plus grand nombre, qui ne remplacent les pots que quand ils cassent; ils ont alors dans leur four des pots de différents Ages, qui fon- dent inégalement. Je recommande fortement aux verriers d’éta- blir un syslème de remplacement régulier des pots. Ce système n’est pas facile si les pots n’ont pas étó faits, séchés, at- trempés avec soin, si des negligences du fondeur amènent des accidents; mais avec un bon polier, des mélanges de terres faits avec soin, dans des proportions convenables, au moyen d’une sur¬veillance exercée avec intelligence sur la fonte, enjoignant même,
si 1’on veut, 1’appat de primes, on arrive facilement a établir ce système de remplacement régulier. Des pols de verre 4 vitre peu- venl durer deux mois el plus, si on leur donne une épaisseur suf- fisante; mais jeconseillerais plutót de les faire plus minces (assez forts cependant po.ur supporter la charge), de manière a leur donner une durée certaine d’environ quatre ou cinq semaines;
alors sans atlendre qu’il y ail de pot cassé, a jour fixe, lesamedi, par exemple, après le travail du soufflage, on tire tous les pots du four, et on on fait une mise entière neuve. Pendant cette mise, il pourra arriver une fois oü deux fois dans 1’année qu’un ou deux pots auront éproüvó uii accident, un coup d’air, et casseront dès Ia première fonte, ou au bout de peu de jours ; on se bornera è les rem placer; mais généralement tous les pots de cette mise feront leur temps, et alors, au bout des quatre ou cinq semaines, suivant la période adoptée, 'le samedi après le travail on renou- reliera tous les pots. Quaad on remplace des pots isolément, il
bil J
est bien rare que Topération de leur remplacement ne cause pas quelque blessure a 1’un des pots dans le four, et n’amène un nou vel accident. Ce système de mise réguliere de pots est surtout avantageux quand ón regie la marche du four de manière a ac- complir la fonte et le travail en vingt-quatre heures ét a com- mencer ainsi régulièrement le travail tous les jours a la même lieure; ce système présente de grands avantages au point de vue de Fordre et de la surveillance.
Revenant aux dispositions générales de la halte, nous dirons que si on fabrique des manchons d’une grande dimension et en verre double (3 a 4 millimètresd’épaisseur), il faut avoir des fours a recuire, nous feroUs connaitre leur disposition quand il s’agira du travail du verre; et si on fabrique des cylindres ovales ou carrés, il faut aussi des fours de recuisson. Nous rappellerons ici de nou-veau Fattentionsur deux détails qui ont assez d’importance; nous voulons parler d’abord des petites cheminées pratiquées entre les pots, ainsi que nous 1’avons expliqué au livre I, page 153. Par cette disposition le tirage s’opcre, en grande partie, par les petites cheminées placées versla partie inférieure des pots; il y a une combustion plus active, rnoins de parcelles charbonneuséS pro- jetées sur les pots, ét le fondeur peut régler encore mieux la marche de son four par Finspection des petits trous d’ouvreaux par lesquels doit sortir seUlement une flamme assez courts et bleue. Si la flamme cesse de sortir par ces ouvreaux, c’est qu’il n’y a plus assez de charbon dans le four; si, au contraire, Ja fumée sort en abondance par ces trous, c’est qu’ily a excédant de charbon: il n’y a qu’au commencement de la fonte, que le four nayant pas encore atteint sa haute tempéralufe, la flamme cour te des ouvreaux est encore mélangée dé fumée. Ces petites
cheminées sont une cause supplémentaire de détérióration pour le four, les tróus des murs d’ouvreaux se rongent, s’agrandis- sent, maïs en supposaht mêiue qu’il eu résullét une durée un
., pèu moindro peur Ie four, ce désavantage est bien plus qtie com- pensé par ühe température plus ólevée, plus égale, et une fonle, par Conséquent, plus rapide.
Les pots ayant, secs, 85 centirhètres de diamètre du haut (4 fois 85 — 3m,40), le four doit avoir au moins 3ra,65 de longueur inlérieüre sur 2™,50 de largeur, savoir : chaque sïége, 85 centi¬metre de largeur, et la fosse, au milieu,'80 centimetres de lar¬geur. La fosse aura lm, 10 de profondeur si on use de Ia houille grasse, el 80 centimètres si ori use de la houille maigre. La grille, divisée en deux parties séparées par un pont de 1“,15 5 la base, dèvra avoir en totalité 3 metres, savoir : lro,50 de chaque cóté du pont et 45 centimètres de largeur sur les chenels.
Le four dont nous avons doniié la description ayant été at- trémpe par un feu gradué, pendant au moins quinze jours, sa température, amenée au point le plus élevé possible, et, d’autre part, les pots ayant été également chauiïés a blanc, on fait ce qu’on appelle une bonne braise dans le four, c’est-a-dire qu’on laisse Ia grille s’encrasser un peu et on remplit la fosse de char- bon a une hauteur d’ènviron 40 centimetres, de manière è n’avoir pas de tirage au travers de la grille j quand cette brais.e est assez allümée, on ouvre-une des deux portines du four, on jette sur les siéges Un mélange de sable et de fines escarbilles (résidus de Ia combustion qui lombenl sous la grille), et, avec une spatule en fei\ oh en fait une couche égalé tres-minee, sur laquelle on po¬sera les pots, et qui est desdnée a empêcher le pot d’adhérer au siége. Puis, on sort de 1’une des arches un premier pot que 1’on enlève sur le diable (fig. 41), et on le roule a Pentróe de la por- tine, oü on le depose. On passe dessous une grande pelle en fer ü très-long manche, appelée èburge, sous laquelle on introduit un róuleau en fer, et on pousse ainsi le pot jusqu’è 1’exlrémilé op- posée du four, devant le dernier ouvreau, en 1’accompagnanl avec des dents de loup, sorte de crochet double a longue‘üge (fig. 42). Quand ce premier pot est en placé, oh on va chercber
ün second, que 1’on entre et met en place de la méme manière jusqu’au quatrième placé pres de la portine. Quand ce dernier est en placé, on referme la portine après avoir mis de la braise, c’est-
a-dire des charbons allumés entre la portine et le pot, pour évi- ter le refroidissemenl de cö dernier. On peul, & la rigueur; entror tous les pols par une memo portine, en leur faisant traverser la
losse sur l’éburge; mais on trouve ordinairement plus aisó d’ou- vrir la portine diagonalement opposée pour mettre en place les pots de Fautre siége. Pour faciliter la mise on place des pots, on
ouvre les logis qui correspondent a chaqüe ouvreau, a hauteür <lu siége, et par lesquels on passe une palette en fer pouÉiairö mouvoir le pot et le mettre a la place convenable. Quand ce pot ést en place, on jétte au pied du pot, par le lógis, une pelletée dö braise allumée; on ferme et on marge le logis avec un mortier de terre.
Les pots ayant étë a in si mis en place, les logis fermés, lés ou- vreaux presque entièrörhént böüchés, ét les troiis des petites che-
minées ferinées par un tampon en terre brülée, on laisse le four reprendre sa chaleur doucement, sans tiser, et par le fait seul de la braise qu’on a faite dans la fosse avant la mise des pots} et qu} brüle lentement paree que la grille n’est pas percée; il faut qu0 les pots se mettent ainsi en équilibre de temperature avec le four. Si on voulait activer trop tót la combustion, aller en dessous de la grille y donner de 1’air, les pots, subitement chauffés du cóté de la fosse avant que le cóté des ouvreaux eüt pu atteindre une température suffisamment élevée, ne manqueraient pas de se gercer et de se fendre. Trois heures au moins doivent s’écouler entre le moment oü on a terminé la mise des pots et Ie moment oü vin recommence a activer le four; pendant cé temps-la, lc charbon accumulé dans le four s’est en parlie consumé, est de- venu de plus en plus vif, la chaleur a gagné jusqu’aux murs d’ouvreau au pied des pots opposes a la fosse; on s’aper^oit qu’ils sont devenus partout presque rouge blanc; on peut alors com- mencer a donner d la grille, c’est-a-dire a Ia déerasser, et donner passage è 1’air ; enfin , a tiser comtne en fonte. Après une heure envirou de Usage on enverre les pots, c’est-a-dire qu’on enfourne dans chaque pot environ 30 a 40 kilogrammes de groisil; une
lieure et demie ou deux heures après, ce groisil étant fondu, on prend une longue palette avec laquelle on prend du verre au fond du pot pour en frotter les parois tout aütour, de manière' a lui donner pour ainsi dire une couche de vernis destinée a empêchsr le contact immédiat de la composition avee la paroi du creuset. Cette opération, quoique de courte durée, refroidit encore le four. On chauffe done de nouveau fortement, et quand on est au rouge hlanc, le fondeur et ses aides enfourneut la composition. L’équipe de foute se compose du chef fondeur, qui est en même temps li- seur, d’un deuxième tiseur et de deux manoeuvres chargés d’en- lever .les crasses et escarbilles de la cave, d’amener ie charbon auprès des tisards, reporter les groisils a la chambre de- composi¬tion,Wmener les compositions, balayer la hallo. Chaeun de ces quatre hommes enfourne deux pots qui sont comblés, ou en- faités a 20 centimetres environ ,au-dessus du hord du pot au mi¬lieu, maïs de manière toutefois que la composition n’atteigne pas tout aulour a plus de 3 a 4 centimetres du bord du pot. Le ren- fournement fait, on remet les tuileltes ou rondelles devant les ouvreaux, on ferme les volets devant les ouvreaux, on tise plu- sjeurs pelletées de chaque cöté, on met la grille en état, et on pousse le four a sa plus haute temperature.
Les renfournements suivants s’opérent suivant deux méthodes.: il y a des verriers qui allendent, avant de procéder au deuxième enfournement, que le premier soit fondu et que le sel excédant qui remonte a la surface soit évaporé; d’autres, aussitót que la motte s’est affaissée, s’empressent de faire le deuxième enfourne¬ment. J’ai expliqué au livre I, page 192, les avantages de celte deuxième méthode; nous n’insisterons done pas davantage ici sur cc point. Nous rappellerons seulement ee que nous avons dit de ]a fonte en pain de sucre (liv. I, p. 187) : qu’il faut avoir loujours soin d’observer, car si voire composition fond plat> c’est que le four n'est pas dans de bonnes conditions; qu’on aura, par exemple, én- fourné avant que le four et les pots aient atleïnt la temperature suffisante jusqu’a la base des pols. Le deuxième enfournement se fait enfaitè, comme le précédent; Ie premier enfournement a reinpli les pots jusqu’a un peu plus de moitié; le deuxième les met au moms aux cinq sixièmes de la quantité qu’on veut fondre (nous avons dit que le verre fondu ne devail s’élever qu’a environ 3 a 4 centimètres du bord du pot). Un troïsième enfournement est né¬cessaire pour compléter; il n’est que d’un petit nombre de pelle- tces. Quelquefois on fait ce troisième enfournement en groisil seu-lement. Si la composition enfournée ne conlient que très-peu ou pas de groisil, au lieu de trois il faudra quatre enfournemenls pour emplir les pots. Le dernier enfournement est rapidement fondu, car le four est en pleine chaleur, et, en outre, c’est vers le liaut du pot que la température du four est le plus élevée. Le raffinage ne tarde done pas a commencer; la vitrification est ter- minée, mais la masse est bouillonneuse ; les gaz renfermés dans la partie inférieure, la première fondue, n’onlpu se dégager, les couches supérieures n’étant pas encore liquides. Ce dégagement
des gaz exige d’ailleurs une température très-élevée. C’est lo mo-ment oü le fondeur doit redoubler d’attenlion, car c’est pendant l’affinage qu’est le principal peril pour les pols; la matière qu’ils contienuent étant très-liquide, presse d’aulant plus sur les parois, et surtout vers la base, et si un coup d’air vient a frapper le fond d’un pot, il arrivera le plus souvent qu’il se fendra et laissera óchapper Ia matière en fusion. Il faut done avoir soin que la grille soit dans uu état convenable, assez claire pour que le tiragesoit ri
254 L1VRE II. — VERRE A V1TRE.
actif, mais garnie de combustible sur loule sa surface, car si, par uégligence, la grille se perce en quelque endroit, c’est-a-dirc se dégarnit complélement de charbon, il s’établit lè. un courant d’air qui, venant a frapper le pot le plus voisin, amène sa rupture.
Mais est-ce bien un courant d’air froid qui frappe ce pot qui est a une temperature très-élevée, et dont le contraste produit sa rupture? ou bien ce contraste existe-t-il en sens inverse? Des verriers prétendent que lorsque la grille se perce, ce trou donno
lieu a un passage plus rapide d’air qui brüle avec plus d’intensilé les gaz qu’il rencontre, et forme une sorte de pointe de chalumeau sur le pot immédiatement au-dessus, et forme le contraste dont nous avons parlé. Ce qui semblerait faire croire A eet effet, c’est
que lorsque la grille est percée on s?en apergoit a 1’ouvreau cor-respondent, par lequeï sort une flam me plus bleue que par les autres. Quelle que soit la cause, le résultat est posilif, et 1’on doit 1’éviter avec le plus grand soin. Le fondeur doit done avoir
1’ceil altenlif a ses ouvreaux, descendre souvent a la cave pour inspecter sa grille, et veiller a ce que ses deux tisonniers soiciil toujours bien garnis.
Expliquons ce que nous entendons par ces tisonniers : nous voyons par le plan du four que la grille ne s’étend pas jusqu’au pied du montant de tisard (tig. 44), il y a ce qu’on appelle un
seuil AB de 15 a 20 centimètres, sur lequel repose une masse de combustible ; aprés avoir tisé en projetant Ia houille sur la grille, on en verse une ou deux pelletóes au bord du trou de tisard a b : c’est ce qui forme Ie tisonnier. Si ce trou de tisard n'est pas
garni d’une porte en Fig. 44.
fer on le bouche, méme avec du charbon. De temps en temps, par les trous cd, on pousse Ie cliarbon du tisonnier sur Ia grille, et on le rcnouvelle; il s’ensuit qu’on a toujours, de chaque cóte du four, une accumulation de charbon allumé, maïs non en
25S
pleine combustion, et qui sort soit è b ouch er dos trous sur In grille lorsqu’on la déerasso en dessous avec les crochets, soit, dans d’autres moments, a garnir sur la grille si on s’apergoit qu’elle a tendance a se percer. C’cst aussi le cas de recommander de tiser peu et souvent. Gónéralement les tiseurs sont enclins a jeter dans le four beaucoup de charbon a la fois, pour avoir ainsi a se déranger moins souvent; c’est une très-mauvaise méthode; une grande quantile de charbon arrivant a la fois dans le four, et ne pouvant s’allumer, amène un refroidissement dans ]e four, produit une quantité énorme de fumée; une partie no- table du charbon est ainsi en trainee a 1’état do fumée sans avoir produit le résultat utile de sa combustion ; la couleur du verre est altérée par le contact de cette fumée qui remplit le four; tandis qu’en tisant peu et souventon produit un feu clair, qui élève et maintient bitri plus efficacement la température du four. De temps en temps le fondeur fait des épróuvettes avec une cordeline sur les différents pots pour voir si le Verre est fin. Cette cordeline est une tige en fer rond de 2 metres a 2m,50 en-? viron de long, de 12 millimetres de diamètré, gull passe par le trou de la rondelle d’oüvreau: quand il Voit que le verre qu’il prend sur cette cordeline en Ia plongeant dans le pot est exempt de bulles, que le fil qui tombe a la suite est parfaitement net, 1’af- fmage est alors parfait. ■
Un peu avant que raffinage soit termiué, et pour le better, on
est souvent dans 1’habitude de jeter sur chaque pot un ou deux fragments d’acide arsénieux, environ 250 a 300 grammes. Cet ar-senic, par sa pesanteur spécifique, gagne lefond du creuset, et, par sa sublimation rapide, brasse la matière liquide, la rend plus homogène en même temps qu’elle facilite le dégagement des gaz; d’autres verriers, au lieu d’employer l’arsenic font, vers la fin de raffinage, un maclage avec un fer de 5 a 6 centimètres carrés d’une longueur suffisanle pour que le fondeur puisse atteindre vers le fond du pot saus être trop exposé lui-même a la chaleur; ü renme ce fer a macler en tournant de bas en haut, et le reti- rant du pot avant qu’il soit assez chaud pour que le verre s’y at¬tache. Cette opération rend aussi le verre homogène et coupe les. ondes.
On remplace encore 1’arsenic ou le maclage en perchanl le verre, c’esUè-dire en plongeant une ou deux fois une perche de
256 LIVRE n. — VERRE A VITRE.
bois vort jusqu’au fond du pot; la vapêur d’eau dégagée de ce bois vert, et le commencement de distillation instanlanée du bois. produisent Ie même eflet que 1’arsenic. Gette operation doit être faite avec précaution, car si la percbe est trop forte, Ie verre peut se soulever avec trop de violence, et dópasser les bords du creuset. Les Allemands ont rem placé très-avantageusement la perche par une pomme de terre piquée au bout aigu et recourbé d’une tige mince de fer de 2m,5ö de longueur; on peut ainsi plonger la pomme de terre jusqu’au fond ducreuset, et la vapeur d’eau et les produits de la distillation se dégageant du fond«seulement produisent bien mieux 1’effet deTarsenic, et même d’une inanière plus süre, car si le verre n’est pas suffisamment liquide, si le fragment d’arsenic n’est pas assez gros, il ne gagne pas le fond du creuset et n’at- teint pas ainsi le but auqüel il était destine. On ne maintient U pomme de terre que quelques instants au fond du creuset et on la retire.
Le fondeür s’élant assuré au moyen de Ia cordeline, ainsi que nous 1’avons dit, que sa fonte est terminée, il se retire avec son équipe après avoir fait veüir le tiseur de jour ou de travail. Toute- föis, avant de sé retirer, le fondeur charge la grille d’une quantité plus forte de charbon, puis ferme les petites cheminées pour ar* rêter l’activite de la combustion. Le tiseur de jour, en arrivant, débouche les ouvreaux, oüvre même totalement ou en parlie les voleis extérieurs de la halle pour refroidir le four et le Verre, et le mettre en état d’être travaillé; il laisse pendant quelque temps brAler le charbon, dont 1’équipe de fonte a chargé la grille avant de se retirer, puis, quand la couche de charbon commence a de- venir mince, il marge sa grille par le dessous, en y tainponnant de 1’argile mêlee avec un peu de paille ou de foin, puis il fait sa braise, c’est-è-dire qu’il charge par chaque tisard sa grille è une
hauteur de 40 a 45 centimetres de charbon fin, légèrement trempé d’eau; il bat cette braise avec uue longue spalüle pour qu’eile soit compacte et non sujette a se percer pendant le travail ; car si pendant le soufiïage Ia braise vient & se percer, il s’établit de suite un courant d’air qüi entralne des poussières de charbon, et le verre devient bouillonneux; on est obligé d’arrêter le travail, de réparer la braise, et on recommence le soufflage après avoir ócrémé le verre. ï
Quand le tiseur de jour voit que son four est suffisamment re-
FONTE,
froidi, il rebouche quelques ouvreaux, et laisse ainsi sa braise s’allumer petit a petit; elle brüle lentement, pour ainsi dire comme en vaisseau clos, et le verre qui, dans le commencement de Popération de la braise, était redevenu très-bouillonneux, recommence a se rasseoir et a se raffiner; quand il est redevenu fin, il est alors trop froid pour etre travaillé; le liseur de jour remet done toules les rondelles devant les ouvreaux, recharge nar-dossus sa braise, environ 15 a 20 centimètres d’épaisseur, du charbon gaillelcux. Ce charbon produit une ilamme qui récliaufle le-four et le verre, et, après vingt minutes ou une demi-heure, on peut commencer le travail du soufflage. II s’est écoulé alors trois heures au moins depuis le depart des fondeurs.
Pour en finir avec 1’ouvrage qui concerne 1’équipe des fon-deurs, nous supposerons le soufflage terminé. On rappelle alors Péquipe de fonte, dont la première main-d’oeuvre consiste a dé- marger la grille, faire tomber une grande partie du charbon qui est a 1’état de coke, enfin remettre le four en chaleur de fonte; et, a ce sujet, nous ne saurions trop insister pour que cette chaleur
o
soit poussée au plus haut point possible avant d enfourner; car, si on enfourne avant que tout le siége et le fond des pots aient atteint une temperature assez élevée, la fonte suivante est mauvaise; la composition fond du haut, le bas ne se rechauffe plus suffisam- ment, et quelques efforts que fasse ensuite le fondeur, sa fonte sera plus longue, et il n’aura qu;un verre moussoux; il vaut done mieux chauffer une demi-heure, une heure de plus, pour que son four soit dans 1’état convenable : a Pordinaire, en une heure et demic il obtiendra ce résultat. Avec les données que nous avons indiquées, nous estimons que le réchauffage du four et la fonte peuvent dürer quinze heures ; viennent ensuite trois heures pour mettre le verre en état d’être travaillé; les verriers pourront vider les pots en six heures; total vingt-quatre heures, de telle sorte qu’on peut ainsi‘commencer le travail tous les jours a la même heure.
Lorsque les pots sont a remplacer, qu’ils ont fait leur temps, Péquipe des fondeurs arrivant après le soufflage commence par soulever un peu les pots par 1’ouvreau au moyen d’une pince, et pendant qu’on tient le pot ainsi soulevé, on passe par le logis un fragment de brique ou de pot cassó pour que le pot ne puisse pas retomber en contact avec le siége, puis on tire a 1’eau tous les
LITRE 11. —■■ VLItllE A VIT1U5.
foiids dé pots, co qüi se fait avec dés pbchès ën fer (vöir ci-coütrè fig. 45), puis öh dêmonlie Id grille Commë après chaqué travdil jtöür réfehaüffer son four, cdf l’opératiöü dé la misé dës pots étant assëz
riy. 45.
longue, et lé föiir étant iongtëriips ouvèrt, ii devièndrait tröp froid, ce qui lui causerait ün grave préjüdicê, il se glacerait par places; il s'öü détachèrait des portions dé briqüës. Si cés glagures önt lieu dans la cöuronnë dü four, celd determine des écoulements dé larmes qui, venant a tOmbèr sur les pots, gStent lö verre; et il n y a pas de reparation possible & ühë vöuté de föiir. Si c’ëst le siege qüi a été glacé, il S’eü détaché dés fragments qui förnienl dés excavations profondéS; qüi iriëriaöërit la söliditë des pots, el augrtléntëöt la öönsöinniatiön dü combustible.
Dit restë, (piels ijü’aièüt ëtë lës söinS dü fondëur; lörSgü’ün föür a déja serri guëlqüë temps, il se forriië tóüjöüfs qiielqtiëS Örëüx dans les siégës, ët On profile, dé Fopération dé ld iniée deS pols pour lés réparèr; A cét ëffët, lè föuf ayüiit ëtë féöhaüffé confine nbüs l’avóns dit, ott tiiivrë Furie dè& pörtinëS, ön fëtiró 1’ün apreü Faütrë tous lés pöls avëó lë diablé, ét; qüaÜd le fóür est vidé, ön procédé a la réparatiöü des sié^ÓS dë la üidnièrë süivarilë : on a de la terrè dé la mëme composition qüë les briqueS dë ëiégë; qüë 1’öti tiétrempe daiis ühë augë, de maiiièré a ëö fairë üne üöftë tiö
k
mortier ün peu Serre. Ön ën prönd un mórcëau de la grossëür dü pöing, qüë 1’ön pose sür 1’extréüntë d’uüe përclic, garüie a cëttë ëxtréniité d’un tampon dé linge mouillé, et Ön pösë ainsi ce mör- ceau dë tërrë riiouillée, soit paria portirië, söit pér 1’ouverturë du tisard, a 1’entrée de la fenle, ou du trou que Pon veut bouchër; on le póüsse avec le tampon, et ori achëvé ensuite dë 1’iritróduire dans la cavite avec une spalülé en fér a long maüché; Ori remet de la tërrë avec lë tampon jüsqu’a cë qüë le tröu söit boüché. Si les joints süpérifeurs dü siégë së sént' OüvertS, on iÖS böüöhë dé la même manière. • , '
1 J
NoüS né devons pas oüblier dé fecöinhiaridéï de ‘nouveau,
SOUFFlAGE.
ainsi qtië nötis 1’avons fait livrè Iór, ati chtiplitre Pots ei Fours, de préndré poür ces reparations uii méltiügë dé tërie longtemps
r 'i
formenté, potirri, ijüi ést bien pltis pltiètique ijtie de la terre tiëüVè qui, lè plus souvent, së détache peu d’insttints tiprès avoir ëté po- sée,
Quand la repartition du föür ëst termiriée, il ftiut de hbuvéaii rcchauffer le four; quand il est arrivé a la température conve¬nable, que les pots d’autrë part sont prêts (il faut qü’ils soient au rouge blanc jusque sous Ie fond), on procédé a lamise tiü four ainsi que nous 1’avons vu pour le four neuf, et après avoir, comme pour la première mise, répandu sur les siéges une couctie mince d’escarbilles et de sable.
SÖUFFLAGÉ DU VERRE.
Nous croyöns tivoir süffistiinmènt insisté stir toils les détails du travail dés fóndeurs ; höus avons indiqué la maniète doiit le tisëur de jour pröbédtiit pöür timèner lë verre au point coiivëtiable pöür otre trtivailló : noils tirrivöns nitiintentint au soutïlagé.
Donnons d’tibord la dësbriptiön des divers oiitils doiit se sortie
I *
verrièr :
1° A environ 3 metres de distance de 1’Öuvrëtiu de cueilltige est fixé sur deux montants un petit baquet carré ëh fönté, d’environ 20 Cen¬timetres tie large, 25 centimetres de long, et 16 a 18 centimëitëS dc profondeüt. Cë jiëtit btiqüet (tig. 46) cöntiehtl’ëtiüavec Iaqueöe Töüvrièr rafraïchit sa canne
quand il a cüëilli son vérre ■ sur le rebord du cöté droit du baqüët est fixé un crochet en for. ainsi que ï’indiqüé Iti figure, au moyen duqueï 1’ouvrièr tiitire ct rassënible pres diï bout Ou mors dë caniië lè verre qü’il a cueilli. bans les verreries oü le four de foute he sett pas póür le
havail du verre qui s’opète Fig.
dans ün foür séparó, au lieu de Ce petit baquet particulier a Tiaque souffleur, On placë devant chaque cóté d’ouvreaü uhe
longue auge de 2 metres de long environ sur 40 centimetres de large, et 30 de profondeur, pleine d’eau, a hauteur d’appui, sur laquelle les cueilleurs viennent rafraichir leur canne;
2’ Rable a écrémer le verre; il est composé d’une palette en fer, de 12 centimetres d’épaisseur, de 16 a 18 centimetres sur 6 a 7, fixe, ainsi que 1’indique la figure 47, au bout d’une tige
en fer rond de 18 a 20 millimètres, de 1“,65 a lm,80 de long. Au lieu d'écrémer le verre avec un rêble de cette forme, on acconi- plit quelquefois cette operation de 1’écrémage, en faisantun r&ble avec le verre lui-même, ainsi que nous le verrons ci- après pour 1’écrómage du verre soufflé en plat;
3° La palette en fer de 12 millimètres d’épaisseur et de 18 centimetres de long sur 6 de large, avec un manche de 12 a 14 centimètres (fig. 48), sert a 1’ouvrier a marbrer et arrondir son cueillage de verre, lorsqu’it tient sa canne sur le baquet;
4° La pincel le, en petit fer carré de 8 a 10 millimètres (fig. 49), est quelquefois employee par le verrier a saisir et extraire une pierreou une larme que le verrier aper- Qoit sur le vérre qu’ilvient de cueillir; il s’en sert aussi pour saisir rexlrémité du verre qu’ii destine a rogner la calotte d’un manchon, comme nous le verrons ci-après.
5° Le pic (fig. 50) est en fer carré, et d’une longueur d’environ 45 centimètres, avec une partie recourbée, a peu prés a angle droit, d’environ 6 a 7 centimètres, qui lui fait donner le nom de pie; eet outil sert a glacer le col du manchon pour le detacher de la canne, comme nous le verrons ci-après 5
6° Ciseaux. Ces ciseaux (fig. 51) ont de longs manches;
ils servent a rogner 1’ouverture du manchon;
7° L’ouvrier a ordinairement deux cordelines qui sont sim¬* 4
plement des tiges de fer rond, d’environ 1,75 de long sur cnvi-
roil 12 a 15 millimetres de diainètro, et qui servent & divers usages, que nous relaterons par la suite du travail ;
8° Un petit marbre en fonte, d’onviron 15 centimetres carrés
sur lequel on fagonne le cordon de verre, destiné a couper la ca¬lotte du manchon;
Fig. 52. Fig. 53
9° Plusieurs bloes (fig. 52) pour souffler la boute du manchon. Ces bloes sont en bois de poirier ou de pommier, ou de hêtre;
ces bois sont choisis pomme n’étant pas fibreux : ils sont non équarris. On prend, par exemple, un tronc de pommier d’environ 35 a 40 centimèlres de diametro, qu’on scie en billes de 50 a 60 centimetres environ de long. Chacune de ces billes, partagée en deux, fait deux bloes. Le verrier, avec une hoclintt<‘, a tranche ar- rondie (Hg. 53), taille dans ce bloc une sorte de cuvette de quelques centimetres de profondeur, et d’une largeurun peu moindre que le diamètre du manchon qu’il doit fabriquer. En dehors du travail, ces bloes sont constamment tenus dans 1’eau; dans 1’intervalle des travaux, Ie verrier vient hacher ou au moins raviver les frous des bloes dont il se servira pendant le travail suivant, puis il les re- plonge dans Peau, d;oü le gamin les retire quand on est pres de commencer le travail.
Depuis quelques années on commence a remplacer ces bloes en bois par des bloes en fonte, ou mieux encore en laiton bien poli, de 28 a 30 millimetres d’épaisseur lixés sur un bloc en foute, de manière 5 laisser entre deux un intervalle de quelques centimètres, dans lequel on fait couler de Peau que Pon renouvelle de temps en temps pour maintenir frais le bloc de laiton, dans lequel on soufflé. On fait arriver Peau par un tube garni d’un robinet, et il y a un tube de trop plein pour le renouvellement de 1’eau. De temps en temps, on éponge le bloc, on le saupoudre de poussier de charbon qui s’y attache, et en outre d’un peu de sciure de bois.
10° Enfin huit ou dix Cannes. C’est 1’outil principal, car tousles autres ne sont pour ainsi dire qu’accessoires; on pourrait les rem- placer par des changements de dispositions, tqndis que sur la canne, eet instrument aussi ancien presque quele verre lui-mêmc, que nóus voyons décrit sur les monuments égypliens qui (latent de plusieurs milliers d’années, est fondé tont le travail du verre, et surtout du verre a yitre. II y a des cannes de plusieurs dimen¬sions, proportionnées aux verres que Pon souffle; mais pour les-
jimèlrps, depqis 1’embpqchqrc jusqq’a environ 15 cpniiqièlrps d.e
Fpxtrémitó; a paptir de cp ppint Ja panne ya en s’éyasant jusqu’a qn diamètre au bout dp 7 centimetres enyirpn; l’pxtrémité opposée? cell© par laquelle pn soufflé, s’arrondit légèfement vers le boq|. Le trou intérieur a environ 13 millimetres dü cótó de Ja bouche, et 23 millimètres a 1’autpe cxtrénqtp. Pour la facilité du manie- ment de cette canpe, pour qu’elle q,e glisse pas dans la main rjq souffleqr, il y ajuste un manche en bojs tpurnp, du double de son diatnètre, et d’enyiron 40 centimetres de long qu’il pnfile sur sa canne jusqu’a environ 5 centimetres de fembouchure, pq bien il carnit cette partie de la canne duurte petite corde tournee etsers rée autour: oq bien enfin, etp’est la disposition qqi a.étéle plus rócemment adoplée cpmmc élant preferable, la canne port© ex-
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lérieurement, a 5 centimetres du bout et a 48 centimetres de rem-
: ■ . ■ ' 1 i t ■ l 1 1 ‘ ‘ ' i ■ ' ' ■ ■ - -
hoqchure, deux bagues, entre lesquelles on ajuste spit qn cnir, soit un caoutchouc vulcanise.
Pels sontles outils dont se serf lp souffleur, etqui ont été pre¬pares par le gamin pendantqueIe tiseur de jour fqisqii sa braise. Le gamin, pendant ce temps, a aqssi arrosé, balayp sa place, el la partie de fa halle correspondente a sa place, caril jinport.e qu’il ne s’élève pas, pendant lp travail, de poussière qqi, tpmbanf sqr le verrq, le rendrait bouillonneux; eqfin le gamin pose son chpvqlet (fig. 55) a portee jdq sa place. 11 est fpi’mé d’un cadre a quatre
Fig. 55,
piedseqfer, sqr leqqpl spnt ajqstés deux petifs madrjprs paral¬leled d’envirpn jv,5,Q a 2 qjptrps de long, et d.e 20 penfimères suf
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5 centimèlres d’épaisseur, posés de champ; sur ces madriers on a fait cinq ou six encoches correspondantes, que 1’on a légère- ment carbouisées avec un peude verre chaud, et c'est sur ces en- coches que 1’on appuie le manchon pour le detacher de la canne.
Lorsque le tiseur de jour voit que le verre sera bientót bon & travailler, le gamin, qui a fiui de préparer les outils, va chercher son maitre, qui doit être rendu au four quelques minutes avant le commencement du travail. Le verre étanl pret, et les ouvriers arrivés, ils montent sur place, déboüchent les ouvreaux, posent les rabies sur le bord des ouvreaux pour les faire chauffer, et a un signal donné par le souffleur, de grande place et répondu par lo souffleur diagonalement oppose, chacun éerème son verre, pen¬dant que les gamins chauffent les Cannes, soit dans un petit four spécial sur un cöté de la halle, soit chaque gamin dans un trou pratiqué dans le logis de chaque pot. L’opération de Fécrémage a pour hut d’enlever une légere couche de verre impur, paree qu’il y sera tombé quelques poussières de charbon pendant qu’on faisait la braise, et aussi paree que quelques grains seront remontes a Ia surface avee quelques bouillons non crevós par le fait du
refroidissenient de la surface du bain de verre.
Le verre étantécrémé, chaque souffleur prendsa canne dont le
mors a été rougi au feu, et a un signal donné, tous commencent le cueillage. Mais avant desuivre toute la fabrication d’un man¬chon, disons quelques mots des modifications que ce travail a su- bies depuis une cinquantaine d’années.
Lorsqu’au siècle dernier, on a importé en France la fabrication du verre en manchons, nous devrions dire plulöl lorsqu’on est re¬venu a celte fabrication (qui avait été pratiquée alors qu’on faisait tant de vitraux pour les églises), on dislinguait deux sorles de verres en manchons : le verre u vitre, pour les usages ordinaires, et le verre en table, pour les grand es et belles vitres. Le verre & vitre ne se soufflait qu’en petiles feuilles; les mesures cóurantes étaient en pouces : 20 sur 12, 19 sur 13, 18 sur 14, 17 sur 15 et 16 sur 16. Commc ce verre se vendait en raisön du nombre de pouces réunis dé hauteur et de largeur, ces cinq mesures précé- dentes, qui formaient 32 pouces réunis, se vendaient au même prix; elles formaient la base du commerce de la vitrerie. Les „ pots étaient petits, ils ne contenaient guère que 150 kilogrammes de verre; les fpurs étaient naturellement proporlionnós aux pots.
Les ouvriers, assez rapprochés les uns des autres, n’eussent pas pu faire de grands manchons; les ouvriers des pots de coins, seuls plus & 1’aise, pouvaient souffler des manchons plus grands; ils doublaient les mesures. Ainsi, ils soufflaient des feuilles dans les- quelles on pouvait couper 2 carreaüx de 20 sur 12, ou 2 de 19 sur 13, 2 de 18 sur 14, 2 de 17 sur 15, 2 de 16 sur 16. Or, ces mesures devant avoir un pouce de faveur sur chaque eóté, me- suraient 21 sur 13,20 sur 14,19 sur 15, 18 sur 16, 17 sur 17; les mesures nouvelles, deslinées a faire deux des anciennes, devaient done porter 26 sur 21, 28 sur 20, 30 sur 19, 32 sur 18, 34 sur 17. On les désignait toujours en raison du pouce de faveur par 25 sur 20, 27 sur 19, 29 sur 18, 31 sur 17, 33- sur 16. C’esl ce qu’on appelait les feuilles de verre d couper, paree que, bien que les prix suivissent une progression, a iriesure que les di¬mensions croissaient, ces mesures marchandes ne se vendaient que cojnme deux fois ie prix du numéro 32. Plus tard, quand on a fait des pols plus grands, ces mesures, qui étaient celles de
grande place, sont devenues les mesures ordinaires. On cessa, d’ailleurs, de fabriquer du verre en table, dont nous allons parler tout a 1’heure, et alors les grandes places soufflaient les grandes mesures pour les très-grandes vitres et pour les gravures, et les verres double épaisscur pour éclairage et couverture de pas¬sage, etc. Cet état de choses durajusque vers 1846. On commenga alors a doubler encore les mesures ordinaires de 25 sur 20, etc. Ces mesures, qui, depuis la réforme mélrique obligatoire de 1840, avaient pris la dénomination de 69 sur 54, 75 sur 51, 81 sur 48, 84 sur 45, 90 sur 42 centimetres, auxquelles on avait ajquté les mesures de 96 sur 39, 102 sur 36, 108 sur 33, furent done souf-
flées en double dans quelques verreries; il y en a toutefois encore quelques-unes ou 1’on souffle encore les 69 sur 54 et autres.
Le verre en tablet appelé aussi verre de Bohème, était, comme nous l’avons dit, destiné aux beaux vitrages en vitres plus grandes et plus blanches; et & celte époque oü les sondes n’étaiënt pas' épurées, oü le verre blanc se fabriquait au salin et a la potasse, on employait pour le faire une composition a base de potasse; or, le silicate de potasse et de chaux est beaucoup plus dur, plus roide a travailler que le silicate de soude et de chaux ; il ne se souffle pas aussi facilemënt, se refroidit plus vite. Il était done désavantageux de le fondre dans les mêmes fours que le verre a
tTVRE II. — VERRE A VITRE.
vitre; pn avait dps fours spépiapx pppr Ie yprre en tablp, et en raispn de sa durcté, de la difficulté qu’il y avail a allopgor 1c manclion cliaud ppr ie fait du ipoulinet de la canne, au lieu dp faire dps ipapphpns étrpits et Ipngs, ppnime dans le verre a vilre, pü le diamètre développó est destiné a dpnner Ia largpur de la fepille, qn soufffait des manchons plus courts, mais d’un plus grand diamètre qui, développó, prpduisait lp longueur d.e la feuille.
La fabrication des seis de sopcfe a auiené la cessation dp travail du verre en table ; comme on popvait avee celte composition faire du verre aussi blanc, on a ppu prés, qu’avec la potasse, que ce verre se travailjait d’ailleprs plus facilemont, plus rapidemenl, qu’pn ppuvait Ie fabriquor simultanémept dans les mêmes fours que Ie verre a vitre plus cpmmun, il ne tarda pas a se subsliluer au verre en table, qui, depuis quaranle ans environ, est tout a fait incpnnu pn France, et ne se fabrjquo plus quo. dans quelques
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vprrep.es d Allemagne.
jCps préliminaires posés, revenons a noire four. Le signal est donnp : chaque quvripr plonge sa canne dans son pot, ep la tonr- nant; le verre est trop chaud pour qp’il y adhere une grande quantité de verre; le verrier retire sa canne, dont Ie inqrs est on¬verre d’environ 200 grammes de verre; il tient quelques instants sa canne en dehors, en la tpurnant spr sqn axe ; puis, par un se-
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cond cueillage, charge sa canne de 6 a 700 grammes de verre. 11 pose sa canne sur les deux arêtes du baqupt, et la loprnant tou- jours de la main gauche, il prend Ia palette ayec la main droite ppur arrpndir son cueillage; puis il soufflé dans sa canne, sim? pfement pour Ia dpbopchpp et introdpire un peu d’air dans la ipasse, pgr s’if attend trop tard» la paytie du verre contre le trou de canne devient trop dure, et il ne ppuryait faire pénétrer 1’air dans la masse dp verre; ce deuxième cueillage élant arrondi et spffisamment refrpidi, Vopyrier procédé au cueillage suivant. Au commencement dp travail, le verre étant enepre assez liquide, il faut qpatre cueillages popr faire un mancl|pn de 111 sur 69 een- timptrps, qpe nops prenons pour exemplp, et ppur lequel il faut cueillir envirpn 5 kilogrammes de verre; lorsque Ie verre devient plus rassis, cette qpantité de verre pept êlre obtenue en trois cueil¬lages. Quand le souffleur a cueilli la quantité voulue, il pose de nouvepu sa canne sur les deux bords du baquet plein d’pau, et,
la tournapt de la main gauche, il rafr^ichit Ia cappe avpc sa main droite, de manjère A pouyoir la saisir jusqpe très-près du verre. Lorsque la canne est ainsi refroidiè, il repreqcl la canne des deux mains, la main gauche en avant, ejt posq U capnp sur le crochet prés du verre, et la recule en touynant, de maniere a rassenibler le plus possible le verre a Fexlrépiité de Ja canne, et alors il pose son cueillage dans le bloc, dans lequel le gamin a fait couler un pep d’eau, en pressant une éponge; le vertier tpprpe Ie verre dans le bloc, en tenant sa canne parallèle a la direction dp bloc, et de maniere a dopper a son verre Ja forme d’upe poire très- allongée; puis il relève sa canne dans npp inclinaison <P en-viron 45 degrés, laissant toujours le verre dans le creux du bloc, et il copiinepce è souffler, le gamin pressant toujours 1’épongp pour faire couler de 1’eau dans le creux du bloc.
l/eau que Pon met dans lp bloc a pour but dp prévenir la com? hustion du bois du bloe et de faciliter le mouvement de rotation
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de la masse de verre, en Pinterposant a 1’ótat d’eau bouillante entre le verre et le bloc. Ce verre, d’ailleurs, est trop incandes¬cent pour que Peau en petite quantise puisse le calciner; elle est entre le bloc et le verre a Petal spheroidal. Topte espèpe d’eau np peut pas elre employee par le verrier, il ne suffit pas qji’elle soit prppre et claire; Peau de puits des environs de Paris, par exemple, nontenant généralement dps sels, fels qup le sulfate de chaux, donne lieu, par 1’éva.poration de 1'eau, a un précipité de sels calcaires, qui, quoique non perceptibles 5 la vue simple, font adherer le verre au bloc, au lieu de faciliter sa rotation. Dans uue localité oil 1’on ne pourrait pas se procurer d’autre eau, le verrier ne pourrait pas souCfler de manchons, a moins qu’on ne recueillitde J’eau de pluie, op qu’on se procurat de Peau distillée.
Le gamin fait, couler ensuite un petit filet d’eau sur le col qui 1
commence a se former, afin de refroidir un peu co col, pour qu’il ne devienne pas plus mince et ait la force de supporter le man- chon. Lorsque le col est ainsi formé, Pouvrier continue a souffler, on popssant le col sur la boule, et quand la boule a atteint le diametro voulu, soit environ 22 centimètrcs (ce qu’il mesure de 1’ceil et d’ a pres le trou de son bloc, n’employant jamais de com- pas), et qu-il juge que ce qui formera la calotte du manchon est rédpit, par le souffiage, a peu pres a Pépaissepr que deyra avoir le manchon, spit pres de 2 millimetres, il continue 5 tourner dans
LTVBK IT. — YEttïiE. A YITRE.
le bloc sans souffler, eten pressant Ie col contre la boule, de ma- nière a aplatir la calotte du manchon. Quand ce col a atteint ainsi suffisamment de consistance, lc verrier enlève sa boule, décrit un öu deux moulinets, et vient porter sa boule a Pouvreau, en posant sa canne sur le crochet de place fixé a la gauche de l’ou¬vreau. II tourne la canne sur elle-même, et quand il s’aper^oii que son verre est suffisamment chaud, il s’éloigne de Pouvreau, souffle et balance le verre, de telle sorte que, par le souffle, il tend a gonfler Je verre, mais que, par le balancement, il tend a Pallonger. La résultante de ces deux opérations allonge le man- chon en lui continuant son même diamètre. Le verre devient bientöt trop dur pour arriver'è la dimension voulue; il réchaufl'e done de nouveau sans enfoncér trop son manchon dans le four, pour que Ia partie qui est déja réduite a son épaisseur voulue ne participe pas au réchauffage; puis, sortant de 1’ouvreau, il souffle encore et fait quelques moulinets, et amène le manchon a la longueur voulue. II s’agit maintenant d’ouvrir 1’extrémité du manchon ; cequi peut s’opérer par deux procédés. Quand onne
faisait que des petits manchons, et en verre mince, le verrier,
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ayant amené son manchon a la longueur voulue, posait sa canne sur 'un crochet posé au bout d’une perche, et que lui présentait le gamin, ou sur un crochet tournant attenantau pilier de sépara- tion de la place, 1’extrémité du manchon è ouvrir placée ainsi a 1’entrée de l’ouvreau; alors 1’ouvrier soufflait dans sa canne, en fermait 1’ouverture avec la main droite, soufflait encore, et fer¬mait; au bout de peu d’instants, 1’air contenu dans le manchon dilaté par la chaleur croissante du cölé de 1’ouvreau, se frayait un passage a 1’extrémité du manchon, que la chaleur de Pouvreau avait amollie et amin- cie; une fois ce premier trou fofmé, 1’ouvrier n’avait plusqu’a entrer un peu plus avant dans le four et tourner un peu rapi-
dement sa canne sur elle-même; le trou s’élargissait, le verre se contraefait sur lui-même; puis, sortant de l’ouvreau et tenant
jo manchon 1’oüverturo tournee vers le bas, et continuant a tourner la canne sur elle-möme, cette extrémité ne tardait pas a (jcvenir cylindrique. La figure 56 montre le manchon a trois états successifs avant d’être ouvert.
Si le manchon est un peu épais, il serait trop long de souffier 1’extrémité jusqu’a la faire crever. Alörs on Fouvre par 1’autre procédé, qui consiste, lorsque le manchon a atteint sa longueur, a faire cueillir par le gamin environ 100 a 150 grammes de verre au bout d’une cordeline en dehors du flotteur, et faire appliquer ce verre au moment même oü il vient d’etre cueilli a Fextrémilé du manchon; aussitöt le verrier bouche Ie trou de canne avec la paume de la main droile, et fait entrer le manchon & moilié dans le four par 1’ouvreau; Fair conlenu dans le manchon, se dilatant rapidement, s’ouvre un passage a Fendroit de la moindre resis-tance, c’est-a-dire oü 1’on a appliqué du verre chaud, et il s’y forme une ouverture; Ie verrier sort son manchon de 1’ouVreau et va poser sa canne sur le baquet, en lui dormant une inclinai- son, de manière que le gamin puisse facilement, en introduisant une des lames des ciseaux que nous avons décrits dans Fouverture formée, rogner tout alentour le verre qui avait été appliqué- Le verrier rentre alors le bout du manchon par 1’ouvreau, tourne Ia canne sur elle-même, pour élargir Fouverture faite et Ia rendre cylindrique, com me par Ie premier procédé. Le gamin prend alors la canne des mains du verrier, va poser le manchon sur le chevalet, applique le dos du pic froid sur un point du col du man-chon, y determine ainsi une petite fente ou calcinure, et tapant alors plusieurs petits coups avec son pie sur la canne, a 25 centi-metres environ de son extrémité, la petite fente s’étend, fait le tour du col et sépare ainsi la canne du manchon. S’il se déter- mine sur le col une autre fente, qui gagne dans la calotte du manchon, alors le gamin, appuyant extérieurement la pointe d’un pic au dela du point oü est arrivée la fente, entre un autre pic par Fintérieur du col, et donnant, avec Ia pointe de ce second
pic, un petit coup sec pres de Fendroit oü est arrivée la fente, cette fente revient sur elle-même, et le pic intérieur fait trou dans la calotte. Le verrier, ayant mis le manchon entre les mains du gamin, prend la canne chauffée, et procédé a la con¬fection d’un autre manchon. Pendant que le verrier fait ses pre¬miers cueillages„ le gamin enlève de dessus le chevalet les manchöüs rëfroidis, et va les placër sur dés étagères auxquelles ón a Codsérvé lètir tiöin allëtnand de Schd'ff, ou il ird, pillis tard, lés Chëicber pöür faire ërilevér leg calottes. Qudrid Ie verrier a fait uncertain nombre de mancbons, quelquès pöüssièrës qui së sont abatiüës sur le verré, les filS dë Cüëiltagé qui, én retómbaht sur le verre, he së sóni pas mis en.éqüilibre de temperature avéc lo reste, prodüisent dés inahchóns de möiüdre qualité. II est essentiel alors d’écrémër de nouveau; il chaufïë alörs son rèblo, procédé a bétte operation comhië aü commencement dit travail, et recóm- riïencë ënsuité lë sóufflage. Un veiriér fait, par heurè, environ neüf a dix nhihciiohs de 111 sur 69 centihièlres j qüand il soufflé dés 69 sur 54, qüi sörit la moitié dés 111 Sur 69, il eh fait seize é dix-sépt pér heurb. . .
Lés üianehöns de 1 et demi a 2 millimetres d’épaisseur, quelle qüësoit lehr dimension, n örit pés besoin d’être rechits ; en effet, 1’épaisseur étant régulièrë et faiblë, le refroidiSSènient dë l’ëxtê- rieur et celui de 1’intórieUr sont a peu prés simultanés ; niais quand oh fait dés marichöüs un peu grands et de 3 è 4 millitüëtres d’é- paisseur, pour lësquels le col ést plus fort, la calotte plus épaissé, il y a bëcëSsité de faire subir ünë récüisson avant dé féndfe lés inanchons poür les éteridre, sinon, quelques instants apfès avoir
I -
été détacliës de la canrie, tin certain nombre éclatant en mbr- ceaüx, d’aütres cassent qiiarid oh les fëhd. Oh cöngoit; én effet; quë ce mahchön étaht ëpais, il y a cönlrësté tröp mhfqüé, d’üne part, ëiilfé la leiöpërhtürë intériëüre ët ëxlërietire du cólë dë la chlotte, d’aütrë part, etilre ld tempérdtiire de cecötë dii ihdn- cböh et cëllé dü cólë qüi a etë öiivërt aü fëu. tl ést done impor¬tant de raiüènër ce nidiichoh a ünë tëihpëralüté élëvëë, egale dans toütes ses parties; ët pötir céla, aussitöt que lë gaihin a dótacbé le manCbön sur le chevalët; un ouvriër, chargé dc la rè- Cuisson, enlèvë cê marichon avec une perclië, dont Vextérieur est Uh peu carbonise pour ne pas glacer le verre, et le poi te sur les
cliëvaléts en fer d’ün four a recuirë (lïjg. 57), qui est simplement ünë aréhe d’ëttvirön 3 metres sur 3 metres et dë l“,50 a lm,75 dë haut, ayant deux rangéës de traverses, èn fer rónd, dé 5 a 6 centimetres de diametro, CoUrbéès de placë ën place poür recevöir les mahehons, ët placéës dé 50 a 60 centimetres aü-desSus de la sole de 1’arche. Cë foür ést chaüffé au rougê-brüii; quand le man- cboii y a séjourné qiiihze minutes, toutes ses parties sont & la
i öii pfiitt Fëti rètifer aveé ld pë'fché; et lé iëis- dé 1’atehè, fiéürfti (jü’il hè söit flag ëxpösê &
Fi<?-57 •
Ouand lesouvriers ont fini de souffler le verre coritenu dans les
, I . ■ . ; • ■ i
pots, chacun d’eux coupe les calottes ou bonnets des manchons
qu’il a soufflés. A eet effet, le gamin pose un manchon sur un
petit support mobile propre a recevoir deux manchons qu’il met
sur le baquet, le col tourné du cóté du four, plaee sur le dessus
une régie en böis, indiquant ia longueur alaquelle doit être coupé
le manchon. Le verrier prend avec sa cordeline un peu de verre
au fond du pot, le roule sur son petit marbre, de manière a lui
dohtiër ürië fórme rëgüiière ét üh peii de cohsistahöë, ptiis, ën-
levant Sa cordeline dêla main gaüché, etlaissant le verre s’alïori-
gér un peii par Söri propte pöids, il eh saisit 1 éktrémitë avéc sa
pincéttè de la main droité, et l’ótire dé manière a former uh óór-
dón doiit il entóüre lë maiichoh a l’endroit ihdiqüé par la mesure
en bois; il rapprochë en dessous du manchon le hout de vérre
pns a la pincette, du vérre qüi' lient a la cordeline, et, après quel¬" •
ques sécondes, 1’óüvfier tire a liii le cordon dé verre, et mouillant nri pëu le cóté de sa pincette, il lé pose sur la partie oü lë cordon de verre chaüd töüchait lé ihahclioh. Il s’y determine alórs une lente qui fait le tour du manchon, et la calotte tombe dans une caissé pósée eii avant du baqiiet. il y a des verreries oü le
272 IIVKB 11.—YJSRKK A VITJïE.
souffleur rogne ses manchons au fur et mesure do la fabrication. Dans ce cas, au lieu de donner sou manchon a detacher sur le che- valet a son gamin, il va le detacher lui-memo, puis prenaut du verre avcc sa cordeline, il coupe Ia calotte non pas du manchon qu’il vient de souffler et qui n’esl pas assez refroidi, ct sur lequel le contact du lil de verre rouge ne ferait pas contraste suffisant, mais 1’antepenullième soufflé. Pour faciliter cette opération, on a dans un coin du four a chauffer les Cannes uno cuvette de fonte ou de terre dans laquelle on met des fonds de pot ou du verro d’é- crémaison, qui sont suffisamment bons pour cette operation. Pendant que le verrier a rogné ce manchon, le gamin a fait le premier et le deuxième cueillage de verre du manchon suivant, en sorte que le verrier, remontant sur place, n’a plus qu’a faire son troisième cueillage et souffler. Par cette méthode, les verrier,s, aussitöt qu’ils ont soufflé tout le verre des pots, peuvent se retirer, et ne gênent pas 1’équipe des fondeurs dans 1’opération du ré- chauffage du four.
Dans les verreries frangaises, le verrier est en outre chargé de fendre ses manchons, opération qu’il exécute ordinairement de suite, après que les pots ont été vides et lés manchons rogna,s. Il se sert pour cela du fer a fendre, tige de fer rond d'environ lm,50 de long, et de 2 centimètres et demi de diamètre, au- quel on donne la forme de la figure 58.
[image 58]
On fait rougir au feu dans le tisard la partie CU du fer 5 fendre, on le promène ainsi chaud danstoutela longueur du manchon, en ayantsoin dene pas s’écarter d’une même ligne, et de ne pas tou¬cher aux deux extrémités dans le commencement du mouvement de va-et-vient; on complete ensuite le contact aux deux exlrémi- tós: lafente se déclare, et s’étend dans toute la longueur du tnan- clion, suivant la ligne suivie par le fer. Il arrive parfois que la fente no se déclare pas de suite : alors 1’ouvrier n’a qu’a mouillei* légèrement a Fentrée du passage du fep, et aussitót le manchon se fend d’un bout a 1’autre. L’opération doit toujours se faire en
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ayant été a peu prés également refroidie intérieurement et exté- rieuremént, n’est pas aussi sujette è éclater que la partie du cóté de la calotte.
Nous ferons ici une autre remarque : c’est que, quand le man- chon a été fendu, si, par une pression des deux mains auxdeux extrómités, on ouvre la fente du manehon, qu’on place un des bords supérieur a 1’autre, et qu’on cesse cede pression, ces deux bords, au lieu de reprendre leur position et de se rejoindre, se croisent 1’un sur 1’autre : cela s’explique facilement par le manque de re- cuisson du manehon, dont ï’extérieur, refroidi le premier, ira pas permis aux molecules intérieures de se contractor, de telle sorte qu’clles sont dans ün état de tension a laquelle elles obéissent quand on a opéré la solution de continuité, et qui fait croiser les deux bords de Ia fente. II n’en est pas de même pour les manchons que 1’on fait recuire; dans les mêmes circonstances, les deux bords de la fente reprennent leur première place sans contraction.
En détaillant les perfectionnements qui ont été apportésa 1’é- tendage, nous parlerons de la modification qu’a subie le fendage des manchons.
Nousavons décrit le mode de travail en usage dans la plus grande partie des verreries de France. Les verreries beiges ont introduit une modification qui accélèrePépuisement des pots; au lieu d’avoir pour gamins des enfants de dix è quatorze ans, comine en France, leurs gamins sont des jeunes gens déja forts, de seize a dix-huit ans, qui sont en état de cueillir tout le verre du man- chon et de souffler la boule. Aussitöt quo le maltre ouvrier com¬mence a alionger son manehon, le gamin commence le cueillage, puis fait les deuxième et troisième cueillages; pendant que Pou- vrier termine son manehon et le dótache sur le chevalet, le gamin commence è souffler la boule, et 1’ouvrier, revenant sur place, prend la canne des mains de son gamin, finit de souffler Ia boule, si ello ne Pest pas, et continue son manehon. Dansce mode de travail, le verrier ouvre tous ses manchons au feu, et non par 1’application du verre chaud. S’il soufflé du verre double, il lui faut un gamin supplémentaire pour attacher le verre au bout du manehon et le rögner.
Le mode do travail beige a, sur le premier mode que nous
avons décrit, 1’avantage de pouvoir faire travailler une plus
grande quanlité de verre dans un même temps j on peut ainsi 18
avoir des pols plus grands; il y a économie positive. Les inconvé- nienls consistent en ce que le verre est gónóraiement cueilli moins proprement par des gamins quo par les verriers ; puis, ces deus hommes ayanl a opérer dans un espace restreinl, se gênent dans leurs mouvements; il y a assez fréquemmeut des accidents do brölure; enréalitó, co mode de travail a élé Facheminement vors unsystème, qui estun progrès manifeste dans la fabrication du verre a vitro, qui a élé mis en usage il y a quelques années en Anglelerro, qui n’est pas encore adopté en Belgique ni en France, maïs qui le sera évidemment quand les mattres de verreries auront
compris tous les avantages qui en résultent. IJ est vrai que sou adoption nccessite une transformation complete des aménage- ments intérieurs des halles, et occasionne, en conséqucnce, d’as- sez grandes dépenses; maïs, je le répète, les avantages sont leis que d’ici a un temps qui n’est sans doute pas tros-éloigné, tout maitre de verrerie qui n’établira pas ce syslème de travail, devra cesser la fabrication du verre a vitre.
Ce système anglais consiste a remplacer le four qui sert a fondro le verre et a le travailler, par un four qui ne sert qu/a fondre, et un four de travail qui n’a pas de pols, et qui ne sert qu'a souffler.
Disons comment celte modification a óté amenée : les mallrcs de verrerie anglais qui, les premiers, ónt établi chez eux, il y aunc Irenlaine d’années, le travail du verre è vitre en manchons, out dü. naturellement faire venir des souffleurs de France et de Bel-
gique, auxquels ils ont dü. payer des gages très-élevés. Ces souf¬fleurs ne consentaient pas a aller travailler en Angleterre a moins que d’y gagner 450 et 500 francs par mois : les ouvriers qui soufflaïent les grands volumes gagnaient même jusqu’a 600 c 700 francs, lis ne consentaient d’ailleurs pas a faire des élèves an¬glais. Cette main-d’oeuvre constituait done pour ce verre a vitro un prix de revient tellement éievé, qu’il cut fallu renoncer a cetle fabrication, si chaque verrier eut été limité dans son travail par la contenance des pots ordinaires des vorreries de France et de Belgique. Les fours de verre a vitre en plateaux avaient des pots d’une contenance de 1 700 a 1800 kilogrammes; mais si on cüt voulu faire le travail du verre a vitre en manchons sur un four semblable, comma on n’aurait loujours pu mettre qu’un seul ver¬rier devant chaque pot, il n’aurail pas pu vider la moitié de son pot, même en travaillant dix a douze heures; il aurait fallu faire
revenir une seconde brigade d’ouvriers pour achever les potsj et on aurait produit ainsi beaucoup de verre de qualité inférieure* Oi’jlc commerce anglais veut surtout du beau verre, et tandis qif en France et en Belgique les choix inférieurs sont surtout de- mandés, que le premier choix n’est que nominal, en Angleterrei au contraire, ön recherche surtout les verres sans défauts, et les verres défectueux ne troüvent guère leur écoulement que poiir importation, et a un prix très-bas. II était done indispensable de changer un mode de travail dans lequel, tous-les ouvreaux étant
ou verts, le verre se refroidit rapidement, et produit, après quel-
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ques heures de travail, des manchons filandreux, ondés, bouil- lonneüx. On en vint done è une transformation compléte, qui consista a construire dans le voisinage du four defonle four- ouvreaux, devant lequel on met les souffleurs en travail: dès lors le four de fonle n’a plus besoin de grands ouvreaux, comme quand
on y souffle de grandes pieces, ils doivent être simplement de la
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dimension suffisanle pour pouvoir en sortir un fort cueillage de verre, soit 25 a 30 centimetres; en outre, on peut n’ouvrir a la fois qu’unou deux ouvreaux de chaque cölé, c’est-a-dire ne tra- vaillor è la fois qu’un petit nombre de pots, de manière a maiti- tenir le four et le verre a une température constante. Un ouvrier spécial est chargé d’ócrémcr le verre, et de faire passer les cueil- leurs sur un autre pot préalablement écrémé, quand il s’apercoit que le verre dn pot sur lequel on cueille commence a se gater ; il bouche alors 1’ouvreau de ce pot, le fait ainsi réehauffer pour Ie reprendre plus tard. On pent attacher è ce four autant de ver- riers qu?on veut. Si, par exemple, Ie four de fonto est a huit pots de 1800kilogrammes, on peut y adjoindre un four ouvreaux pour douze ou quatorze verriers, et, afin de leur faire travailler le plus
do verre possible, on adjoint a chacun un gamin souffleur et un petit gamin. Le gamin souffleur cueille le verre, souffle la boule, etle maitre verrier n’a plus qu’a réehauffer et ache ver le man-; chon; en outre, on ne fait que des manchons de très-grandes di- mensions; par exemple, 125 sur 75 a 100 centimètres. On peut faire souffler a Ghaque ouvrier quatre-vingts a quatre-vingt-dix de ces manchons, de telle sorle que ses gages, quoique Irès-élevés, repartis sur une très-grande quant ito de verre fabriqué, consti¬tuent une main-d’oeuvre a un taux qui n’est pas supérieur a celui que 1’on paye en France on en Belgique.
Les grands avantages qui résultent de ce système de travail consistent, ainsi que nous 1’avons fait observer, dans la plus grande quantité do verre que I’on peut faire travailler u chaque verrier, et dans la pureté que conserve le verre presque jusqu’au fond des pots. Lorsque les verriers travaillent sur les pots defonte, on est obligé, pour qu’ils n’aient pas trop chaud, d’ouvrir les vo-lets de la halle; ce qui tend a refroidir le Verre, les ouvreaux étant d’ailleurs entièrement ouverts. Cette ouverture des volets amène aussi des póussières qui conlribuent a produire desdéfauts dans le Verre ; tandis que, Ie four de fonte ne servant plus pour le travail des manchons, on laisse les volets fermés, ce qui, joint au mode suivi de ne travailler qu’un petit nombre de pots a la
fois, conserve bien plus longtemps au verre la chaleur conve¬nable, et conséquemment sa finesse.
Dans ce système de travail, le four a chauffer les Cannes sc trouve non loin du four de fonle, et au lieu d’avoir un baquet pour chaque ouvrier, on place, de chaque cöté du four, uno longue cuvette en bois ou en zinc pleine d’eau, sur laquelle les gamins souffleurs viennent rafraichir leur canne quand ils ont fait lour cueillage; puis, ils passent avec leur verre dans la halle de souf- flage, ou. est leur bloc, auprès de la place de leur mallre, et au- pres duquel se trouve le petit gamin, qui met Peau dans le bloc.
Le four de travail doit avoir intérieurement environ 3 metres de largeur^ de telle sorte que deux manchons, entrant par deux Ouvreaux opposes, ne soient pas exposés è se toucher (on fait quelquefois des manchons de plus de lm,50, mais ce n’est pas fréquent, et, dans ce cas, 1’ouvrier obserVerait la position de 1’ou- vrier opposé). La longueur du four de travail est en raison du nombre de souffleurs qu’on veut y mettre. Si on veut avoir douze verriers, six de chaque cöté, il convient que le four ait environ 5 mètres de longueur intérieure, et six ouvreaux de chaque cöté; on donne aux ouvreaux des quatre coins un plus grand diamèlre, surtout si 1’on doit souffler des cytindres ou globes de pendules dont nous parlerons plus loin. La vodte du four de travail doit être toujours d’un mur a 1’autre des ouvreaux et non dans le sens de la longueur. La fosse n’a pas besoin d’uiic grande profondeur, la plus haute température devant être a la hauteur des ouvreaux. Une grille de 40 & 45 centimetres est suffisante, et on peut avoir un pont au milieu. Ce four de travail consomme plus de charbon
quo Fexcódant qui serail nécessaire pour travailler Je verre sur le four de fonte. Cette consideration est de peu de poids pour les verreries anglaises qui se sont établies dans les localités oü Ja houille est a très-bas prix (3 a 4 francs les 1000 kilogrammes, par exeinple). En France, ce point serait plus important; mais on pourrait faire servir le même four de travail pour au moins deux fours de fonte, en organisant le service de telle sorte, que Ie verre du deuxième four de fonte serait bon a travailler deux ou trois heures après qu’on aurait vidé les pots du premier four. On au¬rait ainsi ces deux ou trois heures pour remetlre ce four de travail en état, c’est-a-dire renoüveler le chauffago. Ce four de travail ne refroidirait jamais, et ne consommerait qu’uno faible quantité de houille, tandis que, dans les verreries anglaises, chaque four de fusion ayant son four de travail, on laisse refroidir ce dernier quand le travail de soufflage est terminé; et on le chauffe de nouveau quelques heures avant le travail suivant, ce qui, en raison du refroidissement, n’exige pas beaucoup moins de charbon que si on avail eu a 1’entretenir d’une manière continue.
Avant de passer a Tétendage du verre a yitre, nous deyons
dire quelques mots du verre cannelé qu’on emploio parfois quand on veut éclairer une piècc sans qu’on puisse de 1’extérieur y per- -
covoirles objets. Ce verre cannelé se souffle dans un moule de laiton de la forme ci-centre (fig. 59). Le Verrier, ayant soufflé sa boule, comma d’ordinairë, dans la forme A proportionnée au diamètre du moule B, chaufle fortement cette boule; mais, au lieu de souffler en allongeant, en sortant de 1’ouvreau, il fait en- trer de suite sa boule jusque dans le fond du moule, et souffle avee la plus grande force pour faire pénétrer le Verre dans les cavités du moule cannelé ; puis, sans laisser refroidir son verre, il-le sort du moule, et souffle en allongeant, en faisant attention de ne pas tourner la canne sur elle-même, pour que la cannelure s’étende en ligne droite sur le manchonj qüi se termine de la manière ac- coutumée. La profondeur de la cannelure diminue naturellement, a mesure que le manchon s’est allongé; mais elle reste suffisam- mont marquee pour remplir le but désiré, si la cannelure du moule est suffisamment profonde (un bon centimetre), si la boule était préparée prosque exactement du diamètre intérieur du moule, et si le verrier a suffisamment soufflé. Afin de pouvoir
faire, sans trop de pertes,une assez grande variété de mesures, il est bon d’avoir au .moins deux a trois moules, depuis 16 centime¬tres,*par exemple, de diamètre intérieur jusqu’a 22 ou 25 centi¬metres.
On fait aussi dans quelques pays, et dans le même hut, un verre soufflé dans un moule, qui, au lieu de cannelures, est taillé en forme de petities pyramides quadrangulaires creuses, en sorte que 1’empreinte sur le verre figure des pointes de diamant; mais on ne peut faire ainsi que de petits carreaux, et dont les pointes ne sont jamais régulières, attendu qu’elles s’amoindrissent et s’écartent, a mesure, qu’on allonge le manchon, tandis que les cannelures peuvent s’étendre dans une très-grande longueur.
Les manehons de verre a vitre ayant été soufflés et séparés de la calotte ou bonnet, et fendus; il reste a les étendre pour en former des feuilles. Pour cela, on les introduit dans un four éleyó a vine temperature suffisante seulcmcnt pouri amollir le verre, et dans loquel on dóveloppe le manchon sur uno pierre de
composition de la méme nature que les briques do four et sur laquelle on a préalablement étendu. une première feuille de verre, un peu plus grande que les manchons que Ton doit étendre, et des tin ée a empêcber le contact de la surface extérieure du man¬chon et de Ia pierre a étendre, et conserver ainsi, autant que pos¬sible, le poli do cette surface extérieure. Cette feuille de verre, sar laquelle on étend les autres manchons, s’appelle lagre; c’est le mot allemand qui a élé conserve en France. Quand le manchon a élé étendu sur le lagre, on fait passer la feuille développée dans une autre partie du four, dans laquelle ellc doit être reeuite. ïelle est la description sommaire de 1’étendage du verre a vitre, mais cette partie de la fabrication a subi, depuis environ un siècle, une transformation presque complete dont tous les détails sont
importants : noüs insisterons done sur chacun d’eux et ferons connaitre toutes les modifications, tous les perfeetionnements ap- portés dans 1’étendage jusqu’a cejour.
Nous commencerons par donner une description détaillée do 1'étendage, tel qu’il a été pratiqué jusqu’en 1826, tel qu’il avait été imporlé d’Allemagne au siècle dernier, tel, enfin, que nous le trouvons dans F Encyclopédie mêthodique.
Nous donnons (fig. 60) le plan du four, qui est di vise én deux parlies, savoir : le four è étendre et le four è dresser.
Le compartiment a étendre est chauffé au moyen dun foyer, soit au centre, sous la pierre a étendre, correspondant avee 1’in- térieur du four’au moyen de qualre lunettes qui repandent la chaleur aux qualre coins, soit par un foyer sur Ie cóté gauche, comine Pindique la figure, Sur Ie cötó droit selrouvela trompe E, par laquelle arrivent, los manchons. C’est par l’ouverlurc A que 1’on enlève le manchon pour le poser sur la pierre a étendre C, qui occupe le milieu dö 1’aire de cette partie du four, laquelle est de niveau avec la partie du four tl dresser dont elle est séparée par un manteau, sous lequel est mónagée une ouverture de toute
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Ia largeur do la pierre i étendre, ot d’une hauteur suffisante seu- lement pour le passage de deux feuilles de verre épais, soit envi¬ron 1 centimètre et demi, Ce four a dresser a une porte D assez grande pour qu*on puisse, par cette ou¬verture, défourner toutes les feuilles de verre quand lo four est refroidi; mais, pendant le travail, on bou- che en briques cette porte, ne laissant que 1’ouverlure nécessaire pour passer la fourche etrelevorlos feuil¬les conlre les barreaux. Co four a dresser est chauffé par un foyer n’ayant qu’une lunette B. Mais ce four une fois chauffé au degré convenable, qui est inférieur a celui du four a étendre, on bouche Ic foyer et la lunette pendant le travail, et on entretient seulement.Ia températurc, en jetant, de temps en temps, une billette de bois
blane entre 1’ouverture el le manteau, c’est-a-dire en avant de la pierre a refroidir F.
Sur 1’aire de Ia trompo on pose deux barros de fer rond sur Ies- quelles on fait avancer lesmanchons; aceteffet, on pose un pre ¬mier manchon dans la parlie extérieure de la trompe. pour qu’il commence & s’échauffer; puis, on le met sur le support, qui n*est aulre qu’une tige de fer a laquelle est adaplée une töle recourbéo sur laquelle repose le manchon. On laisse quelques instants ce manchon sur le support h 1’entrée de la trompe, puis on pousse la tige de fer a 1’extrémité de la trompe; c’est la que 1’étendeur prend ce manchon, par 1’ouverture A, avec son krabb, tige de fer ronde d’environ 2m,50 de long, et le pose d’abord prés de la pierre
£ étendre C; d’autre part, le gamin de 1’ótendeur, aussitöt quo le inaltre a pris le manchon avec son krabb, retire le support èt y
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pose un autre manchon. Le précédent manchon est, quelques instants aprés, placé au milieu de la pierre a étendre, la fente en Pair. On vqit bientöt les deux bords de Ia fentê Se séparer, s’affais- ser de part et d’autre. L’étendeur, avec son krabb, aide au déve- loppement du cylindre, en pressant légèrement et alternativemont sur les quatre coins et sur les bords, et quand le développêment est a peu pres complet, 1’étendeur prend son polissoir, qui n’est atftre qu’un bloc en bois de 12 a 15 centimetres sur 10 et 10, pi¬qué au bout d’urie tige en fer de la longueur du krabb, mais ter- ininée en pointe. II entre ce polissoir par 1’ouvertureA, en lui faisant parcourir toute la surface de la feuille de verre ; il presse sur cette surface, en pla$ant rextrémilé de la tige, a laqüelle est adapté un manche en bois, sur son épaule droite et appuyant sur la tige avec la main droite. Aussitöt que, par cette opération, il arendu la surface de la feuille complétement unie, il retire le polissoir du four et Ie trempe. dans 1’eau pour arrêter la combus ¬tion; il reprend ensuite son krabb, et pla^ant son extrémitó contre le bord de la feuille, il la pousse et la fait ainsi arriver, en pas¬sant sous le manteau, jusque sur la pierre è refroidir F; puis avec son krabb, il prend dans la trompe le manchon le plus avancé, le pose sur la pierre a étendre, pour qu’il prenne un de-
gré de temperature plus élevó. Il passe ensuite du cóté dü four a dresser, prend avec sa fourche la feuille poséó sur la deuxième pierre a refroidir ou pierre a dresser C, oü elle a pris une consis- tance suffisanté pour être relevée dans le fond du four è dresser, et, également aVec sa fourche, il tranSporte la feuille qu’il vient d’étendre de la première pierre a refroidir sur la deuxième, et retourne au premier four procéder a 1’étendagê du manchon sui- vant.
Pour terminer les explications relatives au four è dresser, noüs dirons que, quand on a dressé dans le fond quatre A cinq piles d’cnviron trente feuilles chacune, comme une charge trop forte occasionnerait de Ia casse dans les prémières feuilles empi¬res, on passe, par le trou O, une barre de fer dont on pousse 1’extrémité dans la case correspondante O', et quand cette barre est chauffée, on y appuie d’autres piles de verre, et ainsi de suite...
Quand ce four a dresser, qui conti cut environ qiiinze & dix-huit cents feuilles de 69 sur 54 centimetres è. 90 sur 42 centimètres, on environ mille de 111 sur 69 centimetres, est plein, on bouchel’ou- vorture avec un mortier de terre de briqué, et on le laisse refroidir. Au bout de cinq a six jours, on peut commencer è faire une ou¬verture ; puis le lendemain on ouvre loute la porie; et enfin, le jour suivant, on entre dans lo four a dresser et on en lire les feuilles. Si, après avoir vidó en parlie ce four, on trouvait les feuilles trop chaudes, il serait a propos de suspendre ce travail, paree que le verre, saisi par le contraste de temperature, serait mal recuit et dur a la coupe. *
Revcnons & présent sur quelques détails de l’étendage. Nous avons dit que sur la pierre cl étendre on posait une première feuille de verre appelëe lagre^ qui serl de lit aux manehons sui- vants pour préserver leur surface extérieure, quoique la pierre a étendre ait été faite et polie avec tout le soiu possible. La com¬position suivante m’a donnó de très-bonnes pierres a étendre :
Terre grasse , 5 mesures.
Ancienne pierre a étendre pilce 5 —
Ecaïllcs de pots, . . .... 1 —
Si on n’a pas d’écailles de pots, ni même d’anciennes pierres, il est clair qu’en définitive le mélange que je recommande est de une mesure de terre grasse sur deux mesures de terre brólée. Quand on moule Ia pierre & étendre, on met du co té superieur qui devra servir & 1’étendage 4‘ a 5 centimètres du même mé¬lange, mais passé è un tamis très-fin. Quand la pierre est sèchc, au bout de deux mois, par exemple, on commence par dresser a la régie la surface supérieure, puis on la polit en la mouillant légèrement et la fróltant avec une large molctte en verre. TJn fond de bouteille remplit parfaitement ce but. Le poli s’obtient mieux en mêlant un peu de vinaigre è. 1’eau avec laquelle on im¬bibe le. dessus de la pierre & étendre.
Quand on a fabriquó. un certain nombre de ces pierres a étendre, et qu’elles sont bien sèches, on les fait cuire dans un four, dans lo- quel on les range debout, a une distance suffisante 1’une de l’autre, pour que la flamme circule facilement entre elles; il faut plusieurs jours de cuisson pour les pénétrer complement. Sur des pierres
faitós ainsi avee soin, bien polies, on pourrait sans douto ótendro les manchons; mais ces pierres étant chauffées et refroidies chaquo fois qu’on passe d’un four a étendre a un autre, leur surface est sajette a s'altérer, a se fendilier, il peut s’y coller de petits mor- ceaux de verre qui enlèvent un peu de la substance de la pierre quand on les détaclie. De lè. la nécessilé d’employer les lagres cos lagres, avant d’êlre passés par la Irompe pour être étendus sur la pierre, sont saupoudrés intérieurement avec du sulfure d’antimoine (crocus) qui, fondant a la temperature du four, forme sur le lagre une sorte d’enduit gras qui empêche la feuille d'ad- hórer au lagre; puis de temps en temps on projette par le tisard une ou deux poignées de poudre de chaux vive ou de platre très- fin qui, enlevé par le courant, vient se déposer en partie sur le lagre, et remplit le mêmo but que le sulfure. Quand le lagre a servi pendant quelque temps, de trois a six heures, suivanl que sa composition est plus ou moins chargée de chaux, il commence a se dévitritier, a devenir rugueux, de manière a altérer la sur¬face de la feuille qui est en contact avec lui; alors, avec le krabb, on le roule sur lui mème, on le sort par 1’ouverture... et on fait entrer un autre lagre. Les lagres hors de service rontrent comme groisil dans les compositions.
Nous avons dit précédemment que quand le manchon était étendu, on le poussait avec le krabb par-dessous le manteau, de la pierre a étendre sur la première pierre è refroidir. On congoit que, dans cette operation, quelque soin qu’on prenne de nöttoyer de temps en temps avec le polissoir la pierre a refroidir, etc., le froltement de la feuille sur la lagre et ensuite sur Ia pierre a re¬froidir imprime sur la surface inférieure de la feuille de petiles raies, qui a la rigueur peuvent passer dans un vitrage ordinaire, mais qui ne sont pas acceptables pour un vitrage soigné, et sur- tout pour couvrir des gravures* aquarelles, etc. Pour éviter eet inconvénient, quand la feuille est étendue, on ponsse le lagre avec la feuille étendue, de la pierre a étendre sur la pierre a re¬froidir, Après. quelques instants, on prend la feuille avec la four- che, on la pose sur la deuxième pierre a refroidir, puis, avec la fourche, on repousse le lagre par-dessous Ie manteau sur la pierre a étendre. On oblient ainsi des feuilles qui n’ont pas ce défaut des raies dont nous avons parló: c’est ce qu’on appelait le verre passé ou poussé au lagre, ou simplement verre au lagre, qui se
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payait plus cher, paree que Félendeur ne pouvait étendre, daus un même temps, qu’è peine les deux tiers de ce qu’il étendait do verre non dü lagre, én raison du refroidissement de ce lagre, qui rendait plus long le développement du manchon suivant.
Par les nouyeaux modes d’étendage dont il sera question ci- après, on n’a plus ces distinctions de verre au lagre ou non au lagre. Mais nous tenions a faire connaitre ce point do départ du mode d’étendage, pour faire mieux apprécier les perfeclionne- ments obtenus de nos jours.
Le personnel des fours a étendre se composait de deux éten¬deurs, d’un chauffeur de four, et de deux gamins ou pousseurs. Ces deux étendeurs devaient étendre le produit d’un four de fonte. Le chauffeur de four chauffait le four a étendre au point convenable pour commencer 1’étendagc, fournissait le bois ou le charbon pour chauffer le four et les billettes pour le travail, et aidait les éten¬deurs a vider le four a étendre. Quand le chauffeur avait préparé son four, il appelait un étendeur, qui arrivait avec son gamin, travaïllait pendant douze heures, et élait remplacé par le deuxième étendeur avec son gamin. Deux chauffes de chaque étendeur suf¬fisaient pour remplir le four; pendant la dernière chauffe, le chauffeur de four préparait le four a étendre suivant, et il restait un temps suülsant entre le passage d’un four a un autre pour vider un four refroidi; quatre fours a étendre suffisaient moyen- nement pour Fétendage de la production d’un four de fonte.
Chaque four è étendre, dans les dimensions que nous avons indiquées, consommait, pour le chauffer, 2 stères et demi a 3 stères de menu bois dur, ou 6 hectolitres de houille, et pendant Fóten- dage 3 stères de bois hlanc fendu long (de lm, 12) et 1 stère de bois blanc scié en deux et débité. en billettes.
Un étendeur étendait, par heure, trentercinq a quarante feuil- les, d’épaisseur ordinaire, de 69 centimètres sur 54 centimètres ou 90 centimètres sur 42 centimètres non au lagre; ou environ vingt a vingt-cinq de mesures doubles.
Tel était Fétendage qui a óté déerit avec beaucoup d’exactitude dans V Encyclopédie par ordre de matières, et qui existait, pour ainsi dire, de temps immemorial. • ■
Les plus grands inconvénients de ce mode d’étendage résul- taient: 1° de la nécessité de pousser Ia feuille étendue de la pierre a étendre sur la pierre a refroidir, mouvement qui allère
ÉTENDAGE.
]a surface inférieure de la feuille, défaut que l’on n’évite qu’en poussant Io Iagre lui-mêrae chargé de sa feuille dans le four a dresser, ce qui nócessite de Je ramener chaquo fois sur Ia pierre a étendre, fait perdre beaucoup de temps et met ce Iagre bien plus promptement hors de service, è cause des refroidissements et réchauffements successifs; 2° de la consommation du combustible employé è. réchauffer les fours a étendre, qui n’aurait pas lieu si 011 travaiHait d’une manière continue dans le four è étendre, en employant un autre mode de recuisson des feuiHes éten- dues, qui permettrait de les enlever au fur et mesure du four è dresser.
On ne comprendrait pas que ces vices de fancien système d’étendage se fussent si longtemps perpélués, si 1’on ne faisait pas attention que ce n’est qu’avec la plus grande circonspection qu’on peut introduire dans une verrerie des modifications dans le sys¬tème de fabrication, modifications qui peuvent entraïner des pertes très-considérables. Ainsi, par exemple, pour ce qui concerno 1’étendage, s’il résulte d’un changement que vous essayez d’in- troduire du verre un peu moins bien recuit et, par conséquent, dur Ö la coupe, non-seulement vous avez de la casse dans votre magasin, mais le marchand a qui vous vendez ce verre, s’il ren¬contre seulement quelques feuilles qui se fendent en plusieurs directions sous la pression du diamant, n’ose plus employer votre verre, et vous avez quelquefois bien de la peine a le faire revenir de la prevention que fout votre verre est mauvais & la coupe.
M. Malherbe, de la verrerie de Cirey, fut, jé pense, le premier qui essaya d’introduire un système d’étendage plus économique.
II étendait d’une manière continue dans un four conlre lequel vcnaient s’appliquer des fours a dresser mobiles sur roues; quand un four a dresser était plein, on le retirait, on fermait sa devan- ture et on le laissait refroidir. L’existence des fours a étendre Malherbe n’a pas été de longue durée, et je suis tenté de 1’atlri- buer a rimperfection avec laquelle auronl été eonstruits les fours a dresser mobiles; car le système était bon et constituait un pro- grès réel. .
Le changement suivant date de 1826. A cetle époque, M. Aimó If utter, de Rive-de-Gier,prit un brevet pour un four a étendre a pierres tournantes, ce système remédiait aux incohvénients du poussage de la feuille ou du Iagre, d’une pierre sur une autre ;
du*
quatre picrres iï étendro étaient fixées sur un plateau circulaire horizontal mobile sur un pivot central, porlant engrenage, et mis en mouvement par une petite roue extérieure au four. L’étendeur ayant étendu une première feuille sur la pierre A (fig. 61) faisait faire A Tapparcil un quart de revolution, qui met- tait la pierre A dans la position It, et alors la pierre D arrivait è la position A, et on y étendait une deuxième feuille de verre, un deuxième quart de revolution con-duisait la pierre D dans la posi-tion B, et alors la première feuille ten due en A, qui avait commence a se refroidir en B, arrivait en C suffisamment refroidie pour élre relevée a Ia fourclie dans le fonr
’ a dresser. .
j’ai entendu des verriers allemands revendiquer pour 1’Alle-
magne 1’invention de ce four a pierres lournantes, mais le brevet de
M. A. Iiutler n’ayant pas eu de contradicteur, je trouve plus juste
do lui en attribuer tout Ie mérite. Des verriers allemands, AIM. Aiul-
lensiefen, de Cregeidanz, ayant plus tard adopté ces pierres lour-
nantes, les disposèrent de la rnanière ci-contre (fig. 62), ce qui leur
permettait d’avoir des pierres un
peu plus grandes pour une mêrne
dimension de plateau tournant.
Le système des pierres lour-
nantes remédiait aux inconvénienls
du lagre; mais il fallait toujours,
quand le four a dresser élait plein,
passer a un autre four. On avait
done toujours 1’inconvénient du
réchaulfage des fours et celui .de
la consommation du combustible
nécessaire a eet efïet. L’appareil
des pierres tournantès d’ailleurs était dispendieux, et il fallait 1’adapter a tous les fours a étendre. C’étail done vers 1’étendage continu dans un four unique qu’il fallait diriger Ie perfectionne- ment, et, dans ce but, je pensai, en 1828, a appliqUer a la re-
cLiissou des feuillos le fourusité dans la fabrication du cristal.
■T’adjoignis done au four a étendreune arehe a tirer, dont 1’ehtrée pour les chariots ou fèrrasses se trouvait a jdroite de la trompa; cetle arche a tirer élait chauflee par sa communication avec lé four a refroidir et aussi par un petit foyer intérieur placé a 1’an- do d’intersection du four a refroidir et de 1’arche a tirer. Cettö arche a tirer avait 12 mètres de longueur; a 3 metres de son ex- trómitó s’ouvrait une clieminée pour enlever la fumce et attirer la chaleur vers cette extrémité, a laquelle arrivaient les chariots snccessivement chargés chacun de douze a quinze feuilles posées a plat. Si on mettait un plus grand nombre de feuilles, ellés for- jnaient une masse dont la partie inférieure ne se refroidissait pas sufPisamment, et Ia charge du verre occasionnait souvent de la casse dans les feuilles du dessous. La réussite de cette arche a tirer fut satisfaisante quand le four et farche étaient convenahle-
mentdirigés ; la verre sortaitsuffisamment recuit, bon a la coupe. Dans d’aulres cas, malheureusement, un peu de negligence a 1’un ou 1’autre foyer, une porte ouverte en temps inopportune ame- naienl un courant d’air froid sur le verre dans 1’arche a tirer, et occasionnaient dans un ou plusieurs chariots quelques feuilles duros a la coupe. Les marchands se plaignaient; je dus suspendre le travail de ce four, qui, d’ailleurs, dans sa réussite, ne réalisait que la moitié des perfectionnements désirés; combine avec les pierres tournantes, il eut atteint complétement le but. M. A. Hutter se chargea de faire les essais relatifs a eet ensemble, et n’ohtint qu’une médiocre réussite; mais, dès ce moment, l’attention des verriers était sérieusement appelée, et plusieurs systèmes de fours: furent successivement mis en oeuvre, tous réunissant les deux avantages qu’ón voulait oblenir; et d’ahord M. Houtard Cossé,' alors propriétaire de la verrerie de Mariemont {plus tard direc¬teur de la fabrique de glacés de Sainle-Marie-d’Ogny), au lieu de pierres tournantes, organisa un système de ya-et-vïent; il eut deux pierres a étendre montées sur chariots superposés. La pierre in¬férieure était plus étroite que la pierre supérieure, et passait avéc ses quatre roues sur chemin de fer par-dessous la pierre supé-
k
weure, dont les roues, d’un plus grand diainètre,roulaient sur des rails plus espaces. M. Houtard avait én même temps adjoint une arche a tirer a son four a étendre. .
Après avoir élendu sur une des pierres, on la poussait dans le
four è refroidir, et ön retirait 1’autre pierre dans le four a étendre.
Pendant que le manchonse développait, l’étendeur allait prendre avee la fourche la feuille precédemment étendue, et Ia posait sur le chariot de 1’arche è lirer. Entre les deux parties dn four il y avait un mante au mobile, qu’on pouvait lever et baisser au moyen d’une poulie, qu’on baissait quand on étendail sur la pierre infé¬rieure, et qu’on relevait pour faire repasser la pierre supérieure. Ce four avait deux inconvénients, celui resultant de 1’étendageè deux niveaux différents et celui de l’inégalité des pierres, qui im- posait ou 1’obligation d’étendre alternati vemen t une grande feuille et une plus petite, ou bien de n’étendre que des feuilles adaplées è la dimension de la plus petite.
M. Carillion, dans un appareii qu’il construisit pourmoi, avait remédié 5 eet inconvénient en allongeariL les essieux de la pierre supérieure, et de celte manière la pierre inférieure pouvait être de Ia même dimension que 1’autre. A partir de cette époque, chaque verrerie, pour ainsi dire., ent sa forme particulière do fours, mais basée sur les mêmes principes, c’est-a-dire des pierres a étendre raontées sur roues, et sur recuisson continue. M. Mag- doudal introduisit au plan de M. Houtard une modification pour laquelle il prit un brevet, et qui consistait è. disposer un appareii pour relever la pierre inférieure, de manière & opérer 1’étendagc au même niveau. Quand on avait étendu le manchon,on rabais- sait la pierre pour la faire repasser sous l’autre. Nous ne croyons pas devoir donner les plans de toutes les modifications qui ont été apportées a ces syslèmes de fours; nous dirons seulement quelques mots de ceux qui eurent le plus de succès.
M. Patoux ayant adopléles pierres tournantes, organisa unsys- tème d’étendage sans fin, pour lequel il prit, en 1840, un brevet qui ne porlait que sur le mode de recuisson.
Le verre ayant été étendu d’une manière quelconque, c’esl-a-dire par 1’ancien système, ou par le système des pierres tournantes, ou de va-et-vient, et la feuille étant arrivée dans la position L (fig. 63), c’est-ti-dire a 1’endroit oü elle est suffisamment froide pour pouvoir être dressée, est alors enlevée avec la fourche par 1’ouverture S, et placée avec la fourche dansla case A, faisant partie d’un système rotatif horizontal en fonte, divisé en huit compartiments, Ie tout surmonté d’une voüto sphérique en briques. Quand on a mis un certain nomhre de feuilles, vingt, par exemple, dans lb comparti-
ment A, on fait faire è 1’appareii un huitième de revolution, et ainsi de suite, et quand le compartiment A est arrivé en G, on
. ouvre d’abord une petite porte pour eommencer è refroidir, puis
[image 63]
on soulève peu A peu une grande porte mobile MN, par laquelle on retire le verre. Le compartiment vidé reprend de la chaleur en H pour se remplir de nouveau en A.
Avant cette époque, il avait été pris un brevet en Angleterre pour un système de recuisson, analogue, quant a la forme, et dont j’avais donnó les plans. Je ne posais qu’une seule feuille dans chaque compartiment, mais c’était sur fils métalliques. Je reviendrai sur ce genre de recuisson.
Vers 1844, on ótablit en Angleterre, chez MM. Chance frères, de Birmingham, un mode d’étendage auquel on n’avait pu son- ger que dans un pays oü tous les appareils de ce genre peuvent etre établis a frès-bon marché. Ce mode d’étendage eut une complete réussite, et a été longtemps en usage tel que nous allons le décrire (lig. 64).
Le manchon poussé en A est étendu en B dans le four chauffé au coke par le foyer G , sur une pierre a étendre, montée sur
[image 64]
cadre en fonté, porté sur röues en fonto de 40 centimetres environ de hauteur, róulant sur rails. Quand la feuille est étendue, on póüsse la pierre et son chariot en C, on enlève la feuille pour la porter en D, et on ramène la pierre a étendre de C en B pour
étendre une autre feuille. La pierre D est montée sur chariot comme la pierre B, et on la pousse en E, d’oh Pétendeur prend la feuille pour la mettre debout dans la caisse enfonteF ; puis on ramène ie chariot de E en D, et ainsi de suite. La caisse F est garnie dans sa partie inférieure de cadres mobiles, sur un axe ho¬rizontal; et qü’on relève successivement dans une position légère- ment inclinée vers le cóté oppose è Pouverturo; peur y appuyer un certain nombre de feuilles de verre.
Les caissesF sont chauffées successivement dans un foyer par¬ticulier avapt d’être amenées dans la position oü on ties rempht. Quand la caisse est amenée en F, on ouvrè sa porté ab, qui vient
nrendre la position a'b ; puis, quand cette caisse est remplie, on referme cette porte, et on pousse la caisse sur ses rails dans la direction MN sous une arche voütée.
les caisses F sont en forte tule, d’une dimension a pouvöir con-
lenir les plus grandes feuilles de verre; leur poids est énorme,
niais elles sont bien rnontées sur roües en fonle, et circulent tres¬" i
librement sur rails avec plateaux tournants aux extrémités, pour les mouvements de retour. A la sortie de Parclie a tirer, on les laisse refroidir encore pendant quelques heures avant d’ouvrir la porte, puis, quelques heures encore après avoir ouvert la porte, on peutsans danger en retirer les feuilles, qui sont très-bien recuites.
Au four que nous venons de décrire, on a introduit ensuite une autre modification resultant d’un plan adopté et breveté par M. 1. Frison, et qui consistait en principe a donner aux pierres a élendre le double mouvement de va-et-vientetde droite a gauche, modification qui produit un étendage plus rapide, en ce qu’on n’attend pas la pierre sur laquelle on doit étendre le manchon suivant.
[image 65]
Nous donnons, page 292 (fig, 65), le plan de cefour ainsimodifié: le manchon entrant en A, puis en B, ou il est retournê bou t pour bout, au moyen d’une disposition que noüs décrirons ci-après, est étendu sur Ia pierre C; la pierre et son chariot sont poussés en D, a cöté de la seconde pierre F; puis Fensemble des deux cha¬riots des deux pierres est amené par le mécanisme dónt le moteur est en K, de manière que D arrive en E, et F en D. Alors cette deuxième pierre F est de suite tirée dans le four a étendre en G, pour y étendre une deuxième feuille; pendant cè temps, ïa première pierre est repoussée de E en F, puis de F en G, d’oü, par 1’öuver- ture L, la feuille est empilée dans la caisse H. ia deuxième feuille, étendue en C, estpoussée en D; la pierre G est ramenée en F, puis l’ensemble des deux pierres ramené en D et E, et ainsi de suite.
II est bien entendu que toutes les pierres sont möntées sur roues en fonte, posées sur des rails indiqués dans la figure.
ies résultats de ce four sont satisfaisants, mais le mécanisme en est assez compliqué. J'ai suggéré d’y adaptér le système des pierres tournantes, qui donnerait lieu a rnoins de ïnoü- evments. .
Au lieu cFun grand plateau pouyant cöntenir quatre pierres & étendre, le plateau est disposé de manière è rocevoir settlement deux
chariots <t pierres. Lomanclion entrant en A (fig. 66), puis en B, oü il est tourné bout pour bout, est ensuite porté en C, oü il est étendu. Le chariot C est poussé en D. On fait faire une demi-révolution au plateau, de manière a faire arriver D en E, et réciproquement,
Le chariot È est alors poussé de suite en C, pour qu’on y étende le manchon suivant. Pendant ce temps, le premier chariot est lire en F,oül’on enlève la feuille pour la mettredans lacaisseC, et le chariot est ramené de F è E, et ainsi de suite, i
J’ai dit que le manchon amené en B ctait tourné bout pour
bout; ceci est le résultat d’un perfectionnement apporté dans les fours a étend re, dans le bul de chauffer plus également le man- chon avant de 1’étendre. Le mancbon poussé dans la trompe re- goit une chaleur plus intense dans la partie antérieure qüé dans
la partie postérieure. Pour rétablir Tégalité de tenapératurej ón dispose un petit chevalet en fer (fig. 67) pivotant sur un axo central mobile, au moyen d’un engrenage correspondent a une petite roue placée en dehors en avant du four a étendre. Quand le manchon est arrivé au bout de la trompe, le verrier le prend avec son krabbj le pose sur le chevalet, puis faisant faire ün
294 LIVRE II. — VERRE A VITRE.
demi-tour a la petite roue extérieure, fait faire lemême demi-tour au chevalet, de telle sorte que le man- chon qui, aupara<- vant, se présentait le bord ouvert au feu du cöté de Fé- tendeur, se présente ensuite le cóté de la calotte tourné vers 1’étendeur.
Les chariots qui portent lés pierres a étendre ou les pierres a recuire dontnous avons parló dans les descriptions qui précédent, soiit généralement montós sur roues de 40 centimetres de dia- mètre. Ces roues et les rails sur lesquels elles circulent sont sur les modèles des chemins de fer ordinaires. On a généralement éprouvó que les chariots uniquement formés de barres de fer forgé sont preferables & ceux construits en fonte; ces barres sont plus sujqjles a plier, mais ces chariots ont 1’avantage de pouvoir se réparer.
Nous croyons avoir, par ce qui precede, fait connaitre 1’état passé et présent de 1’étendage ; nous ajouterons que, dans notre opinion c’est la recuisson du verre qui est encore Ia partie faible, celle qui réclame surtout des améliorations. La difficulté de cetlo recuisson résulte dè la juxtaposition des feuilles de Verre, soit qu’on les mette a plat sur un chariot, soit qu’on les dresse pour les mettre en pile. Ces feuilles, appliquées 1’une sur 1’aulre, no fussent-êlles qu’en petit nombre, forment une masse qui ne peut se refroidir que par 1’extérieur, et les feuilles placées a 1’inlérieur (le verre étant mauvais conducteur du calorique) ne peuvent subir convenablemenf leur refroidissement graduel. Je suis persuadé qu’une feuille de verre, inêtne épaisse, pourrait être reeuite dans un temps extrêmement court, si elle n’était en contact ni avec un certain nombre d’autres feuilles, ni avec aucune autre surface.
Dans ces conditions, une feuille de verre passant graduellement
en moins d’une heure de la température de 1’étendage a celle do
Fair extérieur, sans courant d’airfroid, serait parfaitement reeuite.
J’ai done pensé qu’une feuille de verre, une fois qu’elle a pris Ia
consistance suffisa.ntc pour ne pas plier, suspendue sur des fils
métalliques horizontaux, serail dans les meilleures conditions pos-sibles de recuisson. Ce systèmo pourrait être appliqué au four de JVJ. Patoux, que nous avons décrit précédemment. Au4ieu d’em- piler les feuilles dans la case A (fig. 63), cette case et les suivanles seraient garnies de plusieurs étages de fils métalliques, sur les- quels on glisserait les feuilles de verre; ou bien encore, si on em- ployait les fours avec recuisson sur des. chariots dans une arche a tirer, on emploierait une série de chariots légers supportant des cadres garnis de fils métalliques. Cette recuisson sur fils métal- liques serait incontes tab lemen t une amélioration dans 1’étendage du verre.
Depuis que nous avons décrit les divers modes d’etendage* 1’Exposition uniyerselle de 1867 nous a fait connaitre un perfec¬tion nement récent apporlé par M. Bievez, de Haine-Saint-Pierre (Belgique), dans la recuisson du verre étendu.
La figure 68, qui n’est peut-être pas rigoureusement con-
forme au plan de M. Bievez, donnera toutefois une explication complete de son procédé,
Le manchon introduit par la trompe A est étendu, par 1’ouver- ture B, sur la pierre C monlée sur chariot; ce chariot est ensuite poussé sur les railsj de manière a occuper la position D, Quand la feuille a pris assez de consistance, 1’étendeur la prend sur sa
fourche par 1’ouverture E et la pose a 1’entrée de la gaine de re- cuisson. La sole de cette gaine de recuisson, faite en pierres ré- fractaires, bien aplanies, est coupée par cinq rainures longitudi- nales, dans lesquelles sont enclavées des barres de fer reliées ensemble a 1’extrémité NN, a 1’extérieur de la gaine. Ces barres de fer reposent de distance en distance sur des rouleaux transver- saux garnis de poulies mobiles aux endroits oü portent les barres. Cet ensemble, de barres peut, par la poignée O, avaneer ou recu- ler longitudinalement d’une distance égale a la largeur de la pierre & étendre, et sur toute la longueur des barres il y a quatre rouleaux-supports. Le dessus des barres est presque au niveau de la sole, mais plutöt en dessous qu’en dessus, et, au moyen des leviers R, on peut soulever les rouleaux et, par conséquent, 1’en- semble des baTres, d’environ 15 millimetres. L’ensemble des rou¬leaux et des barres est solidaire, en sorte qu’un seul des leviers élève ou abaisse tout 1’ensemble.
Quand une deuxième feuille a été étendue et poussée en D, 1’é- teudeur abaisse les leviers R, ce qui soulève tout le cadre; dans cette position, 1’aide étendeur tire la poignée O ; le cadre et toutes les feuilles qni sont dessus avancent, vers la sortie de la gaine, d’une distance, puis 1’étendeur laisse redescendre les barres; Faide repousse le cadre, et 1’étendeur va, par 1’ouverture E, placer la deuxième feuille è. 1’entrée de Ia gaine oüil avait mis la première. La longueur de la gaine étant de neuf fois la largeur de Ia pierre è étendre, quand Pouvrier a étendu une dixième feuille, Ia pre¬mière étendue est arrivée è Fextrémilé de la gaine, c’est-a-dire environ au bout de trente minutes, et parfailement recuite, paree qu’elle a passé par des températures régulièrement décroissantes, sans contact avec d'autres feuilles. Une seule feuille, en effet, n’est pas gênée dans son retrait, en refroidissant, et reste parfaitement plane, tand is que, quand on charge plusieurs feuilles 1’une sur 1’autre sur des chariots, les feuilles extérieures et intérieures refroi- dissent inégalement, le verre n’est jamais bien recuit, et il y a beaucoup de casse. Le système de M. Bievez est, en outre, éco- nomique, car il évito la dépense des chariots, qui sont d’un entre- tien assez dispendieux. Ce procédé de recuisson est certainement un grand progrès sur tous les systèmes établis jusqu’a ce jour.
Avant de terminer ce qui est relatif a Pétendage du verre, nous devons mentionner deux ameliorations qui ont été apportées en
Angleferre1 dans les preparations des manchons avant de les sou- niettre h l’ótendage. *
Nous avons dit que Ie manchon, après avoir óté séparé de la calotte et fendu avec le fer rouge, était en élat d’être étendu; mais le bord ouvert au feu est assez irrégulier, il n’est même par¬ijs qu'imparfaitement ouvert. Le cóté de la calotte, qui a été rogné avec le fil de verre chaud, n’est pas non plus parfaitement régulier. Si ces deux bords du marichon étaient deux cercles per- pendiculaires a 1’axe du cylindre, ces deux bords, en se dévelop- pant, formeraient deux lignes parallèles, en sorte que la feuille élendue n’aurait pas besoin d'etre équarrie sur ces deux lignes :
c’est précisément ce qu’ou obtient, on coupant au diamant les
deux extrémités du manchon. On se sert, a ceteffet, d’un diamant
jnonté sur chariot, dont nous donnerons la description exacte a
Partiele des Cylindres ovales et carrés pour couvrir les pendules,
vases etc. Un gamin apporte successivement les manchons au-
dessus d’une table AB (fig. 69), les appuie perpeudiculairement
contre deux fourches attenantè une tige verticale CD fixée sur la table; le manchon est ainsi tenu par le gamin a une hauteur de 15 cen¬timetres au-dessus de la table. Le coupeur place alors le diamant du chariot è 1’intérieur du man¬chon, et faisant rouler le chariot autour du manchon, celui-ci se trouve rogné suivant un cercle pa- rallèle a la table et, par consé¬quent, perpendiculaire a 1’axe du
cylindre. Le gaminletourne ensuite le manchon et Ia même operation est faite de la même manière a 1’autre extrémité.
Quand les manchons sont ainsi rognés par un onvrier spécial, . ce même ouvrier. procédé A la fente longitudinale au moyen aussi d’un diamant.
1 Chez MM. Chance, de Birmingham; on doit également a ces habiles fabricants plusieurs des perfectionnements que nons avons signalés, cl nolamment ie souf- flage des manchons dans an four séparé.
Le fendage avee Ie fer cliaud a un inconvenient assez grave provenant de I’oxydation du fer, qui laisse une trace rougeêtre resultant du frottement, de 15 è ^0 millimetres environ de large. Cette trace est ineffagable, et il en résulte, on conséquence, utio perle sur la feuille; e'est ce que l’oo évite en fendant les man- chops au diamant, et, pour cela, on pose 1c manchon sur un sup¬port incliné AB (fig. 70), et, posant une longue régie a 1’intérieur
du manchon, on fait glisser le long de cetle regie un diamant fixé a Lextrémité d’une longue tige en hois CD. Le mouvement doit être rapide, pour quo la fentc qui prend naissance sous Ia pression du diamant ne s’écarte pas de Ia ligne qu’on veut lui faire suivre, et, de cette manière, aussitöt que le diamant est arrivé a 1’extrémitó de sa course, la fente delate dans toute la longueur de la ligne parcourue. Si la separation n’est pas complete dans toutq la longueur, on n’a qu’è donner quelques petits chocs avee la main sur le dessous du manchon, la fente achève de s’ouvrir dans toute la longueur.
Duel que soit le procédé qu’on emploie pour fondre le manchon, c’est-a-dire le fer rouge ou le diamant, on doit avoir soin, avant de le fendre, de 1’examiner, afin que, s’il se rencontre un défaut, tel qu’un gros bouillon ou autre, on fende le manchon sur ou prés de ce défaut, qui se trouvera ainsi sur Ie bord extréme de la feuille et non dans le centre.
II ne suffit pas que du verre a vitre ait été corn posé dans do bonnes proportions, bien fondu, hien affiné, soufflé par un habile verrier, dont tous les manchons sont bien cylindriques et d’une égale ópaisseur dans toutes leurs parlies; il faut, en outre, que ces manchons aient été étendus par un étendeur habile et soi- gneux. Si 1’ótendeur ne veille pas ci Ia propretó de sa piorro a
élendre ou de son lagre, les corps durs, qui pourront tomber sur cette pierre ou sur le lagre., et qui peuvent venir de la voüte du four, ou chassés du foyer par le courant d’air, s'interposant entre le manchon et le lagre, donneront leur empreinte sur la feuille de verre. Si 1’étendeur ne passe pas son polissoir sur toutes les par¬ties de la feuille, en exergant une pression assez forte, il pourra rester des bosses non aplaties. Si, dans le but d’avoir a exercer une moindre pression, dans le but aussi d’étendre plus rapideraent /étaut payé généralement en raison du nombre de feuilles éten- dues), il porte son four a une temperature trop élevée, son verre est ce qu’on appelle Mdé ou piqué., la surface supérieure de la feuille, éprouvönt un commencement de fusion, est marquée d’une infinitó de petites piqüres qui altèrent le poli de cette surface. Si la température du four a refroidir est trop basse, la feuille, passant dans ce second four, éprouve un contraste trop intense ; la feuille se/éw, segauchit, forme 1’aile de moulin, etne peut plus s’appli- quer sur une surface plane. Le salaire de 1’étendeur ne doit done
être établi que quand on a visité le produit de son travail, et on fait une déduction en raison des défauts qui peuvent lui être im- putés. Plus le verre est.étendu a une température basse, meilleures sont les surfaces; mais, nous devons le répéter, jamais on n’ob- tiendra des surfaces qui ne soient pasondulées et dont 1’apparencé (vues obliquement) ne soit pas en quelque sorte semblable a celle d’un lac légèrement agité. Ce défaut est inhérent a la nature de ce verre et provient, ainsi que nous 1’avons dójè remarqué, de la différence d’étendue des deux surfaces intérieure et extérieure du manchon, qui deviennent égales lorsque ce manchon est déve- loppé. Plus le diamètre du manchon est grand, moins il y a de différence relative entre ces deux surfaces, et moins, par consé¬quent, les ondulations doi vent être sensibles. Lorsque vous êtes dans un appartement, vous ne vous apercevez guère de ce .dé-faut; mais si, extérieurement, vous regardez obliquement les vitres d’une maison, alors il devient très-apparent et choquant même pour des yeux habitués au vitrage en glacés polies, ou même en verre soufflé en plateaux des belles qualités.
Les feuilles de verre sorties des fours a étendre sont porlées au magasin, et lè elles doivent d’abord subir un examen pour faire les choix en raisbn des défauts.
Ces défauts peuvent provenir du verre mal fondu ou mal affiné. du travail du souffleur, ou do celui de 1’étendeur.
Les défauts de la fonte ou de l’affinage sont le verre mousseux ou pierreux, ondé oti cordé. Les défauts provenant du travail du verrier sont :
1° Les bouillons de cueillage dont nous avons vu la cause en parlant du soufflage du verre;
2® Si la canne n’est pas propre, si elle est trop chaude quand le verrier cueille son verre, il se forme une multitude de bouillons de canne, qui gatent toute une feuille de verre;
3° Si le manchon n’est pas soufflé bien cylindrique, qu’une régie ne s’y applique pas complétement partout dans le sens de i’axe, le manchon ne pourra pas, par le développement, produire une surface exactement plane, quelques efforts que fasse l’éten~ deur aveG son polissoir; .
4® Enfin, le manchon pourra avoir élé soufflé d’une épaisseur inégale, plus épais, par exemple, a la calotte qu’è. 1’autre extré- mitó, ou réciproquement, ou bien encore pendant qu’il allongeait son manchon, il ne 1’aura pas tenu suffisamment en 1’air, le boe de la canne tourné vers la terre, le verre aura coulé, et le manchon sera mince au milieu, épais dans les bouts. Ces différences d’ópais- seur constituent de graves défauts. Enfin, il y a les défauts prove¬nant de 1’étendage, que nous avons signalés précédemment.
C’est sur ces différents défauts que 1’on porte son attention pour classer les feuilles de verre a leur arrivée au magasin. Les portoirs sur lesquels elles ont été placées, eu les sortant de 1’étendage, sont rangés prés d’une table placée contre un vitrage; le maga- sinier les en tire feuille par feuille, les examine, les pose sur la table pour voir si elles s’y appliquent compléfement, puis il les présente au jour directement et obliquemenl, et les passe a son aide-magasin, en lui disant a quel choix il doit les ranger.
J’ai vu, chez MM. Mullonsiefen, a Cregueldanz, ün appareil pour Pexamen du verre qui signale principaleraont les dófauls j’étendagö. Get apparcil consiste en un grand panueau en bois Jiien plan et peint en noir, lequel panneau est monté sur deux lourillons au-dessus de son centre de gravité, comme une grande glace de toilette; au bas du panneau est une petite plan-* cbette pour poser la feuille è examiner, et a cette planchette est attachée une corde pour mouvoir le plateau. L’examinateur se place le dos tourné au jour; entre ce jour et le panneau, une feuille est posée sur la planchette, et d’abord on voit si elle s’ap- plique bien contre le panneau, si elle n’est pas Voilée, puis 1’exa- niinateur, tiraut la corde pour placer la feuille a diverses incli- naisons, la fait ainsi miroiter et aper§oit les moindres défants, comme piqüres, bosses, et fait ainsi un premier classement.
Les choix ayanl été fails, on procédé ensuite a Péquarrissage des feuilles; si le manclion a été préparé pour Pélend age, d’a- prés les procédés que nous avons décrits, c’esl-a-dire coupé au diamant aux deux extrémités, il en sort assez régulièrement équarri; il n’y a done qu’a équarrir les’feuilles cassées. Autre¬fois, on livrait au coinmerce les feuilles, telles qu’elles sortaient des fours a étendre, c’est-a-dire, au dernier siècle, le 20 sur 12, le 18 sur 14 pouces, otc., avec le pouce de faveur sur chaque di¬mension. Puis ensuite les 25 sur 20, 29 sur 18 et 33 sur 16, éga- lement avec le pouce de faveur; maïs, pour que le marchand de verre püt équarrir ces feuilles a 26 sur 21, 30 sur 19, 34 sur 17, il fallait bien que les feuilles portassent environ 27 sur 22, etc.
A cause de l’irrégularité des bords, les marchands s’étaient done habitués a compter sur ces deux pouces, d’aulant plus que, pro- lilant de la rivalité entre les maltres de verreries, ils faisaient valoir auprès de cbacun i’avanlage des mesures de son concurrent. On a mis fin a ces reclamations en équarrissant tout le verre, et, comme alors la réforme mé tri que était devenue obligatoire, on a équarri les 69 sur 54’ et 90 sur 42, avec 6 centimetres de bonifica¬tion en longueur et largeur.
L’équarrissage du verre se fait sur des tables oü les divisions en centimètres sont marquées en longueur et largeur, ou sur des cartons recouvrant ces tables et également divisés; une méthode préférable est de se servir de régies en T divisées, qui servent d’équerre et de mesures. ~
Parlant de Péquarrissage du verre, nous croyons que c’est ici le lieu de toucher la question de la coupe au moyen du di», mant.
Nous avons vu dans la description de la fagon d’un manchon qu’un contraste de température délerminait la coupe du verre par le fait de la dilatation ou du retrait subit s’opérant sur un point determine. Ainsi, on a détaché le col du manchon encore Chaud en appliquant sur ce col une lame de fer froid, puis on a détaché la calotte du manchon refroidi en appliquant autour de cette calotte un fil de verre chaud; et enfin on a fendu ce man¬chon froid dans sa longueur en faisant glisser sur une même ligne longitudinale un fer rougi au feu.
C’est par ce procédé du contraste de température qu’on a long- temps coupé le verre. Tous les fragments de formes si variées des vitraux, qui font notre admiration, des douzième, treizième, qua- torzième et quinzième siècles, n’étaient pas coupés autremenl. Après avoir tracé la ligne öu le contour suivaiit lequel on voulait cóuper le verre, on commengait par déterminer un commence¬ment de fénte au moyen d’nn trait de linie ou d’une pointe d’a- cier, puis avec un fer rouge terminé en pointe obtuse, ou un charbon ardent, ou uu bois allumó assez inflammable, on appe- la.it la fente suivant la ligne Iracée. Nous disons qu’on appeiait la fente paree qu’on plagait le corps incandescent sur la ligne tracée en avant de la fente, s’approchant de la fente et reculant quand on voyait que la fente s’avangait. Cet effet était lo résullat de la dilatation locale du verre qui tendait a amener une rupture qui s’opérait nature 11ement a la suite de eelle déja commcn-
cée. Ce procédé est encore employé aujourd’hui dans les labo- ratoires pour couper des verres creux; il y a même des opéra¬teurs très-adroils qui peuvent découper un verre cylindriquc ou conique en une spirale faisant douze a quinze fois le tour du verre.
Depuis le seizième siècle, c’est avec le diamant, en raison de son extreme dureté, qu’on coupe le verre plat. Mais remarquons toutefois que ce n’est pas seulement en raison de sa dureté que le diamant coupe le verre. Tout corps plus dur que le verre lo raye, mais ne le coupe pas, ne le fend pas. Un corps dur qu’on presse dans une direction donnée sur le verre attaque sa surface comme le ferait la roue du lapidaire ou du tailleur sur cristaux. Le diamant, taillé comme pierre fine, agit de Ja même manière:
sos angles, formés par Pinlersection donees rectilignes, rayent lc verre, enlrainent après eüx la portion qü’ils onfc attaqués par leur dureté, mais leur action ne s'ótend pas au dela; ce n’est qüe Je diamant brut dont Pangle naturel coupe le verre qüand il est applique dans une certaine direction. Si on examine attenlive- ment, et surlout a la loupe, un diamant brut, on y remarqüëra quelques angles formés par 1’intersection de surfaces convexéë. Ces angles sont, en quelque sorle, des sommets de pyramides sphériques. La pointe A (fig. 71) est le sornrnet d’üné pyramidê spbérique formée par les angles EAG, CAB, BAD, et c’est en ap- puyant ce diamant sur la partie d’une des arêles pres du sommet dc la pyramidê, et faisant suivre a cette arêle la ligne suivant la- quelle on veut couper le verre, en tirant le
sommet de la pyramidê a la suite de l’arête que la fenle se determine, et suit tonte Ia ligne.
Ainsi le diamant coupe le verre en allant de A è F, le diamant étant dans la position inva¬riable ABCD. Ce diamant a, en quelqüé sorte,
Ia forme de la partie inférieure de la proue d’un naviro qui fait son sillage dans la mer.
L’arête et Pangïe naturel du diamant në sont pas mordants eomme Pangle rectiligne d’un diamant taillé; ils pressent done sur le verre sans entamer sa surface. Cette pression de 1’extrémitó del’arête AB tenda creuser un sillon dans la portion dn verre con-tigue a la surface, et la pointe A venant immédiatement agir sur co commencement de sillon, avant qu’il se soit remis en óquilibre avec les parties plus profondes du verre, rompt, 1’équilibre et détermine la fenle du verre qui se prolongs a la suite de cette pointe. Ni l’arête seule agissant sur le verre ne détermine cette fissure, ni la pointe elle-même posée perpendiculairement, qui ne ferait que rayer la surface.
Si le verre est mal recuit, le diamant agissant sur des molecules qui étaient déja dans un état de tension les unes par rapport aux autres, détermine des fractures irréguliere»; la fissure, au lieu de suivre la direction imprimée, s’écarte en lous sens, ily a impos-sibility de diviser la feuille en carreaux réguliers. On dit alors que le verre est dur d la, coupe, paree qu’en öutre, le verre,étant tréinpê & 1’air, sa surface est plus dure et ne se laisse pas aussi facilement entamer. Si 1’on n'appuie que légèrement le diamant sur le vérre, comme on doit le faire sur du verre bien recuit, il no determine pas de fissure; il faut^puyer davanlage, et alors se manifesto^ les accidents que nous avons signalés. La recuisson, au lieu d’être aussi mauvaise, est cependant quolquefois incomplete : le verre est encore dur a la coupe; il ne se dïvise pas en plusieurs pièces sous Faction du diamant, mais quand on coupe les bords de la feuille, la fissure, a mesure qu’elle suit Ie diamant, s’écarteen même temps vers le bord de distance en distance, et, au lieu do detacher une seule bande tout le long de la feuille, cetle bande se brise, è. mesure que le diamant s’avance, en huit, dix fragments, suivant la longueur.
[image 72]
D’après ce que nous avons dit de la coupe du diamant, on com- prend que tout corps dur, rubis ou autre pierre précieuse è la- quelle on donnera la même forme qu’au diamant, sera capable de couper le verre, et la démonslration en a étó faite par Wollas¬ton ; mais la difficulté consislerait a donner artificiellement a ces autres pierres les mêmes arêtes curvilignes que le diamant affecte dans son état natif et qui agit revêtu, pour ainsi dire, de sa cou- verte naturelle.
On enchasse le diamant dans une petite virole en acier ou en laiton surmontée d’un petit manche en ébène ou en ivoire; cette virole elle-même traverse un rabot A (fig. 72) destine a glisser lo long de la régie qui guide le diamant. Ce rabot, en consequence, doit être parallèle a la coupe du diamant; on se sert, pour fixer le diamant dans la virole, d’un alliage fusible, ordinairement de la soudure d’étain. En chauffant & la flamme d’une chandelle 1’extrémité de la virole dans laquelle est la soudure d’étain, 1’ou- vrier, avee la pointe d’un canif, peut tourner le dia¬mant dans la direction qu’il desire, ou substituer unc autre pointe quand Fune est hors do service. Quand il croit avoir bien placé sa pointe, il essaye sa coupe, et s’il voit que la position du diamant exigerait qu’il pench&t trop sa main en avant ou en arrière, a droite
rig' 72- ou a gauche, il y remedie en chauffant de nouveau. Quand une bonne pointe de diamant est bien placée, elle peut, pendant deux mois, faire un service journalier; mais le diamant encMssé, comme nous venons de 1’indiquer, dans une monture tendre, comme de la soudure d’étain, ne tarde pas u se dérangei’:
[image 73]
il faut quo.lo coupeur, au moins une fois la semainê, rótablisse son diamant en position convenable. Les Anglais, pour obvier A eet incoiivénient, apres avoir bien posé leur diamant, le fisent dans. du laiton, au lieu de soudure d’étain; ils ont aussi apporté un perfectionnement au rabot qui, au lieu d’être fixé d’une ma- nière immobile sur le manche, est doué d’un petit mouvement de pivot sur ce manche. Ainsi, le rabot B (fig. 73) pivote sur la partie A seuïement d’un dixièmo a peine de circonférence, mais qui suffit pour que le rabot B glisse le long de la regie sans changer sa direction, quand même la position du doigt qui tient le manche G aurait un peu varié en tirant le diamant le long de la régie.
Le coupeur tient ordinairement le manche du
diamant entre 1’index et le médium, le pouce ser¬vant d’appui du cöté opposé ; il doit connaitre rinclinaison suivant laquelle le diamant est sur sa coupe, et cette inclihaison ne doit pas varier dans toutela course du diamant, autrementle verre serait coupé dans certaines parties, pas dans d’au- tres. Du resle, le bruit du diamant indique très- bien la bonté de la coupe; ce bruit est une espèce de sifflement, tandis que, lorsque le diamant n’est pas sur sa coupe, on entend qu’il gratte le verre et le raye sans le couper.
S’il ne s’agit que de verre mince, le coupeur,
quand il a fait son trait de diamant, n’a qu’a
prendre 1’extrémité de la bande qu’il a voulu dé-
tacher entre le pouce et 1’index, el appuyant légè-
rement de haut en bas, il voit la fente s’ouvrir,
s’étendre jusqu’a 1’extrémité, et la bande se détache.
Si le verre est très-épais, il faut quelquefois donner
quelques petits chocs sous la ligne de la coupe pour délerminer
la fente, ou bien on prend les deux extrémitós de la bande avec
deux pinces a machoires plates, et, appuyant de haut en bas,
la bande se détache, si elle a été bien coupée. Quand, au lieu
d’une bande qu’on veut détacher, c’est une feuille qu’il s’agit de
diviser, alors, après avoir fait Ia coupe, on pose la feuille de ma-
uière que le trait de diamant suive la ligne du bord de la table, et
appuyant la main gauche sur la partie de la feuille rested sur la
table, on prend avec la main droile le bord opposé de la feuille * 20
. J...,
306 LIVRE II.—VERRE A YITRE.
parallèle A la coupe, et appuyant légèrement de haut en bas, les deux parties de la feuille se séparent suivant le trait de diamant.
Les murs d’un magasin, et même le centre s’il est assez spa. cieux, sont garnis de casiers, depuis le bas jusqu’en haut, les cases du bas étant réservées pour les longues mesurcs, et les cases supérieures, moins ólevées, pour les courtes inesures. C’est dans ces cases étiquetêes que sont rangées les feuilles è mesure qu’elles sont choisies et équarries. Celles qui sont déjè comman-does sont de suite portées a 1’emballage; quant a celles qu’on ap- pelle les mesures courantes, c’est a-dire les 69 sur 54, 75 sur 51, 81 sur 48, 84 sur 45, 90 sur 42, 96 sur 39, ou les mêmes me¬sures doublées, qui forment la base de 1’approvisionnement du commerce, on ne les range pas dans les cases, on les met de suite en caisses.
Les mesures courantes s’emballent généralement par soixante feuilles, dans des caisses a plaire-yoie ayant une separation au milieu, de manière 5 meltre trente feuilles dans chaque division; on met d’abord un lit de paille dans le fond de la caisse, en cas- sant cette paille de sorte qu’elle se trouve en travers, et que le verre puisse y reposer perpendicülairement a Ia direction des brins, puis on penche la caisse et on met de la paille droite (out Ie long du flanc de la caisse; on prend deux feuilles de verre 1’uno contre 1’autre, puis quelques légers brins de foin doux, puis deux feuilles, puis quelques brins de foin,jusqu’a dix feuilles, qu’on coule le long du lit de paille droite, dont on courbe et rainène quelques brins de distance en distance Ie long du paquet, puis on coule un deuxième paquet de dix feuilles; on ramène encore quelques brins de la paille droite le long du deuxième paquet, puis un troisième paquet de dix feuilles, puis on coule de la paille
droite entre ce dernier paquet et la separation; la seconde division de la caisse s’emplit de même; on garnit ensuite de paille 1’un des bouts de la caisse, puis faisant reposer la caisse sur ce bout, de manière que le verre pèse sur la paille qu’on vient d’y intro- duire, on bourre l’autre extrómité avec de la paille qu’on enfqnce avec une palette en bois. Enfln, on garnit le dessus de la caisse de paille non peignée, sur laquelle on force le couvercle que 1’on cl ou o.
II y a des verreries en Belgique et en Allomagne oü Ton passe le verre a Peau ayant de 1’emballer. A eet effet, on pose les feuil-
les de champ sur un cadre en fer forgé, doublé de bandes en bois sur lesquelles appuie le verre; ce cadre est suspendu au moyen de deux poulies ou d’un contre-poids au-dessüs d’une cuve remplie d:eau; quand le cadre est chargé de verre, on le fait descendre au fond de la cuve, oh on le laisse pendant deux ou trois minutes, jusqu’a ce qu’il ne monte plus de bulles d’air a la surface; on relève ensuite le cadre, et on emballe le verre comme è 1’ordi- naire. Les Américains préfèrent le verre qui a subi cette operation; fis disent qu’il. a moilleure apparence. Les Hollandais, au con¬traire, demandent que leur verre ne soit pas passé è 1’eau. Nous avons cru devoir relaler eet usage de quelques verreries, quoiqüe nous n’en reconnaissions pas Vopportnnité. On comprend mieüx f usage de quelques verreries de graisser légèrement avec du suif, ou autrement, le verre avant de 1’emballer ou avant de le meltre dans les cases d’un magasiu, afin qu’il ne soit pas impressionnable a 1’humidité de Fair qui altère la surface des verres hydroscopi- qups et y fait apparaitre les irisations que Ton ne peut ensuite offacer que bien difficilement. C’est un remède, assurément; mais nous dirons aux verriers: Efforcez-vous surtout de fabriquer votre verre dans des conditions oh cette décomposition soit le moins h craindre, c’est-a-dire qu’il n’y ait pas d’excès d’alcali et que la chaux y soit én quantité suffisante.
Et nous dirons aussi aux marchands de verre : N’emmagasinez pas votre verre dans des ïieux humides et sujets a de grands ebari- gements de température, car le verre fabriqué dans les meilleures conditions n’est jamais complétement exempt de s’altérer sous 1’impression de 1’air bumide. Nous avons insisté sur ce point, paree que nous savons que 1’altération des surfaces est une des grandes plaies du commerce du verre a vitre. Aussi devons-nous signaler un nouveau remède apporté par M. Renard, de Fresne, el qui consiste a plonger le verre, immédiaj;ement a sa sortie des fours, dans un bain d’eau aiguisée d’acide chlorhydrique, qui s’empare, dit-il, de tout ce qui peut réster d’alcali libre vers les surfaces, sur lesquelles dès lors 1’humiditó ne peut plus agir.
Dans le siècle dernier et jusque assez avant dans le siècle pré¬sent, les tarifs du verre étaient basés sur le nombre de pouces réunis de longueur et largeur des feuilles, en sorte que toutes les feuilles qui formaient le même nombre de pouces étaient du memo prix ; c’est ainsi que les cinq mesures courantes 20 sur 12, 19 sur 13,18 sur 14, 17 sur 15 et 16 sur 16, qui formaient 32 pouces, se vendaient au même prix. On vendait alors 2 fr. 50 c. a 3 francs lo Hen, qui était de six feuilles. Une caisse se composait de dix liens. Le prix s’élevait avec le nombre de pouces réunis, mais quand on en vint a souffler des feuilles doubles de grandeur, c’est-è-dire ii fabriquer les 25 sur 20, 27 sur 19, 29 sur 18, 31 sur 17, 33 sur 16, ces doubles feuilles ne se vendirent que le double des me- sures précédentes, et alors on les appela mesures de verre d couper, et non verre de mise; c’est-a-dire que si on avait eu besoin de poser un carreau de 25 pouces sur 20 (portant 26 sur 21), alors c’était du verre de mise, par conséquent, un peii plus fort, et qu’on payait comme le numéro 45 (25 sur 20), c’est-a-dire, 1 fr. 80 c. a 2 francs, au lieu de 1 franc a 1 fr. 20 c. Nalurellement, les marchands firent abus de ce mode de venle de verre a couper; ainsi, ils de- mandaient des 31 sur 21, des 35 sur 19, qu’ils demandaient en verre d couper, c’est-a-dire pour ne les payer que comme deux numéros 36, soit environ lo double de 1 franc (prix du 36), au lieu de les payer common05 52 et 54, soit environ 4 francsj et ce verre dit d couper se posait fort bien a 1’occasion dans son en tier: en sorte que Ie prix du verre de mise était devenu purement nominal. Tout se vendait comme verre d couper.
La base du nombre de pouces réunis n’avait qu’un avantage, celui de la simplification des tarifs; on n’avait ainsi a coter que les prix depuis 12 jusqu’a 60 pouces réunis, soit quarante-neuf prix différents, car on ne faisaitpas de verre d vitre plus grand que 36 sur 24 pouces. Mais ce tarif avait une base défeclueuse, en ce sens que des feuilles réunissant le même nombre de pouces peuvent mesurer des surfaces très-difi’érentes. Ainsi 30 sur 30, soit 60 pouces réunis, fait une surface de 900 pouces carrés, tan- dis que 40 sur 20, soit aussi 60 pouces réunis, donne une surface do 800 pouces seulement; en outro, 36 sur 24, qui est aussi le numéro 60, et qui a une surface de 864 póuces, se souffle plus facilement que 30 sur 30, qui est d’un plus grand diamètre, et plus facilement aussi qu’uno feuille de 44 sur 16, qui est trop étroite par rapport è sa longueur; c’est ce qui m’amena & changer ]a forme des tarifs, et a établirun prix pour chaque grandeur de feuille, de pouce en pouce, pour la hauteur et la largeur d’abord, puis de 3 centimètres en 3 centimetres, quand, en 1840, les rac- sures metriques devinTent obligatoires. Mais avant d’entrer dans plus de détails sur co nouveau tarif, nous dirons quelqües mots des prix du verre, qu’on appelait, au siècle dernier et jusque vers 1825, verre en table ou fapon de Bohème. MO me alors qü’on né fa- briquait presque plus de ce verre faponde Bohème, c’est-a-dire dont le diamètre du manchon développé formait la longueur de la feuille, le verre blanc, plus ou moins épais pour vitrages de choix et pour gravures, etc., s’appelait encore verre en table etse vendait au paquet; le paquet était une mesure de convention, le lien et le paquet étaient des importations du mode de vente d’Allemagne d’ou était venu ce mode de fabrication. Le numéro 61, c’est-è-dire 61 pouces réunis, soit, par exemple, 36 sur 25, formait un paquet; deux feuilles.du numéro 64 formaient trois paquets; une feuille du numéro 68 formait deux paquets; quatre feuilles dü numéro 57 formaient trois paquets; deux du numéro 52, un paquet; quatre du numéro 45, un paquet; quinze du numéro 36, detix paquets; liuit du numéro 34, un paquet, etc. On n’avait done qu’a connaltre le prix du paquet et le rapport de la feuille au paquet pour établir le prix de cette feuille.
Le paquet se vendait, en 1825, è raison de 18 francs en verre épais pour grands vitrages, pour portières de voitures, etc., et a raison de 14 francs en verre plus mince pour gravures. On ne soufflait pas alors au deïè dü numéro 68, soit 40 sur 28.
Mais on fit, vers cette époque^ des gravures telles que le Ser- ment du jeu de paumes la Bataille d’Austerlitz, qui exigérent des feuilles de verre plus grandes ; on souffla alors des 40 sur 30, 45 sur 30 et au delè. 11 est vrai qu’alors on avail des pots plus grands, de plus grands*, fours, car auparavant la difficulty d’oblenir de pius grandes dimensions serail venue moins de Pincapacité des verriers que de 1’exiguïté des fours et des ouvreaux; des mesures de 36 a 40 pouces de long soufflées aux deux .cötés du four se seraient roncontrées par leurs extrémités au moment oü on les chauffé pour la dernière fóis, et auraient adhéré 1’une è 1’autre, et les ouvriers n’auraient pü retirer leurs Cannes qu’en- brisant les deux manchons.
Cette supputation du verre au paqwt cessa en 1826, quand nous éümes fixé des prix particuliere a chaque fëuille, d’abord de pouce en pouce, puis de 3 en 3 centimetres, soit a partir de 1840. A cette époque égale ment cessèrent les distinctions do verre de Bohème, verre demi-blanc, ou verre d’Alsace et verre commun. L’emploï du carbonate de soude, puis du sulfate de soude s’étant généralisé dans presque tóutes les verreries, on ne conscrva que les dénominations de verre blanc et de verre demi-blanc, qui ne différaient guère qu’en ce qu’on mettait moins de groisil, dans le verre blanc, et surtout qu’on n’y ajoutait pas le groisil des Cannes. On conserve encore quelque temps les dénominations de vérre blanc au lagre ou non au lagre; mais depuis que 1’étendage sur chariot mobile s’est généralisé, c’est-a-dire depuis environ vingt ans, il n’est plus question de verre au lagre, les feuilles n’étant plus jamais poussóes isolément. Depuis une vingtaine d’années,
1’habitude qu’önt prise les verriers de faire de grandes mesures, qu’ils soufflent è présent avec plus de facilité, a amené une grande Baisse dans les prix des grandes mesures, ainsi qu’on peut Ie voir dans un larif quö nous donnons ci-après, et qui s’étend jusqu’aux feuilles de 147 centimètres sur 105, et de 210 centimetres sur 42 (tarif de 1860).
Nous avons dit précédemment comment les maltres de verreries avaient été amenés a ne faire payer les 25 sur 20 (pouces) et au- tres que com me deux 20 sur 12, ce qui avait fait donner a ces mesures la dénomination de verre a couper; le même résultat de¬tail être produit quand on a commence a doubler les mesures de 69 sur 54, 75 sur 51, etc. Les marchands ne penvent être por- tés a commander, par exemple,«des 105 sur 66 au prix dn tarif quand ils peuvent avoir des 114 sur 69, c’est-è-dire la mesure de 69.sur 54 doublée au prix de 2 fr. 20 (5. II est vrai que si le mar¬chand demande des 105 sur 66, la fabrication en sera pius soignée; le Verre aura au moins 2 millimetres d’épaissemyUindis que, pour le verre ordinaire, on ne donne que 1 millimètre et demi. Mais la dififérence de prix est trop forte pour que Ie marchand accepte le prix fort; on peut done dire que les prix de tarif ne sont que no-minaux, et ne sont employés que pour les mesures qüi excèdent les mesures ordinaires doublées.
Quelques maïlres de verreries en sont venus même a doubler la longueur de la feuille, aü lieu deola largeur; ainsi, ils ont fa- briqué des 144 sur 54, quails vendent comme deux feuilles de 69 sur 54, en sorte qu’entre les feuilles doublées en longueur et en largeur, soit l!4 sur 69 et 150 sur 54, on peut trouver bieri des mesures intermédiaires qui, par le tarif, sèraient d?un prix bien plus élevé.
II en résulte que ce sont les mesures ordinaires qui forment la base du commerce de verre & vitre. Nous ne pensons pas que la ven te de toutes les grandes mesures atteigne Ie dixième du mon- tant de la vente des mesures ordinaires; c’est done sur le prix de ces mesures ordinaires quö le verrier döit ètablir pririeipalement son compte dé révient, et qu’on peut, d’üne manière générale, éta- blirla valeur moyenne dü verre a vitre. Depuis 1861, au lieu de cinq mesures courantes, oü eri a établi doüze, qui sont:
90 sur 42 96 sur 39 102 sur 86
108 sur 33 114 sur 30 120 sur 27
Ces mesures portent bonification de 6 centimètres stir chaque dimension ; leur grandeur exacte est done :
69 sur 66, döiil la surface égü'lë 0tn,4554
72 sur 63 — 0m,4536
75 sur 60 — 0“,4500
81 sur 57 — 0«‘,4617
67 sur 54 — 0^,4698
90 sur 51 -- 0&;4590
96 sur 48 — 6“,4608
102 sur 45 — O1?,4590
108 sur 42 — 0“,4536 •
114 sur 39 — Öm,4446
12Ö sur 86 — 0^,4320
126 sur 33 ■ — O^^loS
5™,4153
Ca surface moyenne des mesures courantes est done de 0,4513.
Or, ces mesures courantes se vendent, en 1867 :
90 centimes en deuxifeme choix,
80 — en troisieme choix,
70 — en quatrifeme choix.
■ _•
La plus forte demande porte sur le quatrième choix; mais,
commeon vend encore une certaine quantitó de deuxième choix
pour gravure, on peut estimer que, sur 100 feuilles vendues, il
y a en : -
60, quatri'eme choix, a 70 centimes 42'fr. 00 c.
35, troisifeme choix, a 80 centimes..... 28 00 5, denxieme choix, a 90 centimes 4 50
74 fr. 50 c.
On peut done regarder 0,75, commele prix moyen de la feuillc, ce qui met le prix du mètre superficiel de verre a 1 fr. 65 c. Or, comme les mesures ordinaires pèsent 2 kilogrammes, cela met le kilogramme de verre k vitre k 0,37,25. Nous ferons remarquer, en outre, que dans ce prix sont comptés les frais de transport sur les lieux de consommation ou ports d’embarquement.
Et si on pensait que la vente des grandes mesures, k un prix re- lativement fort élevé, tendrait k produire une moyenne plus forte du prix du verre, je ferai remarquer, d’un autre cóté, que tous les carreaux qui sont1 coupés dans la casse qui se fait k 1’étenderie et au magasin, etqui forme au moins 15 k 20 pour 100 de la pro¬duction totale du verre, sont vendus k un prix qui n’excède guère,
en moyenne, 1 franc le metre, ce qui est k peine compensé par ■
la vente des grandes mesures et ne permet pas de regarder le prix du metre superficiel comme supérieur k 1 fr. 65 c.
Les fabricants ont avec raison récemment abandonné la fausse designation des mesures qui comprertait les 6 centimètres en plus: ainsi les 69 sur 54 anciennes sont des 75 sur 60, les 114 sur 69 anciennes sont des 120 sur 75, etc.
Bien que nous ayons dit que la vente des mesures ordinaires forme la base du commerce du verre k vitre, nous croyons devoir faire connaltro les prix des mesures en dehors de ces mesures ordinaires. L’échelie des prix est de 3 en 3 centimètres en longueur et en largeur, mais nous ne croyons pas nécessaire d’entrer dans un aussi grand détail, et nous allons donner une table des prix de 6 en 6 centimètres.
VENTE.
Tarif dn verre blanc de $ millimetres d’èpalsscnr.
jiesures »g en «int. * 48 54 60' 66 72- 78 84 90 96 102
96 3.10 3.50 4.10 5, » 6.10 7.50 9.10 11. » 13.10 15.60 18. B
102 3.40 4. B 4.70 5.80 7.10 8.60 10.40 12.50 14.80 17.50 20.60
108 5.80 4.60 5.50 6.70 8.10 9.80 11.80 14.10 16.80 19.80 22.90
114 4.30 5.20 6.40 7.70 9.30 11.20 13.40 16. » 18.90 21. » 25.20
120 5, » 6. J) 7.30 8.80 10.70 12.80 15.20 18. » 21.30 24.20 26.50
126 5.70 6.90 8.40 10.10 12.10 14.40 17.20 20.50 23.10 25.30 27.80
152 6.50 7.90 9.60 11.50 13.70 16.30 19.30 22. B 24.20 26.50 29. n
158 7.50 9.10 10.90 15. » 15 50 18.50 20.90 23. » 25.20 27.10 50.50
144 8.60 10.30 12.30 14.70 17.40 19.80 21.80 24. » 26.30 28.20 31.60
150 9.80 11.70 13.90 16.50 18.80 20.60 22.70 25. » 27.30 29.40 32.90
156 11.20 13.30 15.70 17.80 19.50 21.40 23.50 26. B 28.40 50.50
162 12.80 15. » 17. » 18.50 20.20 22.20 24.40 26.90 29.40
168 14.50 16.30 17.60 19.10 20.90 23. B 25.20 27.80
174 15.70 16.80 18.20 19.70 21.60 23.80 26.10
ISO 16.20 17.40 18.80 20.40 22.30 24.60
186 16.70 17.90 19.40 21. B 23. B
192 17.30 18.50 20, » 21.70
198 17.80 19. » 20.60
204 18.30 19.60
210 18.90
Mes lires en cent.
Tarif dn verre blanc double, soit 3 millimetres d’épaisseur,
9G
102
108
114
120
126
152
158
144
150
156
162
168
174
180
186
192
198
204
210
4.30
5.10
5.70
6.50 7.40
8.50 9.80
11.20
12.90
14.70 16.80
19.10
21.70
23.50
24.30
25.10
25.90
28.70
27.50
28.30
48 54 60 66 72 78 84 90 96 102
5.20 6.20 7.50 9.20 11.20 13.70 16.50 19.70 23.40 27. o
5.90 7.10 8.70 10.60 12.90 15.60 18.70 22.50 26.30 30.90
6.80 8.30 10. » 12.20 14.70 17.70 21.20 25.10 29.60 34.80
7.90 9.50 11.60 14. » 16.80 20.10 24. » 28.40 33.40 37.90
9.10 11. » 13.50 16- D 19.10 22.80 27.10 31.90 36.20 59.80
10.40 12.60 15.20 18.20 21.70 25.80 30.50 54.60 58. » 41.70
11.90 14.30 17.20 20.60 24.50 29. B 53. Ï> 36.20 39.70 43.60
15.60 16.30 19.50 23.20 27.50 51.40 34.50 37.80 41.40 45.50
15.50 18.50 22. » 26. » 29.70 32.70 35.90 39.50 45.10 47.40
17.60 20.90 24.70 28.10 30.90 34. » 37.30 40.90 44.90 49.30
19.90 23.50 26.70 29.20 32.10 35.50 58.80 42.50 46.60
22.60 25.40 27.70 50.59 53.30 36.60 40.20 44.10
24.40 2630 28.70 31.30 34.50 37.90 41.70
25.30 27.30 29.70 52.40 35.70 39.20 ■
26.10 28.20 30.60 35.50 56.80 - -
26.90 29.10 31.60 34.60
27.80 50. » 32.60
28.60 30.90 - r
29,50
Sur .les prix de ces tarifs il est fait, en 1867^ remise de 40 pour
100 sur les premier et deuxième choix; de 50 pour 100 sur le troisième
II y aquelqües années, les verres è vitres doubles étaient em-ployés eu grande quantité pour vitrages de magasins et d’appar- tements en place de glacest A eet effet., on les assemblait è joints vifs; mais la baisse du prix des glacés, dont 1’apparence est bien supérieure, a diminué cette consommation. On fabrique un peu moins de verre double et un peu plus pour vitrages de verre demi-double, dont les prix sont moitié en sus de ceux du verre simple.
Les demandes poür vitrages ne sont généralement qu’en troi-sième et quatrième choix: le verre deüxième choix est demande pour couvrir les gravures et tableaux, et alors ces demandes sont adressées d’uno manière spéciale, de telle sorte que le fabricant, pour les remplir, soigne la teinte de son verre en n’y tnetlanl pour groisils ni meules de Cannes ni groisils des marchands. II est rare qu’on demande pour vitrages du verre en deuxième choix.
On peut s’étonner qu’en France, qui est un pays de luxe, oü. los appartements, même dans les classes moyennes, sont décorés avec élégance, la demande du verre a vitre porte principalement sur les choix inférieurs : cela tient peut-être en pdrtio a ce que .les fenêtres étant 'généralement très-garnies a l’intérieur de ri- deaux, la qualité des vitres n’est pas très-remarquée; peut-être aussi faut-il avouer que notre luxe recherche plus 1’apparence que la réalité. Mais nous he voulons que constater Ce fait désas- treux poür les fabricants de verre, qui ont intérêt è diminuer leurs frais de fabrication, mais fort peu a améliorer la qualité de leurs produits, Un verrier qui, par ses soins, réussirait a ne fabriquer que du premier et du deuxième choix, verrait son verre rester dans ses magasins, a möihs qu’il he consehtlt a le livrer au prix des troisième et quatrième choix. Il en est dé même en Bel¬gique, ou la fabrication est une bonno moyenne qualité, mais de laquelle on pourrait diffieilement extraire une quantité notable de premier et de deuxième choix. C’est cette cause qui a préservó la
1 Les deux tarifs precedents indiquenfc les prix de vente de fabrique aux raar- chands de verre en gros, Ceux-ci yendent aux vilriers qui Irailent avec les en¬trepreneurs ou propriétaires. 11 y a done pour ces derniers uiie assez grande difference de prix.
nouvolle fabrication anglaise en manchons de ï’invasiofl des pro- duits de Belgique, oü le prix de revient, ainsi qüë nous le venroïis plus tard, est moindre qu’en Angleterre. Les Beiges font une rude concurrence a ces fabriques anglaises pour les qualités ordinaires de verre a vitre; mais comme la consommation demande beau- coup de premier choix, que les Beiges ne peuvent fournir, les Anglais peuvent maintenir ce choix a nn prix élevé qui próduit pour eux une moyenne satisfaisante. Nous devons ajouter tótite- fois que le verre anglais, très-supérieur comme finesse aux verres de France et de Belgique, est tout è fait inférieur pour la couleur, qui est presque aussi foncée que quand on employait les soudes brutes, et du jour ou. les Beiges ou les Francais importeront en Angleterre du verre plus fin, ce verre obtiendra une juste préfé- rence, et les fabricants anglais seront alors dans la nécessité de
faire du verre plus blanc, s’ils veulent continuer de fabriquer.
En Belgique, le commerce n’est pas basé sur le prix dés cinq mesures. Les feuiïles qu’on soufflé Ie plus communément sont les 30 sur 24 pouces, Il y a seulement dans cheque four un oti deux ouvriers qui soufflent des mesures plus grandes, soit 40 sur 30 pouces. La plus grande partie de la fabrication beige est dèstiné© a 1’exportation; c’est le verre & vitre beige qu’on rencontre prin- cipaïementsur les marchés d’Amérique et même de 1’Orient; il y a meme lieu de remarquer que les verres beiges chargés è Anvers se sont presque complétement substitués sur les marchés de Constantinople et de Smyrne aux verres in vitre de Rive-de-Gier chargés A Marseille. Cela tient-il a un fret moindre d’Anvérs^ ou h une meilleure fabrication en Belgique que dans le Lyonnais? Nous sommes disposé A croire .aux deux causes. Sans aucun doute les frais de fabrication a Givors el Rive-de-Gier ne sont pas plus ólevós qu’a Charleroi; mais nous devons convenir que, jusque dans ces derniers temps, le verre a vitre était moiris bien fabriqué, plus mince, moins bien étendu qu’en Belgique, dont la fabrication est a peu pres Féquivalente de celle du département du Nord en France, laquelle est supérieure au verre de Lyon dont les débou- chés sont dans le Midi et ne dépassent giière la Loire aü nord.
Le catalogue officiel de la Belgique pour 1’Expositión üni- versellede 1867 évalue pour 1865 la production du verre a vitre en Belgique, & 7,491,000 metres carrés d’une valeur de 9,712,000 francs et du poids environ de 33,330,000 kilogrammes. ,
L’oxportation beige en 1864 a été do 35,501,712 kilogrammes d’une valeur de 8,875,428 francs.
Dans cette somme l’Anglelerre est comprise pour... 2,743,000 francs.
D’après les documents precedents, le prix du verre beige no serail guèro que de 25 centimes le kilogramme ou 1 fr. 25 c. le mètre; mais le prix d’exportation est un pen au-dessous du prix réel qui, par les chiffres de la fabrication de 1865, peut êtro évaluó a 1 fr. 29 c. le mètre.
L’exportalion se fait en général en petites caisses d’une seulc mesure con ten ant 10,0 ou 50 pieds carrés anglais de cette mesure; le prix des 100 pieds carrés anglais est de 11 francs environ, cc qui met le mètre carré a prés de 1 fr. 20 c.; ce qui est fort au-dessous de sa valeur en France.
En France, au contraire, 1’exportation forme è peine la dixième partie de la fabrication totale; cette fabrication totale peut-être évaluée è environ 7,000,000 de mètres carrés, a peu prés comme en Belgique; soit environ 2,600,000 mètres fabriqués dans les verreries du Lyonnais (Rive-de-Gier, Givors), 3,000,000 dansles verreries du département du Nord, et 1,400,000 dans les autres verreries dans divers départements.
Ces 7 millions de mètres carrés représentent une valeur d’envi- ron 11,500,000 francs et pèsent environ 31,000 tonnes. On peut évaluer qu’il faut employer pour les produire environ :
24,000,000 kilogrammes de sable,
10,000,000 — de sulfate de soude,
10,000,000 — de carbonate de chaux,
Total....... 44,000,000 kilogrammes,
qui, par le fait de la décomposition des seis de soude et carbo¬nate de chaux, se réduisent a peu prés è 34,000,000. Maïs il faut bien compter 4,000,000 kilogrammes de perte provenant de co qui déborde des pots dans les renfournemenls ou par le fait du bouillonnement, plus dece qui se perd en groisils.
La consommation de houillo nécessaire è cette production , peut
ölroóvaluée a onviron 140,000,000 do kilogrammes, tant pour la fonte que pour l’ótendago et los autres foyers accessoires*
Enfin ces 7 millions de metres carrés de verre sont travaillós par environ :
520 verritrs souffleurs,
520 gamins,
130 étendeurs,
540 fondeurs, tiseurs potiers, fournalisies, composeurs,
140 coupeurs de verre, emballeurs, etc.,
250 forgerons, menuisiers, etc., ouvriers accessoires,
Total. 1,900 personnes,
qui regoivent un peu plus de 3 millions de francs de salaires. Nous ne croyons pas devoir donner ici la justification de tous les chiffres de statistique que nous venons d.’énoncer, paree qn’elle se trouvera naturellement placée dans le chapitre oit sont établis les comptes de revient.
Nous avons des données moins exactes sur la production du verre & vitre en manchons en Angleterre; cependant nous sommes
T k -
certain de ne pas nous éloigner beaucoup de la réalitó en 1’óva- luanl a 37,000,000 pieds carrés anglais, qui représentent environ 3,370,000 metres carrés. Cette fabrication s’est substituée en grande partie au crown-glass, c’ost-è-dire au verre soufflé en plat, dout nous ne pensons pas que la production s’étende aujourd’hui au dela de 5,500,000 pieds carrés anglais, soit environ 500,000 metres carrés. Sur cette quantité de 3,870,000 mètres carrés des deux espèces de verre, 1’exportation pour 1’Amérique s’élève du quart au tiers; il reste une cousommation pour l’Angleterre bien inférieure a celle de la France, ce qui s’explique par une moindre population, et aussi par un emploi plus considérable en Angleterre de glacés polies et brutes pour vitrages. Nous devons d’ailleurs noter que la consonimation des vitres en Angleterre est croissante dans une assez forte proportion, depuis qu’on a supprimó d’abord la taxe excise sur la fabrication du verre a vitre (glass-excise duty), et ensuite depuis la suppression de la taxe des fenêtres {window tax), qui était très-élevóe, et d’oü rósullaient des constructions percées du moindre nombre possible de fenêtres. La suppression de ces deux taxes a amené de grands changements 'dans les plans des nouvelles maisons, et multiplié aussi le nombre des serres*
318 LIVRE II. — VERRE A VITRE.
Toutefois Ie vitrage de ces dernières a eu, dans nn derniers temps, un nouvel élément de concurrence dans la fabrication du rolled plate, sorte de glace coulee mince dont nous parlerons au iivre in \
CYLINDRES RONDS OVALES ET CARRÉS.
C’est dans les fours oü 1’on fait les verres è vitre en manc/ions ou cylindres que 1’on fabrique les globes destinés è preserver de la poussièreles vases, bronzes, fleurs artificielles, objets d’histoire naturelle etc., et auxquels on a donné le nom de cylindres, paree qu’en effet on ne fit d’abord que des globes cylindriques; ces globes cylindriques ou cylindres ffetaient simplement que des manchons non ouverts a 1’exlrémité, et dont on coupait le bonnet comme pour les manchons destinés è être fendus. Pendant long- temps, jusque dans Ie commencement de ce siècle, on n’employait que ces cylindres dont Ia forme se prêlait très-bien a couvrir des vases de porcelaine, depetils candélabres en bronze, qui, posés sur un socle rond en marbre, ou en bois doró ou ébène, étaient re¬converts de cylindres dont le bord entrait dans une rainure pra- tiquée a 1’entour du socle. Quand il s’agissait de couvrir des objets
1 On pourrait avoir des données plus certaines sur la fabrication el la con- sommation du verre en Anglelerre, si on se reporle au temps ou Fexcise ólail exercée en Anglelerre et fournissait des détails authentïques. Nous.trouvons qti’en 1845, la consommation inlérïeure du verre en plateau a été de ♦
93,347 quintaux, soit 4,667,550 kilogrammes*
L’exporlalion du même verre de 1/357,600 —
En totalilé..... . 6,504,950 kilogrammes.
Et en verre & vitre en manchoiiSj la consummation intérieure a été de :
23,175 quintaux, soit 1,158ƒ 50 kilogrammes.
L'exporlalioiï de 7,656 quintaux, soit 1,551,200 —
En totalité . ...., 2,689,950 kilogrammes.
soit en totalité, pour les deux sortes, 8,994,900 kilogrammes; soit environ 2,000,000 de metres carrés.
Depuis cette époqiie et paries raisons que nous avons données, Ia fabrication et la consommation ont presque doublé.
Cette augmentation s’est portée principalemenl sur la fabrication du verre a vitre en manchQps, qui crolt chaque jour, fandis que la fabrication du verre en plateau, walgré ses qualités spépiales, est en décrpjssance continuelle, ,
k- *
de forme allongóe, tels que pendules, on employait des cages qui élaienl fabriquées a Paris par des bombeurs de verre, Ces cages i qui avaient d’abord étéfaites par les vitriers de cinq carreaux de verre a vitre, dont quatre pour les quatre faces et un pour les couvrir, — le tout assemble avec un mastic siccatif que 1'on dorait générale ment, furent ensuite composées de trois pièces seulement, dont une bombée formail la face antérieure el les deux
■ cötés; une deuxième piece, la face postérieure, et une troisième légèrement bombée formait le dessus, s’assemblant avec les deux autresayec le même mastic. Les vitriers qui se livrèrent è ce tra-
■ vail spécial prirent Ie nam. de bombeurs de verre: c’étaient eux qui tenaient en magasjns les globes ronds dits cytindres.
Ces bombeurs de verre avaient des fours pour bomber les
1 devantures et les dessus de cage; ils faisaient aussi dans ces fours : des carreaux bombés pour des devantures de boutique; il y avait alors un assez grand nombre de boutiques dont la devanture, pour
: la montre > formait saillie et était vilrée en carreaux plats sur toute la face et en carreaux bombés aux deux extrémités.
Le four a bomber était divisó en deux parties, dont une destinée
: au travail du bombage, 1’autre a la recuisson. Le.four de travail était chauffé avec des billet les en dessous de faire ayant plusieurs
J ouvertures correspondant avec le foyer. La forme était donnéo au verre au moyen de moules ou formes en tóle préparés & 1’avance el ayant exactement Ia courbure qu’on voulait donner au verre.
; On posait Ia feuille de verre coupée de la dimension calculée et ; préalablement légèrement chauffée sur la forme en töle, que 1’on avait frotlée avec de la chaux en poudre, et au bout de peu d’in^- slants, la feuille plate avait pris exactement la forme de la tóle. On enïevait alors la tóle et la feuille bombée, et on la posait dans le four a refroidir. La devanture des deux fours était composée
de plusieurs portes en tóle glissant dans des coulisses.
Les bombeurs de verre fabriquaient aussi des verres è lunettes
ou u cadran; on appelle ainsi les petits verres posés devant les cadrans de pendules- A eet effet, ils coupaient & la tournette des ronds de verre a vitre de la dimension convenable, et auxquels on faisait prendre la forme dans des calottes concaves de tóle. Ce sont a présent les fabricants de verres de montre qui font génér ralement ces verres a cadran ; on en fait aussi beaucoup en glace biseaiitóe.
; Nous avons dit quo les ronds de verre ótaient coupés avec un(!
l tournette ; nous croyons devoir donner la description de eet outil,
• II y a deux sortes de tournettes: l’une se compose d’un plateau
■ rond horizontal en bois, d’un diamètre supérieur a celui des ronds
i en verre que 1’on peut avoir a couper. Ce plateau est mobile sur
; son centre; au-dessus de co plateau, et suivant 1’un de ses dia-,
i rnètres, est une regie dont le milieu correspond au centre du pla.
I teau, et sur laquelle glisse une tige verticale dont l'extrémité
inférieure porto un diamant que Ton éloigne ou rapproche du s centre* suivant la dimension du rond a couper. Le verre dont
on veut faire un rond est placé au centre du plateau; on place la tige du diamant a la distance du centre correspondant au rayon du cercle que Fon veut produire, et faisant porter le diamant sur le verre, on fait faire une révolution complete au plateau hori¬zontal, et le verre est ainsi coupé en rond.
Dans 1’autre sorte de tournette, le plateau horizontal est immo- ; bile, par conséquent une table ordinaire fait 1’offlce du plateau; ’ le diamant au contraire est monté sur une tige verticale qui glisse sur une regie horizontale mobile autour d'une autro tige ï verticale qui vient s’appuyer sur le verre; on place la tige du |
. diamant a la distance voulue du centre, et appuyant le diamant ;
sur le verre, on fait faire a la regie une révolution autour de son centre etle rond se trouve coupé. *•
Jusque vers les premières années de ce siècle, les cages faites par les homheürs de verre et les globes ronds ou cylindres soufflés f dans les verreries étaient done seuls en usage pour couvrir les divers objets et les garantir de la poussière; on eut alors 1’idóe, » après avoir soufflé un cylindre, de Paplatir, pour lui donner une forme apeu prés ovale; è eet effet, ce cylindre, non encore délaché de Ia canne, était réchaufïó dans Pouvreau, puis, le verrier le posait sur un plateau de bois blanc uni, et un autre ouvrier ou gamin Paplatissait en appuyant parallèlement au plateau une ■ palette en bois, pendant que Pouvrier donnait quelques petits
coups de souffle pour maintenir la forme intérieure. Ce moyen était assez grossier; on ne pouvait ainsi arriver qu’a des dimen-sions approximatives, mais on ne tarda pas a donner de la régu- larité a ce travail, en remplagant la palette par urn autre plateau semblable au premier et maintenu è. une distance dóterminee, égale a 1’épaisseur que Fon voulait donner au globe; et comme
les globes cylindriques étaient connus sous le nom de cylindres, on appela cylindres ovales (deux mots qui ne vont güère ensemble) les cylindres aplatis entre deux plateaux; plus tard, au lieu de deux plateaux, on en assembla quatre, entre lesquels on souffla lo cylindre, et on obtint ainsi ce qu’on appelle cylindres carrés.
Telles sont les bases générales du travail des cylindres ronds, ovales et carrés; nous allons, en outre, donner quelques indica-tions plus détaillées relatives a leur fabrication.
Les cylindres ronds doivent êlre dTinc égale épaisseur dans toutes leurs parties, plutót plus minces que plus épais a ia tête ou calotte; celte tête doit être arrondie pour avoir une forme gracieuse. Quand le manchon a été allonge par le soufflage joint au mouvement de moulinet, sa tête est en pointe comme 1’indique la figure 74, A, 1’ouvrier doit alors chauffer de nouveau la tête du cylindre, puis, le retirant de 1’ou-
vreau, le placer dans une situa¬tion verticale , tourner la canne fsur elle-même: la tête prend alors la forme abc (fig. 74, B), paree que le centre étant la par- tie la plus chaude, fléchit et de- vient concave. L’ouvrier soufflé alors très-légèrement, et lui fait prendre la forme adc (fig. 74, B); s’il ne trouve pas cette tête en¬core suffisamment aplatie, il chauffe de nouveau et lui fait subir la même opération; il doit
sur tout faire attention a ne pas entrer son cylindre trop avant dans ie four, pour que le sursoufflage de la tête n’amène pas 1 extension du diamètre, ce qui donnerait une forme très-disgra- cieuse (fig. 74, C).
Les cylindres ovales sont soufflés dans des moules, du moins on appelle ainsi les deux plateaux fixés a une distance égale au petit diamètre que 1’on veut donner au cylindre; ces plateaux sont des in a driers de hois de peuplier de 10 a 12 centimetres d’épaisseur. On choisit ce bois comme étant le moins fibreux, le plus homogene dans sa substance, n’ayant pas de nceuds et se carbonisant sans
laisser des cótes saillantes qui feraiênt impression sur lés faces
du eylindre ; Ié peuplièr blanc de Hóllande est gónéraleinent ie
plus cónvenable. On recherche pour eet usage les arbres du plus
gi’and diametro, afin de n’avöir qu’un seul madrier pour chaque
face du moule, et on les scie d’un metre de longueur en moyenne,
quelques-uns plus longs quand on veut faire des cylindres ovales
d’une grande hauteur. Ces madriers sonl tenus dans une grande
citerne pleine d’eau, oü On les remet après le travail. Chaque
jour, le menuisier prépare ses moules quelques heures avant le
commencement du travail.des venders. A eet effet, il a des calibres
de centimetre en centimetre. II place les deux madriers d’un
moule dans une position parallèle el les rapproche jusqu’5 co
qu’ils pressent le calibre indiquant 1’intervalle a laisser enlre eux;
il y a pour chaque dimension deux calibres, celui du bas est
d’environ 5 millimetres plus petit que celui du haut, pour que le
eylindre que 1’on souffle entre les deux plateaux en serie sans
difficulté. Quand les deux madriers sont ainsi rapprochés a la
distance voulue, on les fixe au moyen d’une petite planchello et
de deux ou trois pointes dans le haut et une aulre dans le bas,
puis, retournant le moule sur de cóté qui vient d’etre fixé, on fait
la même operation du cöté opposé (fig. 75). Le bord supérieur
de chaque plateau est évasó dans la
forme ci-contre pour facililer 1’entrée du
verre dans le moule. Dans la disposition
du moule telle que nous venons de la
décrire, et telle qu’elle a été générale-
ment pratiquée, il. fallait naturellement
que 1’ouvrier eüt autant de moules qu’il
y avail de cylindres d’une épaisseur dif-
férente a fabriquer; on a depuis obvié
a cette nécessilé en fixant les plateaux
aux diverses distances voulues au moyen
de vis de rappel.
Disons de suite que, pour les cylindres
carrés, le moule est composé de quatre
madriers. Les deux madriers de cóté
forment calibre. Ils doivent être un peu
irier. 75.
plus étroits du; bas que du haut, par la raison que nous avons donnée pour la sortie du verredu moule; quelquefois menie ceite différence ést assèz grandede plusieürs centimetres jiar exemplë, quand on a besoin que le cylindre aille en fuyant vers la tête. Avant de fixer les madriers dans leur position, le menui- sier doit les raboter pour les aplanir et enlever Ia partie carbo- nisée dans le travail précédent.
Nous allons a présent donner quelques indications relatives au travail du verrier. Le moule est placé dans la fosse oil s'allongent les manchons, maïs assez prés du four pour permettre au verrier d’allonger le cylindre après avoir soufflé la boule; le cötó large du moule est placé parallèlement a la place (on désigne ainsi le plat-bord sur lequel se tient le souffléur). L’ouvrier doit saVoir calculer le diamètre qu’il doit donner a sa boule pour arriver aux dimensions déterminées pour le cylindre ovale. Si, par exemple, on lui commande un cylindre de 48 centimetres du grand diamètre sur 20 du petit diamètre, il sait que eet ovale a le même contour environ qu’un cercle qui auraii uriè circonfórence de deux fois le grand diamètre plus Ie petit, soit 96 -1- 20 ou 116,, et il sait qu’uno circonférence de 116 a un diamètre de 37 centimetres; c’est done la le diamètre qu il donnera a sa boule. On n’a pas appris a rouvrierle rapport 7 a 22 du diamètre a Ia circonférence, mais
il sait qué c’est ün p,eu moins du tiers, et son coup d’oeil ést tel que, sans compas, il souffle sa boule dans la dimension exacte qui doit produire le cylindre ovale qui lui est demandé. Quand, après avoir soufflé sa boule et i’avoir récfiaüffée, il souffle et allonge son verre en faisant le moulinet, il doit faire attention a ne pas lui donner une forme cylindrique, car, dans ce cas, la partie aa bcc(fig. 76, A), qui a pris, enréchauffant dans Póuvreau, une température plus élevée que Ia partie du cylindre qui arrivé a ia cannë, se pretant plus & Faction dü souffle, prèndrait la forme disgracieuse de la figure 76, B, et ne serail pas daiis lés dimensions coiümandées. Après done avoir réchauffé sa boule, il lui donne la forine de la figure 76, C. En conservant üné assez forte épaisseur è 1’extrémitó, ceite formë de la figure G deviéndra
la formë de la figure D; lë cylindre sera coupé au fil de vérre
suivant le plan gh. L ouvrier ayant done donrió a son verre la.'
forniè de la figure C, lë réchaüiïë dans 1’ouvreau ïe blus avant
, ' 1 / p
qu’ii peut, puis ii Finlroduit dans ïe moule, soufflé, réssórt du
du moule, y rentre et souffle encorè, et ainsi de mème jusqu’a ce
quo son verre n’öbéissë plus au soufflé. Öii comprend poürquoi
Touvrier ne maintient pas le verre dans le moule, c’est que les parois de oe moule, qui s’enflammen t, repousseraient le verre ; en retirant done son verre, les gaz se dégagent, et il peut rentrer do f ' nouveau quelques secondes sans que Taction de celte combustion
contre-balance Teffet de son souffle. En sortant pour la dernière
I ■ fois de son moule, Touvrier donne encore un léger coup de soufflé
pour être bien certain que les parties plates n’auront pas été repoussées, et qu’il y ait plutöt une legére courbure convexe que concave; püis le gamin va détacher le cylindre de la canne comme
■i on le fait pour les manchons. Si on veut donner au cylindre ovale
i ; une forme en fuyant vers la tête, alors on donne au verre, après
avoir soufflé la boule, une forme encore plus pointue que la
i'i figure C ne Tindique.
Le cylindre carré se fait de la même manière. Pour calculer le
;; diamèlre a donner a sa boule, il prend le double du grand cote
plus le petit cóté, et y ajoule une quantité proportionnée a la
‘ i dimension du cylindre qu’il fabrique ; soit, par exemple, un
*
cylindre carré de 48 sur 30, il comptera sur une circonfórence do
I deux fois 48, soit 96-4-30 + 6 centimètres, soit 132 centimetres
j;; et conséquemment sur un diamètre de 42 centimètres.
La précision d’un ouvrier habitué a souffler des cylindres est
rj ' “ '
telle qu’il ne s’éloigne pas d’un demi-centimètre des mesures commandées et qu’il peut fabriquer des paquels de cylindres v ronds, ovales et carrés entrant les uns dans les autres, dans des limites extrêmement rapproehécs; il fabriquera, par exemple, quinze cylindres ronds dontle plus petit aura 12 de haut sur 9 de diamètre et le plus grand 30 de haut sur 20 de diametro, no formant qu’un seul paquet; et pour les ovaies, entre la dimension de 20 de haut sur 18 du grand diamètre et 9 du petit diamètre et la dimension de 45 de haul sur 36 du grand diamètre et 20 du petit diamètre, il fera entrer douze autres cylindres ovaies.
Lorsqu'il s’agitde souffler des manchons pour faire des feuilles de verre, la dimension de ces feuilles de verre n’est limitée que par Ia force de 1’homme nécessaire pour manrouvrer la quantité de verre voulue pour cette dimension, quantité qui ne peut guère aller au dela de 25 a 30 kilogrammes, et, quant au soufflage, il n’y a pas grande fatigue pour les poumons du verrier: Quand sa boule est faite et réchauffée, il n’est pas nécessaire qu’il donne en une seule fois tout le dóveloppement nécessaire a sa pièce; il souffle en plusieurs fois, réchauffe son verre quand il ne se prête plus au soufflage, jusqu’a ce qu’il ait atteint les dimensions voulues. II n’en est pas de même quand il s’agit de faire un cylindre de très-grande dimension, il faut, quand la boule est soufflée et réchauffée, introduire rapidement et en une seule fois une grande quantité d’air dans le verre, car si le verre, qui doit êlre soufflé assez mince, se refroidit avant d’etre arrivé 5 la dimension voulue, il ne peut plus manceuvrer une pièce d’un tel
volume de manière a la réchauffer dans 1’ouvreau, et sa pièce se trouve manqnée; or, les poumons de 1’homme ne peuvent suffire è 1’insufflation rapide d’un tel volume. II essaya d’y suppleer en introduisant par la canne une petite quantité d’eau ou d’alcool qui, se vaporisant dans le verre, produisait 1’effet du soufflé de 1’homme, mais quelquefbis Peffet était outre-passé; Falcool soufflait trop rapidement et une partie de la pièce étant trop mince, se trouvait sursoufftée; si on avait projeté de Peau en trop grande quantité, elle pouvait arriver a glacer le verre : en un mot, on n’était pas mattre de 1’effet qu’on voulait produire. Je pensai alors 5 employer un moyen mécanique pour lequel je pris un brevet en 1833 *, et dont je vais donner la description. II s’agit d’insuffler par la canne un grand volume d’air en réglant toutefois
1 C’est le seul brevet d’invention que j’aie pris; j’avais dérogé en cela a mes principes, contraires anx brevets : aussi me gardai-je de poursuivre ia conlre- fa?on, qui eut lieu presque immédiatement. ’
cette quantité, et en conseryant au verrier Ie libre maniemenl de sa canne pour la manoeuvre de son verre; pour parvenir a co résultat, ie mets la canne de 1’ouvrieren communication avec un vaste soufflet au moven d’un tuyau flexible fait è 1’instar de ceux des machines pneumatiqués. A 3 centimetres de 1’extrémité de la canne par laquelle on souffle, est ajoutée une bague sail¬lante destinée è retenir un ajutage en cuivre venant s’adapter a cette extrémité. Cet ajutage en cuivre est flxé au bout du tuyau flexible de 3 mètres a 3m,50 de long dont 1’auire extrémité est vissée sur la tuyère d’un soufflet pouvant contenir un quart a un tiers de metre cube d’air; ce soufflet est posé derrière I’ouvrier et assez prés pour qu’il puisse aisément manoeuvrer sa canne; les extrémités du tuyau flexible sont ajustées dans des viroles en cuivre, do manière a pouvoir tourner sur leur axe sans que le tuyau éprouve de torsion ; ce tuyau flexible est compose d une spirale en fil de fer entouré de caoutchouc vulcanisé; son diamètre intérieur doit être plus grand que celui du trou de Ia canne, laquelle elle-même doit être percèe d’un plus grand trou que les Cannes ordinaires, attendu que 1’air insufflé éprouve une assez grande résistance en raison de la longueur parcourue avant d’arriver dans la masse de verre, L’ajutage de ce tuyau flexible qui doit s’adapter sur la canne, est garni d’un crochet a ressort
qui est retenu par la bague de la canne, de telle sorte que l’ouvrier pressant la main sur le ressort peut aisément dégager la canne de cet ajutage quand il ne lui est plus nécessaire. Sur la tuyère du soufflet so trouve un robinet pour empêcher la rentree do
1’air insufflé lorsqu’on a cessé de souffler la pièce de verre, ou pour empêcher Faspiration pendant qu’on relève le ievicr du soufflet, si on est oblige de donner un second coup de soufflet.
L’ouvrier ayant done soufflé sa boule, la cbauffe dans 1’ouvreau. C’est alors que le gamin entre Fextrémité du tuyau flexible sur le bout de la canne oü il reste retenu par le crochet a ressort, en sorte que quand l’ouvrier trouve sa boule suffisamment chaude et sort do 1’ouvreau, ilordonne de souffler et va poser sa canne sur le baquet ousur un crochet vertical sur lequel il tóurne sa canne pour que le verre ne coule pas. Aussitót qu’il voit que le yerre a atteint un développement suiïisant, ce qui a lieu après quelques secondes, il presse sur le ressort, dégage sa canne et introduit son verre dans le moule; quelquefois, au Keu dé dégager
CYLINDRES.
sa canne quand le verre a atteint le developpeqipnt sgffispnt, il fait fermer le robinet de la tuyere, introduit son verre dans le moule et faisant rouvrir Ié robinet, il fait souffler 5 petits coups jusqu’a terminaison du cylindre.
On peut aussi, pour faciliter fa manoeuvre des grosses pieces de
verre, suppléer è la force musculaire de Fouvrier après avoir suppléé 5 celle de ses poumons. Pour cp|a, on ajustp sur le milieu de la canne un anneau mobile entre deux bagues fixes; eet an- neau mobile tient a un anneau plus grand que Ton peut entrer dans un crochet suspendu a 1’extrémité d’une longue chaine, en sorte que l’ouvrier peut balancer sa pièee de verre sans avoir a supporter le poids de la canne et du verre, et enfin, quand il veut réchauffer son verre, il pose sa canne horizontalement sur un cro¬chet monté sur une forme roulante pouvants’approcher et s’éjoi- ' gner de l’ouvreau. Un semblable chariot sert aussi pour le cueillage du verre destiné a ces pieces d’un très-grand volume. Quand if s’agiL du dernier cueillage, 1’opération est difficile et pénible, car une partie de la canne est dans le four et 1’ouvrier ne peut plus agir qu’a 1’extrémité d’un levier assez court; il est ensuite très- difficile d’enlever et la canne etle verre sans que ce dernier, qui est assez liquide, touche en sortant les parois de l’ouvreau, Ie cueilleur ayant a 1’extrémité de sa canne de 25 5 30 kilogrammes de verre et ne pouvant approcher sa main gauche du cótó du verre de manière a alléger 1’effort de Ia main droite. Cette ope¬ration est singulièrement facilitée lorsqu’on pose la canne sur le crochet do ce chariot, lequel crochet peut s’avancer très-près de 1’ouvreau, de telle sorte que, quand Ie dernier verre est cueilli, 1’ouvrier appuyant sa canne sur le crochet, baisse la main de
manière a enleverle verre, lourne Ia canne sur elle-même pendant qu’on éloigne le chariot de Fouvreau. On peut alors rafralchir la canne de manière que l’ouvrier puisse porter la main gauche très-près du verre pour placer son verre dans le bloc, Par ces divers appareils, on est parvenu è souffler des cylindres ronds de
prés de 2 metres de haut sur 60 a 65 de diamètre, des ovales de lm,50 a lm,60 de haut sur 75 de grand diamètre et 4Ó de petit diamètre.
Les cylindres ronds d’un développement même assez grand n’ontpas besoin d’etre recuits; il n’en est pas de même des cy-lindres ovales et carrés. Qn comprend que ces derniers, lorsqu’ils
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viennent d’être terminós, ne sont pas ü une température uniforme dans toutes leurs parties, les parties plates s’étant trouvées en contact avec le moule; leur forme d’ailleurs n’est pas aussi favo¬rable & un retrait régulier pendant le refroidissement que pour les cylindres ronds: aussi quand on essaye de couper le bonnet au fil de verre chaud sans leur avoir fait subir une recuisson, la fissure qui s’ouvre sur le point oü on glace, au lieu de suivre la ligne sur laquclle était pose le fil de verre, marcbe irrégulièrement et s’étend jusqu’èla têtedu cylindre. Il arrive même que le cylindre óclate par le fait seul du premier contact du fil de verre. On est done oblige derecuire les cylindres ovales et carrés comme les grands
manchons en verre double, et pourcela on emploie une arche a tirer comme pour la recuisson du verre è vitre étendu; cette
'arche «t tirer, longue de 8 a 10 metres, est chauflee, & son entree seulement a une température assez élevée pour ramener le cy¬lindre au rouge-brun, mais pas assez pour l’amollir elle déformer. La cheminée de 1’arche est placée a 1’extrémité opposée, et deux barres de fer ou rails sont fixes le long do faire, destines a facili ter le glissement des ferrasses plates en töle sur lesquelles on rocuit les cylindres et qui sont garnies a une extrémilé d’un anneau et d’un crochet a 1’aulro extrémité. Ces ferrasses sont de 1 metre de long, longueur qui permet de recuire des cylindres d’une assez grande dimension. On en a seulement quelques-unes plus longues encore, pour le cas oü Pon fait des cylindres d’un plus grand volume. On détache le cylindre que fon vient de fabriquercomme on le fait pour les manchons, en posant ce cylindre sur la ferrasse qui est a 1’entrée de 1’arche, et on glace le col avec le dos du pic,
puis on ferme la porie de 1’arche; quand le cylindre a séjournó quelques instants a f entree de 1’arche, on pousse la ferrasso et on en accroche une autre, pour qu’elle s’éehauffe et soit aptc a recevoir le cylindre suivanl. Quand on no fabrique que de petits cylindres ovales ou carrés, on en peut mettre plusieurs a recuire sur la même ferrasse.
II y a des verreries oü, au lieu d’une arche a tirer, on emploie simplement un four carré pouvant contenir une demi-douzaino de ferrasses et chauiïé a la température convenablej on détache le cylindre sur une ferrasse placée a f entree, puis on pousse la ferrasse vers le fond; quand on a rempli ainsi cinq autres ferrasses, on retire la première que Pon pose pour quelques instants encore sur un tas de cendres a 1’abri de tout courant d’air. Quand le travail est terminé et que les cylindres sont recuits, le verrier coüpe tous les bonnets au fil de verre, et on porte les cylindres au magasin. Ils sont alors aptes a être expédiés aux marchands qui portent encore le nom de bombeurs de verre, quoique t’in- dustrie qui leur a fait prendre ce nom soit presque entièrement éteinte. Ces cylindres ont encore besoin de subir une opération avant de pouvoir remplir le but de leur destination. Le bord coupé au fil de verre n’esl pas très-régulier, et ne s’appliquerait pas dans tous ses points sur un plan perpendiculaire a 1’axedu cylindre; il faut done le dresser au diamant. Cette opération est assez facile pour les cylindres ronds ets’exécute aumoyen d’uno tige AB
[image 77]
terminée en B par un petit hémisphère en liége; sur cette tige glisse une autre tige CD portant a 1’extrémité D un diamant monté de manière que sa coupe soit perpendiculair» a la ligne AB. Cette tige CD peut s’allonger et se raccoureir selon le diamètre du cylindre. On couche le cylindre rond que 1’on veut couper sur une table, et introduisant de la main droite la tige AB de manière que la demi-sphère B s’appuie au fond du cylindre, la tige CD ayant été fixée a la longueur que doit avoir le cylindre, on roule avec la main gauche le cylindre sur la table, en suivant le mouvement avec la main droite de manière a faire porter Ie diamant au point ou le cylindre touche a Ia table, et après avoir fait une revolution, le cylindre se trouve coupé tout alentour.
Pendant très-longtemps, le dressage des cylindres ovales et carrés ne s’accomplissait quetrès-difficilement; il dépendait de 1’adresse et du coup d’oeil de 1’ouvrier qui, plagant de même sou cylindre coucbé sur la table, le tournait de la main gauche en suivant de la main droite, avec un diamant ordinaire de vitrier, Ia direction qu’il jugeait devoir dresser lemieüx son cylindre ; après avoir fait une première coupe, il posait le cylindre deboutsur la tablo pour
pouvoir juger du résultat: il SG trouvait alors souvent que Ie cy- lindré penchait it droite ou a gauche ou biensur l’unedes grandes faces; il faisait alors des corrections en couchant de nouveau Ie cylindre sur la table ; quelquefois aussi ilopérait quelques légères corrections auinoyen foYégrugeoir ou grésoir; mais on peut dire que ce n’était toujours qu’un travail de tatonnement et d’a peu prés. Ce fut en 1832 que M. A, Claudet invenla un appareil très- ingénieux qui, du dressage irrégulier existant alors, fit une opéra- tion d’une exactitude maïhcmatique. Cet appareil consiste en une table disposée ainsi que nous allons le décrire et en un diamant monté a chariot dont nous avons vu déja 1’usage pour rogner les manchons (page 297). Sur une base triangulaire en cuivre MN (fig; 78), montéesur trois petites roulettes a équerre, s’élève une
colonne O P traversée par une tige G H portant deux petites rou¬lettes A, B. Sur cette mêrne colonne OP, est fixóe une autre tige IK portant une autre tige SKL mobile, dont un ressort IL permet le rapprochement et Péloigriement de la partie supérieure SD, qui porte en D un diamant dont la coupe a lieu suivant un plan horizontal, c’est-è'dire parallèle a Ia base M N. D’autrepart, on a une table ab, surïaquelle s’élèvent deux traverses perpendiculaires cd, e f, entre lesquelles se meut une barre transversale^ h portant deux coussinets o et ». Le milieu de la table est traverse par une lige m n graduée en cenlimètrès et garnie a son extrémite d’une démi-Sphère en liége. .Qn pose le cylindre sur la demi-boulp en liége et onenlève ïa tige mri, de telle sorto queles bords du cylindre se trouvent a une hauteur un peu moindre qüe la hauteur dtt diamant du chariot. On fixe alors la tige mn au moyen d’une vis de pressiöri: on fait ensuite attention que le cylindre repose sur ld boule dans la position oü on voudrait quJil fut sur la piece qu’il est destine a couvrir. On est facilité dans cette operation par Ja traverse mobile gh, qu’ori peut descendre ün peu plus d’uri cöté ou de Tautre, de manière a faire appuyer da vantage le cous- sinet o oü p et redresser ainsi le cylindre d’un cöté ou de l’aulre. Quand on juge que le cylindre est dans une position convenable, on fixe la traversé gh aü moyen de vis, et alors, passant le chariot de manière a mettre le bord du cylindre entre les deux molèttes A et B et le diamant D, on fait rouler la base MN autour du cylindre. Le diamant Sé trouve tóaintenu sur sa coupe dans tout son parcours, aü moyen de la presöion du ressort contre les deux moleltes, et le cylindre se trouve mathématiquement coupé suivant ün plan parallèle a la table ab. Il pourra done réposer
ensuite exactement dans le fond de la rainure du socle que Ton fait pour lui.
Ce dressage des cylindres a la mécanique a été un très-notable perfectionnement dans 1’industrie et le commerce des cylindres.
Öri peut aüssise sèrvir de cette machine pour coüper les cylindres
ronds; mais M. Claudet, voulant faciliter toutes les operations
[image 79]
relatives au coupage au diamant de tous les yerres, a copstruit ausisi un appareil particulier pour le dressage des cylindres ronds devenu indépendant de la main plus ou moins siïre de Pouvrier.
A eet effet, sur une table horizontale AB (fig. 79), s’élèvcnt un plateau vertical AA, et deux supports DEFG, DEFG, terminés par de petits galets. Ces supports glissent sur une tringle horizon¬tale graduée en centimetres, de manière è pouvoir s’éloigner et se rapprocher è volonté. Sur cette même tringle est montée une tige mnop> dont la partie no est mobile sur le point n, et dont la pointe p est munie d’un diamant disposé de manière a avoir sa coupe suivant un plan parallèle au plan AC. On pose le cylindre rond sur les galets, la tête appuyée contre leplan ADj et, mettant la tige mn dans la position óü la pointe p corresponds a la hau¬teur que 1’on veut donner au cylindre., on presse avec la main droite sur la partie «o, pendant que la main gauche faittourner le cylindre sur les galets, et, quand il a accompli une revolution, le cylindre se trouve coupé. Si on a un grand nombre de cylindres è couper de la même hauteur, on opère sans avoir a déplacer les supports et la tige du diamant; ce quï se fait done très-rapi-
dement.
Nous allons terminer ce qui est relalif è eet article par le tarif de vente.
Au lieu de faire un prix pour chacun des cylindres qui peuvent varier par les hauteurs et les diamètres, on a fait un tarif basé sur leur dóveloppement, en additionnant la hauteur avec le pour- tour de leur base. Pour un cylindre rond, on a ajouté la hauteur è trois fois le diamètre. (Ou n’a pas prótendu que trois fois le dia¬mètre fêt le dóveloppement exact, mais on a adopté cette base.) Ainsi un cylindre rond de 45 sur 15 centimetres, c’esha-dire de 45 centimetres de hauteur sur 15 de diamètre, est un cylindre rond du numéro 90.
Pour un ovale, on a pris la hauteur de deux fois le grand dia-mètre, d’une fois le petit diamètre. Ainsi, un ovale de 40-20-13 cen- timètres, c’est-a-dire de 40 centimètres de haut, 20 du grand dia¬mètre et 13 du petit diamètre, est un ovale du numéro 93. Pour un carré, on a pris la hauteur de deux fois le grand diamètre, d’une fois le petit, et 10 centimètres en sus. Ainsi, un carré de 40-20-13 centimètres est un cylindre du numéro 103.
Le tarif donne les prix de centimètre en cenlimètre, depuis 21 centimètres jusqu’a 280; mais il nous suffira de donner les prix de 10 en 10 centimètres.
CcnUmèlres
ré u nis. 1’WI
des
BONDS. 1
rmx
DES O VA LES
et
CARRÉS.
FR. G. FR. C,
70 4 04 1 57
SO 4 25 1 92
90 4 58 2 40
100 2 » 2 90
410 2 50 5 45
420 3 50 4 40
450 4 55 5 90
140 6 40 7 70
450 8 50 10 »
460 41 20 13 60
170 45 50 18 50
180- 21 00 24 60
490 27 i> 30 70
200 55 75 38 45
210 41 50 47 50
220 51 » 58 25
250 65 25 72 25
240 79 50 91 »
250 102 » 118 50
260 157 » 156 »
270 194 50 215 50
280
1 282 »
1 SOI »
Sur les prix de ee tarif, il y a une remise variable, suivant 1’ótat de concurrence des fabricants entre eux.
En 1867, celte remise est de 70 pour 100, et en outre on alloue une bonification de 6 centimetres sur la hauteur, c’est-a-dii’e que le marchand, pour recevoir 36 centimètres de hauteur, demande 30 seulement.
Ges conditions sont, bien entendu, celles des marchands en gros dépositaires.
Nous avons cru devoir faire suivre la fabrication des verres a vitres en manchons par celle des verres de couleur, paree qu’ils sont soufflés, étendus par les mêmes procédés, par les mêmes ouvriers, dans les mêmes fours.
La fabrication des verres de couleur a naturellement suivi les phases de celle des vitraux qui formaient. leur principal, leur presquo exclusif débouché ; quand on considère I’immense quan- tité de vitraux qui furent faits aux douzième, treizième et qua- lorzième siècles, mais surtout au treizième, on concevra que la fabrication des verres de couleur dut alors être bien impor¬tante; on peut dire qu’elle surpassait peut-êlre même celle du verre blanc, car, a cette époque, les habitations particulières n’avaient pas encore le luxe des vitres, réservé presque cxclusive- ment au temple du Seigneur. Les verres de couleur élaient alors
- très-épais, au nioins 3 a 4 millimèlres, ce qui, joint a la solidité de la mise en plomb, a cónservé pendant tant de siècles ces précieux chefs-d’ceuvre. Dès le quinzième siècle, les verres de couleur qui composent les vitraux sont plus minces; les artistes qui les emploient sont plus habiles au point de vue du dessin, mais moins nombreux; il se fait done peu de vitraux; il y a d’ailleurs peu d’égüses a construire et a garnir de vitraux, en raison du grand nombre de celles édifiées dans les trois siècles prece¬dents; la même cause rend moins nombreuses encore les construc¬tions d’églises aux seizièino et dix-seplième siècles; le caractère do 1’architecture, d’ailleurs, se modifié; les débouchés du verre de couleur vont lellement en diminuant, que celle fabrication finit, au dix-seplième siècle, par être presque entièrement délaisséo. Lorsque, au siècle dernier, on recommenga è faire, en France, du verre a vitres en manchöiis, önfit aussi, de tenips en temps, quelques verres bleus, violets ét jauncs. Lëür emploi élait a peu
prés linïitó a des kiosques de jardin et a des ériseignes dé vitrier; on fit aussi, mais plus rarëment, des verres verts; c’étaiènt la les seuls verres de couleur que Ion sfit fabriqüer; le secret de la fabrication du verre rouge était lellement perdu que Leviel, qui écrivait cependant uri oüvrage sur la pëinture sür verre et les verres de couleur, croyait que le verre rouge des anciens était un verre peint , et remarquait qu’ou voyail même sür plusieurs fragments de ces verres la trace du pinceau. Ce secret paraissait même avoir étó perdu en Allemagne; car le même Leviel dit :
« J’ai voulu faire faire du verre rouge dans les verreries de
Bohème, d’oü j’ai tiré une assez grande quantité de verres en
table de toutes los autres couieurs de parfaite beauté (si 1’on excepte le vert), et, quoique j’eusse consenli a une augmentation de deüx tiers en sus des autres couieurs, je n’ai pil óbtenir des vorriers de ce royaume do m’en faire uri envoi. »
h,
Leviel indrquo des recettes poür faire ié verre roügë, ihais <jn
peut voir claireinent, par Ia manièré dont il ëxpliquë Ia fabrication du verre rouge des anciens, qu’ii ne fait qüe rapportór inexacte* iriént ce qu’oii lui a dit, öu ce qü’il a lu, ét cju’il ri’a pas cönipris.
II voit que toüs les verres rouges des anciens lie Sént colorës que sur 1’une des faces; il ne sait pas qüe cela tient a cé que 1’ön n’Ü jamais pu réussir a faire du verre röüge qui ait ühë transparence
suffisanie quand il est söüfflé d’une cpaissëur moyenne;, que ce verre rouge, coioré par le protöXydë dö cüivrë*ét Pöxydë dë fer, ést teujours très-foncé et opaque en massë, ét, au l.ieü d’expliqüer celte couche par un premier cütillage dans un créusét de verre röüge foncé, cueillage recouvei't énsüile d’ün aüirö öü de plüsieurs
aütres cueillages dë verre blanc, Leviel parle d’ün émail rëugë broye et délayé qüe 1’on étend au pinceaü sur le verre blanc, ët que 1’on cuit eiïsuité au feu de möuÜe. D’après Ilaüdiqüër do Blancourt ét Kunchel, Leviel indique le cüivre coihme poiivant produire un émail rouge, mais dans d’aüires ëndroits il atlribue
celte couleur a 1’ömploi Üë Lor, él cëlle opinion est teilement
prédoininante que, quelques années plus lard, on propose a la Convention nationale de fondre toüs les Vitraüx des églisés pour
en tirer Por des veri'es rouges; le citoyen Darcét est cliargé dë rechercher quelle quaütité probable d’or on rëtrouvera daiis ces vitraux; le chimiste les soümet a 1’analyso, et, au liëu d’ór, il n’y troüve qüe de faibles proportions dë cuivre et de fer comme principes colorants. Ce ne fut pas ïa uri médiocre service qüe la science reridit èi 1’art des vilraux, qui diireht a cölte analysé d’être réspeclés oü peur inieux dire méprisés.
M, Dareèt, fils du précédent, énonca ee fait en 1826; a cettè époque, ün arcliitectë, voulant faire exécuter ün vitrail et ne pouvant se procurer des vei’rës rouges dans le commerce, apprit qu’on venait d’en fabriquer en Suisse et en Allemagne; il deihanda aii gouvernement 1’autorisatioii de faire entrer ces verres, qui,
'
comme tous les autrës prodüits de verreries, étaientalors pröliibés. Avant de donner cette aulorisation, le gouvernement, sur i’avis du comité consultatif des arts et manufactures, vöuiül faire ün appel a la fabrication frangaise. La Société d’éncöuragëment en donna avis aux maltres de verreries, et, dès la mêmë année, je fabriquai du vérre rouge quë jé Soumis a la Société d’encou¬ragement. M, barcet fut nömrné rapporteur, et coüclut ainsi
son rapport, inséré dans le Bulletin de la Société d’aout 1826 :
« II résulte de ce qui precede que M. Bontemps ayant
fabriqué, a la verrerie de Choisy-le-Roi, des verres rouges do bonne qualité colorés sur une de leurs surfaces, imitant parfaite- ment les plus beaux verres rouges des anciens vitraux peints, nous parait avoir atteint le but, et avoir décidé favorablement, pour notre industrie, la question de 1’introduction en France des verres rouges fabriqués & I’étranger; car la verrerie de
Choisy-le-Roi est maintenant en état de fournir au commerce le beau verre rouge pareil & celui des anciens vitraux peints, et en aussi grande quantïté que ce produit pourra être demandé.
« Nous pensons, en conséquence, que M. Bontemps, directeur de la verrerie de Choisy-le-Roi, a fait une chose utile a Tindustrie frangaise en rétablissant chez nous la branehe d’industrie dont il est question, et nous proposons A la Société, en approuvant ses travaux, de lui témoigner tout 1’intérêt qu'elle y prend. »
Ce fut vers cette époque, en effet, qu’un retour a Vintelligence des arts du moyen Age amena les premiers essais de vitraux, essais qui ne tardèrent pas a faire la base de fabriqués spéciales qui employèrent dJ assez grandes quantités de verres de couleur. Je doute qu’aucun autre verrier ait fabriqué autant que moi, de 1825 a 1855, des verres de couleur de toutes les nuances, et ce sont les résultats de ma longue expérience que je vais exposer.
Et d’abord je dirai: c’est a tort qu’un fabricant de verre a vitres se livrerait a la fabrication des verres de couleur, s’il n’a pas 1’in- tention de lui donner une assez grande importance; pour être en état de satisfaire è la demande en verres de couleur, il faut pouvoir fournir toutes les diverses nuances de chacune des cquleurs, et même dans chaque couleur avoir des verres plus ou moins épais; Ie fabricant de verres de couleur doit pouvoir fournir et les verres teints dans la masse et aussi les verres doublés, c’est-a-dire dont ia couleur, comme dans les verres rouges, ne résulte que d'une couche mince de verre coloré appliquée sur du verre blanc; ceïa exige un fonds de magasin considérable, dont 1’intérêt devient ruineux si ce fonds n’est souvent renouvelé. Le fabricant doit être lui-même au. courant des emplois des verres de couleur pour ne pas accepter les commandes de petites quan¬tités de certaines nuances dont le reste du produit de Ia potóe devrait probablement rester éternellement en magasin. Enfin, il doit avoir une assez grande habitude des dosages de ma- tières coiorantes pour arriver avec certitude a la production d’une nuance determineer sans avoir a fabriquer plusieürs potées de verre pour y parvenir. Pour cela, le fabricant devra conseryer des échantillons de toutes les potées de verre de couleur qu’il fait, portant un numéro de renvoi u la composition qui 1’a produite.
Nous avons vü au livre Ier, chap, n, Feffet que produisent les diverses substances employees dans la composition des verres de couleur, mais il s’agit & présent d’assigner les proportions dans lesquelles les diverses matières doivent êlre employées, les dis-positions spéciales' qu’exigent certaines couleurs, certains oxydes. Nous commencerons par trailer des verres bleus et des verres violets, qui sont les couleurs les plus fixes, dont la fabrication est Ie plus exempte de difficultés. De la nous passerons a la fabrica¬tion des verres jauues, puis des verres verts; dans chacune de ces couleurs, nous donnerons les indications relatives aux verres colorés dans la masse et aux verres doublés, et nous noüs oc- cuperons ensuite de Ia fabrication des verres rouges, qui sont loujours des verres doublés. Nous terminerons ce chapitre par les verres blancs anciens ou blancs antiques, que les Anglais appellent verres cathédrales; ce sont les teintes des verres blancs ordinaires employés dans les anciens vitraux; ce sont des blancs d’une teinte verd&tre, inclinant plus ou moins au bleu, qui n’étaient pas alors fabriqués spécialement, mais que nous sommes obliges de faire, paree que nos verres blancs, surtout depuis qu’on emploie des seis purifies, heurteraient la gamme des couleurs dans les vitraux, a moins qu’on ne les recouvrit d’une couche de couleur claire.
Dans les verres bleus, nous comprenons toutes les nuances depuis celles dans lesquelles il y a un léger mélange do violet jusqu’a celles dans lesquelles on peut remarquer une tendance au vert; puis ces diverses nuances peuvent ctre plus ou moins assombries par un mélange de noir qui peut les faire arriver jusqu’a. des teintes neutres; ce sont ces dernières qu’on emploie pour les lunettes.
Nous avöhs dit aü livrë ICr, page 96: «L’oxyde de cobalt donnie aüx Compositions vitrëuses üne très-belle couleur bleue trèS- ititënsö ët trcs-solide aü feu le plus violent;
'« A va ut que la chimië eüt fait connaitre le cobalt comme uil mótal sui generis, on savaittöutefois employer le minerai qui Ie contient ët qui se trouve toujours m élan gé a du nickel et a du fer; mais alors on employait le cobalt a 1’état de safre, dó smaF (bleu d’azür).
« Ló safre est le produit du grillage du minerai de cobalt, c’est a eet état qu’il a été le plus aheienneinent employé. »
Ön coügoit, d’après ce qui précède, quë les verres blancs anciens, qui, par eux-mêmeSj avaient déjè une teinte verdatre, coloréspar
le safre contenant dii fer et du nickel^ ne pussent jamais être d’un bleu pur; ils ont tóujours uiie sörte de teinte neutre, qui, du reste, plait béaucoup aüx amateurs de vieux vitraux. II en est même dö - très-comp'étënts, tels que M. Winston, qui, remarquant la difference 'qui exisle généralertient entre les verres bleus fabriqués de nos jours et les verres bleus des vitraux des douzième, trei- zième^ quatorzième et quinzième siècles, difference resultant principalenient de ce qu’aujourd’hui la pate a colorer est plus blanche, attribuent en partie a cétte difference la superiorité des anciens vitraux sur ceux exécutés de nos joürs. Ge n’est pas ici
1'é ltóu dë traiter ce sujet, auquel hous donnerons une assez grënde extension aü livre VII, desVitraux. Nöüs dirons seulement quë lés anciens vitraux sont supérieurs> non pas paree que les bleus sént différents, mais quöique.
Ön n’emploie pas le sulfate de soudé dans la composition des VërreS dé couleur , la nécessité de joindre le charbon au sulfaté de soude en prohibe Femploi; le charbon, en effet, réduirait les oxydes métalliques colorants. La composition qui sert de base au verre bleu est dans les proportions de :
Sablte. 100
Carbonate de soude au plus haul til re, soit 96 degrés. 35
Craie... .. 50
Nitrate de sóüdé 3
Si j’ai a opérer dans un pot d’unö contenance de 400 kilo-grammes, j’aj outer ai 8 & 9 kilogrammes de safrè qui seront rem- placés avantageusement, sous le rapport de la purëté de la cou-
lëtir, pat 1,100 a 1,200 grammes d’oxydé de éöb<. Mais1ÖS400 ki¬logrammes de composition peuveiit être relnplacés &vec graddé économie par 75 a 80 kilogrammes de composition neuve et Ie reste en groisil, observant toutefois qu’une grande qüantité de groisil donnant <Jii verre öassant,- il ést bien de Passouplir par Paddition de 4 & 5 kilogrammes de carbonate de soude.
Je ferai remarquer en outre que, dans une verrerie ,öü 1’on fabrique habituellement les verres de coulëür, il y a töüjöurs des groisils séparós, de toutes les couléurs, que PÖÜ rëcmplöie quand on fabrique les mémes couléurs. En definitive, une potée de
verre bleu de 400 kilogrammes sera done généralement com¬
4 1
posée de:
Composition dahs lés proportions indiqüêes ci-désèus; 75 Éiiogramnieè.
Carbonate dc soude addilionncl5 —
Groisil bleu . 140 —
Groisil de verre blanc 180 —
Salie 5 ou 6 kilogrammes, ou oxyde de cobalt 0,700 a. 0,800 grammes.
On obtiendra ainsi ün verre bleü d’üne 'eoblëur assëè intense en feuilles souffiéés dé 1 et démi a 2 millimetres d’ópaisSeür. Celte' teinte serait mêmè trop föliéée pour des vitraux du £éhfb de ceük du tréizièmë siècle. Si ou dëvait fabriqüer dés fetiilles dé 3 a 4 millimetres d’ëpaisseur, il faüdrait a peine la möitië de ld matière cölorantê indiquée ci-dessus, suftoüt si lë groisil bleu employé provenait dö vérre soufflé 5 2 millimetres.
Si la composition ótait faitë bvéb du sablé très-blanc, Si öri a
employé non du safre, inais de 1’Öxyde de cöbalt purifië, si lë
four a été bien coiiduit ii fiamme clairë, Ié verre bleu resultant _ .. ■ 1 -
doit être d’uiie belle uüatice nön ardoisée. Ilsërait oisëux d’ajou.iér qué le fabricaiit modifièra 1’intehsité de la teinte par lés pro¬portions d’oxyde de cobalt, êt il módifiera aüssi Ia nature de ld nuance en employant du safre au lieu d’oxyde de cöbalt, oü ajoutant, soit des groisils verdêtres, soit unè petite qüantilé d’oxyde de fei’; a eet égard, il n’y a pas de proportions a indiquër, puisqu’elles dependent de Ia nuance dont on dèmahde la repro¬duction.
J’ai fait de très-beau bleu de ciel, d’üne nuance qüi ft’avait pas öncore été fabriquée, éii ajoutant au cobalt, qui donne ünë nüênce de bléu virant aü viölël, de 1’oxydë de cuivïb, qui dönnë
une nuance de bleu virant au vert. Jo vais, pour ce verre, donner les proportions d’un très-beau bleu céleste :
Sable. ........ . 100 kilogrammes.
Miuium .... 10 —
Carbonate de soude. .......... 30 —
Craie . 25 —
Nitrate de soude . 6 —
Oxyde noir de cuivre. f 7 —
Oxyde de cobalt 0,400 grammes.
Groisil blanc 220 kilogrammes.
Cette composition est assez délicate; Foxyde de cuivre craint le chauffage a la bouille, dont les fumées peuvent te réduire. II faüt avoir soin de faire un feu clair. J’ai ajouté du minium pour que le verre fut plus doux. Cette composition, qui m’a bien réussi dans des pots ordinaires, serait d’une réussite plus cerlaine encore dans des pots couverts.
Les verres bleu-gris employés pour les lunettes sont colorés par une petite quantité de cobalt dont on neutralise la. partie rouge par 1’oxyde de fer; ces verres doivent être bien moins foncés que les verres bleus employés dans la vitrerie. Le quart de I’oxyde de cobalt employé dans la composition dubleuest tout a fait suffisanl, soit 170 a 200 grammes de cobalt pour une potóe de 400 kilo-grammes, et on y ajoute de 3 a 4 kilogrammes d’oxyde de fer. Au lieu de colorer avec de 1’oxyde de cobalt, on peut employer du groisil bleu; 100 è. 120 kilogrammes de groisil bleu suffiront pour colorer suffisamment une potée de 400 kilogrammes, etony ajoutera 1’oxyde de fer comme ci-dessus; nous ferons remarquer seuleinent que le verre destine a des lunettes devant être très-pur, très-homogène, il est convenable de piler le groisil bleu qu’on emploié, et qui, étant quelquefois en fragments assez volumineux, pourrait donner lieu a une coloration inégale, a des trainees de couleur plus intense, resultant de fragments non complétement
incorporés a la masse. Les verres pour lunettes doivent être le plus possible exempts de points, de mousse; il faut done que la composition et la fonte en soient bien soignées. On fera bien sur une potée d’avoir. au moins 200 kilogrammes de composition neuve au lieu de 75. Le fondeur devra faire un renfournement de moins qu’aux autres pots pour que les gaz aient plus de temps pour se dógager; 1’affinage devra être très-soigné; enfin, le terrier devra écrémer son verre a vee heaucoup de som, ne faire que dés manchons de dimensions assez restreinles, pour faire moins de cueillages, et surtout chauffer dans le four le verre déjè cueilli, avant de procéder a un nouveau cueillage, afin que les poussières qui auraient pu s’attacher au cueillage soient brulées avant de replonger dans le verre, et ne puissent pas donner des points mousseux; il doit enfin travailler avec la plus grande propreté et éviter d’ouvrir les volets extérieurs qui sont de son cóté, si le vent vient de cette direction.
les proportions que nous avons indiquées pour les bleus-gris peuvent être Varióes, modifiées suivant les teintes que ï’on veut obtenir.
On fait aussi pour les lunettes une tèinte complétement neutre qu’ön appelle couleur fumée de Londres (London smoke). Ce nJest pas, a proprement parler, une couleur, ce n'est qu’une atténuation du noir; aucune couleur n’y domino, ni le bleu, ni le vert, ni le violet; il faut done que les oxydes qui produisent ces coüleurs soient en proportion, de nature a se conlre-balancer. «Fai produit un très-bon verre-neutre avec la composition sui Vante :
Sable 100
Carbonate de potasse.. 28
Carbonate de soude. 10
Minium ' 50
Oxyde de fer 5
- — de manganese 4
— de cuivre 2
« ■
Je dois dire toutefois que j'ai fondu ce verre dans un pot couvert; en augmentant les quantités d’oxydes colorants, tout en conservant leurs proportions et diminuant la qnantité de carbonate de potasse (paree que les oxydes agissent aussi comme fondants), on obtientun verre neutre plus foncé, c’est-è-dire un verre noir, qu'on emploie pour observer le soleil, et au travers duquel on doit le voir blanc sans aucune nuance de rouge.
On peut, dans la fabrication du verre neutre, rem placer les oxydes de fer et de manganèse par Foxyde de nickel, qui produit une couleur d’un violet brun qui est assez bien 'neutralisée par le cuivre.
IVous qllqns a présent passer a la fabrication dos verres bleus
doublés; ef d’qbord, disons quelques mots des verres de couleur
en
Aux dopzième, treizième et quatqrzième siècles, le verre rouge seul était une couleur doublée, et quand il sera question du verre rouge, nous verrons pourqupi Ie rouge-était une couleur doublée, c’esl r è r dire fqrtnée d’nne tyè^-légèro couche de verre rouge reeouvraut pn yerre blanc d’épaisseur ordinaire. Au quinzième qu seizième siècle, gn mit è. profit pe fait de la couleur rouge doublée, en usant au tour une partie de la couche rouge, pqur faire, par exemple, une qrnementation sur la bordure d’un manteau rouge, sur Iaquelle op popvait entailler une ornemen- tation en blanc, ou même la teindre en jaune d’or. Ce résultat suggéra apx peintres-verriers 1’idée dg pqmmqnder aux verriors des verres ayec une couche légère de verre bleu qp de yerre violet, et 1’on en pept yoir des exemples dans les vitraux de cetle époque. C’est cettg fabrication qui a été renppvelée de nos jours et dopt nqus verrons Femploi au livre VII, non-sculement dans les vitraux, mais dans les decorations destinées apx habitations, cafés, etc. Les vgrres doublés peuvent être faits dans les fours ordinaires ou Pon fait les verres blancs; mais nous ferons, a eet égard, plusieprs observations. Le verre de couleur destine a doubler le verre blanc doit être d’une teinte extrêmement foncée, pour que la couche de couleur soit le plus mince possible. Cette
couche doit être très-mince, pour être plus facilement gravée, soit par le tour, soit par 1’acide fluorhydyique, et aussi pour ne pas donner lieu a la rupture du manchon par Ie fait de la superposi¬tion de deux verres de nature différente. Or, tous les pots d’un même four étant de capacité égale, si I’on emplissait un de ces pots de cette couleur foncée, il fournirait è doubler plus que la matière contenue dans tous les autres; cela mettrait d’ailleurs dans le cas d’employer tous les ouvriers de ce four a faire du verre doublé, et il faut, pour faire ce travail, une certaine habileté ou habitude que tous n’ont pas. Ou produirait ainsi, a la fois, unp trop grande quantité de verre d’une même teinte. Qu’enfourner, d’ailleurs, le jour suivaut, dans un tel pot? On ne peut y mettre qu’un verre semblable, jusqu’è pe qu’il soit hors de service. Le verre de couleur doit être très-dqux, car, comme il n’est pas de la même nature que le verre blanc qu’il doublera, los mauchons
iff,;. a peine soufflés éclateraient en mprceaux, si lp vprre dfi couleur n’était pas très-doux; étant done plus fusible, contenant génó- ralement, a eet elïet, du ipiniumil pourra être altérg parcelles chaybonneuses que la comhqstiqn pqqyrfi faire tom her. Indépendamment mêmedu minium, Ia quantité 4’oxyde colpraqt se trouvera mieux d’une foute en pot couvert, et, par conséquent, dans un four séparé. Nous conseillprons done qqx Ypryiers OÏ voudront se livrer a la fabrication des vprres <3e couleur, d’aypir un petit four séparé è pots couverts pour la fabricatipn des verres doublés. On pourrait se pontenter d’un petit fpur a un ou deux pots de 50 è 60 kilogrammes, mais ce petit four pQpsqiqrqpyq comparativement beaucoup plus de combustible qifun four a quatre pots, et il faudra, poui’ 1’un comme pour 1’autre, un fondeur spécial. Je préfère done I’emplof d’un petit four a quatre pots, sauf 5 ne pas le tenir constamment cn aptitité.
Tout fabricant de verre spra sans doute apte a donner les plans x « 1 d’un petit four 5 quatre pots couverts, qui réponde au but qu’on se propose. Toutefois, jc crois devoir donner une indication som- mairo d’un four qui m’a parfaitement réussi, et dont la figure 80 représente le plan;
aaaa représentent les quatre pots couverts d’une contenance de 60 kilo¬grammes ;
bbbb est la grille pïacée a environ 0m,50 au-dessous du siége des pots, plus ou moins suivant la qualitó de la houille, et alimentée par un tisar unique placé en cc.
Cinq cheminées, ddddd, donnent du tirage a la com¬bustion, et ont leur extré-
t ■ * .
mitó supérieure dans un cóne en brique qui sur- monte le four. Devant chaque pot est une portine, M N, qüe Ton enlève pour mettre ou retirer lie pot; eet to portine est en deux pieces, dont la par tie supérieure s’ajuste avec la gueule du pot.
Nous ne croyons pas devoir en trèr dans le détail des.diverses
compositions que nous avons faites depuis 1827, oil nous avons commence a faire des verres bleus doublés; nous avons été long- temps sans faire entrer le minium dans la composition, et alors le verre ótant plus sec, il y avait beaucoup de casse dans les man- chons, soit avant soit pendant 1’étendage. Nous ne trouvions dans le commerce que le safre ou le bleu d’azur, dont il fallait de graudes quantités pour obtenir une couleur tres-intense, cou¬leur qui n’était pas d’ailleurs aussi pure, aussi éclatante que celle produite par 1’oxyde noir de cobalt, que Ton vend a pré¬sent exempt de nickel et de fer. Nous nous bomerons done a indiquer la composition qui produit un très-beau bleu doublé.
Sable 100
Sesquioxyde de plorab (minium) 90
Carbonate de soude (haut titre) 25
Nitrate de soude 4
Oxyde de cobalt 6
Ainsi que je 1’ai dit précédemment, la réussite est plus assurée en fondant cette composition a pot couvert Sept a huit heures suffisent pour fondre complétement cette composition, surtout si e’est dans un pot ne contenant que CO kilogrammes environ. En conséquence, on fera bien de n’enfourner le pot que sept k huit heures avant l’époque présumée du commencement du travail dans le grand four ou sera pris le verre blanc qu’ou voudra dou¬bler.
Il arrive assez souvent que le verre obtenu par la composition ci-dessus est seme de petits points noirs qui nuisent a la purete des feuilles de bleu doublé. Quand ce cas s’est présenté, j’ai tou- jours évité qu’il se renouvelat, en fondant d’abord la composi¬tion ci-dessus avant d’y ajouter 1’oxyde de cobalt, tirant a 1’eau cette composition, puis a pres 1’avoir fait sécher, mêlant a ce verre tiré a 1’eau le cobalt indiqué, et renfournant le tout sept & huit heures avant le travail, en y ajoutant deux a trois parties de borax pour redonner au verre la malléabilité que le tirage a 1’eau a dïminuée. A cette deuxieme fonte, on ajoute naturellement le groisil bleu de fond de pot et les écrémaisons du travail précédent. Ce groisil bleu do fond de pot provient de ce que chaque jour,- après le travail du souffleur, on doit tirer a 1’eau co qui reste au fond du pot de bleu, pour qu’il ne reste pas inutilement au feu.
VERMES DE COULEUR. 34Ö
Le verre, une fois fondu, ne peut que perdre a rester exposé au feu; ïl se sècke, devient plus dur, plus cassant.
Le verre dont nous avons donnó la composition présente une belle teinte d’un bleu foncé, étant én couche d’une épaisseur d’en-viron un sixième a un septième de millimetre.
Nous dirons en pëu de mots comment se travaille lé verre doublé. Le verrier ayant fait chauffer sa canne, fait son premier cueillage sur le pot de verre bleu, en prenant soin de ne la plön- ger que le moins possible, afin qu’il y ait peu de verre perdu sur le bout de canne. Ün cueillage d’environ 200 grammes de verre bleu suffil pour une feuille de verre d’un demi-mètre de superficie. Ayant arrondi son cueillage en tournant sa canne sur le crochet dans 1’ouvreau, il débouche sa canne, c’est-a-dire qu’il souffle seulement de manière a faire pénétrer üne bulle d’air d’un a deux cejitimètres de diamètre dans le verre, puis il Jaisse refroidir ce cueillage avant de le reeouvrir de verre blanc. En prenant en deux cueillages environ 3 kilogrammes a 3k,5 de verre blanc, il pourra faire une feuille de verre d’environ un demi-mètre de superficie d’une épaisseur d’environ 2 millimètres. Quant au détail de la fagon de cette feuille, aux précautions a prendre pour que le bleu se trouve également réparti sur toute
la feuille, il est clair que tout consiste dans 1’habileté de 1’ou- vrier. Nous dirons seulement que quand il a cueilli tout son verre, il doit, avant de le rouler dans le bloc, trancher son verre sur le crochet en lirant la canne è. lui, de manière a laisser le moins de verre possible sur la canne, et surtout a repousser ainsi le verre bleu au milieu du verre blanc.
Si on veut, avec la même potée de verre bleu, obtenir des teintes plus ou moins foncées, on proportionnera le cueillage de verre bleu a la teinte qu’on veut obtenir. Avec un petit pot de 50 kilogrammes, un verrier pourra travailler toute une potée de verre blanc de 400 kilogrammes, de manière a produire environ 35 a 40 mètres superficiels de verre bleu, doublé d’une épaisseur ordinaire de 1 et demi a 2 millimètres. Nous ferons observer de nouveau que le verre blanc employé a doubler lc bleu doit ótre un verre doux, ne contenant pas beaucoup de gröisil, pour éviler la rupture des manchons. Tous les groisils de la journèe de eet ouvrier, c’est-a-dire les 'mors de canne, les bonnets de manchons doivent être inis de cöté, et en raison de 1’intensité de la couleur,
ils peuyent suffice a colorer en bleu d’une bonne teinte toute une potée de verre de 40Q kijogramrqes, sans y ajouter d’oxyde de cobalt. (On pourya done am$i faire autant de pptéesi do verre bleu en masse qu’on aura fail de jqurnées de verre bleu doublé sans dépense de matière cqlqrante.
Quelquefois on fait les verres doublés par une autre méthode, qui est celle généralement employés dans les yeyreries d’Alle- magqe. On fait un approvisionnement de verre Si doubler en et pour cela op fait plusieurs jours de suite du verre soit bleu ou autre d’une teinte très-foncóe. Pendant quo les autres venders travaillent le verre des autres pots du four, un verrier cueille le verre bleu au bout d’un pontil (non au bout d’une canne, car il ne s’agit pas de le souffler), puis il le marbre de manière a en faire un cylindre massif de 12 a 15 cenlimètres de long et de 4 è 5 de diamètre; il tranche ce cylindre pres du pou- til, et le détache dans le four Si recuire, puis il va en cueillir un autre et ainsi de suite, jusqu’è ce que le pot soit épuisé. En fai- sant ainsi quelques potées travaillées de cette manière, on peut
avoir un approvisionnement pour faire une très-grande quantité de verre doublé, pour lequel on procédé de la manière suivanto : On fait chauffer dans une arche le norabre de batons presumes nécessaires pour un travail; un gamin prend un de ces Mtons au bout d’un pontil sur leqnel il y a un peu de verre chand; il va réchauffer ce baton a Pouvreau, puis, venant a son maitre qui a de son cótó pris une très-pelite portion de verre au bout de sa canne et qu’il a commence Si souffler, il applique le verre de couleur contre le verre blanc. L’ouvricr tranche alors avec sa pin¬cette ce qu’il veut de verre de couleur, soit le cinquième, le quart ou le tiers du baton de couleur; puis il va chauffer de nouveau, et enfin va cueillir le verre blanc nécessaire par-dessus son verre coloré. Au lieu de faire des batons cylindriques, on peut encore couler le verre dans une sorte de lingolière; trancbantle verre de distance en distance pendant qu’il est encore chaud, on le divise ainsi en fragments d’une longueur voulue que Pon fait recuire.
Par cette méthode, on évite de mettre du verre coloré sur la canne; tout le verre coloré est employé sans perte dans la pièce fabriquée, ce qui est assez important quand il s’agit d’un verre dispendieux, comma, par exemple, le verre rose coloré par 1’or. Cette méthode est toujours employee quand il s’agit d’un travail
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do gobeletterie; mais pour faire des feuilles de verre, la première méthode quer nous avons indiquée est preferable. Elle est plus oxpéditive, et le verrier réussit bien mieux a rópartir sa couleur d’une manière tout a fait égale dans tqute la surface de la feuille, paree que les deux yerres ont étó bien mieux incorporés que par la superposition du baton appliqué.
sont employés comme celui des anciens vitraux du douzipme et du treizième siècle pour les figures. Ainsi que nous 1’avqns vu au livre Ier, c’est l’oxyde de manganese qui est la base de Ia coloration en violet. Mais il y a un fait assez remarquable, c’est que le manganese seul donne un violet rouge quand on emploie le sel de soude pour fondant, et le violet bleu évêque quand on emploie la potasse. Si on vent un violet encore plus indigo, on y ajoute pne petite quantité d’qxyde de cobalt; enfin pour obtenir un violet brun, on ajoqte de 1’qxyde de fer a 1’oxyde de manga¬nese. L’oxyde de manganese employé en verrerie n’est pas pur, c’est |e mqngapèse du ppnimerce, qui est un mineral de manga¬nese. J’ai donné page 92, livre Ier, 1’analyso d’un de ces minerals, qui peut être consider© comme un type moyen de manganese du commerce.
* 1 „ ■ -
Le verre violet porqmp le verre bleu pput se fondre, et se fond ordinairement dans les memes fours que le verre blane ordinaire; mais la combustion de lahouille, qui agit toujours d’une manière facheuse sur l’oxyde de manganese, en nécessite 1’emploi d’une quantité plus grande que si on faisait lq fopte dans un four chauffó aubois, ou dans un pet couvert ; on contre-balance 1’effet do Ia houille par 1’addition d’une assez forte proportion de nitrate de potasse ou de nitrate de soude.
En raison de la quantité de manganese employóe pour colorer en violet et qui aide a la fusion du yerro, on doit modifier les
proportions do la composition indiquée pour le verre, de la manière suivante:
Sable .. 100 parlies.
Carbonate dc sonde 30 —
Craie 25 —
Nitrate de soude 5 ’ —
A quói ajoutant huit parties oxyde de manganèse, on obtiendra un violet d’une nuance assez intense, dans Pépaisseur de 1 et demi a 2 millimètres. Ainsi quo nous I’avons dit, cette teinle sera d’un violet rouge, de la nature des violets qui se trouvaient dans les vitraux des douzième et treizième siècles sauf 1’intensitó, car les verres de couleur de ces vitraux étaient de nuance plus claire. Si on veut obtenir la nuance violette de ces vitraux, il faudra dimi- nuer de beaucoup le manganèse, et ajouter de 1’oxyde do Per, car le verre blanc que 1’on colorait alors avec le manganèse élait d’une teinte verd&lre dont le fer fera Péquivalent.
A la composition ci-dessus, il faudra done ajouter :
Oxyde de manganèse 4 parties.
Oxyde de fer. 1 —
pour avoir le violet des anciens vitraux.
Dans la fabrication des verres violets, comrae dans celle des verres bleus, on fait rentrer les groisils des potées précédentes, et si, par exemple, il s’agit de remplir un pot de 400 kilogrammes, on prendra 260 kilogrammes de composition faite dans les propor¬tions que nous avons indiquées, et on y ajoutera 140 kilogrammes de groisil violet.
Dans les vitraux des quinzièmo et seizième siècles, on trouve des violets bleus; sans doute paree qu’au lieu de soude d’Ali- cante, de Roquette, de Salicor, on a employé comrae fondant des
cendres de bois lessivées et calcinées.
Les proportions suivantes:
Sable 100
Carbonate de potasse 56
Sesquioxyde de plomb (minium) 10
Craie 20
Nitrate de polasse 5
Oxyde de manganèse 8
donnent un très-beau violet évêque.
Ia composition que nous venous d’indiquer donnerait un violet trop foncé pour vitraux. Il faudrait, pour eet usage, dimi - nuer le manganese d’au moins un tiers. Notons ici, du reste, qu’en diminuant le manganèse d’un tiers, on réduirait probablement d’environ moitié Tintensité de la teinte, car il y a toujours, et surlout a pots d'écouverts, une portion notable de 1’oxyde de manganèse qui n’agit pas comme principe colorant. On est quel- quefois très-surpris, quand on veut passer d’une teinte un peu claire a une teinte plus claire encore, d’oblenir un verre sans coloration, paree que les produits de la combustion auront totale- ment neutralise 1’effet du manganèse; aussi faut-il employer d’autaut plus de nitrate de potasse qu’on emploie peu de man¬ganèse.
Nous devons noter aussi un fait très-remarquable sur la reaction du cobalt sur Ie manganèse quand on travaille a pot oüvert. Si vous faites une composition comme la précédente; avec 1’inten- tion de produire un violet bleu, en mettant, par exemple, au lieu de huit de manganèse cinq seulemenl, puis 300 a 400 grammes d’oxyde de cobalt, on n’obtient qu’un Verre pur bleu, dans lequel 1’effet du manganèse ne se fait pas sentir. Si même, au lieu d’em- ployer les oxydes, on n’emploie que des groisiis, si, par exemple, on fait fondre dans un pot ouvert:
Composition de verre blanc 60 Kilogrammes.
Groisii de verre violet 170 —
Groisil de verre bleu........... ... 170 —
en y ajoutant même 5 kilogrammes de nitrate de potasse. on a pour produit un verre bleu, d’une teinte pareille a cello qu’auraient produite les 170 kilogrammes de groisil violet, mêlé avec 230 ki- grammes de groisil blanc ou composition blanche. Mais j’ai obtenu du beau violet bleu, une belle teinte indigo avee la com¬position suivante fondue a pot couvert:
Sable .
Carbonate de potasse..............
Carbonate de sonde
Oxyde de plonib
Nitrate de potasse
Carbonate de chaux
Manganèse
Oxyde de cobalt
De la remarque que nous avöns faite sur Vin tensi té de la c leur produite par le manganèse, il résulte que la fabrication violet très-clair, Violet chair, par exempted n’est pas sans di cultés : il faut souvent faire plusieurs potées pour arriVér a teinte qu’on dé sire. Heurfeiisement, les teintes intermédiaires qü’ emploie sent d’uh usage assöz fréquent, surtoul dans lés vitrii on imitation dé CéUx des douziöine ët treizièriié siècleS. J’aióbter généraleuient uri ti'ès-bori violet chair avec les proportions su vantes :
Sable.;.i.;i............ 100
Carbonate de soude...i; 30
Carbonate de chaux,..;, 28
' - . - *
Nitrate de potasse 6
Manganese. 15
Oxyde dé fer.... 2
Croisil blanc. 250
Nous allonS passer è présent au Violet doublé, quë iious aVön fabriqué cbirime le bleu doublé, c’est-a-dire dans un petit four ' pots couverts. Cöinme pöür le verre bleu, le violet a döüblér doi ótre d’üöe nature très-malléable, non cassante; Nöüs avons obten de très-bóii violet avec la composition dans les proportions sui-
vantes: •
Sable 100
Miiiitiin 9Ü
■ Potasse. 20
Salpêtre (nitrate de potasse). 12
Manganese 22
t + F - J .
cette composition était enfournée dans un pot de 60 kilogrammes huit heures environ avant le commencement du travail du grand foür. •
Voulant obtenir un violet doublé d’une teinto plus bleue, j’ai ajouté a la composition ci-dessus 9 kilogrammes de groisii de tirage & 1’eau de fond de pot de verre bleu a doubler. Après Vavoir fait séeher et pïler en pöüdre assez fine pöur bieh le mêler a la composition, j’ai ainsi obtenu du verre violet doublé d’une nuance bleue.
Rognures de verre de même qualité........
Muriate d’argent
d’acide carbonique..
Or, j’affirme qu’une telle composition n’a jamais pu donner du verre a vitre jaune; on n’aurait ainsi obtenu qu’un verre opaque, marbró de diverses nuances olivatres. ,
Quant aux compositions que j’ai indiquées ou que j’indiquerai dans la suite de eet ouvrage, elles ne sont au tres que celles que j'ai moi-même expérimentóes.
J’ai fabriqué les verres jaunes en masse par deux procédés diffé -
rents; sa voir: en colorant le verre blanc par un mélange d’oxydes de manganese et do fer, ou bien par le charbon végétal.
Comme nous 1’avons fait observer en parlant des verres violets^ il est très-difficile d’arriver a des résultats certains quand on emploie 1’oxyde de manganese, et surtout a pots ouverts, et encore plus difficile quand a 1’oxyde de manganèse vient se joindre l’oxyde de fer; le résultat des premières potées n’est pas celui qu’on obtient ensuite. II est done a propos, quand on est arrivé a une teinte convenable, de continuer dans Ie même pot et de se faire un appro visionnement. Si le fer domine, une nuance verdatre se fait sentir ; si c’ést le manganèse qui est en excès, la teinte tourne au brun j la composition suivante est celle que je regarde comme une bonne moyenne.
100
Carbonate de sonde, i
Craie.
Nitrate de soude.
Mangattbse.
Oxydé dé fer1..
Si on commengait toutefois une première polée avec les pro-portions ei-dessus, la couleur serait brune; il faul done com- mencer avec quinze de manganèse seulement et six de fer; vous obtenez alors une couleur oü le vert domine; vous faites rentrer le groisil dans la potée suivante, et ne mettant pas dé fer dans la composition, vous augmentez la proportion de manganèse, et vous arrivez ainsi, a la deuxième ou troisième potée, a une teinte d’un jaüne orange clair, que vous maintenez en remettant trois parties el demie de fer et vingt-deux de manganèse; c’est d’ail- leurs en étudiant le produil de chaque jour que vous modifiez au besoin la composition pour la potée suivante. En portant la quantité de manganèse jusqu’a vingt-quatre, on obtient un jaune orange plus foncé.
J’ai cru devoir donner Vindication de la fabrication du verre jaune au moyen des oxydes de manganèse et de fer; mais je dois dire que j’ai bien plus fréquemment fait le verre jaune coloré par le charbon, ou, ce qui est plus exact, parle bois. Je dis plus exact car, bien que le charbon végétal ou mineral colore le verre en jaune, Vous n’obtenez jamais avec ces charbons un beau jaune brillant. Le verre, qui paratt d’abord d’une assez bonne teinte jaüne, prend bientöt une teinte brune’enfumée, soit pendant le travail même du manchon, soit pendant 1’étendage. Ce défaut a même lieu si vous employez du bois sec commé colorant. Les anciens verriers qui connaissaient la coloration du verre en jaune par le bois, conseillaient surtout le bois d’aune. Le bois d’aune est effectivement très-bon, mais j’ai obtenu des jannes lout aussi beaux avec d’autres bois légers, tels que le peuplier, et aussi avec du cerisier. Ce que 1’on doit surtout observer, et ce que ces anciens verriers ne mentionnaient.pas, c’est que ce bois doit être employé quand il a encore sa sóve, comme nous 1’avons déja
remarqué page 104. Prenez du bois d'aune, de peuplier, quel- ques mois après avoir été coupé, vous aurez un verre jaune tour- nant au brun, comme si vous aviez employé du charbon de bois ou de terre, ainsi que nous l’avons déja dit aussi page 104.
Le verre jaune coloré par le bois est trèssujet a être bouillon- neux: aussi faut-il le faire tendre, e’est-a-dire forcer la dose
d’alcali pour qu’ótant plus liquide, le bouillon puisse plus facile - ment se dégager. En raison de cela, il a besoin d’un raffinage plus long que les autres verres; si done on voulait commencer le
3S?
iravail du verre jaune en même lomps que les autres verrös, ou aurait des feuilles de verre jaune pleines de bouillons. Alors on doit maintenir 1’ouvreau du verre jaune tout grand ouvert, et ne eommencer a le souffler que trois ou quatre heures après qu’on a commence a souffler les autres pots, et alors on y met plusieurs ouvriers, pour qu’il puisse être vidé en même temps que les autres.
Un beau verre jaune est produit par la composition suivante :
Sable. 100
Carbonate fie soude 45
Graie 35 a 40
Sciure de bois de peuplier récemment
abaltu 4
La même composition, avec huit parties de sciure de bois de peuplier ayant sa séve, a donné un jaune orange clair, et avec douze parties de la même sciure , a donné un jaune orange foncé *.
J’ai ensuite obtenu un vérre jaune dont la tendance a bouil- lonner était moindre, en substituant une partie de potasse au carbonate de soude daus les proportions suivantes:
Sable 100
Carbonate de soude ' 28
Carbonate de potasse 20
Craie. 40
t
Maïs. je le répète, c’est sur le bois que doit porter Tattention du verrier; a eet égard, j’ai acquis une assez grande expe¬rience, qui m’a appris, par exemple, que le chêne, même vert, le sapin également, avec sa séve, ne donnent pas le même résultal
1 Nous renouvellerons ici les observations que nous avons faites au livre p. 104, sur le Mémoire de M. Pelouzc, qui altribue exclusivement au soufre la coloration en jaune. Notre composition pour verre jaune a pour fondant le car¬bonate de soude a ha ut degré, et, quand même il reslerait dans le verre prove¬na nt de cette composition 2 pour 100 de sulfate de soude (ce qui n’est guère ad-missible), ces 2 pour 100 ne représenteraieut que 0,35 de soufre, qui ne sufiiraienl pas, a beaucoup pres, a la production du jaune, et surtout de l’brange, landis que l’iniensilé de la couleur est, comme nous l’avons remarqué, proportionnée a la dose de carbone (représenlé par la sciure de bois).
qüe le peuplier ou Fatiné coupés veris. II y siurait toutëfëis a
faire encore un assez grand nombre d’expériëncës sur d ’autres essences dë bois, et coupés a .diffórëntes époques dë 1’année ; on arriverait probablemerit ainsi a fabriquèr un verre orange foncó ét même rouge qüe j’ai obtenu deux fois, aiiisi qüe jé Fai men- tionné au livre Ier,
page 104; mais qüe jé n’ai pü jamais fabri- quer depuis.
La fabrication du verre jaune en masse a d'ailleurs perdu tine grande partie de son importance depuis qu?on fait si facilement des verres teints en jaune par 1’argent; et quoiqtie ce verre teint soit du domains du peintré-verrier plutöt que du fabricant de verre, nous croyons devoir en faire connailre ici Ia fabrication; cela tiendra la place du verre jaune doublé, qu’oh peut aussi ob- tenir en fabriquant corame verre a doubler un verre jaune d’une nuance très-foncée par le manganèse et le fer; niais qui n’est jamais d’une nuance aussi claire; aussi belle quedeinte en jaune par 1’argent. II y a d’ailleurs des conditions exigées pour le verre blanc destine a être teint, qui sont tout a fait du domainé du verrier. .
Nous avons dit au livre IBr, chap. 11, p. 99 et suiv;, que 1’argent appliqué sur le verre dans un état d’extrême division avait la pro- priété de teindre ce verre en jaune; afin d’obtenir eet état d’ex- trême division, on le mélange avec un médium neutre, tel que ï’ochre ou 1’oxyde rouge de fer obtenu par Ia calcination du sul¬fate de fer ou couperose verte.
Nous avons employé deux procédés pour la preparation de Fargent; le premier consiste a foudre ensemble; dans un petit creuset, a un feu doux :
Argent fin. ...........,,....; 1 partie,
Rcgule d’antimoine.-. 1 —
Oti broie le mélange produit avec trois parties d’óxyde rougé de fer et On expose le mélange broyé aü feu dans unë pöêië bu fér- rasse, de manière è. faire èvaporer Fantimoine ; puis on rebroie a Peau avec sept parties d’oxyde rouge de fer, de manière que 1’ar¬gent et le fer soient dans la proportion de 1 a 10. Le tout amené & Fétat dë böüillie trës-liqtiidé, Cónstitüé uné teinture qui döniiëfa au verre un beau jaune oratigè assèz foncó, si la qualïtc du vérre
le permet: on produira d’ailleürs dés jannes plus clairS, si on ie veut, par 1’addition d une quantitó de rouge de fer proportionnéö a la teinte qu’ón désirë.
Le deüxième procédé, ijue iiöus avóns éiüplöyé plüs Soütëift; * consiste a dissöudre 5 grammes d’argent fin dans 20 grammes d’acide nitrique, oü on ajoule un pëu d’éau chaude pour fdciliter la dissolution, Quand elle est opérée, ihettez dahë üh aütrë vase cent vingt gouttes d’acidë sulfurique, auquèl on ajöutë üh peu d’eau bouillante, et versez le premier mélange dans lè deüxième; ajoutez ensuite 50 grammes d’öxyde de fer, et si vöüs n’avez pas mis trop d’eau chaude, tout le mélange doit être & consistance de paté ferme; on Ie mélange inlimement én 1’écrasant avec lë couteau a palette, puis on lé met suf le feu ddns iine poêle en fer pour faire évaporer les aeïdës. On n’a plus ensuite qü’é le broyer a 1’eau a 1’état de boüillie liqüide poür S’ëü sërvir a cö-
lorer le verre.«
La feuille qu’on vëut teindrë en jaune doit êtfë d’aböfd Sbi- gneusement nettóyéë, püis on la mét sur tföis a qüötre potits supports posés sur une table, pour pouvöir 1’ënlever fdcilëmeht sans toucher les bords; on prënd alors, avec üh pinöedü öü brössë plate, de la leinturë dans le vase qui la cöütiënt; én agitanl dé bas en baut cette teinture avéc la brossej pour qüö lé toüt söit HÖinÖ- gène et on couche cette teinture sür la fetiille dé fiidinèrë è én
ƒ 1 r
couvrir toute la surface. Cette boüillie Mé trouvë assez inégale- ment répartiö sür toüte la surface dé la fèuillö; ön Péiilèvé alors en la prenant en dessous sur les döigts, én lui conservant la pósi- tiön horizontale; ön 1’agite légèrement paf ün iftöüvèmènt sac- Cadé et la couleur së répartit össez égalémëntj ön penché ensuite la feuille sur 1’un dés coins, do manièfe a por tér vers cette extrë- mité Texcedant dé couleur ijU’öii versé danS le vasé a la téintüré.
On fait la même operation paf lés quatrë coins, öh agite ëficófë par petites saccadés horizöntales ét On dispose enfin la feuillë sur un chevalet a claifes-voies pour qu’elle y sèchë.
Les feüilles ainsi séchéës h’önt plüS qü’a passér aü feü de moufflö du peintre- vefriór pöur qüë 1’argent s’incöf pörë dans lë verre. II faut faire attention & hè pas pöfter trop haüt la tempe¬rature de la möüffle, car vous courriéz le risqüé d’attachérlë mé¬dium sur le verre qüi sefait ainsi couvert dë taches dè rouge dé fer, et, en outre, la couleur dé 1’argënt s’opaliserait, la surface
de la feuillé prendrait uno apparence niétallique, vue par réflexion oblique.
Quand les feuilles sont sorties de la mouffle, on n’a plus qu’a les brosser avec une brosse un peu dure; Ie médium tombe en pou- dre, et la feuille, nettoyée, est d’un jaune égal, vif, transparent, * orange foncé, nous le répétons, si la substance du verre était dans les conditions convenables.
Le brossage de la feuille, a la sortie de la mouffle, doit se faire sur un grand papier ou une peau, de rnanière & recueillir loute la poUdré de rouge de fer qui se détacbe de la feuille, car ce médium a rótenu encore une assez forte proportion d’argent, et peut ser- vir a teindre du verre en jaune clair sans addition de teinture neuve, c’est-a-dire sans addition d’argent.
Nous venons de dire que les feuilles préparées étaient passées au feu de mouffle dü peintre-verrier; mais le fabricant do verres a vitre n’a pas besoin de ce secours: il peut, pour fette operation, se servir de son four a élendre, et c’est encore la un des motifs qui doivent engager le fabricant de verres a vitre, qui se livre è la fabrication des verres de couleur, a y joindre aussi les verres jaunes teints par 1’argent. Nous allons d’ailleurs indiquer la mo¬dification qu’on doit apporler au four a étendre pour y cuiro les feuilles de verre teint en jaune. Cette modification reside dans la trompe seulement, disposée de rnanière a poUvoir y introduire une feuille de verre au lieu d’un manchon.
La figure 81 est sur une petite échelle, le plan de la première parlie du four a étendre danslequel la gaine ou trompe est mo- difiée de rnanière a admettre les feuilles entières étendues. Cette gaine est fermée par une porte en tóle que 1’on peut soulever pour introduire la ferrasse qui porte.la feuille. Cette ferrasse est garnie de deux supports qtii élèvent la feuille de rnanière qu’on puisse Ia prendre en dessous avec le krabb.
La figure 82 est une coupe de la gaine ou trompe a 1’endroit de la porie mobile.
On met la feuille sur les supports de la ferrasse en dehors de la trappe et on introduit la ferrasse sur les deüx barreaux «, b, dans la partieM de la trompe ou gaine oü on laisse un peu chauf¬fer lajeuille, puis on pousse la ferrasse dans la partie N ; quand la feuillé est sur la ferrasse, dans la partie N, 1’étendeur 1’enlève avec son krabb et Famène sur la pierre a étendre en la tenant sou-
et quand il voit que loute la feuille a pris une température uni-forme, qui doit être un peu inférieure è celle de 1’étendage des manclions, il ponsse la pierre a
chariot dans la seconde parlie du four.
Un étendeur peut ainsi cuire par heure de 4 a 5 mèlrés carrés de verre jaune, ce qüi nöüs ser- vira a établir lo prix de revient du verre jaune teint par Tar- gent.
si, après avoir teint ainsi une des surfaces d’une feuille de verre. on teint de la même manière Fautre surface, on obtientune teinte double-orange, qu’on peut appeler rouge, mais qui n’a jamais le brillant, 1’éclat du verre rouge coloré par le cuivre. Ge n’est, en réalité, qu’un double-orange plus foncé même que ne le seraient deux feuilles colorées sur une seule face appliquées 1’une sur Fautre, paree que Ia première surface teinte prend par la seconde cuisson une nuance plus foncée.
Nous avons dit qu’en couchant Ie minium, provenant du bros¬sage d’une première teinlure sur d’autres feuilles de verre de même qualité, on obtenait encore une teinte jaune-clair; on obtient aussi une teinte jaune-clair en employant sur du verre ordinaire non préparé ad hoe la teinture qui, sur du verre en condition conve¬nable, donne du verre orange. Ce jaune n’a guère même que la couleur jaune-citron.
Nous dirons è présent dans quelles conditions doit être Ie verre è vitre pour prendre une teinte de jaune foncé.
Quand , en 1829, j’établis è Choisy-le-Roi une fabrication du verre peint sous Ia direction de M. Edw. Jones, le verre que je fabriquais ne prenait qu’un jaune clair , et les verres des autres verreries que je me proeurai dans le commerce ne prenaient éga- ïement qu’un jaune très-clair. M. Jones attribua ce résultat a un manque de dureté de notre verre, et effectivement, en fabriquant un verre plus dur, c’est-è-dire conlenant moins d’alcali et plus de chaux, nous avions un jaune un peu moins clair, mais bien loin encore de la teinte désirée, et M. Jones me montrait toujours comme type un morceau de verre anglais dont la moitié était teinte d’un jaune orange foncé sur une seule surface. Ge verre était dur, mais, en outre, è sa teinte verdatre , je reconnaissais bien qu’il avait été fabriqué comme je savais, d’ailleurs, que tous
les verres en plat 1’étaient alors en Anglelerre, avee des soudes brutes (kelp) pour fondant. Je supposai done que cette matière pouvait avoir de 1’influence sur la coloration du verre par 1’ar- gent; j’aurais pu a la rigueur me procurer des soudes brutes, mais il eut fallu faire fritter la composition, établir un four a fritter, et sans être même certain du résultat. Si cette soude brute avait, d’ailleurs, cette influence, elle le devait, sans doute, è 1’une des substances qui la composaient; la soude brute, outre le sulfate et un péu de carbonate de soude, contient:
Du sel marin,
De Ia potasse,
De Vaïumnie,
De Poxyde de fer.
Ne saehant a la quel le de Ges substances attribuer le résultat désiré,
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mais présumapt que Je sel marin devait jouer le principal role £ cause de ses affinités particulières pour 1’argent, je fis une Com¬position dans iaqqelle j’ajoutai une assejs forte proportion de §el marin, en ne pégligeant pas toutefois d^ mettre aiissi les autpes substances ci-dessus, et, dès la première composition, que je fis du reste assez dure, i’obtins un verre qui prenait un iaune plus foncé qu'aucun des yerrps que j’ayais essay és jusque-la, et, avec quelques modifications, j’arrival enfin a fabriquer un verre qui prenait, par une seule couche, une couleur orange foncée comme les pieillpurs yepres en plat d’Angleforre.
La composition suivante est ceile qui m’a le miéux réussi:
A
Sable., 100
Sulfate de soudc 54
Cbarbon pilé. ..... ..... 1,500
Carbonate de potasse 7
Térrë a creusèt piiée... 10
Sel marin. 14
Graie..... . 40
Oxydc defer,. 0,55
II est a remarquer que ce verre n’acquiert son excellence qu’a- près quelques potóes, c’est-a-dire que la première potée ne prend pas un" jaüne tirès-foricé; après qüatre a cinq journées, on a le verre désiré, et il est bien alors de conlinuer cette fabrication pen-
dant toute la durée de ce pot, en augmentant chaquejour la’du-
reté du verre j>ar tine plus forte proportion de sable jusqu’a 106 au lieu de 100. On fait naturellement renlrer chaque jour dans la composition le groisil du travail précédent, et il faut avoir soin de mettre de cóté lion-seulement ce groisil du travail, mais aussi celui qui se fait a 1’étenderie, les coupes du magasin et enfin la casse de 1’atelier de teinlure, afin d’emplover tous ces groisils quabd on a a. refaire du verro semblable.
En raison de son extréme dureté , ce verre a une tendance a être bouillonneux paree que les gaz arrivent difficilement a la surface: aussi ne peut-on pas renïplir les premières potées, mais
au bout de trois è quatre fontes, on arrive è avoir des potées a peu prés completes; il faut seulement avoir soin de ne pas re- froidir Ie pot autant que les autres pendant raffinage.
Nous avonsindiqué 0®r,35 d’oxyde de fe. rè ajouter è la com¬position ; il est a remarquer toutefois que si, dans chaque compo¬sition, on met cette quantifé d’oxyde de fer, le verre prend une teinte azurée trop prononcée; iï vaut done mieux n’en mettre que Cette quantité toutes les trois ou quatre journées.
Les peintres-verriers des douzième et treizième siècles ne pa- raissent pas avoir connu cette coloration du verre en ja une par Fargent; ce n’estqu’au quatorzième siècle qu’on commence a voir dans les figures de saints et dans les baldaquins des portions de verre teintes en jaune; aux quinzième et seizième siècles, cela devient plus commun, il y a même des vitraux ou. il n’y a pas de verres de couleur, mais simplement des verres blancs avec de Ia grisaille et des parties teintes en jaune.
L’oxyde de cuivre, Foxyde de fer, Ie bichromate de potasse sont les substances employees pour la coloration du verre en vert. Cette coloration s’opérait facilement dans les pots ouverts des fours chauffés au bois; mais ce n’est pas sans précautions qu’on arrive a avoir de beaux verres verts dans les fours a la houille, a cause de la fè die use influence de ce combustible sur l’oxyde de euivre; aussi doit-on, quand on en a la facilité, faire ce verre a pots couverts.
Dans tous les cas, il faut toujours fcomme, du reste, dans tous les verres de couleur) employer d’assez fortes proportions de salpêtre pour maintenir Poxydation du cuivre.
La fabrication du verre veriest, comme celle de tous les autres verres de couleur, sujette a des têtonnements résultant des groi- sils qui rentrent dans les compositions; quand la couleur incline trop au bleu pour la teinte dont on a besoin, alors on diminue Foxyde de cuivre et on augmente 1’oxyde de fer ou le bichromate de potasse pour la potée suivante. J’ai obtenu de très-beaux verres verts sans employer de bichromate de potasse, e’est-h-dire rien qu'avec le cuivre et le fer, je dois dire toutefois que 1’effet du bi¬chromate de potasse est plus certain et donne une nuance un peu
plus brillante; aussi Pemploierait-on en plus forte proportion s’il n’avait pas 1’inconvénient de fondre très-difficilement et de don¬ner des grains noirs dans Ie verre; on évite tontefois presquë entièrement ce défaut en le refondant après 1’avoir tire a 1’eau. Nous allons indiquer des compositions qui nous ont donné de beau verre vert è pot découvert et a pots couverts.
Composition pour pot ouvert produisant un beau vert-pré :
Sable 100
Carbonate de sou de... 50
Carbonate de chaux 23
Nitrate de potasse 7
Oxyde noir de cuivre.......... 6
Oxyde de fer................ 4
*
è quoi on ajoute du groisil vert des précédentes potées.
Cette composition donne un beau vert-pré inclinant plutót au
jaune qu’au bleu.
Si, au lieu de 6 parties d’oxyde de cuivre et 4 parties d’oxyde
de fer, on met:
Oxyde de cuivre 5
Oxyde de fer 5
Bichromate de potasse 5,5
on a également un vert-pré, maïs encore plus éclatant. En ajou- tant a cette composition 80 grammes d’oxyde noir de cobalt, nous avons remplacó la nuance jaune par une teinte d’un vert bleu.
On connalt les teintes résullant séparément des quatre malières colorantes; c’est done en variant leurs proportions qu’on oblient les diverses nuances désirées. Nous ferons seulement remarquer que les compositions que 'nous indiquons donnent une couleur assez foncée è ï’épaisseurde 1 et demi a 2 miliimètres; il faut done, pour les vitraux, diminuer de beaueoup les proportions des matières colorantes.
Composition pour pots couverts :
Sable 100
«
Carbonate de potasse 10
Carbonate de soude 12
Sesquioxyde de plomb 6
Nitrate de potasse 12
Oxyde de cuivre 5-
Oxyde de fer 2
Bichromate de potasse. 1 ■
Groisil des polces précédentes.. »
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J’ai, dans la suite, fabriqué du très-beau verre vert è pets cou¬verts en supprimant la potasse et le minium, et les remplagant par le carbonate de soude. Je remarquerai seulement que, pour les verres de couleur, j’ai toujours employé le carbonate de soucje pur, c’est-è-dire les cristaux de soude priyés de J-eau de cristalli- sation.
Ma composition était done cQinmp suit:
Sable, ,;.
Carbonate de soude
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Craie .
Nitrate de potasse *. -
Oxyde de fer .
Oxyde de cuivre. -...
Bichromate de potasse...
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La teintp pyodpitp par cette composition est un beau vprt, ayant un peu de jauue. Voulant obtenir des verts plus jannes sans
une plus forte propprfipp de bichromate de potasse, dont 1’emploi n’est pas sans inconvenient, j’ai ajouté de 1’oxyde d’urane et faif la composition suivante:
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ï!' IJ
Sable 100
Carbonate de soude SS
Craie 20
Nitrate de potasse 7
Oxyde de fer S
Oxyde de cuivre 5
Bichromate de potasse 1,4
Oxyde d’urane. 5
Je dois rjpter que, dans chacune de ces compositions, on ajoute Ie groisil du trayail précédent; ij faut, commp jp ï’pi d.éja fait observer, tenir hien comple, dans la fabrication des verres de couleur, de la rentrée de ces groisils, qui va assez souvent du tiers a la moitié de la composition enfournée, paree que ordinairement, au lieu de laisser les verres de fond de pot, on les tire a Peau,
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afin de les mêler a la composition pour que le mélange suivant soit plus homogene, surtout si on veut faire subir une modifica¬tion a la couleur.
Nous conseillons au fabricant, qui veutse livrer sur une assez grande échelle a Ja fabrication des verres de couleur, de se con-
struire un four a pots couverts de ,dpux oil qqatre pols, par exem-pie, dtit-i) ne le faire marcher que pendant qnelqufis mois do 1’année; il pourra, pendant l’activitó de ce four, se faire un ap- provisionnement de beaux verres violets de toutes leg nuances, de verres bleu de ciel (colorés par le cuivre), et, si, du reste, il vou- Iait donner un autre emploi a ce four, il pourrait y fabriquer un
verre & vitre extra-blanc dont il ne sera pas embarrassé du plac$-
ment, soit pour couvrir les miniatures et surtoüt pour les usages de la photographie. Nous en avons donné la composition a la page 245.
La fabrication du verre vfert double n’est pas sans difficultés; 1’oxyde de cuivre n’ayant pas une très-grande puissance colorante, on est obligé d’en employer une assez grande quantité, et il est assez difficile de maintenir son oxydation pendant la fonte du verre d’une part, et ensuite pendant le travail; la surface du verre est sujelte a prendre une apparence métallique et & noircir; en outre, le peu de puissance colorante de cet oxyde oblige a avoir la couche de verre vert plus épaisse; elle s'accorde plus difficile- ment avec la substance du verre blanc, on a beaucoup de casse, et même en recuisant les manphons, on n’evite pas totalement cetle casse. Voici toutefois une composition qui a assez bien réussi :
Sable 100
Minium..!.... 420
Nitrate de potasse. 40
Oxyde de cuivre. 41
Oxyde de fer...... Ji..... 4
Bichromate dc potasse 4,800
L’effet de 1’oxyde de cuivre, étant en grande partie atténué par la fusion avec les malières composant le verre, j’ai penséque je
réussirais A avoir une couleur plus foncée avec la même quantité
, 0 r
d’oxyde, mais en ne mêlant cet oxyde qu’avec le verre déja fondu; j’ai done renfourné une composition de :
• Sable 100 ‘
Minium.'.:.:..;.;;..:....... 120
Nitrate de potasse 40
qjiand celg a été fondu, j’ai tiré & 1’egu et ajeuté au gcoisil
prqvjsnait: J
” Oxyde de cuivre 11
Bichromate de potasse 4,800
Nitrate dc potasse 5
Oxyde de fer 4
J’ai renfournó et fondu ce mélange, qui a prod uit un vert foncé, assez bon pour doubler.
J’ai aussi essayé' de maintenir Foxydation du cuivre en em- ployant du manganèse au lieu.de salpêtre, et je n’ai pas remarqué que le résultat fut préférable. Enfin, j’ai voulu faire du verre vert doublé sans employer d’oxyde de cuivre; j’ai fait la composition suivante :
Sable 100
Minium SO
Carbonate de soude .. 25
Oxyde de fer 3
Bichromate de potasse 2,400
Oxyde de cobalt. 0,575
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Cette composition m’a bien réussi, raais la teinte verte n’est pas aussi gaie, elle est plus sombre. Le verre vert doublé est généra- lement moins demandé que les autres couleurs doublées, paree que ces verres étant toujours destinés a être gravés et la couche de verre vert étant plus épaisse que pour les verres bleus, violets, jaunes, rouges, ie travail du graveur se trouve de beaucoup augmenté et, par conséquent, plus dispendieux.
VERRES ROUGES.
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J’ai expïiqué, au commencement de ce chapitre {Des verres
colorès, p. 334 etsuiv.), les circonstances qui avaient donné lieu
St mon commencement de fabrication de verre rouge en 1826;
*
j’avais bien vu dans Kunckel que l’tes ustum colorait le verre en rouge; il m’ótait plusieurs fois arrivé en fabriquant du verre vert de remarquer dans les fonds de pots des traces de beau rouge produites par des influences charbonneuses; j’avais essayé de les produire d’une manière compléte dans de petïts pots d’essai de 500 grammes è 1 kilogramme, oil je tentais de ramener le cuivre è un premier degré d’oxydation, soit avec de la poudre de char- bon, soit avee du fer et de Fétain, ou enfin du tartrate de potasse; souvent je dépassais le but, le cuivre était tout a fait désoxydó et se rassemblait au fond du pot è 1’état métallique; j’arrivais quel- quefois è voir tout le contenu du creuset rouge opaque en masse, mais transparent quand je le tirais en fils fins; souvent aussi le cuivre se réoxydait et Ie verre redevenait vert. Les experiences
CD petit «Tailleurs n’assurent pas la réussite quand on opère en grand- il faut qu’en verreriepratique tous les résultats marchent ensemble: on ne peut pas altendre un pot particulier, ou cesser la fonte des autres quand 1’un d’eux est prêl; ainsi les conseils que donnent les anciens auteurs leis que Kunckel, d’essayer le verre et, s’il n’est pas au point que vous désirez, d'ajouter telle ou telle substance, puis de continuer le feu, et enfin de travailler le verre quand vous 1’avez amenó au point désiré, de tels conseils ne sont plus praticables aujourd’hui. Enfin la certitude - que me donna M. d’Arcet que tous les beaux verres rouges anciens avaient été colorés par le cuivre et sur une des surfaces seule- ment , redoiibla mes efforts, et j’arrivai a ce résultat, base de la fabrication du verre rouge: c’est que ce verre ne s’oètient jamais d’une première fonte, que plus il a été fondu, plus on est certain de la réussite, plus la couleur est belle et égale.
Je crois inutile d’entrer dans le détail de toutes les expériences qui m’ont amenéa une bonne fabrication de verre rouge; il doit suffire que j’indique les procédés qui donnent de bons résultats. Toutefois, je dirai quelques mots des matières premières em- ployées dans la composition du verre rouge. C’est d’abord le cuivre qui remplit le principal röle, c’est è lui seul qu’eSt duo cel te coloration; les autres matières, ie, Ier, l’acide stannique, le tartrate de potasse ne sont qu’accessoires; on peut ne pas em¬ployer de fer et avoir un beau rouge; on en met généralement, paree qu’il contribue è maintenir le jsuivre è 1’état de protoxyde ; car c’est a Vétat de protoxyde que le cuivre colore le verre en rouge; j’ai done souvent employé le cuivre è l’état de protoxyde ou oxyde rose, que je préparais moi-même en décomposantl’acé- tate de cuivre par le sucre; mais je dois dire que je n’ai pas obtenu
ainsi de meilleur résultat qu’en employant 1’oxyde brun de cuivre provenant de la decomposition de la couperose bleue ou sul¬fate de cuivre par le carbonate de soude. J’ai employé aussi \'ces ïistum, jsi préeönisé par les anciens, mais les écaiUes de cuivre cal- cinóes el broyées ne me donnaient pas des résultats aussi suivis, 1’oxyde de cuivre ne se trouve pas ainsi dans-une aussi grand état de division quo quand il a été obtenu par des précipités, et puis il contient souvent quelques parcelles charbonneuses qui ne per- mettent pas de calculer d’une manière aussi sure la quantité de matière désoxydante a employer,
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36G LIVRÉ II.—VERRE A VITRE.
L’acide stanniqüe est la substance la plus pröpre amaintenir le euivre au premier degré d’oxydation. Je le préparais en faisant dissöudi’e l’étain dans 1’acide ïiitriqué, lavant et séchant le préci- pitë ou biên ën calcinant directemenl Tétain dans un petit four è. révêrbèrë;
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Pour aider a Taction de Tacide stanniqüe, j’ai souvent employé lés CÖpéaux d’étain, c’ést-a-dire Tétain a 1’état de métal, puis aussi dü tartre pürifié (tartrate de potasse); mais je n’ai em¬ployé cés substances qu’eh petites proportions et aüx deuxième et Iroisièiné fontes.
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La composition süivantë m’a donnë de rouges :
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Minium., .....
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Carbonate de potasse ....,
Óxydë d’élain ou acide stanniqüe. Dxyde brün dë cuïvre
’ Öxydë noir tte fër..;
Borax
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15
0,700
0,750
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Cette composition était fondue a pot couvert, maclée a la pomme puis tirée du pot a la poche et a sec, on broyait, tamisait, et on y ajoutait .*
Oxyde brun de euivre.... 50 grammes.
Borax 100 —
Oxyde d’étain,;. 400 —
■ * ’ öii foridait dë nouveau; ori maclait de nouveau a. la pómme dé toffe, Öti lirait éncore dü pot a la pêche et a séc et on rénfournait
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öii temps utilë pour quë lé verrë füt pret poürle commencement dü travail du verre blaric; c’est-è-dire six a sept heures avant Ce commencement: si on renfourne trop tót, que ce verrë rougö söit pret deux ou tröis béurés avant le commencement du travail; la couleur röüge peut disparaitre; il faüdrait le tirer dë nouveau ct le faire réforidre avec une petite dose de tartre ou de copeaux d’étain ét d’öxyde dë euivre.
II arrive assez souvent, quand on travaille le verre rouge, que Ia couleur ne se manifeste pas tout d’abord: on cueille la petite portion de verre rouge qui, en refroidissant, prend üne teinte
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foncéê, puis êtant recouverte de verre blanc; ellé perd sa couleur, et le manchon se travaille comme s’il était entièrement en verre
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VERB.ES ÖE COULEUR. 367
Wane; co ri’ëst qu’a Ia dérnièrë fcbRüffë, c’ëst-Mirë qüünd bh a fini d’allonger Ie manchoh ét qu’il se refröidit, qü’oh vöit la böü- leur se dévelöppër. ; ■
La méthode suivante est celle qüe jé cönéidèfë éöihrii'è Uöhiiaht Ie verre rouge Ie plus régulièrement beau; é’est cellè ijüi ësigénë- ralëmerit ëmplöyée pour doübler le ëristal ët 1H jjöbelëüëiïé en röüge. On fait ünë première ëompösitiön aveë
Sable ... 25
Minium ......... 50
Oxyde dë ciiivrfe. ............ 1,2GÖ
Acide stannique. 5
on la renfourne dans un petit pot; au bout d’ünè héürë, 6n la tra-vaille deux ou trois fois a la pomrne de terre, c’est-a-dire qüe, ftxant une petite pomme de terre au bout d’un petit ferret, on fait deux ou trois fois pónélrer celte pommo de terre jusqu’au fond du pot, puis on tire a Peau. Quand le verre est seCj on le renfourne de nouveau, et au bout de deux heures on le travaille deux ou trois fois a la pomme de terre, et on le tire a Peau. On Ie renfourne une troisième fois, on le travaille aü bout de trois heures deux ou trois fois è. la pomme de terre et on le tire a Peau. Au second tirage a Peau, le verre est d’nn jaune clair; au troisième, il est d’un jaune orange avec quelques parties d’un rouge transparent. Après ce
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troisième tirage a Peau, on ie mélange avec vingt-ciriq parties de
verre blanc compose dans la proportion de :
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Sable 100
Carbonate de potasse. .. 56
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Minium.?. 3
et préalablement fondn; on fond ces vingt-cinq parties de groisil
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dë verre hlahc avec le vérre rouge tiré a Peau, on refond de nou-
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veau en ajöutaht seulement 30 a 40 grammes dé tartre öu de copeaux d’éiain ét on óbtient un beau rouge.
j’ai essayé de ïairé du verre rouge en n’employant qüe du. groisii de verre vert, que je savais coloré par 1’oxyde dë euivre et 1’oxydé de fer. j’ai fait une composition de :
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J’ai pris cent parlies de cette composition, j’y ai ajoulé 30 kil. degroïsil vert, on a fondn tiré a beau et refondn en ajoutanl 60 grammes de tartre, et j’ai obtenu de beaux verres rouges; mais toutefois ce procédé n’est pas aussi certain. je n’engagerai pas les verriers a en faire usage.
Tous les rouges precedents ont été fondus a pot couvert, mais on peut faire aussi de beau rouge a pot ouvert. Tous les verres rouges que j’avais faits jusqu’en 1848, élaient fails it pot ouvert, mais je dois dire qu’ils n’ótaient pas d’une teinte aussi réguliè- rement belle que ceux ci-dessus. Je n’ótais pas non plus arrivé a une réussite aussi constante. La méthode suivante donne, a pol ouvert, des résultats satisfaisants.
On fait une composition de :
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Carbonate de so tide sec 75
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Oxydes de cuivre el de fer, pré-
parés comme jc Ie dirai ci- aprbs 10
Acide slannique 10
Aussitöt fondu, vous tirez it la poche, a sec, sur une plaque de fonte. Vous pilez ce verre et le passez a un tamis dont les mailles sont d’un centimetre; vous prenez cent parties de ce verre el vous y ajoutez :
Sable 80
Carbonate de soade 50
Cbaux *... 14
Vous renfournez, fondez et tirez a la poche également a see. Vous pilez, tamisez a travers le même tamis, vous prenez cent par¬ties de cette deuxième fonte, vous y ajoutez trente-cinq parties de sable, vous renfournez pour la troisième fois, fondez et tirez de nou¬veau a sec; vous pilez, tamisez a travers un tamis plus serré de 4 & 5 millimètres. C’est lè le verre qui, ótant renfournéen temps op- portun pour être prêt avec le verre blanc, produit le rouge. Ce verre rouge est beau sans doute et surtout d’une teinte régulière, mais sa teinte n’est pas aussi éclatante que cello de rouges fondus avec le minium.
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Le mélange d'oxyde de cuivre ou de fer qui fait partie do Ia composition ci-dessus, est préparé de Ia manière suivanle; mais toutefois Ia couleur réussirait de méme en employant Poxyde brun dont nöus avons indiqué la preparation.
Vous prenez une feuille de cuivre rouge d’environ 3 milli¬metres d’ópaisseur, vous la découpefc en pelites bandes étroites de différentes longueurs que vous roulez, vous remplissez de ces rouleaux plusieurs pelits creüsets de 20 a 25 centimetres de haut qüe vous percez de trois rangées de trous, pour faci- ,
liter 1’oxydalion a 1'intérieur, et vous les placez dans un four- neau de réverbère chauffé au rouge avee du coke. Quand Ia calcination a duré environ une heure et demie, vous les re- tirez, laissez refroidir, et tirez Ie cuivre que vous battez au inarteau pour en faire tomber les écailles d’oxyde; vous pulvé- risez ces écailles et les faites passer a un tamis lin, vous obtenez ainsi environ un tiers du poids du cuivre que vous aurez mis a oxyder; vous prenez douze parties de eet oxyde que vous mêlez *
avec douze parties de couperose verte (sulfate de fer), vous prenez alors un autre creuset non percé que vous placez sur un feu doux,
et vousy mettez une petite quantitó de votre mélange, qui entro bientöt en ebullition et qui débordera du creuset si vous en en- fournez trop a la fois; vous remuez constamment avec une tige de fer Tecourbée, et vous ajoutez successivement du mélange, tout en remuant, tant que co mélange est aqueux. Lorsque toule 1’eau est évaporée, que le creuset est suffisamment rempli, vous poussez peu a peu le feu jusqu’a amener le mélange a la chaleur rouge, oü vous l’y maintenez queique temps, puis vous laissez refroidir. Le mélange d’oxydo refroidi doit être alors noir; s’il ne 1’est pas, e’est que la calcination n’a pas cté poussée assez longtemps, et vöus calcinez de nouveau. Vous pilez ensuite, tamisez a un tamis lin (mailles d’un millimetre), et vous obtenez ainsi le mélange d’oxyde a employer pour le verre rouge; .
Je rangerai dans la classe des verres rouges, le verre rose coloré par Tor qui n’est pas d’uh usage fréquent, mais dont on peut tou- -
lefois avoir besoin pour certaines ornementations. Cetle couleur se fait en verre doublé comme le rouge. ,
Pour produire cette couleur, on fond a pot couvert une com-position ordinaire dc cristal, soit :
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Sable, 400
Minium 66,6G
Carbonale de polasse 53,54
On prend :
Crïstal fondu précédemmenU .. 400
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Salpêtre....,,. ...... 3
Précipxté pourpre de Cassius.* 0,25
Antïmonïate de potassè 5
On mélange ensemble d’abord Ie minium, le salpêtre, 1’anti- moine et le pourpre de Cassius, et on mêle ensuite le tout avee le groisil de cristal et en enfourne dansun pot couvert. Le verre qui en résulte paralt d’abord blanc; ce n’est qu’en le réchauffant qu’on lui voit prendre la couleur rouge violel-foncé.
Ce verre se travaille en doublé comme le rouge, et comme il est assez dispendieux, on se garde bien de le cueillir a la canne, car une grande partie serait perdue au mors do canne, mais on lo coule en batons, comme nous I’avons dit pour le bleu doublé.
VERRES DE COUREURS DIVERSES.
Les peintres-verriers demandent en assez grande quantitó des verres légèrement teintós, pour imiter les verres blancs anciens ; s’ils ne les obtiennent pas en verrerie, ils sont obligés de peindro le verre blanc avec une légère couche de couleur, car le verre blanc ordinaire, employé dans un vitrail a cötó du verre de cou¬leur, présenlerait un trop grand contraste, ferait pour ainsidire trou dans le vitrail. Le verre blanc qu’on fabriquait au douzième et au treizième sièele s’harmonisait très-bien avec les verres de couleur
il faut done, pour les imiter, faire ce que 1’on appelle dans le commerce verre blanc antique, que les Anglais appellent verre cathedral# (cathedral glass). On congoit que le verrier qui fabrique de grandes quantités de verres de couleur, n’a pas besoin de co - lorer du verre blanc avec des oxydes mélalliques, pour produire ce verre ancien; il n’a qu’è prendre des groisils de couleur qu’il mêle en petites proportions avec un peu de composition de verre & vilre et beaucoup de groisil de verre & vitre. Il emploie a cet
usage prineipalement les groisils de verre yert et yepre bleu, de verre jaune par le manganese et Ie fer, et aussi les grpisils de la fabrication du verre rouge. Ces derniers étant refondus, n’ajpntent presque pas de teinto au verre ordinaire, maisc’est pours’pn dé- barrasser qu’on les fait entrer dans la composition des blancs antiques. En gónéral, un huitième et un dixièmede groisjlde verre de couleur suffit pour donner une téinte de verre blanc antique; on n’a done qu’a proportionner les divers groisils verts, bleus, jaunes, selon la teinte qu’on désire obtenir, et a laquelle on arrive aisément quand on en a Thabitude.
Les peintres verriers demandent quelquefois, ppjir imiter les anciens vitraux, qu’on leur fournisse des verres de couleur ru- gueux, mal fondus ; mais dans 1’état actuel de la fabrication du verre , il est plus dispendieux d’avoir un tel verre, paree qu’il se travaillerait mal, qu’on en perdrait beaucoup $ le moyen qui m’a le mieux réussi, pour satisfaire a ces demandes, a été de faire du verre galeux, c’est-a-dire d’amener un commencement de devi-trification par 1’addition è. la composition de moitió en sus de la quantitó do craie ou de chaux.
Les fabricants de cartonnages emploient certains verres plats, leis que les verres opales, bleu turquoise, bleu lapis opaje, dont Ja composition est plutöt du domaine des fabricants de crjstal et dont nous aurions pu, en conséquence, différer rindication jus- qu’au moment oü. nous parlerons de cette fabrication, Toutef'ois, comme ces verres sont faits en manchons, étendus dans des fours a étendre qui n’existent pas dans les fabriques de cristal, nous en ferons connaitre ici la composition.
L’opale se compose avec :
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Minium............ .
Potasse .
Os calcines (phosphate de chaux)
. Co verre est transparent quand on le cueille et qu’on com¬mence a le souffler; ce n’estqu’a la première chaufle qu’il s’opa- lise, et plus on ie chaufle, plus il devient opaque; si la proportion d’os calcinés est trop forte, on dépasse 1’effet voulu : le verre, au lieu d’avoir un léger reflet aurore, est d’un blanc mat et devienf semblable a 1’émail blanc.
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372 LIVRE II.—VERRE A VITRE.
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Si, au lieu de cuivre, on ajoute 200 grammes d’oxyde de cobalt, on obtient un bleu lapis opale.
Pour éclairer de nüit les cadrans d’horloge par transparence, on a quelqüefois de Ia glace dépolie, maisces cadrans de glace dépolie paraissent dans le jour assez sombres. D’aulres Ibis, on a applique sur du verre blanc une couche d’éniail blanc qui fait un assez bon effet. On s’est aussi servi do verre opale, mais si 1’opale n’est pas assez mat, il donne une lumière rouge.
La composition suivante:
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donne un émail blanc doux qui, étant travaillé en doublé avec du verre ordinaire transparent, donne un verre mat très-propre & être employé comme cadran d’horloge.
On peut faire aussi du verre blanc opaque, pour cadran, au moyen du fluate de chaux, mais il est moins transparent que celui dont nous avons donne ci-dessus la composition.
VERRE A VITRE SOUFFLÉ EN PLAT.
Ce verre est aussi connu sous le nom de verre d boudine. Les Allemands Pappellent verre en lune (moon-glas),
La fabrication du verre & vitre en plateaux ou en plat qui, au dernier siècle, était laseule pratiquée en France, n’est plus guère connue sur le continent, et peu de verriers même se doutent de la perfection è laquelle sont parvenus les Anglais dans Ia fabri-cation de ce vérre.
Deux causes ont amené cette perfection dans la verrerie an- glaise :
1° Le droit d’excise qui pesait sur la fabrication du vérre;
2° La préférence qu’accorde le consommateur anglais, même avec une très-grande différence de prix, aux veïres de belle qualitó.
La taxe sur le verre a vitro è 1’époque oil existait l’&rme Óutfc qui n’a cessé que depuis une vingtaine d’année, s’élevait è 3 liv. slei'1. 16 sh. par quintal. Le quintal est de 112 livres anglaises, équivalant a 50k,7; cette taxe était done de 1 fr, 90 c. par kilo-gramme, c'est-a-diro plus de quatre fois le prix de vente du verre è vitre en France qui, ainsi que nous 1’avons dit, se vend environ 40 centimes le kilogramme. Cette taxe étant la même sur toules les qualités, et formant plus des deux tiers du prix integral du verre, on conQoit que le fabricant ait dö faire tous ses efforts pour ne la faire supporter qu’a de beaux produits. Et d’autre part on congoit aussi que le consommateur, qui payait Ie verre un prix fort élevé, même dans les choix inférieurs, ait donné la préférence aux beaux choix.
Puisque nous avons parlé de eet impot qui frappait la fabri-cation du verre, qu’il nous soit permis de donner quelques détails sur la manière dont les fabriques étaient exercées.
Les officiers de 1’excise exergaient une surveillance continuölle dans la verrerie; quand la fonte du Verre était terminóe, il fallait qu’ils vinssent jauger les pots avant qu’on commengêt le travail.
Ils venaient les jauger de nouveau quand le travail était terminé;
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ils estimaient ainsi la quantité de verre qui avait dü être sortie de chaque pot. Cette quantité formait la base de la taxe, car on allouait au fabricant ia possibilité d’un déchet au travail de moitié de la quantité de verre sortie du pot; si les plateaux produits pendant le travail ne pesaient pas la moitié de la quantité de - verre qui avait été évaluée devoir être sortie des pols, le fabri¬cant payait le droit sur cette moitié; et si le poids des plateaux dépassait (comme cela devait avoir lieu) la moitié de la quantité de verre jaugée, le fabricant payait la taxe pour tout le poids des plateaux. Ils avaient soin d’ailleurs de s’assurerque tout le produit de la fabrication était soumis a leur controle, et pour cela, quand le travail du soufflage était terminé, Pentrée de 1’arche a recuire des plateaux était grillée, cadenassée et scellée du sceau de 1’IStat. L’officier revenait ouvrir 1’arehe quand la re- cuisson était terminëe et pesait tout le verre qui en sortait. Dans les fabriques de cristal, oü il y avait travail continu du lundi ar
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374 * L1VIIE II, — VERRE A YITRE.
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jeudi, ©t ÖÜ. lés pièCes fabriquées ótaient mises a recuirè dans une arch© & tfrêf Sur dëS chariots qüi arrivaiorit dahs line chambre dile la. chambre de larche, les officiers de 1’excise avaient Ia clé de cëtte chambre öt ön ótait oblige de faire avancer les cha¬riots dans l’arche au moyèh d’un treüil placé dans la halle et qui, paf üiie poiilie de renvoi, allait tirer les chariots.
Cë cöntróle cotttihüël des officiers de 1’excise, 1’impót élevé qüi
©n résultait étaient dé löurdes charges pour le fabricant de verre^
Cttöüteföis eet impötéüófme conslithaiten quelqüë sorte un pri-
Vilégë dont Paboliliön n’a pas été sans laisser dés regrets; on cobgoil, en êffet, qu’üu fabricant qui avait a payer toules leS six semairies une tüxë dont le ttióntant anndel s’élevait pour quel- qUes-uns a plusieurs millions de francs, qu il avait ainsi a dé- boüfsër avant d’avoir regü Ié prix de la venle, devait poSséder üh fort Capital^ et n’avait pas ainsi a craindré la concurrence de
petits fabricants.
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Les officiers dë 1’excise avaiënt aussi è Cönlróler le poids des verres coupés eh carreaüx destines a 1’exportatiön, Car ï’Etat accordait sur les verres ex port és ün drawback supérieur a la taxo perdue U la fabrication, paree qu’önfaisait une allocation pour le déClièt qui devait résülter de Ja division d’utt plateau rond en carrêdüx; ces Verres póur 1’exportation étaient done pesés par rofficiër, emballés sous sa surveillance, puis la caisse scellée du sce&ü de 1’Elat, et ll était tenu compte du drawback sur la récep - tióu dU Cerlificat dë sortie. Öh congoit a qüfel point toutes ces ópéfations de 1’cxcise devaient donner lieu a dés tehtations de fraude, taöt pöür détournerj dans la fabriqüe, du Verre sans le soumettre au droit, qué poür reeëvoir lè drawback sur du vérre non exporté : i’ëlévatiön de la taxe et dü drawback paf consé-quent était ühé hop forte primo a 1’immöralité; aussi, que de caisses eéüséës cönténir du verre füréht jétées a Ia mer quand on était sof ti du port!
L’excise avail prödüit ëii Angletörfe deux résultatS assez op- pösés, savóif: grande perfection des prödüits, resultant, comme nous ï’avons dit, du dróit qui était aussi élevé sur des verres de qüalité inférieure que sur les beilës qualités; grande imper¬fection dés moyeUs de fabrication, parcë que lè fabricant ne pöüvaifc gUèré changer los procédés établis, n’osant pas se livrer è deS essais dont la non-réussile pouvait 1’cxposör S payer
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dus droits élevés sur des produits qui n’auraient pas été d’uno qualité marchande. Si, d’ailleurs, le fabricant désirait introduire une modification qui eüt dü apporter uil changement dans le mode d’exercice des officiers, it ne le pouvait qu’après avoir ob- tenu une autorisalion qui avait a parcourir tousles degrés de la hiërarchie administrative. Et c’est ainsi qüe la fabrication du verre a vitre en manchons ne put pas être établie en Angléterre sans d’assez grandes difficultés, paree que 1’administration eüt voulu que le droit füt établi sur les manchons après Ie soufflage, et que les fabricants voulaient obtenir; et obtinrent en effet, que le verre fut pesé a la sortie des fours a étendre, qui furent en conséquence grillés et cadenassés, comme les arches a recuire du verre en plateaux et du cristal.
Le lecteur nous pardonnera, nous 1’espérons, cette petite di-gression. sur une institution qui a régné si longtemps en Angle- terre, et nous rentröns dans la fabrication du crown-glass ou verre a vitre en plateaux.
La composition du verre en plateaux diffère peu de celle du verre en manchons; il est a remarquer Seulement qu’il est plus important encore que la matière du verre en plateaux soit douce, souple et non raide, autrement Ia boule ne pourrait pas se déve- lopper de manière a former un plateau 5 les bords & peine déve- loppés se briseraient, oumême ils Sé dévélopperaient irréguliere- ment. II faut que le verre ait du corps et en inême temps qu’il ne soit pas sec, comme le seraituno matière dans la composition dela- quelle on aurait fait entrer trop de groisil. Les verriers ont töujours reconnu qu’un verre était d’autant plus doux, et en méme temps avait d^autant plus de corps, qu’il y entrait plus de bases terreusésƒ aussi les vieux praticiens renongaient-ils a regret a 1’emploi des soudes brutes, qui contenaient en effet beaucoup de bases terreuses. Lors de ma première visite en Arigleterre, en 1828, je lémoignai a un fabricant de crown-glass mon étonnement de ce qu’il se ser- vait encore de kelp (soude brute) et de ce qu’il n’employait pas le sulfate de soude. II me répondit qu’il ne 1’emploierait jamais, que le verre fait avec dü sülfate ne pourrait pas s’öüvrir eh pla¬teaux. Et toutefois ce fabricatit employa par la Suite le sülfate; mais ce ne fut qü’après avoir vu son emploi dans la fabrication du verre a vitre en manchons qü’il osa, peu a peu> le sübstiluer au kelp dans la fabrication des plateaux: il est vrai aussi qua
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celte époque régnait Fftzv&e qui, comme nous 1’avons dit, était de nature a óler les tentations de changement. Ce verre fabriqué avee la soude brute, était composé de :
LIVRE II. — VERRE A VITRE.
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Cette composition était frittée dans des arches avant d’êtreren- fournée dans les pots.
La chaux fournit en partie la base terreuse, desideratum des anciens fabricants; mais nous sommes toutefois force de convenir que la chaux ou la craie ne donne pas encore iine matière aussi doucej ayant autant de corps que les vieux verres a base de soude; aussi ajoute-t-on quelquefois dans la composition du verre pour plateaux une petite quantité d’argile.
II convient aussi d’employer un peu plus d’alcali et un peu moins do craie que pour le verre en manchons; ainsi, dans un four qui donnerait un bon verre a manchons dans les propor¬tions de :
Sable 100
Sulfate de soude 37
Charbun en poudre. 1,8
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Manganese 0,5
Arsemc. .■■■»»«•..•■*■...... 0,u
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il conviendrait de composer pour plateaux avec :
Sable 100
Sulfafe de soud^. 40
Cliarbon *. ♦ 2
Craie.... 32
Manganese * 0^5
Arsenic.»«.»««•*••*■«*•»»»• 0,5
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A cette composition on ajoute quelquefois 5 d’argile pilée. On prend do 1’argile pure, exempte de fer, telle que la terre de pipe.
Outre la nécessitó d’avoir un verre soupie qui se developpe facilement, il y a, dans la composition du verre pour plateaux, a éyiter undéfaut qui se présente quelquefois et qui résulte du mar-
VÉMRES EN PLATEAUX. 377
brage du verre aVant de souffler: on comprend que les 8 è 10 kilo¬grammes environ de verre que 1’on cueille au bout de la canne, et qui, quand le plateau est développó, atteignent un diamèlre de 1“S5O etune superficie d'environ lm,75, doivent, pour que la ma- tière soit bien également réparlie sur une telle surface a une épaisseur d’un millimetre et demi è peine , être préparés avec le plus grand soin, pour que, lorsque le soufflage commence, 1’air s’introduise bien exactement au milieu de la masse. Le verrier marbre done pendant assez longtemps son Verre sur une plaque de fonte poliep ce contact prolongé du verre sur le fer amène quelquefois un commencement de devitrification, qui se mani¬feste par une apparence nuageuse ou grasse qui ne s’efface plus. Quand le verrier s’apergoit de eet effet, il n’a, pour le faire cesser, qu’a augmenter un peu, dans sa composition, la pro¬portion du sulfate de soude et a diminuer un peu la quantilé de craie.
Nous ne dirons rien de la fonte de ce Verre ni de son affinage, qui s'opère comme pour Ie verre a vitre; dans cetté fabrication, le four ne sert jamais que pour la fonte, il y a des fours acces-soires pour le travail.
. Les fondeurs ayant terminé Ia fonte du Verre, les tiseurs d’af- finage arrivent et procèdent a 1’affinage du verre. Rien n’égale le soin avec lequel eet affinage est pratique dans les Verreries en plat; les préparatifs du coulage dans les fabriques de glacés peu- vent seuls lui être compares : la halle, tous les abords du four sont balayés, nettoyós avec le plus grand soin, pour éviter les poussières qui pourraient tomber sur Ie verre en travail. Les fours dont on se sert pour la fabrication du verre en plat ou a baudine, Sont de dimensions dont les verriers en France n’ont pas idee: ces fours contiennent huit pots de l“,50 de diamètre du haut; ces fours ont done intérieurement 6 metres de long sur 4m,25 a 4m,50 de large; la grille est divisée en deux parties par un pont au centre, qui a lm,50 de long. La hauteur du four, de la grille a la voute, est de 3m,50. En raison de ces dimensions, si différentes de celles que nous avons relatées, page 250, nous allons dire comment on fait la braise pour 1’affinage du verre,
On marge la grille par 1’intérieur de la tonnelle, au lieu de le faire par-dessous, comme nous 1’avions indiqué ; et pour cela, on emploie environ deux bonnes brouettées de terre glaise pourcha-
que cóté de la grille, pour ótre bien certain qu’il ne s’étabJira pas de courant d’air. L’un des tiseurs tient la queue d’üne pocke en fer a très-long manche* dans laquelle un autre tisêur met le mortier, qüele premier porte sur toutes les parties de la grille, en le battant dans tous les recoins avec le dos de la poche; aussitól le mortier posé, il met sur chaque cóté de la grille environ 4 hecto¬litres de charbon tout venant; uné heure après, quand ce charbon est bien allumé (par le fait seul de la chaleur de la fosse), il met de chaque cóté environ 3 hectolitres et demi’ de charbon en grosses gaillettes ; et* cinq heures après, il met encore de chaque cóté 8.è 10 hectolitres de gailléttes moyennes, et une heure après, il recouvre le tout avec environ 5 hectolitres de chaque cóté de charbon gras fïn. Lorsque la flamme est passée ou du moins qu’elle ne donne plus de fumée, que 1’ensemble de la braise est pour ainst dire è 1’état de distillation, on procédé a 1’écrémage du verre. Cette opération de ia braise dure au moins huit heüres, et consomme 40 hectolitres de charbon, c’est-a-dire tout le charbon qu’exige la fonte entière d’un four de moyenne dimension de France.
Lorsque la braise est terminée* le directeur du four arrive et nè s’éloigue guère pendant toute la durée du travail; il est rare que ce directeur ne soit pas, soit un ancien verrier ayant inspire de la confiance par sa conduite et son habileté, ou un contre- maitre d’un ordre plus élevé, mais capable toulefois de faire lui- même chacune des opérations qui ont lieu dans le travail, et pouvant, en conséquence, s’assurer a tout instant si chacune de ces opérations est faito convenablement. .
On ne se sert pas pour écrémer d’un róble en fer, ainsi qu’on le fait en France. On écrème le verre avec du verre, ce qui est bien plus propre, et ne présente pas le danger des paillettes d’oxyde de fer, et menie de la chute de la palte du rable, qui peut se deta¬cher de la queue et tomber dans le pot, ce qui góte toute une potée de verre (toüs les verriers savent que eet accident n’est pas sans avoir lieu). L’écrémeur se sert done d’un long ferret d’envi- ron 2 mètres a 2m,25* ayant a 1’une des extrémités un manche en hois; l’écrémeur chauffe un peu 1’autre extrémitó du ferret, et prênd en debors du flotteur un peu de verre eomme avec une canne, il le laisse refroidir, puis en recueille un peu plus et 1’a- platit sur un marbre, en attirant une parlie du verre a 1’extrémité
du ferret, qu’il tourne rapidement sur lui-même, de telle sorte que Ia force centrifuge, donnant au verre une forme de T qu’il aplatit sur le marbre, produit ainsi une sorte dé rable que 1’é- crémeur laisse refroidir, et avec lequel il écrème toute la surface intérieure de 1’anneau flötteur. Quand son rêblé faclice est trop chargé de vérre, il en recueille un nouveau en dehors de Fan- neaU flötteur. On écrème ainsi un pot de chaque cöté du four, et on laisse fermés les ouvreaux des autres pots; quand on a travaillé qüelqüe temps sur un pot de chaqüe Cöté, 1’écrémeur en prépare un autre, et dés qu’on s’apergoit qüe les plateaux ont quelque défaut, qU’il y a quelqües bouillons ou quelques fïlandres, on passe au second pot écrémé, on laisse reposer le premier que Fon rebouche, pour lo reprendre un peu plus tard, après 1’avoir de nouveau écrémé.
L’écrémeur est ainsi constamment occupé a écrémer des pots, ou de concert, avec le directeur, a examiner 1’état des plateaux en fabrication, pour vóir s’il y a lieu de changer de pot.
Outre le four de fusion, il y a, dans la halle oü 1’on fabrique Ie verre én plateaux, deux fours de travail pour chacune des deux brigades afférentes è un four a liuit pots; ces fours de travail sont surmontés de leur cöne, et chaque brigade a, en outre, au moins deux et généralement Irois fours de recuisson des plateaux.
Le premier four de travail (fig. 83) a un ouvreau A, d’environ 30 centimetres de diamètre, et un oü- vreau B diamétralement oppose, d*en- viron 75 centimetres de diamètre. Ces deux ouvreaux sont indépendants 1’un de 1’autrè, quoiqué contenus dans la même construction circulaire; ils ont chacun leur grille, de telle sorte que Fuh ne peut jamais portèr préjudice a 1’autre. On commence a chauffer ces ouvreaux liuit a dix heures avant le commencement dü travail, avec du charbon én grosses gaiilettes qu’on jetie
vreau même qui se trouve a environ 80 centimèlres au-dessus de la grille, et toute la capacité intérieure se trouve garnie de char¬bon ardent, quand le travail commence.
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En avant du premier ouvreau, se trouve, monté sur la ma§on- nerie, un crochet, sur lequel 1’ouvrier pose sa canne pour chauffer la paraison dans 1’ouvreau; en avant et a gauche du deuxième ouvreau, so trouveun crochet C pour supporter la canne; mais ce crochet est monté sur une barre horizontale mobile a équerre, de telle sorte qu’après avoir chauffé le verre dans 1’intérieur de 1’ouvreau, le verrier peut, tout en laissant sa canne sur le crochet, lui faire décrire un quart de cercle en dehors, et amener sa canne parallèle a la face de l’ouvrcau, souffler le verre et rentrer dans Pouvroau par une manoeuvre inverse.
Le deuxième four de travail (fig. 84) a un ouvreau D, de
30 centimetres environ, et non pas diamétralement oppose, mais a 90 degrés, le grand ouvreau a dó- velopper E, qui a environ lm,20 de diamètre. Ces deux ouvreaux, comme ceux du premier four, sont independents 1’un de 1’autre. On congoit, du reste, ce qu’un tel ou¬vreau de l>",20 centimetres, tenu constammenl ouvert pendant toute la durée du travail, doit consom- mer de combustible, d’abord pour
1’amener è la temperature convenable, puis pour 1’y maintenir. Cet ouvreau, qui a environ interieurement 2 mètres de large sur l“,20 de profondeur, est chauffé avec d’énormes morceaux do houille, avant et pendant le travail.
La consommalion dn combustible pour la fabrication du verre en plateaux s’élève généralement, en Anglelerre, a la quantité énorme d’une tonne, c’est è-dire 1,000 kilogrammes par crate de crown-glass1, c’est-a-dire par vingt plateaux de 7k,20, soit 144 ki¬logrammes. II s’ensuit que 100 kilogrammes de verre en plateaux sont produits par 700 kilogrammes de houille. Nous ajouterons que ce résultat doit ètre considéré comme une économie par rapport a la consommation de la houille qui avaitlieu ily a vingt- cinq a trente ans, et qui était estimée également a une tonne pour une crate de vingt plateaux ; mais ces plateaux ne portaient alors
que 52 pouces anglais et pesaient 5k,6, co qui faisait 855 kilo-grammes de bouille pour 100 kilogrammes do plateaux. On peut concevoir cette énorme consommation d’après ce quo nous avons dit seulement de Fopération de la braise et de 1’alimentation des fours de travail. II est vrai que le charbon de terre ne revient pas a la plupart des fabricants a plus de 5 francs la tonne en moyenne.
Ce bon marché fabuleux pour le fabricant explique jusqu’a un certain point Ia supériorilé des verres a vilre anglais sous le rap-port de la finesse du verre; mais ne doit-on pas être surpris que le consommateur anglais, qui s’est montré jusqu’a ce jour si dif¬ficile pour la finesse du verre, le poli de la surface, se soit con¬tenté d’un verre aussi foncé en couleur que 1’a toujours été leur verre en plateaux, et que 1’est encore aujourd’hui leur verre a vitre en manchons ?
Après cette digression, qui n’est pas, cenous semble, en dehors de notre sujet, nous allons procéder a la description du travail des verriers, tel qu’il a lieu en Angleterre, avec les divers perfec- tionnements importants qui y ont été apportés depuis vingt-cinq a trente ans.
La canne dont se servent les ouvriers en plat est plus longue que celle des ouvriers en man- chons ; elle a environ lm,90.
Cette canne, dont la figure 85 indique la coupe dans sa longueur, diffère par les deux extrémitós de la canne dont se servent les ouvriers en man¬chons. Nous devons dire, du reste, que cette dif¬ference n’est qu’un résultat d’habitude des ou¬vriers, car on pourrait très-bien souffler un verre en plat avecune canne de verrieren manchons et réciproqnement. La diiïérence de longueur a pour but d’éloigner davantage 1’ouvrier des ou- vreaux: qui, étant d’un grand diamètre, émettent une très-grande chaleür. En raison de ce grand rayonnement de calorique, les ouvriers se ser¬vent d'une mitaine pour se preserver la main , ct d’un êcran ou garde-vue pour garantir leur visage, spécialeinent pendant Fopération de 1’ouverture en plat.
Le cueilleur, prenant une canne ehaufféc, el s’étant bien assure
que son extrómité estpropre, cWrïi-dire qu’il n’y a ni fumée pi parcelles d’oxyde de fer qui pourraient gètcr Ie verre, cueille environ 9 kilogrammes, et va rafraichir sa canne en Ia posant sur un baquet au-dessus duquel est un tube horizontal percé de trous, et correspondent a un réservoir d’eau, et, 1’ayant ainsi rafralchie jusqu’a pouvoir poser sa main a 4ou 5 centimetres du verre, il commence par marbrer son verre sur une plaque de fonte bien polie, d’environ lm,20 de long sur 50 a 60 centimetres de large, fréquemment nettoyée pour ne pas salir le verre. L’ouvrier donne sur ce marbre au verre la forme de la figure 861 ci-contre, qui est celle de deux cönes appliqués base a base. Quand il est parvenu a donner cette forme bien régulière, il fait souffler par le gamin pendant qu’il con¬tinue^ promener le verre sur le marbre, et quand le verre est percé, l’ouvrier, relevant Ia canne, continue A souffler, et commence a former la boudine ou bouton, en roulant sa canne le long du bord oppose du marbre, de manière a inciser le bouton le long d’utoe barre de fer placée horizontalement sur une fosse au-dessous du
marbre. Le souffleur s’occupe ensuite de trancher le verre è. 1’en- droit oh il faudra plus tard le séparer de la canne, soit a environ 6 centimetres de 1’extrémitó de la canne, et, a eet effet, il place sa paraison ou bosse (comme on 1’appelait dans les verreries frangaises) a 1’endroit oü. 1’on veut trancher le verre, entre deux galets tangents, mobiles sur leur axe (fig. 87), et dopt le tour est formé en biseau. Les deux galets trancheut le' verre en.y tragant up sillon circulaire régulier*
Le verre ayant done étó tranche et la boudine indi- quée, la paraison est réchauf- fée dans 1’ouvreau (d’environ
30 centimetres de diamètre) de Ia figure 83, Quand la paraison est bieu cliauffée è fond, 1’ouvrier sort le verre de Fouvreau, le soufflé en appuyant sa canne le long d’une barre de fer posée sur deux supports, et lui donne la forme d’une sorte de poire, comme Findique la figure 88, dans laquelle le verre a encore une assez
grande épaisseur prés de la canne; maïs on souffle 1’extrémité op- posée jusqu’a ce qu’elle devienne, auprès du boutou o u boudine, aussi mince que devra 1’être le plateau quand il sera terminó, car cette partie. en s’aplatissant, ne devra pas se développer. Pendant que le souffleur souffle ainsi son verre pour lui donner cette forme de poire, il appuie la boudine contre une douillecreuse B, fixóe dans Ia direction voulue, ainsi que Findique Ia figure, ce qui lui permet de souffler 1’exlrémitó de la paraison, de manière a Faine- ner a la minceur voulue jusque auprès de la boudine, tout en maintenant de la force a celle-ci, de telle sorte que 1’égalité d’é- paisseur des plateaux arrive jusque tout auprès de la boudine, tandis qu’autrefois ce n’était guère qu’5 partirde 10 a 15 centime¬tres du centre que 1’ópaisseur était réguliere, et de 15 au centre 1’épaisseur allait en augmentant jusqu’è. prés 'de 1 centiipètre, ainsi qu’on peut le voir dans quelques carreaux qui existent en
384 LIVnE II. — YERRE A YITRE.
core dans quelques provinces, surtout en Normandie, oü V&il-de- bosuf ou boudino s’étend sur presque toute ïa surface du carreau. Ce perfectionnement ne date guèrc que d’une trentaine d’années.
Le souffleur ayant ainsï aniené sa paraison au point oü nous 1’a- vons vue, il ya Ia réchauffer dans Ie grand ouvreau du même four (fig. 83), diamétralement opposé au premier. II souffle encore
cetle paraison et la développe è ia gran¬deur voulue, puis, sortant de I’ouvreau en faisant décrire un quart de cercle au crochet, il donne a la canne un mouve¬ment de rotation sur le crochet, ce qui donne a la paraison la forme de la fi¬gure 89. C’est le moment de mfettre Ia paraison au pontil; pour cela, l’ouvrier la pose sur un bloc garni de cendres; un autre ouvrier, qui a pris un peu de verre au bout d’un pontil (tige de fer d’environ 2m,25 de long. ayant un manche en
bois), approche ce pontïl contre Ia boudine oü il s’attache. En même temps, Ie souffleur, trempant dans 1’eau 1’extrémité d’un fer qu’en France on appelait le bion, incise la paraison a 1’en- droit A oü elle a élé tranchëe par les galets, et, donnant un choc a la canne avec ce bion, celle-ci se dótache de la boule è l’endroit
. tranche et incisé, et celte boule ne tient plus alors qu’au pontil avec lequel on 1’enlève. L’ouvrier qui 1’a empontillée présente alors è. 1’ouvreau de 20 centimètres (fig. 84) la portie délachée de la canne qui, étant très-épaisse, a besoin d’être spécialement réchauffée pour que le développement puisse s’opérer régulière- ment; tandis que si on réchauffait tout le verre directement dans lo grand ouvreau a développer, la parlie mince arriverait prompte- ment a la temperature voulue avant que les bords ópais y fussent a beaucoup prés parvenus ; la partie ouverle ayant done été ré¬chauffée au rouge blanc devant 1’ouvreau de 20 centimètres placé è angle droit avec le grand ouvreau, 1’ouvrier empontillfeur vient placer le pontil sur le crochet devant legrand ouvreau, qui a envi¬ron 1 ro,2Ó de diamèire (fig. 84). A ce moment, 1’ouvrier prend On main le pontil, et avance sa pièce dans 1’intérieur de l’ouvreau en tournant le pontil sur le crochet; après avoir ainsi chauffé quelques instants en tournant modérément, la pièce prend la
VEllKES EN PLATEAUX.
forme de la figure ci-contre(90, A). Ace moment, 1’ouvrier, impri- mantplus de rapidité au mouvement du pontil sur Ie crochet, retiro la piece a lui, de ma-
nièrequ’elle se trouve è quel- ques centimètres en avanl de 1’ouvreau; on la voit alors Se dóvelopper lout è coup, de maniére a ne présenter qu’une surface plane, comme la fi¬gure B; il redouble encore la rapidité du mouvement pour assurer la planimétrie du verre. A ce moment, un aide pousse un écran devant 1’ou- vreau, et vient prendre en main le pontil, qui continue
Cette force de rotation est telle que 1’on est généralement obligé, avant de detacher le plateau sur Ia pelote, d’arrêter forcément ce mouvement, et eet aide, tenant son pontil horizontalement, la main gauche du cêté du plateau, garnie d’une sorle de gan- telet , va détacher ce plateau en le renversant sur la pelote, qui n’est autre qu’une petite sole recouverte de cendre, placée au niveau du sol, prés du four a recuire. Lorsque eet aide a posé le plateau sur la pelote, un autre ouvrier vient, avec des ciseaux è longues poïgnées, trancher le verre entre la boudine et le pontil, ce qui les sépare 1’un de Faulre ; le même ouvrier prend alors une longue fourche avec laquelle il enlève le plateau pour le por¬ter dans le four a recuire. Ce four a recuire a une entree, d’envi- ron 2 metres de long sur 40 centimètres de haut, par laquelle on entre le plateau sur la fourche. Les plateaux sont placés debout dans ce four sur deux rangs, et reposent, chaque rangée, sur deux barres suffisamment élevées au-dessüs de la sole pour que le bord du plateau ne puisse 1’atteindre. Les plateaux sont ainsi ern- piles les uns contre les autres; mais, après avoir posé ainsi un certain nombre de plateaux, on introduit dans le four è recuire
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unchevalet {fig, 91) en petites bandes légères de for, que 1'on place en avant du dernier plateau relevé, et contre lequel viennent s’ap-
LIVBE n. — VERRE A VlTRE.
püyer de iiöüveaux plateaux. Ce four arecuire cöntiênt ie prodüit dü travail d’une brigade, c’est-a-dire tous les platëaüx qui ónt été développés au rnême öüvredü, et qui provien- nent des pots d’un cóté dii foür. La brigade qui travaille les pots dü cóté öppösé & égale- ment ses deux petilS fours a öüvreaux.et söh four a recuire. Cë four è' recüirë est ehaUffé avant le travail avec des gaillëttës plaeées êii avant a 1’entrée, et aiiiéné a ld chdlëur rouge, et on le laissé retombér un peu. & la chaleur nécessaire poür recuire, taais pas assez forte pour fairë fléchir les plateaux. Quand le travail est termiiié, il n’est pas né¬cessaire de fermer le fóur qui n’a qü’une Ou¬verture, dans leqüël, ën cönséquence, il n’y
a pas de courani d’air, et dans lequël d’ailleurs les plateaux he s’approcheht pas de plus de 1 mètre de 1’ehtrée; au bóut de deux jours, ön peut comtaehcer a sortir lés plateaux du four a rëcüirö pour les pórter au ihagasin.
Le diametro ordinaire des plateaux dont nöus vehöhs de déeriro la fabricatiön était autrefois de 53 póüces anglais) soit ëhviron 1“,32 a lm,35, et de 12 a 13 livres anglaises, soit environ 5fc,250. On les fait è présent d’uii diamètre de 60 pouces ariglais, soit 1 r“,50 ëtdupöidsdü 16 livres anglaises, soit 7k,200.
Chaqne brigade fait environ 560 plateaux par travail, taais, ën raisön de ld casse, on cötapte Seületaent 550, soit éïiviron 1,100 plateaux póür les deux cótés du four öu les hüit pols, soit environ 140 plateaux par pot, pesant environ 1,000 kilogratataés; On troiivera pëtit-être quö c'est peu poür la production d’aüssi grands pots, taais, d’ühé part, póür obtenir cés 1,000 kilogrammes de travail utile, il a fallu cüëillir environ 1,300 kilogratataés dé vérre, et, d’autre part, ii’oüblióhs pas qüe les Ahglais v'eulent dii beau verre, qüe les quatriètaes choix në se placeraient qüe diffi- ciletaent, et qü’il y a aussi plus d’avanlages poür Ié verrier a laisser au fond dü pot 25 5 30 centimetres de hauteür de Verre oui faciJitent la fobie suivante, qu’a continuer dë soüffler des pla¬teaux d’ün choix inférieur. II ne faudrait pas toüteföis laisser aiïisi péiidant tröp loiigtemps ce verre au fond du pot, il s’appüuv^ait et influerait sur les couches supérieures, en donhant une ten-
dance è la devitrification. De temps én temps; uné fois pér sërnain'è, par exemple, il ést bieri dé iirer é Peau lés forids de pots, jusqu’a 4 öü 5 centimetres pres du fond.
Les fours anglais ne font jamais plus de qüatre fontes ét quatré travaüx do vertes en plateaiix par sémaine, assèz fréquèmment mêtne ils n’ën font qüe trois ; öri döit savoii que, dans les ver- reries anglaises, on ne travaille jamais Ie dimanche, du rnoins on no souffle pas, car il faut bien cependant admetlre Ie travail des fondeurs; on ne peut pas laisser éteindre les fours le dimanche pour les rallumer le lundi.
Si óh admet qualre fontes par semaine dé 4,400 plateaux, les cinquante-deux semaines dónneront 228,800 plateaux, pesant 1,647,360 kilogrammes, et mesurarit prés de 400,000 metres carrés.
Les plateaux sörtis du four a recuire sont portés au inagasin, ou ils sont classes suivant leur choix, mais cette operation est pré- cédée do leur cóüpë én deux piècés, ear on ne les expódie pas dans leur entier; on les met eri harasse par 20 plateaux divisés en 40 pieces dont 20, par conséquent, portent la boudine (que les Anglais nomniént bulleye *). Cette coupe en deux des plateaux ne
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so fait pas par le centre, a cause de la boudine. La section se fait
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a environ 8 centimetres du centre, et le coupeur examine avec attention le plateau póür decider sur queïle ligne il coupera, de maniëre a rapprocher le plus possible de ia ligne les défauts principaux. Le coupeur, après avoir examine le plateau, le pose la
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boudine au-dessüs, sur ühe sorte de tabouret rembourró, du dia- mètre a peii pres du plateau; il pose une régie flexiblé suivant la ligne qu’il ajügée la plus convenable, un gamin tient fixe i’extré- niilé dë la rëglë, dont lë coupeur iient 1’aütre exirómiié de la main gaüche et fait aë la maiü droite le trait de diamant. Nöus avoris dit què la regie devait êtro flexible; eflecti vemen t, les plateaux sortant du lour a recuire sont iégèrement bombés, malgré la pré- eaütion prise d’imprimér un vif mouvement de rbtation au pontil, alors que le dévélóppement est opóró; malgré le soin de rouler uri écran entre 1’ouvreau et lo plateau aussilöt qu’il est développé, la surface du plateau opposée a la boudine, qui a étó impreé- siorinéë la dernière par la chaleür dé ï’oüvréaü, së trouve a une
388 LIVRE II. — VERRE A VITRE.
tgmpéralure supérieure a 1’autre, et conserve ainsi plus long- tetnps sa mallcabilité ; la surface du cótó de la boudine a opéró son retrait et est devenue solide avant la surface opposée è la boudine qui, se trouvant alors arrêtée dans sou retrait, reste su¬périeure en surface et, par conséquent, se bombe, landis que 1’autre devieut concave, ainsi que le représente la figure 92.
Tous lescarreaux que J’ou coupe dans un plateau doivenl êtro places le cölé boinbé en dehors, cela donne au vitrage une meil- leure apparence que si lc cötó concave étail en dehors. Ce qui'est surtout d’un effet désagréable, c’est de placer les carreaux les uns avec le bombé en dehors, les autres avec le concave en dehors; mais, assurénient, ce qui est encore bien supérieur, c’est d’amener ces carreaux a être tout a fait plans; c’est ce que 1’on oblient en raplatissant les carreaux provenant des plateaux ou même la moitié du plateau sur laquelle ne se trouve pas la boudine. Ce sont les demi-plateaux et carreaux do la plus belle qualité aux- quels on fait subir cette opération; a eet effet, on a de grands fours carrés, a voule surbaissée, dont 1’aire, formóe par de grandes pierres plates bien unies, telles que des pierres a étendre les manchons, est chauffée par un foyer en dessous, correspondent avec l’inlérieur par des lunettes ; on range avec soin, sur 1’aire de
ce four, des piles de cinq ou six carreaux de même dimension et des demi-plateaux, le bombé en dessus, de manière a garnir loule cette aire, puis on chauffe jusqü’a la temperature nécessaire pour, non pas amollir, mais simpJement assouplir le verre, jus- qu’a ce que la feuille inférieure de chaque pile et toutes les autres sur cette première devionnent planes; on cesse alors le feu et on bouche le four; quand le four est froid, on retire les feuilles, qui font un vitrage qu’on peut parfaitement prendre pour de Ia glace polie et auquel le verre de manchons ne peut 'certes pas être compare.
La division des plateaux en carreaux exige une certaine habileté que n’önt pas tous les coupeurs : il peut y avoir un quart & un tiers de difference enlre la valeur des carreaux resultant de la division de deux plateaux par deux coupeurs différents; on con-
goit qu’il faut opérer cette division de manière A éviter le plus de déchet possible provenant de la circonférenee; puis, un certain
. nombre de carreaux d’une dimension donnée étant demandés, il faut calculer aussi s*il n’est pas plus avantageux de couper celte quantité de carreaux dans douze ou quinze ou vingt plateaux, ou bien dans un nombre beaucoup plus restreint. Dans ce dernier cas, on aura peut-être produit beaucoup de dóchet, ou bien on aura
des restes qui ne donneront pas des dimensions courantes; tandis
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qu’en opérant sur un grand nombre de plateaux, on aura dé- coupé en même temps des dimensions avantageuses et d’un pla-cement sur.
Ce dcchet resultant de la division d’un cercle en carrés, déchet qui, sous le règne de 1’excise, payaitégalement l’impól, a été une des causes qui ont amené 1’introduction en Angleterre de la fabri-cation des manchons; Ia fabrication des cylindres ronds, ovales et carrés, qui accompagne celle des verres en manchons, a été aussi une cause determinant; puis le vitrage commun se fait plus faeilement en carreaux de verre en manchons qui sont plus plats que les carreaux de crown-glass, qui, étant bombés, ne s’appliquent pas aussi bien en feuillure, et doivent élrc placés sur mastic. Ces plateaux ne peuvent pas non plus fournir des verres forts d’une grande dimension, car on peut bien faire des plaleaux de lm,60 de diamètre dans lesquels on peut couper des carreaux de :
1™,1O sur lm,48 0m,84 sur 0m,60
lm,00 sur 0m,57 0m,€3 sur 0m,63
mais pour avoir ces dimensions, qui sont bien loin de celles qu’on peut atteindre avec des manchons, et d’une épaisseur de 3 a 4 millimetres, il faudrait faire des plateaux d’un poids énorme, et tout le verre en dehors des grandes dimensions serait du verre perdu. '
COMPTABILITÉ D’UNE FABRICATION DE VERRE A V1TRES.
En commengant ce chapitre, nous devons d’abord déclarer qu’en donnant tous les éléments du. calcul du prix de revient du verre a vilre en France, nous n’avons eu en vne aucune position déterminée, nous ne voulons faire le compte d’aucun fabricant;
LTVRE H. —• VERRE A VITRE.
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nous avons sqpposé une yerrerie dans dos conditions moyennes, reïafivement aux dépenses de matières premières et combustibles, ainsi que de main-d'opuvre, et nous arrivons ainsi a un résultat qui ne s’éïoigne pas Ijeaucoup dq la moyenne réelle; cheque fa¬bricant pourra établir les differences en co qui le concerne, etnos calculs pourront servir de cadre pour 1’évaluation du prix de re?
yient dans une localité déterminée.
Nqus supppsons un établissement de trois fours de verre è
vitre tenus coristamment en activité, po qui suppose des halles pour quatre fours; notre supposition de trois fours est basép spr
Féconomie qui résuïte d’une direction et de frais généraux appli- qués a trois fours, qui ne sont pas, a bpaucopp, pyès, typis fois plus dispendicux que pour un soul four. En outre, un spul potier peut enfretenir les pots de trois fours; s’il n’y en ayait qu’un ou même deux, il faudrait Femployer, une partie de son temps, a des travaux do moindre yaleur.; il en est de même de plusieurs autres ouvriers, tels que forgerons, et aussi des employés de bu¬
reau, etc.
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Ces trois fours dopt nqus comppsons notre verrerie, nous lps suppösons chacun de huit pots d® le contenance de 400 ki¬logrammes de verre (ainsi que nous 1’avons déja supppsé page 30 pour Ia conduite de la fonte). Chaque pot dpnne une production nette par chaque fonte de 120 feuilles des me- sures courantes, 69 sur 54, 75 sur 51, pesant 2 kilogrammes, ou 60 feuilles des mesures doublées, 114 sur 69, etc., pesant 4 ki¬logrammes.
Les 8 pots produisent done 960 feuilles de 2 kilogrammes, soit 1,920 kilogrammes.
Nous avons dit, en parlant de la fonte du verre, qu’on pouvait conduire uu four semblable de manière a faire fonte, affinage et travail dans vingt-quatre heures, et avoir ainsi un travail par chaque j our, résultat que nous avons obtenu d’une manière suivie.
Mais, en supposant même que la fonte et lp travail durent vingt-cinq ou vingt-six heures, on peut encore, tout en ne souf- flant pas le dimanche, faire six travaux par semqjne. Nous éta- blirons done nos calculs spr la hasp de ymgt-cinq ifqntes par mois, qui donneront par mois 24,000 feuillps pesant 48,QQOkilo¬grammes.
PRIX DE HEVIENT.
Telle est c|pnc la prodqctiqq sur Iaquel|e neus ellens établfr les
dépenses de toute nature, savoir: ■
1° Les frais de fours et pots;
2® Matïeres premieres, composilions;
5» Combustible;
4° Main-d’ceuvrc de foute;
5° Main-d’oeuvre de soufflage;
6° Frais d’ótendage;
7° Magasin et coupe;
8° Emballage;
9° Menuiscrie, forge;
10° Loyer, impositions;
ll° Dépenses de gestion et direction.
1° Fours et pots. — Dans le livre Icr, chap. in, nous avons précisément établi Ia valeur des pots et des fours dans les condi-tions que nous avons posées.
Nous avons dit qu’un pot de la contenance de 400 kilogrammes reven ai t a 31 francs; ces pots doivent, en moyenne, durer un mois, et par conséquent 3 fours de 8 pots consommeront 24 pots
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par mois. Mais quoique, dans une verrerie bien organisée, on ne
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doive pas avoir de fréquents accidents, nous ferons toutefois une large part a ces accidents, et nous supposerons que dans cette verrerie a trois fours on use 30 pots, précisément ce qu’un pqtier ordinaire peut faire dans ce mois.
Les 30 pots content 930 francs; leur dépense s’applique a trois fois 24,000 feuilles pesant 48,000 kilogrammesqqit a 72,000 feuilles pesant 144,000 kilogrammes de verre, ce qui fait une dépense pour les pots de 0 fr. 646 par 100 kilogrammes.
La dépense d’un four, stinsi que nous 1’avons établie au cha- pitre in du livre Ior, est de 1,440 francs. Ce four dure environ un an, mais admettons qu’il ne dure que dix mois, ce qui ferait pour chaque mois une dépense de. . . ... .... . 144 fr.
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Admettant, en outre, que les reparations qu’on lui fait subir dans le cours de sa durée puissent ótre éva- ' luées pour chaque. mois, a 16 fr.
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ppus avons ainsi une dépense de 160 fr.
par chaque mois pour Ie chapitre du four.-Cette dépense de 160 francs, appliquée a une production de 24,000 feuilles pesant
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392 LIVRE II.—VERRE A VITRE.
48,000 kilogrammes, fait Ia soumie de O fr. 333 par 100 kilo-grammes.
Nous avous donné:
. Pour les pots , Of,646
Tour 1$ four * . . O ,553
Total par 1Ö0 kilogrammes de verre. ör,979
Nous porterons en compte 0 fr. 98 c.
2° Matières premières, compositions. — Nous prenons pour base de nos calculs la composition que nous avons dit être la moyenne de celles généralement emplóyées dans les verreries a vitres? c’esUa-dire:
Sable 100
Sulfate de soude 55 a 40
Charbon en poudre........... 4,5 a 2
Carbonate de chaux .. 25 a 35
Manganese.«.. . 0,5
Arsenic 0,5
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Nous compterons sur 36 de sulfate. Les prix que nous assignons a chacune des matières ci-dessus sont ceux que nous regardons comme pouvant s’appliquer è des localités moyennement favori» sees; ainsi5 nous avons compte è 1 franc les 100 kilogrammes le sable qui, a Fontainebleau, vaut seulement 70 centimes rendu sur le port d’embarquement:
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400 kilogrammes de sable, a 1 franc 1 fr. » c.
36 — de sulfate dc soude, a/15 francs1 4 68
35 — de carbonate de chaux a 2 francs Ö 70
0,5 — ■ de manganese, a 14 francs 0 07
0,5 — arsenic, è 50 francs 0 25
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472 kilogrammes.
Le charbon pile pourraït être mis pour mémoire, car on peut se servir de coke venant du four; néanmoins portons........ 0 05
Total . 6 fr. 75 c.
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Nous avons done 6 fr. 75 c. pour prix de 172 kilogrammes de matières formant la composition; mais nous devons calculer la
1 Nous avons dit, p. 61, que le sulfate de soude se vendait de 12 a 14 francs, nous le porlons a 13 francs : ce prix est encore supérieur & ce qu’il devrait être.
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réduction quc ces matières éprouvent a la foute. Ainsi, 1© sulfate de soude étant compose de 0,438 de soude et 0,562 d’acide sulfu- riguo qui n’entre pas dans la composition du verre, les 36 kilo¬grammes de sulfate se réduisent A 15k,77.
Le carbonate de chaux est composé de 0,56 chaux; 0,44 acide carbonique; les 35 de carbonate de chaux se réduisent done A 19,60. L’arsenic est sublimé pour la plus grande partiè. Ainsi, les 172 kilogrammes se réduisent en nombre rond A 137 kilo-grammes, qui coütent 6 fr. 75 c., soit 4 fr. 93 c. les 100 kilo-grammes.
Nous avons estimé A 120 feuilles de 2 kilogrammes la produc-tion wette de chaque pot. Mais pour avoir net 120 feuilles A vendre, on a du consommer environ en matières premières le poids de 130 feuilles, car: 1° il faut faire une allocation pour le verre qui déborde les pots, soit qu’ils soient trop emplis, soit que la production des gaz soulève la matière; 2° il y a de la casse dans le travail du verrier, casse au fendage des manchons, casse A 1’étendage, casse en portant au magasin, casse en coupant le verre. Tous ces groisils ne sont pas perdus, ils rentrent dans les compositions, mais toutefois avec un déchet qu’on peut bien évatuer A 5 pour 100, et c'est pourquoi nous croyons devoir compter, pour la production nette de 120 feuilles, 1’emploi de la matière nécessaire pour 130, soit 260 kilogrammes de composi¬tion a 4 fr. 93 c., soit 12 fr. 74 c.
Les 120 feuilles ou 240 kilogrammes coütent done 12 fr. 74 c., ce qui fait 5 fr. 30 c. pour 100 kilogrammes; mais a cette somme
de 5 fr. 30 c.
il faut ajouter les frais relatifs A trois hommes occu- pés A faire les compositions pour les trois fours, ci, trois hommes payés A 90 francs par mois. 270 fr. les frais de broyage des matières premières,
estimés. 170 »
Total. .... 440 fr.
Ces frais appliqués A la production de72,000 feuilles ou de 144,000 kilogrammes, font pour 100 kilo¬grammes la somme de » 30
Les 100 kilogrammes de verre a vitre a livrer au commerce content done pour la matière 5 fr. 60 c.
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394 1IVRE II. — VEHHE A VITRE.
JJ? Co^bitsf ible. — Npus supposerpns Ia verrerie située dans des cpqdihpns moyennps par rapport a la hondje, et payant ce com¬bustible araispu de 20 francs'la tonne rendue è Ia verrerie.
La foute et raffinage d’un four & 8 pots de 120 feuilles peuvent ejïectuéps ayee 4>5QP kilogrammes de phapbon pour 1,920 kilogrammes dp verre travaillé, ou pour 100 kilogrammes de verre. Charbon 235küpgr.
On peut évaluer k 700 kilogrammes le charbon
npcessajrp pour lp trayail du soufflage, soit pour
100 kilogrammes de verre Charbon 42 —
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Qn peut évaluer a J,2Q0 kilogrammes la quantité de charbon nécessaire pour étendre 960 feuilles de verre (ce charbon est briïlé dans certains fours k
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l’état de coke), ce qui pour 100 kilogrammes de
verre fait Charbon 63 —
Total 340kilogr.
La dépenso en combustible est done de 340 Idlogrammes de charbon qui, a 2 francs, font 6 fr. 80 c.
4? Main-d’ceuvre de fctnfe, — Nous, avons dit, a Partiele de la fonte du verre, que 1’équipe de fonte se composait d’un chef fon- deur qui est en même temps tiseur, d'un fjeuxièpie liseur et de deux manoeuvres.
Nous compterons:
Pour le fondeup, psir fontfi. .................... 4 fr. 50 c.
Pour le deuxième tiseur 5 75
Deux manoeuvres, & 2 fr. 50 c. chacuïi 5 »
Le tiseur de travail - 5 75
Total pour 1,920 kilogrammes de verre. 17 fr. » c.
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Soit par 100 kilogrammes de verre, 88 centimes.
5° Main-d'aiuvre de souf^age. —Pendant un temps très-long, tant que les ouvriers verriers ont pu maintenir le privilege qu’iis s’étaient arrogó de concentrer pxclusivement dans leur descen¬dance made le soufflage des manchons, le prjx du soufflage des mesures courantes 69 sur 54, etc., avait été ipvariablement de 10 centimes, ce qui, pour un travail de 120 feuillqs, faisait 1^ somme de 12 francs pour un travail yépété vingt-cinq fois dans le mois. Depuis que les verreries beiges ont fait des apprentis qui n’étaient
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pas du song, et qu’è leur suite quelques verreries frangaises ont aqssi fprmó cj’autres £lèves, Je prjx des mesures courantes a varié spirant les localités: il a été de 9, de 8 et même de 7 een-
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times, Toutefois, en raison do ce quo les 12Q fpuilles portées par nous comme produit net ont dü provenu* d’au moins 125 fpuilles payees au souffleur, nous porterpns en dépense seulement 120 feuil¬les a 10 centimes, soit 12 francs. Ce prix comprend lp salaire du gamin; nous avons done 12 francs pour 240 kilogrammes de verre, soit 5 francs par 100 kilogrammes de verre. Ce prix peut comprendre les primes que, dans certaines verreries, on alloue aux souffleurs pour des quantitps prpportionnelles de premier et de deuxième choix.
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Nous aurions pu donner ici un tarif complet de la main-d’oeuvre des verriers souffleurs, mais ce tarif varie dp verrerie a verrerie ; les prix sont le plus souvent fixés de gré a gré entre le maltre dp verrerie et le souffleur : ils dépendent de 1’habileté de 1’ouyrier; dp la quantilé de grandps mesures qu’on peut avoir a squffler dans la verrerie, car il ne s’agit ici que des mesures au-dessus des mesures courantes, simples ou doublées, en verre ordinaire dp 1 et d,emi a 2 millimetres d’épaisseur. Il nous suflira de donner quelques indications générales: ainsi, le verre double, c’est-è-dire de 3 a 4 millimetres d’épaisseur, se paye dans les mesures courantes le double du verre de force ordinaire, soit de 16 è 20 centimes.
Pour les mesures en verre simple ou double dépassant I<fs mesures ordinaires, on convient avee le souffleur qu’il sera payé 13, ou 15, ou 18 francs pour sajournée, siiivant la grandeur des mesures, è la condition de vider son pot a 1’égal <ies, souffleurs pour les mesures ‘ordinaires, cela dans le cas ou cliaque ouvripr a un pot qui lui est eyclusivement affecté; si le nombre des pots ne correspond pas au nombre d’puvriers, que ceux-ci souffleut sur un four de travail, on estime les feuilles è souffler d’après leur surface, et, par conséquent, leur ppids, de<nanièrea calculer la quantité que le souffleur peut faire de ces mesures pour pro- duire la même quantité en surface et en poids que les ouvriers qui font les mesures courantes, et on en base Ie prix dp manière è produire pour 1’ouvrier que journée de 13,15, 18 francs, suivant la grandeur des mesures, la force et 1’habileté nécessaires pour les bien faire.
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Il arrive souvent que dans uue verrerie pia il n’y a qu'un pu
396 LIVRE II. — VERRE A VITRE.
deux verriers soufflant les grandes mesures, on les paye a un prix fixe par journée, ou même par mois; ce prix va de 350 è 450 et quelquefois même jusqu’h 500 francs par mois. Cetle méthode öst très-vicieuse: 1’ouvrier n’est plus stimulé & produire le plus possible, et, quelque consciencieux qu’il puisse être, il ne larde pas a se relêcher et a ne produire qu’un minimum.
Nous avons donné un apergu des prix payés aux souffleurs de verre a vitre; mais il est entendu que ces prix sont pour des manchons soigneusement faits : si 1’ouvrier a négligé d’écrémer sön verre (dans le cas oü c’est lui qui est chargé de ce soin), s’iï se rencontre dans des manchons de larges bouillons de cueillage, des bouillons do canne provenant du cueillage fait avec une canne malpropre, trop chaude, ces manchons ne doivent pas être payés a 1’ouvrier, pas plus que ceux qui seraient soufflés d’inégalo épais- seur; mais il doit se rencontrer peu de ces derniers; un ouvrier qui ne souffle pas le verre d’égale épaisseur, dont les manchons ne sont pas réguliers, doit être congédié, et renoncer a 1’état de verrier. Quelque bas prix qu’on Ie pay&t, ce serait toujours beau- coup trop cher, car il y aurait chaque jour a réaliser sur le produit
dé son travail une perte énorme: casse au fendage, casse a l’é- tendage, et mauvais verre en magasin.
6° Fr ais d'étendage. — Nous avons déja évaluó les dépenses du chauffage des fours a étendre, que nous avons comprises dans Tarticle combustible, il nous resle a évaluer la dépense de main- d’ceuvre.
Dans les anciens fours a étendre, un bon ouvrier étendeur pouvait étendre de 35 a 40 feuilles de verre, foree ordinaire des mesures courantes, et non au lagre; mais depuis qu’on a aban- donné eet étendage barbare, et qu’on se sert de fours continus de pierres è. étendre mobiles, avec recuisson sur chariots, la pierre a étendre qui revient du four a refroidir a perdu une partie de sa chaleur; Tétendage va béaucoup moins vite, mais on n’a plus de Verre rayé par le frottement sur la pierre; on ne peut guère étendre par heure que 25 êt 30 feuilles des mesures ordinaires, et en raison des interruptions qui ont lieu lorsque les étendeurs se relayent, quand on tiso, qu’on remet un nouveau chariot de re¬cuisson, il ne faut pas compter plus de 300 feuilles par douze heures, soit 600 par vingt-qualre heures, el 15,000 pour vingt- cinq jours de travail dans le mois.
Ces 600 feuilles sont ó ten dues par deux étendeurs a 140 francs par mois, soit. , 280 francs.
Chaque étendeur a un gamin pour neltoyer les manchons et les enlrer dans la trompe : ces deux gamins k 35 francs par mois, soit 70 a
ÏSn outre, chaque élendeur a un ferrassier pour enlrer, tirer et viderlês chariots de recuisson; nous compterons les deux ferrassiers & 65 francs, soit.. 130 »
480 francs.
11 est convenable, en oulre, de compter les gages d’une équipe de relais pouvant servir pour trois fours a étendre; nous ajouterons done un tiers a la
dépense ci-dessus, soit 160 »
Ce qui fait un total de 640 francs,
pour la main-d’ceuvre d’étendage de 15,000 feuiJies pesant 30,000 kilogrammes, soit 2 fr. 13 c. par 100 kilogrammes.
A cette dépense de main-d’oeuvre il faut ajouter la dépense du materiel. Un four a étendre continu, y compris ses armatures,
peut ótre estinié a environ 2,100 francs,
sans y comprendre les chariots de recuisson, dont
chacun coüte, soit qu’il soit fait en partie en fonte,
en parlip en fer forgé, ou tout en fonte, environ
120 francs. Il faut on compter 12 par four, soit. . 1,440 »
Le chariot qui porte la pierre a étendre coutc aussi. ....... 120 o
Nous ajouterons encore, pour dépense de pierres k étendre et autres menus frais »
Total 3,800 francs.
La dépense première doit entrer dans les comptes d’établisse- ment d’une verrerie, mais un four k étendre n’a qu’une duróe assez limitée, ou, du moi ns, il y a lieu de temps en temps a des reparations; les chariots de recuisson exigent aussi des répara- tions, et nous pensons qu’il y a lieu de compter annuellement le tiers de la dépense totale comme entretieu, en y comprenant les outils, krabb, fourche, soit 1,233 francs, pour une production annuelle de 360,000 kilogrammes, soit par 100 kilogrammes, 34 centimes.
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398 LIVKE II. “—VERRE A VITRE.
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Nóüs avons done póur main-d’oeuvre par 100 kilogrammes
de verre 2 fr. 13 c,
Pour entretiéh des fours a étendre. . » 34
Total; . . . . 2fr. 47 c.
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M'ais il y a de la casse dans Topération de 1’élendage, ét ello est au moins généralementde4 pour 100; dans certains établissenients, on ne peut Pévaluer a moins de 6 pour 100 ; nous prendrons une rliöyénnë de 5 pour 100, en faisant observer que nous avons eu déja égard, a Partiele des. inatiëres premières et du soufflage, au déchet qui a lieu dans tóutë Popération; il ne noüs reste qu’a appliquer les 2 fr. 47 c., ffais d’étendage ci-dessus, a 95 kilo¬grammes de verre au lieu de 100, ce qui portera ié prix des 100 ki¬logrammes a 2 fr. 60 c.
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7° Frais de magasin et de coupe. — II faut, en général, cömpter trois coupeurs de verre par chaque four, dont deux mailres et un apprenti:
Un coupeur chef de magasin, faisant exécüler les cöminandes,
du prix de 140 fr. » c.
Un deuxième coupeur. ...... . 120 »
Un apprenti ; 40 »
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Pour porter le verre de Pélenderie au magasin, puis 5 Pemballage: deux hommes peuvent faire ce travail pour deux fours, nous en compterons done t • un a 75 francs, ci. ....... 75 »
II y a des élablissements ou les coupeurs four- nissent les diamanls, d’autres.oü on les leur fournit: nous prendrons cette dernière supposition, et nous évaluerons a 75 francs par an la dépenso d’achat et de remontage des diamanls, soit par mois. . ; ; : 6 » 25
Total 381 fr. 25 c.
Cette dépèiise S’appliqüé a 48,000 kilogrammes, ce (pi fait 80 centimes paf 100 kilogrammes.
8° Emballage. — Un ëhiballeur pöiit emballer tout lë produit
d’un four, ayant seulement umgamin pour Taider.
PRIX DË REVIENT.
Un emballeur, par mois
$9
120 francs.
Un gamin; i ..... . 40
Pour 48;000 kilogrammes. ........... 160 francs.
Soit par 100 kilogrammes pöur main-d'oeuvre . . 0 fr. 33 C.
Unë caisse pour 100 kilogrammes de verrb eih-
ploié 11 mètres dó volige a 15 centimes. 1 fr. 65 c.
350 grammes de pointes a 60 c. . . » 21
Main-d’osuvre ; . . . »
Foin et paille »
2 26
20
20
Tölal des frais d’emballdge par 100 kilogrammes. 2 fr. 59 c. C/est ici lé lieu de faire remarquer qüe lé verre se> vend göné- ralement franc d’emballage, c’est pourquoi nous avons du faire entrer la caisse dans le prix du verre.
9° Mcnuiserie, forge. — Dans une verrerie a trois fours de verre
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a vitre, il y a du travail constant pour unmenuisier-charpentier,
pour préparer les blocs des venders, les polissoirs, réparer les
chëValets, les portoirs de verre, etc.
La dépense de 'ce niénuisier par móis est dë. . .
1 „
Son travail consiste principalement ëh répara- tions, mais il y a parfóis lieu a rémpïacer; oh peul compter qu’il peut user par mois ün stère de böis <ië travail. . . • . .
Les souffleurs de trois fours peüveüt user piaP mois soixante bloesi, qui peuvènt coutér
Les dépehses accessoires d’öutils, clous, etc.,
140 trail cs.
60
135
peuvent être ëvaluées a. * 15
Un forgeron peut également suffire 5 1’entretien des outils de trois fours, reparation de Cannes, etc.
Nous ne comprenons pas dans son travail les repara¬tions des chariots d’étendage, que nous avons esti- mées d’autre part; un forgeron peut couler
Il peut consommer pour les trois fours, par mois,
140
10Ó kilogrammes de fer a 40 centimes ....... 40
Noils supposerons l’emploi par mois de 2 tonnes de charbon a 20 francs, soit. 40
Total pour 144,000 kilogrammes de verre . ; . soit 40 centimes par 100 kilogrammes de verre. -
570 francs,
1 Bien qufei’empToi des blocseü riiélal cóïhliïébce £ segénéfóiisêri iiöös maintien- drons celte dépense, qui n’estpas beaucoup diminuée parl’emploi des bloes enmélal.
400 LIVRE II. —VEBRE A VIÏBE.
10° Layer, impóts. — On peut évaluer a 180,000 francs la dé- pense nécessaire pour élablir une verrerie a trois fours dans des conditions ordinaires; le loyer do cette verrerie ne doit pas être établi sur le pied d'un intérêt a 5 pour 100, nous ne pensons pas qu’on doive le porter a nioins de 6 pour 100. . . 10,800 francs.
L’impót foncier et la patente peuvent être portés a 1,400 i>
Total de la dópense pour trois fours. .... 12,200 francs.
Cette dépense s’applique a une production de 1,728,000 kilo-grammes de verre, ce qui fait 77 centimes par 100 kilogrammes de verre.
11° Dêpenses de gestion et direction, frais généraux. — Ces dé- penses, pour trois fours, peuvent être évaluées d'après les bases suivantes pour 1’année :
Un directeur
Deux contre-maltres pour les fours de fonte et étenderies, è 1,500 francs . .
Deux commis aux écritures, dont un caissier. .
Un garde-magasin de matières premières. . .
Frais de bureau, ports de lettres
Assurance conlro 1’incendie
Eclairage
Reparations des batiments, toiture, etc . . . .
8,000 francs.
3,000 »
3,600 M 1,500 »
1,200 »
500 »
1,500 »
2,000 »
Total 21,300 francs.
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A ces frais il convient d’ajouler 1’inlérêt d’un capital de roule- ment qui, pour une vente annuelle s’élevant 5 environ 700,000 fr., ne doit pas être moindre de 150,000 francs.
Si done aux 21,300 francs
qui précédent, nous ajoutons 1’intérêt a 5 pour
100 de ce capital, soit 7,500 »
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nous avons un total de frais généraux de. . . . 28,800 francs,
qui, rópartis sur une production de 1,728,000 kilogrammes, font par 100 kilogrammes 1 fr. 67 c.
Rósumant done toutes les dêpenses précédemment énoncées, nous trouvons que 100 kilogrammes de verre a vitre coütent:
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1" Pour les fours et pots. » fr. 98 c.
2° Pour lcs malicres premieres 5 CO
3° Combustible 6 80
4° Main-’d’oeuvrc de fonte » 88
5° Main-d’oeuvrc de soufflage 5 »
6° Frais d’élendage 2 60
7° Magasin, coupe » *80
8° Emballage J 2 59
9° Menuiserie, forge » 40 •
10° Loyer, impositions » 77
Ho Frais généraux, direction, Ioyer des capitaux. i 66
Total 28 fr. 08 c.
Nous avons dit que les mesures courantes, qui pèsent 2 kilo-grammes. avaient une surface moyenne de 0m,4513, cela met le prix du metre superficiel a 1 fr. 244 c., nous mettrons 1 fr. 25 c.
Si nous voulons établir le compte par potéé de verre, la dé- pense devra s’appliquer a une production de 120 feuilles de 2 ki-logrammes, soit 240 kilogrammes. Nousaurons done a multiplier par 2,40 chacune des dépenses, et nous aurons pour la potóe :
1» Fours ét pots 2 fr. 35 c.
2° Maticres premieres 15 44
3° Combustible 16 32
4° Main-d’oeuvre de fonte 2 12
5° Main-d’osuvre de soufflage 12 »
6° Frais d’étendage 6 24
7° Magasin et coupe 1 92
8° Emballage 6 22
9“ Menuiserie, forge. » 96
10° Loyer, impositions 1 84
11° Frais généraux, gestion, etc 3 99
Total 67 fr. 40 c.
Ce prix de 0r,2808 le kilogramme, soit 56c, 16 la feuille de 2 ki¬logrammes, et de 1 fr. 25 c. le metre superficiel, indique le prix de revient sur le lieu de la production, e'est-a-dire au magasin de la verrerie, et comme le verre est généralement vendu franc de port dans les grands centres de consommation ou dans les ports d’embarquement, on ne doit pas compter moins de 2 francs par 100 kilogrammes de ce chef de dépense; puis, les fabricants de verre ont généralement un agent pour la vente de leur verre & qui ils font une remise de 50 centimes è 1 franc par caisse de
»a.,
402
60 feuilles: il faut done augmenterde 2 fr. 50 c. le prix des 100 kilogrammes que nous avons précëdemment (rouvé, ce qui fait 30,58 le prix des 100 kilogrammes; et 1 fr. 35 c. Ie prix du mètre superfieiel.
Si done la vèrrerie a trois fours a 8 pots èt produit 1,728,000
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kilogrammes de verre, la dépense aura dü êlre de 528,422 fr. 40 c.
Si 25 pour 100 de cette production ont été, par le fait de la casse a 1’étenderie ou au magasin, divisés en petits carreaux, soit 432,000 kilogrètriniés, cette qiiantitéi Représentant 86,400 mètres n’aura pas pu être vendue plus de 1 fr. 10 c. le mètre (a raison de 10 francs les 100 pieds carrés anglais pour Fexportation).
86,400 mètres a 1 fr. 10 c... 95,040 fr. » c.
Reste 1,296,000 kilogrammes qui; vendus en mêsures
courantes et au prix net de 75 centimes, soit 57,5 , - .
le kilogramme, font . 486^000 »
Total.. 581,040 fr. » c. La dépense ci-dessus 528,422 40
— »***»M^^
Bénéfice indépendant des intéréts, ...... 52^618 fr, 60 c.
Si les 1,382,400 kilogrammes eti feuilles ont été vendus
sur lè pied de 80 centimes, soit 40 centimes lé kï-
logramme, cela fait une augmentation de. 34,560 »
Et un benefice total de 87,178 fr. 60 c.
Ce bénéfice paralt sans doute brillant, mais noiis devons faire remarquer que nous avons supposé une fabrication régulière, sans accidents; qu’une négligence peut souvent avoir de bien fu- nestes conséquences; un pot cassé par faute d’un tiseur qui aura laissé percér sa grille peut entralner la casse de plusieurs aulres pots, vous aurez perte de matières, absence de production, avec les inêmes frais généraux. 11 faut ensuite ié bénéfice de bien dés journées pour réparer ce désastre.
Si nous divisons le compte d’année que nous avons exposé^ qui représente pour cbacun des trois fours douze fois vingt-ciuq
ou trois cents journées , nous aurons :
Pour produit d’une journée d'un four.. 645 fr. 60 c.
Et pour dépense d'une journée d’un four : 587 44
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Soit en bénéfice.... 58fr.46c.
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PRIX DÉ RÉVIENÏ. 4Ö3
Si nous comptons les mesures ordinaires & 80 centimes, nous avons poür prodüit 688 fr. 64 c., et pour bénéfice 101 fr. 50 c.
Indépendamment des accidents de pots, nous avons les fontes mal conduites, d’oü peut résulter du verre pierreux, dont a peine moilié arrivera au magasin et en choix inférieur. La marge de benefices n’est done pas aussi large qu’on pourrait le croire d’a-
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bord : en verrerie, plus peut-être qu’en aueune autre industrie,
les résultals dependent d’une grande surveillance, d’un zèle et
d’une régularité soutenus de la part des ouvriers, et je me plais,
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du resle, a reconnaltre de nouveau ici qu'il y a peu de classes d’ouvriers dont la conduite et 1’assiduité dans les ateliers soient plus irréprochables.
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Nous allons a présent reprendre les dépenses qui concourent a la production du verre, pour établir la proportion qui existe entre elles, •
De ce compte, précédemment établi, il résulte que la dépense de :
1» Fours et pots entre dans la dépense totale pour 3,49 pour 100.
2° Les matières premières. 49,94 —
3° Le combustible 24,22 —
4° La main-d’osuvre de fonte 5,43 —
5° La main-d’ceuvre de soufflage. 41,81 —
6° Les frais d’éleudage. . 9,26 —
7° La dépense de magasin el de coupe 2,83 —
8° L’emballage 9,25 —
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9° La ménuiserie ct la forge 1,42 —
40° Löyer, impositions. . 2,73 —
11° Dépenses de geslion, direction, loyer des capilaux... 5,92 —
Total 100,00
C’est eu faisant ainsi la decomposition des comptes qu’on peut le mieux apprécier sur quelles spécialités il y auraitlieu de s’ef- forcer dé faire porter des éconömies. Mais que le fabricant se rap-
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pelle sans cesse que ce sont de tristes économtes que celles qui tendënt a diminuer ie salaire dés ouvriers. La véritablè économie consiste dans 1’ordre, dans le bon emploi dés matières premières en veiliant slrictemeni, a ce qu’il ïiy en ait pas de perdues; dans un judicieux enlploi des forces ét de 1’h.abileté dés ouvriers, de ma- nière a obtenir le plus de produit utile d’un salaire déterminé, et enfin sur to ut dans la simplification et le perfectionnement des procédés de fabrication.
COMPARAISON AVEC LE PRIX DE REYIENT EN BELGIQUE.
Nous pouvons dire a priori que le prix de revient du verre a vitre est moindre on Belgique qu‘en France, car la main-d’a?uvre, qui entre pour environ un tiers1 dans le prix du verre, doitêtre a meilleur marché dans un pays oü la plupart des denrées, telles que le sucre, le café, le tabac et autres, qui sont des articles de grande consommation pour les ouvriers, sont è un prix moindre qu’en France; la houille est aussi è meilleur marché en Bel¬gique ; les Verreries beiges se trouvent singulièrement favörisées par leur proximitó des mines de charbon, de sable, de terre réfractaire, de chaux , des fabriques de sülfate de soude. II n’est done pas un seul des éléments de la fabrication du verre & vitre qui ne soit a meilleur marché en Belgique qu’en France.
Nous allons entrer dans quelques détails relatifs a ces diffe¬rences :
Les verreries beiges payent leur terre réfractaire environ 2 francs les 100 kilogrammes rendus a la verrerie; nous avons compté 4 fr. 50 c. pour les verreries de France; cbaque pot, d’a- près cela, ne coölerait en Belgique que 23 fr. 50 c., et même, en raison de la difference de main-d’ceuvre, il conviendrait de le por¬ter a 23 francs seulement; la différence provenant du prixde la terre réfractaire appliquée au four fait aussi pour ce four une dépense de 135 francs par mois au lieu de 160 francs, ce qui, pour 1’ensemble de ce chapitre, fait une dépense par 100 kilo¬grammes de 76 centimes au lieu de 98 centimes.
Matières premières. — Les Beiges payent le sable de 70 5 80 centimes les 100 kilogrammes, le sulfale de soude 12 francs, et, par conséquent, les 172 kilogrammes de composition, que nous avons évaluésa 6 fr. 75 c., ne leur coüteraient guère que 6 fr. 19 c., en sorte que, au lieu de 5 fr. 60 c. pour les matières premières, nous n’avons a porter que 4 fr. 82 c.
Combustible. — Les Beiges payent en moyenne 15 francs la tonne que nous avons portee pour 20 francs; la dépense par 100
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i Nous disons un tiers environ, paree quJen réunissant la main d’ceuvre re-lative au soufüage; a Fétendagej a la foute et aux divers autres chapitres, on ar-rive a peu pres a ce résultat.
kilogrammes de verre est done aü lieu de 6fr. 80 c., de 5 fr. 10 c.
Le chapitre de main-d’ceuvre de fonte devra être diminué de la difference des salaires payés en Belgique et en France, et qu’on peut évaluer en général a 8 pour 100; ainsi, un öuvrier, payé
120 francs en France, n’est guère payé que 110 francs en Belgi¬que, etc. Nous réduirons done cette main-d’ceuvre de 88 centimes a 81 centimes.
II en sera de même de la main-d’oeuvre dü soufflage, qui sera róduite de 5 francs a 4 fr. 60 c.
Les frais d’étendage seront également réduits de 2 fr. 60 c. ff
2 fr. 40 c.
Les frais de magasin et coupe de 80 centimes a 74 centimes.
Les frais d’emballage sont peu différents, a cause du prix dü bois; il y a lieu toutefois de porter 5 pour 100 de moins, a cause de la main-d’ceuvre, soit 2 fr. 46 c. au lieu de 2 fr. 59 c.
La menuiserie et la forge ff 5 pour 100, aussi a cause du bois, soit 37 centimes au lieu de 40 centimes.
La dépense de loyer et impositions doit être moindre, car on peut construire a meilleur marché en Belgique, off la main-d’oeu- vre, les briques et le fer coutent moins qu’en France; nous pen¬sons qu’on doit évaluer a environ 10 pour 100 la difference entre les deux pays, et, en conséquence, les 81 centimes que nous avons portés pour ce chapitre seront réduits a 73 centimes.
Enfin les dépenses de gestion et frais généraux, qu’il convient de dirainuer, comme la main-d’oeuvre, de 8 pour 100 pour ce qui concerne les salaires, doivent être réduites pour ce qui concerne le loyer des capitaux, car il doit falloir un capital de 10 pour 100 moindre environ. Cette dépense se trouve done réduite & 1 fr. 50 c.
Résumons done ces dépenses pour la Belgique, nous trouvons
pour :
» fr. 76 c.
4 82
5 10
» 81
4 60
2 40
» 74
2 46
» . 37
» 73
4 50
Les pots et fours
Matières premières . „
Combustible
Main-d’ceuvre de fonte
Main-d’ceuvre de soufflage...
Étendage
Magasin.
Emballage
Menuiserie, forge
Loyer, impositions
Gestion, frais généraux ,.
Ce quimet le prix du mètre a 1 fr. 08 c., qui eoüte a la verrcrie frangaise 1 fr. 25 c.
II est bien entendu que nous avons suppose des verreries en
France et en Belgique dirigées d’après les mêmes bases de fabri- cation ; c’était le seul mode de compaTaison possible.
Par le traité de commerce entre la France et la Belgique, les verres a vitre beiges, dont nous avons établi la valour par 100 kilo-
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grammes a 24 fr. 29 c., ont a payer, poür entrer en France, un droit d’entrée par 100 kilogrammes de 3 francs, ce qui met Ie prix du verre bêlge entré en France è 27 fr. 29 c.; a quoi il faqt ajouter le prix du transport en France, el comme d’ailleurs, les verreries beiges, dont le grand centre ést a Charleroi, sont très-voisines des verreries du Nord, on peuten conclure que les fabricants de verres a vitre beiges sont placés a peu prés dans les mêmes conditions que les fabricants frangais pour l’alimentation de notre marché,
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et que le traité s’est montré tres-libéral vis-a-vis de la Belgique.
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Comparaison avec les prix de revient en Angleterre. — Nous
allons aussi établir la comparaison avec les verreries de 1’Angle-
terre, mais les conditions de fabrication sont si différentes que > ' ' Ï ; . Ï ‘ , 1 ; ■ - ■ :1117 ' . - ,
nous ferons ressortir les résultats qui pourraient être, plutót que ceux qui sont réellement obtenus.
Sur le chapitre des fours et pots, nous pensons qu’il y aurait a peu pres parilé entre la fabrication frangaise el la fabrication an¬glaise; car si, d’une part, la fabrication anglaise paye générale-
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inent 1’argile a un prix plus bas, les ouyriers, d autre part, sont payés plus cher, ce qui fait a peu pres compensation.
Pour les matières premières, il n’y a pas de notables différcnces. Le sable commun est plus cher en Angleterre que le beau sable en France, car on le paye dans les environs de 15 francs la tonne, ce que nous avons porté a 10 francs. Pour l’équivalent du sable frangais, il faut payer environ 25 francs la tonne.
Le sulfate de soude est beaucoup meilleur marché en Angle¬terre : il ne vaut que 10 francs les 100 kilogrammes.
En résumé, voici le prix auquel revient la composition :
100 kilogrammes de sable, a 25 francs les 1,000 kilogrammes. 2 fr. 50 c.
56 dé sulfate de sonde, a 10 francs les 100 kilogrammes., .. 5 6Ö
55 de carbonate de chaux, a 1 fr, 60 c ;; .; . O 56
0,5 de manganese, a 25 francs 0 12,5
0,5 d’arsenïc, a 30 francs. * . 0 15
Total..." 6 fr. 93 c.
ce qui coute au fabricant francais 6 fr- 75 c.: il y a presque parjté. Le combustible est a un prix infiniment moindre en Angleterre :
H y a des verreries placées daps la proxjmjté des minpa de houille gui ne payeni pas le ckarbon quelles consomnient', lés prepriétairps de la mine s’estiment salisfajts que ces yerreries débarrassent ïps
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abords de Jeurs puits de tout lc charbon lin, ne yendant et n’éx-
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pédiant que le charbon en morceaux et gaillettes; ce charbpn ne coute done que le transport a quelques centaines de patres; d’autres verreries obtiennent leur charbon tout-venant a moins de 3 shillings (soit 3 fr. 75 c.) la tonne, c’est-a-dire les 1,00(3 Kilo-grammes; ce charbon étant un charbon maigre, ces verreries ont besoin d’aeheter, d’autre part, des charbpns gras qu'eljes payent plus cher, mais toutefois le prix naoyen du charbon pour un ver- pier ne dépasse pas 5 a 6 shillings la tonne rendue a la verrerie, soit 7 fr. 50 c. les 1,000 kilogrammes.
Les 340 kilogrammes de charbon que nous ayons comptés pour
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100 kilogrammes de yerre ne copter aient done que 2 fr. 5Ï> p. au lieu de 6 fr. 80 c-
La main-d’ceuvre de fonte ne difïère guère de ce qu’elje pst en France, paree que ces ouvriers sont comparativement payés moins en Angftterre qu’en France.
Les souffleurs ont un saiaire beaucoup plus élpyé en Angïeterre qu’en France; ce sont pour pips de moitié des ouvriers francais et beiges. Un verrier qui gagnerait en France 300 francs par mois, gagne au moins 100 francs par semaihe, soit 430 francs par mois, et ij n’a pas de gamin a payer, mais corifiniè, pér lé'système
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des fours de travail, on peut faire souffler a chaque puyrier une
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plus grande quantité de verre, on peut estimer que eet ouvrier, qui gagnê 430 francs par mois, gagnerait en France au moins 390 a 400 francs pour la raême quantité de verre; oü peut compter
Pour le magasin, il y a lieu d’augmenter la somme que nous avons portée pour ce chap Ure, paree qu’on détaille beaucoup plus le verre dans les verreries anglaises, qui regoivent un bien plus grand nombre de commandes sur mesures déterminées. Nous porterons en consequence 90 centimes, au lieu de 80 centimes pour cette dépense.
L’emballage n’est pas plus cher, les verriers obtenant a très-bas prix les bois qui servent a faire les caisses, et ayant les clous aussi a très-bas prix.
Nous porterons aussi au même taux les dépenses de forge, menuiserie.
Le loyer et les taxes devront être portés a un prix plus élevé, car bien que les constructions ne soient pas en général d’un prix plus élevé, toutefois on peut dire que les verreries sont balies d’une manïère plus substantielle. Nous porterions done 89 au lieu de 81.
Les dépenses de gestion et frais généraux doivent aussi être portées a un taux plus élevé. Nous porterons ainsi pour ce cha- pilre 2 francs au lieu de 1 fr. 66 c.
Résumant done ces chapilres, nous aurons pour le prix de 100 kilogrammes de verre a vitre :
Fours et pots . » fr. 98 c.
Malières premieres . 5 90
Combustible 2 ö5
Maia-d'oeuvre de fonte » 88
Main-dTceuvre de soufflage 5 40
Frais d’étendage . ♦ 2 60
Magasin, coupe. , . » 90
Emballage 2 59
Menuiserie^ forge. ; » 40
Loyer, impositions .. » 89
Fraïs généraux, gestion, direction, etc.« 2 »
Total...... ...» 25 fr. 09 c.
au lieu de 28 fr. 08 c. pour la fabrication frangaise, et 24 fr. 29 é. pour la fabrication beige.
Nous voyons ainsi que le prix de revient pour la verrerie anglaise serait a peu pres pareil au prix de revient beige, et infé¬rieur de plus de 10 pour 100 au prix de France. Le prix du verre anglais en épaisseur ordinaire serait ainsi de 1 fr. 12 c. le metre
süperficiel, ce qui mettrait le prix du pied carré anglais a 10 c. 18, soit a très-peu prés un penny (denier anglais).
Le résultat qüe nous venons d’indiquer est celui que 1’on dédüit
des conditions d’une bonne direction francaise ; mais tel n’est pas
, 1
le résultat obtenu en Angleterre par une direction très-habile aussi sous d’autres rapports.
Ainsi que nous 1’avons fait remarquer, le fabricant anglais s’attache surtout a produire le plus possible de verre des cboix supérieurs, et il y réussit de manière è ne pouvoir être rivalisé sous ce rapport par les verriers de France et de Belgique. Les Beiges envoient d’assez grandes quantités de verre a vitre en Angleterre, mais en deuxième cboix qui équivaut au quatrième anglais; ils prennent bien des comtnandes pour premier cboix, mais d’abord ils n’acceptent ces comtnandes que comme com-plément dans une petite proportion de leur deuxième choix, et ne ï’expédient même pas, ou du moins en très-faibles quantités. Les fabricants beiges conviennent que pour faire du premier choix en plus grande proportion, il leur faudrait changer leur système de fabrication. Dans ce changement, il s’agirait snrtout d’abandonner le four de fonte comme four de traVail; il faudrait des constructions nouvelles, Tensemble de leur fabrication devien- drait plus coüteux, et comme ils n’obtiöndraient pas un prix plus élevé de la grande masse de leur fabrication, qui est pour Impor-tation, ils preferent conserver leur méthode actuelle.
Revenons è. la fabrication anglaise, dont le prix de revient serait, avons-nous dit, de 10 pour 100 au-dessous dü prix en Franco. La. plus grande difference porte sur le combustible; mais aussi, dans eet article de dépense, le fabricant anglais est d’une prodi- galité dont on aurait de la peine a se faire une idéé.
Lorsqu’il s’est agi d'évaluer la dépense en France pour les ma- ticres premières, nous avons dit qu’en raison des divers déchets de fabrication, il fallait, pour obtenir le poids de centvingtfeuilles ou 240 kilogrammes, calculer sur le poids de cent trente feuilles ou 260 kilogrammes, mais on serai t loin de compte en établissant le même calcül pour 1’Angleterre. Tandis que, dans le soufflage du verre en France, le groisil ne s’élève pas aux cinq douzièmesdü poids des manchons, en Angleterre il forme plus des sept douzièmes. Les cueilleurs enverrent leurs cannes souvent sur une longeur de 15 centimetres, au lieu de faire attention a n’éngager qüe 8 a
IiIVO II. — VERRE A VITRE.
10 centimetres de Ja canne dans Ie verre. En France et en Bel- giquo, on paye les souffleurs sur le nombre de leurs manchons après qu’ils spnt fendus. En Angleterre, il y a des fendeurs spé- oiaux, qui cassent beaucoup de verre en Ie fendant au diamant, non pas qqe cette méthode soit mauvajse, maïs paree qu ils ne prennent pas les mêmes précaulions que Ie souffleur qui mest payé que pour les manchons fendus. Il y a ensuite beaucoup de casse dans les étepderies, et si, tqulefois, tous ces groisils étaient soignejisemenj. pecueijlis, comme ils doivent renlrer tous
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lesjours dans les compositions, il pp dpvrait pas résplter üne plus grande quantité de matières premières neuves employées pour la production d’une quantité donnée de verre; mals une partiede ce groisil esf, pprdu. dans les bqjayures des halles et des étenderies. Toutes ces pertes doivent porter au moips au poids de J50 kilo- granimes la quantité de verre nécessaire pour en vendre 12Q. Ce qqi fait qu’en definitive, le verrier anglais dépense plus que le verrier francais, pour les matières premières.
Pour le combustible, les fabricants anglais ont, nous Kayons déja dit, pp luxe de consommation réellement prodigiepx, d’après leur propre ayeu, pour J00 kilogrammes de verre a vitre, ils consom-
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men^ de 600 a 700 kilogrammes de charbon, tandis que nous n’en avous compfé, pour Ia fabrication fraugaise, que S|66 kilogrammes, et ainsi, par le fait, ils fopt, malgrp le bps prix de leur cjiarbou, une dépense en combustible égale a geile du verrier frangais.
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Nous deyons convenir que pour avoir leurs belles qpalités, les verriers anglais doivent prolonger leur foute et leur affinage, et, par conséquent, consomment une pips grande quantité de char¬bon; maïs ce serait leur accorder pne grande marge que d’éva- luer a moitié en sus la quantité de charbon nécessaire pour at- teindre ce yésultat. Il y a done, quant a présent, a peu pres parité enire le prix de revient du verre en manchons, en France et en Angleterre.
Nous craindriops de commettre qpelques errpprs en vqplant dopper un prix exact de revient du verre & vitrq en plateaux, en Angleterre; la malière première est a très-peq de chpse prés dpns les mèmos proportions, par consequent, au meme prix que ppur
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le verre a vitre en manchons. Nous ayonsdit. pour le combustible, que les verriers anglais 1’estimaiept & unetonpe, soit 1,000 kilo¬grammes popr vingt plateaux; soit a 855 kflogramnies de hounle
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MIX DE HEVIENT. 4U
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pour 1ÖÖ kilogrammes de verre, ce qui est encore supérieur è Ja eonsornmation pour le verre a vilre. La main-d’ceuvre ne s’élèye
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pas a un cniffre aussi élevé ; les verriers qui font les plateaux n’ont jamais fait caste, et, par conséquent, cette main-d’ceuvre est reslée dans des conditions ordinaires. Un bon ouvrier de plateaux est payé a raison de 2 shillings 6 pence (3 fr. 10c.) par cent pla¬teaux; les souffleurs le mêrne prix. Les cueilleurs ne sont payés que 1 shilling 6 pence (1 fr. 85 c ) par cent plateaux. Une brigade fait par journée de cinq cents & cinq cent cinquante plateaux; Les premiers ouvriers gagnent 15 fr. 50 c. et les seconds 0 fr. 25 c. par journée; mais il ne se fait jamais plus de qpatre jqqrnées par semaine, et souvent trois. Ces ouvriers gagnent done, au plus, 250 et 150 francs par mois.
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II n y a pas de frais d’étendage, et, en somme, un póids dpnné de plateaux revient un peu meilleur marche que le verre a yitre en manchons; mais il y a perte considérable a la coupe, puisqu’il faut decomposer un cercle eri carrés, avec l’obstacle du centre, qui
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ne peut faire qu’ün petit carreau a employer pour des vitrages
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d étables ou autres lieux semblables.
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Si de 1’Angleterre nous passons a rAllemagne, nous trouvons des conditions de travail tout a fait oppösées; tandis que, dans le
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premier pays, on ést arrivé a se servir de pots qui jaugent plus de 2,000 kilogrammes cl e verre, on trouve encore! eri Allemagrie des verreries dont les póts ne corUiennent pas plus de 90 a 100 ki-logrammes ; et ce sont de grarids póts, dans ce pays^ qui con-
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tiêhnent 160 a 180 kilogrammes* Ce nfest eertes pas la rine con- ditiori de travail a bon marché; mais la main-d’oeüvre, ïes matièrés
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premières, le combustible (généralement le bois), ne sont pas d’un prix élevé, et, én sornme, nous peiïsons, d’après les indications que nous avons pu recueillir, que les prix de revient döivènt éiré cl peu prés ceux de Ia Belgique. Les ouvriers allemands sont ha- biles, les maïtrës de verreries très-ingénièux; qüaricl a ces qualilés ils joindront la volonté d’établir de plus larges bases de fabrica¬tion, leur concurrence devra être bien redoutable pour lés fabric
' . , ' ' - ’’ ' 11 cants de Belgique, d’Angleterre et de France.
Nous finirons ce chapitre par une evaluation du prix de revient des verres de couleur.
Verre bleu. — Nous reportant a Vindication dönnée précédem- ment sur la composition du verre bleu, nous cómmencerons par
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calculer le prix de la composition du verre blanc, qui lui sert de base, savoir:
100 sable, a 1 franc.. .
35 carbonate de soude, a 50 francs
50 carbonate de chaux, a 2 francs
3 nitrate de soude, a 45 francs, ♦....
Ï68~
1 fr. » c.
17 50
0 60
1 55
20 fr, 45 c.
Cette composition revient brute a 12 fr. 18 c. les 100 kilo¬grammes*
Pour faire la composition du verre bleu nous prenons :
75 kilogrammes de la composition précédente, a 12 fr. 18 c,
5 — de carbonate de soude, a 50 francs.
140 — groisil bleu...
180 — groisïl verre blanc, a 5 fr. 90 c.,..
0k,8 d'oxyde de cobalt, a.55 fr. le kilogramme....
400*8
«*■*»«
9 fr, 44 c. 2 50
» »
10 62
44 »
66 fr. 56 c,
Nous n’avons pas donné de valeur au groisil de verre bleu, car le travail de la polée de verre donnera de nouveau A peu prés la même quantité de groisil. Quant au groisil de verre blanc, qui remplace ici de la composition neuve, nous lui avons donné la valeur de la composition de verre blanc.
Le prix de la potée de verre bleu est done de 66 fr. 56 c. — Au lieu de produire cent vingt feuilles comme pour le verre blanc, nous estimerons le produit a quatre-vingt-quatre feuilles seule- ment, paree que le verre dé couleur se fabrique toujours un peu plus épais; qu’il y a un peu plus de casse pendant le travail; enfin, paree qu’il faut laisser plus de marge dans cette fabrica¬tion que dans celle du verre ordinaire. Quant aux autres frais, nous les appliquerons a quatre-vingt-quatre feuilles comme a cent vingt; nous aurons done :
Fours et pots, pour Ia potée
Matières premieres, comme ci-dessus
Combustible
Main-d’ociivre de fonte.
Main-d’ceuvre de soufïlage.
Frais d’étendage
Magasin, coupe
Emballage
Menuiserie, forge «
Loy er, impositions
Frais généraux? gestion. ...... -
Töiab . ..
2 fr. 55 c.
66 56
16 52
2 12
12 »
6 24
4 92
6 24
0
I 96
1 84
5 99
120 fr. 54 c.
J*
Les quatre-vingt-quatre feüilles reviennent a 12Ó fr. 54 c.; ce qui met la feuille a 1 fr. 43 c. Ge qui met le prix dü mètre a 3 fr. 15 c., en épaisseür d’environ 2 millimetres.
II est facile, d’après le compte précédent, de faire le calcul du prix de revient d’un verre bleu dont la couleur serait moins in-
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tense, et qu’on aurait coloré, par exemple, avec 3 a 400 grammes de cobalt au lieu de 800 grammes. .
Nous allons établir le prix du verre bleu doublé.
Nous allons d’abord établir le prix de la composition quo nous avons indiquée, p. 344,
100 kilogrammes de sable, a i franc 1 fr. » c.
90 — de minium, a 65 francs......... 58 50
25 — de carbonate de soude, a 50 francs 12 50
7 fr. 05 c.
182 »
26 88
48 96
6 56
24
48 72
5 84
12 44
1 92
. 5 ‘ 68
“7 98
343 fr. 83 c.
6 — d’oxyde noir de cobalt, a 55 francs 530 »
4Ü IIVKE ri. — VERRE A VITRE.
té prix dé la feuillë reviendra done a fr. 86 c. et le mètre a 6 francs; dans le compte de la dépense rioüs avons porté Veten¬dage et le magasin comme pour tróis pots, eri raisón dés soins plus gréniJs qüë deniande cë verre ët dü temps plus long qu’on y pasSe.
Si riöus suppösóris qüe Cë verre bleu a élé ïondu danë uri pétit four a quatre pots couverts, tel ijüe rióus Vavons décrit, nous
cë petit four, soit par jour :
Pour deux tiseurs, a 4 francs chacun 8 francs.
700 kilogrammes de charbon, a 20 francs.......... 1 14 —
Dépenses de fours, pols et oulils 1 10 —
Total i .......... 32 francs,
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La dépense, pour chacun des quatre pots, est done de 8 francs. Suppösons deux pols enfournés en verre bleu, nous compterons
toulës les dépenses comme Suit:
16 fr. »
182
4 70
26. 88
32 64
4 24
24 »
18 72
; 5
'J 84
12 44
4 92
5 \ 68
7 98
Dépense <iu petit four ....... 16 fr.
Matières premières dü bléu..' ... .L .
Dépense du grand four, fours et pots pour deux..
Matières premières pour deux pots
Combustible pour deux pots..... 32
Main-d’ceuvre de foute pour deux pots.
— dé soufflage....................
Fraïb d’ëtendage pöur tröis pots. 18
Magasin, coupe, pour tröis pots
Emballage, pour deux pots 12
Menuiserie et forge
Loyer, impositions -.................
Frais généraux, gèstion
Prix des 120 feuilles, a peu prés 359 fr. 04 c.
Nous arrivons ainsi A peu prés aii méirie résultat; e’est dire combien il est préférable de faire le verre bleu doublé dans un petit four séparé, ce qui n’entrave pas les opérations du grand four dans lequèl un pot en couleur et surtout en couleur aussi intense ést toujours sujet a danger. Le pót dans TequeJ oil doit enfourner la couleur reste vide une partie de la foute, car il faut a peine six heures pour fondre les 400 kilogrammes de bleu ; le
pot vide sbhffre; puis une distraction peut faire gater une autre
- - . . *
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i Rous porlons un peu élevés les frais de pols paree qu’il y a souvent lieu a changer les pots.
PRIX DE REVIENT.
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de couleur, dans la cónipositioh duqüel eritrë i’pxyde de plooit), est sujet a être saté pai* les parcblles dé charbon bui pëüvent v
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tomb er. Nöus ne saurions done trop ïnstamment conseiller de faire urie partie des verres de couleur ët Surtöut les Verres dou-blés avee 1’adjonetion d*un petit four a pols couverts.
I - I *
Verre violet* ■— La dépense, pour la composition du verre violet indiquée p. 348, seraainsi qü’iisuit:
ï 1 ■. - " * - 1
100 kilogrammes de sable, a 1 franc ............ 1 fr. » c.
50 — decarbonate de soude, a 50 francs. 15
25 —' de craie, a 2 francs 0
5 — de nitrate de soude, a 45 francs...
8 — . . de manganese, a 21 francs........
172 kilogrammes. 20 fr. 45 c.
Cètté composition chute 11 fr. 88 c. les 100 kilogrammes.
Nous meltrons dans.Ie pot: .240 kilogrammes de la composition ci- . dessus (a 11 fr. ,88 c. = 28 fr. 51 c.), ci ;....... 240 kil.
Et 160 kilogrammes de groisil violet de fabrication antérieure, ci. 160 ■— ...
400 kil.
Le prix de la potéè, produisant quatrë-vingt-qüatre fëüillës d’après les bases établies pour le verre bleu, sera de 82.fr. 47 c., ce qui donnera 98 centimes poür le prix Üë la féüillè, et 2 fr. 17 c. pour le prix du metre supërficiel. .
• Si, pour avoir un verre violet.évêque, OM fait la composition indiquée p. 342, le prix de revient sera com me suit:
36 — de carbonate de potasse rafliné, a •
410 francs,. 39 60
10 — de minium, a 65 francs. 6 50
20 — de craie, a 2 francs. »
! - . * * ' r J ' ' ■ - 4Q
5 — de nitrate de potasse, a 90 francs. 4 50
.8 — de manganese, a 21 francs. ..,1... 68.
100 kilogrammes de sable, a 1 franc
1 fr. i> c.
53 fr. 68 c.
I." r- , ' i
Le pot sera. rem,pliavec qn mélange de : 240 kilogrammes de la 4 .composition ci-dessus.(a 29 ƒr. 33 c. = 70 fr. 39 c.), ci. 240.kil.
Ét dé 160 kilogrammes de groisil violet de foute antérleiire, ci.,. 160 —...
400 kil.
Le prix de la potée, produisant quatre-vingt-quatre feuilles d’après les bases précédentes, sera de 124 fr. 40 c>, ce qui mettra la feuille a 1 fr. 48 c,, et le mèlre superüciel a 3 fr. 25 c.
Passons au vert violet doublé fabriqué dans de petits pots cou¬verts d’un four è part, et prenant Ia composition de Ia p. 350.
100 kilogrammes de sable, a 1 franc. 1 fr. » c.
90 — de minium, è 65 francs.......... 58 50
20 — . de carbonate de potasse, a 100 fr.. 20 »
;Ï2 — de nitrate de potasse, a 65 francs.. 7 80
24 — de manganese, a 21 francs 5 04
246 kilogrammes. 92 fr. 54 c.
Les 100 kilogrammes coutent 37 fr. 54 c. Supposons, comme nous 1’avons fait pour le bleu doublé, qu’on remplisse deux petits pols de cette composition, soit avec 100 kilogrammes; on obtien- dra, en y consacrant deux pots du grand four deux fois, soixante feuilles qui coüteront, d’après la même base que pour le verre bleu doublé, 194 fr. 58 c., soit 1 fr. 62 c. la feuille, et 3 fr. 60 c. le metre.
Verre jaune. — La dépense, pour la composition du verre jaune par le manganese et le fer, indiquée p. 351, sera ainsi qu’il suit:
100 kilogrammes de sable, a 1 franc. 1 fr. » c.
52 — de carbonate de soude, £50 francs. 16 »>
52 — de craie, a 2 francs. » 64
6 — de nitrate de soude, a 45 francs... 2 70
22 — de manganese, a 21 francs 4 62
5fc,5 d’oxyde de fer, a 50 francs <... 1 05
195* 5 26 fr. 01 c.
Soit 13 fr. 30 c. les 100 kilogrammes.
On compléte un pot avec : 240 kilogrammes de celle composition (coutant Si fr. 92 c.), ci 240 kil.
Et 160 kilogrammes de groisil jaune anlérieur, ci 160 —
400 kil.
Le prix de Ia potée, produisan.t quatre-vingt-quatre feuilles d’a¬près les bases établies pour les verres bleus et violets, sera de 85 fr. 90 c., ce qui met la feuille a 1 fr. 02 c. et le metre a 2 fr« 24 c.
le verre jaune par le bois, p. 353, coüte ainsi qu’il suit:
100 kilogrammes de sable, a 1 franc 1 fr. » c.
45 — de carbonate de soude, a 50 francs. 22 50
40 — de craie, a 2 francs » 80
4 —* de sciure de bois fralchement
coupé, pour mémoire » »
185 kilogrammes.
Soit 13 fr. 14 c. les 100 kilogrammes.
Pour la potée : 240 kilogrammes (31 fr. 55 c.), ci 240 kil.
Et 160 kilogrammes de groisil pareil, ci 160 —
D’après les bases ci-dessus, la potée de quatre-vingt-quatre feuilles reviendra a 85 fr. 71 c., ce qui met la feuille a 1 fr. 02 c. et le mètre a 2 fr. 26 c.
Verre jaune par I'argent. —- Le prix de revient du mètre super-ficiel de verre ordinaire ayant été établi a 1 fr. 31 c., nous trou- vions quo le verre, resultant de la composition de la page 359, ne peut pas difierer de beaucoup de valeur, mais nous avöns dit que ce verre raffinait diffici lemen t; il est dur a travaillér, le souffleur ne pourra pas en faire la même quantité dans son travail. Nous estimerons a 1 fr. 85 c. le prix du mètre superficiel du verre des¬tine a être teint en jaune par 1’arge nt, ci. . . . lfr.85c.
On peut estimer è 5 grammes la quantité d’argent fin nécessaire pour teindre en jaune 1 mètre de verre, — il en faut réellement environ 7 grammes la première fois qu’on couche la mixture sur le verre; mais nous avoris dit que le médium qu’on brosse après la cuisson conte- nait encore une quantité assez forte d’argent. Nous croyons done, en comptant 5 grammes, être dans le vrai, 5 grammes it 220 francs, font . 1 10
L’ouvrier chargé du travail peut faire dans une jour- née 10 mètres; nous compterons par metre. » 50
Nous compterons les frais de brossage, etc. . . . . » 50
Nous compterons pour les frais d’etendage, par metre. » 25
Total du mètre de verre teint. .... 4fr.20c.
Les frais généraux sont compris dans la valeur que nous ayons assignee au verre è teindre, soil 1 fr. 85 c.; néantnoins, il con-
27
vient de porter une so mine en sus pour cette branche spéciale du travail, puis de faire une allocation pour la casse a 1’étendage et dans la manutention, en sorte qu’on devrait regarder 4 fr. 30 c. a
5 francs comme le prix de revient du metre de verre teint en jaune par Fargent. ce qui met la feuille a 2 fr. 26 c.
Verres veris. — Nous nous contenterons de donner le prix de revient d’un seul des verres verts dont nous avons indiqué la composition, p. 361, paree que les aulres ne différent que par des proportions d’oxydes métalliques.
Prenons done la première, nous avons:
100 kilogrammes de sable, a 1 franc 1 fr. nc.
30 — de carbonate de soude, è 50 francs 15 »
23 — de carbonate de chaux, a 2 francs. 4G
7 — de nitrate de potasse, a 90 francs G 30
6 — d’oxyde de enivre, a 2 francs le kilogramme 12 »
4 — d'oxyde de fer, a 30 francs Ie 100. 1 20
5^5 de bichromate de potasse, a 1 fr, 50 c. Je kiiogr. 5 25
173k,5 41 fr. 21 e.
Cette composition coüte 23 fr. 75 c. les 100 kilogrammes.
On remplira Ie pot avec : 240 kilogrammes de la composition ci-
dessus (a 23 fr. 75 c. = 57 francs), ci , 240 kïl.
Et 160 kilogrammes de groisil du travail précédent, ci 160 —
400 kil.
Le prix de la potóe produisant 84 feuilles, d’après les bases établies a la page 244, sera de 111 fr. 04 c., ce qui mettra le prix de la feuille a 1 fr. 32 c., et le prix du mètre a 2 fr. 93 c.
Pour les verts doublés dont nous avons indiqué la composition, le prix de revient sera comme suit:
100 kilogrammes de sable, a 1 franc .. 1 fr. » c.
90 — de minium, a 65 francs , 58 50
25 — de carbonate de soude, a 50 francs . 12 50
5 — d’oxyde de fer^ a 30 francs 90
2k,4 de bichromate de potasse, a 1 fr. 50 c,... 3 60
0M75 d’oxyde de cobalt, a 55 francs 20 62
221 kilogrammes. 97 fr, 12 c.
Soit, 43 fr. 95 c. les 100 kilogrammes.
Comme pour les autres verres doublés, nous remplissons deux petits pots avec 100 kilogrammes de cette composition, quiservi- ront a travailler deux pots du grand four, et produiront 120 feuilles qui, d’après les bases précédemment élablies, coüteront 204 fr.
Soit, 1 fr. 67 e. Ia feuille, et 3 fr. 70 c. Ie mètre.
Verre rouge. — Nous donnerons les prix de reyient du verre rouge, d’après trois modes de fabrication.
lre Composition de la page 366 :
100 kilogrammes de sable, al franc 1 fr. » c.
90 — de minium, a 65 francs 58 50
32 — de carbonate de polasse, a 110 francs. 35 20
15k,400 d'acide siannique, a 3 fr. 50 c. 53 90
0k,750 d’oxyde de cuivre, a 2 francs 1 50
4k,100 de borate de soude, a 125 francs 5 12
0k,750 d’oxyde de fer, a 30 francs. 25
245 kilogrammes. 155 fr. 45 c.
Soit, 64 francs les 100 kilogrammes.
Deux pols du petit four serout remplis pour 100 kilogrammes de cette composition, et pourront servir a doubler le verre blanc de deux grands pots, qui produiront 120 feuilles qui, d’après les bases établies, coüteront 221 fr. 64 c.,soit 1 fr. 84c. la feuille, et 4 fr. 05 c. le mètre.
2e Composition: .
2p kilogrammes de sable, a 1 franc 0 fr. 25 c.
50 — de minium, a 65 francs 52 50
lk,200 d’oxyde de cuivre, a 2 francs. 2 40
5 d’acidestannique, a 3 fr. 50 c. 10 50
45 fr. 65 c.
Cette composition ayant été fondue trois fois, on y ajoute vingt- cinq parties de verre obtenu de la composition ci-après :
100 kilogrammes de sable, a 1 franc 1 fr. » c.
56 ■— . de carbonate de polasse,a 110 francs. 59 60
1$ — de chaux, a l fr. 50 c 27
5 ’ — de minium, a 65 francs 1 95
157 kilogrammes. 42 fr. 82 c.
Ces 157 kilogrammes se réduisent a la fonte a 145 kilogrammes, mais en raison de quelques déchets au tirage a l’èau, nous comp-
terons seulement 135, qui coutent 42 fr. 82 c., soit 31 fr. 75 c. les
100 kilogrammes. Nous no comptons pas la dépense de la fonte, paree qu’on fond ce verre dans les pelits pols, qui ne sont pas occupés tout le temps de la fonte des grands pots. Les 25 kilo¬grammes coütent done en nombre rond 8 francs; ajoutant ces chiffres a la dépense ci-dessus, nous avons 104 kilogrammes coütant . 53 fr. 65 c.
Il faudra encore y ajouter 30 a 40 grammes de copeaux d’étain ou de tartrate de polasse; on peut done compter, en nombre rond, que le remplissage de deux pelits pots du petit four cofftera 55 francs, au lieu de 64 francs par la première méthode, ce qui est peu différent, et les 120 feuilles coüteront 212 francs au lieu de 221 francs, soit 1 fr. 77 c. la feuille, et 3 fr. 92 c. le mètre.
Nous allons a présent supposer que le verre est fait dans un des pots du grand four par la troisième méthode. On fond d’abord:
100 kilogrammes de sable , 1 fr. » c.
75 — de carbonate de soude, a 50 francs.. 37 50
20 — de chaux, a 1 fr. 50 c 30
10 — d’oxydede cuivre et defer,a 2francs. 20 »
10 — d’acide stannique, a 3 fr. 50 c 35 »
215 kilogrammes. . 95 fr. 80 c.
Ce verre tiré a la poche et pile, vous devez avoir un dóebet d’environ 65 kilogrammes (il y a déja perte de prés de 45 kilogr. sur le carbonate de soude). Les 215 kilogrammes se réduisent done
è 155 kilogrammes, qui coütent. 93 fr. 80 c.
Soit 60 fr. 58 c. les 100 kilogrammes.
Vous prenez pour la deuxième fonte :
100 kilogrammes qui coutent 60 fr. 58 c.
vous ajoutez: 80 — de sable, a 1 franc 0 80
30 — de carbonate de soude, a 50 francs. 15 »
14- — dé chaux; al fr. 50 c 21
224 kilogrammes coulant. 7c fr. 59 c.
Cette deuxième fonte se réduit encore d’environ 34 kilogrammes par déchels et évaporations, et’vous avez ainsi 190 kilogrammes, coulant. 76 fr. 59 c.
Soit, 40 fr. 30 c. les 100 kilogrammes.
On prend de cetle deuxième fonte:
<
WO kilogrammes coulant 40 fr. 50 c.
on ajoulc : 55 — de sable, a J franc. » 35
J55 kilogrammes. 40 fr. 65 c.
C’est le produit de cetle troisiême fonte qui, étant encore dé- fourné? pilé, et renfourné en temps convenable,produit la quanlité de rouge a peu prés équivalente a ce que nous avons enfourné dans deux petits pots, et pouvant, par conséquent, doubler le verre de deux grands pots. Nous alJons done, pour arriver au prix de revient, suivre les bases que nous avons établies pour le prix de revient du verre bleu doublé; maïs nous devons, d’abord pour la composition ci-dessus, porter une dépense additionnelle resultant des frais de défournement, broyage, tamisage, que nous porterons
a 3 fr. 10 c.
La dépense monte alors a 43 fr. 75 c.
Mais on doit compter, en outre, que quand même il n’y aurait pas a exócuter 1’opération du broyage, on ne pourrait pas opérer les quatre fontes pendant la durée de la grande fonte des autres pots. L'opération de ces quatre défournements dérangerait d’ail- leurs la fonte des autres pols; il est done preferable de consacrer un certain nombre de fontes d’un pot è se faire en approvision- nement, et, admettant la supposition, assez pres de la réalité, oil trois fontes consacrées a préparer les matières fourniraient du verre pour neuf journées, soit, une fonte pour trois journées a compter en dépense:
On aura a augmenter la so ra me déja trouvée, soit 43 fr. 75 c.
Des frais de fours et pots pour un tiers. O 78
Combustible — 5 44
ilain-d’ceuvre de fonte. — 71
Forge, etc — % 32
Loyer, impóts — 61
Frais généraux, gestion — 1 . 33
Nous avons done pour dépense de maliëre,....... — 52 fr. 94 c.
Les autres frais, établis d’apres la base que nous
avons indiquée pour lebleu doublé au grand four,
seront de — 161 83
Les cent vingt feuilles couteront ainsi — 214 fr. 77 c.
Chaque feuille coütera done 1 fr. 79 c., et le mètre, en nombre rond, 3 fr. 96 c., ce qui est encore très-peu'différent du verre fabriqué dansles petits pots.
Verre doublé rose coloré par tor, — On fond d’abord le mé¬lange dé;
100 kilogrammes de sable... 4 fr. » c.
66k,66 de minium, a 65 francs 45 55
33k,34 carbonate de potasse, a 410 francs. 56 67
200 kilogrammes. 81 fr, » c.
On défourne ce verre qui, par le fait de la perte de Vacide car- bonique du carbonate de potasse, et d’unc par tie de 1’oxygène de 1’oxyde de plomb, enfin par la perte au défournement, se réduit environ de 25 kilogr., en sorte que 175,kilogr. content 81 francs.
Soit, 46 fr. 30 c. les 100 kilogrammes.
Nous prenons de ce verre:
Cette quantitó étant considérée comme pouvant être employée par deux pots de verre blanc, qui produiront 120 feuilles, la dé- pense pour la production de ces 120 feuilles sera de 616 fr. 15 c., ce qui mettra chaque feuille a 5 fr. 14 c., et le metre a 11 fr. 39 c.
On congoit que le prix peut varier beaucoup suivant Fintehsité de la couleur, qui dépend de la proportion de pourpre de Cassius.
Les verres blancs anciens, ou verres cathèdrales, n’ont pas besoin, avong-nous dit, d’une composition spéciale, ce sont simplement des groisils qui lui donnent la teinte que Ton désire, et leur prix • de revient n’est un peu plus élevé que celui du verre ordinaire que paree qu’on lui donne un peu plus d’épaisseur. Nous pren- drions done pour 84 feuilles la valeur que nous avons trouvée pour 120 feuilles de verre ordinaire, soit, 67 fr. 40 c., ce qui met la feuille a 80 centimes, et le metre a 1 fr. 78 c.
Le verre o pale, composé de:
100 kilogrammes de sable 4 fr. n c.
: 60k,66 de minium, a 65 francs... ....43 \ 33
33k,34 de carbonate de potasse, è 110 francs. 56 67
40 kilogrammes d’os brülés, a 48 francs 4 80
240 kilogrammes. 82 fr. 80 c.
Cette composition coüte 39 fr. 43 c. les 100 kilogrammes, et ne peut se fondre quo dans un four è cristal.il faudrait environ 350 kilogrammes de cette composition valant ainsi 138 fr. » c. 150 kilogrammes de groisil, pour produire la su-
perfïcie de 75 feüilles de verre ordinaire, póür
lesquelles les autres frais, y compris ceux resul¬
tant de la fonte è pots couverts, s'éleveraient en¬
viron è 70 »
Total 208 fr. » c.
Soit 2 fr. 78 c. la feuille et 6 fr. 14 c. Ie mètre.
Le prix du verre blavtc mat doublé sera, d’après les calculs ci- dessous:
100 Kilogrammes de sable, a 1 franc 1 fr. » c.
120 — de minium, a 65 francs 78 »
50 — de carbonate dé potasse, a HÓ francs. 33 »
14 — d’os brülés, a '18 francs 2 52
4 — d'arsenic, a 30 francs... 1 20
4 — de borax, a 125 francs . .. 5 »
9 — d'acide stannique, 5 fr. 50 c.i 51 ' 50
281 kilogrammes. - 152 fr. 22 c.
Soit 54 fr. 20 c. les 100 kilogrammes.
Si nons enfournons deux pet its pots du petit four de cette com-position, soit 100 kilogrammes qui cofiteront. . . 54 fr. 20 c.
nous aürons pour les* frais accessoires pour pro¬
duire 120 feüilles 157 04
Total pour les 120 feüilles. .... 211 fr. 24 c.
Soit 1 fr. 76 c. la feuille et 3 fr. 90 c. Ie mètre. (
Si on ne trouvait pas dans ces proportions la teinte assez mate, il faudrait mettre la couche un peü plus épaisse, et alors il fau¬drait enfoprner trois petits. pols du petit four pour obtenir les 120 feüilles, et alórs, au lieu de 100 kilogrammes, il en faudrait enfourner 150 a 54 fr. 20 c. . . . 81 fr. 30 c.
Les autres frais seront augmentés d’un quart de
la dépense du petit foür, soit. . 8 »
Les frais ci-dessus. . ... . . ......... . 157 04
Prix des 120 feüilles 246 fr. 34 c;
Soit, 2 fr. 05 c. la feuille ét 4 fr. 54 c. le mètre.
Nous allons & présent résumer dans un tableau les prix de re vient de tous les vérres de couleur que nous avons établis ci dessus.
PRIX DE RE VIENT DES VERRES DE COULEUR.
Prix de la feuüle, des dimensions
ordinaires énoncées Prix du metre
page 311* superficiel.
Verre blen.... l*\45c 5f,15c
— bleu doublé . 2 ,86 6 ^35
— violet... . 0/J8 2,17
— violet évêque. ....... *........ 1,48 3.25
violet doublé 1^62 5JG0H
— jaune, par manganese et fer.... 1,02 2,26
— jaune par le bois 4,02 2,26
— jaune teint par 1’argent..*....... 2,26 5,00
— vert 4 ,52 2,93
— vert doublé. 1 ,67 5 ,70
rouge, première méthode 1 ,84 4,05
— rouge, deuxïème méthode 1 ,77 3,92
z
— rouge, troisième méthode 1,79 3,96
— rose par 1’or 5,14 11,39
— ancien, ou ca Ihédrale 0,80 1,78
— opale 2,78 6 ,14
— mat doublé 1,76 3,90
' — mat, plus mat 2,05 4,54
Nous avons établi ces prix de re vient assez rigoureusement et en supposant une constante réussite et sans accidents. On com- prend a quel point le prix de revient peut changer, si on a des potées manquées, ce qui arrive malheureusement trop souvent. Vous avez toujours d’ailleurs, dans la fabrication de^ verres de couleur, des fonds de magasin assez considérables, qui représen- tent un capital dont il convient de tenir compte; enfin, c’est une fabrication qui absorbe beaucoup du temps du maltre de verrerïe, et c’est encore la une consideration qui doit entrer dans la fixation des prix du verre de couleur, qui doivent être tellement au-dessus des prix rigoureux de revient, que peu de maitres de verrerie sont tentés de se livrer a celte fabrication.
Les prix de vente du verre de couleur, en 1867, sont les sui- vants :
Les verres bleus \ se vendent, en verrerie, de 1 fr. 50 c.
— violets ? a 1 fr. 75 c. la feuille, dans les mesures
— jaunes ) ordinaires.
Les verres vert-clair de 2 fr. 25 c. a 2 fr. 75 c.
Les verres vert-foncé de 2 fr. 75 c. a 5 fr. 75 c.
Le verre rouge de 2 fr. GO c. a 5 fr. » c.
Les bleus doublés de 2 fr. 50 c. a 5 fr. » c.
Les violets doublés...... de » »
Ces prix sont de beau coup au-dessus du prix de revient, et les marchands de verre les vendent aux vitriers et peintres sur verre des prix plus élevés encore, et cependant en raison des considera¬tions que nous avons énoncées, des non-valeurs considerables qui résultent de la vente de ces verres de couleur, ces prix sont en definitive très-peu remunérateurs. Les prix que nous avons don¬nés sont pour les verres de force ordinaire; les verres de double force (3 a 4 millimetres) sont payés le double pourles verres non doublés, et 1 franc de plus par feuille pour les verres doublés, bleus, violets, rouges.
221 kilogrammes.
Cette composition revient a 183 francs les 100 kilogrammes. Nous suppóserons d’abord qu’on fait ce Verre dans un des huit pots du four, et qu’on renfourné la quantité nécessaire pour employér deux pots de verre blanc pour le doubler, soit 100 kilogrammes. Nous aurons done trois pots occupés par cette fabrication de bleu doublé et qui ne produiront pas plus de soixante feüilles pour chacun des deux pots de verre blanc, car il faut remarquor qü’il y aura plus de casse que dans le verre bleu non doublé , et qu’il
y aura des feüilles et parties de feüilles a mettre au rebut, paree
*
que la couleur n’aüra pas été également répartie.
Nous établirons done ainsi la dépensö totale :
Fours et pots, pour trois pots
Maiières premières pour le bleu.
— pour deux pots de blanc
GombustibleSj pour trois pots
Main-d’oeuvre de fonte pour trois pots.
— de soufflage
Frais d’étendage pour trois pots
Nagasin et coupe -
Emballage pour deux pots
Nenuiserie, forge, pour deux pots
Lover, impositions, pour deux pots
Frais généraux. pour deux pots
Dépenses pour 120 feüilles
HT* *