LIVRE IV
BOUTEILLES.
On donne Ie nom de bouteitles aux vases de verre plus ou moins foncé en couleur, ayant un col assez étróit, de maniëre a pou- voir être facilernent böuché, généralement avec un bouchon de liége; ellessont, a 1’exclusion de loute aulre matière, en usage pour contenir les vins. Les bouteilles servent aussi a renfermer d’autres liquides spiritueux et d’autres matières liquides ou so¬lides dont on craint 1’évaporation ou 1'évent. Cette fabrication offre un grand intérêt, en raison de son importance ; elle s’élève, en effet, a une sorarae très-considérable; car, en France seule- ment, on fabrique de cent a cent quinze millions de bouteilles, dont Ia valeur s’élève de 14 & 18 millions de francs.
Les bouteilles se fabriquent dans des verreries spéciales : c’est pourquoi nous les avons séparées des autres vases de toutes sortes en verre qui formeront le texte dulivre suivant.
L’liistorique de la fabrication des bouteilles ne peut s’étendre è une époque très-óloignée. Longtemps on conserva les vins dans des oulres, dans des jarres en terre, et ce n’est guère qu’è la suite des raffinements du luxe qui s’introduisirent a 1’époque de la renaissance, que commenga 1’usage général des bouteilles eu verre, non-seulement pour contenir, mais pour y faire vieillir les vins. La Verrerie dont les archives remontent a Fópoque la plus reculée est celle de Quiquengrogne, pres de la Capello (Aisne), appartenant au vicomte Van Leempoel. Elle a été fondée en 1290, fut brevetée par Charles de Bourgogne, le 2 mars 1467; par Frangois ïer, le 5 septembre 1523; par Charles IX, en mars 1565;
par Henri IH, en octobre 1574; par Henri EV, en 1598; par
Philippe, roi de Castille, 7 avril 1559; par Albert et Isabelle, infants d’Espagne, 26 juin 1559. Voila certes de vrais titres de noblesse, pour cette verrerie; maïs ils ne détruisent pas notre assertion que I’usage général des bouteilles ne dale guère que du quinzième siècle. Tandis que, pour les autres produits en verre, on s’efforgait de fabriquer une matière blanche et transparente, on se contenta, pour les bouteilles, d’un verre assez grossier, et les verreries qui les fabriquaient s’appelaient verreries en- verre noir ou verreries d bouteilles. Ce verre, d’une part, élait moins dispen- dieux et avait, en outre, la propriété de dérober a la vue le dé¬pot que les meilleurs vins forment a la longue dans les vases qui les contiennent. De nos jours, la fabrication des bouteilles s’est généralement transformée; on voit fort peu de bouteilles en verre noir,ou, pour mieux dire, brun foncé, ou vert foncé, qui avait donné son nom a la couleur vert boulciUe. Nous iridïquerons ci-après la cause de ce changement, en parlant de la composition.
La fabrication des bouteilles demande des soins de plus d’un genre; leur composition doit être combinée de manière a ce que la matière ne soit pas altérée par les liquides qu’elles sont des- tinées a contenir. L’acide sulfurique étendu d’eau et Ia plupart des autres acides affaiblis peuvent décomposer les bouteilles dans lesquelles 1’alcali ou la chaux en quantité surabondante ne se trouvent pas suffisamment combines. Nous avons vu des bouteilles
d’une bonne fabrication apparente, qui, sous Faction d’un acide
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affaibli, se recouvraient intérieurement d’une sorte de pustules qui était un sel calcaire, et peu a peu les bouteilles se trouvaient transpercées par cette action. C’est ainsi que des vinsdont la plu¬part contiennent un peu d’acide libre sont parfois altérés par des bouteilles de mauvaise qualité. On con^oit, des lors, 1’impor- tance extréme de composer et de fondre les bouteilles de manière a éviter ce grave défaut.
II est extrêmement important aussi que les bouteilles soient soufflées bien régulièrement et bien recuites, Ces conditions sont surlout essentielles pour les bouteilles destinóes a contenir des vins ou autres liquides gazeux. Si la matière se trouve inégale- ment répartie, la pression dugaz ne manque pas de faire éelater la bouteille, a Fendroit oü elle rencontre la moindre résistance.
La rupture a lieu également si les bouteilles n’ont pas été recuites
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avee le plus grand soin. line suffit pas qu’une bouteille soit d’une épaisseurassez forte pour résister a la pression du gaz, car si, d'aulre part, la recuisson n’a pas lieu dans de bonnes conditions, la bouteille la plus épaisse sera même la plus sujette a se briser. Il résulte des soins particuliers apportés a la fabrication des bou¬teilles destinées aux vins mousseux, qu’elles se vendent le double au moins des autres bouteilles.
Nous croyons devoir dire ici quelques mots de la contenance des bouteilles et de la réglementation que quelques économistes ent paru désirer leur imposer. On sait que cerlaines formes spé- ciales ont été généralement adoptées pour les vins des divers crus. Ainsi, les bouteilles pour vins de Bourgogne ont une forme différente de celles pour vins de Bordeaux, et les bouteilles pour vins raousseux ont aussi leur forme particulière. Toutes ces bou-teilles ont des contenances qui varient de 60 a 88 centilitres ; et comme le prix-de ces vins est établi par le vendeur, par bouteille ou par douzaine de bouteilles, on voudrait qu’elles eussent une contenance rigoureusement déterminée; on s’appuie, a eet égard, sur la fraude usitée par certains negotiants peu scrupuleux, qui, ayant a expédier a 1’étranger ou même dans l’interieur du pays des vins mousseux ou autres, font fabriqner pour leur commerce special des bouteilles de moindre contenance, afin de vendre pour un même prix une quantité moindre de vin. Ce commerce déloyal nejuslifie pas a nos yeux cette demande.
On n’est déja que trop porté chez nous a 1’abus de la régle-mentation et de- 1’intervention de 1’autorité dans les affaires privées. Sans aucun doute, l’adoption del’unité de mesures métri- ques a été un grand bienfait, 1’un de ceux qui font le plus d’hoa- lieur a noire revolution ; mais n’aurait-on pas lieu de se moquer du législateur qui voudrait que I’on ne put boire que dans un gobelet d’une contenance déterminée ? Si Ton vous sert une bou¬teille de chateau-laffitte, de clos-vougeot ou de cliquot, vous ne mesurez pas si la bouteille contient 65 ou 75 centilitres de ce précieux liquide, vous avez surtout égard ü Fauthenlicité du ca¬chet. Un producteur qui se respecte, quand il a a dopte un type de bouteille, renferme invariablement ses vins dans des bouteilles du même type, et comme il ne porte pas sur sa facture tant de litres, mais tant dé bouteilles, 1’aebeteur n’esl pas frompé et sail ce qu’il acliète. Si M. X’** vend au même prix des bouteilles de
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vin dë Champagne de ia même qualité, mais d’unë conlenance moindrë que celles de M. Z***, on conlinuera a se foürnir chez Cé dernier. Si M. X , après avoir vendu, a un certain prix, des bou- tëiilés d’üne certainé contenance, ehvoie, pour une dcinande sui- vaiite ét aü ihÖnie prix, des bouteillës d’ünë conlenance moindre, il aura fait üne fort söttê spéculatioh, car s’il a gagné un peu plus sur eet envoi, il perdra indubitablement ce Client, La fraude peut biëii procurer üh profit accidental, mais élle ne conduit pas a ünë pfóspéritë durable.
Noüs ajóulerons d’ailieurs que la bouteille nê peut jamais être une mesüre légale rigoureuse, cohime celle que 1’on fabrique en inétal; on fabrique dans les verreries des boüteilïes de litres, de deini-litrès, mais ce h’est jamais qii’un & peu pres; il peut y avoir ët il y atoujóürs des differences de 1 a 3ou6 centilitres d’une bou-teille a 1’autre; car, d’uiie part, le vérrier në peut mesurer a
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5 grammes pres la quantile de verre qu’il cueille, et, d’aulre part,
la fagöii dont ia matièrë est répartie paf lo söüfflage dans , - * ■ ’ , ‘‘ *
deux boüteilïes qtii présenteront extérieufëiiienl Ie même profil peut arnëhër dés différenees dans leur capacité.
Nöüs alions a présent passer directeiherit a la fabrication des
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böüteilles. Nous cohimehcërons par la composition.
COMPOSITION-
La qualité ëssëntielie des boüteiiles, avons-noüs dit, est la so- lidité; c’est presque la seulé a laqüëlle on se soit longtemps atta-ché, et pöurvu que la couleur bruné öü verdStre fut nette, c’est- it-difë üön nüageüse, ët que la matièrë fut i peu prés exèmpte dë huiles, öii s’idquiëtait peil dü plus óü inóins d’ihtënsilé de la cöüleur. Cëtte couleur, poür chaqüo verrefie, dépendait en très- grande partie de la nature dés matières premières qü’elle ein- jiloyait, lësqüelles matières premières dépendaient de la iocalité óü était sitüée la vérrerie. Airisi, dans lé vöisiriage dés grandes villes, on éiriployait dans la composition des boüteilïes qüelques
cendreS néuvesde böis et surtout de grandes quantilés de charrées, prod uit de la lexiviation des céndres de hois paries blanchisseüses. LëS autres matières qui eütraient dans ia composition ëiaient le sable, qui pöuvait, saus inconvénieut, êtrë jaüné et plus ou nioins
COMPOSITION.
argileiix, et la solide brute de Varëch. Quahd le sable est trës- silicëüx, oil ajóuté une certain© quantité d’argile ordinaire a Id composition; lorsque le sable ou 1’argile ne cohtiëünent qu une faiblë proportion de calcaire, ón ajoüte a la composition dé la craië oil de lamarrié; enfin, dés bóuteillés casséés, lés déchets de la fabrication et même les crasses dé grille öü picadit font alissi
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partie, en différéntes proportions, de la composition des bóuteillés.
Töutes lëë matières, après avoir été mëlangées, soiit frittées dans des arclies altenaht au four de fusion, avant d’etre eriföürnées dans les pots. La couieür plus óu moins brune, plüs ou inoihs verte, plus ou móihs fóhéëe dés bóuteillés, tièrit a la proportion d’oxyde ile fer ou de matières chafbönriëüses qui ëntrent dans ia cönipösition. Le fer seul donnerait unê cÓülèüi? bleü&lre, iriais lés matières organiques qui restent toujours, malgrë lé irittage, önangènt cetté couleur én vert plus óü moins brttn. .
No üs avons dit prëcédemmeht que les substances puf és, silicë, alütüihé, chaux, élaienl extrêmemént rëféactairés, mais qüé lés mêines substances, mÖlangéës et süftout additionnées d’ünë très- faible proportion d’oxyde de fer, pouvaiènt devenif irès-faciièmënt vitrifiables; aihsi Talumine et ia chaux, invitrifiables séparó- ment, produisent un vérre, lorsqü’óri sóüniët aü feu leur inë- lange; le sdble ou 1’dlümine, avec ünè treë-faibie pröpörtiöü de chaux, mais mélanges d'un peu d’oxyde de fer et de matières organiques, se vitrifient très-facilement: certaines argiles qui produisént d’assez bonnës briqües, si on hé les cuit pas a un trop grand feu, se fondent en un verre noir, si on les soumet au feu de verrerie. C’est celte propriété des mélanges qui a été mise a profit dans la composition des bouteilles, pöur écöno- rniser ldmatière qui est toujours Ja plus chère dans la composi¬tion des verres, c’est-a-dire Vaicali, et oblenir ainsi un verre a bon marché. .
Les laves ou aulres produits volcaniques étant lé produitd’üne réelle vitrification, on a dü penser qu’on pourrait aisément les revitrifier, et les faire eiitrer dans la composition des bouteilles, avec ou sans addition d’autres matières. Nous avons dit, au livre lCr, p. 105, qüé ce fut le célèbfë Chaptal * qui ïë premier provoqua 1’emploi des lavës et basal les dans des vèrreries; après
1 II êtait alors prófesseur de chimie des de Languedoc,
avoir fait dans son laboratoire queJques experiences préiiminaires, en 1780, il remit tine certaine quantité de lave du volcan éteint de Monlferrier, pres de Montpellier, a un maltre de verrerie des environs d’Alais, gui fit 1’épreuve de cette lave pure et sans mé¬lange dans son four chauffé a la houille. La lave fondit assez ra- pidement et on en fit des bouteilles d’nn beau poli, mais Irès- foncées en couleur; un autre maltre de verreries des mêmes contrées essaya aussi Vemploi des laves, et réussit, pendant quel- que temps, a faire d’assez bonnes bouteilles, en mêiant ces laves avec du sable et de la soude; mais il dut toutefois renoncer a eet emploi, paree que cette matière n’était pas toujours identiquo dans sa composition, amenait des accidents de fabrication, des irrégularitésde fonte, qui, au lieu d’une économie, causaient des pertes très-notables.
D’après ce que nous avons dit, on peut aisement conclure que la composition des bouteilles varie pour chaque verrerie, et se trouve le résultat des matières qui se trouvent le plus a portee, car, nous le répétons, la composition des bouteilles doit nécessai- rement être peu dispendieuse.
Dans les verreries qui avoisinaient Paris, de Sèvres et de la Gare, qui eurent, la première surtout, une grande célébrité, la composition des bouteilles était en moyenne d'après les bases suivantes: .
Terre jaune Ires-siltceuse et trés-calcaire, contenant aussi une assez forte pro¬
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portion Je carbonate de Ier 1,000 parlies.
Charrées, ou cendres lessivées, séehées dans les arches een-
drières et tamisécs 550 —
Craie ou manie piléc et tamiséc 500 —
■ faoude de varech» /o —*
A qtioion ajoutait les groisils de la fabrication qui, eu y joi-
gnanl le picadil de la grille, setrouvaicntgénéralemenl dans Ia
proportion de. 720 —
Vietlles bouteilles achelées aux chifftfuniers, environ 500 —
Total 5,175 parties.
Quaud les sulfates de soude devinrent d’un prix peu élevé, on remplaga souvent les 75 parties de soude de varech par 50 de sulfate de soude.
Quand les charrées m an qua i ent ou qu’on voulait les supprimer
pour fabriqüer un verre un peu plus clair, on employait unecom position dont la moyenne peut se résumer ainsi qu’il suit:
Terre jaune, comrne. ci-dcssus
Sable commun
Craie ou ma roe
Soude de varech ,
Groisils de fabrication et picadil, comrne précédemment, en¬
viron
Total.
1,000 parlies. 500 —
500 —
250 —
S i £
750 —
5,000 parties.
Et, dans ce cas, on n’ajoutait pas de vieilles bouteilies, qui, étant généralement dJune ancienne fabrication, se trouvaient très-fon- cées en couleur.
Ces bouteilies étant destinées en très-grande partie au commerce de Paris et ne devant pas contenir de vins mousseux, il y avait peu d’inconvénients a charger la composition de bouteilies cassées. lln’en aurait pas été de même pour les bouteilies de Champagne, car nous avonsdit, dansles livres précédents, quel’additiond'une forte proportion de groisil rend le verre plus sec, plus aigre ; il a moins de cohesion et se brise plus facilernent sous la pression d’un gaz ou par des changements de temperature. Dans les verre- rics des environs de Paris, la quantité de vieux verre employé dansla composition nJest guère limitée que par la propension a la dévitrifi cation, qui s’augmente par 1’addition dugroisil.
Nous allons donner quelques compositions qui étaient employees, il y a une trentaine d’années, dans des verreries du département de la Meuse, qui fabriquent des bouteilies pour les vins de Cham¬
pagne.
Sable argileux , . - ♦.
Chaux ..
Cendres de bois *
Soude de varech .. -.
Sul fate de sonde
Picadil pilé et tamisó *
Groisil de fabrication
Autre:
Sable argileux.
Cendres de bois ...
Argile jautie
Craie.
Chaux
Sulfate de soude.. ^...
Groisil et picadil de la fabrication.
1,000 parties. 850 —
600 —
50 —
20 —
60 —
600 —
1,000 parties. 500 —
400 —
750
700 —
75 —
Autre:
Sable argileux .. .„ J ,000 parties.
Argile 850 —
Chaus. 75Ö —
Craie. 250 —
Soude de varech 500 —
Sulfate dc soude....... 20 —
Groisil et picadil de la fabrication.
Toutes ces compositions étaient frittées avant d’être entour¬ages dans les pots, et fondues dans des fours alimentés avec du
1
hois.
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On peut voir, d’a pres ce qui précède, que la composition des bouteilles n’est pour ainsi dirp guide© que par 1’empirisme, et ne s’appuie pas sur une théorie raisonnée. Sans doute, il serait naieux de calculer la puissance vitrifiante des divers éléments, Soude, chaux, fer, alumine, etc., el de pquvoir déduire de 1’analyse exacte des diyersps matières premières employees dans quelles proportions il serait plus cpnvenable de les melanger; mais nous devons convenir que cetle théorie est encore a faire. Ainsi, cer¬tains sables, certains argiles sont plus fusibles que d’autres, sans que les analyses aient indiqué jusqu’a présent des causes suffi- santes : il paral trait que la disposition des rnolécules, 1’état plus ou moins amorph© de ces rnolécules ont des influences puissantes dans Fopération de la vitrification. Le yerrier ©st done principa- lement guidé par la nature et le prix des matières premières qu’il peut se procurer le plus facilement et au meilleur march©. Les essais, I’expérience de la composition qui produit les meilleures
bouteilles, dans la fonte la plus courte, sont les principanx guides du fabricant de bouteilles. 11 ne s’agit pas seulement d’avoir une vitrification facile, le verrier rencontre souvent un écueil faclieux dü è la trop grande quantité des matières terreuses qu’il emploie, e’est la devitrification: ce qu’on appelle verre ambitê ; les com-positions de bouteilles sont toules plus ou moins sujettes a ce dé- faut, que Ton n’évite qu’en maintenant le four a une assez haute température eten ne prolongeant pas trop la durêe du travail; il y a des compositipus qui, dès le commencement du travail, pro- duisent sur les bouteilles une teinte nuageuse bleualre, semblable au laitier des hauls foumeaux, et auxquelles on doit naturèlle- ment renoncer, car avant même d’ayoir épuisó la moitió du
creuset, le veyre serait entièrement dévitrifie et ne pqurrait être soufflé. Les progrès de la fabrication des produits chirnigues ont amené presque entièrement le rejet de feipploi des soudes brutes dans les localités éloignées de la mer et leur remplacement par le sulfate de sóude. Al’époque oiile sel marin (chlorure de so- dium) ótait exempt dq droits, les verriers è bouteilles i’employèrent dans Jeurs compositions en assez grande quantité, conjointement avec le sulfate de soude. Comment ce chlorure de sodium, qui, théoriqqement, n’est pas decompose par la silice et la chaux a une haute temperature, si ce n’est avec addition de vapeur d’eau, se trouvait-il cependant décomppsé dans les arches cendrières ? lYpus ne qous ehargerons pas de l’expliquer; peut-être Fhumiditó dq sable éfait suffisante, peut-être aussi la multiplicité des ma-
tières de ja composition, sabje argileux, ferrugjneux, chaux argi- leuse, chlprure de sodium, donne-t-elle lieu a des reactions et decompositions qui n’auraient pas lieu pqur un composé de silice, chaux et chlorure de sodium. Le fait est que le chlorure de sodium agissait comme fondant énergique. Lorsque le sel fut de nouveau taxé, les verriers obtinrent qu^on fabriquêt pour eux du sulfate de soude mélange, c’est-a-dirè du chlqrure de sodium a moitié décomposé, nontenant moitié chlorure, moitié sulfate. La composition suivante peut être considérée comme une moyenne des compositions actuelles de bouteilles dans les verreries de France.
Sable de riviere (limoneux nontenant de Vargile en proportions diyerses, des matiërcs oi-ganiques et de Poxyde de fer). 100 parties.
Carbonate de chaux 10 —
Marne ealcaire♦ . >.., * 10 —
Sulfaie mélange de chlorure de sodium 6 a 10 —
a quoi on ajoute le groisil du travail et le picadil préalablement broyé et tamisé.
Nous répétons que nous ne pouvons assignor des composi¬tions ahsolues, puisque les éléments et leurs proportions dépen- dent des localités, de la facilité et des prix auxquels on peut obtenir les sables, chaux, marnes et alcalis. Ainsi,dans les fabri- ques debouteilleschampenoises, les matières premières employées sont: un sable argileux et ealcaire contenant aussi une assez forte proportion de carbonate de fer; des eendres de bois neuves
ou lessivées; la craie de Champagne ; le sulfate de soude et la soude brute, c’esl-è-dire le produit brut de la décomposition du sulfate de soude, par la craie et le charbon ; ces deus matières sont tirées des usines de Chauny.
Nous n’avons parlé quede la composition des bouteilles a vin, celles qui se fabriquent dans les verreries a bouteilles proprement dites; on fait aussi, pour cerlaines liqueurs, des bouteilles parti- ticulièreSj, qui sont pour ainsi dire 1’enseigne de chaque liqueur : il y en a de bleuêtres, de jaunes, de vert clair. La composition de ces bouteilles est généralement assez semblable a celle du verre it vitre qui serait faite avec du sable plus commun, avee addition . d’une certaine proportion d’oxyde métallique, pour produire la teinte désirée. Nous devons mentionner spécialement les bouteilles a vin du Rhin, qui ont une forme allongée spéciale, et une teinte agréable d’un brun rouge, que Pon fabrique auprès de Saarbruck et dans d’autres localités dé PAllemagne. II est clair que la teinte
de ces bouteilles est due a Paddition d’une certaine proportion dé manganese : eet oxyde modifié par le fer et les matières charbon- neuses contenues dans la composition produit cette jolie teinte ’ brun-rouge léger. Nous n’indiquons pas la proportion de manga- nèse, par la raison qu’elle dépend des éléments 1'er et charbon contenus dans les autres matières.
Il y avait autrefois un grand nombre de verreries a bouteilles qui employaient ïe bois pour combustible. Cela avait, sous un rapport, un grand, avantage, paree que Pon pouvait plus facile- ment, en tisant avec du bois pendant le soufflage des bouteilles, entretenir le verre a une haute température et Pempêcher ainsi de devenir ambitè; tandis qu’avec la houille on est oblige, comme nous Pavons vu pour le verre a vitre, de faire une braise daus le four, au lieu de continuer a tiser pendant le travail, et qu’ainsi le verre ne reste pas a la même température pendant la durée du soufflage. Malgré eet avantage du bois, les autres facilités qui résultent de 1’emploi de la houille, et surtout l’économie, ont fait presque généralement adopter ce dernier combustible dans les verreries a bouteilles: et nous ne parleronsjque des fours oü
Ton brul o la houille. La forme carrée est cello généralement adoptée pour les fours a bouteilles.
Ces fours eontiennent généralement huit pots ronds d’une con- tenance d’environ 1,000 kilogrammes; c’est sur cette donnée quo nous décrirons la fonle et le travail, et que nous établirons ensuite la comptabilité.
j Les pots ont:
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< Diamctre du haut. 1X08
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i Diamclre du bas 0“,9i
1 Hauleur.... ■. , 1“03
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i L’épaisseur de ces pots est de 0raj08 en bas, et 0m,05 en haul.
5 En raison de la grande dimension de ces pots et de leur poids,
? quelques verriers ont 1’habitude de pratiquer dans la confection de ces pots une rainure inférieure avee renfïement prés du bord; cela donne plus de facilité pour les manoeuvrer dans le four et les
approcher du mur d’ouvreau au moyen de crochets.
Nous avons dit que les fours eontiennent ordinairement huit
pots; ces huit pots sont travaiïlés par dix places, cinq de chaque cólé du four; la place du milieu cueille son verre sur les pots a sa droile et a sa gauche, et a un petit ouvreau au milieu pour la confection du goulot.
La composition pour les bouteilles doit être frittée dans les arches avant d’être renfournée dans les pots. Cette opération, qui n’est plus pratiquée dans les verreries de verre a vitre, 1’est en-core dans toutes les verreries è. bouteilles: elle a pour but 1’éva- poration des substances charbonneuses et gazeuses qui se trou- vent mêlées aux matières de la composition ; elle amène en même temps un plus intime mélange, qui favorise la combinaison et la fusion dans les pots. Les soudes brutes, les charrées, les cen- dres, le picadil, qui entrent encore dans la composition dans cer- taines verreries, nécessitent d’une manière absolue 1’opératïon de la fritte, car si on enfournait directement dans les pots une com-position dont ces matières feraient partie, la matière se boursou- flerait énormément, la plus grande partie serait ainsi projetée en dehors du pot.
II y a des matières que 1’on cnfoürne a part, dans des arches, avant de les ajouler a la composition ; co sont, par exemple, les charrées, qui arrivent toujour sa la verrerié humides et qu’il con-
vient dp faire sécher préalablement; maïs a part 1’opérafion de la dessiccation, on doit fritter ensemble toutes les matières formant la comppsitipn, saüf les grojsils, qui ne seraient qu’unp addition inutile. Si on frittait & part la soude brute? les eendree le picadil, la chaleur de Tarche cendrière oceasionnerait une fusion, produi- rait un magma qu’il faudrait ensuite briser pour le roller aq sable et aux autres matières, tandis qu’en les melant avecle sable, les argiles, les matières calcaires, il est facile, en remuant de temps en temps tout ce mélange, de le maintenir dans une dis¬position a s’unir et a se vitrifler, mais pas assez avancée pour produireune masse compacte, une réelle fusion.
Les qualre arches a fritter d’iin four a bputeilles dpivent pou- voir confepir la cpmpqsitjon pour deux journées. En effet, quand commence la fonte, on prend la malière dans deux deces arches, une (ie chaque cóté, pour renfourner jes pots, mais ce premier renfournement ne pppcluisant que nspitié a twis cipquièmes de la contenance du pot, il reste de quoi corqplptprles pots dans ces deux arches, qui ne peqvent servir a fritter les matières pour la fonte suiyante; e’est do.nc dans les deux aulres arches que 1’on en- fourne, dès le commencement de la fpnte, la matipre pour la fonte du lendemain.
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Si, toutefbis, les matières ne sont pas trop pharbonneuses ou du moms si la matiere qui cpntippt pes parties charbonneuses n’est pas en grande proportion, on peut se contenter d’archps a fritter moins grandps ou n’en avoir que deux, paree que les cinq a six heures qui s’ecoulent entre le dernier renfournement de
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malière dans les pots et la fin dp la fonte peuyent suffire pour fritter les matières de la fpnte suivapte.
L’ouvrier charge de 1’opération de la fritte doit yejller a cp que tout renfournement soit cbauffé successivement d’une manièrp égale ; si certaines parties rostent trop longtemps exposéesau point ou la temperature psi le pjus élpvée, 1’alcah se liquitip, la fritte de- vient non-seulement pAtepse, mais presque hqutde, et s’attaclie
a Faire de 1’arche. 11 faut done, par une manoeuvre attentiye, ra¬
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mener a 1’entrpe de l’arche les portions gui pnt été fprtenient chauffées et repousser, au contraire:, au point le plus chaufl les parties qui étaient a 1’entrée de l’arche. Qn se serf, a cpt effet, d’un r&ble en fer, ayec lequel on trapp des sillpns daps la ma¬tipre, npn pas en prqsegtant et ppussant la partie large du rable
dans une position horizontale, mais en poussant I’un des angles de manière 5 atteindre avec cet angle 1’aire de 1’arche.
Quand les ouvriers bouteillers ont fini le soufflage, le fondeur et les tiseurs preparent la grille, font tomber toütes les scories, et remettent le four on fpnte. A us si tót quJil est arrivé au degré de température convenable. Je fopdeur et les enfourneurs pren- , nent la fritte avec de grandes pelles en fer dans les arches a fritter, et ils cliargent les pots, qui ne se trouvent ainsi qup peu refroi- dis par ce renfournement. Lorsque ce premier renfournement est fondu, on procédé a un premier rechargement, puis de même a un deuxième, et si la grille a été bien menée, le tisage fait con— vonablement, et si la houille est d’une bonne qualité, la fonte
doit être terminée en douze 5 quatorze heures au plus. Le fon¬deur et les tiseurs de fonte quittent alors le four et sont remplacés par le liseur de travail qui fait la braise, c’est-a-dire qui garnit toute la fosse de houille, de manière a maintenir le four chaud pendant le travail. Nous ne nous étendrons pas sur cette opera¬tion de Ia braise, analogue a celle que ,’nous avons décrite- pour le verre a vilre •, le verre a bouteille n’exigeant pas autant de finesse, et d’ailleurs la nature du verre étant moins sujelte a se Iroubler, Popération de la braise ne dure que deux heures. On emploie pour cette braise environ 3 tonnes de charbon, soit 3,000 ki¬logrammes; quant a la fonte proprement dite, on y consomme environ 8 tonnes de houille, y compris le ehauffage des four- neaux de reeuisson. Qn consomme done, en totalité, 11 tonnes de charbon de terre, pour la fpnte et Ie travail de 8 pots non¬tenant chacun 1,000 kilogrammes de composition. Ces 1,000 ki¬logrammes de composition avec groisils donnent environ 600 kilo¬
grammes de verre utile,soit 600 bouteilles fortes de 1 kilogramme ou 750 bouteilles de 750 grammes. La production journaljère est done de 6,000 bouteilles pour les 8 pots et les 10 places, et cornme on faitun travail par vingt-quatfe heures, cela fait une production mensuelle de 180,000. bouteilles par four. Les pi- cadils qui tombent au travers de la grille provenant du boursou- fïement de la matière par-dessus lés ppts et le groisil de la fabri¬cation qui rentrent dans la composition des jours suivants forment environ 400 kilogrammes. Nous avons done 600 kilo- logram mes pour chaquepot ou 6,000 kilogrammes'de bouteilles pour les 8 pots, produites par la combustion de H tonnes ou
? 508
: 11,000 kilogrammes de houille; soit 183 kilogrammes de houille,
pour 100 kilogrammes de bouteilles fortes, ou 137 pour 100 de
v bouteilles ordinaires de 750 grammes.
;; Dans les verreries du département du Nord, les fours sont gé¬
,, néralement de 8 pots de 600 bouteilles, du poids de 825 grammes.
;i . On estime gue 1’on consomme 170 kilogrammes de houille, par
.,ĥ 100 de bouteilles du poids de 825 grammes, cequiferait 206 ki-
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;j; logramtnes de houille par 100 kilogrammes de bouteilles. bes
i verreries qui font les bouteilles champenoises ont généralemenl
f, des fours a 6 pots de 500 bouteilles, et consomment en moyenne
p 200 kilogrammes de charbon par 100 bouteilles.
j Le travail des huit potées de verre est opéré par dix places,
f > composées chacune d’un maitre ouvrier, d’un grand gargon et
b d’un gamin. Ce travail dure de neuf a dix heures, sans interrupt
ji; •; tion, paree que, comme nous 1’avons dit, le verre a bouteille est
P, très-sujet a devenir ambitê; pour procurer aux ouvriers un ra-
fralchissement, on a ordinairement une onzième place appelée b place foumante compléte, qui relève chaque place fixe, tour a tour,
' ’ en faisanl vingt-cinq bouteilles sur chaque place. La place tour-
i' / nante fait, dans les dix heures, deux fois le tour du four, et relève,
b par conséquent, chaque ouvrier deux fois durant ce temps,
p Pendant que le tiseur de jour fait la braise, le grand gargon et
b Ie gamin préparent la place, mettent les outils en ordre, nettoient
b les cannes et autres outils, de manière que tout soit prêt lorsque
jb le verre est bon a travailler, et le maitre ouvrier sur place. Le
tó gamin met alors une canne a chauffer dans 1’ouvreau, pendant
que legrand gargon écrèmele verre; lorsqu elle est assez chaude, i b il cueille un premier verre, retire la canne et laisse un peu refroidir
bS le verre, en tenant la canne horizontalement et la tournant sur
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f;5! elle-même plus ou moins rapidement, suivant la fluidiló dn verre
H’; et de manière a ne pas le laisser couler, puis il cueille un second
ff , coup de verre, et passe Ja canne au grand gargon, après avoir
i.'f, rafraichi la canne en 1’arrosant avec 1’eau d’un baquet posé a
"b 1’extrémitó de la place. Le grand gargon achève de cueillir le
j; • verre nécessaire a la confection de la bouteille, puis commence a
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marbrer eta souffler soncueillage, c’est-a-dire a faire sa poste, Je marbre ótant sur un support, a l’extrémité de la place et loge¬ment incliné vers lui, il roule la canne eu lui donnant Ja même inclinaison que celle du marbre, et, pla^ant le verre eu dehors du inarbre, et tirant en même temps la canne a lui, il tranche ainsi Je verre jusqu’au mors de la canne. II roule ensuite le verre sur le marbre, toujours avec la même inclinaison, et commence & souf-fler, de temps en temps, en tenant la main droite pres de 1’ena- bouchure de la canne, et la main gauche vers le milieu etremar- brant dans les intervalles oü il ne soufflé pas. Quand la poste a pris dcja uu certain développement, le grand gar^ori, relevant les bras et continuant a lourner Ie verre, de manière a ne plus s’ap- puyer sur Je marbre que par la partie inférieure, tire peu a peu la canne è lui, de manière a laisser couler le verre et a former le col de Ia bouteille; il a alors accompli sa part de la confection de la bouteille, c’est-a-dire que la paraison est termince. II la porie a 1’ouvreau, pose la canne sur le crochet pour laréchaufler, tournant la canne pour maintenir le verre, et aussitót qu’il est arrivé a la température convenable, il remet la canne au mattre ouvrier, qui, appuyant 1’extrémité do Ia paraison sur un autre marbre, posé a terre devant la place, souffle a pelits coups, de manière a former le fond de la bouteille et la faire arriver a la dimension prqpre a être introduite dans lemoule. Ce moulfe est en lailon, en fer, ou même en terre réfractaire; il a une hauteur un peu inférieure è la moitié de la hauteur du corps de la bouteille (nous ne parlons ici que de 1’ancienne fabrication). Au milieu du fond du moule est une petite saillie circulaire destinée a marquer le milieu du fond de la bouteille; 1’ouvrier introduit done la pa¬raison dans le moule, la pousse contre le fond et souffle en tour¬nant sa piece dans le moule jusqu’a ce que Ie verre ait rempli la capacité du moule ; alors il la retire du moule, Ja retourne de bas en haut, de manière a faire porter 1’embouchure de la canne sur le marbre posé a terre, et tenant la canne de la main gauche dans cette position verticale, de sa main droite il enfoncele cul de la bouteille, soit avec le manche de la palette, soit avec un croehet spécial; et comme ce renfoncement du col a pu déformer le fond de la bouteille, il Ie roule deux ou trois tours sur le marbre; puis, tranchanl le col par le contact d’un fer mouillé, il détache la bouteille sur le cachon en terre, fonné de deux plansinclinés; puis,
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retournant sa bodteillë bout póür bóut, il la pontille avec la partie du col resté a la canne et posee au fond de la partie rëpöüssée. La bouteille ainsi ëmpónliilée ëst repörtëe a 1’ouvreau pöiir rëcliaüffér lé col, ët pendant qti’il la cbauffé airtsi, en tenant la öanne dë ld main gauche, de ia main droito éi avec üne cor- dëline' én fër, il prénd dans le pot ün peu de verre qu’il laisse coulëfr sur lë bord dü col, de nianièrë & former unè bague a cette extrëmité du col. Quaiid le verre quicoule ainsi a formé le tour dë ce col, rouvrier,,éloigriaht rapidement la cordeline, le fii de fer s’ahaincit ét sê rompt dë ïui-haêhaë; 1’öuvriér ayant ainsi posé cette bague öü cordeline; achèvë de chauffer le col, puis retirant la
böiileilië de Touvreau, il s'assied sur son bane, röülè dë la main gaüche la caiino sur les bafdelles de ce baiac , tandis que de la main droitë, il aplalit le bord du col, avec le plat de ses fers, et ddrihe la dernière formé a son coi, én arrondissaht intériéuremenl le góulöt et régularisant la bague ou cordeline en 1’embrassant avec les deüx branches des fers. La bouteille est- alors termihéé; 1’öüVrier donne la canne au gamin, qui va aii four a recuissoh, oü il dëtachë d’abord la bouleille a 1’enlréë, en donnant un petit choc sur le milieu de la Canné, puis 1’oüvrier3 du foUr a rëcuire range la boüteillé dans ce four. Pendant que la boUlëille a élé menee M fin par 1’öuvriér, de grand gargon a préparé line paraison qu’il passé a 1’ouVrier, ët reprëud lui-inêhie Uuë autrë canne sur la- tjüélló le gamin a fait un prémier cueillage, ët ainsi dé suite.
ïellë était 1’ancienne iharchë dé ia fabrication do boütéilies, Kous allohs dirë a présent les ih o dill cations qui bnt été iritro- duites dans ce ifiivail. Quelques verrëriès ont abandonné I’üsage dë rénfonter lë cul de la bouteille. Cette opératiori döiinë a cette bouteille unè apparence de conlenancë plus grande que la cónte- naneë réelle, ihais nous devons dire que ce n’est pas la le seul motif qui d conserve Cet usage dans la plupart des vörreries; iiöüs avons dit qü’on était Oblige de maintenir le vérre a une très-haüte temperature, poür qu’il ne se décompösét pas; il faut dans bet etat, le IraVailler aussi très-rapidement, et coinme le Verre est dans tin etat de grande fïuidité, il réste toujOurs beau-
* fcc banCj semblable a celui float se scrveat les ouvriers de cristal ou de go- beiélerïë sera décrit aii iivre V.
9 Cet ouvrier ést désïgiié sods Jé nöiïi de fóuèl*
coup dé matièrë vers lo fond, et öloi’s, eii ren fon cant le cul, ón amincit toiité cetté partie dë la bodteille, ijui, si ëiie réstait aüssi épdisse, serait d’une recdisson ifiöihs sure.
On cörilihué done généralöment de repoussër le fond dé la böü-
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tfeille; idais öri a abandöririé cette méthode barbare d’émpöntillér ld bbütëillë avéela partie du col attenant & ld canrië. U'restait toujourS dans ce fond üne pdrtie de verre cöüpant ; dans cer- tairies vërrërieSj on empontilie la bouteille avec üh ponlil plat forrné avec du verre cuëiili du bout d'uü pöritil ebt fer, arröüdi et aplali, dé mariière a cOuvrir ïa circonférencè du fond de la böü- teille, aüquei il n’adhère que suffisariiüiënt pour foriïier le col et s’èri detacher sails laisser dé tracés, quaiid ön porie la bouteille au four de recdisson.
Dans d’aülreS vërrëries, oh se sert aussi pour ëriipöritillër la bouteille d’uti pöritil a branches en fer, Sé rdjipröchant dutour du fond dë la bóiiteiile, au moyen d’ün anneaii, coihüie tin portc- erdyon ; mais 1’üsage qui d prévalü dansla plupart dés Verréties a bouteilles est de se servir d’un pontil appelé sabot, conforme a d la figure 97, qui enveloppé le fond déla bouteille; Naturéllémént, il y a ün saböt pbur chaqüe échaniiilöh de
bouteille, el chaqüe échanüllon étant soufflé daiis uri moüle, ce Sabot s’adapte exacteriient aii fond de chacüri.
II y a des bouteilles qui, ad liöu d’etre moü-
lées seulement pour la partie inférieure, sont
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möuléeë én tètalite; il y a menie dés verrëriès ou 1’on ne fabriqüë que cés sórtes de bou-
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tëillès: lés böüteillès.pour madëre, rhum, etc., sént fabriqüées, ëii Anglëtérre, de ceite find-
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nière. Le moüle est compósé de trois pieces :
1’une, presque cylindrique, fornie la bouteifle jdsqu’aüx trois quarts environ dé ia haütëur.
Lehdütdu inotilès’ouvrë endëüx parties égales
ét fohïie lé dóifié éi lë góülót; ces deüx parties bg, 97.
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Sont montéës sur deux charriiëres horizon tales liées a la partie Inférieure. C’èst le grand gargöri qui moule la bouteille; quand il a introduit son verre dans le moule du fond, le gamin, au moyen de deux branches tenant aux deux parties supérieures du moule, rappröche ëes parties, et le grand gar§oiï moule touteïa bouteille.
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On fait même une disposition qui dispense de laide du gamin : a eet effet, Ie inoule est fixé sur un plateau, et par une combinaison assez simple de leviers, Ie grand gar§on, quand il a introduit la r. paraison dans le moule, posele pied droit sur une pédale qui en se
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baissant, ferme le moule. Aussitöt que le grand garyon a mould sa
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ƒ bouteille, en souffiant et tournant la paraison dans le moule, il óte
p? son pied de la pédale, un contre-poids fait ouvrir les deux par-
s * < ties supérieures du moule, et il retire sa bouteille pour la passer
F. ; au mattre ouvrier qui forme le col et la bague. Quelquefois le
moule pour fabriquer la bouteille entière a une disposition
T differente de celle que nous venons d’indiquer; il y a toujours une
seule piece pour le fond, jusqu’aux trois quarts environ del a hau- ji-‘ teur, mais lesdeux parties du moule formant le dome et le col
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jij de la bouteille, au lieu d’être montées sur deux charnières hori-
,; zontales, sont montées sur une seule charnière verticale, et vien-
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nent, par conséquent, enfermer la paraison, par un mouvement F F demi-circulaire horizontal des leviers ajustés sur ces deux parties
du moule.
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V Par ce procédé du moulage entier de la bouteille, j’ai vu dans
des fabriques anglaises des places composées du verrier, du grand garyon et du gamin, fabriquer de quatre-vingt-dix è. cent bou- teilles a madère, par heure. Dans ces meines verreries d’Angle-
F terre et d’Ecosse, que je visitai, il y a quarante ans, le verrier,
F pour former le col et la bague de la bouteille, se servait d’une pince
F suivant la figure 98.
Les parties A et B, dout le profil intérieur est celui du col exté- i - rieur de la bouteille, que chaque verrerie peut faire a sa fan-
taisie, ont environ 2 centimetres de large; elles sont légèrement cintrées et ne doivent pas renfermer toute la’ cireonférence du col de la bouteille. La branche C fixée sur le milieu R du ressort de
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la pincette, est destinée a former 1’intérieur du col 5 sur cette branche C est fixée en travers une tige « b, qui traverse les j branches A et B, et qui a deux fiches d’arrêt O O, qui limitent
i le rapprochement des deux branches A et B, quaud elles sont
pressées par la main de l’ouvrier. Lorsque 1’ouvrier a jetó sa cordeline sur le col et chauffé suffisamment ee col, il retire la bouteille, s’assied, place sa canne sur les bardelles, introduit la partie G de la pince, dans le col, et, reulant sa canne sur les bardelles de la main gauche, ii suit avec Ja main droite le
mouvement de la bouteille en pressant les lamos de la pince,
do manière a mouler Ia cordeline dans les parties A et B. Ces
pinces ont été depuis adoptées dans un certain
nombre de verreries, en France et eu Belgique;
d’autres verreries è bouteilles, imitant ce qui se
pratique dans les verreries de gobeleterie et de
cristal, chauffent fortement le col de la bouteille,
et, par refoülement de la matière, au moyen de
la pincette, torment une bague et le bord du gou-
lot suivant le profil particulier a chaque échan-
tillon. II y a des bouteilles qui portent un cachet
indiquant, soit la nature du contenu, soit la
marque de celui qui veut vendre un liquide spé-
cial : .ce cachet se fait exactement corame celui
qu’on appose sur une lettre. Lorsque 1’ouvrier a
terminé son col, le gamin prend au bout de Ia
cordeline un peu de verre qu’il laisse couler sur
le döme de la bouteille, et l’ouvrier presse ce
verre avec le cachet en cuivre qui y laisse son em-
preinte. Les tours è recuire les bouteilles sont de
deux sortes; quelquefois le tisard est au milieu,
et de chaque cóté de ce tisard sont les deux com-
partiments oü sont placées les bouteilles. D’autres
fois, le tisard est é 1’une des extrémités : il y a
des tours do recuisson dont la capacité est calcu-
lée pour contenir tout le travail de la journée;
d’autres qui ne liennent que la moitié du produit
Fig. 98.
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de la journee, et, dans ce cas, on chauffc cheque jour deux tours i
moitié des ouvriers fait recuire dans Kun et moitié dans 1’autre.
L ouvrier qui arrange les bouteilles dans Ie four a recuire se
nomine fouet; il emploie pour son travail une longue tige en fee.
de 2 centimètres de diamètre, courbée et pointue par le bout,
avec laquelle il empile les bouteilles. Cet ouvrier est chargé de
mellre le tour de recuisson au degre de. temperature convenable,'
après qu’il a été d’abord chauffó par lesfondeurs et tiseurs, de le
maintenir pendant le travail a ce degró suffisant pour recuire, et
pasassez ólevé pour déformer les bouteilles. Quand-Ie travail est
terminé, il öte une partie du combustible du tisard s’il y en a en
trop grande quantité, bouche ce tisard ot 1'entrée par laquelle
on introduit les bouteilles. Quand ï’intérieur du four est déja J refroidi, on dégago une partie de 1’ouverture, pour facilitor lo
L refroidissement, sans y ólablir do courant d air. Quand on est
|•'.! assure qu’il n’y a plus de danger d’un refroidissemenl trop subil,
j',! on ouvre enlièrement la porte, et quand on peut pénétrer dans
% J Ie four, les ouvriers de magasin le défournent, font les choix el
i: i les portent en magasin.
;i Nous n’avons parlé que des bouteilles de grande fabrica-
r j tion, et qui se font dans les verreries « bouteilles. Quant aux di-
f : 1 ' verses bouteilles monlées de formes diverses, elles sont plutót
v i du ressort de la fabrication de la flaconnerie, dont nous n’avons
- pas ici a nous occuper. Nous dirons seulement quelques mots
H des bouteilles spécialement fabriquées pour les vins mous-
seux, qu’on appelle généralement des champenoises; nous avons déja fait observer préeédemment que ces bouteilles devant ré- i? j sister a la pression d’un gaz, devaient ötre fabriquées avec un
■. sein tout particulier. Les fabricants de Vins inoussenx éprouvent
toujours de très-grandes pertes, pendant les premiers temps de la
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fermentation. Le nombre des bouteilles qui ne peut résister a la pression s’élève de 15 a 20 pour 100, quelquefois rnême ci 30, et quoique Pon prenne des dispositions pour ne pas perdre tout le liquide conteïiu dans les bouteilles qui éclatent, oncongoit toutefois que cette énorme casse augmente de beau- coup le prix de revient. et que le fabricant de vin- ne doit pas hésiter a payer beaucoup plus cher les bouteilles qui donnent une faible proportion de casse. Le fabricant de bouteilles cham¬penoises doit óviter d’employer de fortes proportions de groisils, car Ie groisil rend Je verre sec et cassant; les matïères doivent être tamisóes avec soin; il doit se guider, pour Pemploi de ces matièreSj d’après la loealité oü se trouve son usine. La com¬position doit être bien fondue, bien affinée; s’il y a des grains, de grands bouillons dans le verre, ce seront autant de causes de rupture; il doit surtout avoir un excellent choix d’ouvriers bou- teillers. Les bouteilles champenoises ne sont jamais des bouteilles
légères; elles pèsent environ 1 kilogramme, pour une contenance d’cnviron 75 centilitres; il faut que la malière soit répartio bien également: si le grand gargon laisse trop couler son verre, le fond sera très-épais et 1’ópaule de la bouteille sera mince, elle ne résislera pas a la pression du gaz. La recuisson est surtout
d’une immense importance, car si une bouteille imparfai temen t recuite est sujetle a se briser quand elle ne contient que des li¬quides ordinaires, il est clair qu’elle éclalera dès les premiers moments de la fermentation, si elle contient un liquide gazeux. L’ouvrier, après avoir actieve le col de sa bouteille, fera bien de la rentrer dans 1’ouvreau pour réchauffer un peu lo fond, avant de la faire porter au four de recuisson. qui doit etredirigé avec les plus grands soins. .
Les contestations entre les fabricants de vins mousseux et les fabricants de bouteilles ont amend la construction de machines d’épreuves, pour mcsurer la resistance des bouteilles. M. Collar- deau est le premier qui fit ces machines. Les bonnes bouteilles résistent a. une pression de 25 a 30 atmospheres •, et Ton concoit que les marches de bouteilles puissent être conclus d’après la base de cetto épreuve. Bien que 1’on n’estime qu’au plus alO ou 12 atmospheres la pression exercée par les vins mousseux, on éprouve cependant encore de la casse avec des bou¬teilles qui ontrésisté a une pression dépassanl 20 atmospheres, paree que 1’épreuve est de courte durée; la bouteille est suspen- due et dans des conditions favorables è la resistance; tandis que les bouteilles renfermant les vins sont squmises a une pression prolongée; puis des contacts, des changements de temperature peu vent, en s’ajoutantal’eflbrt de la pression, amener la rupture de Péquilibre.
Dans les fabriques de bouteilles champenoises, on fait un certain nombre de demi-bouteilles et des quarts; ces dernières ne sont guère employees que pour Pexportation en Amérique; on fait aussi des bouteilles de double contenance dites magnum , et même quelques doubles magnum ; mais ces fabrications ne portent jamais que sur dc faibles quantités.
C’est généralement dans dos fabriques de bouteilles jque se font les bouteilles de transport dites bonbonnes ou dames-j eannes} et quelquefois touries, d’une contenance d’environ 18 ci 20 litres, et qui va quelquefois jusqu’a 100 litres. Mais on a reconnu que ces tourics de 100 litres présentaient plus d’inconvénienls que d’avantages; elles sont d’un maniement difficile, surtout quand elles sont pleiqes, et, par conséquent, beaucoup plus exposces a être brisées. Ces monstruosités ne sont done pour ainsi dire que des tours de force de l’ouvrier souffleur, et des réclames
pour les expositions d’industrio, mais nc sont pas .pratiques, usuelles.
Les bonbonnes mêmes de 50 litres ne sont que d’une fabrication très-limitée; tandis que celles de 18 a 20 litres sont d’une fabri¬cation courante; il s’en fait en France plusieurs een tain es de milliers; el les s er vent surtout aü transport des acides, et aussi pour des spiritueux et autres liquides. Elles sont clissées en osier, afin de les préserver des contacts et des chocs. Ce clissage s'opère dans les verreries mêtnes, et les maltres de verreries qui fabriquent ces dames-jeannes s’occupent même généralement de la culture des oseraies.
Le fabricant dë bouteilles qui ne ferait qu’un nombre limilé de dames-jeannes n’aurait peut-être pas intérêt a s’occuper lui- même de cette culture, il achèterait 1’osier; mais alors Ie clis¬sage des dames-jeannes lui reviendrait a un prix plus élevé. Il y a dans le nord de la France une verrerie a bouteilles qui fabrique annuellement environ deux cent mille dames-jeannes. Cette ver¬rerie a une plantation de 42 hectares en oseraies qui produi- sent annuellement 90,000 kilogrammes d’osier blanc, d’une valeur de 25,000 francs. Lors de la coupe des oseraies, cent cinquante femmes et enfants sont occupés a Ja coupe et au pelage des osiers verts pour les converter en osiers blancs, et quarante ouvriers, femmes et enfahls sont annuellement employés póur Ie travail spécial de garniture des dames-jeannes en clisses d’ósier. C’est en fabriquant eet artiele sur une grande échelle, et en concen trant dans 1’établissement toutesles opérations, que le fabricant est par¬venu è réduire, depuis viUgt-cinq a trenle ans, le prix de revient de ces dames-jeannes de 2 fr. 50 c. a 1 fr. 25 c.'
Nous ne croyons pas utile d’entrer dans le détail de la fabrica¬tion des dames-jeannes, qui so font, comme nous 1’avons dit, dans les verreries a bouteilles. Ces dames-jeannes ne sont pas empon- tillóes; quand elles ont été soufflées avec la quantité de verre voulu a la dimension et forme qu’elles doivent avoir, ce qui est a peu pres celle représentée fig. 99, le gamin cueille avec la cor- delineune petite quantité de verre dont 1’ouvrier fait ün cordon autour du col de la bonbonne, puis il tranche ce col un peu au- dessüs de la bague oü cordon, et on porte la piece au four de recüisson. La piece n’ayant pas été prise au pontil, le bord du col n’est pas rebrülé, il est inégal et coupant, on se borne a adoucir
’arête & la lime après la recuisson. Si la dame-jeanne est d’une dimension exceptionnelle, 50, 60 litres on plus, 1’ouvrier, pour parvenir plus rapidement a faire atteindre au verre la dimension
voulue, prend dans sa bouche de 1’eau, ou de 1’eau-de-vie en moindre quantité, qu’il insuffle par 1’embouchure de sa canne dans le Verre déja soufflé a une certain© dimension; la volatilisa-tion de 1’eau ou de 1’alcool par Ia cbaleur du verre opère rapide- ment son développement. I/ouvrier ne doit user de ce moyen qu’avec prudence, car s’il a insuffló une trop grande quantité de liquide, d’eau-de-vie surtout, I’effet qu’il veut obtenir est dépassé, le verre est soufflé au delè de ce qu’il vóulait, et quelquefois menie jusqu’a éclater.
Enfin, nous avons a parler d'un article qui se fabrique aussi, dans les verreries a bouteilles : ce sont les clockes de jardin, Dans les verreries oü 1’on fabrique ces cloches, il y a une ou deux places de coin consacrées a ce travail. On enfourne dans ce pot ou ces pots
de coin une composition d’un vérre plus blanc que pour les bou teilles, de la composition com me poiir un verre a vitro commun soit, par exemple :
Sable commun.... ... 400
Sulfale de sonde (des fabriques d’acide nitrique) 35
Craie ou marne 50
Groisils .
Si on n'a pas de marne a sa disposition, on peut mettre moitié chaux ou craie, moitié argile.
. Comma pour les bouteilles, la place së compose d’un ouvrier, d’un grand gargon et d’un gamin. Le gamin cueille le premier et le second verro, le grand gargon achove le cueillage et fait la paraison; quand cette paraison a atteint le développement voulu pour le dome de la cloche, il passe la caniie & 1’öuvrier; alors, si la cloche doit avoir un bouton, le gamin cuéille avêc la cordelino une petite quantitó de verre quê ï’oüvriér fixö Sur le milieu du dome de la cloche, puis détache le verre de la cordeline; il arron- dit sur son banc le bouton, ét prend ensuite la clóche au pontil;
mais 1’addition dé ce bouton, qüi donno é la vórité une facilité pour le maniement do la cloche, en aügmente la main-d’ceuvre et la rend plus fragile^ d’uhe recüisson plus chahceusc; générale- ment on n^ajoute done pas ce bouton. Quand le grand gargon a passé la paraison a 1’ouvrier, celui-ci pose la canne sur son.banc, le gamin approche son pontil dans une position horizontale. Ce pontil est une tigo de fer de lm,30 environ, a 1’extrémité de la- quelle il y a un peu de verre assez chaud pour se coller contre le dome de la cloche; Fouvrier, avec sesfersdans la maindroite, fixe le pontil au point central du döme de la cloche, et quand la soudure est formée, il tranche le verre de la paraison prés du col. Le gamin doit suivre le mouvement de l’ouvrier, et quand fouvrier a détaché la paraison de la caiine, il doit tourner le pontil sur lui- même de manière a mairiténir la paraison suivant Faxe du pon¬til ; l’ouvrier prend alors Ie pontil et porte la cloche a 1’ouvréau pour chauffer la partie qui sera le bord de la cloche et la rendre malléable. Quand elle est suffisamment chauffée, il la sort de 1’ouvreau, pose le pontil sur les bardelles do son banc, et le fai- sant rouler le long de ces bardelles de la main gauche, il ouvre et développe le bord de la cloche avec ses fers qu’il tient dans la
main drbite, pour 1’amencr & Ia dimènsion ot a la fornae requires. II faut gënéralement qu’il porte la cloche deux fois & I’ouvreau pour arriver & sa terminaison. Quand la cloche ést terminée, I’ou- vrier tranche avec ses fers prés du pontil, et détache sur une pa¬lette en hois la cloche que le gamin porte au four de recuisson.
ous prenons pbur base de la comptabilfté la production d’un four a huil pots, de 1 >000 kilogrammes chacun de composition. Nous avöns dit que ces 1,000 kilogrammes de composition en- fournée, pour chaque pot, produisaient six cents bouteilles de 1 kilogramme j la production est même de six cent quinze a six cent vingt, en y comprenant quinze a vingt bouteilles de rebut, dont la fagon n’est pas pavée a 1’ouvrier, et qui servent parfois a payer les charrées aux blanchisseürs, ou les cendres. Nous allons analyser chaque nature de dépense j ainsi que nous I’avons fait dans les livres precedents. Nous ne croyons pas utile de faire le calcul des compositions qui étaient autrefois employées; nous prendrons pour exemple la composition que nous-avons indiquée comme étant la moyenne actuelle des verreries a bouteilles, soit:
Sable dè riviere 100 kilogr./a 50 centimes.., O fr, 50 c.
Carbonate de chaux..< 10 — a 1 fr. 20 c..... » 12
Marne calcaire........... 10 — al franc....... » 1Ö
Sulfate mélangé de chlorure
de sodium 10 — a 10 francs.,.. ♦ 1 »
Groisil de fabrication 50 —
Total -....... 180 liilogr. Total..... i fr. 72 c.
Soit. 96 centimes les 10Ö kilogrammes.
Chaque pot de 1,000 kilogrammes coüto done 9 fr. 60 c.j et produit six cents bouteilles de 1 kilogrammes ou sept cent cin- quante bouteilles de 750 grammes; d’öü Ön cdncltit que cent böu- teilles förtes Cöütënt, potir ïa matière première, 1 fr. 6Ó c.j éi cent bouteilles de 750 grammes coutent 1 fr. 28 c., non compris les frais de main-d’ceuvre, de composition et de fritfage.
Combustible. — Nous avons dit que la fonte et le travail dü four i huit pots, de six cents bouteilles fortes chacun, consominaient
onze tonnes de charbon, nous porterons ce charbon a 16 francs la tonne, attendu que nous n’estiraons pas qu’une verrerie & bou- teille puisse se placer avantageusoment dans une localité oü la houille revient a plus de 16 francs Ia tonne1. La dépense de com¬bustible est done de 176 francs pour six mille bouteilles fortes, soit 2. fr. 94 c. par cent de bouteilles de 1 kilogramme.
Fours et pots. — Nous estimerons une durée moyenne de vingl-cinq fontes pour les pots; chaque pot, d’après les bases établies dans les livres précédents, devant coAter environ 55 francs, coöte en conséquence2 fr. 20 c. pour chaque fonte.. 2fr. 20 c. Le foür peut coüter journellement en construction et reparation 6 fr. 40 c., soit par chaque place 0 80
Pour six cents bouteilles, four et pots 3 fr. » c.
Soit 50 centimes par cent bouteilles de 1 kilogramme.
Maïn-tl’wcuvre. — On paye aux ouvriers bouteillers :
Pour cent bouteilles 2 fr. 50 o.
Sur ces 2 fr. 50 c., 1’ouvrier garde 1 fr. 50 c.
11 y a pour le grand gar$on 60
Pour le gamin 40
L’équipe de fonte est payee par cent bouteilles 2 1 »
Les magasiniers et porteurs content par jour 24 francs puur
six mille bouteilles, soit poür cent. » 40
Total 3 fr. 90 c.
Frais généraux. — La dépense par jour est de :
Chevaux et voitnres
Pour le forgeron et dépense de fer.
Divers manoeuvres
Frais de bureaux
Frais de gestion
Total
fel
Soit par cent bouteilles, 1 fr. 75 c.
30 francs. 18 —
7 _
20 —
30 —
105 francs.
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1 A moins que, par une fabrication assurée d’uue certaine quantité de bouteilles spécïales, celte verrerie ne puisse avoir une compensation dans le prix de ces bouteilles a un prix plus élevé du combustible»
2 Cette main-d’ceuvre comprend quatorze hommes occupés a piler, tamïser, < mêler, monter au four les mélanges, fritter dans les arches, enfoumer dans les t creusets, fondre et tiser; toute celte main-d’muvre coute 60 francs par Jour pour j
six mille bouteilles^ soit 1 franc par cent. i
Résumant les dépenses, nous avons :
pesant chacune 1 kilogramme, soit bouteilles fortes, a quoi il faut ajo»ter pour loyer de 1’usine, inlérêt du capital, 60 francs
par jour, soit 1 franc les cent bouteilles . 1 »
“ < ——
Total..,.. . 41 fr. 69 c.
Soit 11 fr. 70 c.
Si nous voulons estimer le prix de rovient des bouteilles cham- pcnoises, nous devrons, en raison'd’un meilleur choix des matières
premieres, porter pour le prix de la composition de :
<
Cent bouteilles .. 2 fr. 70 c.
Nous devrons compter 200 kilogrammes de bouille, et, coramc les verreries qui fabriquent ces bouteilles sont plus a la portee des fabricants de vins mousseux, nous compteronsle
cbarbon a 25 francs la tonne, ci. 5 a
Fours ct pots............D 50
La main-d’ceuvre du verrier csl de beaucoup plus élevêe ; on ue peut I'eslimer moindre que 2 fr
1
»
Main-d’ceuvre de fonte 1 25
Magasins, porteurs, etc. » 50
Frais généraux . 1 75
Les cent bouteilles coutent. 16 fr. 15 c.
Il faut ajouler pour intéréts du capital, loyer, etc........ 1 - 75
. Nous avons porté un intérêt de capital plus élevé, paree que les fabricants de champenoises doivent avoir un plus grand ap-pro visionnement de bouteilles, & cause de 1’inégalitó de consum¬mation des fabricants de vins, selon les annéès plus ou moins productives.
52% L1VBE IV. — BODTEILLES.
Dans le prix do revient de 11 fr. 70 c. par cent de bouteilles fortes, modèle ordinaire ;
J¬' Les malières premières entrenl pour. 13,7 pour 100
Le combustible pour 25,1 —
Les fours et pols pour 4,3 —
La main-d’osuvre pour, 33,3 —
Les frais généraux pour 15 —
Loycrs des immenbles et capitaux 8,6 —
D’après cette base, on peut caiculer les differences qui auront lieu dans les prix de revient par le fait de diminutions ou aug¬mentations dans les prix du combustible, des matières premieres ou de la main-d’ceuvre. Les verreries a bouteilles en France se
trouvant généralement pres des mines de houilles, nous pensons 1 . ,
quo le prix de revient ne diffère pas beaucoup du prix de revient en Belgique.
Parmi les progrès que 1’on pourrait désirer iötroduire dans la fabrication des bouteilles, nous citerons la recuisson qui se fait, comme nous 1’avons dit, dans des arches dans iesquelles on em- pile les bouteilles, et que 1’on bouche lorsque le travail est ter- miné. On a fait peu d’essais pour romplacer ces arches de recuisson par une seule arche a tirer, dans laquelle on placërait les bou¬teilles sur des chariots, comme cela se fait pour la recuisson de la gobeleterie, ainsi que nous le verrons dans le livré suivant. Nous convenons qu’on risquerait fort d’avoir ainsi des bouteilles assez mat recuites; car, si on empile dans les chariots les bou¬teilles couchées en long, la recuisson sera inégale pour les bou¬teilles supérieures et celles qui auront óté posées au fond du chariot;, si on pose les bouteilles sur leur fond, ce fond, générale¬ment très-épais, ne sera pas dans les conditions d’une bonne recuisson. Nous croyons qu’ii y aurait possibilité de recuire les bouteilles sur des chariots dans une arche & tirer, en plagant le fond des bouteilles en haut; a cet effet, le chariot de tóle serait
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■ garni d’un double treillis en fil de fer ou de laiton, dans lequel on introduirait la bouteille par le col: le treillis inférieur retiendrait le col, qui ne reposerait pas sur le fond du chariot; le treillis su-
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périeür serait un carré un peu plus grand quo le diamètre de la bouteille, qui serait ainsi ma in tenue en position verticale le col en
bas. Cette position serait extrêmement favorable a une bonne recuisson; la bouleille marcberait ainsi suspendne de 1’entréo de Tarehe chauffée a 1’autre extrémité, oü elle arriverait recuite.
Nous avons dit, en commengant ce livre IV, que Ia fabrication des bouteilles en France s’élevait au chiffre considerable de cent ‘ a cent quinze millions, représentant 15 a 18 millions de francs; elle est le résultat de . la production de vins fins, de 1’exportation considerable de vins de Bordeaux, de Bourgogne et surlout des vins mousseux; ces derniers seuls sont estimés. employer vingt- cinq a trente millions de bouteilles, tant pour la consomufa’tion intérieure que pour 1’exportation.
La Belgique, d’après les stalistiques de la commission de TEx- position de 1867, produit environ dix millions de bouteilles, d’une valeur ne dépassant guère 1 million.
En Angle lerre, il y a un assez grand nombre de fabriques de bouteilles assez importantes. La grande consornmation des vins de Porto, de Xérès et des bières en bouteille, donne lieu 5 cette production que nous croyons être au moins quadruple de celle de la Belgique; PAngleterre n’ayant pas, comma la Belgique et la France, des verreries fabriquant desproduits intermédiair es entre le cristal et la bouteille, c’est a-diro la gobeleterie ordinaire, c'est dansles verreries a bouteilles que se font généralement toutos les fioles, flacons de tous modèles employés dans les parfumeries et pharmacies.