Glacés historiques
La meilleure definition que nous puissions donner du mot glace est celle-ci : Plateau de verre dont les surfaces sont planes et paralleles; et bien qu'ii soit d’une grande difficult^, et même mathématiquement presque impossible de produire des plateaux de verre remplïssant rigoureusement cette condition, c’est du moins vers cette perfection que tendent les fabricants de glacés, car Ie principal emploi des glacés étant de faire des miroirs ré- fléchissant les objets avec la plus grande fidêlitë, on comprend que la planimetrie et le parallélisme des surfaces peuvent seuls attêindre ce but.
Les différents auteurs qui se sorit occupés de Phistoïre des in-ventions ont consülté les textes des anciens, et ont conclü, fort a tórt, suivant nous, de ce qu’Homère ne parle pas de miroirs, par exemple, qüand il doiihe la description de la toiletje de Junon, que les miroirs n’ëtaient pas connus de son temps, Cicéron en attribue Pinvention aü premier Esculape; nous ne pensons pas que Gicérön puisse faire autorité en semblablc matière : uné pireuve incontestable de leur antiquité serait le chapilre xxxvur, verset 8, de YExode, oü il Cst dit «qu’ori fonditles miroirs desJ femmes qui servaient è l’êntrée des tabernacles et qu’ón én fit un bassin d’ai- rain avec sa base.» Mais saris s’arrêter aux différents textes, ne
peut-on pas dire avec certitude que, dès 1’origine des sociétés, les hommes durent chercher a produire artificiellement 1’cffet quo leur offrait la nature dans le miroir des eaux, etn’est-il pas évi¬dent que, dès qu’ils travaillèrent et polirent les métaux pour d’autres usages, ils obtinrent ainsi de véritables miroirs, et durent, par conséquent, faire de ces derniers une industrie spéciale ?
Nous avons vu dans Yflistoire générale du verre, livre Ier, que Pline parle de miroirs faits avec Vobsidienne; mais il est constant que le métal fut longtemps presque la seule malière employee pour les miroirs. Outre 1’airain, on employa le fer poli; ceux qui étaient faits a Brindes, et qui passèrent longtemps pour les meilleurs, étaient composes d’airain et d’étain; puis on donna la préférence a ceux qui étaient faits d’argent et qui furent inventés, dit-on, par Praxitèle (non pas le sculpteur), qui était contempo¬rain de Pompée.
L’auteur de 1’Encyclopédie du dix-huitième siècle, sur 1’histoiro des miroirs, dit : « II est d’autant plus étonnant que les anciens n’aient pas connu l’art de rendre le verre propre a conserver Ia representation des objets en appliquant Pétain derrière les glacés, que les progrès de la décoration du verre furent chez eux poussés fort loin..... Nous ignorons le temps oü les anciens commen- cèrent a faire des miroirs de verre, 'nous savons seulement que ce fut des verreries de Sidon que sortirent les premiers miroirs de cette malière.»
Nous ne savons sur quellé autorité s’appuie l’auteur de eet ar-ticle ; nous ne pensons pas que les Phéniciens aient jamais fa- briqué des miroirs de verre élamé, et il nous parait incontestable que cette invention doit être attribuée aux Vénitiens, qui fabri- quèrent les premiers des miroirs en verre soufflés en cylindre, étendus, dégrossis et polis, et ensuite étamés : a une époque oü toutes les aütres verreries ne fabriquaient que des verres blancs assez grossiers, ils produisaient des miroirs d’une assez grande dimension, d’une grande biancheur, d’une remarquable pureté et auxquels le biseautage formait pour ainsi dire un premier cadre, qui était encore relevé par 1’élégance de la forme et de la ciselure du cadre métallique qui le renfermait. Pendant long¬temps, Venise conserva le moriopole du commerce des miroirs; 1’Allemagne fut la première a s’en affranchir. Cette fabrication s’introduisit en Bohème, oü Pon fait encore aujourd’hui les glacés
par Ie même procédé de soufflage. La France fut plus longtemps tributairede Venise; ce ne fut que sous le ministère de Colbert que 1’on commenga a fabriquer des glacés. Des artistes frangais établis a Venise avaient pu prendre une connaissance complete des procédés employés a Murano pour la fabrication des glacés. L’amour de leur pays et la réputation de Colbert les fit rentrer en Franee, avec Ia pensée de 1’enrichir de cette branche brillante de commerce et d’industrie. Le ministre les accueillit favora- blement et les autorisa a.ehoisir le local qu’il s croiraient le plus convenable a leur entreprise. Ces hommes prudents, mais peu éclairés, craignant que les moindres changements dans les posi¬tions relatives des ateliers et des courants d’air n’amenassent des modifications, dans les résultats, explorèrent quelques cötes de Franee et ehoisirent Tourlaville, pres de Cherbourg, ou its crurent reeonnaitre la plus grande analogie de local; ils y fondèrent leur établissement, qui eut un succès complet. On y fabriqua, comme è Venise, des glacés soufflées, et cette industrie fut ainsi acquise a la Franee.
Les Anglais, pour s’affranchir du monopole de Venise, fabri- quèrent des miroirs par un autre procédé, qui consistait a cueillir avec la canne une certaine quantité de verre que 1’ouvrier laissait couler sur le marbre, et qu’il séparait de la canne avec des ci- seaux ; il'aplatissait ensuite ce verre sur le marbre, de manière a former une piece carrée et d’une épaisseur aussi égale que pos¬sible qu’on portait dans le fourneau de recuisson. Ce procédé, que nous pourrions appeler renouvelé des anciens, car nous avons vu au livre II, p. 224 et suivantes, que c’était ainsi qu’avaient été fabriquées les vitres de Pompéi, avait étó pratiqué dans plusieurs verreries en Anglelerre, et, entre autres, è la ver- rerie de Southshields, oü I’on a fabriqué le plus anciennement des miroirs en Angieterre ; mais la difficulty d’arriver a de grandes dimensions par ce moyen y fit peu a peu rononcer.
Il fallait, pour arriver a couler de grandes glacés d’une épais-seur égale, avoir la pensée de retirer du four de verrerie un creu- set de" verre fondu pour le verser sur Ia table; c’est cette concep-tion hardie, qui honore Abraham Thevart, a qui nous sommes
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redevables de cette magnifique industrie. Cet homme de génie sut tellement bien combiner tous les détails de ce nouveau procédé relatif a la sortie du creuset du four, Penlevage du creuset au-
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dessus de la table, le coulage du verre, sou laminage au moyen du rouleau entre deux tringles qui règlent Pépaisseur du verre, enfin.la recuisson dans la carcaise, que loutes ces diverses ope¬rations sont encore exécutées aujourd’hui, a peu de chose prés, comrae elles le furent dans le principe, 'en 1688, dans Ia ma¬nufacture du faubourg Saint-Antoine, a Paris.
Nous devons dire ici que plusieurs auteurs ont récemment attribué a un nommé Lucas de Nehou 1’honneur de 1’inven-
tion du coulage des glacés, se fondant a eet égard sur une
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collection de documents possédés par la compagnie de Saint-
Gobain; mais ces documents mêmes ne nous semblent pas pouvoir enlever cettegloire a Abraham Thévart. En effet, le privilege du roi du 14 décembre 1688, en faveur d’Abraham Thévart, dit .- « Louis, par la grace de Dieu, etc. Notre cher et amé Abraham Thévart nous a représenté que, depuis plusieurs années, il se serait appliqué a rechercher les secrets et rnoyens de faire des glacés d’une beauté et grandeur extraordinaires .. etqu’après plusieurs épreuves, il en aürait enfin découvert le secret, en sorte que, par le moyen des machines qu’il a inventées, il pourrait fabriquer des glaees de 60 a 80 pouces de hauteur et au-dessus sur 35 a 40 et plus de largeur... A ces causes... avons accordé et octroyé, et par ces présentes, signées de notre main, accordons et octroyons audit sieur Thévart, ses liéritiers et ayants cause, de fabjriquer oü bon leur semblera des glacés de 60 pouces de haul sur 40 pouces de large et de toutes autres hauteurs et Jargeurs au-dessus, sans qu’ils puissent en faire au-dessous desdits volumes ni employer en oeuvre, vendre ni débiter, sous prétexte de rupture, des petites
glacés Donné a Versailles, le qualorzième jour de décembre,
1’an de grace 1688, et de notre règne le quarante-sixième.
« Signé : Louis. »
Les priviléges accordés a Abraham Thévart furent plus tard attaqués par plusieurs, et, entre autres, par Lucas de Nehou, ainsi qu’il résulte d’un arrêt du conseil d’État du 15 octobre 1695, rendu en presence du roi, « déboutant les miroitiers, les six corps de marchands, les soldats des Invalides, Pergrin, Benjamin, Lucas de Nehou, sauf a ce dernier a se pourvoir en dommages et inté¬réts en vers Thévart.»
f :
Cet arrêt ne nous semble pas prouver que Lucas de Nehou était le reel inventeur; il nous faudrait un arrêt déclarant que e’est
a tort qu’Abrahéim Théwart s’est dit Finventeur. Allut, qui a écrit 1’article si remarquable : Glacés, dans Y Encyclopédie par ordre de matières, et qui connaissait parfaitement et cette fabrica¬tion et les traditions, ne parle que de Thévart comme étant Pin- yenteur du coulage des glacés.
Bose d’Aulic, qui a été directeur de la glacerie de Saint-Gobain, et qui ne devait ignoror aucune des particularités relatives & 1’ori- gine du coulage des glacés, dit positivement, page 63 de son Mèmoire sur la verrerie, tome Ier de ses oeuvres : Sur la fin du dernier siècle, Abraham Thévart fit une très-belle découverte en fait de verrerie; il trouva le moyen de couler le verre pour les glacés a miroir. Dans son Essai sur Pari de la verrerie, le citoyen Loysel, qui avait eu aussi de haules fonctions a la glacerie de SainU Gobain, dit: «Vingt ans après la fondation de la glacerie de Tourlaville, un artiste fraugais ingénieux, Abraham Thévart, in- venta le coulage des glacés, au moyen duquel il put en fabriquer de pres de trois mètres de hauteur 4. »
Ce n’est que de nos jours que M. Turgan, dans Les grandes usines de France, M. Augustin Cochin, dans son histoire, si intéres¬sante du reste, de la manufacture de Saint-Gobain, ont attribué a Lucas de Nehou le mérite de cette invention, et cependant aucune des pieces de ces auteurs ne nous paraït pouvóir enleyer cette gloire a Abraham Thévart, et contredire ce qui, depuis pres de deux siècles, avait été admis comrne authentique. L’arrêt que nous avons cité, et qui déboute les miroitiers, les six corps mar¬chands, les soldats des Invalides, Pergrin, Benjamin et Lucas Nehou, sauf a ca dernier a se pourvoir en dommages-intérêts envers Thévart, est loin de pouvoir constituer pour nous une prèuve que Lucas de Nehou fut Finventeur du coulage. Ce Lucas de Nehou était yerrier a Tourlaville. Nous comprenons parfaitement qu’Abraham Thévart, plus mecanicien que yerrier, ait pu juger son concours comme utile dans la fabrication des glacés coulées,
1 Nous avons nous-même vu, dans notre jeunesse (en 1818), jin sieur Eévastre, alors plus que septuagénaire, que la Compagnie de Saint-Quérin avait fait veuir de Saint-Gobain quand elle avait voulu fabriquer des glacés coulées. Cet liomrae, dont les premières années n’élaient pas déja fort éloignées de la fondation de Saint-Gobain, ne me paria que d’Abraham Thévart comme inventeur du coulage des glacés : c’élait done alors un fait généralement admis, la tradition était done aussi en sa faveur.
et qu’une contestation ait pu survenir entre eux sur les conditions de sa coopération, et au sujet desquelles il était réservé a Lucas de Nehou de se pourvoir. *
Cette coopération résulte même des pièees justificatives de 1’ou- vrage de M. Augustin Cochin; il y est dit, p. 140 :
« En 1688, les fortunes immenses faites par les intéressés dans la Compagnie des glacés donnèrent de la jalousie a plusieurs gens de finances, qui congurent le désir d’obtenir un pareil établisse¬ment; ils présentèrent une requêle au conseil, par laquelleils de- mandèrent a faire des glacés coulées d’une nouvelle invention et beaucoup plus grandes que celles que faisait faire la Compagnie de Bagneux. Sous ces conditions, ils obtinrent, sous le nom de Thévart, un priviïége pour les grandes glacés ; mais n’ayant ni expérience, ni savoir, ils ne purenl venir a bout de leur entre- prise ét furent prêts a y renoncer honteusement. Prés de tout abandonner, ils s’adressèrent audit Louis-Lucas de Nehou, dont ils connaissaient la capacité; ils le conjurèrent de quitter la manu-facture de Cherbourg, et de les aider de ses soins , 1’assurant de leur reconnaissance et d’un établissement infiniment plus avanta- geux que celui qu’il abandonnait a leur consideration.
Le sieur de Nehou se rendit é leur prière et mit en peu de temps les glacés coulées dans leur perfection; il eut 1’honneur d*en pré¬senter quatre è Sa Majesté, qui les trouva très-belles, et les inté¬ressés convinrent qu’ils devaient A ses soins et a sa lumière la réussite de leur entreprise. »
Quoique eet historique soit présenté sous le jour le plus favo¬rable a Louis-Lucas de Nehou, n’est-il pas de toute évidence que les financiers en question n’auraient pas pu présenter leur requête s’ils ne 1’avaient appuyée sur cette considération des machines inventées par Thêvart pour couler des glaees de 60 è 80 pouces et au-dessus de hauteur ? Comment done peut-on attribuer a Louis- Lucas de Nehou 1’invention du coulage? Et si ces financiers, qui n’étaient sans doute pas des verriers consommes, conjurèrent Lucas de Nehou, si celui-ci se rendit & leursprières et les aida de ses connaissances en verrerie, il n’en est pas moins vrai qu’il n’avait pas coulé de glacés a Tourlaville, qu’un autre habile ver- rier aurait pu être attiré dans l’établissement de cette compagnie de Paris, pour contribuer a la compléte réussite du nouveau procédé.
Tl nous paralt done évident qu’on doit s’en tenir a 1’édit de Louis XIV de 1688, dans lequel Abraham Thévart est seul énoncé comme ay ant recherché pendant plusieurs années et découvert Ie se¬cret du coulage et inventé les machines pour l'exècuter.
L’ancienne compagnie pour les glacés soufflées, celle qui avait étë établie par les soins de Colbert, a Tourlaville , pres de Cher-bourg, no vit pas sans jalousie Ie privilége accordé a Thévart.
II s’éleva entre les deux compagnies plusieurs contestations sur 1’étendue de leur privilége, a cause de 1’intervalle entre la dimension de 45 pouces, terme des plus grandes glacés soufflées, et celle de 60 pouces, a laquelle comnaengait le privilége des glacés coulées. D’ailleurs, ces dernières, tenant a se casser pendant le travail, formaient des glacés de petite dimension, dont les pro- priétaires devaient naturellement désirer pouvoir tirer parli. Ces discussions furent terminées par la reunion dbs deux privileges et des deux compagnies. L’établissement de Tourlaville continua de souffler des glacés qui furent apportées brutes pour être dégros- sies, polies et élamées aParis, oü avait été fondée la fabrique de la compagnie Thévart. Mais bientót les difficultés resultant de 1'approvisionnement et de la chertó du combustible déterminèrent cette compagnie a chercher en province un emplacement plus convenable, et en 1691, les fours de coulage furent établis a Saint- Gobain, d’oü, pendant plus d’un siècle, on continua è expédier les glacés brutes è la manufacture de laruede Reuilly (faubourg Saint-Antoine), pour y être terminées.
Je ne crois pas qu’aucune autre fabrique ait jamais fait type a un degré aussi reniarquable qüe la glacerie de Saint-Gobain, qui a non-seulement servi de modèle a tous les établissements du même genre créés en France ou a 1’étranger par des souveraius ou des compagnies particulières, mais dont aucune ne fut fondée sans le concours d’ouvriers ou de directeurs sortis de Saint-Go- bain. Nous citerons la fabrique de la Granja ou Saint-Ildelonse, en Espagne, créée par le petifc-fils de Louis XIV, qui, mal adminis- trée, ne fabriquant des glacés qu’è de longs intervalles, se bornait au commencement du dix-neuvième siècle a fabriquer quelques articles de gobeleterie et a enfin été vendue il y a quelques an- hées par la eouronne d’Espagne.
Dèsle commencement du dix-huitième siècle, une fabrique de glacés avait été établie a Neuhaus, puis transfórée a Scheymuhl
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par 1’Empereur d’Allemagne; mais, sans doutc par suite de mau- vaise gestion, elle ne put soutenir la concurrence des glacés souf- fiées, et cessa bientöt d’exister.
Une fabrique de glacés avait été fondée a Rouelle, pres de
Langres, quelque temps après respiration du premier privilege de Saint-Gobain : cette fabrique n’eut qu'une assess courte exis¬tence.
La première fabrique de glacés coulées fondée en Angleterre ne 1’a été.qu’en 1773, a Ravenhead, prés de Prescott, dans le Lancashire, par une compagnie qui s’était assuré le concours d’un sieur Delille, de Saint-Gobain.
Cette compagnie a pour raison sociale The British plateglass Company.
A la suite de cette fabrique, se sont etablies la glacerie de Southshields, que nous avons déja cilée comme ayant la pre¬mière fabriqué des miroirs en Angleterre; la glacerie sous la raison sociale London et Manchester plateglass Company, a Sutton, dans le Lancashire, la glacerie de Saint-Helen, sous la raison Union plateglass Worfa, la glacerie de Birmingham, a Smelhivuk, et enfin la glacerie éiablie a Blackwall, prés de Londres, sous la rai¬son Thames plateglass Company.
La Compagnie de Saint-Quirin, qui, ainsi que nous 1’avons vu au livre If, avait renouvele , en France, aü siècle dernier, la fa¬brication des verres a vitre en cylindres, et qui n’avait pas lardé a y joindre la fabrication des glacés soufflées, entreprit au com¬mencement de ce siècle le coulage des glacés avec 1’assistance
d’un contre-mattre de Saint-Gobain L Cet établissement entouré * . J - /
de forêts, riche de ses capitaux et de puissants cours d’eau, ne tarda pas, sous la savante et habile direction de M. Chevandier, è lutter sans désavantage con Ire la fabrique de Saint-Gobain.
La Compagnie de Saint-Quirin, dont le bail emphytéotique de- vait expirèr en 1840, pouvant craindre qu’une autre sociétó ne lui dispulat, a cette époque, 1’élablissement qu’elle avait réelle- mentcréé, avait commence de longue date è former une nouvelle fabrique a Cirey, a peu de distance de Saint-Quirin. Peu a peu elle y transporta loute sa fabrication, de telle sorte que, quand
1 M. Kévastpej que nous avons cite.
vint Fépoque des enchères, en 1840, elle put acquérir , sans con-currence sérieuse, la verrerie de Saint-Quirin, qui fut óleinte.
Les produits des deux glaceries de Saint-Quirin-Cirey ét Saint- Gobain furent, pendant longtemps, vendiis en concurrence, mais une npuyelle glacerie s’étaut élablie & Commenlry-sur-l’Allier, les deux anciennes compagnies, sans s’associer pour la fabrica-tion, réglèrent a J’amiable la vente de leurs produits dans ün dé-pot cpmmun. Bipntot I’etablissement de Commentry, vaincu par la concurrence, cessa de fabriquer et fut mis en vente; les an-ciennes compagnies s’entendirent pour 1’acheter et le reyendirent avep la stipulation expresse de ne pouvoir y fabriquer des glacés.
M. de Violaine, propriétaire de la verrerie a vitre et è bouteilles de Prémontré, pres de Saint-Gobain, établit aussi, vers 1830, une fabrication de glacés; il était facile, dans un voisinage aussi immédiat, de se procurer efc tous les documents el les ouvriers nécessaires pour cptte operation ; la glacerie de Prémontré tra- vailla pendant quelques années avep succes, puis fut achetée et éteinte par Fétablissement de Saint-Gobain.
Cette politique d’éiimination par achat et extinction des fabri-ques était plutót un encouragement a la fond at ion d’établissements nouyeaux et devait avoir un terme; des fabriques nou vei les se fondèrenl; la Société nationale de Bruxelles confia, vers 1830, a M. Clément Desormes, qui avait été directeur général de Saint- Gobain, lacréation de la verrerie de Sainte-Marie d’Oignies, qui est aujourd’hui Tune des glaceries les plus renommóes et les plus fiorissantes.
Vers la fin du règne de Louis-Philippe, une compagnie formée par un ancien directeur de Saint-Gobain fonda une glacerie è Monllugon (non loin de Commentry).
MM. Drion et Patoux ont aussi créé une fabrication de glacés dans leur importante verrerie d’Aniché (Nord). Enfin, pour com-pléter cette nomenclature, nous aurons è citer cinq fabriques de glacés qui se sont établies depuis une'douzaine d’années environ ;
La fabrique de Floreffe, prés de Namur, établie par une société sous la direction d’un ingénieur sorti.de Sainte-Marie d’Oignies.
Les fabriques de Recquignies et de Jeumont, dans le départe¬ment du Nord, foridées par les établissement» de Sainte-Marie d’Oignies et de Florefie, auxquelles la prohibition des glacps inter- disait le marché francais. La fabrique d’Aix-la-Chapelle, établie
pour la consommation de FAUemagne. Enfin, celle de Manheim, créée paria Compagnie de Cirey.
Les Compagnies de Saint-Gobain et de Cirey, dont les intéréts depuis de longues années avaient déjè une grande connexion, se sont réunies depuis peu d’années en une seule soeiélé; elles ex¬ploitant en comoiun la glacerie de Manheim et ont aussi loué la fabrique d’Aix-la-Chapelle.
Tel est 1’historique de la fabrication des glacés, qui a pris un développement en rapport avec le nombre des établissements oü on les fabrique, développement qui a été singulièrement favo- risé par la très-grande baisse de prix qu’a amenée la concurrence et par 1’extension du luxe et de 1'emploi des glacés: fabriquées autrefois presque exclusivement pour faire desmiroirs, les glacés sont aujourd’hui employées en trés grandes quantités sans tain pour vitrage des palais, des boutiqrfes et des apparlements élé¬gants. On so sert beaucoup aussi de glacés brutes, c’est-a-dire telles que le coulage les produit, pour éclairer des toilures et vitrer des portes d’établissements publics.
Cet historique de la fabrication des glacés ne serait toutefois pas complet si.nous ne disions quelques mots des lentatives faites a diverses époques pour laminer lo verre, quoique nous croyons déja, au livre ICr, p, 37, avoir démontré Pimpossibilité de celte opération. En France, M. Pajot des Charmes avait eu, au com¬mencement de ce siècle, cette idéé que nous qualifierons de malheureuse. De nos jours, un ingénieur anglais d’une grande habileté, auquel d’aulres inventions (celle surtout relative è la fabrication de 1’acier) ont donnó une grande célébrité, M. Bes¬semer prit, en 1846, un brevet d’invention pour le 'laminage du verre; en coulant le verre entre deux rouleaux, plus ou nïoins distants, M. Bessemer prétendait pouvoir fabriquer non-seule- ment des glacés, mais du verre a vitre continu. C'était une trans¬formation compléte de 1’art de la verrerie. Le propriélaire d’une fabrique trés-importante de verre me consulta sur le mérite de
cette invention et sur 1’opportunitó d’acheter le brevet. M. Bes¬semer avait accumulé dans-Ia description des différents procédés qui constituaient fensemble de 1’opération un luxe de mécaniques très-ingénieuses, il supprimait presque toules les maius-d’oeuvre;
è son four de foute, M. Bessemer avait adjoint un moteur a va-
peur qui, prenant le creuset dans Parche oü ii était altrempé,
ven ait le poser sur le siége du four. Je crois que le tisage s'opé- rait aussi mécaniquement; ce dont je suis certain, (/est que Ie creuset était sorti du four par Ié rnoteur, enlevé, versé enlre les rouleaux mobiles, et le verre laminé conduit dans le four a recuire, le tout sans lintervention de Ia main de rhomme, Tout ce système dónotait, sans contredit, une immense habileté mé- canique, ma is, suivant moi, 1’ignorance complete des qualités inhérentes a la substance du verre. J’essayai doDG de dissuader le fabricant de verre de 1’entreprise; il m’öbjecta que M. Bes¬semer était aussi en pourparlers avec un autre propriétaire de verrerie, et que la réussite du procédé, cbez ce dernier, serait pour lui très-funeste; a quoi je répondis a mon ami, que ce qui pourrait lui arriver de plus heureux serait que son concurrent traïtat avec M. Bessemer. L’influence de ce dernier fut plus forte que la mienne; mön ami acheta le brevet & un prix fort élevé, dépensa encore plus d’argent pour Fexploiter d'abord sous la di¬rection de M. Bessemer lui-même, puis sous celle d’un ingénieur fort habile, rnais qui devait óchoUer dans l’exécution d'une entre- prise contraire a tous les principes des propriétés du verre.
L’usage des glacés coulées avait peu a peu amené, en France et en Angleterre, la cessation de la fabrication des glacjes souf- flées, qui n’existait plus qu’en Allemagne et a Venise; mais depuis quelques années on a recommencé a fabriquer des glacés souf- flées en Angleterre, en Belgique et en France; elles formeront le sujet d’un chapitre de ce livre.
On a fabriqué, depuis quelques années, en Angleterre, une nouvelle espèce de glacés brutes pour vitrage, coulées plus minces et par des moyens éeonomiques. Aü lieu de tirer le creuset du four, pour le verser sur une table, ce qui exige un outillage dispendieux.. on prend le verre fondu dans le creuset ordinaire avee une poche a manche, qui peut en conlenir 15 a 20 kilogrammes, que 1’on verse sur une table sur laquelle on fait passer un rouleau/ comme dans le coulage des grandes glacés. La fabrication de cette espèce de glacés brutes, connue en Angleterre sous le nom de rolled plate, a été inlrodüite en France a la glacerie de Saint-Gobain. Elle sera aussi le sujet d’un chapitre de ce livre. .
La fabrication des glacés doit étre dirigée par un verrier con-sommé, car aucun autre produit de verrerie ne demande une plus
grande pureté de inatière, et, en outre, elïe exige le concours d’un ingénieur mécanicien fort habile, tant pour I'oulillage trës- compliqüé du coulage que pour les machines deslinées et dresser el polir les glacés, qü’on doit sJefforcer de perfection.ner constam- ment; car les frais de ce travail constituent la plus grande partie de Ia valeur des glacés. Nous n’insisterons pas sur la partie mé- canique de cette fabrication, pour laquelle nöus rèconnaissons notre incompétence j il eüt fallu nous adjoindre, pour ce travail, tin ingénieur attaché a 1’une des compagnies, qui toules ont des machines quelque peu difl’érentes, et que chacunë croit être la plus parfaile; or, c’est un concours sur lequel nous n’avons pas du compter, et plulót que de dónner des descriptions de ma¬chines depuis longtemps rein placées par de plus parfailes, nous avons préféré nous circonscrire dans la partie verrière de cette fabrication, sauf pour les résultats économiques qu’il importait de faire connaltre.
Glacés Couléés Composition
Le plus grand mérite de la glace, soit qu’elle doive être em- ployée comme vitre, ou destinée a faire un miroir, consiste è se dissimuler le plus complétement possible; elle doit manifester son existence uniquement par sa solidité, être d’une grande pti- reté, d'une transparence parfaite, et aussi incölore que possible.
Allut, qui a fait dans Encyclopédie par ordre de matières Tarticle si remarquable que nous avons cité, sur 1’art de fabri- quer les glacés, s’est posé cette question : Quelle est la couleur de verre la plus propre a la fabrication des glacés ? Il cite, A ce Sujet, un mémoire de Montami, qui tend A prouvér que la cou¬leur noire est la plus favorable : « M. de Montami propose, par Paddition du bleu, du rouge et du jaune, en doses convénables, de former dans le verre lenoir, qui, étantune destruction de cou¬leur, n’y en laisse dpercevoir aucune.»
C’est-a-dire qtie M. de Montami propose de donner aüx glacés une teinte neutre. M. Allut combat toutclois cette opinion do M. de Montami, et dit quo le fabricant de glacés doit faire son verre le plus blanc qu’il peut : « 11 rëussira, dit-il, en cm ploy ant le manganèse dans sa composition. »
On ne comprendrait plus, aujourd’hui, en France surtout, qu’il pdt y avoir divergence d'opinions sur ce point; mais a line époque oü les verriers n’avaient a leur disposition que des ma- tières que la chimie ne leur avail pas encore enseigné a purifier, on peut très-bien admetlre cette opinion de M. de Montami, qui disait: « Ayez plutot des miroirs d’une teinte neutre, légere, qüi absorb era plus de lumière, mais qui ne changera pas les cou- leurs des objets réflécbis, que des miroirs verdatres, ou bleuêlres, ou rouge&tres, qui modi Sent la couleur des objets. » Encore, de nos jours, en Angletërre, oü les glacés n’ont atteint, dans au- cune fabrique, le degré d’incoloration des glacés frangaises et beiges , il est une fabrique qui persiste a donner & ses glacés une teinte bleue, qu’elle croit préférable a toute autre, comme don- nant plus de brillant a ses produits.
Nous ne croyons pas nécessaire de donner des détails sur Ia composition qu’on employait au siècle dernier, sur les soins donnés a la purification des soudès pour obténir un verre plus blanc. Nous nous contenterons, a eet égard, de renvöyer a Par¬ticle Glacerie de VEncyclopédie par ordre de matières. Nous con- staterons seulement que, alors comme aujourd’hui, on donnait la préférence a 1’alcali. mineral sur Palcali vegetal, pour la fabri¬cation des glacés, c’est-a-dire qu’on préfère la soudo a la potasse, comme donnant uh verre plus coulant.
Dès le commencement du dix-neüvièine siècle, les perfection - nements apportés dans la préparation des seis de soude, sur- venus a la suite de la décomposition du set marin, permirent de faire des giaces de plus en plus blanches; peu a peu, on süp- prima Popération du frittage de la composition; mais, en même temps, il faut avouer que Piricoloration, que Pon s’attacha sur¬tout a obtenir, diminua sensiblement une qualité'quo possé- daient les anciennes glacés, a un degré supérieur, cellé d’etre fort peu hydroseopes, qualitë qu’elles devaienl a une plus grande proportion de matières terreuses, C’est-a-dire d’alumine et de chaux. Toutes les glacés étaient alors propres a faire de tres¬bons plateaux dé machines ëléctriqüès, tandis qu’aujourd’hui les fabricants d'instruments de physique recherchent avec soin les anciennes glacés, dans les vieux chateaux ou anciens hotels, cotnme étant beaucoup moins sujeltes que les glacés modernes a Phumidité. Les développements dans lesquels nous sommes entrés, lorsqu’il s’est agi de la composition du. verre è vitre, Iivre II, nous dispenseront d’entrer dans de grands details sur la composition des glacés, qui ne différent du verre a vitre ordinaire que par une plus grande incoloration.
La composition que nous allons donner peut être considérée comrae la moyenne des compositions employées par diverses fa- briques de glacés, pendant la premiere moitié de notre siècle :
Sable blanc
Carbonate de sonde, haul titre, de 80 a 90 degrés.
Charbon de bois pile.
Chaux éteinte par aspersion .
Arsenic
100.000 p.
l est sans doute inutile d’insister sur les soins que Ton doit apporter dans le choix des différentes matières. Le sable et la chaux doivent être, autant que possible, exempts de fer. Quelque pur que soit le sable, on fera bien de le laver avant de 1’em- ployer; a la chaux éteinte, on peut substituer la craie, si on peut 1’ayoir anssi pure que la craie de Meudon. On a ajouté une petite quantité de charbon pilé au mélange, paree que le carbonate de soude, n’étant alors ail plus que de 80 a 90°, contient encore une proportion de sulfate de soude, que Pon décom posai t par Ie charbon qui, en outre, par le gaz qu’il produit, facilitait Ia fu¬sion. Nous avons déja fait observer, dans le livre II, que tous les verriers pratiques avaient remarqué que, pour avoir du bon verre, il était nécessaire qu’il y out, dans la composition, une matière qui 4e fit bouillir, qui le fit travailler, disent les vieux fondeurs. L’arsenic, ajouté au mélange, remplil le même but; Poxyde de manganèse est pour neutraliser les quelques portions de fer qui, malgré les meilleurs choix de matières, se trouvent en¬core dans le mélange.
L’analyse suivante, dont nous garantissons 1’exactitude, d’une glace de Saint-Gobain, d’une fabrication assez récente, atteste cette presence du fer:
Silice . 75 oxygune. 39.75 59.73
Soude. 17.60 — 4.54 \
Chaux 6.40 —
Alumine 0.37 — 0.171 6,08
Oxyde de fer 0.15 — 0.04 J
Polasse traces.
Six fois Foxy gene des bases. 59.48
Ce n’est que depuis un très-petit nombre d’années qu’on a substitué au carbonate de soude, le sulfate de soude, que 1’on ne croyait pas pouvoir produire du verre très-blanc.
Nous avons dit, livre Ier, p. .59, que 1’illustre Gay-Lussac, qui a été, pendant un certain nombre d’années, président du con- seil d’administration de la Compagnie de Saint-Gobain, était per- suadé de cette impossibililé de faire du verre très-blanc avec le sulfate de soude; il pensail que cela lenait a la presence du char- bon (employé pour décomposer le sulfate), dont une partie se combinait avec la soude, et formait un outre mer produisant une coloration bleuêtre. M. Pelouze, appele depuis dans le conseil de la Compagnie, se fondant sur une conviction intime, que la moindre proportion d’oxyde de fer, dans le verre, suffisait pour altérer sa blanclieur, que la coloration du verre fabriqué avec du sulfate de soude devait êlre le résultat de la presence d’une certaine proportion de fer, dont le sulfate n’était jamais exempt, se livra a des travaux qu’il poursuivit avec persévérance pen¬dant plusieurs années, dans le but d’obtenir, par des moyens pra-tiques, industriels, du sulfate chimiquement pur; ses travaux furent couronnés par un succes complet, et, depuis 1’année 1856, il est parvenu a purifier les sulfates fabriqués par les moyens ordinaires, de manière a les employer pour la fonte des glacés, ce qui a prodüit, pour 1’usine de Saint-Gobain, 1’économie an- nuelle de 300,000 francs! Voila, certes, un magnifique exemple, ou, si 1’on veut, une illustration. de 1’immense avantage de la science appliquée a Tindustrie.
Nous avons donné au livre Ier, p. 60, les détails du procédé
I F
propre a purifier le sulfate de soude.
Le sulfate de soude étant substitué au carbonate de soude, la
composition suivante peut être fconsidérée corame la moyenne dë celles employees par les divers fabricants de glacés :
Sable Wane lave................ 100 ou 60 60 p.
Sulfate de soude puritié 42 — 25,45
Charbou en poudre 2.5— 1.52
Graie de ileudon ou autre, carbonate de
cbaux pure. <.... 20 — 12.12
Arsenic ........ 0.5-— 0,51
■■ jj'i:-1A'1’’
Total1 100,00 p.
II est üné remarque que Ton ne peut s’empêcher dé faire è la première inspection de cettê composition, c’est que lés quarante- deux parties de sulfate de soude sont loin d’êtrë l’équivalent des quarante-deux parlies de carbonate de sóude, que nous avions in- diquées dans 1’ancienne composition; inéis, a ce sujet, noüs ferons trois observations : 1° depuis le temps oü était employee cette composition, les fours, le mode de tisage ont été perfectionhës; 2° on fondait alors dans des pots dé fonte, et On raffinait ensüilè dans des cuvettes de coulage; fcëttë doublé operation donriëit lieü a uné plus grande evaporation d’alcali; 3° enfin, les glacés qtTori fabriquait alors étaient plus hydröscopes que celles que 1’on fait
aujourd’hui. Les quaranté-deüx parties dé sulfate, qüè nous in- diquons, constituent ëncörë üne quantité supériëurë a cellë quë nous avous indiquée pour la composition du vérre a vilrë; mais on craindrait, par la diminution dé 1’alcali et 1’aüginentatioh dé la cbaux, de produire un verre plus roidë ét qui se prêtérait moins facilement è la prëssion dü rouleau.
Ce serail vainement qu’on prendrait lés söins lés plus minu- tieux pour la purification du sulfate de soude, si les meines söins n’étaient apportés au choix des autres matièrês premières ; ainsi, tout sable, tout carbonate de chaüx, contenant un millièthe
doxyde, doivent être rejetés de la fabrication des glacés ; il est bon aussi d’éviler 1’emploi de la houille ou de 1’anthracite, pour la decomposition du sulfate, paree qu’ils ne sont généralement pas exempts de fer. Quelques fabricants ont employé de Ia sciure de bois, des sons de moulure de blé; mais le plus grand nom- bre des fabricants se sont renfermés dans 1’usage du charbon de bois, comme étant aussi pur et se prêtant le mieux aux conditions d'un usage régulier.
Nous n’avons pas indiqué la quantité de groisil ou cassonsde glacés a ajouter a la composition; ces cassons proviennent de 1’équarrissage des glacés, et des glacés brisées, et produiraient une perte réelle, si on ne les ulilisait pas ; ils influeraient défavora- blement sur la couleur du verre, si on en employait uné grande quantité; mais, dans une fabrication bien conduite, touté la quantité des cassons n’est pas de nature ft nuire sensiblemènt a la couleur, et est favorable a lafonle du verre.
Nous avons indiqué une composition unique, comme étant la moyenne de celles employees de nos jours, par diverses fabri- ques; mais il est bien évident que chaque fabricant peut y intro- duire des variantes; il en est qui emploient encore une certaine
proportion de carbonate de soude; quelques-uns suppriment 1’ar- senic; d’autres ont ajouté du sulfate de baryte; enfin, il en est qui out essayé 1’emploi d’une faible proportion de miniurb, ou de borax, et d’oxyde de zinc. Mais nous pensons qne la composition la plus simple est encore Ia meilleure dans tous les cas, il est trés¬important que le fabricant note très-exactement, journellement, les compositions qu’il emploie, et qu’il lienoe un registre des glacés produites, de manière a pouvoir assigner dans la suite de quelle composition elles proviennent; car, outre les dé¬fauts visibles au sortir de la carcaise, il y a des differences de dureté que 1’on remarque dans le travail du dégrossissage et du polissage; il y a, de plus, certains défauts qui ne se manifestent que quand les glacés ont été polies, par êxemple, des mousses fines ou des ondes qui déforment les objets par rë- fraclion et par réflexion ; enfin, il y a des défauts qui ne se ma- . nifestent qu’après un certain séjour dans Ie magasin, tels que l’hygrométrie : les glacés dans lesquelles il y a exeès d’alcali atlirent Phumiditó, adhèrent les unes aux autres, simpriment quand elles sont en pile eh magasin.
Au siècle dernier, la fonte des glacés s’opérait dans des foul’s chauffés avee du bois. Ces fours contenaient des pots de fonte et des cuvettes ; les pots de fonte étaient ceux dans lesquels on en- fournait la composition, quand on Ia sortait des arches oü elle avait subi l’opération dufrittage; qunnd le verre était fondudans ces pols, on le trêjetait dans des pols plus petits, qu’on appelait cuvettes; ua. pol avait ordinairement la capacité de six cuvettes ordinaires ou de trois seuleinent, quand on voulait couler de plus grandes glacés; quand le verre était raffiné dans les cuvettes, on les sortait successivcment du four pour opérer Ie coulage des glacés.
Des fabriques de glacés ont ensuite divisé 1’opération et adopté des fours de fonte et des fours d’affinage; j’ai encore vu, il y a peu d’années, une fabrique considérable de glacés, travail- lant d’après cc système; un four de fonte de huit grands pots fournissait du verre a trois fours d’affinage, contenant cliacun six cuvettes de 300 kilogrammes environ de verre. Quand le verre était fondu, mais non raffiné dans les pots de fonte (operation qui durait de douze a quatorze heures), on le trêjetait avec des poehes en cuivre rouge d’environ 30 centimètres de diamètre, ayant un long manche en fer; trois hommes faisaient la ma¬noeuvre de chaque poche, 1’un tenant Fextrémité du manche, les deux autres portant une barre en croix, assez pres de la poche;
ils remplissaient la poche et allaient la verser dans Ie pot d’affi¬nage ou cuvette. Le raffinage, dans les cuvettes, durait environ six heures, après lesquelles on opérait le coulage des six cuvettes qui remplissait une carcaise de six glacés. Chacun des fours d’affinage produisait, par mois, environ quarante-deux coulages, cent vingt-six coulages pour les trois fours d’aflinago, et, par con¬séquent, sept cent cinquante-six glacés, du poids brut d’environ 18,000 kilogrammes.
Celte fabrique, travaillant toute 1’année, aurait done produit 84,000 mètres de glacés, mais elle ne föndait guère que cinq è six mois sur les douze.
Les cuvettes étaient rondes et garnies exlérieureraent de deux renflements annulaires, laissanl un intèrvalle pour recevoir les branches des lenaiïles devant enlever les cuvettes et les ren-* *•
verser sur la table. II y a des fabricants qui, au lieu d’un double anneau saillant, font des pots porlant une rainure dans laquelle s’engagent les tenailles pour enlever le pot et le verser; Ie pre¬mier procédé nous semble préférable, en cequ’il ne diminue pas la force du pot.
Les fabriques de glacés les plus avancées ont, depuis un certain nombre d’années, sïmpïifié Popération de la fonte; on a suppritné le tréjetage, et, conséquemment, les pots dans lesquels s’opère la fusion du verre sont également ceux qu’on extrait du four pour opérer le coulage. On a aussi générale- ment substilué la houille au bois, pour l’alimentation du four de fonte.
Nous devons dire en même temps que depuis qu’on a cessé 1’eraploi des cuvettes de raffinage, les beaux choix deviennent plus rares; c’cst surtout la mousse et les ond&s qu’on a de la* peine a éviler; on y parviendrait sans doute en prolongeant la fonte el poussant le four a une plus haute température, mais on craint d’altérer la couleur. En réalité, les fabricants de glacés conviennent que Ia recherche de 1’incoloration et du bon marché a été nuisible a la qualité générale des glacés; mais, d’autre part, Ia consommation des glacés sans tain, pour vitrage, qui a pris une extension très-considérable, perraet d’employer a eet usage les qualités les moins 'belles, en sorte que la moyenne des glacés pour miroirs s’est plutót amóliorée.
Le syslème des fours alimentés par les gaz de combustion, dont nous avons parlé au livre Ier, n’ayant étéjusqu’a ce jour adopté que dans un petit nombre de fabriques de glacés, nous ne parlerons que des anciens fours, et nous n’entrerons même pas, a ce sujet, dans des détails circonstanciés, car, nous aurions a répéter ce que nous avons dit au livre II, sur les fours pour la fonte du verre it vitre.
On construit en Belgique, pour la fabrication des glacés, des fours ronds ou ovales. En principe, ces fours sont plus avan- tageux; il y a dans Pintériéur moins de place perdue, pour une même capacité; il y a une plus grande' quantité de verre fondue, par conséquent, une moindre quantité de combustible consommée. Eu outre, dans üu four rond ou ovale, tous les
creusets ont chacun leur arcade par laquelle ijs peuvent être entrés et sort is, ce qui se prête très-bien aux manoeuvres du cou¬lage. Qiielques fabricants, en Angleterre et en France, ont con¬sent les fours carrés qui sont d’une plus grande solidité; mais ils ne se prêtent pas aussi commpdément a la sortie des pols. Les quatrc pols occupant toute Ia largeur de la deyanture du four, et cette devanture exigeant au moins un pilier central pour soutenir la voöte, chacüne des deux ouvertures est naturellement moins large que deux pots : il faut done, après qu’on a sorli le pot du coin pour le couler, attendre. pour le rentrer dans le four, que le pot voisin ait été 'sorti, et alors on remplace ce deuxième pot par le premier pot vide, dont Ia place reste libre pour re¬placer le deuxième pot.
Dans 1’hypolhèse de ce four carré a quatre pots de chaque cóté, la devanture est disposée comme 1’indique la figure 93.
II y a deux portines sur chapune des deux faces du four; cha- cune de ces portines est composée de deux pièces. La partie A B C D est enlevée au moyen d’un diable a chariot, dont les pointes enlrent dans lestrous aa et est mise de cóté pendant Je coulage des deux pots correspondants; la partie E est élevóe sett¬lement de 15 a 20 centimètres au moyen d’une chalne et d’une poulie. On 1’enlève aussi pour les renfournements, si on n’y laisse pas un ouvreau F pour le passage de la pelle k enfourner Pu
deux ouvreaux pour plus de commodité du renfournement. Quant a la construction même du four, elle se ra pp or te a celle d’un four carré pour la fusion du verre a vitre, et ne demande pas de description particuliere. Si on préfère un four rond ou ovale, chaque pot est sorti par une arcade spéciale semblable a celles que qpus avons décrites pour les fours a cristal a pots couverts. Cetle arcade est, com me pour les fours carrés, fermée par une pprtine en deux pièces.
Nous n’avons que très-succinctement a parler de 1’opération de la foute, car on peut a eet égard se reporter è ce que nous avons dit de la fonte du verre a vitre.
Les mélanges doivent êlre fails avec le plus grand soin, car du verre ondé peut quelqupfpis n’être provenu que d’un imparfait mélange. II faut aussi être très-sobre de changement dans les elements de Ia composition, toujours ppur éviter d’avpir du verre ondé. II faut ne renlpurner que quand le four a été convenable- ment réchaufïé; on regagne dans la fonte le temps qui aura été passé a amenér le four a un haut degré de température. II est bien de ne pas remplir de suite les pots, il est mieux de les remplir a raoitié, de reboucher les ouvreaux, et d’attendre une demi heure environ avant de compléter le renfournement; de cette manière, on a moins refroidi les creusets, ils sont d’un plus long usage.
Nous répéterons ici ce que nous avons dit sur le moment le plus convenable d’opérer le deuxième enfournement et les sui- yants; il faut bien se garder d’enfourner quand la fonte du pre-mier enfournement étant déja trèsavancée, il se forme uu bain de sel a la surface; il faut, si ou a attendu jusque-la, ne reu- fourner que quand tout le sel qui est yenu a la surface est com¬plement évaporé; maïs ce qui est beaucoup mieux, c’est de faire le deuxième enfournement avant que la fonte du premier ne soit complétée, et de nwme ppur les suivants.
Le foudeur do it exercer une surveillance constante sur les tiseurs, s’opposer a. ce que coux-ci mettent beaucoup de houille a la fois dans le four pour s’éviter de tiser souvent. La grille doit être conduite avec intelligence et eu égard a la qualité de'la houille. La houille maigre exige des harreaux de grille plus rap- prochés, et un moindre usage des crochets a décrasser; les houilles grasses, qui sont celles qu’on doit employer quand on
peut avoir le choix, forment promptement sur la grille des crosses qui inlercepteraient 1’air, si on ne prenait soin de maintenir ce passage en détachant avec les crochets de grille les crasses qui, tendent £ 1’obslruer. Avec 1’usage des houilles grasses/1’un des tiseurs doit être presque constamment a la cave, pour maintenir la grille en état. Quand la fonte du verre est opérée, ce qui, pour des pols de 450 kilogrammes, a lieu a peu prés au bout de douze a quatorze Jieures, on procédé au raffinage, n’ayant plus besoin alors que d’entretenir la température sans Pexciter autanl; on donne moins de tirage en laissant un peu plus s’obstruer la grille, et ayant une plus. épaisse coucbe de combustible sur la grille. Au bout de trois heures environ, le verre se trouve suffi- samment affiné; maïs il serait trop chaud pour le coulage : on débouche alors les ouvreaux ou pigeohniers, ou bien on soulève la pièee supérieure des portines; on recharge la grille d’une quantité de houille suffisante pour se maintenir jusqu’a la fin de 1’opération du coulage; et on attend ainsi que le verre ait pris la consistance convenable, ce qui a lieu au bout d’une héure et demie environ, plus ou moins, selon qu’on a plus ou moins ou-
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vert le four, et on procédé alors a l’opéralion du coulage, qui ne dure guère qu’une heure pour les huit creusets. Quand le cou¬lage est terminé, que les creusets sont tous rentrés dans le four, que les devantures ont été replacées et margées, on procédé au réchauffement du four pour une nouvelle fonte.
Il y a avantage pour la surveillance générale des travaux 5 ré- gulariser les fontes et le coulage de telle sorte que cette dernière operation ait lieu chaque jour a la même heure. Si done la fonte dure seize heures, le raffinage et le refroidissement cinq heures, le coulage une heure, on peut attendre deux heures pendant les- quelles on ne fait que maintenir le four avant de Ie réchauffer sérieusement, ce que 1’on peut faire facilement en deux heures. On a alors rempli les vingl-quatre heures. On voit ainsi que, quand on a a remplacer un ou plusieurs pots, cette opération peut se faire sans changer 1’heure du coulage.
Avant d'entrer dans le détail de Popération du coulage, nous dirons quelques mots dé l’organisation des halles d’une glacerie.
La halle doit contenir les fours de fusion et lés fours destinés «i la recuisson des glacés qü?on nomme carcaises.
Nous donnons, ci-contre. deux sortes de dispositions pour line hallo. Les anciennes gtaceries étaient construites comme Pindique
la figure 94. Ilya desglaceries construites plus récemment, dont les dispositions sont conformes a la figure 95.
Dans 1’hypothese que nous avons adoptée dJun four a dix pots de40Q kilogrammes, produisant ehaque jour dix glacés, ces glacés sont miscs a recuire dans cinq carcaises contenant ainsi cha¬cune deux glacés de 12 mètres chacune de superficie.
La forme, la construction et le chauffage d’une carcaise sont d’une trè Sr haute importance; la bonne recuisson de la glace étant
une des conditions less pins graves de cette fabrication, nne glace mal recuite peut se briser avant de sortir do la carcnise, quel- quefois seulement a Péquarrissage au diamant, d’autres fois, enfin, alors qu’elle a déja subi une partie du travail de dégros- sissage.
Il faut done que la carcaise ait été amenée avant renfourne- ment des glacés coulees a une temperature suffisamment élevée et égale dans toutes ses parties, que la ehaleur se maintienne suffisamment longtemps après I’enfournement des glacés, pour que le refroidissement s’opère lenlement d’une manière égale et a I’abri de tous courants d’air. Il faut que I’aire de la car¬caise soit bien plane, afin que le travail du degrossissage n’ait qu’a enlever une très-minime épaisseur. Les carcaises ont géné- ralement trois foyers, une ouverture en avant de la largeur de la table de coulage pour 1’enfournement et le défournement, de petites ouvertures pouvant se boucher a volonte, mais que 1’on ouvre successi vemen t pour refroidir graduellement les glacés; une cheminée commune réunit les furnées de plusieurs carcaises.
La recuisson des glacés dans les carcaises ne nous semble pas être au niveau des progrès accomplis dans cette branche de la fabrication du verre. Ne pourrait-on pas réduire de beaucoup le nombre des carcaises en appliquant a la recuisson des glacés le procédé de recuisson des verres a vitres étendus de M. Biévez, que nous avons mentionné au livre IIe, p. 295. H y aurait sans doute des modifications 5 introduire, mais cela nous paralt tout a fait praticable.
La casse dans les carcaises ou par suite de cette recuisson s’élève dans certaines fabriques jusqu’a 15 et méme 20 pour 100 des glacés enfournées; et je ne crois pas que, dans les glaceries les mieux conduites, cette casse soit descendue en moyenne au- dessous de 8 pour 100. Toute la matière nJest pas perdue, mais on a perdu les frais de fonte, de coulage et de recuisson, et nous verrons que ces frais s’ólèvent encore 5. une somme assez élevée. Qn congoit dès lors toute 1’jmportanee qu’on doit attacher a sur- veiller et a perfectionner cette phase de Ia fabrication,
L’aire de la careaise est composée de briqnes de cbamp, bien dressées sur toutes les faces, reposantsur une couche de sable et assemblées sans mortier, pour que 1’élévation de la temperature ne trouble pas la planimetrie de l’aire; cette planimetrie est
d’aiHeursvérifiéechaque fois qu’on va chauffer la carcaisé. Qüand la carcaisé a élé amende a la temperature convenable, avant d’y inlroduire les glacés, on passe un r&ble ën bois bien droit, è long manche, dans toutes les parties de la carcaisé, pour enlever tout es les ordures qiii peuvent se trouver sur Faire, et pour unir le sable qui y est répandu.
Lorsque le coulage des glacés fut primitivement établi (nous dirons toujours, par Abraham Thévart), la table et le rouleau élaient en bronze; et jusqu’assez avant dans le siècle présent on a continué a employer le bronze pour cette partie de l’outillage. C’étaitune opération considérée comme assez difficile, et quiétait très-coüteuse, d’obtenir une table de bronze d’une grande dimen-sion, exempte de défauts et d’une parfaile planimétrie. Les Anglais, qui nous ont précédés dans les perfectionnements de 1’industrie du fer, sont les premiers qui aient fait des tables de coulage et des rouleaux en fonte de fer; aüjourd’hui il n’y a plus, dansles glaceries, que des tables et des rouleaux en fonte de fer; on en est arrivé même a éviter la difficult^ decouler une table de fonte. d’une grande superficie, en composant cette . table d’un
certain nombre de pieces assemblees, de telle sorte qu’on peut remplacerune pièce défectueuse, et que la surface générale n’est plus aussi susceptible de se déplaner.
Pour compléter ce que nous avons ü dire de la table; de cou¬lage, nous mentionnerons les tringles ou réglettes qui déterminent la largeur et 1’épaisseur de la glace. Ces tringles sont deux petites bandes de fer plat qu’on pose sur la table, parallèlement a ses cötés; c’est sur ces tringles que porte le rouleau, lorsqü’on le fait mouvoir pour aplatir le verre. Au bout des tringles sont deux crochets qui s’appliquent contre 1’épaisseur de la table, maintiennent les tringles et les empêchent de céder au mouveipen* du rouleau.
Les tringles sont de la longueur de la table, leur largeur de 25 a 30 millimetres; quant a leur épaisseur, elle varie suivant Fépaisseur qu’on veut donner, de 19 a 14 milJimètres. Ges tringles doivent être calibrées avecle- plus grand soin, afin d’obtenir des glacés d’une égale épaisseur dans toute leur surface.
Dans la plupart des glaceries, la table; est supportée par quatre roues en fonte placées dans une direction perpendiculaire è la longueur de la table, et reposant sur deux rails, parallèles aux
devaniurés des carcaises, de telle sorte que lorsqu'une carcaise est remplie de ses deux ou quatre, ou un plus grand nombre de glacés, la table 'est roulée devant la carcaise voisine \ tous les outils accessoires qui cnlèvent le pots 1° portent au-dessus de la table el le versent sur Ia table, sont également roulés en même temps que la table.
Il y a des glaceries qui ont adopté üne autre combinaison, qui consiste a avoir une table de coulage fixe devant l’une des car- caises; tous les appareils de Ia manoeuvre sont également fixes. On amène la euvette auprès de la table, on l’enlève, on Ia verse et on passe le rouleau. Si cette glace ast destinée a enIrer dans la carcaise qui est devant la table, on Ia poussecomme a 1’ordinairc dans cette carcaise, lorsque celle-ci est pleine; alörs la glace sui- vante ast poussée sur une table mobile dont le dessus est en bois, et on pousse cette table mobile jusqu’a la carcaise qu’il s’agit de remplir.
Nous allons a présent décrire succinctement 1’opération du cöulage, qui offre sans nul doute le spectacle le plus imposant de tous ceüx auxquels peut donner lieu Ia fabrication des verres. Tous les détails de cette opération sont accomplis avec une pre¬cision, un silence, une discipline qui assurent son succes et lui impriment en même temps un caractère tout a fait solennel.
Tous les ouvriers ont leur place marquee, leur travail spécial, et la manoeuvre entière est aecomplie cbaque fois sous la direc¬tion du chef du coulage, avee une régularité, une uniformilé, et nous ajouterons, avec une caime rapidité dont les manoeuvres militaires peuvent seules fournir un autre exemple.
On suppose qiï’avant 1’opération on a eu soio de nêttoyer soi- gneusemcnt tous les outils, surtout ceux qui touchent le verre plus immédia temen t, tels que la table et le rouleau, on essuie céux-ci avec des torchons, et 1’on renouvelle même cette pre¬caution , dès que Pon a coulé une glace, avant d’en couler une suivante. Le chef de coulage doit être arrivé è la halle pendant les dernièrés heures du raffinage, inspecter tous les outils et vérifier s’ils sont tous aux places convenables. Lorsqu’il a reconnu que le verre est raffiné et a la consistance convenable, tous les ouvriers se rendent a leur poste de manoeuvre, munis des outils dont ils ont Ia charge. On commence par démasquer une pre¬mière euvette : cette euvette est légèrement soulevée au moyen
d’uno pince, do nianière a pouvoir introduire dessous la pelle d’une grande et forte pince; puis, plagant deux grands, crochets dans 1’intérieur du four, derrière la cuvette, les ouvriers attachés tant A la grande pelle qu’aux deux crochets réunissent leurs efforts , pour tirer a eux la cuvette qu’on amène ainsi hors du four, jusque sur la plaque d’un chariot. On dégage alors la grande pince en soulevant un peu la cuvette au moyen d’une pince. Lorsque la cuvette est bien établie sur le chariot, on conduit eelui-ci vers la table de coulage, et en même temps les ouvriers qui avaient démasqué la cuvette remettent La devanture, pour que le four ne sc refroidisse pas.
Aussitót que Ia cuvette est arrivée auprès de la table, on la - saisit avec la tenaille ronde ou carrée, suivant la forme du pot ou cuvette enveloppant la ceinture, et aussitót deux ouvriers pro- cèdent A l’écrémaison : placés chacun d’un cölé de la cuvette, armés d’un sabre recourbé, ils croisent leurs outils pour occuper toute la largeur de la cuvette; ils passent le cóté courbe de leurs lames sur la surface du verre, commengant par une des extrémités ’ de la cuvette et Ia suivant jusqu’au. cóté opposé; ils enlèvent ainsi toute une couche mince, qui est regue par deux ouvriers qui la sai- sissent avec la patte de leur rAble et la déposent dans une poche.
Des que le verre est écrémé, on enlève la cuvette par le moyen du cric et de la potence; un ouvrier en nettoie toute la partie extérieure, pour qu’il n’en tombe aucuue prdure sur la table pendant 1’opération; lorsque la cuvette est arrivée A la hauteür convenable, et qu’on lJa amenée au.-dessus et prés du rouleau, les ouvriers qui tiennent la cuvette par les extrémités de la tenaille lui impriment un mouvement d’oscillation parallèle au rouleau, puis la renversent en suivant ce mouvement de pendule, de manière que la matière est ainsi versée sur toute la largeur de la table prés du rouleau, et on relève rapidement la cuvette avant qu’elle soit vidée complótement; la cuvette, en se relevant, forme des bavures que d’autres hommes rattirent pour qu’elles ne se mêlent pas A la masse coulée,sur laquelle on a de suite passé le rouleau par un mouvement régulier, depuis le cóté de la carcaise jusqu’a 1’extrémilé de la table oü le rouleau va se reposer sur le support a bascule. Pendant que les rouleurs avancent ainsi, des ouvriers, munis degrappins, veillent sur le ffotde verre pour enlever adroitement les pierres ou larmes qu’ils apergoivent.
Lorsque le rouleau est parvenu sur son chevalct, OIL en léve les deux tringles régulatrices de 1’épaisseur; s’il a passé du verre sur les triugles, en frappant sur les extrémitésde celles-ci, on détache la bavure et on la fait tomber dans des recipients places dans ce but auprès de la table. Pendant ce temps, on a fait descendrè la cuvette sur la ferrasse du chariot, dégagé les tenailles; on la ramène au four, on la replace sur le siége, après avoir enlevé la devanture, et on procédé a 1’enlèvement d’utte seconde cuvette.
D’autre part, après que le rouleau est arrivé sur son support a . bascule, des ouvriers forment la tête de la glace au moyen du procureur, e’est-a-dire qu’ils forment un bourrelet contre lequel • oh pose la pelle au rhoyen de laquelle des ouvriers poussent la glace le long de la table, jusque sur la sole de la carcaise; pen¬dant que ces ouvriers poussent la pelle, d’autres appuient sur la tête, pour que 1’effort he relève pas le bourrelet et ne fasse pas plier la glace; d’autres suivent le mouvement de mahière a redresser la glace, si elle ne s’engage pas directement dans la car-
caise.
Lorsquê la glace est dans la carcaise, on la laisse un instant sur le devant de ce four, pour qu’elle prenne un peu plus dé con- sistance par un certain degré de refroidissémeut; ensüite ón la pousse plus avant, ct la place qu’elle doit défïnitivement oc- cuper.
Dans cette description que nous venohs de faire de 1’opération, nous avons dit qu’on versait la cuvette du cóté de la table le plus rapproché de la carcaise, et que le rouleau manoeuvrait en par- tantde ce point et allant vers 1’autre extrémitó de la table. C’était la la méthode adoptée depuis les premiers temps du cóulageet que certains fabricants ont conservée; mais d’autres fabricants ont adopté le coulage en sens inverse, c/est-a-dire par le cóté de ia table le plus éloigné de la carcaise; de cette mahière, quand le rouleau a passé sur la glace, le bout par lequel on la pousse dans la caisse est déjè suffisamment refroidi, pour qu’il ne soit pas nécessaire d’y faire une tête.
Lorsque les glacés Ont été refroidi es graduellement dans la carcaise qui les contenait, on les tire successivément sur une table en bois placée devant la carcaise, on essuie la poussière qui couvre.la surface de la glace, on applique a une de ses bandes une branche d’une grande équerre en bois; on pose 1e long de Fautre branche, amenée & la place ou on veüt équarrir la glace, une régie en bols cöntre laquelle oh fait passer le diamant a rabot, qui ne diffère dii diamant dé vitrier que notts avons décrit au livfe II qti’én Ce que lé diamant est un grain plus fort, fixó aü. miliéu d’uii rabot d’éhyiron 6 centimetres dé long sur 2 centimètres de large et d’épaissëür, siri lequel s’elèvé uh petit manche dé 5 a 6 centimètres de hauteur, qui sert a fixer 1’outil dans la main de Pouvrier. Lorsqüe le diamant a exeröé son action Sur la sur¬face supérieure de la glace, oh force le trait qti’il y a imprimë & pénétref tóutc 1’épaisseür en frappant en plusieurs places, avec ménagement, la surface inférieure avec tin niaillet; pehdaht ce temps, un Öuvriér saisit, avec dëüx piricés plates, Ia partié que 1’öii veut détacher, et, formant légërëment sur ces pinces, facilile 1’ouverlure du sillon et la séparation de la tête de la gldöe. Ofl éqüarrit dé la mêinè rnanièré Fautre extrétiiitó de la glace, puis on la porie en rnagasin. A eet èfïèt, la glacé est enlëvéè horizon- talement par trois öu quatré ouvrie/’S, de cliaque cóté, qfüi 1’rimè-
nent a unè position prösqüé verticale, én haissant uii dö.s éótés* pendant que Fautre est au contraire élevé, et la posent ainsi süf deux chantiefs qui pèftaëtteht dé passer ciriq bricöleS ou sangles garnies de cuir sous la glacé, au moyeh desquellês la glacé ést portée, dans une position vèrticale, jüsqüé dains le rnagasin de brut.
n y a des glaceries oü la table qüi fégöit la glace a sa Sortie de la carcaisè ést disposéé a bascule, dé rnanièré ë pOuVoir déposer la glace sur un support incline, monté sür róüës, qüi,- par üü chemih dé för, transpórte la glace au fiiagasin de brut.
En finissant ce qui est relalif au coulage des glacés, nous don- néroris qüelqués détails Sur lés prOgrës de cetté fabncalioü depuis son origine.
Èh 1688, AÈfaham Thévart fepfésénlè, dans ün öiémoïrë au roi, que, par le rnoyen des machines qu’il a inventées, il péüf fabriquer des glacés de 60 a 80 póücës de haüteür ét aü-dessiis, et 35 a 40 póücës et aü-déssus de Iargèür. C’est d’apfès ce mé- inöife et siu' le rapport de Louvois, qu’il est cöiicédé a Abraham Thévart un privilege de trente ans, J’admels qu’Abraham Thé- vart, qui n’était pas verrief, n’ait pas complétémënt réüssi dans le priiicipö, et ait cru devoir se procurer le concours d’uu verrier d’ürie compagnie rivale, Lucas de Nehoü. Quoi qü’ilen . soit,
avec l’assistance même de ce dernier, les progrès dé 1’industrie des glacés coulées sem blent pendant longtemps a voir été très-lents. Bosc d’Antic (p. 164 du premier volume de ses eeuvres) dit: «II est notoire que la célèbre manufacture des glacés è miroir de Saint-Gobain, a 1’époque de 1775, avait été trois années consécu- tives dans l’impossibilité de fabriquer aucune glace coulee mar¬ch an de »
Bosc d’Antic, pendant sa direction, de 1755 a 1758, rétablitla fabrique en bonne voie. Depuis cette époque jusque vers le
commencement de noire siècle, les procédés resterent a peu pres invariables, ainsi que les dimensions de coulage. A 1’Exposition de Paris de 1834, la plus grande glace exposée par la manufac¬ture de Saint-Gobain ne portait que 4m,14 sur 2“,52, soit 10™,44 de superficie.
Mais, a partir de cette époque, toutes les glaceries augmentent beaucoup la dimension de leur table de coulage.
A 1’Exposilion universelle de Londres de 1851, la Compagnie des glacés delaTamise avait exposé une glace de 5m,68 sur 3m,04, soit 17-,267. .
A 1’Exposition universelle de Paris de 1855, la Compagnie de Saint-Gobain avait exposé:
Une glace de 18“,04 de superficie.
La compagnie de Cirey :
Une glace de 18“,50 de superficie.
Enfin, è. 1’Exposition universelle de 1867, la Compagnie de Saint-Gobain-Cirey a exposé :
Deux glacés nues, de 6”,09 sur 3“53, soit 21®,50 de super¬ficie ;
Une glace étamée de 6m,53 sur 3m,23, soit 21m,10 de super¬ficie ;
Une glace étamée, de 5®,50 sur 3m,53, soit 19“,41 de super¬ficie.
La Compagnie de Montlugon a exposé :
Une glace nue, de 5®,07 sur 3“,23, soit 16®,38 de superficie;
Une glace argentée, de 4"\95 sur 3®,15, soit 15“,60 de super¬
ficie. .
Les glacés de 12 metres de superficie, il y a trentè ans seule-
ment, étaient un prodige; aujourd’hui, les dimensions sont presque illimitées; ce n’est plus qu’une affaire de grands creusets,
de grandes tables en font es et d’engins puissants et codteux; tandis qu’en 1851 encore, on ne coulait des glacés de 15 a 17 mè- tres qu’en vers an t sur une table la matière de deux creusets, ce qui donnait lieu a des défauts presque inevitables; une glace de 21 metres de superficie est aujourd’hui le produit d’un seul creu- setjéette glace devant peser environ 750 kilogrammes, doitexigér un pot d’une contenance d’environ 900 kilogrammes. II est pro¬bable que, pour longtemps encore, on se bornera a ces dimen- sions, car on ne trouVe pas même Femploi de ces glacés, quoique leur prix soit relativement peu élevé.
DOtICI, SAVONNAGE, POLI.
les glacés brutes ont a sübir une succession d’opérations qui ont pour but d’établir aussi parfaitement que possible la plani-metrie et le parallélisme de leurs surfaces, et de leur donner ce poli éclatant qui les rend propres a transmettre uniformément et avec aussi peu que possible de déperdition les rayons de lumière a travers les glacés nues, ou a les réfléchir sans deformation des objets par les glacés étamées.
Ges operations foment trois divisions :
La prémière, qui est le douci, est elle-même subdivisée en dégrossissage et doucissage;
La deuxièine, le savonnage;
La troisième, le poli.
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Jusque dans les commencements de notre siècle, ces opérations se faisaient manuellement; ily a environ cinquante ans seulement qu’on commenga, du moins en France, a employer des machines pour le poli; puis on fit aussi, aü raoyen de machines, 1’opération du douci; et, quant au savonnage, il est encore presque Complé- tement fait a la main.
Ainsi que nous en avons prévenu, ntous n’entreróns pas dans la description des machines qui concourent a ces operations. Chaqüe usine croit, a eet égard, posséder un outillage supérieur en effi- cacité et en économie, a celui de ses concurrents. Les mécaniciens habiles s’étudient constamment a perfectienner, simplifier les machines, de télle sorte que les appareils que nous décririons aujourd’hüi seraient trës-dilïérents de ceux qui, dans très-peu
. d’arinéês, sërofitën Usage; iiousne ferons done qii’üné description soiümaire du travail aüqüel söiit soüihises les glacés.
Avant dé söüniëttre leS glacés au travail, on proCède 5 léiir équarrissagé aü moyen de la grande équerrë, de la régie éi dü diamant a rabót dónt nöus avóns parlé, él au moyen dësqtiéls oh a opéré, a la sortie dé la carcaise, la section des deux boutS; hïais, préalableiiient, ii faüt les soumetire & ün examen Scrüpuleux, dans lé bul de leS rè&uire d leur tootwme utile. Par Cét exattièn, on voit si la glacé doit êtré laissée et travaillée dans son intégrité, ou, par les défauls que Pon reconnaït, ón détetininé lés sections que ï’on doit opérer et qui élimineront ces défauls, ou au moins les rapprocheront des bords des glacés divisées.
II y a aussi des défauts qui, se trouvant très-rapprochés de 1’une des surfaces, n’influent pas sur la division et disparattront par le travail dii dégróssissage.
Doucï, Nous avons dit qüe le douci sé sübdivisait en deux opérations.
Le dégróssissage s’opérait autrefois par ie frottomént de glace sur glace, scelléés 1’une et 1’autre avec du pl&tre sur des pierres,
. i- r • . .
ét avec dü sable intérpósé. A présent oh scelle ah platré üne grande glace ou deux moyennes sur ünë table oü banc dé pierre parfaitement dressé. Au-désSüs de ce banc sé tröuve üné table gairhie de bandes de foute. Cette table, d’uné dimension inférieure a la table fixe ou banc, vient s’appliquér sur la glacé et sé nieut au moyen de leviers qui la font glisser par ün mouvement de va- et-vient demi-circulaire sur toutes les parLies dü bahc, ét entament la surface de la glacé aü moyèn dü gros sable óü dü grès püivé- risó qüë Pon jelte sur la glace, sür iaquólle Cöüïé én méüïö temps ün filet d’eau.
Lés grains de sable oü de gres, pressés.par lés bandës de fór cöntre la glace, s’üsent assez rapidëment; des qü’on sent que leur action diminue, on essuie la glacé, ön met üne noü- Vélle couClie de sable ét ainsi dé suite. Aussitöt que la glacé est dégrossie, C’esi-a-diie que le sablë a énïevé toüt le brüt dé la glace el qu’on n’y volt plus qüe le grain dé sablë, on procédé aü doüci; et póur cela ön opèré glace sür glace, en scellant unë oü plüsiëurs glacés également dégrossiès sur unc table en chassis que Ton applique suf la glace fixé, ét a laquöilë ón irnprimé nïó- caniquemént le même mouvement qu’avait la table garnie débandes de fér, ét, au lieu de sable, oh interpose successivement des émeris de plus en plus fins qui achèvent le travail du dóuci sur la glacé gisante et sur les. glacés volantes.
La preparation des émeris est une des opérations les plus importantes d’une fabrique de glacésen raison de rinfïuencè qh’ellé a sur la rapidité et la perfection dü travail du douci. Chaquè numéro d’émeri doit être homogene, e’est-a-dire d’ün grain bien égal; car si, après avoir passé la glace, par èxemple, a deux émeris, il se trouve au troisièmé émêri qüelqües grains d’un ómeri antérieur, ces grains opèrent des Sillons plus prófonds qui nécessitent de recommencer le travail.
L’émeri est un silicate d’alumine qui se trouve a Cayenne et dans certaihes Hes de la Méditerranée, et principaïément dariS 1’lle de Naxos, d’oii on le tire dans un élat brut.
Cet éméri brut est broyé a 1’eau dans des móulihs foririés d’une meüle fixe et d’ünê meule toürnarite placéês dans uil cuvier en bois, d’oü on fait coulêr l’émeri broyé rïièlé a 1’eau dans une suc¬cession d’autres cuviers descendant en gradins, et on obtient par des décantages róglés sur Ie temps de repos dohné au liquide après 1’agitation les divers degrés de finesse de Péineri nécessaires pour le travail des glacés. Quand les émeris se sont compléte- ment déposés, on décantë 1’eau qui les couvre, öh fait séöherle dépot jüsqü’a consistence dé paté et öri le livre aux OuVriers, én ayant bien sóin de les classer par nüméros.
Savonnage, Une glace bien dóucie est en état d’être pOlie, mais cétte opération du douci par les machines n’arrive jamais a un état dé perfection süffisant: il y a toujours vérs lés angles et aussi dans quélqiiós autres places certairiès imperfections, des inégalités de piqüre d’émeri qui demandent a être retoüchées : il faut faire subir aux glacés 1’opératióri qü’on appelle savonnage.
Lors done qüe la glacé a étó doucia snr ses' deux faces aussi bien que possible, on Fenlève, ét on la porte dans un aütre atelier, ou elle subit la visite du chef du savonnage qui ordinaireruent 1’éxa- mitte en 1’interposant dans une position inclinée eniré 1’cèir et ürié lumière; il marqué sës défaüts en les entourant d’urie raié faile avec du rouge a polir, et On la livre ensuite aiix oüvriérs savön- neurs qui enlèvênt ces défauts par lë travail manuel d’une petite glace doucie sur les parties a corriger avec interposition d’èau et d’émeri très-fin.
L’ouvrier, après avoir fixe sa glace sur Ia teuée, ou banc parfai- tement plan, la frotte aux places a retoucher avec de l’émerj fin qu’il arrose d’un peu d’eau ; il étend eet émeri avec une pe-; tite glace d’environ 25 centimetres sur 15 dont les coins et arêtes sont adoucis pour que les angles ne déchirent pas la surface de la glace; 1’ouvrier passe cette petite glace, appelée pontil, sur les parlies a corriger en appuyant dessus avec les deux mains ; dès que la première couche d’émeri ne mord plus, il essuie les deux surfaces avec une éponge fine et propre, et il replace une aulre couche d’émeri, et ainsi de suite, tant qü’il jugo que le douci n’est pas parfait. II doit faire attention a ne pas circonscriro son travail seulement a la partie de la glace a corriger, mais a Fétendre un peu au dela, aulrement il creuserait la glace, et lorsque tous les défauts sont corrigés, il doit faire un travail léger sur loute Ia sur¬face pour amener toute cette surface a un grain bien égal.
Poli. Les glacés, après avoir subi l’opération du savonnage, sont aptes a recevoir le poli; cette opération, la première’qui ait été faile mécaniquement dans les manufactures de glacés, se fait au moyen de frottoirs en feulre et de colcothar ou oxyde rouge de fer. Cet oxyde rouge de fer s’obtient par la calcination de la cou¬perose verte ou sulfate de fer; cette calcination enlève 1’acide sulfurique, il reste 1’oxyde rouge de fer que 1’on broie et décante avec le plus grand soin pour 1’oblenir d’un grain très-fin, puis on fait sócher le dépot et on le livre en pains aux ouvriers polisseurs.
La différence entre 1’effet du douci et reflet du poli consiste essentiellement dans 1’effet des poudres agissant sous faction d’un corps dur ou d’un corps mou. C’est vainement qu’on prolongerait le frottement de glace sur glace avec les émeris les plus fins et avec le rouge de fer, jamais les surfaces ne deviendraient bril- lantes. Nous avons vu que pour doucir une surface de verre on procédé è 1’amélioration de la surface par i’in ter position de pou¬dres d’émeri de plus en plus fines entre cette surface a polir et un frottoir métallique ou une autre surface de verre qui participe ainsi au résultat du douci., Dans cette opération, les poudres rou- lent entre les deux surfaces; ces poudres, d’une grande dureté, ne sont pas des sphères, mais des polyèdres qui en roulant sur la surface du verre y produiseut un grain de plus en plus fin a me¬sure qu’on emploie des poudres plus tónues, et qui le deviennent elies mêmes de plus en plus sous faction du frottoir. Quand on pense être arrivé a un douci, c’est-a-dirc a un grenu suffisanament fin, on procédé au polissage au moyen do polissoirs non plus rigides, mais composes d’une substance molle, cuir ou feutre par exemple, contre lesquels viennent s’appliquer les poudres a polir qui s’enchatonnent pour ainsi dire dans ce corps mou, eh sorte que ces poudres n’agissent plus en roulant sur la surface a polir, mais comme présentant un mêmo angle. On a done, d’une part, la surface du verre composée d’une multitude infinie de petites aspérités, et, do 1’autre, une autre surface armee aussi de petites aspérités fixcS qui presse en tout sens sur les aspérités du verre, les émousse et y imprime une multitude de petites raies tellement rapprochées, qu’elles dépassent Ia divisibilité des rayons lumineux qui s’y réfléchissent comme s’ils tombaient sur une surface mathématiquement plane. Ces raies du verre produites par le poli sont tellement fines, qu’elles ne peuvent être mises en évidence par les plus forts grossissements du microscope; mais on apprécie toutefois la difference qui existe entre la surface du verre poli mócaniquement et le poli naturel de la surface du verre soufflé, par la comparaison des divisions micrométriques opé- rées sur ces deux surfaces. Sur une surface polie mécaniquement, les divisions, quand on veut les pousser a un certain degré, de- viennent confuses, sans doute paree que les raies inhérentes au travail du poli interfèrent avee celles opérées par le diviseur, tandis que sur une surface d’un poli naturel, les lignes tracées par le diviseur conservent une parfaite netteté.
Les frottoirs a polir sont garnis de feutre et montés sur des le- viers qui leur impriment un mouvement de va-et-vient sur la surface de la glacé posée sur une table a laquelle la machine imprime aussi un mouvement lent, inverse de celui des frottoirs. Un seul ouvrier peut suivre le travail du polissage d’un certain nombre de glacés, sur lesquelles il n’a qu’a projeter de temps en temps du rouge délayé, et le travail de polissage se fait d’autant plus rapidement que le travail du douci a óté fait plus soigneu- sement.
Les fabriques livrent la plus grande partie de leurs produits a 1’état de glacés polios, mais non étamées, paree que, d’une part, une très-grande quantité de ces glacés seront employées sans tain pour vitrage, d’autre part, les glacés étamées sont d’une conser-vation difficile en magasin: elles sont trop sujettes a des écorchures
de 1’étamage qui obligeraient a refaire ce travail. Les miroitiers preferent done de beaucoup les glacés nues, et ils ont tous chez eux un atelier d’élamage pour faire subir cette opération aux glacés au fur et mesure seulement des demandes,
ÉTAMAGE, AUGEKTURE. .
Étamage, argentiire. — L’étamage des glacés consiste dans la fixation, sur une de leurs surfaces, d’une légere couche de mer- cure, dont 1’óclat et la blancheur produisent une reflexion presque intégrale et sans alteration des couleurs propres a 1’objet réfléchi; mais le mercure, si liquide, pour être fixé sur la surface du verre a besoin d’étre retenu par un autre métal, et pour cela on Tamal- game a 1’étain: c’est eet amalgame qu’on nomme tain. Voici, sommairement, comment on procédé ; la table a étamer est formée par une pierre de sciage engagée dans un cadre de bois; 1’un des petits cötés est fibre pour laisser passage a ia glace, les trois autres sont garnis d’un rebord autour duquel on forme une rigole qui entoure la pierre et qui sort a faire ccouler le mercure excédant. Quelquefois cette rigole est taillée dans la pierre même. Aux coins de la pierre-sont des trous par lesquels s’écoule le mer¬
cure surabondant dans des bassins placés au-dessous, La pierre a étamer est portee, dans le milieu de sa longueur, par un axe sur lequel elle a la libertó d’exécuter un mouvement de bascule, de manière qu’on peut la meltre de niveau ou lui donner un peu d’inclinaison au moyen d’une vis de rappel. Au moment de com- mencer 1’opéralion, la pierre doit êlre de niveau et bien propre; on y étend le plus cxactement possible une feuille d’étain de la grandeur de la glace qu’on veut étamer, et 1’on a le plus grand soin de faire disparaitre le plus léger pli de la feuille en la lissant avec des brosses de erin doux. On répand sur cette feuille d’étain bien élendue une petite quantité de mercure, dont on frotte la feuille au moyen de rouleaux de lisières de drap, ce qui favorise et hate 1’amalgame: c’est ce qu’on appelle aviver la feuille. En¬
suite on verse autant de mercure qu’il peut en tenir sur la feuille d’étain, laquelle, par le fait de son affinité, peut en retenir une ópaisseur de quatre a cinq millimetres. On garnit d'une bande de papier 1’espacede la pierre qui reste entre son bord et la feuille
(Fóteinj pourque Ia glace, a son passage, ne prenno aucune ordure, et que la surface ne coure pas le risque d’être rayée par ie frot- tement. Pepdant ce temps, la glace a étamer a étó nettoyée et séchée avec Ie plus grand soin, après quoi on ne la touché plus que par 1’intermédiaire de plusieurs doubles de papier de soie.
On amène ensuite cette glace dans une position horizontale et Ton. pose son bord sur la bande de papier; pujs on la fait glisser ou couler aussi prés que possible de Ia feuille d’élaip > sans tqptefois la toucher, Cette parlie de i’opération doit être expcutóe d’un mouvement, égal jusqu’a ce que toute la feuille d’étain. soit pccupée par la glace, avec le soin de mainlenir toujoufS cclle-ci dans une position horizontale : si on 1’élevait, op laisserait iplro’- duire entre le tain et la glace qiielques portions de cette crasse ou écurne, qui est un commencement d’oxydatiqp qui sp forme a la surface du mercure; si, au contraire, on l’abaissait, Je bord de Ia glace couperait et entralnerait la feuille d’étain.
Lorsque la glace est coplée sur Ie mercure,' on la couvre d’une i
flanelle ou d’un drap, et on la charge de poids en pierre pp en
fer pour favoriser sou contact ayec 1’amalgame et aider par la
pressipn a Vexpulsion du mercure surabondant. Après que la ;
glace est ainsi chargée, on donne une légere pepte a la pierre, le
mercure en exces s’écqule dans les rigoles et est regu dans les i
bassins disposés aux coins de la pierre. Au bout de quelques heures, on augipente encore l’inclinaisop de la pierre ■ si on avait j
donné trop tót cette inplipaison, le mercure, en s’éeoulapt, aurait E
pu en trainer par son poids la feuille d’ótain, ou au moins quelques J
parties de cette feuille. Lorsque la glace s’est suffisamment |
égouttée sur la pierre, ce qui a lieu au bout de vingt-quatre >
heures, op la relève de dessus la pierre. Cette opération demapde !
heaucoup de management; le tain est encore mou, il contient j
encore un petit exces de mercure, et il serait enlevé ou écorché ï
par up très-léger frotlemept, Il faut done avoir soin, ep manianl j
une glace fraichement étamée, de pe toucher que Ia surface libre |
et 1’arête. On transpor te les glacés étamées de dessus la pier're sur
des égouttoirs ou plans inclines en bois, oü elles achèvept d’y
laisser écouler le mercure excédant qu’on recueille avec soin. On j
augmente peu a peu la pente des égonttoirs jusqu’a ce que Ton parvienne a leur dónner une position presque verticale. II est difficile d’assigner au juste le temps auquel 1’étamage est tout è fait purgé de 1’excès de mercure, car on voit souvent découler des globules de ce fluïde, de glacés déjè placées dans les appar- tements. Lorsque le tain a pris toute la solidité desirable, c’est-a- dire quand le fain est sec, il faut fixer la glace sur un parquet; puis on 1’encadre, car on n’étame généralement les glacés qu’au fur et & mesure de leur demande. II est toujours bien preferable de les conserver en magasiu nues, jusqu’hu moment de leur emploi immédiat.
Nous ne devons pas oublier de menlionner ici une nouvelle méthode de douer les glacés de la propriété de réfléchir les ob- jels, nous voulons parler de Vargenture des glacés; bien que ce procédé ne soit pas encore généralement adopté, il constilue un progrès tellement notable, il se substitue a une méthode qui, par le fait de 1’emploi du mercure, a des effets si déplorables sur la santé des ouvriers, que nous devons appeler de tous nos vceux son adoption générale. (Test au baron Liebig qu’est due la découverte scientifique. qui a servi de point de départ aux divers procédés industriels de 1’argenlure des glacés. Un premier brevet fut pris en Angleterre et en France par M. Drayton, mais il ne produisit pas des résultats assez satisfaisants pour determiner son adoption et la cessation de 1’étamage au mercure. Mais aujourd’hui, 1’ar- genture des glacés par le procédé de M. Petitjean remplit par- faitement le but. Ce procédé consiste a verser sur la glace, par- faitement nettoyée et placée dans une position bien horizontale, sur une plaque de fonte, une dissolution très-étendue de tartrate d’argent ammoniacal; celleci s’obtient en ajoutant une certaine
quantité d’acide tartrique a une dissolution d’azotate d’argent et d’ammoniaque contenant un léger exces de eet alcali, et en échauffant graduellement la glace jusqu’a la temperature de cin- quante degrés environ. L’argent métallique se depose en couche feuillante et adhérente a la surface du verre, lequel, bien nettoyé et séché, reQoit sur la surface argentée une couche de peinture è 1’huile au minium, ou bien, ainsi qu’on le fait en Allemagnë, un ènduit bitumineux. Ce procédé a 1’avantage d’une exécution très- rapide, joint celui du bon marché, car il suffit de 7 & 8 grammes de métal pour argenter un metre superfleiel de verre, soit environ une dépense de 1 fr. 40 c. & 1 fr. 80 c. pour la valeur de 1’argent.
Ce procédé, exploitépar MM. Brossette et Ce, ne laisse presquö rien è désirer. Si les objets rólléchis présentent une biancheur un pen pale, cela tient a la teinte inclinant au ja une de Pargent, teinte qui est d’ailleurs corrigée par la nuance généralement un peu azurée des glacés; les glacés argentées présentent d’ailleurs une grande vivacité et une grande pureté de reflexion. Les glacés argentées supportent sans inconvenient les voyages de long cours, auxquels ne résiste pas Pétamage ordinaire. Enfin, le procédé est économique; aussi espérons-nous que MM. Brossette et Ce, qui déjci opèrent journellement 1’argenture de 100 metres de glacés, étendront encore cette production dont on doit désirer la substi-tution compléte è. Pétamage au mercure.
Les miroitiers, qui, presque tous, font étamer chez eux les glaces-miroirs qui leur sont demandées, ont un outillage qui les fait sans doute hésiter a abandonner Pancien procédé, mais espé- ronsque la consideration puissante de 1’insalubrité de ce procédé, et la réussite chaque jour plus complete de 1’argenture, finiront par les decider a son adoption.
Nous devons dire quelques mots d’un essai qui a été fait de remplacer l’ótamage et 1’argenture par le pla.tino.ge. Il a été pris 5 cet effet un brevet en avril 1864 par un sieur Dode. Il est congu en peu de mots; il y est dit:
« Dissoudre 100 grammes de platine dans Peau r ég ale. — Evaporer a siccité. — Broyer lo residu a Pessence.
« D’autre part, broyer a Pessence 25 grammes de litharge ou autre oxyde de plomb, méianger ces deux produits, les broyer dé nouveau avec soin et très-fin.
o Etendre au pinceau le mélange sur la surface du verre qu’on veut étamer et passer au feu de mouffle. »
Tel est le brevet que MM. Creswell et Tavernier ont tenté d’ex- ploiter et dont nous avons vu les produits.
La surface sur laquelle le mélange a été étendu est la surface réfléchissante; elle se trouve en quelque sorte émaillée. La sub-stance pénètre a une certaine profondeur, ainsi qu’on peut le voir avec une loupe sur la tranche du verre : le verre, ainsi pénétré, conserve encore une partie de sa transparence, en sorte que la réflexion se manifeste plus complétement en appliquant sur Pautre surface, c’est-a-dire sur la surface postérieure, une feuille de papier bleu foncé, par exemple. ^incorporation de la mixture
i n’exigeant pas une température très-élevée, on met les feuilles
1 debout dans la mouffle.
j I/élamage des glacés par ce procédé est évidemment inférieur
i en beauté a Félamage au mercure et a Fargenture; il est sombre;
il ne doune pas une fausse couleur aux objets, n’est ni bleu ni
vort, mais neutre.
Les exploitants du brevet ont dit que Faddition d’uue certaine proportion d or au mélange donnait une reflexion plus blanche, mais que le résullat était plus douteux ; ce serait a vérifier. 11 y aurait lieu d’essay er aussi quelques aulres niét aux.
Les avantages du procédé seraient les suivants :
1° La reflexion étant donnée par Ja surface antérieure, il n’y a pas la double reflexion qui a lieu lorsque la substance destinée a réfléchir se trouve sur la surface postérieure.
2° La reflexion étant prodüite par la surface antérieure, peu imporie que la substance de la glace soit plus ou moins colorée, plus ou moins pure a un certain degré; on peut done employer aussi bien du verre a vitre ordinaire.
3° La reflexion étant prodüite par la surface antérieure, on se bornera k doucir et polir cettp surface ; pet avantage est considér- rable, même si on emploie.la glace coulée ordinaire.
Une des principales diftïcultés de ce procédé doit résider dans la cuisson a la rnouffle; il faut une température suf fisante pour incorporer 1’pmail dans le yerre, sans arriver au point de courber
* les glacés; la cuisson a plat comme pour la peiuture sur verre
serait sans doute preferable.
Nous ne connaissons pas tous les écueils que ces messieurs ont rencontrés; leurs prod ui ts étaient acceptés par les mi roi tiers, et toutefois ils ont cessé leur exploitation vers la fin de 1866, ce qui indique qu’ils ne 1’ont pas trouvée remunerative. Mais nous ne voudrions pas condamner sans appel ce procédé; il n’est pas impossible que des perfeetionnements amènent un jour sa réus¬site pour certains usages. '
COMPTABILITÉ.
Ainsi que nous Favons dit pour le verre è vitre (liv. II), en donnant les élóments du prix de revient des' glacés en France, nous n’avons en vue aucune position déterminée, aucun établis-
sernent en particulier; nous avons entre les mains tous Ies pal- culs relatifs a une fabrique existante, mais nous supposons dans les calculs qui vont suivre une glacerie dans des conditions moyennes sous le rapport du prix des matières premières, des combustibles et de la main-d’oeuvre.
Nous prenons pour base de nos calculs la production d’un four a dix pots de 400 kilogrammes de verre. Ges dix pots doiyent produire a chaque coulage 120 metres de glacés équarries au sortir de la carcaise et pesant 3,000 kilogrammes. Toutefois, nous n’eslimeronsqu’a 100 mètres superficiels de glacés la production de chaque fonte, faisant ainsi une large allocation aux divers dé- chets prod ui ts dans les divers travaux que subit successi vemen t la glace dans ses évolutions dansles ateliers et magasins; etainsi, bien que nous ne portions cette production que pour 100 mètres par fonte, nous étabiirons la dépense sur une consummation de 350 kilogrammes de matière neuve par jour, le surplus consistant cn rognures et casses de magasin.
Nous supposerons enfin que noire four produit pendant 1’année trois cents coulages, et nos calculs porteront ainsi sur une fabri-cation annuelle de 30,000 mètres carrés de glacés.
Nous allons done faire le calcul des dépenses relatives a la production d’abord de la glace brute, qui comprend la composi-tion, le combustible, les fours et pots, la main-d’ceuvre, les frais d’outillage.
Puis nous évaluerons les dépenses relatives au doucissage, sa- vonnage et polissage des glacés, et enfin nous ferons le compte des frats généraux.
La composition, conforme a ce que nous avons dit, est de :
100 kilogrammes de sable lavé, a 1 fr. 50 c 1 fr. 50 c.
40 — de sulfate de soude purifié, a 17 francs. 6 80
2k,50 de charbon pile, a 10 francs.. O 25
20 kilogrammes de carbonate de chaux, a 4 francs O 80
0k,50 d’acide arsénie.ux, a 50 francs. O 25
165 kilogrammes. 9 fr. 60 c.
Ayant de passer plus loin, nous tenons a justifier les prix ci- dessus : 1° pour la fabrication du verre a vitro, nous ayons compté le sable «traison de 1 franc les 100 kilogrammes; nousle portons ici a, 1 fr. 50 c. en raison des frais de lavage et séchage,
et nous sommes certain que ce prix de 1 fr. 50 c. couvrc large-
[ ment les frais inhérents a cette manutention. En effet, les sables
; les plus beaux, ceux de Fontainebleau, de Nemours, de Com-
| piègne, de Champagne, ne coütent pas 10 francs la tonne, soit
i 1 franc les 100 kilogrammes rendus dans les usines qui les con-
i sommen t. Un ouvrier peut certainement la ver au moins une tonne
t de sable par jour; en mettant done 50 centimes pour le lavage,
j le séchage et le déchet du lavage, nous sommes certain d’être au-
: dessus du prix de revient, en comprenant même le séchage dans
des chambres en briques, alors qu’on peut, dans la belle saison,
! faire provision de sable séché a Fair libre.
; 2" Nous avons mis le sulfate de soude purifié 5 17 francs les
i 100 kilogrammes, nous l’avions porté a 13 francs pour la fabri-
i cation du verre a vilre. Nous avons dit que les frais de raffinage
j póuvaient être évalués a 3 fr. 50 c. par 100 kilogrammes, rnais
Ï toutefois nous les avons compris pour 4 francs, et quant au prix
1 principal de 13 francs, nous ferons observer ici que le plus sou-
; vent Ie fabricant de glacés fabrique son sulfate de soude et.que si
; ce sulfate de soude coute eu Angleterre moins de 10 francs les
' 100 kilogrammes, la différence du prix du combustible et des
i pyrites ne peut pas constituer une différence de plus de 2 francs
;■ par 100 kilogrammes. Toutefois nous le comptons, y compris les
[ frais de raffinange, a 17 francs.
[ 3“ Nous avons porté 4 francs pour le prix du carbonate de
■■ chaux; a ce prix on peut, sans aucun doute, se procurer un car-
i bonate très-pur. La craie de Meudon, par exemple, a élé portee,
I dans nos comptes de verre a vitre, a 2 francs les 100 kilogrammes.
ƒ Nous portons ici 4 francs, pour le cas oü la fabrique de glacés se
1
j trouverait éloignée de la carrière de carbonate pur. Les 163 kilo-
{ grammes de notre composition coütent done 9 fr. 60 c., soit
! 5 fr. 89 c. les 100 kilogrammes. Les dix pots, soitdix fois 350 ki-
1 logrammes de matière neuve, ou 3,500 kilogrammes, cóütent
i done 206 fr. 15 c., et comme nous avons évaluó a 100 mètres net
j Ja production de chaque coulage, nous arrivons ainsi a 2 fr. 06 c-
| pour le prix de la matière première d’un mèlre de glace livré a
j' la consommation. Nous pouvons faire remarquer ici combien est
grande (’économie résultant de Ia substitution du sulfate, au car-
I bonate de soude dans la fabrication des glacés. En mettant Ie
carbonate de soude a 50 francs, la composition formée de ;
100 kilogrammes de sable, a 2 francs 2 fr. » c.
58 — dc carbonate de soude, a 50 francs..... 19. »
ök,50 dê charbon , 00 00
20 kilogrammes de carbonate de chaux, a 4 francs . 0 80
0kj50 d’acide arséniéux, k 50 francs 0 25
159 kilogrammes pour 21 fr. 05 c.
revient a 13 fr. 24c. les 100 kilogrammes; les 3,500 kilogrammes coütent done 463 fr. 40 c., qui produisent 100 metres, ce qui fait 4 fr. 63 c. pour le prix de la matière de chaque metre, auJieu de 2 fr. 06 c., soit pour une fabrication de 30,000 metres uno diffe-rence de 77,100 francs, et 257,000 francs pour une fabrication de 100,000 metres.
Combustible. — La consommation de la houille pour la fonte, le conlage et le réchauffage pour un four de dix pots de 400 kilo-grammes ne doit pas s’élever a 7,000 kilogrammes. Toutefois nous adopterons ce chiffre et celui de 3,200 kilogrammes pour le chauffage des carcaises, attrempage de pots, etc., et nous sup- poserons le prix de 20 francs la tonne pour le prix de la houille; les 10,200 kilogrammes a 20 francs content done 204 francs pour 100 mètres; soit, pour un metre, 2 fr. 04 c.
JLes fours et pots. — En supposant que chaque pot puisse opérer 20 coulages, la consommation, pour 300 coulages de 10 pots, serait de 150 pots que nous éraluons a 40 francs *, soit, pour les 150 pots, '6,000 francs pour 30,000 mètres de glace, soit 20 centimes par metre.
La dépense pour les réparations annuelles du four et des car-caises ne doit pas dépasser annuellement le même prix de 6,000 francs, soit 20 centimes par metre.
Main-d’nciivre. — Les dépenses annuelles relatives a la fonte et au coulage d’un four peuvent être évaluécs comme suit:
Deux composeurs 4,400 francs.
Un chef fondeur 4,000 —
Qualre tiseurs et reutreurs de charbon, a 750'francs.... 5,000 —
Un chef de coulage 2,400 —
A reporter....... 7,800 francs.
1 Nous avons évalué a 51 francs, le prix des pots de verre a vitre; ceux-ci sont un pen plus grands, et en raison des dispositions parlicnlferes relatives a leur sortie du four et au versage, nous portons 40 francs au lieu de 51.
Report......... 7,800 francs.
Deux verseürs a 1,000 francs........................ 2,000 —
Deux rangciïrs de glacés. 2,000 —
Un meneur de manivëllè. 900 —■
Denx ouvriers au chariot è corne 1,800 —
Deux ouvriers au chariot a ferrasse 1,800 —
Deux rouieurs 2,000 —
Six gamins 3,600 .—
. "l „ „ 'w
Deux chauffeurs de carcaises 1,400 —
Un redresseur dé carcaisé 900 —
Deux ouvriers suppléinentairès manoeuvres. 1,200 •—
25,400 francs.
Ces dépenses de main-d’ceuvre ayant un peu augmenté depuis que öes renseigriêtiients positifs noüs örit élé fournis, nous por- teróns cette dépense h 30,000 francs; cé qüi, pour 30,000 metres, fait 1 franc dé main-d’ceuvre.
Frais d'ontillage. — Noüs porterons pour les frais d’entretien des outils, rouleaux, tables, chariots, etc., et amortissement de cés öütils, la sómmé de 9,000 francs ; ce qui, pour 30,000 metres, dohne 30 céntimes par metre. En résumé, noiis avons ;
Composition ....... 2 fr. 06 c.
Combustible. ................ 2 04
Fours et pots*.- O 4Ö
. a
Main-d’ceuvrè. 1 »
Outillage O 30
Prix de 1 metre de glace brute. 5 fr. 80 c.
Si, dans le prix de revient de la glace brute, on fait entrer lés frais relalifs a 1’intérêt du capital constituent la valeur des bati- ments pour les halles,, carcaises, et l’outillage comprenant la table en fonte rabolée avec son chariot, les rouleaux, chariots,
t /
potences, etc., capital que 1’on peut évaluer a 200,000 francs. Cet intérêt, a 5 pour 100, est de 10,000 francs, ce qui, pour 30,000 metres de glace, fait 33 centimes par mètre. Le prix d’un mètre de glace brute est ainsi de 6 fr. 13 c., non compris les frais généraux que nous établirons ci-après.
Douci.;— L’opóration portant sur 30,000 metres net de glace peut être effeetuée par trente-cinq doucisseurs assistés de trente- cinq gamins.
Les glacés brutes sönt divisées par trois équarrisseurs a 900 francs ; . . ; . . . . k . 2>700 fr;
Assistés de trois gamins a 500 francs, . ; . . ... 1,500
Il y a ensuite un visiteur è 1,000 francs. . . . . , 1,000
Deux premiers ouvriers inspecteurs è 700 francs . 1,400
Ces inspecteurs regoivent une prime de l 0 centimes
par metre, soit 3,000
. Enfin, il y a trois appareilleurs de levée a
900 francs . i ; ; 2,700
On paye aux doucisseurs 2 fr. 10 c. .. . . . . ; 63,000
Total. .... 75.300 fr.
Les 63,000 francs a payër aux adóucisseiirs ne sont pas pour eux un salaire.net; ils orit è payer töüs les matériaux qu’ils em- ploient et qui consistent en pl&tre, grës, sable coinmun, émeri et menues fournitürës; ces diversés dépensës, pouf 30,000 mètres dë glace, pëüvënt s’élëver 22,000 fr.
Les doucisseurs payent leurs gamins & 25 fratics par mois, soit 300 francs par an, et pour les trente- cinq gamins ' 10,500
Du salaïrê total des doucisseurs^ il y a done a déduire ;..... 32,500 fr.
II resle, pour les trente-cinq doucisseurs i . . . . 31,500
Poür trois cents jours de travail, soit environ 3 francs par jöüf.
Aux frais ci-dessus nientionnés, il faüt ajóuter réritrëtien
Jl .
des bétiments du doiici, qu’ón peut évalüer aiïriüél-
lementa.. . . , 4,ÖÖÓ fr.
- 4 .
Enfin, il y a la dépense dës machines, qüi bóri- siste en un contre-maltre mecanicien 3,000
Deux chauffeurs 1,700
Un graisseür 800
Payement aux ouvriers mécaiiiöiëns, förgërbns, ajusteurs, réparateurs ........ .• . .... . 8,000
Dépense dë combustible poür Jës machines rié- cessaires pour le douci dë 30,000 mètres de giaOeS;
2,200 tonnes de cbarbbn a 20 francs. ...... . 44,000
Total \ . . 61,500 fr.
qui, ajoutés aux . 75,300
ci-dessus, dónnefit. 136,800 fr.
i Cette somme, répartie sur les 30,000 metres, donne en
: nombre rond 4 fr. 56 c. pour dépense par metre pour le douci.
I Savonnage, — Cette operation emploie trois in- ,
;i ' specteurs a 1,200 francs 3,600 fr.
i' Qui regoivent en outre une prime de 5 centimes par
metre, soit sur 30,000 mètres 15,000
f • On paye è fa<jon lo savonnage è raison de 1 fr. 30 c.,
| cé qui fait 39,000 -
f Sur ces 1 fr. 30 c., on retient toutes les fourni-
I tures pouvant s’élever, pour les 30,000 mètres, a
f environ 6,000 francs; il reste done 33,000 francs
i pour le travail qui peut être opéré par cinquante
, ouvriers, ce qui fait chacun 660 francs, ce qui pa- .
f raltrait un salaire peu élevé, si 1’on ne savait que ce
| travail est généralement opéré par des femmes,
f Enfin, pour reparation des batiments, nous porte-
[ ronsune somme de : ............... 1,500
• i
F Total 45,600 fr.
H * •
j; *
i qui forme le montant des frais de savonnage pour 30,000 mètres,
i soit 1 fr. 52 c. par mètre.
[ Poli. — Cette opération emploie ün équarrisseur et deux
aides 2,000 fr.
i Trois inspecteurs surveillants a 900 francs .... 2,700
j- Un visiteur-inspecteur 1,000
!; Prime pour les inspecteurs, 1 centime 3,000
p . Ouvriers accessoires pour machines, etc 3,000
I Total 11,700 fr.
.11 '
Quarante ouvriers pólisseurs peuvént sufure au tra¬! vail de 30,000 mètres, et regoivent 2 francs, ci. . . 60,000
t sur quoi ön leur déduit, pour fourniture de plêtre, de
j. rouge, de feutres, éponges, huiles, chandelles et au-
;■ tres menues fournitures, 24,00Q francs.
II reste 36,000 francs pour quarante ouvriers, soit 900 francs par an pour trois eents jours de travail, soit 3 francs par jour.
1 • -
A reporter. 71,700 fr.
■/
t
ïleport. 71,700 fr. L’entretien des hatiments du poli peut être évaluó a 6,000
Pour les machines, nous compterons un contre-
maltre mecanicien 3,000
Deux chauffeurs. 1,700
Un graisseur 800
Dépenses relatives aux forgerons, mecaniciens,
ajusteurs, fourniture de matériaux, briques, fer,
aciér, etc 14,000
Combustible. —■ La force nécessaire pour le poli
de 30,000 metres de glacés exigera 3,000 tonnes de
houille a 20 francs 60,000
Total. ..... 157,200 fr.
Le total des frais de poli est done de 157,200 francs pour 30,000 mètres, soit 5 fr. 24 c. par mètre. Nous avons done, pour prix do revient de la glace polie, par mètre :
Valeur du brut........
Douci. .. * 4 56
Savonnage 1 52
Toli. 5 24
17 fr. 45 c.
Non compris les frais généraux, les frais de transport, d’em- hallage, etc.
Frais généraux. — Nous évaluerons les frais généraux de la manière suivante :
Direction 10,000 fr.
Trois commis............ 4,500
Frais matériels de bureaux. . 1,000
Un chef de materiel en fabrique. . 2,000
Six gargons de magasin 3,000
Un estimateur 1,500
A *
A reporter. 22,000 fr.
IIVBB IH. «— GLACÉS COULEES.
. Report
Concierge, manoeuvres de cour, etc ......
Deux chevaux, un charrelier. i ....... .
Transport et emballage de 30,000 mètres, soit de 600,000 kilogrammes, a 10 francs la tonne. . . .
Location d’un magasin central. ..
Directeur du magasin et employés, ......
Frais de bureaux du magasin. .........
Total
Pour 30,000 mètres, soit 1 fr. 75 c. par metre.
Inférét des eapitaux d’étahiïssement. — L’établissement d’une fabrique, pour 30,000 mètres de glacés, donne lieu aux dépenses süivantes :
Une balie de coulage 80,000 fr.
Les carcaises de recuisson 50,000
Chemin de fer dans les halles, four a cuire les pots et autres dépenses accessoires 25,000
Bailments pour Ie douci, avec couloir dans le milieu de la largeur, pour la transmission du mou¬vement, deux autres couloirs sous les bancs des ma-chines,’construction de trente bancs et bailments ac- ' cessoires pour broyer le pl&tre, préparer Témeri, etc. 125,000
Bailments pour le doucif avec les détails de trans¬mission du mouvement et ateliers accessoires au poli; 150,000
Batiments pour magasins, bureaux, forge, menui- serie, emballage; logement de directeur ét employés. 185,000
Total . . 6i5,Ö0O ff.
L outillage de la halle, consistant en table de coulage; rouleau en fonte et chariot; la grue, les chariots a comes et a ferrasses, crochets et pinces, brouettës, au ges en fonte, seaux, pelles, etc. . . .
Quinze machines a doueir, a 8 000 francs. . . .
Quinze machines a polir, a 10,000 francs. . , .
Machines a vapeur pour le douci, le poli, les broyages de ihatièfeS premières, lerre, platre, • émeri 100,000
A reporter. 1,050j000 fr.
PRIX DE REVIENT.
Report. 1^050,000 £r.
Pompes d’injection pour les ateliers; tuyaux de
conduite, raoellons, ferrasses, pupitrö a glace et
autres accessoires 25,000
—
Total 1,Ö75,ÓÖÖ fr.
Nous prendrons 1’intérót sur 1,100,000 francs è 5 pour 100, soit. 55,000 francs, soit 1 fr. 83 c. par metre
L’intérêt de Ia valeur des glacés en magasin, que nous éva- luerons a la production d'une année, soit sur 30,000 metres a 18 francs, soit sur 540,000 francs, sera de 27,000 francs, soit 90 centimes par mètre.
Enfin, nous devons compter ün capital disponible pour 1’achat au complant des matières et les crédits aux miroitiers. Suppo- sons ce capital de 600,000 francs, soit 30,000 francs d’intérêt, cela ajoute encore 1 franc par mètre au prix des glacés.
Ajoutons dönc ces dépenses au prix de revient qiie nous avons êtabli a . 17 fr. 45 c.
Nous mettrons pour frais généraux . 1 75
Inlérêt du capital d’établissement ........ 1 83
'— sur valeur d’une année de production, . . » 90
— du capital de rouleraent 1 »
Total. .... 22 fr. 93 ë.
Nous n’ignorons pas que certaines de nos évaluatious pourront être contestées. Les uns tróüverons qüe la dépènsë pour matières premières n’a pas été portee a un chiffre assez élevé, mais que les frais de douci ou de poli sont au dela de la réalité. D’autres cri-tiques seront faites dans des sens différents, car il n’y a pas uni- formité de condition de travail chez les divers fabricants,' mais les documents d’après lesquels nous avons établi notre compte, nous ayant été communiqués par des personnes dignes de toute conti a nee, nous sommes persuadé que cë résültat final hë peut s’éloigner beaucoup de la moyeiine du prik de rëviërit des divers établissemehts.
La plupart des fabriques de glacés sönt constituées sur un capital
1 Nous devons noter ici que nous avons déja complé 10,000 francs d’intérêt les bailments et oulillages sur la valèiir dé la glace brute; 4,000 francs pour 'éparations des bailments dé douci; ét 6,000 francs aü mêmé titré sür le poli;
LIVRE III. — GLACÉS COULÉES.
excessivement ólevé, ce qui tient a ce que ces fabriques ont porté au compte du capital prim it if, non-soulement des achats d’im- meubles, ce qui était naturel, mais aussi les diverses transfor-mations successive» opérées dans 1’outillage, dans les mécanismes, et, dads ces conditions, elles ont a tenir compte d’un intérêt qui augmente considérablement le prix de revient. Mais nous avons du établir notre compte d’après les bases d’un capital largement suffisant pour 1’établissement d’une fabrication annuelle de 30,000 metres de glacés.
Le prix des glacés a subi d’énormes réductions, depuis le com-mencement de ce siècle, et surtout depuis trente ans.
Jusqu’en 1856, les glacés étaient vendues d’après un tarif imprimé, portant la date du ler janvier 1835.
Dans ce tarif, les glacés étaient ainsi cotées :
De 75 centimetres sur 66... a 48 fr« 70 c.
De 99 — 51... a 50
De 99 — 99... *
a 427 »
De 150 — 99... a 236
De 495 — 420... a 492 »
De 270 - 480. .. a 4,757
Il est vrai qu’on était arrivé è faire sur ces prix des remises
tellement énormes, que le prix nominal était bien loin de faire connaitre la valeur réelle; aussi fut-on amené a refaire, a la datedu ler aoüt 1856, un nouveau tarif qui fixait ainsi le prix des glacés d’après leurs dimensions :
PBIX DE REVIENT. 477
On ne fit d’abord que 5 pour 100 de remise sur le deuxième choix, 15 sur le troisième, puis on arriva, en 1861, & faire :
20 pour 100 de remise sur le premier choix;
30 pour 100 sur le deuxième ;
40 pour 100 sur le troisième.
En outre, on accordait sur le net de la facture une nouvelle re-mise de 5 pour 100 et un escompte de 4 1/2 pour 100.
D’après les bases préeédentes :
La glace de 75-6G (représentant 0mj495, prés d'un demi-mfetre superficiel) se yendait : -
. En ier choix net 17 fr. 78 c. soit 55 fr. 92 c, Ie metre.
En 2e choix net 15 57 soil 51 45 —
En 5^ choix net 15 54 soit 26 95 —
La glace de 99-51 (représentant 0^5049 superficiel) :
En lcr choix net 18 fr. 22 c. soit 36 fr. 08 c, le metre.
Eu 2* choix net 16 78 soit 33 22 —
En 3e choix net 14 58 soit 28 47 —
La glace de 120-84 (représentant lTO,008 superficiel) :
En lcr choix net 46 fr. 73 c. soit 46 fr. 35 c. Ie metre*
En 2C choix net 40 » soit 39 68 —
Eu 5e choix net 54 50 soit 54 02 —
La glace de 150-99 (représentant lm,485 superficiel) :
En ler choix net 71 fr. 85 c. soit 48 fr. 58 c. le metre.
En 2C choix net 62 87 soit 42 35 —
En 5e choix nét 55 90 soit 56 29 —
La glace de 195-120 (représentant 2m,34 superficiel) :
En ler choix net 127 fr, 74 c. soit 54 fr. 59 c. le metre.
En 2e choix net 411 78 soit 47 77 —
En 5e choix net 95 81 soit 40 94 —
La glace de 270-180 (représentant 4%86 superficiel) .*
En lcr choix net 322 fr. 26 c. soit 66 fr. 50 c. ie metre. ,
En 2C choix net 582 » soit 58 » —
En 5e choix net 257 27 soit 48 82 —
La glacé de 500-201 (représentant 6m505 superficiel) : „
En ler choix net 425 fr. 32 c. soit 70 fr. 55 c. Ie metre*
En 2e choix net 572 17 soit Gï 71 —
En 5e choix net 519 02 soit 52 90 —
La glace de 524-204 (représentant 6m,60 superficiel): «¬En ler choix net 479 fr. 75 c. soit 72 fr. 57 c. Ie metre.
En 2e choix nel 419 80 soit 65 51 —
En 5C choix net 359 85 soit 54 44 — '
Nous devons ici faire observer que le premier choix est pqur ainsi dire nominal, pour deux raisons: 1° ilest très-rare, il constitue
une glace tout a fait sans défauts; 2° il n’est pas demandé. Les miroitiers et les entrepreneurs ne demandant surtout que du troi- sième choix, dont les prix leur laissent une plus grande marge de bénéfices. ,
En dehors des conditions générales précédentes, les fabriques vendaient souvent des choix mêlés avec 40 pour 100 de dé- duction, 5 pour 100 de remise sur le montant de lafacture et 4 1/2 d’eseompte.
Et enfin, quand il s’agissait de glacés pour vitrage, elles étaient généralement vendues a un rabais de 45 pour 100, plus 5 de re-mise et 4 1/2 d’escompte ; souvent même les glacés pour vitrage étaient vendues 33 francs Ie mètre sans distinction de mesure.
Ce prix de 33 francs le metre constituait a peu pres le prix moyen de la ven te des glacés, paree que la plus grande quantité des glacés vendues est d’une superfieie inférieure 5 1 mètre.
En 1862, le lcr mars, il a été public un nouveau larif; nous alfons donner les prix de mesures précédemment énoncées d’après ce larif:
75®- G6® 18 fr. 40 e.
99®- 51® 18 85
150®- 99®...,. 74 »
195®-120® 152 »
270®-180® 355 »
300®-201® 440 »
524C~2Ö4C..... 496 »
Sur les prix de ce larif, on fait:
10 pour 100 .de remise sur. le icr choix;
15 pour 100 de remise sur le 2e choix;
20 pour 100 de remise sur le 5e choix.
En outre , sur le lolal des factures, on fait 5 pour 100 de remise et 3 pour 100 d’escompte.
D’après les conditions de vente ci-dessus :
75®-66c, soit 0'D,495 superficiel, se vendenl:
En lcr choix, 15 fr. 75 c. soit 31 fr. 77 c. le mètre. ‘ En 2e choix, 14 ,86 soit 50 » —
En 3C choix, 13 99 soit 28 26 —
99c- 51®, soit 0™.505 superficiel, se vendenl :
. En’lfir choix, 1G fr. 15 c. soit 31 fr. 98 c. le mètre. En 2« choix, 15 22 soit 50 13 —
En 3° choix, 14 55 soit 28 37 —
150c- 99®, soit lm,485 superficiel, se vendenl:
En l®r choix, .63 fr. 27 c. soit 42 fr. 60 c, le mètre,
En 2® choix, 59 75 soit 40 23 —
En 5® choix, 56 24 soit 37
<■ 87 —
195®-120®, soit 2m,34 superficiel, se vendent:
En ler choix, 112 fr. 86 c. soit 48 fr. 25 c. le mètre.
En 2e choix, 106 60 soit 45 55 —
En 3e choix. 100 32 soit 42 87 —
270^-180°, soit 4™,86 superficiel, se vendent;
Ep l«r choix, 284 fr. 72 c. soit 58 fr. 58 c, |e mfelrp.
En 2e choix, 268 90 soit 55 53 —
En 5e choix, 253 08 soit 52 07 —
3O0c,20Ic, soil 6m,03 superficiel, se vendent:
En ler choix, 576 fr. 20 c, soit 62 fr. 38 c. le metre.
En 2C choix, 355 50 soit 58 92 —
En 5e choix, 554 40 soit 55> 45 —
324c-204c, soit 6m,60 superficiel, se vendent : .
En 1®r choix, 424 fr. 08 c. soit 64 fr. 24 c. le metre.
• En 2® choix, 400 52 soit GO 68 —
En 3® choix, 376 96 soit 57 12 —
EnQn, il est tenu un compte de toutes les ventes faites aiix mar-chands, auxquels il est accordé au bout dp l’annéeuae bonification de 3 a 5 pour 100 sur le total de leurs achats.
Ainsi que nous 1’avpns fait remarquer, le premier choix n’est que nominal, la majorilé des ventes est en troisième choix.
A 1’Exposition universelle de 1867, la Compagnie de Saint-Qo- bain avait exposé un tableau tracé sous une forme simple et ingé- nieuse, qui, par une combinaison de lignes droites et courbes, indiquail non-seulement le prix de toules les mesurps de glace, mais en même temps le prix du metre superficiel pour toutes les dimensions et la progression des prix suivant ces dimensions,
Les glacés de vitrage se vondent généralement a raison de 27 francs lp mètre avec 5 pour 100 de remise; soit, net: 25 fr. 65 c,
Le tarif ne s’étend pas au dela de 324 centimetres de hauteur sur 204 de largeur, quoique les fabriques puissent livrer des glacés de 15 A 20 metres superficiels.
L’usage d’augmenter le prix du mètre superficiel a été vivement criliqué, lors de 1’enquêle de 1860, paries membres du conseil supérieur, qui disaient que, puisque toutes les glacés étaient cou¬lees de grande dimension, payees pour le travail du douci et du poli un prix égal par metre, il n’y avait pas lieu d’établir des prix progressifs; mats on a fait observer, avec juste raison a ces messieurs, que, quoique Ton coulat généralement toutes les glacés de même grandeur, on les coupait d’abord a la sortie des car- caises, d’après les défauts déja apparents dans le brut et les cas¬sures qui avaient lieu dans la recuisson; puis, après être polies,
elles sont encore divisées suivant les défauts que 1’on y recon¬* 4
nail. On n’arrive done a obtenir qu’un nombre assez restreint de grandes glacés exemptes des défauts essentiels qui les font re- buter, ou au moi ns rejeter dans une catégorie inférieure ; il est done tout a fait naturel que ces grandes glacés soient vendues non-seulement en raison du prix moyen de revient, mais aussi en raison des difficultés éproüvées pour les obtenir. La même cause d’ailleurs produit fabaissement du prix des petites glacés, qui ne dépassc guère le prix de revient, et dont la consommation est de beaucoup supérieure a celle des glacés de grandes dimensions. Du reste, en même temps que les prix ont été réduits dans une grande proportion, la difference entre les catégories a toujours été en s’amoindrissant, paree que 1’abaissement du prix a été la conséquence des progrès de la fabrication qui ont rendu plus facile la production des grandes glacés. Cette diminution du prix des glacés, l’exlension du luxe et Pemploi com me vitrage ont de beaucoup accru la consommation, qui est de nature a s’étendre encore.
Pour le moment, Ia fabrication annuelle de la France peut êlre évaluée è 380,000 metres, savoir :
Les fabriques de Saint-Gobain et Cirey, formant une seule compagnie 250,000 mètres.
Les fabriques de Montlugon, Recquiguies,
Jeumont et Aniche, ensemble 130,000 —
Total 380,000 mètres.
On estime que les six fabriques d’Angleterre ont une production de 350,000 —
En Belgique, les deux fabriques de Sainte- Marie d’Oignies et de Floreffe produisent une moyenne de 100,000 —
Enfin, la fabrique de Manheim, appartenant a la Compagnie de Ciroy-Saint-Gohain, et la fabrique d’Aix-la-Chapelle, louée par cette même société, peuvent produire environ. . . 120,000 —
Total 950,000 mètres.
La production totale des glacés coulées s’élèverait ainsi annuel- lement a neuf cent cinquante mille mètres.
L’étamage des glacés se paye a part, a raison de 15 pour 100 du larif de 1862 avec remise de 5 pour 100 et 3 et demi d’escompte.
Nous avons établi précédemment que les glacés brutes reve- naient a 6 fr. 13 c. Ie mètre, mais saus y comprendre les frais généraux, intéréts de capitaux; com me il se vend une assez grande quantitó de ces glacés brutes pour couverture de b&timents ou vitrages de grandes portes d'édifices, il conVient d’examiner quelle portion de frais généraux et d'intérêts de capitaux on doit ajouter a ce prix de 6 fr. 13 c.
Une fabrication de glacés brutes n’aurail besoin que des bail-ments de la halle de coulage, des carcaises et de quelques ateliers accessoires; Ie personnel de la direction, bureaux, magasins, se¬rail beaucoup diminué; d’autre part, le produit du coulage des dix pots de 400, que nous avons estimé a 100 metres a cause des diverses pertes résultant detoutes les séries d’opérations, serait très- sensiblement augmenté; tout coxnpensé, nous croyons qu’il suffi- rait de mettre pour frais généraux, intéréts des capitaux, etc., une somme proportionnelle a la valeur de la glace brute comparée a cell© de la glace polie.
La glace brute valant. 6 fr. 13 c.
Et la glace polie 22 93
Nous trouverons ainsiqu’au prix de la glacé brute. 6 fr. 13 c.
II faut ajouter: pour frais généraux........ » 46
Intéréts des capitaux » 75
Total. ..... 7 fr. 34 c.
II n’est pas nécessaire d^ajouter un intórêt pour valeur en ma-gasin, attendu que ces glacés brutes peuvent ê,tre livrées au fur et a mesure de la demande, sans nécessité d’en avoir en magasin.
GLACÉS SOUFFLÉES.
Nous avons dit, lorsque nous avons tracé 1’historique de la fabrication des glacés, que TAllemagne avait été la première a s’affrancbir du monopole de Venise pour la fabrication des glacés soufflées; cette fabrication n’y a jamais été interrompue. Non-seulement on y fabrique les petits volumes qui produisent les petits miroirs connus sous le nom de miroirs de Nurem¬berg, mais aussi la plupart des glacés qui ornent les maisons
dans toutes les parties de PAIlemagne. Les venders a llem an ds sont arrivés a souffler des glacés jusqu’è 2m,25 surlm,10, ainsi qu’on en a vu a Pexposition de Londres de 1851. Nous pensons que des glacés soufflées dans de telles dimensions sont d’une fabri¬cation plus difficile et plus eouteuse que celle des glacés coulees de même dimension; elles n’ont pour nous que le triste mérite d’une grande difficulté vaincue; mais la fabrication des glacés coulees exige une reunion de capitaux plus considérable que les Allcmands ne sont habitués a en consacrer a 1’exploitation de leurs verreries, construites assez légèrement, et que 1’on transfère
suivant les nécessïtés d’exploitation des forêts \
Quoique cette fabrication de glacés soufflées soit destinée a dis-
paraitre plus ou raoins proehainement, nous allons en dire quel- ques mots, pour indiquer de quelle manière les ouvriers sont parvenus a souffler d’aussi grands volumes.
Les détails dans lesquels nous sommes entrés pour la fabrication du verre è vitre, rendront plus compréhensibles les indications que nous allons donner, et qui résultent de la visite que nous avons faite d’une fabrique de glacés soufflées, située a Ludwigslhal, sur les confins de la Bavicre et de la Bohème.
Les glacés soufflées se fabriquent dans des fours semblables a ceux oü Pon fond le verre a vitre ; toutes les dispositions sont les mêmes, et souvent dans le même four on souffle des glacés et du verre a vitre. II est même assez remarquable que, malgré le poids considérable des grandes glacés soufflées, Ia fonte s’opère dans des pots relativement d’une bien faible capacité, tels qu’ils sont généralement employés en Bohème et dans les autres parties de PAIlemagne.
Une glace de 2C,25 sur l%10, que nous avons citée précédem- ment, présente une superficie de 2,a,50 et pèse 6k,25 parchaque millimetre d’épaisseur; on ne peut pas supposer qu’elle puisse êlre fabriquée a une épaisseur moyenne moindre de 7 millimetres, pour être amenée après le travail du dégrossissage et du douci è. une épaisseur de 4 millimètres. Cette glace pèse done, avant de subir ces operations, 42 a 45 kilogrammes ; e’est done la masse énorme de 45 a 50 kilogrammes de verre qu’il a fallu réunir au
1 II n’y a guère que depuis rétablissement des glaceries de Stolberg, en Prusse, et de Manheim, dans le pays de Bade, que la consummation des glacés coulees a commence a prendre de P extension en Allemagne.
!r
bout d’une eanne pour souffler une semblable pièce. Plusieurs souffleurs concourent a ce travail; ils réunissent plusieurs cueil- lages sür une même canne de dimension supérieure a celles des Cannes ordinaires : on arrondit la masse de verre, puis on com-mence le soufflage. Le souffleur n’a, dans aucun moment,.a sup-porter le poids du verre et de la canne, quid’abord est tenue dans unê position horizontale par deux ouvriers au moyen d’une barre transversale placée très-près du verre. Quand le soufflage a fait un certain progrès, que la calotte du maneb on est amenée au degró de minceur que Ton veut donner a tout le cylindre et que la matière devient rebelle, on porie le verre a 1’ouvreau sur un crochet pour le ramener a un état plus malleable. II ne s’agit plus ensuite que d’allonger la boule en la faisant devenir cylindrique, en conservant dans cetle transformation le diamètre et l'épaisseur de la calotte voisine de la canne. La canne alors, au lieu d’etre en position horizontale, est tenue verlicalement, et, a eet effet, elle se trouve soutenue par un anneau et une chaine, de telle sorte que 1’ouvrier qui souffle n’ait pas a supporter le poids du verre. Pour des pièces d’une aussi grande dimension, 1’ou- vrier est placé dans une espèce de chaire centre laquelle son corps s’appuie quand il souffle; peu a peu le verre s’étend; il est en même temps soutenu par un autre ouvrier empêchant le verre de couler trop vite et, par conséquent, de s’amincir dans le
centre, aumoyen d’nne planche quJil abaisse peu a peu.
Quand le cylindre est arrivé a la longueur voulue, resultant de
la masse du verre, on ouvre Fextrémité opposée a la canne, ainsi que nous 1’avons vu pour le verre è. vitre épais; on reporte le manchon au feu pour le chauffer le plus avant possible, etj avec des ciseaux, onle coupe longitudinalement jusqu’a la moitié en¬viron de sa lóngueur; on arrondit ensuite, mais toutefois saus faire adhérer les parties séparées, et on prend le manchon au pontil au moyen d’un pontil fait en verre, mais qui, au lieu de prendre tout le bord circulaire du cylindre, ne s’y attache que par deux points extremes, Quand la glace est prise au pontil on la reporte & 1’ouvreau, on la chauffe ainsi autant que possible en la soutenant transversalement, et on achève de la couper longi¬tudinalement avee les ciseaux; puis on la détache sur une longue pelle plate pour la porter de suite au four a étendre, chauffó è un très-baut degré et dans lequel on corrige Fopération du souf-
fïage, on refoulant les parties minces, et pressant sur les parties trop épaisses a vee un rouleau en fer. Celte opération se fait pendant qu’on souffle Ja glace suivante; et loutes ces opérations si pénibles, si diffïciles pouróviler le coulage dont ie résultat est si régulier, si facile! — II est vrai que nous avons parlé du travail relatif a une glace de très-grande dimension; la fabrication ne porte guère généralement que sur des dimensions inférieures è 0,81 sur 0,66 et de 5 millièmes d’épaisseur, d’un soufflage très-facile.
Une grande partie des glacés fabriquées dans les diverses ver- reries sont doucies et polies dans des établissements silués a Furth, prés de Nuremberg; cê sont surtout les glaees destinées è la petite miroiterie et a l’ébénislerie commune.
Ces glacés, fabriquées d’une assez grande épaisseur, sont scel- lées au platre sur des bancs comme les glacés coulées, et se ré- duisent, par le travail du dégrossissage, a une épaisseur de 1 et demi a 2 millimetres.
Nous avons expliqué, au livre II, pourquoi le verre a vitre, produit par des manchons développés, ne pouvait jamais avoir une surface comparable a celle du verre soufflé en plateaux; aussi lorsque les fabricants anglais commencèrent, ii y a trenle-six ans, ci fabriquer du verre a vitre soufflé en manchons, ce produit dut-il vaincre de grandes repugnances de la part du consomma- teur. On l’employa dJabord dans des dimensions que ne pouvait atteindre le crownglass pour le vitrage des serres, et autres usages oü la dïlférenee des surfaces ne pouvait pas être remarquée. Cette concurrence avait d’ailleurs amené dans la fabrication du crown- glass des perfectionnements tels, qu’il n’y avait plus que la glacé polie qui püt être comparée a ce verre. Ce fut la ce qui amen a MM. Chance frères è perfectionner d’abord la fabrication du verre
a vitre en manchons qu’ils avaient importée dans leur verrerie, et enfin ïipolir ses surfaces. C’est ainsi qu’ils fabriquer ent le verre auquel ils ont donné le nom de patent plateglass. Tandis que les fabricants de glacés soufflées en Allemagne, en France, en Angle- terre niême, soufflaient des verres a vitres très-épais que 1’on soumettait au même travail que les glacés coulées en usant une grande partie de Tépaisseur pour, amener Ie parallélisme des
surfaces, MM. Chance imaginèrent de n’opërer que sur dü verre relativement assez mince, mais étendu avec beaucoup de soin, pour éviter les bosses, et dont ils n’enlevèrent, pour ainsi dire, que 1’épidertne par un léger douci suivi du même poli que pour les glacés.
L’espèce d’ondulation qu’on remarque a la surface du verre a vitre, et que nous avons dit être le résuïtat inévitable de 1’iné- galité des surfaces extérieure et intérieure du manchon, ramenée par le développeraent ou étendage du cylindre a une parfaile égalilé des surfaces, développement. qui opère du cóté intérieur une extension, et ducöté extérieur un refoulement des molécules des surfaces, cette espèce d’ondulation, disons-nous, qui est sen-sible a Foeil, n’affecte cependant qu’une faible fraction de milli-metre de la surface, lorsque le manchon a été soufflé bien cylin- driquement et étendu avec soin. Il ne s’agit done d’enlever, comme nous 1’avons dit, pour ainsi dire que l’épiderme, et alors non-seulement il n’est pas nécessaire defabriquer du verre épais, mais 1’opéralion se fait même d’autant plus facilement que le verre est plus mince. En effet, la feuille est quelquefoïs légère- ment voilée, quelque soin que 1’on ait donnó a 1’étendage, tnais le verre étant mince peut, malgré cette legére voilure, se prêter a s’appliquer exac.tement sur une surface plane; seuleraent iï reprend sa première courbe quand ii a subi Fopération.
Au lieu de fixer et sceller le verre sur une surface solide et dure, M. James Chance eut 1’ingénieuse idéé de se seryir d’un cadre en bois, ou d’une ardoise bien dressée, que 1’on recouvrit d’abord d’un cuir d’une seule piece, qui fut ensuite remplacé par cette étoffe épaisse de coton qui sert générale ment è. habiller les ouvriers anglais et principalement les mécaniciens. Ce cuir, ou 1’étoffe de coton, est mouillé, et on y glisse la feuille de verre de manière a ne pas laisser introduire d’air entre la table et Ia feuille, qui y adhere ainsi, comme si elle y était scellée. Une table cor- respondante supérieure et également garnie d’une surface en coton est relevée pour qu’on y fasse adhérer une autre feuille de verre, puis rabaissée sur 1’autre table, et 1’on opère ensuite mé- caniquement le frottemenl verre contre verre avec interposition de sable et d’émeri. D’après ce que nous avons dit, le-but d’enlever l’épiderme jusqu’a effacement des ondulations est promptement atteint, et, par la succession de finesse des émeris, on arrive bientöt
au douci exigé pour le poli; on opère ensuite le douci de Fautre surface, puis les feuilles passent a 1’atelier du savonnage, oü des inspecteurs examinenl toutes les feuilles en interposant la feuille entre un bee de gaz et Foeil; ils marquent avec un trait rouge les défauts a faire disparaitre, travail qui est opéré par des femmes, puis les feuilles sont envoyées a Fatelier du polissage, oü les feuilles sont également fixéps sur une surface de velours colon mouillé fixée sur une ardoise bien plane, enchassée dans un cadre en bois. Ces feuilles sont polies mécaniquement par des bloes garnis de feutre avec du rouge de fer, comme pour les glacés coulées.
Ces petites glacés minces sont.éminemment propres a être em¬ployees en concurrence avec la glace coulee, quand on veut un vitrage parfait en dimensions moyennes; elles lui sont même su¬périeures, en ce que, étant beaucoup plus légères, elles n’exigent pas des chassis aussi massifs. Ces glacés sont aussi d’un excellent emploi pour couvrir des gravures, des aquarelles, pour des glacés de voitures, des vitrages de hibliothèque ; on en fait aussi usage pour la miroiterie dans 1’ébénisterie; enfin la photograpbie a augmenté beaucoup aussi la consommation de ces glacés minces. Nous croyons que la fabrication de ces glacés minces n’est pas, en Angleterre, de moins de 100,000 metres carrés annuellement. Cette fabrication a ólé introduite en France et en Belgique, mais n’y a pas encore pris d’extension.
Les Anglais fabriquent plusieurs épaisseurs de glacés soufilées qu’ils désignent, comme pour leur verre a vitre, par le poids du pied carré anglais; ainsi ils ont les patent plates de 13 onces, de 17 onces, de 21 onces et 24 onces.
Réduisant en mesures frangaises, nous dirons qu’ils fabriquent ces glacés en épaisseurs de 4 kilogrammes par metre, n° 1; de 5k,25 par mètre, n° 2; de 6k,50 par metre, n° 3, et de 7k,40 par metre, n° 4.
Les petites dimensions, c’est-a-dire 6 pouces sur 4 jusqira 10 sur 8, qu’elles soient du numéro 1 ou du numéro 4, se vendent a rai¬son de 12 francs le mètre.
Les dimensions de 22 pouces sur 1G se vendent:
Le mètre en numéro 4................... 46 fr. 50 c.
— — 2 49 25
— - 5..., 20 90
. > ■
* - - -
t
Enfin les dimensions de 40 ponces anglais sur 30 jusqu’a 48 sur 32 se vendent;
Le metre en numéro 1 .
2...................
— — 3
Nous allons donner un aperqu du prix de revient de ces glacés.
Nous avonS dit, livre II, que le verre a vitre ordinaire* en me- sures courantes de 2 kilogrammes ayant une superficie moyenne de 0rn,4513 , revenait a 1 fr. 25 c. le metre superfiGiel; ces feuilles de 2 kilogrammes ayant une superficie de 0mJI4513, pèsent, en consequence, 4k,43 par metre. Le metre de verre ordinaire pèse done 4k,43; c’est celui que nous prendrons pour équivalent du numéro 1 des verres polis qui pèsent 4 kilogrammes par metre. Dans ce prix de 1 fr. 25 c., nous avons fait entrer les frais de gestion, frais généraux, interets des capitaüx; mais comtiae on doit prendre des soins particuliers pour la fabrication et 1’éten- dage surtout du verre destine a être poli, nous porterons sa valeur par metre a. .... . 1 fr. 60 è.
Les frais de douci sönt beaucoüp inoins élevés que pour les glacés, car il ne s’agit, cómme nous avons dit, que d’enlever, poür ainsi dire, Fépi- derme du verre; il n’y a pas de scellement au platre, puisque la feuille est fixée simplement par la pression almosphérique, les frais de ce douci ne selèvent pas, par metre, a plus de 2 20
Le savonnage ne diffère pas beaucoup du savon- nage des glacés; mais toutefois le maniement des pièces est plus facile; les frais peuvent être éva- lués a 1 20
La dépense du poli est présque aussi grande que pour les glacés; mais en raison de 1’absence du scellement, de la facilité de Ia manutention> ils ne s’élèvènt pas, par metre, au dela de. .... . 4 50
Total du prix dé revient, indépendamment des . frais généraux. 0 fr. 50 e.
A reporter, 9 fr. 50 c.
ip fteport. 9 fr. 50 c.
' Nous oomptons pour frais généraux, dont les
J comptes precedents nous dispensent do faire le dé¬
tail , 1 »
■I I z
Intérêt . 1 »
if Amortissement. . » 75
,■ Intérêt de la valeur des verresen magasin.. . . » 25
; Total général 12 fr. 50 c.
■i !‘
b;.' t
h« Nous prendrons ensuite le prix de revient du numéro 4, qui cor-
respond au verre a vitre de double épaisseur.
J J f‘
i'; Nous mettrons le prix du verre soufflé, par
? metre, a 3fr. » c.
ff; Toulefois ce verre épais étant moins souple,
1 i
f f plus sujet, par conséquent, a se casser dans les di-
verses manipulations de fixage sur les parquets, j on peut évaluer cette difference a une dépense
f extra de 1 fr. 25 c. parmètre, ci 1 25
f Ajoutant les frais de douci et de poli, comme
f j pour le numéro 1, soit 7 90
.•’ j; Le prix du metre du numéro 4 revient a. . . 12 fr. 15 c.
if au lieü de 9 fr. 50 c., prix brut du numéro 1, et è 15 fr. 15 c., en y
i ' comprenant les frais généraux et intéréts, au lieu de 12 fr. 50 c.,
prix du numéro 1; les numéros 2 et 3 reviendraient naturelle- ƒ' ment a des prix proportionnels intermédiaires entre les prix du
numéro 1 et les prix du numéro 4.
ff 1 Pour compléter le livre IÏI des Glacés, il nous reste a parler des
j.f glacés brutes minces coulées qui ont été fabriquées d’abord, il y
V F !
If- a dix-sept a dix-huit ans, par M. J. Hartley, de Sunderland, qui a
f-i i donné a ces glacés le nom de rolled plate, sous lequel elles sont
P counues en Angleterre. Le hut de eet habile fabricant a été de
4 : produire, pour Ia vitrerie et la couverture des Serres et batimonts,
I .
'p des glacés plus minces que les grandes glacés coulées, et par des
K moyens plus économiques. Le procédé de M. Hartley a été adopté
iff depuis par plusieurs verriers anglais et par la fabrique de Saint-
|j Gobain, qui a donné a ces glacés le nom de verres a reliefs.
r-i-ï
!
Au lieu de press er, sur un marbre, dans un cadre, une certaine quantile de verre cueilli è la canne, comme on le fit autrefois, et au lieu de tirer le creuset du four pour le verser sur une table, cé qui exige, comme nous avons vu, une main-d’oeuvre et ün outil¬lage dispendieux, on prend le verre fondu dans le creuset au
.
moyen d’une poche a long manche qui peut en contenir de 15 a 20 kilogrammes (comme les poches avee lesquelles on trêjetait autrefois le verre des glacés des pots dans les cuvettes *), 1’on versé
1 ces poches, manoeuvróes par trois hommes, sur une petite table, sur laqüelle on fait passer un rouleau comme dans le grand cou-
: lage. On coule généralement ce verre de 3 è 4 millimetres d’é-
j paisseur; cette épaisseur est réglée, comme pour les grandes glacés, au moyen de deux réglettes fixées sur les cötés de la table. On imprime généralement u ces glacés une cannelure ou un quadril- lage8 qui dissimulé en grande partie les bouillons et autres défauts resultant de ce mode de coulage. On coule en Angleterre
des épaisseurs de:
1/8 de pouce, 3mm, 175,
3/16 — 4mm?763,
1/4 — 6mm,350,
3/8 — 9ram,526,
1/2 — 12mm,700,
mais plus de la moitié de la fabrication Se fait en 3mm, 176, et plus de la moitié du reste, en 4mm,763.
Nous n’avons que peu de mots è dire de la fabrication de ces glacés, qui est d’une extreme simplicité.
Le verre, com posé comme le verré a vitre ordinaire, est fondu dans des fours semblables a ceux du verre a vitre, dont le fond des pots est au niveau du sol de la halle. Lorsque le verre est fondu et affiné, les ouvriers du coulage se mettent a Poeüvre; on introduit la poche dans le four et Ton fait porter le manche sur un crochet placé en avant de Pouvreaü, de manière que 1’ouvfier qui tient 1’extrémité du manche püisse facilement tourner a moitié la poche pour 1’introduire dans le verre et la ramener pleine. Lés deUx autres ouvriers la soulèvent alors au moyen d’une barre
1 C'est cette operation qui donna a M. J. Hartley 1'idée dc cette nouvelle fabrication.
3 P’oii est venu le nom de verres a reliefs.
transversale pour la sortir du four; on donne au-dessous do la poche un choc sur une plaque de fonle pour faire tomber les ba- vures qui sont sur les bords; on va verser la poche de verre sur la table de coulage, qui n’a généralement pas plus de 0m,75 de largeur, et deux ouvriors font passer le rouleau sur ce verre. Lorsque le verre a été étendu, on fait décrire a la table sur son centre un mouvement horizontal d’un quart de circonférence, la table se trouve ainsi faire suite a une table en bois portée sur un chariot sur laquelle on pousse le verre coulé, on pousse cé chariot mobile sur des rails jusqu’au four a recuire, fig. 96, chauffé par
Fig. 96.
les foyers C et D et dont 1’entrée de 1’aire se trouve au même niveau que la table du chariot. On pousse le verre par Pentree A sur la pierre a refroidir B et après Py avoir laissée se raffermir, on la relève au moyen d’une fourche introduite par une des ouver¬tures G, U centre la paroi E F, comme le verre & vitre dans les an¬ciens fours a étendre; on relève une seconde feuille contre la pre¬mière et ainsi de suite (toutes, bien entendu, dans le sens de la largeur, la seule dont les bords soient droits); et quand on a relevé ainsi un certain nombre de feuilles, on passe une barre de fer
dans ï’intérieur du four a recuire par les ouvertures K, L, pour ap- puyer les feuilles suivantes, pour qu’il n’y ait pas un trop grand nombre de feuilles pesant sur la premiere mise en place.
La construction de ces fours A recuire est très-simple. Les feuilles n’ayant généralement pas plus de 0m,75 de large, le four carré n’a qu’environ 1 metre de hauteur de pied droit et est voute très-plat.
Après avoir coule une premiere glace, et pendant qu’on opère la manoeuvre qui doit conduire cetle glace au four a recuire, les ouvriers de coulage vont de nouveau remplir la poche et viennent verser la matière pour une seconde glace, et ainsi de suite.
On comprend que l’introduction. plusieurs fois répétée, de la poche dans le verre fondu produise des bouillons dont le nombre s’augmente chaque fois; c’est pourquoi, après avoir pris plusieurs poehées de verre dans un pot, on le bouche et on prend le verre dans le pot suivant; pendant ce temps, le verre du pot se purge de bouillons, l’on y revient après avoir pris le même nombre de glacés dans le pot suivant, et 1’on vide ainsi successivement tous les pots.
Lorsque tous les pots sont vides, on bouche le four ou les fours dans lesquels on a mis le verre a recuire. Au bout de peu de jours le verre est suffisamment froid pour qu’on puisse le tirer du four; on le porte en magasin, on coupe au diamant les deux bouts irréguliers perpendiculairement aux deux aretes, puis on le divise suivant les commandos.
• On congoit que ce verre puisse être fourni a très-bas prix; les frais de production ne sont pas élevés, ce travail pouvant être accompli par de simples manoeuvres. Lorsqu’on conslruisit le pa¬lais de cristal pour l’Exposition universelle de 1851, M. J. Hartley offrit de fournir tout le verre nécessaire en épaisseur d’un * huilième de pouce anglais, soit 3m“, 175, a raison de 18 £ 13 sh.
4 d. par tonne, soit 466 fr. 65 c. les 1,000 kilogrammes. L’épais- seur de 3»>m,175 donneun poids de 7k,9375 par metre superficiel.
M. Hartley offrait done de fournir du verre de 3mm,175 a raison de 3 fr. 70 c. le metre. Cette offre ne fut pas acceplée paree que 1’on n’avait pas encore alors une expérienee suffisante de 1’effet de cette sorte de verre; on craignait qu’il ne fut plus fragile que du verre soufflé, et qu’on ne s’exposat a des accidents en coüvrant avec ce verre un bailment dans lequel se trouveraient réunis ün
si grand nombre de personnes et de merchandises d’un grand prix, et 1’on employa dü verre soufflé d’un douzième de pouce d’épaisseur (2ram, 1) de 5k,3 par metre superficiel, qui coftta 675 francs la tonne, soit 3 fr. 57 c. le metre superficiel.
Nous allons voir que le prix de 3®,70 aurait laissé a M. Hartley une belle marge de bénéfices.
Nous prendrons pour base de la comptabilité 1’organisation telle qu’elle existe en Angleterre, paree que cette fabrication n’est pas encore en France sur un pied de grande consommation. On fabri- que ce verre dans des fours ayant huit pots ronds de I™,50 de diamètre du haut et de 8 a 12 centimetres d’épaisseur. Ces pots, quand ils sont secs, pèsent de 1,500 5 1,750 kilogrammes; on y fond environ 2,000 kilogrammes de verre. On no fait générale- ment, en Angleterre, que trois fontes et tróis cordages parse- maine, quelquefois quatre, si la demande presse; on pourrail facile ment faire six fontes et six coulages par semaine. Les huit pots produisent environ 12,000 kilogrammes de verre coulé, mais en raison des décbets, casse, etc., on nê peut pas évaluer la pro¬duction a plus de 9,000 kilogrammes net, soit par semaine 27,000 kilogrammes et par an 1,350,000 kilogrammes, ce qui fe- fait environ 170,000 mètres superficiels en épaisseur de 3mni,175 etd’environ 114,000 mètres superficiels en épaisseur de 4mm,763.
II y a, en Angleterre, trois fabriques qui font du rolled plate, et leur fabrication reunie ne s’élève certainement pas a moins de 2,500 a 3,000 tonnes et de 200,000 a 300,000 mètres superficiels.
Pour base du prix de revient de la composition, nous nous re- portons aux prix établis pour le verre a. vitre, ïivre H, et alors noüs comptons:
Fours et pots. — Pour les fours et pots, par 100 kilogrammes
5 fr. 30 c. les 100 kilogrammes; mais nous avons dit
que 12,000 kilogrammes de verre coulé se rédui-
saient a environ 9,000 kilogrammes: ii y a done un
déchet de 3,000 kilogr., soit environ 25 pour 100,
mais ce déchet est du groisil qui rentre en
grande partie dans la composition. Nous estimerons
A reporter. » fr. 98 c.
Report,
done, comme pour le Verre a vilre, que les 100 ki¬logrammes de verre eompris, le gage des mélan- geurs est de. ....... .
Combustible. — Comme pour le verre a vitre. .
Main-d'ceuvre de forite. — Comme pour le verre è vilre. . . . . . . . . . . . . . ..... . . . .
Main-d''oeuvre de coulage et de recuisson. — Le personnel comprend: x
1 conlre-raailre 6 francs.
1 ouvrier écrémeur 4 —
1 tisenr 5 —
3 hommes a la poche, a 3 francs.... 9 • —
3 hommes au roulage, a 3 francs.... 9 —
3 hommes au chariot et four a re-
cuire, a 3 francs 9 —
12 40 francs.
mats il faut des ouvriers pour relayer les hommes de la poche et du rouleau .* nous compterons sur un personnel de vingt au lieu de douze pay és 70 francs pour une production de 9,000 kilogrammes net, ce qui fait par 100 kilogrammes.
Frais de magasin et de coupe. — Nous évalue- rons cette dépense aux deux tiers de celle du verre ct vitre, en raison de ce qu’une surface de glace coulee mince ne réprésente pas par 100 kilo¬grammes la moitié de la surface produite par le même poids de verre a vitre; nous porterons done sur ce chef par 100 kilogrammes
Emballage. — Pour le même motif, nous porte- terons pour 1’emballage non pas moitié mais deux tiers du prix du verre & vitre, soit
Forge, menuiserie, — Comme pour le verre è vitre .
Enfin pour les frais gènèro.ux, intéréts, gestion. — Nous porterons par 100 kilogrammes.
Total de la dépense par 100 kilogrammes. 21 fr . 09 c.
er Ce compte remet Ie prix de revient du mètre carré a 1 fr. 66 c. en épaisseur de 3mm, 175 et è 2 fr. 58 c. en épaisseur de 4ram,75.
Nous avons vu, au livre II} que le verre è vitre revenait a 28 fr. 08 e. les 100 kilogrammes : cette difference de 7 francs par 100 kilogrammes provient des frais de soufflage et d’ótendage,
remplacés par ceux bien moins considérables du coulage.
Ce verre se vend en moyenne, en Angleterre, sur Ie pied de 2 fr. 90 c. le mètre en épaisseur de 3mn,,l 75 et de 3 fr. 30 c. en épaisseur de 4m“‘, 75.
La manufacture de Saint-Gobain, qui, comme nous 1’avons dit, désigne ces glacés sous le nom de verres a reliefs, ne fabrique qu’une seule épaisseur de 5 è 6 millimètres, et les vend dans les dimensions au-dessous d’un demi-mèlre superflciel, 6 francs net en verre derni-blanc, et 6 fr. 80 c. en verre blanc; dans les di¬mensions d’un demi-centimètre a un mètre superflciel, 6 fr. 80 c. net en verre demi-blanc, et 7 fr. 60 c. en verre blanc. Ces prix seraient sans doute beaucoup réduits si la consommation devenait plus importante.
II est a noter que le verre demi-blanc de Sainl-Gobain est plus blanc que le verre anglais.