LIVRE V.
CRISTAL.
H I S T O R I 0 ü E.
Nous trailerons, dans ce livro V, du verre applique aux divers usages mobiliers, c’ëst-A-dire aux services de table, de toilette ; ornements de cheminée, d’étagères; articles d’éclairage, de phar- macie, de parfumerie, de laboratoire; verres de montre; enfin tous les verres autres que le verre è vitre, les glacés et les bouteilles, dont nous avons parté aux livres II, III et IV. Nous aurons done è entrer dans les détails de la fabrication des verres ou cristaux blancs soufflés, moulés par le souffle ou par la presse, taillés ou graves, des cristaux de couleurs variées, des verres filigranés, mittëfiori, des imitations deperles, etc., et nous devons. dire, dès le principe, que si nous avons, a beaucoup d’égards, a constater do grands progrès, nous ne devons pas dissimuler notre infériorité vis-a-vis de certains produits de nos devanciers. Parmi les échan- tillons provenant des fouilles faites en Egypte, en Italië et surtout a Herculanum et Pompéi, nous trouvons des verres soufflés, mou- lés, gravés, des mosaïques, des vases a camées qui sont de reels chefs-d’oeuvre, non-seulement au point de vüe de Part, mais aussi au point de vue de i’industrie du verrier. Nous avons dit, dans notre Introduction historiqüe, que 1’art* de la verrerie pa- raissaits’être transmis par tradition non interrömpue des anciennes verreries romaines a Venise, ou il se sera sans doute réfugié lors des invasions des barbares ; ce qui est incontestable, e’est que les produits de ces antiques verreries ont servi de modèles aux Vé- nitiens, et s’ils ne les ont pas égalés dans la production de eer-ift'.
tains vases a combinaison de flligranes et de fleurs rubanées, dans ces peliles urncs a fond bleu ou blanc a festons de couleur, qui ont été surtout fabriquées a Alexandria, ils Ies ont surpasses dans la production des verres blancs unis ou avec flligranes opa¬ques dont la légèreté et la grace des formes sont reslées desmo- dèles. .
L’èro moderne, et surtout le dix-neuvième siècle, ont amené de grands progrès dans Ia qualité de la matièré. Le crislal que 1’on fait aujourd’hui est de beaucoup supérieur, pour la blancheur et 1’éclat, a lous les verres de toutes les époques passées; mais, toutefois, nous ne saurions trop engager nos fabricants de verres et cristaux et même les ouvriers verriers a visiter el observer avec soin les verres des collections particulières et des rausées. lis y puiseront, sans aucun doute,-des instructions de plus d’un genre. En ce qui me concerne, les verres antiques de la Bibïiothèque impériale, du musóe Campana, du musée Britannique, du musée du Louvre, et les verres des anciennes verreries de Venise, m’ont toujours pénétré d^une vive admiration. Je ne croirai pas devoir parlor ici en détail de ces verres, paree que c’est a 1’étal de la fabrication actueile que eet ouvrage est consacré, mais je ne re¬nonce pas a 1’espérauce de faire connattre mes observations arlis- tiques et industrielles sur ces merveilles verrières de 1’anliquito et du moyen age.
Venise a été le berceau de toutes les verreries qui s.e sont établies dans les autres Etats modernes, et c’est en Bohème que ces verreries arrivéren t aux plus beaux résultats, sous le rapport de la blancheur; Ia belle qualité de son quartz, de sa potasse obtenué par la combustion du bois de ses forêts, produisit un verre plus blane que celui des autres contrées, et donna è ses produils en cristal une reputation qui ne devait être éclipsée plus tard que par la production du cristal d base de plomb.
Le motcr&te/, en nomenclature de verrerie, s’appliquait autre¬fois au verre blanc préparé avec le plus grand soin, pour la fa¬brication des beaux services de table, des lustres et autres objets de luxe; cette dénomination lui venait de ce quo le fabricant admeltait comme beau ideal, comme type de son produit, le cri&talde roche. Depuis que la beauté, e’est-a-dire la transparence incolore et le brillant de 1’ancien verre silico-alcalin (silicate de potassé et de chaux)ont été surpasses dans la fabrication du verre
a base de plomb (silicate de potasse et de plomb), on a réservé en France, dans la fabrication et le commerce du verre, le mot cristal exclusivement a ce dernier produit, et le verre silico-al- calin, même le plus beau, est désigné sous le nom de verre blafte. On a continueren Allemagne, adonnerlenom de cristal au verre le plus blapc, se rapprochant le plus de la beauté du cristal de roche, En Angleterre, on donnait et on donne encore aujourd’hui au verre blanc le nom de flint-glass, paree que, dans le principe, on fit le verre blanc av.ee le sable provenant du flint (silex); la première fabrique de flint-glass, en Angleterre, fut établieen 1557, a Savoy-House, dans \Q Strand, mais de ce qu’aujourd’hui on ne fabrique pas d’aulre flint-glass en Angleterre que celui a base do plomb et potasse, il ne faudrait pas en conclure que, dès 1557, c’élait celte espèce de verre que 1’on y fabriquait. Pres d’un siècle plus tard, sir Robert Mansell, qui, en 1635, obtint le privilege de
la fabrication du flint-glass en considération d’avoir été le premier a employer lahouille au lieu du bois dans la fonte du verre, ne fabriquait encore qu’è pots découverts, comme sur le continent,
du verre compose de silice d’alcali et de chaux. L’importation en Angleterre, a cette époque, des verres a boire de Venise ne se¬rail pas une preuve sufflsantede notre assertion; nous en trouvons une bien plus convaincante dans un auteur anglais, le docteur Merret, qui au commencement du règne de Charles II, dans. des annotations qu’il a faites sur VArt de la verrerie du Florentin Neri, s’exprime ainsi:
« Parmi nous, en Angleterre, nous faisons usage de plüsieurs sortes de frittes: la première est la frilte du flint-glass, elle est composéo de sel de roquette et de sable ; la seconde est la fritte ordinaire, etc. » Ce flint-glass était done simplement un silicate al- calin. Un autre passage du docteur Merret est encore plus con- cluant; dansun chapitre oü il est question du verre a base de plomb dont on se servait sur Ie continent pour Limitation de quelques pierres précieuses, il ajoute : « Le verre de plomb n’est point en usage dans nos verreries d’Angleterre, a cause de sa trop grande fragilité,.. Si cette espèce de verre avait la même soli- dité que le verre cristallin, il serait supérieur a tous les autres, a cause de Ia beauté de sa couleur... »
Ainsi, point de doute, au commencement du règne de Charles II, c’est-è-dire vers 1665, on ne fabriquait pas enGore, en Angleterre,
de flint-glass de la même nature que celui d’aujourd’hui. En 1635, ainsi que nous 1’avons dit, on avait cornmencé a employer la houille pour la fusion du verre blanc, mais on dut bientót s’a- percevoir que ce verre était plus coloré que celui qu’on avait précédemment fondu avee du bois ; 1’effet de cette coloration dut done être attribué a la houille, et les verriers durenl chercher è combattre cette influenpe colorante, et c’est ainsi qu’ils arrivèrent a soustraire la matière en fusion au contact de la fumée de la houille, en couvrant le creuset d’un dome, qui donnait a ce creu- set la forme d’une sorte de cornue a col court. Mais en protégeant ainsi la matière en fusion, on s’aperput aussitót que cette ma¬tière ne subissait plus une temperature aussi élevée ; il fallait prolonger la fonte, augmenter la dose du fondant, 1’alcali: il en résultait une autre cause de coloration et un verre d’une moindre qualité. C’est ainsi qu’on fut amené è ajouter, au lieu d’alcali, un fondant métallique, Voxyde de plomb, dont la quantité ne fut li- milée que par le point ou il aurait produit un commencement de coloration jauue, et non-seulement on obvia ainsi aux .incon- vénients de la houille et du pot couvert, mais on fut amené a fabriquer le verre le plus parfait, le plus blanc, le plus bril- lant qui eflt jamais été produit, auquel le cristal de Bohème le plus beau ne peut être compare, qui fait pêlir le cristal de roehp (quine lui est supérieur que par la dureté, mais qui n’est pas doué de son éclat), qui ne Ie cède enfin qu’au pur diamant
seul. Ce fut sans doute vers la fin du dix-septième siècle que ce verre fut régulièrement fabriqué: car, vers 1750, quand le cé- lèbre opticien Dollind faisait ses premières expériences sur 1’a- chromatisme, Je flint-glass a base de plomb semblait être d’un usage courant pour les services de table, etc. ; ajoutons toute- fois que Ie flint-glass a base de plomb fut encore longtemps avant d’acqüérir le degré de perfection qu’il a atteint de nos jours, car, dans tout le cours du dix-huitième siècle, les fabricants anglais étaient obliges de réclamer des droits protecteurs assez élevés sur les verres de Venise et de Bohème, qui étaient encore consi- dérés com me supérieurs, sous certains rapports, aux cristaux an¬glais. .
Sur le continent oü 1’on continuait Pusage du bois, il n’y avait pas les mêmes causes pour adopter ce nouveau genre de fabri¬cation. On continua done a faire, en France, du' cristal silico-al-
calin; ce ne fut qu’en 1784 qu’un verrier francais, M. Lambert, résolut d’introduire en France celte fabrication, et lit b&tir, a eet eJïet, a Saint-Cloud, pres Paris, un petit four a cristal, d’après les procédés anglais a pots couverts; celte manufacture fut peu d’an- nées après transporlée a Montcenis, prés d’Autun, oü s’établis- saient alors les fameuses usines du Creusot, et qui offrait sur Saint-CIoud Ie grand avantage de la houille A bon marché. Cette cristallerie de Montcenis ou du Creusot s’appellait alors la ner- rerie de la Reine ; elle a fabriqué du cristal jus qu’en 1827, époque a laquelle elle fut achetée pour être éteinte, par les propriétaires de deux autres crislalleries.
Une autre verrerie, Münstahl ou Saint-Louis, pres de Bitche (Moselle), avait aussi commencé a fabriquer, vers 1790, du cristal a base de plomb, mais fondu au bois et a pots ouverts. Cette fa- brique a pris, depuis une quarantaine d’années, un grand déve- loppement, et ne le cède en importance qu’a la cristallerie de Baccarat. Celte dernière avait été achetée, en 1816, par M. d’Ar- ligues, qui après avoir, pendant guelques années, exploité comme locataire la verrerie de Saint-Louis, oü il avait fabriqué le vérre en table et du cristal, avait fondé, vers 1800, une grande cristal¬lerie a Vonèche, prés de Givet. Cet établissement s’étant trouvé, par le traité de 1815, en dehors du territoire francais, M. d’Arti- gues obtint de faire entrer pendant trois ans ses cristaux en France, avec exemption de droits d’entree, a Ia condition de fonder dans le même intervalle une cristallerie en France. C’est en vertu de celte convention quo ML d’Arligues achela la verrerie alors cön-
nue sous le nom de verrerie Sainte-Anne, a Baccarat, oü 1’on n’avait fait jusqu’alors que du verre a vitre et de la gobleterie ordinaire, et y établit une cristallerie qui, achetée en 1823, par MM. Godard et Ce, est devenue, sous Tadministration et la direc-tion successives de MM. Godard, Toussaint, de Fontenay, Michaut, 1’établissement de ce genre le plus important du monde. D’au- tres cristalleries se sont établies depuis une quarantaine d’années en France et aussi en Belgique, oü le nom de cristal a été, Comme en France, exclusivement réservé aux verres contenant une pro¬portion d’oxyde de plomb, qui est généralement Ie tiers dupoids total.
Quant a 1’Allemagne, elle s’est renfermée, jusqu’a présent, dans la fabrication du silicate de potasse et de chaux ; aucune
vêrrërië n’y fabrique le silicate de potasse ëi de piómb. Le cristal présente ce grand a vantage stir le verre, qu’on le fond avec une très- faible döse d’alcali, qui ést suppléé par l’öxyde dë plömb. Le verre, pötir étre d’une bonne qualité, dóit être fóndii a ünê très-haüte temperature, paree qü’il a d’autant moins do qüalité qü’il cön- tiént plus d’alcali: le cristal, aü contraire, ëst d’une pale asséz tendre, sans qüe cela nuisé a sa solidité; il ëst töujours brillant et net; en óütre, il est móïns fragile que Ie vérre, etant d’urie nature möiiïs rigide ët inoins aigre; il est plus facile, a travaiïler, tant a cliaüd qu’a fröid : a cbaud, il se refröidit moins vitë, petit sé mo- deler plus longtemps, se couper plus aisémént, ce qüi lui permet de naiéiix obéir a la main de 1’oüvriër; a froid, iï se cisëlö, se taille
6t se polit plus facilemént; enfin,le sóü argeütiü qü’iïfend quand ón le frappe est encore une de ses qüalités distinctives.
Bien quë ia fabrication dti cristal soit, Cömme nöüs venons de le möütrer, de daie assez récente, e’èst dependant de cetlé fabri-
cation, qui ést de beaucoüp la plus variée, que nous nous occu-
perons plus spéciaiemeni; la plupart des détails dans lesquels * * - ■ ■
nous entrerons pourrónt d’ailleürs s’appliqtïer a la fabrication du verre, pour laquelle nous n’ajoütefóns quë quólquês indications compiémëntaires assez réStreintes.
Comme dans les livres precedents, nöüs commencèrons par doniier lés instructions relatives a la composition du cristal blanc et des cristaüx de couleur; nous parlerons ensuite de ia fonte, puis Viendra le Travail du cristal qui comprendra :
Les cristaüx soufflés sans moules et dans des niöüles;
Les cristaüx möulés a la pressé;
Les cristaüx de couleur monochromes, doublés, tri piés.,.;
Lés verres filigranés, mille[iori, mósaiqües.
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Etant ainsi entró dans töus les détails des ópératiónS qïïi s ac- complissent au. four a cristal, il ne noüs restera plus qu’a parlér
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des ateliers de taille et de gravure, qui forment üü appéndice indispensable ét inseparable d’une cristallerié.
Nous nous borneróns a ajouter qüelques notes sur le verre silico-alcalin des fabriques de göbeleterie, et sur le vérre de Bohème en particulier, et nöus termineröns cette longue ïèViie du travail par la description d’une fabrication spéciale extrémeüïént intéressante, celle des verres de monire.
Nous aurons ainsi ëpüisé töut ce qui est reiaiif a la fabrication que nous voulions décrire 'dans ce livre V. 11 nous restera è trailer un point que nous regardons comme le plus important, la question du prix de revient, celui que nous croyons devoir être consulté avec Ie plus d’intérêl dans Pavenir par les verriers qui voudront se rendre compte de 1’état de la fabrication du cristal a notre époque. Nous entrerons a ce sujet dans des détails qui, nous 1’espérons, ne seront pas considérés comme trop minutieus par nos successeurs, pour qui, .je Pavouerai, j’aiprincipalement entrepris ce travail, qui aura alors une valeur statistique supé-rieure a sa valeur industrielle.
Le cristal est compose dans toiites les verreries, è quelques légères differences prés, de : .
. 100 parties en poids de silice; ;
66 parties 2/5 de sesquioxyde de plomb on minium:
55 parlies 1/5 de carbonate de potasse;
e’est-a-dire que les proportions sont: , ' .
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1 partie de carbonate de potasse;
. 2 — de minium;
5 — de silice;
on ajoute ordinairement une petite dose d’oxyde de manganèse; quulquefois on remplace une partie du carbonate de potasse par du salpêtre raffiné ou azotate de potasse; mais ce qui constitue réeliement le cristal, e’est la proportion 1, 2, 3 des matieres que nous avons indiquées, les seules que Pon retrouve généralement par Panalyse chimique, qui indique comme moyenne de la com-position du cristal :
Silice 53,5
Oxyde de plomb 53,5
Potasse 11,0
Total 100,0
en faisant abstraction de très-petites quautités d’alumine, et de traces de métaux qui peuvent être signalées par une analyse très- soignée.
Nous allonsdonc entrer dans quclques détails sur le choix et la preparation de ces trois matières; silice, minium, carbonate do potasse.
De la silice nous avons évidomment peua dire, après les obser¬vations que nous avons faites aux Iivres I, II et HI. 11 est évident quele crislal étant do tous les verres celui auquel on vcut donner la plus belle transparence, la plus grande incoloralion, on doit faire choix de la silice la plus pure que I’on puisse trouver. En France, on emploie principalement les sables de Fontainebleau ou de Nemours, et les sables des environs d’Epernay, en Champagne. Ces sables, quoique déja assez purs, sont encore lavés a grande eau dans de grandes bachés en bois, munies de trous d’écoule- ment a plusieurs hauteurs; après avoir agité le sable avecun rable en bois, on ouvre 1’uii des déversoirs, etl’eau en train e les parlies les plus légères, quisont des parcelles de détrilus végétal el quel- ques calcaires. On emploie quelquefois, au lieu de baches, un plan légèrement incline en bois, le long de la partie supérieure duquel arrive un cours d’eau qui lave le sable posé sur le plan incliné, et dont onmodère Fécoulement au moyen d’un largo rable en bois que 1’on promène sur les diverses parties du plan incliné ; 1’eau entraine ainsi d’abord les parlies les plus légères, les plus ténues, oü se trouvent principalement les impuretés.
Le sable lavé est ensuite séché soit dans des fours a reverbères, soit dans de grandes chambres en briques, dans lesquelles on fait passer un courant, d’air chaud.
En Angleterre, le sable le plus généralement employé dans les
cristalleries était extrait de 1’ile de Wight. II est bien inférieur au sable de Fontainebleau ou de Senlis; aussi, depuis quelques années, la plupart des fabricants anglais.font venir des sables de
France; quelques-uns même tirent desEtats-Unis d’Amérique un sable plus dispendieux, mais aussi plus pur encore que le sable de Fontainebleau.
Les verreries de Bohème sont singulièrement favorisées sous cc rapport; leur silice provientde Véfonnementet pulvérisalion du quartz hyalin. Ceux des fragments de quartz qui paraissenta F ceil exempts de matières métalliques, sont payés par les verreries en moyenne de 50 a 60 centimes les 100 kilogrammes. Ces fragments
i Operation dont nous avons doiinc Ia description au livre Icr, p. 49.
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sont tries; ceux qui sont formés de quartz onfumé dit topazkies, sont mis de cóté com me plus purs et réservés pour la fabrication des verres fins. On estiine qu’un stère de bois de pin est consommé pour 1’étonnement de 1,500 kilogrammes de quartz.
Potassc. — Nous avons indiqué au livre Itr les diverses prove¬nances des potasses employees dans les verreries, et la manière de les préparer. Depuis que nous avons éerit ce livre ïer, la potasse indigene provenant de la combustion des résidus de raffineries desdépartements du Nord aconquisune part plus importante de la consommation des cristalleries. Quelle que soit leur provenance, les potasses employees par le fabricant de cristaux doivent êtro atnenées a 1’étafc de carbonate de potasse le plus pur possible; elles ne doivent contenir ni malières organiques qui ne manque- raient pas de réduire une portion del’oxyde de plomb, ni sulfate de potasse, ni chlorure qui ne sont que nuisibles a la fusion sans y contribuer. II faudrait aussi rejeter de Femploi pour le crislal des potasses qui contiendraient du fer ou aütre métal, ou préala- blement les en séparer, car si nous avons vu que moins d’un mil- lième de fer nuisait essentiellement a la fabrication des glacés, & plus forte raison 1’effet de ce métal doit-il être évité quand il s’a- git de cristal. Nous regardons done comme important pour le fabricant do cristal d’analyser souvent Ie carbonate de potasse qu’il emploie, non-sculement pour s’assurer, de sa pureté, mais aussi pour constater son degré alcalimétrique, qui peut varier
suivant Ia quantité d’eau qu’il peut contenir, et de manière a avoir toujours des compositions identiques.
Nous devons dire que la plupart des fabricants francais ont, depuis un certain nombre d’années, ajouté a leur composition une certaine proportion de carbonate de soude pur en rempla¬cement du carbonate de potasse; ainsi au lieu de : .
Sable . 100 parties.
Minium. . 66,66 —
Carbonate de potasse. 53,35 —
ils ont pris :
Sable,. 100 parties.
Minium 66,66 —-
Carbonate de potasse 24 —
. Carbonate de soude. S —
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Certains avantages résuitent sans doute de cettc substitution :
1° le carbonate de soude pur, obtenu même par la dessiccation des cristauxde soude (carbonate de soude cristallisé), est moins cher que le carbonate de potasse \ 2° le carbonate de soude est un fondant plus actif que le carbonate de potasse, il peut done abréger le temps de fonte; 3° le carbonate de soude, ainsique nous 1’avons déjè remarqué, produit un verre plus coulant. Nous cömprenons done cette substitution; maïs, d’autre part, nous sommes persuade que ces avantages sont aux dépens de Ia beauté du produit; le silicate de soude est notablement moins blanc que le silicate de potasse. La difference de nuance (en n’employ ant sur-tout qu’une faible proportion de carbonate de soude) peutbien ne pas être saisie dans beaucoup de cristaux minces, mais elle existe, et dans les pieces d’une forte dimension, dans celles surtout qui doivent se faire remarquer par leur blancheur et leur éclat, je ne conseillerais pas de 1’employer.
Minium. —Le minium est 1’élément.qui constitue le cristal, et c’est en même temps celui d’oü résulte essentiellement le plus ou moins de beauté du produit. II est bien rare qu’un plomb soit obtenu chimiquement exempt de tout autre métal étranger, et quand on songe que des dix millièmes d’oxydes apportent dans le cristal uné coloration sensible, on congoit combien la qualité de cette matière premiere est importante. Un fabricant de cristaux qui ne fabrique pas lui-même son minium, s’expose è une foule d’irrégularités dans sa fabrication, s’il ne fait pas continuelle- ment des essais des miniums qui lui sont livrés.
Le verrier qui fabrique son minium et qui acliète une forte partie de plomb d’une marque qu’il a déja expérimentéo, devra meltre a part les derniers massicots obtenus, dans lesquels se trouve la plus notable partie des oxydes élrangers è 1’oxyde de plomb; il fera avec ces massicots des miniums qu’il livrera au commerce pour la fabrication des poteries, faiences et aulres usages, ou bien il les emploiera dans les cristaux de couleur. Après avoir éprouvé le minium des premiers massicots, il saura a quoi s’en tenir sur la qualité, sur les corrections qu’il devra lui faire subir, ■ si cela est nécessaire, et il procédera ensuite avec süreté dans sa fabrication, tant que durera cette partie. Le cuivre est le métal qui se trouve le plus souvent allié au plomb, en bien pe¬tite proportion, a Ia vérité, mais toujours néanmoins trop forte
COMPOSITION. 535
■*.
pour obtenir un beau cristal, car la teinte d’un azur légèrement verdatre qu’il prod uit, ne peut être corrigée par aucune addition d’autre oxyde.
II y a des plombs auxquels se trouve alljée uno très-faible pro-portion de manganèse ; ces plombs sont très-précieux pour le fa-bricant de cristal, car ils produisent une légere teinte d’un pourpre rosé singulièrement favorable A 1’éclat du cristal. En employant le minium de ce plomb a la dose seiilement d’un huitième ou d’un dixième du poids total du minium, on obtient un excellent résultat, et, nous devons le remarquer, ce résuïtat estobtenu ainsi d’pne fa§on plus certaine, plus fixe qüe si au minium on avait ajoulé une quantité d’oxyde de manganèse équivalente a celle contenue dans le plomb, Nous avons eu occa¬sion de rerqarquer précédemment que le manganèse employé pour détruire la coloration du verre n’ayait pas un effet très-fixe, que sa coloration, légèrement violacée sur les parties supérieures de la potée, diminuait d’intensité A mesure qu’on s’approchait
des couches jnférieures, et que cette même teinte violacée tour- nait quelquefois dans 1’arche de recuisson vers le jaune pelure d’oignon. II n’en est pas de même quand un plomb contient une petite proportion de manganèse; la coloration que produit ce dernier est alors fixe, la meme dans tout le cours du travail du crouset et ne s’altère nullement dans la recuisson ; c’est un fait que les fabricants mettent A profit. Nous n’essayerons pas de 1’ex- pliquer ; nous nous conteuterons do le signaler aux savants qui, sans doute, en trouveront la cause.
Nous considérons comme d’autant plus utile d’employer dans une certaine proportion un minium contenant un peu de man¬ganèse ou, a défaut de plomb de cette sorte,d’ajouter un peu de manganèse A la composition, qu’on ne peut pas dire réellement que le minium ait la propriety de dormer de la blancheur au verre; il lui donnq surtpuf de 1’éclat, nïais loin. d’ajouter a la blancheur ou poqr mieux dire A l’incoloration produce par la fusion de la silice et de la potasse parfaitempnt pures, ne pourrait-on pas dire qu’il afténue ubP certaine proportion ppttp incoloration ? Augmentez la proportion d’oxyde de plomb dans la composition; arrivez A- mettre poids égal de minium et de silice et dépassez cette proportion, vpus arriverez A une légère coloration jaune.
Le strass, avec lequel on imite le diamant, a une nuance jaune
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assez prononcée, quand il est vu en masse; eette teinte, a mesure qa’on s’éloigne des proportions dans lesquelles Ie minium entre dans le strass et dans Ie flint-glass pour 1’oplique, diminüe de manièrc a être peu sensible, mais on peut dire qu’elle est a Fétat de jaune naissant quand le minium est dans la proportion du tiers du mélange total; et c’est pourquoi au minium ie plus pur, il peut être jugé convenable d’ajouter une petite portion d’oxyde de manganese, dont on assure Ia fixité par la substitution d’une certaine quantité d'azotate de potasse a une partie du car¬bonate de potasse. M. de Fontenay a le premier (du moins en France) subslitué le nickel au manganèse, pour la correction de
Ia tendance au jaune de la composition du cristal. L’effet du nic¬kel est plus fixe; mais, d’un autre cöté, nous pensons que son emploi ne se généralisera pas au même degré que celui du manganèse, paree que la teinte produité par le nickel est moins gaie, plus brune que celle du manganèse.
Crroisils. — Comme dans toutes les autres fabrications du verre, les groisils provenant des pièces cassées et du travail des verriers rentrent dans les compositions, mais on con§oit 1’impor- tance de n’cmployer que des groisils tout a fait purs de toute matière étrangère; le verre qui a été en contact avec le fer, c’est- a-dire les mors de canne, et le verre qui est resté sur les pontils et eordelines retient, en se détachant de ces outils par le refroi- dissement, une légere pellicule de fer dont 1’influence serait très- nuisible dans Ia composition, et dont on doit, en conséquence, opérer Fextraction. On commence par tamiser tout ie groisil dans un tamis a assez larges mailles, soit environ 6 millimetres; toute la poussière et le petit groisil passent au tamis. On lave ces tami- sures, puis les groisilleuses. séparent sur une table les petits frag¬ments qui sont purs de ceux qui sont tachés de fer. Pour les groisils restés sur le tamis, ils sont également triés sur une table. Les groisils dont la tache de fer n’occupe qu’une faible partie, qu’on peut enlever facilement avec un marteau en forme de coin,
sont soumis a cette opération; ceux un peu volumineux, dont on ne pourrait enlever tout le fer, sont soumis a la taille. Des femmes, sur des tours de tailleurs de cristaux, usent sur une meule en fer, sur laquelle coule .du sable mouillé, tout le fer attaché au verre. Enfin, tous les petits fragments tachés dg fer sont mis dans un bain d’acide sulfhydrique très-étendu
LIVRE V. — CR1STAI.
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d’eau (10°), qui dissout le fer, et on lave ensuite ce groisil a grande eau. .
Les verreries qui fabriquent de grandes quantités de cristaux de couleur se contentent d’extraire des groisils tout le fer qui peut être enlevé au marteau, et emploient le roste dans des cou- leurs oü la presence du fer n’est pas nuisible.
Nous avons passé en revue les matières qui entrent dans la composition du cristal blanc, dont les proportions suivantes peu- vent être considérées com me un type moyeu :
Sable 100 parties.
Minium 66,66 —
Carbonate de polasse 28 a 30 —
Azotaledepotasse. 5 1/5a 5,33
Oxyde de manganese. 0,05 —
Groisils .- 160 —
Les fabricants de cristaux en Angleterre emploient générale- mentune plus grande quantité de salpêtre; sur 100 de sable, ils mettent souvent 30 de carbonate de potasse et 10 d’azotate de potasse, ce qui ne doit pas peu contribuer a 1’éclat du cristal.
Le fabricant de cristaux qui a a sa disposition du minium con- tenant du manganese, ce qui, comme nous l’avons observe, est un prócieux avantage, le fait entrer dans la proportion convenable, et alors il se dispense d’ajouter de l’oxyde de manganese.
COMPOSITION DES CRISTAUX COLORÉS.
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Nous pourrions, en quelque sorte, nous boruer, pour la com-position des cristaux colorés, a renvoyer aux détails que nous avons donnés sur la fabrication des verres a vitre de couleur, ou répéter que le bleu indigo est obtenu. par 1’oxyde de cobalt; le bleu celeste, par Foxyde de cuivre; le vert, par un mélange d'oxyde de cuivre et de fer, auquol on ajoute souvent le bichro-mate de potasse; les' diverses nuances de violet, par 1’oxyde de manganese; le pourpre, par 1’oxyde d’or; le rouge, par le pro- toxyde de cuivre; le jaune, par Foxyde d’argent, 1’oxyde d’urane ou le charbon; le noir, par les oxydes de cuivre, de fer et de man-ganese. Eu effet, les proportions de ces divers oxydes dépendent de 1’inténsité de 1& teirjte qu’on veut obtenir, suivant les pieces
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que Ton a a fabriquer, leur épaisseur. Mais nous avons, en outre, a parler des cristaux opalisés, des cristaux diehroïdes,«et puis, en reprenant chaque couleur en particulier, nous aurons encore 5 re¬later quelques observations qui pourront ne pas êlre inutiles,
Gristal ïmitaut Vopaie, — Nous ne parlons pas ici du cristal
/ d’un blanc plus ou moins opaque qu’on peut obtenir par Faddition / & la composition d’une proportion plus ou moins grande, suivant le degré d'opacité désiré, decide arsénieux ou d'acide slannique, ,mais du cristal ayant des reflets oranges corarae la pierre d’opale.
/ C’est avec du phosphate de chaux qu’on obtient ce résultat; ce \ phosphate de chaux est employé sous la forme d’os brülés et piles. D’anciens auteurs recommandaient spécialement des os de mouton ; d’autres, de la corne de cerf : c’était Fépoque des recettes empiriques. Je puis dire, par le résultat d’une longue ex¬perience, que les os de tous les animaux qu’on peut facilement se procurer remplissent le même but, pourvu qu’ils soient convena- blement préparés. Je recommande toutefois aux fabricants de cristaux de faire eux-mêmes leur phosphate de chaux, pour être plus certains de 1’avoir exempt de matières étrangères. Les grands os des chevaux, boeufs, vaches, c’esl-a-dire les os des jam¬bes, sont préférables, paree qu’ils produisent moins de cendres, qu’il est plus facile de les bruler plus complétement, Quand on
brille dans un four a réverbère de pelits os qui s’entassent les uns sur les autres, la combustion ne pénètre pas aussi facilement jusqu’au fond, il y reste souvent du charbon animal non brülé, ce qui serait très-pernicieux dans la composition du cristal. Quels que soient les os qu’on aura brülés, il faudra, quand ils seront refroidis, les trier avec spin pt ne faire pulveriser que les frag¬ments tout a fait blancs, et qui sont du phosphate de chaux a peu prés pur. Ce phosphate de chaux entre pour 9 pour 100 dans la
/ composition dg cristal opale, c’est-a-dire qu’a. une compösi- \ lion de:
Sable,,
/ Minium ♦ • • ♦. 7
/ Carbonate dc potasse.«.. <
J On ajoute : os calcines pilés, ou phosphate
de chaux...........
11 est bien d’ajouter aussi : oxyde de man-ganese
100 parties.
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COMPOSITION DES CRISTA OX ‘ COLOB.ÉS. Ö39
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Si on a du groisil opale (et on en a dès la deuxième journée de travail), on l’ajoute a la composition ci-dessus, en observant tou- jours qu’il faut éliminer les groisils tachés de fer, qui donneraient au cristal opale une nuance désagréable,
Le cristal dont nous venons de donner la composition n’a pas, au premier moment ou on le travaille, 1’opalisation que 1’on veut obtenir; c’est par suite des refroidissements et réchauffements qui résultent du travail de la piece de cristal que cette opalisation prend de plus en plus de l’intensite, Cette opalisation est done Ie résultat d’un précipité ou d’une devitrification qui s’opère par le fait de ces refroidissements et réchauffements suecessifs \ En tout état de cause, il en résulte qu’il faut varier la quantité de phos-phate de chaux, suivant les pièces que 1’on a a fabriquer. Si on ne doit faire, par exemple, que des.bols et gobelets qui sont assez minces et qui se terminent avec deux chauffes, on doit forcer la dose de phosphate de chaux; ce n’est pas trop, dans ce cas, de la porter a 10 pour 100 du poids de la composition. Mais si on doit fabriquer ties pièces on épaisses ou d’un travail compliqué, 7 a 8. de phosphate de chaux sont suffisants, paree qu’avec une plus forte proportion, le cristab a peine opale au commencement du travail de la pièce, deviendrait tout a fait opaque quand elle se- rait terminée.
Le cristal opale est la base du cristal imitant la turquoise, pour lequel il suffit d’ajouter a la compositioji d’opale, telle que nous ï’avons indiquée, deux parties d’oxyde brun de cuivre. Il sera bien aussi de remplacer cinq parties de carbonate de potasse par memo quantité d’azotate de potasse, pour prévenir I'effet de quelque matière organique charbonneuse qui aurait pu s’introduire dans la composition, qui pourrait désoxyder le cuivre et produire des veines rouges. Si, au lieu d’oxyde de cuivre, on ajoute 40 cen- tièmes d’oxyde de cobalt, on obtiendra un bleu opale qui a été assez demandé.
On fait aussi un verre demi-opaque, mais sans aucun reflet de 1’opale qu’on appelle pate de riz ou albatre\ ce verre aune teinto de lait mêlé d’eau; ce n’est pas du cristal, c’est-è-dire qu’il n’y entre pas d’oxyde de plomb, c’est, en quelque sorte, un verre
1 Nous laissons aux savants le soin de determiner le röle quejoue 1’acide phos- phorique dans cetto decomposition; it est certain que la chaux seule, ajoutée a la composition, ne produit pas cet effet d’opalisafion.
im par fait, c’est-a-dire non fondu complétement: ou 1’obtient par 1'emploi du bicarbonate de potasse et les proportions suivantes :
Sable..... 100 parties.
Bicarbonate de potasse 45 —
Phosphate de chaux (os calcines).. 5
Azof ate de potasse 4 —
Ce verre ne doit pas être soumis a une fonte trop longue, autre- ment il deviendrait transparent.
On obtient aussi un verre pdte de riz par 1’addition du sulfate de potasse, substitué au bicarbonate et au phosphate de chaux.
' ' En ajoutant a celle composition de-verre paté de riz, de l’oxyde brun de cuivre, ou de 1’oxyde de cobalt, ou un mélange d’oxydes de cuivre et de fer, on obtient des bleus et des verres de nuances très-agréables, et dont on a fait beaucoup de cristaux d’ctagère.
/ ' Outre le crislal opale et le verre pate de riz, on a fait depuis
■ quelques années un cristal blanc de lait avec Ie spath fluor (fluate de chaux). Ce cristal blanc de lait est principalement em¬ployé pour les appareiïs d’éclairage; tandis que, dans les globes en opale, Ia flamme de la lampe apparalt avec une nuance rouge, dans ceux rendus opaques par le fluate de chaux, Ie foyer dis.- paralt, et la lumière, sans aucune. nuance rouge, se trouve divisée et comme tamisée également sur toute la surface du globe. Ce verre s’obtient par Taddition de spath a la dose de 4 pour 100, de la composition ordinaire du cristal. C’est M. Paris, de Bercy (a présent au Bourget), qui, nousle pensons, a le premier fabriqué
\ ce verre.
Le cristal bleu s’obtient par l’addition de l’oxyde decobalt; on peut employer aussi le safre, l’azur; tnais depuis qu’on a purifié 1’oxyde de cobalt en séparant tout l’oxyde de nickel qui y est toujours mé- langé dans les mines, il est préfórable d’employer eet oxyde pur de cobalt que 1’on dose avec plus de certitude que le safre et ï’azur, dans lesquels on ne connalt jamais exactement Ia propor- tion de matière colorante, et qui contiennent presque toujours (le safre surtout) del’oxyde de nickel et du fer. Cinquanle cen- tièmes d’oxyde de cobalt ajouté a la composition ordinaire de 100 parlies de sable produisent une nuance assez intense. Si au lieu de bleu de roi on veut un bleu céleste, au lieu d’oxyde de cobalt on emploiera de 1’oxyde brun de cuivre, dans la proportion de
1,25 pour la composition de 100 parties de sable, dans laquelle on remplacera pour tous les cristaux de couleur 5 parties de carbonate de potasse par la même quantile d’azötate de po- lasse. II est clair que si on veut un bleu .celeste moins intense, on mettra soixante centièmes seulement d’oxyde de cuivre.
Le cristal violet s’obtiendra dans une teinte assez foucée par 1’addition de 2,50 a 3 parties d’oxyde de manganese a la compo-sition du cristal de 100 parties de sable.
Si on veut n’oblenir qu’un violet clair imitant assez 1’améthyste, on ne mettra que 1 a 1,25 d’oxyde de manganèse.
Le cristal vert s’oblient par 1’addition des oxydes de fer et de cuivre, et la nuance verte s’approche d’autant plus du bleu, qu’on force la dose de cuivre par rapport è celle du fer. La pro¬portion de 3 parties d’oxyde de fer et soixante-quinze centièmes d’oxyde de cuivre, ajoutée a la composition de 100 parties de sable, produit une nuance verte fort agréable. Quand on veut une nuance verte d’un plus grand éclat et inclinant plus au jaune, on emploie le bichromate de potasse. On doit avoir soin de piler ce bichromate de potasse en poudre exlrêmement fine, autrement il se trouve quelques grains noirs dans la pête du verre vert; 2 parties de bichromate de potasse, soixante-quinze centièmes d’oxyde de cuivre, ajoutés a la composition de 100 parties de sable, produisent une teinte vert-pré clair et brillant.
Nous avons dit que le pourpre, c’est-a-dire le rose et le rouge violacé (groseille), s’obtient au moyen de 1’oxyde d’or. C’est le précipité de Cassius dont on se sert a eet effet. Ce cristal ne s’em- ploie pas seul et en masse, on s'en sert pour doubler du cristal transparent. On a ainsi moins de perte de ce cristal assez dispen- dieux que si on 1’employait en masse; il résulte d’ailleurs de ce doublage que tontes les parties de la piece ont a peu prés la même nuance, ce qui n’aurait pas lieu si toute la piece était faite de ce verre. La composition de ce cristal rubis est la même que celle que nous avons indiquée pour le verre a vitre, liv. II, p. 380.
On prend 100 parties de groisil de cristal compose dans les pro-portions ordinaires, auquel on ajoute un mélange soigneusement
fait de:
Minium 15 parlies.
Azolale de polasse........... 3 —
Préeipilé pourpre de Cassius. 0,25 —
Antimoniate de potasse. 3 —
342
Le tout, fondu, donne un cristal qui, rcfroidi puis réchauffé, prend une couleur rouge-violet foncé. -
■ Poür le rouge vif, c’est 1’oxyde de cuivre que 1’on emploie, et suivant Ia formule que nous avons donnée au livre II, p. 367, c’est-a-dire :
Sable 25 parties.
Miuium 50 —
Oxy de de cuivre 1,200 —
Acide stannique 5 —
On fond le mélange pendant quatre & cinq heures, en ayant soin, dans les deux dernières heures de la fonle, de 1’agiter a plu- sieurs reprises par Paction d’une pommé de terre au bout d’une griffe de fer que 1’on plonge jusqu’au fond du creuset. Après les quatre a cinq heures de fonte, on tire a 1’eau et on refond encore deux fois dans les mêmes conditions. Après le troisième tirage a 1’eau, on le mélange avec 25 parties de verre blane, provenant d’une composition de;
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Sable 100 parlies.
Carbonate de potasse 56 —
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Ce mélange étant encore refonduavec addition de trente a qua- rante centièmes de tartrate de potasse ou de copeaux d’ótain, peut alors s’employer comme doublure direetement dans la fabrica¬tion des pieces, ou bien on peut en faire un appro visionnement de pelits batons cylindriques de 4 a 5 centimëtres de diamètre, que 1’on fait recuire et dont on se sert comme nous le verrons plus loin dans la fabrication des cristaux doublés.
te jaune peut s’obtenir avec l’antimoine, avec un melange d’oxyde de maganèse et de fer, avec le char bon, avec 1’argent, avec 1’oxyde d’urane. Nous allons passer en revue ces divers pro¬cédés :
L’antimoine a été employé dans 1’antiquité pour la coloration des filets que 1’on voit dans certains ouvrages filigranés, dans des perles; mais nous ne connaissons pas de masse un peu importante colorée en jaune par 1’antimoine, qui, en effet, doit être employé a trés-forte dose pour produire une coloration très-peu intense, et dont le jaune produit ainsi est d’une teinte fausse peu agréable;
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aüssi peut on dire que l’antimoine n’est pas employé póur la Co-loration du verre ou du cristal en jaune.
Le mélange d’oxyde de fer et de manganèse dont noüs avohs vü ï’emplói pour id coloration du. verre a vitre en jaune, ne pröduit pas non plus une teinte agréable dans lés pièces souffléos et d’é- paisseurs irrégulières, en verre óu en cristal. Cê mélange n’est done pas employé.
La coloration par le charbon que nous avons vue donner de bons résultats pour les verres a vitre, en employant de la sciure de bois blanc fraichement coupé, ne peilt, bien entendu, être üli- lisée dans la fabrication du cristal, qui ne s’accommódé d’aücün mélange charbönneux ; inais on peut colorér ainsi du verre silico- alcalin; ce verre, noüs 1’avöns dit au livre II, est sujet a être boüillonneux; aüssi est-on obligé de le faire asséz tendre, c’est-è- dire assez chargé eii alcali. Aussi, quand, il y a quelques années, les verreries firent ün assez grand nOinbre de pièces moülées en verre jaune cóloré par le charbón, on s’apereut que lés pièces qui restaient enveloppées de papier dans des casiers attiraient 1’liumidité a ün point extréme, et allaient même jusqü’è se fen- dillér etse désagréger; ellesse trouvaient èl’état de verre fusible,
1’alcali ayant été employé en tróp grand exces. On peut toutéfois, si on ne veut pas avoir un jaune trop foncé, faire un beau jaune assez solide avéc les proportions de :
Sable .. 100 parties.
Carbonate de soude. 24 —
. dé potasse 18 —
— de chaux 20 —
Sciure’de bois tendre 3 —
Les divers jaunes dont nöüs venohs de parler n’ont qu’uno im-portance trés-secondaire, en raison de la facilité que 1’ón a de teindre lés verres et cristaux avec une preparation d’argent, ainsi que iiöus 1’avöns vu pour le verre a vitro au livre II.
Les nuances produites par 1’argent sont bien^plus belles, et, én outre, cbmme la couleur proviènt d’une simple application sur toute la surface, il s’ensüit que la teinte est uniforme, n’a pas moins d’intensité dans les parties minces que dans celles qui ónt le plus d’épaisseur. La couleur jaune par la téinlüre d’argent a encore eet avantage que 1’on peüt faire des réserves, c’est-è-
544
dire ne teindre gue cerlaines parlies do la piece de verre ou cris¬tal et, sur les parties teintes, on peut ensuite enlever des dessins par la taille ou la gravure.
Nous avons vu, au livre II, les précautions que Ton devait prendre pour obtenir un verre a vitre susceptible d’être plus ou moins coloré par la préparalion d’argent; nous dirons aussi que
tous les cristaux ne sont pas également teints au même degré,
•
les plus durs sont ceux qui prennent la couleur la plus intense. Si done c’est celte couleur très-intense qu’on veut obtenir, on pourra, dans les cristaux destines è. être teints, diminuer uupeu la proportion d’alcali, et surtout forcer la dose du groisil.
Nous ne reviendrons pas sur la preparation d’argent deslinée a teindre en jaune, et qui estun mélange d’oxyde d’argent et d’oxyde de fer, ce dernier employé seulement co mine medium; on fait de ce mélange une bouillie épaisse que 1’on couche au pinceau sur . les parties que Ton veut teindre, quand ces pieces sont sèches, on les enfourne dans une mouffle qu’il ne faut pas trop chauffer, pour que 1’oxyde de fer ne s’attache pas sur le verre ou cristal, et d’ailleurs, a ce degré qui attacherait- Ie rouge de fer, la teinte jaune de 1’argent serait irisée par des reflets opaques. Quand les pieces sont sorties de la mouffle, on les brosse en recueillant 1’oxyde de fer qui a encore retenu une partie de 1’argent et qui sert pour des opérations subséquentes, et les parties qui ont re§u
la couche de peinture sont d'une belle couleur jaune-transparent. Nous venons de dire que si 1’on poussait trop le feu dans la tein- ture en jaune par Fargent, Ia teinte jaune s’irisait, s’opalisait; elle arrive même a devenir presque opaque: c’est-la ce qui s’est opposé a ce. que 1’on employed 1’oxyde d’argent pour la coloration en masse du verre ou cristal; la composition, è laquelle on ajoute une petite proportion d’oxyde d’argent, soit un quart ou un demi pour 100, produit un cristal d’un très-beau jaune, au moment oü on le lire du creuset; mais en achevant de se refroidir, on le voit s’opaliser et devenir bientöt tout a fait jaune verdêtre opaque avee des veines bleuatres. C’est ainsi qu’on obtient les cristaux agate, qui, a Fétat brut, sont d’un ‘assez triste aspect, mais qui, étant taillés a cótes plates, présenten! des nuances veinées assez agréablesi
II y a toutefois un moyen d’obtenir le cristal jaune par Far-
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gent, ainsi que je Fai fait remarquer, livre Icr, p. 100; et j’ajoutais
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alors : « Je n’ai pas vu du reste, dans le commerce, qu’aucune verrerie ou cristallerie, en France, en Angleterre on en Allema- gne, ait produit du verre coloré en masse, enjaune transparent par 1’argent; mais puisqu’il est certain que ce résultat a été obtenu, les verriers devront, il me semble, tenter de le reproduire. »
Depuis que ce livre Ier a été imprimó, M. Monot, 1’habile fa-bricant de cristaux de Pantin, a fait travailler dans la petite cris-tallerie qu’il avaitétablie a FExposilion universelle, dans le Champ de Mars, du cristal double en jaune colorè par 1’argent. Cette dou¬blure jaune étaït très-mince (aussi mince que la doublure rouge rubis). Je suppose que eet émail jaune transparent est obtenu par une composition analogue a celle du rouge par le cuivre, c’est-a- dire: silice et minium en quantiles a peu pres égales, sans addi¬tion d’alcali, etune faible proportion d’oxyde d’argent, car c’est 1’alcali, potasse ou soude qui cause surtout Fopalisalion. Dans tous les cas, le problème du cristal jaune par 1’argent se trouve résolu autrement que par la teinture, et je suis heureux d’en faire honneur & M. Monot.
De même qu’on teint le cristal et le verre en jaune par F argent,
on a réussi a teindre aussi en rouge parle cuivre, mais le verre
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seulement et le verre a base de potasse. Voici le procédé em¬ployé ; on fait un mélange de :
,; 4 parties d’oxyde de cuivre bieu pur a i’élat d’oxyde rose ou brun;
2 — d’écailles de fer, ou oxyde noir; .
4 — d’ocre jaune calcine (cornme medium).
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On broie ces matières a Fessence de tórébenthine et on applique
£ ce mélange au pinceau sur les pieces qu’on veut teindre en rubis; is on passe ces pièees a un premier feu de moufle, qui a pour but
| d’y fixer le mélange, on les brosse avec une brosse dure et on en
sépare ainsi ce qui n’a pas été attaché sur le verre, qui parait i alors d’un vert noiratre, puis on remet ces pièees dans la moufle,
| dans laquelle on introduit la valeur de 1 kilogramme de charbon
| de bois pilé par mètre cube de capacité de la moufle, que 1’on.
| clöt de manière que Fair extérieur n’y puisse pas entrer, et Fon
| chauffe. Le cuivre fournit une partie de son oxygène pour la com-
| buslion du charbon, et les pieces se trouvent teintes en rouge;
i mais génóralement, è ce second feu, on n’obtient guère qu’un
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rouge un peu obscur; uu troisième feu lui donne Péclat rouge- orangé briliant.
Nous avons ditqu’on colorait ainsi seulement lo verre foudu a la potasse, le silicate de potasse et de chaux, qui supporte mieux un feu de moufle d’une temperature assez élevée. Nous croyons, en effet, qu’on n’a pas encore réussi a teindre le cristal en rouge.
Il nous reste a parler de 1’emploi de 1’oxyde d’urane dans la co¬loration du verre. Get oxyde est la base des verres qu’on a appelés dickroïdes. On sait que le dichroïsme est la propriété qu’onl certains minéraux transparents d’offrir une couleur différente, suivant qu’on les regarde par reflexion ou par refraction; 1’oxyde d’urane a précisément cette propriété de donner aux verres dans la composition desquels on le fait entrer cette apparence di¬chroïde. L’oxyde d’urane produit une nuance jaune citron par re¬fraction, et par reflexion, la piece parait d’un vert clair un peu
nuageux, et comme lorsqu’on regarde une piece telle qu’un vase, il y a certaines parties qui présentent leur coloration par réfraction, d’autres parréflexion, il en résulte pour 1’ceiLun mélange agréable de deux couleurs. Cet effet est un résultat de 1’état de fluorescence dans lequel se trouvent les verres colorés par Purane; c’est dans les mémoires de M. Edmond Becquerel, qui s’est livré a des tra- vaux très-remarquables sur la phosphorescence et la fluorescence, qu’il faut étudier tout ce qui est relatif è cet état physique des substances. Nous indiquons seulement ici le fait et le moyen de 1’obtenir. Or, il est remarquable que le cristal ne jouit pas de la propriété d’étre rendu fluorescent par Paddition de Purane (ou du moins d’une manière sensible). Quant a la composition ordi¬naire de cristal de 100 de sable on ajoute 3 d’oxyde d’urane, on obtient alors un cristal jaune clair assez triste et sans aucun effet dichroïde; mais si, a la composition de:
Sable 100 parties.
' Carbonate de potasse 58 —
Chaux éteinte 18 —
Azotate de potasse...,.; 3 —
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on ajoute:
Oxyde d’urane 2,5 —
on obtient le veritable jaune dichroïcle, qu’on peut faire plus ou moins foncé, suivant ia quantité d’oxyde d’urane.
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COMPOSITION DES CBISTAUX COLORES.
On peut ensuite varier encore la nuance eii introduisant dans la composition une petite proportion de bichromate de potasse.
Ces cristaux dichroïdes ont eu une assez grande vogue, corame du reste beaucoup d’autres verres de couleur. Nous pensons qu’il est de bon goüt de les employer en petites quantiles pour de pe¬tits articles de fantaisic et d’ótagère ; le cristal blanc est la ma- tière par excellence, celle dans laquelle nous avons surpassé tous nos prédécesseurs et qui restera toujours le type du plus beau: verre que I’industrie puisse produire. ■
Nous pensons que les détails qui précédent relatifs a la fabrica-tion des cristaux de couleur peuvent paraltre suffisants; il y a, sous ce rapport, une telle variété, qu’il serait difficile de ne pas en ömet- tre un grand nombre. Nous avons cru devoir nous borner a indi- quer les principales couleurs, celles qui servent de base a toutes les autres. Toutefois, nous ne devons pas manquer de raentionner Yaventurine, dont la fabrication est touJe spéciale. L’a vent urine est un verre, variant dans sa masse du jaune-brun a une teinte rosée, danslequel se trouyent répandus de petits cristaux tétraédri- quessans nombre, très-brillants, ayant 1’apparence du cuivre. Ces petits cristaux sont-ils du cuivre a 1’état naissant ou du protoxyde de cuivre cristallisé? Nous pencherions pour la première opinion. Ce qu?ily a de certain, c’est qu’ils sont produits par laréduction de 1'oxyde noir de cuivre, par les oxydes de fer et d’étain ou même par 1’oxyde de fer seul. I/aventurine est composes des mêmes cléments que lé verre rouge, mais 1’oxyde de fer et 1’oxyde de cuivre y sonten bien plus grande proportion; 1’oxyde defer passe au maximum d’oxydation et produit ainsi la teinte jaune-brun qu’affecte d’ordinaire Taventurinei tandis que 1’oxyde de cuivre, qui a fourni une partie de son oxygène ou tout son oxygène au fer, estramené a 1’état de protoxyde ou de métal. L’aventurine est d’ordinaire un verre silico-alcalin, auquel on ajoute de4è 8 pour 1Ó0 d’oxyde de cuivre a 1’état d’oxyde noir ou de battitures calcinées, et a peu prés les mêmes quantités d’oxyde de fer. Mais il né suffit pas de cormaltre Panajyse de 1’aventurine pour la produire: il y a certains détails de fabrication qui ont, jusqu’a. présent, échappé
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aux chimistes et aux fabricants qui s en sont occupés. MM. Maës et Glémandot ont obtenu, il y adéjè un certain nombre d’années, quelques échantillons d’avehturine ; j’en ai aussi obtenu quelques fragments, mais ce n’était pas une réussite compléte; on eii petit
dire autant des essais plus récents de M. Hautefeuille; M. Mono! a exposé en 1867 une petite coupe qui se rapprochait da vantage des beaux types d'a vent urine; mais on peut dire que les fabri¬cants de Venise, et spécialement M. Bigagiia, possèdent encore seuls le procédé de la- belle aventurine sans veines enfumées quoique produite en grande masse.
Nous devons parier aussi de 1’aventurine de chrome, nouvelle sorte de verre analogue a 1’aventurine de cuivre, et qui a été 1’un des derniers résultats des beaux travaux sur les substances vi¬treuses de 1’illustre Pelouze dont le monde scientifique déplore la perte récente et prématurée. Dans celte aventurine, 1’oxyde de chrome se trouve en parlie revivitié et apparait sous forme de cristaux chatoyants.
Déja, dans les derniers mois de 1’Exposition de 1867, MM .Mayr neveux, les célèbres fabricants de cristaux de Bohème, avaient ajouté a leurs beaux produits deux vases en aventurine de chrome. Il est assez probable qu’on parviendra a faire encore d’autres espèces d’aventurine produites par d’autres métaux.
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Nous avons dit que la fabrication du cristal avait été la consé- quence de 1’emploi des pots couverts, qui commenga a avoir lieu, en Angleterre, a la fin du dix-septième ou au commencement du dix-huitième siècle, et que les premiers cristaux qui furent faits en France, au siècle dernier, étaient également fondus dans des pots couverts; mais peu d’années après, corame nous 1’avons dit aussi, la verrerie de Saint-Louis commencait la fabrication du cristal dans les pots ouverls dans des fours chauffés au bois. Cette verrerie, qui avait des affouages considérables de bois, et la cristallerie de Baccarat, qui fut fondée plus tard dans le voisi- nage des riches forêts des Vosges, ont fabriqué jusqü’è ce jour le cristal a pots d.écouverts; mais le grand accroissement de la production du cristal et des autres usines qui consomment du bois, qui a amené une grande élévation du prix de ce comr bustible, a commence a battre en hrèche le mode de fabrica¬tion au bois. Ces deux cristalleries, les seules qui fondent au
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bois, ontdéja établi des fours a ho ui He 1, ce qui leur permet de j mattriser le prix du bois, et établit en même temps la transition a 1’ernploi exclusif de la houille, qui aura probablement lieu d’ici i a peu d’années, sous Pheureuse influence de 1’achèvement des
canaux et des chemins de fer.
Nous aurions done pu, en quelque sorte, nous borner a la des¬cription de la fonte a la houille; mais c’est avec le bois que le
l cristal s’est developpé en France; nous commeneerons par donner I des indications sur ce mode d’opérer.
Pendant bien des années, la fonte au bois du cristal s’opérait en deux fois; on fondait le cristal dans des créusets de petite di-mension (comme les pols des verreries de Bohème), et le four contenait Ie double des creusets dont on voulait travailler le verre : si, par exemple, on avait un four de douze creusets de 150 kilogrammes chacun, ce qui était environ la proportion et la contenance ordinaire, il y avait six creusets pour la fonte et six creusets pour le travail, dans un four carré ayant sur chaque siége six creusets- Aux deux creusets de coin correspondaient des ouvreaux plus grands; c’est sur ces ouvreaux que les ouvriers des grandes places, c’est-èi-dire ouvrant les pieces les plus difficiles et les plus grandes, réchauffaient leurs pieces, et ces pots de coin étaient des pots de fonte, Le second creuset, de chaque cóté, était celui dans lequel on cueillait le verre pour la place de coin ; c’était doncle pot de travail; puis, des deux pots du centre, 1’un était pot de travail, c’est-k-dire dans lequel on cueillait, 1’autre
pot de fonte, sur lequel 1’ouvrier de la place du milieu réchauffait ses pieces.
On commenQait par faire une grande fonte de tous les pots, et les ouvriers venaient vider les six creusets (trois de chaque cóté) destines pour le travail. Le travail de ces six creusets terminé, les fondeurs revenaient et commenyaieut par tra fier ou tréjeler,
S avec des poebes en fer, le verre des pots de fonte dans les pots
I de travail, puis, le four sufflsamment récliauffé, ils renfournaient
dans les pots de fonte. Le verre des pots de travail subissait done
| ainsi deux fontes. II peut paraitre étonnant aujourd’hui qu’un tel
I système se soit prolongé pendant un aussi grand nornbre d’an-
’ 1 La crislallerie de Saint-Louis paralt même avoir renonce entiêrement a 1’u-
\ sage da bois pour la fonte da cristal.
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nées;en supposant qué Ia première fonte n’èüt été qü’incóm- plèle, c’est-a-dire qu’elle eüt exigé, par exemple, trois ou quatre heures de pliis, il n’en résultait pas moins qüe cë cristal su- bissait, en deux fois, vingt heures dé fonte, qüand il rié lui en
eut fallu que quatorze. De la une përte énorme de combustible; et, en outre, dü cristal qui a fondu pendant vitigt heures n’a pas autant d’éclat que celui qui a fondu pendant quatorze seüle- ment. Nous devons dire Ia cause qui avait maintëiiü eet état de choses: ils’agissait de la régularité du. travail. Cómrtie dans les fours, tels qu’ils ótaient cons trui Is. la fonte né s’opérait güère qü’en quatorze heures, qu’il fallait laisser reposer le verre -pendant deux heures pour le laisser afötier, que le travail des verriers durait onze heures et qu’il fallait ensuite réchauffer le four pen¬dant au moins une heure avant de recommencer une fónte sui- vante, le tout réuni formait viugt-huit heures : le commencement de chaque travail eüt été retardé chaque jour de quatre heures, et, en admettant même que le premier travail commensal dans la nuit du dimanche au lundi, le sixième travail n’eiit fini que dans la journée du dimanche, ce qu’on voülait éviter, et sous toüs les rapports on préférait commencer tous les jours le travail a la même heure, en réservant pour lesamedi soir les réhiplaeemerits de pots Ou raccommodages du four.
II fallait, pour faire cessër eet état de choses onérëüx sous le rapport de Ja consommation du combustible, défavörablè a ia qualitê de la matière, perfectioniier la construction du four, de manière è föndrè en une seule föis; c est ce qui avait été óbtenu
par M. Toussaint, qui, pendant quaraute ans qu’il a dirigé óü administré la cristalleriê de Baccarat, a amëné de si nómbrèux perfectiónnements dans cettê branche de production. II comprit bientót que la fonté dans de petits pots, dans ün four de propor¬tions exiguës, u’est pas aussi active que dans de gfands pots placés dans un grand four.
Par une meilleure preparation des matièrës premières, et urie construction de four perfectionnó, il parvint a fondre en moins de douze heures des pots d’une contenance de 500 kilogrammes; on put done fondre et travailler, six fois par semaine, la conte¬nance de tous les pots, Syant seulement parfois d’un jour & 1’autre un retard de une ou deux heures, maïs qui n’allait pas jusqu’a prolonger le travail au dela dii samedi söïr.
Noüs admettrons, dans ce qui va suivre, i’emploi d’un four a six pots de 500 kilogrammes.
Nou? avons dit au livre IC1, chap. Combustible-bois, qu’il était nécessaire, pour assurer Ie succes de la fonte, que le bois fut par- faitement sëc et divisó en petites billettes, afin qu’il pöt dégager promptement le plus de fiamme possible sans fumée, et donner de cette manière tout le calorique qu’il est susceptible de fournir. Ceperidant il est bon d'insister sur la nécessité oü 1’on est de faire la plus scrupuleuse attention a ne jamais employer qu’un bois que Pon a dépóuillé autant que possible de son huinidité. Les inconvénients qui résultent dü défaut de soins dans cette partie sont: le pelillement des billettes, qui projettent des braisès dans les creusets oü ils réduisent de 1’oxyde métallique, le déga- gement d’une grande quantité de fumée, qui remplit la capacité du foür, et en sort sans avoir été brülée, enfin le retard opéré dans la combustion du bois, dont Finflammation' parfaite n’a
lieu qu’après Ie dégagemenl de Fhumidité qu’il contenait. Brüler le plus rapidement possible uiïe quantité donnée de bois est le moyen d’obtenir Ia plus haute temperature, et c’est a quoi 1’on arrive par 1’emploi de bois bien sec. Nous avons indiqué, dans le livre Ier, les procédés en usage póür sécher le bois, nousn’avons pas ici a y revenir. •
Les billettes doiveiit être féndues de manière a présenter une coupé de 7 it 10 centimetres sur 3 a 5, et avoir une longueur de 56 5 58 centimetres, qui est celle du bois ordinaire, scié en deux.
Quelquefois le tisage est fait par un seul tiseür, qui tourne
autour du four, en mettant une, deux ou trois billettes au trou de . *
chaque tisard: mais il faüt alors, poiir ce travail, un gargon as¬sez fort et marchant assez rapidement. Si, pour éviter une marche aussi rapide, il met souvent un plus grand nombre de billettes a Ja fois a chaque tisard, qüelques-unés de ces billettes tombent sur le fond du tisard avant tnême d’avóir commence leur com¬bustion ; elles ne prödüisbnt pas leur effet utile: il y a plus grande consommatiori de bois et combustion moins parfaite. II est infiniment préférable d’avoir un enfant 5 chaque tisard, n’ayant de chemin 5 faire que celui du tas de billettes placé a proximité jusqu’au tisard. Ce travail n’est pas fatigant, chaque enfant mét une öu deux billettes è la fois, et 1’on peut régler leur marclie aü moyen d’un timbre montó dè manière a sonrier trois,
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quatre, cinq fois par minute a volonté; ces enfants sont sous la surveillance du fondeur, qui, dans les moments oü il veut éle- ver la température, leur fait mettre, une fois sur trois ou une fois sur deux,, deux hillettes è la fois. Soit qu’on commence une fonte, après une mise de pots, ou que ce soit a la suite du travail des verriers, le fondeur réchauffe d'abord son four; pendant ce temps-la, on apporte la composition sur les places. Au bout d’une heure, le four est suffisamment chaud, le fondeur et les compo- seurs enfournent les pots seulementa moitié, pour ne pas trop les refroidir, puis une demi-heure après ils achèvent de les ren¬fourner au comble, de manière è laisser toutefois les bords bieu francs pour qu’il ne s’écoule pas de matière en dehors. C’est alors qu il faut donner le plus d’activitó possible au feu. Trois heures et demie a quatre heures après le premier renfournement, on renfournera de nouveau au comble. Au bout de neuf heures, la fonte sera terminée, maïs les pots ne seront pas toutefois pleins; nous conseillons alors de renfourner sur chaque pot 50 a 60 kilogrammes de beau groisil, et, une heure après, le tout sera
fondu. La fonte auraainsi duré onze heures. 11 faut alors raffin er le verre qui est en mouvement3 en ébullition; les fondeurs bou- chent alors les fonds de tisard, pour empêcher le tirage par ces ouvertures, on óte les tuilettes qui sont devant les ouvreaux, dont on modifie la grandeur par des rondelles Ou lunes donnant plus d’ouverture, et après avoir laissé, pendant quelque temps, le four dans un ëtat complet de tranquillité, c’ost-a-dire sans tisage, on recommence a tiser avec des billettes sèches, mais n’ayant pas toutefois subi le séchage de la carcaise. Au bout de deux heures, le cristal est bon a travailler; les gamins, pendant ces deux heures, ont balayé les places, préparé les outils, et les ouvriers arrivent. Les souffleurs écrèment le dessus des pots et le travail commence; pendant tout le travail, on tise avec du bois sec non passé a la carcaise; pendant la pose, que Pon fait après cinq heures de tra¬vail, on débraise, on réchauffe le four avec des billettes séchées,
on rebouche les fonds de tisards et, a la reprise du travail, les souffleurs écrèment les pots.
Quand il sera question du prix de revient, nous admettrons que les six pols de 500 kilogrammes, soit 3,000 kilogrammes de composition, donnent un produit utile de 1,440 kilogrammes. Les 3,000 kilogrammes de composition peuvent produire 1,800 ki-
logrammes de eertains cristaux terminés et même davantage; niais, pour d’autres pièces, le produit serait inférieur a 1,200 ki-logrammes; nous avons pensé que 1,440 kilogrammes étaient une moyenne assez vraie. Le combustible-bois nécessaire pour la fonte et le travail, si le bois est de bonne qualité, séché con- venablement, c’est-a-dire ni trop ni trop peu, devra s'élever a 33 a 34 stères en billettes, mais ces 33 a 34 stères de biïlettes sont le produit de 27 stères de bois non fendu tel qu’il est amené de la forêt, et si nous comptons 3 stères de bois employés pour la dessiccation, nous arrivons è une consommation de 30 stères de bois. II est convenable d’ajouter le bois, pour lo chauffage des pots, pour les arches de recuisson, et nous arrivons au chiffre de 33 stères, pour Ia production de 1,440 kilogrammes de cristal, soit 2S',3 par 100 kilogrammes de cristal travaillé. Kous croyons que ce chiffre est plulót au-dessus qu’au-dessous de la réalité, mais c’est ainsi que doivent être calculés les prix de revient; du reste, comme nous avons dit que les fours a bois pour le cristal teudaient è disparaitre, nous n’entrerons pas dans plus de
détails relativement a la comptabilité de ces fours a bois, et nous établirons plus tard le prix de revient du cristal sur les bases de la production par des fours a houille.
La cristallerie de Baccarat, en adoptant le système Siemens, a adapté ce système è la combustion des gaz du bois, qui doit modi-fier essentiellement Ia quantité de bois consommé. On continue naturellement a se servir de pots ouverts; la fonte et le travail s’opèrent dans les vingt-quatre heures, et au lieu d’employer des billettes séchées dans les carcaises, on se sert des billettes séchées seulement sous les hangars.
Kous allons a présent étudier les fours a cristal alimentés par la houille.
Alors qu’on commenga eu Angleterre a adopter les creusets couverts pour la fabrication du verre, puis du cristal, la gueule de chaque pot-cornue dut être employée en même temps pour le cueillage par le souffleur, et pour le réchauffage par 1’ouvrier ou ouvreur; 1’intérieur du dome du pot-cornue, par le fait de 1’ou- verture de la gueule, perdait beaucoup de sa chaleur, le ré-chauffage n’était pas rapide, et, conséquemment, 1’ouvrier, dans un temps donné, ne produisait qu’un petit nombre de pieces. II fallait done un temps très-long pour épuiser les pots, et comme,
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d’une part, en iraison de 1’imperfection des fours, les fontes du- raiént qiiaranté-huii heures, et que, d’autre part, par les règle- rnents de Vexcise, il 11’eüt pas été permis de travailler une partie des pots pendant que les autres eussent été en fonte, on en était arrivé au mode de travail suivant: on ne faisait qu’une seule fonte par semaine, et on n’appliquait au four que le nombre de places nécessaires poür épuiser Ia quantité de verre fondue ainsi. Gëné- ralcment le travail commengait le lundi matin, a minuit, et se prolongeait au moyen de deux brigades se relayant de six en six heures jusqu’au jeudi soir, a six heures, rarement jusqu’au ven- dredi matin ; puis on recommengait la grande fonte, de manière a re prendre le travail le lundi matin. Les deux brigades avaient airisi au moins quatrê-vingt-dix a quatrë-vingt-seize heures de travail, soit quaranle-cinq a quarante-huit heures chacune.
Nous devöns parler aussi d’une modification qui fut introduite dans les fours a pots couverts : 1’intérieur du döme d’un pot plein rie se maintierit a une températüre un peu élevée, qu’autant que Fouverture nest pas laissée dans touté sa grandeur et est cireón- scrite par une rondelle. Cela est fort bien pour Ie travail de petités pièces, telles que verres, gobeletsj mais si on doit fabriquer de grandes pièces, Fouverture entière de lagueule refroidit prompte- ment FintérieUr, il y a ralenlissement du travail, il arrive même pour un assez grand nombre d’articles de fabrication que toute Fouverture de la guéüle ne donne pas encore un passage suffisant pour la pièce a róchauffer. Cela amena a in trod ui re dans le four des pots ouvreaux, non destines a fondre du verre, mais unique- menl a servir d’ouvreaux de travail, et on a ainsi construit des fours ayant, par exemple, neuf pots destinés a contenir du verre, et trois ne servant que comrne ouvreaux, et désignés sous le nom de moufles ou bottes. D’autres fabricants ont encore introduit un
aülre système de travail; iis ont construit en dehors du four de fusion un petit four annexe pour servir d’ouvreaux aux places d’ouvriers.
Si On fabrique des verres de couleur et qü’on ne veuille pas les fondre en aussi grande quantité a la fois, on peut remplacer un pot rond, dans une arcade^ par deux pols ovales accolés, prósen- tant, dans leur ensemble, même longueur, largeur et hauteur qu’un grand pot rond.
En introdüisant en France Ié systènie anglais de fabrication
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du cristól è pót couvert, les fabricants frangais, qüi ii’étóiènt pas gênés par les prescriptions dé 1’excise, adoptèrent bien lë travail continu au moyen de deux brigades së rélayaht de sis liëüres en six beüres, mais ils y joignirént la fontë éohtihuë, c’ëst-a-diré qu’aussitöt qü’un pot est Vidë, les fondèürs le rèmpiissëftt dé nouvéau. pour êlrè retravaillé aüssitöt qu’il ést fohdu, étj paf des perfectionnetnents dans la construction des fours, on ést arrivé suecèssivemerit a fóndre él travailler töüs les pots jusqu’a quatrë cl cinq fois dans Ia semaine.
Si, comme dans la foute aü bois, ón poüvait fondrë lë ëristal dans des pots de 500 kilogrammes én onze & dÓuZe heüres, il serail bien préfërablè d’avoir fónte et travail alternatifs, düt même le travail se prolonger jusqüa une beüré assèz avancée lé samedi; mais jüsqu’ë présent ón n’a pas pu fondre, éii pots cou¬verts, en moins de dix-huit a vingt-qüëtre héüres, du cfistal com- posé en proportions convenables. .
Nous avöns peü de cKoses a dirë de la direction dé la fontë dü. crislal. Dans less fours dönt il a ëtë quëstiöii déns lés livrës prë- cédents, oil il y a succéssivémetit ionte et travail, ét, par consé-quent, conduite différente dü four dans ces deux périodes; taiidis qüe lé four a pots Couverts ést toüjóurs en fónte: quand üii pot est vide, on böüche la güëülé pendant environ unë heure poür réchauffer 1’intërieur dü pót, puis on lè fënfoüfhe aütaüt qu’il peut contenir de composition én 1’ënfaitant jüëqü’éü Sommèt de la calotte, on n’a pas a crairidré iëi qu’èlïë dëbordé; puis
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on mét un couvercle en tefrë cüitë qüi bouëhé öomplétemëftt lé gnéülé du pot. Quand ce premier enfourhement ést grós foiidii (c est-a-dire non raffiné), cë qui a lieti aü bóut de hult a rièüf heures, on enfourne de nouveau le pot cöflibïé et, cette lois, on üe se contente pas de mettre ün couVefcIe én tërfe ciiitè boücbant la gneule du jjot: on fait en oütrè ün terrasSon compose dé grÖSsé terre a briques dé four, auqüel öü ajoüte ün pèu de föin oü pailië, qu'on pétfit è la forme de la giièuie et dë tfois a qüatfe cen- timètres d’épaisseur, qué 1’on applique Sur toute la sürfaëé du couvercle en 1’y tamponhant avèc un linge móuillé. Ati moyen de cettë double couverture; ié haute temperature ést mieux concëntrée danS 1’intériéur du cféüset. Suivant ia qualité de la hoüille, lés söins apportés dans le Usage, le crislal sera entièrement föndu et faföÜé dé dix a dóüzè bëüfés épfès lë
deuxième enfournement. Pour s’en assurer, le fondeur fait avec une cordeline pointue un trou au milieu du has du terrasson, ce trou correspond a un autre laissé dans le milieu du has de tous les couvercles, et alors on peut, au moyen d’une autre cordeline, enlever un peu de verre sur le dessus du pot. Si ce verre est pur et exempt de bouillons, on est assure que la foute est terminée : on peut alors détruire le terrasson et laisser seulement le cou- vercle dont le trou inférieur restera ouvert. Si le verre apparait avec quelques rares huiles écartées, on peut compter que le verre est très-près d’être raffinó et qu’une heure ou deux de repos dissiperont le peu de bulIeS qui reslent. Si, au contraire, le verre que rapporte la cordeline est houillonneux, si surtout les böuillons sont très-petits, sont ce qu’on appelle des points, il faut se hater de reboucher le trou, et ne pas regarder le verre de ce pot avant un inlervalle de quatre heures.
Nous savons que des fabricants de cristaux opèrent leur fonte en dix-huit heures, a partir du premier renfournement dans des pots de 550 a 600 kilogrammes, mais nous croyons que pour obtenir ce résultat ils emploient une dose d’alcali supérieure a celle que nous avons indiquée, et nous pensons que cela ne peut être qu’au détriment de la belle qualité du cristal, qui doit avoir moins d’éclat.
Nous avons dit que, sous l’empire des lois de 1’excise, on ne fondait, en Angleterre, qu’une fois par semaine, et bien que complete liberté ait élé rendue aux fabricants de cristaux, plusieurs ont encore conserve ce même mode de travail, qui peut se con- cevoir jusqu’5 un certain point avec de la houille a bon marché j mais ce n’est pas le cas en France, oü 1’on cherche a fondre la plus grande quantité de cristal avec une quantité donnée de houille; aussi, comme nous 1’avons fait observer, on fond, en France, génóralement quatre et cinq fois par semaine tous les creusets, c’est-a-dire qu’on fait quatre et cinq fois la tournée. En effet, la fonte et le travail d’un pot ne durent guère, en moyenne, que vingt-huit heures, et comme le lundi a minuit on commence le travail avec tous les pots fondus et que, du lundi matin au samedi a deux heures, on a cent trente-quatre heures, on voit que tous les pots peuvent être vidés et travaillós quatre et cinq fois; cela dépend du nombre de pots qu’on travaille a la fois et des pièces fabriquées : si les commandes portent sur heaucoup de pièces minces, il faut plus de temps pour vider un pot.
Le co mm is de la fabrication doit avoir grand soin de se tenir au courant de 1’élat des différents pots, noter les époques de renfournement etc., etc., car si n’ayant plus qu’un pot a tra- vailler, il reconnalt par I’inspection du pot le plus ancienne- ment renfourné que le verre n’en est pas raffiné, il devra diriger sa fabrication sur de petites pièces consommant moins de matière, de fagon è. ne pas faire chómer ses ouvriers; il lui est facile avec une potée de verre d’oceuper les verriers pendant dix ou douze heures et raême davantage pour arriver au moment oü le pot suivant est complétement raffiné et bon & travail Ier.
Le tisage d’un four Si cristal è. pots couverts, et, par conséquent, chauffé è la houille, doit être conduit avec une grande régularité; on doit tenir plutót a ce que la température soit toujours égale qu’a ce qu’elle soit très-élevée; le verre raffine mieux- avec cette égalité de température. La grille doit done être ménagée : on ne doit pas la tenir trop claire; un tirage trop vif maintient le verre en mouvement et les bulles ne se dissipent pas facilement. Le cristal, tel que nous 1’avons vu compose, n’apas besoin d’une.tem- pérature très-élevée pour fondre, nous dirons même qu’une tem¬pérature très-élevée, telle, par exemple, qu’on fait en sorte de 1’obtenir pour le verre a vitre, pour les glacés, lui estdéfavorable, altère son éclat. Nous prendrons texte a ce sujet de la difference qui existe entre les cristaux de France et d’Angleterre; disons d’abord que les cristaux frangais fabriqués dans de grandes usines, beaucoup mieux dirigées que Ia plupart des petites cristalleries anglaises, sont d’une qualité très-égale. Le verrier frangais préfère briser les cristaux mal travaillés par Touvrier, ayant des défauts corame noeuds ou bouillons, ou d’une mauvaise nuance; ces
cristaux ne pourraient être vendus qu’a des rabais considerables, a des prix semblables a ceux de la gobeleterie ordinaire, ce seraient autant de cristaux de premier choix vendus en moins et cela nuirait done essentieliement a la fabrication. II n’y a, en France, qu’un seul choix de cristaux : tout est beau ou, au moins, n’est dans aucun cas refusable par la consommation. Le choix est fait très-scrupuleusement en fabrique même. En Angleterre, le commerce du cristal est tout différent. On ne fabrique pas d’autre verre que le flint-glass, pour la table du riche et celle du pauvrej les cristaux de choix inférieur, de couleur défectueuse, ont done facilement leur écoulement sans que cela nuise a la
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consommation des cristaux de luxe. D’autre part, les fabricants anglais, dont, nous 1’avons dit, les usines ne sont pas généralement très-importantes, ne fabriquant pas eux-mêmes leur minium, sont exposés a des irrégularités de résultats, obliges souvent de changer les proportions de manganèse pour la correction de la teinle; aussi est-on frappé, dans un magasin de cristaux anglais, de 1’iné- galffé des produits, on y voit des cristaux ayant une nuance bleudtre, plus souvent dune teinte sombre, mais aussi on est certain d’y trouver des cristaux d’une blancheur et surtout d’un édat incomparahles.
M. Pelouze, dans son Rapport sur 1’Exposition de 1862, disait que si certains cristaux anglais étaient plus brillants, ils étaient, d’autre part, moins bien raffinés, plus striés. Nous n’admeltons pas le fait; Ja lustrerie anglaise est d’une pureté très-remarquable, et 1’on en peut dire autant des beaux cristaux anglais taillés; ils ne sont ni plus striés, ni plus bouiilonneux que les cristaux de France et de Belgique.
J’ai appelé sur ce point 1’attention de mon très-regretlé con¬frère Toussaint, le plus habile, sans conlredit, des fabricants de cristaux que nous ayons eu en France; il est convenu avec mói de ces differences; il a attribué en partie la supériorité de 1’éclat de certains cristaux anglais a un emploi d’une quantité beaucoup moindre de groisil: les verriers anglais, disait-il, ne fabriquant pas de gobeleterie, font des compositions particulières pour leurs cristaux de luxe, ne mettent dans ces compositions qu’une très- petite quarjtité de beau groisil et font rentrer la plus grande partie de ce groisil dains les cristaux de seconde classe et dans les cristaux jnoulés.
Cette remarque est assurément très-fondée: le groisil, étaht refondu, perd de sou éclat, il devient plus terne; mais toutefois 1’explica.tion n’était pas suffisante, et M. Toussaint convenait avec moi que la principale cause du degré supérieur d’éclat tenait & ce que le crislal anglais était fondu è moins kante temperature. Les fabriqu.es de cristaux anglais qui, pour la plupart, ont conservé 1’habitude de ne fondre qu’une fois par semaine les pols d’un four qui se trquyent vides le vendredi, fondent du vendredi au lundi matin; ce temps est largément suffisant pour fondre et raffiner tpus les pots du four, sans nécessité d’une hauto temperature. En même temps, M. Toussaint disait; « Fondre a une moindre tem-4
pérature serail une transformation compléte de notre système dé fabrication organisée de manière è fondre le plus rapidement possible pour faire produire, par nos ouvriers, la plus grande quantité possible de cristaux dans un temps donné. Notre cristal est beau ; si nous n’avons pas une supériorité d’excelJence, nous avons une supériorité d’égalité: nous nous y tiendrons jusqu’A ce que nous ayons trouvó un procédé, tout en mainlenant nos condi¬tions de travail, d’arriver au suprème éclat de quelques cristaux anglais. »
Cette supériorité des cristaux anglais aux Expositions de 1851 et 1862 n’a pas été aussi sensible a PExposition de 1867. Cert.ains cristaux francais pouvaient êlre mis en parallèle avec ceux de 1’Angleterre, mais nous maintenons encore que c’était 1’exception, et que la masse dos cristaux anglais était remarquable par un plus grand éclat.
La plupart des cristalleries anglaises ne fondant qu’une fois par semaine les pots de cheque four, il en résulte naturellement que la quantité de houilleconsommée chaque semaine s’applique a la production d’une moindre quantité de cristal; mais le prix de la houille étanf, en Angleterre, de beaucoup inférieur A ce que payent Ja plupart des cristalleries fran^aises, ce point ne constitue pas ppur le fabricant anglais une plus grande dé- pense.
Pour le four a six pots que nous prenons pour base de nos calculs, on peut consommer, dans les sept jours de la semaine, vingt tonnes de charbon de terre, sïl esf de bonne qualité; si, dans cette semaine, on a fondu .et travaillé quatre fois toutes les potées de 500 kilogrammes de composition, matière pre¬mière et groisils, produisant 240 kilogrammes de cristal a livrer au commerce, soit 1,440 kilogrammes pour chaque tournée, 5,760 kilogrammes pour quatre tournées d’une semaine auront exigé une consommation de 20,000 kilogrammes de houille, soit 347 kilogrammes de houille pour 100 kilogrammes de cristal livré au commerce. Si le travail portant sur des pieces donnant plus de déehet en groisils, n’a produit que 5,000 kilogrammes A livrer au commerce, il en résultera que 100 kilogrammes auront consommé 400 de houille. Si, au lieu de faire quatre tournées seulement, on a fait quatre tournées et demie de tous les pots comptés pour . 240 kilogrammes , alors la production sera die
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6,480 kilogrammes, et chaque 100 kilogrammes de cristal livré au commerce aura consommé seulement 310 de houille.
Si, au lieu de 240 kilogrammes sur chaque potée, on a obtenu une moyenne de 300 kilogrammes de cristal travaillé, soit pour une tournée 1,800 kilogrammes et pour quatre tournees 7,200 ki¬logrammes, on aura consommé 277 kilogrammes de houille pour 100 de cristal produit, et pour quatre tournees et demie, les 8,100 kilogrammes de cristal produit auront dépensé en nombre rond 247 kilogrammes de houille pour 100 de cristal.
Ces conditions de consommation de combustible se trouvent notablenient modifiées par les fours a gaz du système Siemens, dont nous avons parlé, pages 162 et suivantes, et qui pro- duisent une économie notable de combustible; nous avons dit aussi que Fhabile administrateur de ia cristallerie de Saint-Louis, M. Didierjean, avait amené des modifications a ce système qui lui permettent de fondre le cristal a pot ouvert avec les gaz produits par la houille, et de telle sorte que, Ia fonte s’accom- plissant comme dans les fours a bois anciens, il a pu revenir au mode de fonte et travail alternalifs opérés dans les vingt-quatre heures : nous énongons le fait, qui nous a été communiqué par M. Didierjean, mais ce progrès n'étant encore qu^un cas parti¬culier, nous baserons nos descriptions et nos calculs sur la marche encore suivie dans presque toutes les cristalleries.
Travail dn cristal..— Nous allons a présent passer en revue les opérations par lesquelles on donne au verre toutes les formes que 1’on peut désirer, ce que nous tacherons de faire avec le plus de clarté possible, en aceompagnant nos explications illustra¬tions qui les feront mieux comprendre; nous nous bornerons, bien entendu, a un nombre assez restreint de pieces, mais au moyen desquelles toutefois on pourra se rendre compte de toutes celles qui pourront se présenter. Cette partie de notre travail est princi- palement destinée aux personnes qui ne connaissent pas le travail des verreries; Vouvrier verrier ne viendra certes pas y apprendre son métier, mais, comme nous y joindrons les dessins de Foutil- lage, nos successeurs pourront se rendre compte aussi du mode de travail usité de nos jours, qui, nous devons le dire, ne diffère guère de ce qu’il était du temps d’Agricola, ainsi que nous Ie pou-- vons constater dans les illustrations de son ouvrage, et de ce qu’il était probablement bien des sièclês auparavant.
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Quoique nous ayons, au livre Ior, énoncé les proprïétés géné¬rales du verre, nous dirons encore quelques mots de celles sur lesquelles est principalement fondé lo travail de cette merveil- louse substance.
Le verre, cette matière si dure que 1’acier ne peut Fentamer, est è la fois si cassant, que Ie moindre. choc le brise en éclats, et cependant, ramolli par la chaleur, il devient peut-être la substance la plus ductile et la plus plastique qui soit connue; en eet état, il se file aussi bien qu’aucun métal, il se moule comme une pête, et il n’existe aucun corps qui se sou de aussi Solidement; sa duc- tilité, qu’on ne doit pas confondre avec la malléabilité, rend le verre propre a recevoir toutes les formes.
Le verre fondu et encore rouge ne s’attache pas aux corps froids; Feau qü’on jette dessus ne s’y étale pas, elle y reste a 1’état spheroidal, comme sur le fer rouge. On peut done mettre un corps froid dans le verre chaud sans que ce dernier contracte aucune adhérence; cela donne le moyen de Ie prendre dans des poches en fer, de le couler sür des tables de métal et dans des moulds sans qu’il s’y attache.
Le verre chaud, mis en contact avec des corps également chauds, s’y attache d'autant plus fortement que la temperature est plus ou moins élevée de part et d’autre; par la on parvient a le cueillir dans les pots avec la canne ou avec les pontils, C’est par cette propriété du verre chaud de se souder au verre chaud qu’on forme des vases de plusieurs pieces rapportées; c’esl aussi è 1’aide de cette propriété qu’on tient les pièces de verre pour les fagonner au tour au bout du pontil, comme nous le verrons bientöt
Le verre s’ótend par le soufflage pour ainsi dire indéfiniment, en telle sorte que si on souffle une petite quantité de verre très-
1 Cetle propriété dn verre très-chaud d’adhérer è un aulre morceau de verre est employee dans les verreries dans une circonstance particuliere. Il arrive par- fois que les oiivriers sont blesses par de petits éclats de verre, trop minces pour qu’on les retire facilement; cela arrive surtout aux gamins, mar chant souvent pieds nus sur la place. Dans ce cas, on prend dans Ie pot, avec une canne ou un pontil, une pelote de verre incandescent, et, au moment oü elle sort du four, on frappe avec cette pelote la partie oü est 1’éclat du verre, ayant eu la precaution de mouiller la place auparavant; le verre incandescent s’attache au fesson de verre et 1’enlève, sans brüler la chair, a cause de la promptitude du choc et de la pré* caution d’avoir mouillé.
chaud assez rapid em ent pour qu’il u’ait pas le temps de se re- froidir pendant sa distension, Pon forme une boule très-volumi- neuse qui finit par écialer en une infinïté de fragments tellemenl fins, qu’ils nagent pour ainsi dire dans 1’atmosphère, oü ils obéissent aux courants d’air, et qu’ils ne sont visibles qu’autant qu’ils présentent a quelques rayons lumineus leur surface inclinée, devenant ainsi visibles par la réflexion de ces rayons.
Cette ductilité du verre permet, comme nous avons dit au livre Ier, de le tirer en fils, soil massifs, soit tubulaires, d’une ténuité extréme. On sait que les étotfes de verre étaient com- posées de fils minces tirés sur un rouet. Si le verre est très- chaud, le rouet tournant très-rapidement, le verre atteindra une finesse plus grande encore que celle dö Ia soie; et si, au lieu d’un cylindre massif de verre, c’est un tube que Pon étire ainsi, il pourra être réduit a la même ténuité, et chaque fragment de ce fil aura conserve sa forme tubulaire, ainsi qu’on pourra s’en corivaincre au microscope.
Les différentes compositions de verre font varier un peu les propriétés que nous venons d’énoncer ; c’est ainsi qu’un silicate de soude et de eliaux, etsurtout un silicate de polasse et de chaux, conservent bien moins longtemps leur ductilité que le silicate de plomb et de potasse; il en résulte qu’on est oblige de travailler les deux premiers plus promptement et è une température plus élevée que le dernier; rnais ce ne sont que des differences, et 1’onretrouve dans tous les verres les propriétés qui caractérisent cette éton- nante substance et sur lesquelles sa manipulation est basée.
Avant d’entrer dans 1’explicatiou relative au travail de diverses pièces qui devrout servir comme types pour toutes les autres, nous donnerons une description sommaire des principaux outils des verriers. Dans les livros précédenls, nous avons eu occasion de relater déja 1’emploi d’un assez grand nombre d’ustensiles de verrerie, mais ce chapitre-ci étant plus spécialement consacré aux verres de formes variées, nous devons nous arrêter da vantage aux moyens par lesquels ou produit ces formes.
Cnsine—Nous ne reviendrons pas sur la description de la canne ou felle, qui a été faite dans les livres précédents; nous dirons seulement que les Cannes pour le cristal ont généralement de lm,30 k lm,80 de long et une grosseur proportionnée. L’extré- mitó qui doit plonger dans le verre est renforcée ; c’est le mors
de canne, et on appelle aussi mors de cannc les morceaux de verre qui ont adhéró a la canne.
Poutii. — Le pontil est une espèce de tringle ou baguette pleine en fer qui sert a cueillir aussi du verre, mais seulement la quantile nécessaire pour attacher ou empontilier une piece de verre quand i’ouvrier ladélache de la canne. — Les ponlils va- rient aussi de dimensions; ils sont de lm,30 a ln*,80 de longueur sur un diamètre proportionné. L’extrémité a laquelle est attaché le verre est aussi un peu renforcée. .
Cordeiinc. — La cordeline est une baguette de fer a peu pres semblable au pontil, mais plus mince ; elle sert a puiser dans les pots de petites quantités de verre, par exemple pour des pieds de verre, pour des cordous de carafe, des anses d’aiguière ou de carafe è huile ou autres.
tsane.— Le banc (fig. 100)surlequel Kouvrier s’assied pour tra-
Fig. 100.
vailler est garni de deux bras ou bardelles, un peu inclinés en avant, s’allongeant parallèlement entre eux. Ces bardelles sont bordées sur le cöté d’une bande de fer qui les dépasse un peu; ces bar¬delles sont les supports du tour sur lequel 1’ouvrier fagonne ses pièces 5 c’est sur elles qu’il pose sa canne et la roule de la main gauche, landis qu’avec les outils qu’il tient de la main droite il fagonne, il tourne la pièce qui est au bout de_la canne ou du pontil. Au delè du bras droit du banc, il y a un prolongement è co banc sur lequel 1’oUYrier pose différents outils: ciseaux, com-
pas* etc., et au bout de ce prolongement il y a des crochets aux- quels pendent les fers, un seau, enfin tout ce que 1’ouvrier doit avoir sous la main.
Ilya des petites verreries oül’ouvrier, au lieu d’un banc, n’a qu’un tabouret, et il a sur les cuisses des planchettes qui s’y bent avec des courroies; c'est sur ces planchettes qu’il roule sa canne on son pontil. Cela a beaucoup de désavantages et n’a que le mince avantage de contenir un plus grand nómbre d’ouvriers dans un moindre espace.
Fers. — Les fers dont le dessin est ci-contre (fig. 101) sont un
des outils les plus essentials du verrier. Ils sont faits d’un fer extrêmement doux et doivent être maintenus très-propres, pour ne pas rayer le verre ni le sabr; Ie ressort qui est la tête des fers doit être assez fort pour qu’ils se tiennent ouverts d’eux-mêmes ; 1’ouvrier tient les fers par le milieu des branches et se sert tantót de la tête des fers pour opérer une pression plate, tantót de 1’ex- trémité des branches qui lui servent aussi a trancher le verre par une pression anguleuse ; on peut dire qu’il en fait le même usage que le potier fait de ses doigts quand il modèle ses pièces sur le tour; c’est avec ses fers qu’il ouvre une paraison, qu’il 1’allonge ou la raccourcit, qu’il lui donne enfin toutes les formes.
Fers & lames debois (fig. 102). — Ceux-ci different des précé-
dents en ce que lés branches sont plus courtes et terminées par des doubles dans lesqUelles on entre de petites tigès carrées en bois doux,’ hêtre, par exemple; on congoit que la pression de ces lames de bois ne raye pas le verre, et on s’en sert principalement pour arrondir une forme, ouvrir une paraison, achever le bord
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d’un vase, etc. Quand les lames en bois, qui se brülent peu a peu et qu’on é teint dans 1’eau chaque fois qu’on les a appliquées sur le verre, sont hors de service, le gamin les remplace par une autre paire.
Ciseaax (hg. 103).— Les ciseaux servent a couper le verre, quand il y a dans une paraison des parlies trop allongées. Tous les bords des gobelets, des verres et des autres pieces un peu évasées sont coupés aux ciseaux; on rechauffe ensuite la partie cou- pée, pour lui rendre le poli du feu.
Pincettes (fig. 104). — Les pincettes servent a saisir et a prendre les pieces de verre; il y en a de plusieurs formes. Nous donnons ci-contre la plus usuelle; c’est avec des pincettes que le verrier fagonne 1’anse d’un vase el qu’il aplatit des têtès de bouchons. La pincette, dans les anciennes ver- reries, avait un röle tres-important; on faisait
alors une foule de pieces qu’on appelait ouvrages d la pincette; e’étaient des cordons rapportés sur les flancs de carafes ou de toutes autres pieces, et fagonnés en festons, fleurs, des petites anses contournées unissant la coupe d’un verre a boire avec son pied; on trouve des exemples de ces pièces d la piiucetie dans les cabinets d’amateurs. Ges ou- vrages ne témoignent pas toujours d’un goüt très-pur dans les pièces d’ancienne verrerie frangaise ou allemande, mais dénotent toutefois une certaine originalité et sur- tout une grande adresse des ouvriers.
Palette (fig. 105). — La palette est en fer et sert a appuyer sur le fond d’une piece pour Faplatir pendant qu’on roule sur le cöté de Ia piece les fers aveelesquels on appuie aussi. G’est le gamin qui tient la palette sui- vant Vindication de Fouvrier. 104,
Planchette. — Ëlle a le même usage et la même forme que la
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palette en fer que nous venous de décrire, tnais, ainsi que son nom l’indique, ellê est en bois ; on s’en sert plus encore que de la palette, cómme donnant unó pression plus douce, ne refroi- dissant et ne tnarèrant pas le verre comtne la palette en fer,
Compns (fig. 106). — Lés compas servent a prendre les difle-
rêntés dimensions. Il y a des compas dé diamètre êt des compas
dé longueur; nous donnons ci-contrë dés éxéifiples dé plüsieürs
sortés de cörnpas.
Profils etmesnres de bois (fig. 107). ■—Ce sönt de petites plan-
_ chettes très-minces dans lesquelles on
a découpé le profil d’un verre öu d’un
vase, ou seulement fait dés entailles
pour fixer sa hauteur, son ouverture;
ces mesures, approchées du vase pen-
dant què 1’ouvrier le travaille, lui
servent de guide pourne pas s’écarter
des dimensions demandées. Quand le
profil doit s’appliquer a une pièce Irès-
couranle, très-demandée, corame cer-
tains verres, on fait ce profil en tóle.
Flff‘ m’ Fuséc (fig. 108). — La fusée est un
cóné allongé emmanché d’une tige de fer; elle serl quelqüefois
pour préparerdes anncaux qu’ön modèle sur sa circonférence a la
grandeur voulue; mais plus souvent pour agrandir et ar- rondir des ouvertures ou tu- bulures faites a des vases.
Monies. >— Les moules
pour 1’usage des verreries sont aussi Variés qüe peuvent 1’être la forme et la grandeur des pieces qu’on veut mouler; nous ne par- lerons pas ici des moules destines a laisser üUe empreinte sur le verre, a simuler des tailles ou autres ornements. Nous nous éten- drons a eet égard quand nous parlerons du travail des cristaux moules : nous ne mentionnerons ici que les moules ordinaires qui facilitent le travail ordinaire des pièces soufflées, tels que les moules que nous avons vus employés pour les fonds de bou- teilles (liv. IV), et dans lesquels 1’oüvrier commence a carrer le fond d'une paraison destinée è former une carafe ou un gobelet, et ceci nous amène a parler d’un perfectionnement très-essentiel dans le travail du verre et du cristal qui existait très-ancïenne- ment en Allemagne, et qui n’a étó importé en France que depuis 1’année 1835. ’
Ce n’est guère que de nos jours que commencèrent les visites internationales d’usines. Les fabricants de chaque pays, confiants dans leurs douanes prohibitives, se souciaient généralement peu du mode de travail des étrangers ; cependant il vint heureuse- ment un temps oü 1’éveil des concurrences étrangères commenga a ex er eer sa salutaire influence ; les efforts des associations pour la defense du travail national en Angleterre, en France, en Alle¬magne, associations qu’on aurait pu qualifier dissociations contre les consommateurs nationaux, ne donnèrent plus une sécurité suffisante aux chefs d’industrie; on commenga a s’inquiéter du mode et des conditions de travail des étrangers. A 1'époque dont nous avons parlé, tous les voyageurs qui revenaient des eaux d’Allemagne en rapportaient ces mille produits, variés de forme et de eouleurs, de 1’industrie verrière de Bohème, prohibés par la . douane, mais dont chaque voyageur avait la faculté de rapporter quelques échantillons par tolérance, et avec un droit excessive- ment élevé. La contrebande avait aussi réussi a en introduire dans les magasins ; 1’attention fut done appelée sur cette fabri¬cation 5 plusieurs directeurs de cristalleries frangaises allèrent
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visiter les verreries de Bohème, et Ie résultat le plus saillant de leur voyage fut 1’importalion du moulage en bois.
En Allemagne, nous 1’avons dit, on ne travaille que du verre alcalin (silicate de potasse et de chaux). Ce verre est raide, il ne se pröte pas facilement au soufflage et au tour, il faut le tra- vailler vite; et alors, au lieu de donner les formes sur le tour (les bardelles du banc) par la pression des fers, loutes les pieces sans exception sont faites dans un moule en bois; l’intérieur de ce moule représenle exactement la piece qu’on veul fabriquer; il est compose de deux parties s’assemblant a charnière, et aux cótés opposes aux charnières sont deux leviers qui servent a ou¬vrir et fermer le moule. Quand un souffleur a fait sa paraison
approchant de la dimension voulue, il vient au moule, que le ga¬min ouvre; le souffleur introduit la paraison, le gamin ferme fortemenl le moule, et le souffleur souffle dans la canne en la tournant sur elle-même pour que les jointures du moule ne Iais- sént aucuno trace sur la pièce soufflée. La pièce plus ou inoins compliquée, gobelet, carafe ou vase, se trouve ainsi lerminée; seulement, elle est surmontée d’une calotte intermédiaire entre le moule et la canne; quand Ia pièce est recuite, on enlève cetle calotte avec un fer rouge et on fieltex sur une meule plate le bord de la pièce, gobelet, carafe ou vase.
Les verriers allemands avaient introduit ce mode de travail, paree que leur verre ótant très-dur, très-long a réchauffer, la fagon d’un gobelet, qui est la pièce la plus simple cependant, qu’il fallait prendre au pontil, réchauffer, rogner et ouvrir, pre- nait beaucoup de temps; on ne pouvait done en fabriquer qu’un petit nombre en un temps donné, les pots ne se vidaient pas rapidement; tandis qu’en les moulant dans un moule en bois, on faisait plus que tripler la rapidité d’exécution et de l’épuise- ment du creuset, et quant au travail subséquent du flellage, il
n'entraine qu’une dépense relativement minime. Nous reviendrons plus tard sur ce travail au moule en bois; qu’il nous suffise de dire ici que, bien qu’il ne fCtt pas précisóment dans Ie travail du cristal d’une importance aussi grande que pour le verre de Bohème, toutefois cette importation a été très-féconde en résul-
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tats, a rendu beaucoup plus économique Ie travail de Ia plupart des pieces, et a permis ainsi d’en diminuer le prix.
L’adoption des moules en bois dans les cristalleries n’a pas constitué seulement une modification, mais une réelle transfor-mation du travail.
piston Robinet. — Le piston Robinet cst un petit cylindre en fer-blanc ou en laiton de 34 a 40 centimetres de long sur 6 a 8 de diamètre, ferme par un bout, et dans 1’intérieur duquel se trouve un ressort spiral en fer; a sa partie inférieure est un piston en bois percé de part en part par une ouverture centrale, garnie de cuir et retenuc par une fermeture a baïonnette. L’embouchure de la canne étant mise contre 1’ouverture du piston, qui s’y adapte exactement, on corn- prime par une pression brusque 1’air contenu dans le cylindre, qui se trouve ainsi injecté rapidement et avec force dans la piece qu’on veut fabriquer. Ce piston a été inventé en 1821 par un jeune ouvrier souffleur de Baccarat nommè Robinet, qui, atteint d’une phthisic pulmonaire, rempla$a par eet outil ingénieux les poumons .qui lui faisaient défaut. On fa-
briquait alors beaucoup de gobelets, de carafes et autres pièces ayant au fond une moulure a cötes qui, pour être fortement im- primée, exigeait un souffle puissant pour faire pénétrer le verre dans les anfractuosités du moule. On con^oit, des lors, 1’emploi de eet instrument. Son action s’exerce dans 1’intérieur d’une pièce qui est déja & peu pres souffïéc a sa dimension, mais dans la- quelle on veut que 1’air exerce une pression très-forte et rapide, c’est-a-dire avant que le verre ait eu le temps de se refroidir, pour forcer par cette pression ses molecules a s’introduirè jus- qu’au fond des ciselures du moule.
Bloes. — Les blocs, dont nous avons déja vu Fusage au livre IC, sont des morceaux de bois ou 1’on pratique des cavités pour y rouler le verre, au moment oü on vient de le cueillir et de le marbrer. En roulant le verre dans le bloc, on commence a lui donner la forme d’une boule ou d’une poire; il y a beaucoup de venders qui n’emploient jamais Ie bloc, mais seulement le raarbre.
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Marbre. — Le marbre est une plaque de fonte bien polie sur laquelle on roule la paraison quand on 1’a cueillie. Le marbre a généraïement de 35 è 50 centimètres de large sur 30 5 35 de long et 12 a 15 millimetres d’épaisseur, II y en a de plus grands ehcore pour marbrer les très-grosses paraisons destinées è de grandes pièces; il y a aussi de petits marbres, quï servent de fond aux moules de bois; il y en a toujours plusieurs sous la main de 1’ouvrier, pour ses différentes opérations.
Ferrasses. — Ge sont de petites caissesde töle de 35 5 40 centi¬metres carrés, ayant un rebord de 6 a 8 centimètres; elles sont au pied du banc de 1’ouvrier, et regoivent les morceaux de verre qu’on a coupés des pièces pendant lè travail. Ces fragments, de cette manière, ne trainent pas sur la place, et ne se salissent pas; on peut les employer directement dans la composition.
Cachon. — Le cachon est un grand coffre en bois dont le fond est doublé en tóle et dans lequel le gamin depose la cannc, quand la piece en a été détachée et soudée au pontiï. Si le nombre de Cannes est suffisant, le verre qui est au mors de la canne a eu le temps d’éclater ou de se détacher, quand revient sori tour d’etre réchauffée pour servir; mais, le plus souvent, il reste encore quel- ques fragments de verre sur le mors: alors le gamin, enlevant la canne de la main gauche, pose le mors sur une barre transversale dont est muni le cachon, et frappant ce mors avec le fer a battre qu’il tient de la main droite, il en détache lous les fragments de verre. C’est le verre de ces cachons qui est porté après le tra¬vail au groisilleuses, pour en opérer le triage.
Rubies. — Ils servent a écrémer le verre, au commencement du travail et quand il devient ülandreux par le résultat du cueil- lage.
Baquets. — II y a aux extrémités des places de grands baquets pleins d’eau propre, dans lesquels les -souffleurs jettent le verre des écrémaisons, afin qu’il se brise en morceaux et soit plus propre a être refondu. Le verre du fond de ces baquets est égale- ment porté aux groisilleuses, qui en extrayent les impuretés qui peuvent s’y trouver.
Ces baquets servent aussi pour le tirage a 1’eau du verre d’un pot, Jorsqu’on s’aper^oit qu’il coule par une fente, et aussi pour le tirage a 1’eau des fonds de pots.
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aiuste sur ces servantes des crochets qui ser- vent a soutenir les cattïies ou pontils , quand on chauiïe la piece a 1’ouvreau.
Crochets (fig. 111). — Les ouvriers ont aussi des crochets massifs én fonte quiservent a soutenir les Cannes ou pöntils des pièces qu’on présente a l’óuvreaü. Lorsqu’il s’agit du travail de grandes pieces, ces crochets sont portés sur quatre roulettes, glissant sur deux rails, de manière A pouvoir être éloignés ou rapprochés de 1’ouvreau, a ia volonté de
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Ayantainsi décrit la plus grande partie des outils dont se ser- vent les ouvriers verriers, nous allons indiquer par quels moyens ils parviennent a donner au verre toutes les formes qu’il petit com portef, autant du moins qu’on peut Ie faire avec le secours do quelques figures, et persuadé toutefois que nous ne pouvons donner qu’une idéé bien imparfaito aux personnes qui n’oht pas vu de lours propres yeux ce tableau magique du travail d’une verrerie,
Chaque pièce dé cristal oU verre est fabriquée au moyen du concours de pïüsieurs ouvriers, formant une place. Il y a, pour travailler tout le verre d’un four, un certain nombre de places proportionné a la grandeur du four; lo four a bois & six pots de 500 kilogrammes comporte six places, travaillant onzebeures avée une pose d’une beure. Un four & höüille de six pots de 500 kilo-grammes peut comporter également six places, mais divisées en deux brigades dè trois places, se rélayanl de six en six heures, sans interruption pendant toute ïa sémaine. Chaque place estcomposée
372 LIVKB V,—CRISTAL.
d’un ouvreur, qui est le chef de place, d’un premier souffleur, d’un deuxième souffleur, d’un grand gamin et d’un petit gamin,
. Le petit gamin a le département des Cannes : il les chauffe, les met au cachon, les bat, et ordinairement porte a 1’arche a recuire les pièces -fabriquées.
Le grand gamin apporte le pontil, chauffe la piece empontillée, pendant que 1’ouvreur termine Ia précédente. C’est le grand gamin qui cueille les cordons, les anses.
Le deuxième souffleur cueille le verre en plusieurs cueillages, commence a le marbrer et a le souffler; le premier souffleur commence è donner les formes, et, pour certaines pièces, les empontille.
L? ouvreur, ainsi que son nom 1’indique, ouvre les pièces; il y en a beaucoup qui ont besoin de subir entre ses mains une certaine main-d’oeuvre avant d’en venir a Touverture du bord, qui est la dernière operation. Comme le principal but è atteindre dans le travail est de produire la plus grande quantité de pièces en un temps donné, de vider le plus rapidement possible un pot fondu, on a augmenté Ie personnel que nous venous d’indiquer et, au lieu de cinq, on a porté a huit et quelquefois k dix, le nombre des coopérateurs de chaque place. Il y a un gamin qui ne s’occupe que du cbauffage des Cannes, un autre qui porte a 1'arche les pièces fabriquées; ily a, en outre, un gamin pour les moules, un grand gamin pour les cueillages, un autre pour les pontils.
Ainsi que nous 1’avons dit au livre Icr, et que nous 1’avons in- diqué pour chacune des sortes de verre dont nous avons parlé, tout verre travaillé a besoin d’être recuit. Il fut un temps, pour le cristal, oil cette recuisson s’opérait dans des cylindres en terre fermés par une extrémité, appelés kulkaven, qui est le nom alle- lemand de ces vases ; ces kulkaven avaient environ 60 è 75 cen¬timetres de long sur un diamètre d’environ 35 a 40. Ils étaient placés dans une arche attenant au four de fusion et chauflee par ce four. A mesure que les pièces étaient achevées par 1’ouvrier, le ga¬min les portait dans un kulkaven, dans 1’arcbe. Quand le kulkaven était rempli, un souffleur 1’enlevait sur une fourche, venait le de¬poser horizontalement sur un cote de la halle, sur des cendres, le fermait par un couvercle en terre juxtapose devant son ouver¬ture, et on jetait dessus le kulhaven, et en avant du couvercle, de
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TRAVAIL.
la braise et de la cendre rouge. Au bout de huit a dix heures, on pouvait sortir de ce kulkaven les pièces qui y avaient été mises è recuire et qui étaient refroidics. Cette recuisson était suffisante pour des verres, des carafes, et la plupart des pieces qui n’étaient pas trop compliquées. Mais pour les vases un peu grands, épais et composés de plusieurs pieces rapportees, on ne pouvait pas se fier a cette recuisson; les pièces pouvaient bien en sortir intactes, mais ne supportaient guère, sans se briser, le tra¬vail de la taille. Alors, on chauffait è part un four spécial appelé arche a recuire., dans lequel on introduisait les pièces fabriquées; puis, quand il était plein, on fermait la porte, on la calfeutrait avec un mortier d’argile, ainsi que loutes les issues du tisard, et on n’ouvrait cette arche que quand elle était refroidie, ce qui du- raitdetrois a quatre jours. Ces arches devaientêtre conduces avec une entente parfaite de la temperature voulue : trop chaud, les pièces se déformaient; pas assez, la recuisson n’était pas compléte.
Depuis longtemps, les kulhaven ont été remplacés par des arches a tirer, comme les avaient adoptées depuis bien longtemps les fabricants anglais. Ces arches sont de longues gaines en bri- ques, oü sont ordinairement quatre lignes de rails, pour deux rangées de chariots dits ferrasses, portés sur quatre roues. Ces arches sont chauffées seulement a 1’une des extrémités, celle par laquelle est introduce la marchandise a recuire. Les chariots ou ferrasses ont généralement de 75 a 80 centimetres de long sur 50 a 60 de large, et sont accrochés les uns aux autres, au moyen d’un anneau d’un cóté et d’un crochet de 1’autre. A 1’extrémité de 1’arche, qui a généralement de 12 St 15 metres de long, se trouve un treuil, au moyen duquel on tire, par une chaine, le dernier chariot, qui entraine tous les autres, quand Ie tireur d’arche a été averti que la ferrasse de tête est pleine.
Ces arches a tirer sont disposées de deux manières; quelquefois elles tiennent au four et sónt chauffées par le four. Ce moyen, sans doute, est économiqne, mais on ne peut pas se dissimuler que cette arche encombre la halle: il faut que le gamin monte pour mettre les pièces a 1’arche 5 puis, si le four est hors de ser¬vice et qu’on passe a un autre four, il faut que ce four ait aussi son arche a tirer. Et d’ailleurs la chaleur de 1’arche n’est pas gé¬néralement bien réglée par la chaleur excedante du four, il faut ou une grille supplémentaire ou, si 1'on se sort de bois, ajouter de
374 LIYRE V. — CRISTAL.
temps en temps des billettes. II y a des cristallcries qui, toutefois, ont conservó ce système de recuisson, rnaisun plus grand nom- bre ont adopté des arches a tirer indépendantes, placées dans la halle de manière a pouvoir servir pour deux fours et de plain- pied avec Ia halle. Le feu se regie facilement; au lieu d’enfourner par le cöté de 1’arche, c’est la fagade qui s’ouvre pour donner passage aux chariots et a la marchandise a recuire. A eet edel, la grande porte. a deux vantaux a, dans chaque vantail, une petite porte suffisante pour in troduire les pièces a recuire (lig. 112),
Après ces préliminaires, nous allons entrer dans une description sommaire du travail:
La pièce la plus simple è faire, en apparence du moins, est une boute de verre; on en emploie de très-grandes quantités pour les lainpes. II parait fort aisé de faire uue boule de verre : ii semble qu’iln’y aurait qu’è souffler dans la canue, comme on. fait dans un chalumëau de paille pour souffler des bulles de savon; mais il est, au contraire, assez difficile de souffler une boule bien sphérique et égale d’épaisseur dans toutes ses parties. Le verre së refroidit promptement et dans les endroits ou il commence a se refroidir, il ne s’étend plus comme dans les parties qui ont conservé une haute temperature. L’ouvrier dont le travail est entièrement basé sur la malléabilité du verre, a, en même temps, a combattre les efïets de la malléabilité et de la gravité, et Vune des manoeuvres qui nécessite le plus d’habitude est de tourner continuellemenl la canne, de manière a ce que 1’axe du verre
soit toujours lai suite de 1’axedela canne. Cette adresse de 1’ouvrier pour soutenir le verre, en le tournant continuellemenl
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et a propos, est nécessaire pour toutes les pièces è fabriquer,; ainsi, c’est une fois dit pour n’y plus revenir. .
Quand le souffleur a cueilli la quantité de cristal voulue, au moyen de deux ou trois cueillages suivant la grosseur de la boule, il continue a tourner sa canue dans une position horizontale, et ramasse ainsi le verre en une masse arrondie, comrao 1’indique la figure 113, A; puis il marbre son verre ou le tourne au bloG et souffle un peu, pour faire
le commencement de vide qu’on voit dans la figure B. Après avoir encore un peu soufllé, il se met sur son banc, pose la canne sur les bardelles et tranche avec ses fers le verre a 2 ou 3 centi¬metres plus loin que 1’extré- mité de la canne, et fait souffler par un gamin qui accompagne avec sa bouche a 1’orifice de la canne, pen¬dant que le souffleur la roule sur les bardelles. Le verre est alors parvenu è la forme C ; le souffleur passé alors la canne a 1’ouvreur, qui porte ia canne a 1’ouvreau, pour bien réchauffer toute la pa¬. raison, en entrant assez avant dans le four. Quand il juge le verre suffisamment chaud, il sort la canne de
LIYJtE V.—-CRTSTAL.
pointes, il retire lestement la canne de la bouche du gamin, par un retrait horizontal, puis il tranche avec ses fers prés de la canne, sur la partie qui avait déja été tranchée par le souffleur; et quand, par la préssion continue de ses fers, il voit que Ié verre a commeneé è être glacé, il n?a qu’a poser la boule sur une plan¬ch el te a rebords, donner un léger choc sur la canne: la boule s’en détache et le gamin la porte au four de recuisson.
Pour faire un gobelet le souffleur cueille le verre a 1’ordi- naire, puis le marbre, le souffle peu a peu en le tenant tantót horizontalement, tantót en levant sa paraison en Fair pour que le verre se partage mieux et ne diminue pas trop d’épaisseur du cóté qui sera le bord, le souffle de nouveau en le rabaissant et frappant légèrement le fond sur un marbre a terre, ce qui s’ap- pellepamper ; puis il s’aSsied, tranche Son verre prés de la canne avec les fers en AA (fig. 114) et carré le fond de sou gobelet au
414.
moyen de la préssion de ce fond contre la palette que présente le gamin, et quand le fond a atteint le diamètre voulu, il met le gobelet au pontil. A eet effet, le gamin approche le pontil garni d’un peu de verre, le souffleur saisit ce pontil avec la pincette, pose le verre du pontil au centre du fond, et, mouillant légère-ment sa pincette, il Tapplique sur le verre non loin de la canne :
1 En nomenclature de verrerie, le gobelet differe dn verre en ce que celui-ci a üne jambe et nn pied,
(Li-
TttAVAlL.
une fente s’opère, le souffleur donne un petit choc, a la canne, ]a fente s’étend tout autour, la paraisou se détache de la canne et reste altachée au pontil; le gamin 1’enlève, la porte è Fou¬vreau et alors Fouvreur prend le pontil. Quand la partie détachée de la canne est suffisamment ramollie, il tire la pièce de Fou- vreau, s’assied, pose sa canne sur les bardelles, et la roulant Ion temen t de la main gauche, il coupe de la main droite avec les ciseaux Ia paraison a la hauteur voulue, réchauffe de nouveau, revient sur son banc, et avec ses fers a lames de bois il ouvre le gobelet de manière a lui donner la forme cylindrique B ou la forme évasée C.
Le gobelet étant ainsi terminé, Fouvrier le détache du pontil en posant le gobelet sur une forme en terre et donnant un petit choc sur le centre du pontil; puis le gamin le porte a 1’arche de recuisson.
On congoit que toutes ces operations se font de telle sorte que chaque ouvrier est constamment occupé, les souffleurs a cueillir et a souffler pendant que 1’ouvreur achève. L’ouvreur n’a même pas a tenir le gobelet empontilé a Fouvreau : c’est un gamin qui le réchauffe et 1’apporte a Fouvreur pour le couper et 1’achever; et c’est ainsi qu’une place arrive a faire environ cent gobelets d une grandeur ordinaire a 1’heüre.
Quelquefois, au lieu de carrer le fond du gobelet a la palette, comme nous Favons dit, le souffleur le carré dans un moule.
La fabrication d’un verre il pied (fig. 115) est déjè plus com-
Fig. its.
pliquée; le souffleur cueille d’abord le verre pour la coupe, il marbre ce verre, le souffle; puis, roulant cette paraison sur les
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378
bardelles, il forme avec ses fers tine petite ballotte (fig. A) qui lui sert a saisir le verre et a allonger une jambe tou jours en tournant, Quand cette jambe a la proportion voulue, il tranche la ballotte et la détache par tin petit choc. Durant ce temps, le gamin avait cueilli un peu de verre et soufflé tiné petité bóule; il 1’approche de la jambe, oü. elle est soudée par le souffleur (fig. B), en ap- puyant Pune contre Pautre pendant que la temperature est assez élevóe ; il tranche la petite boule prés de la canne du gamin, 1’en- tr’ouvre un peu pour introduire ses ciseaux et la rogner a la gran¬deur voülué. Órdinairement il n’a pas besoin de la rogner, la petite boule doit avoir été soufflée, tranchée a des mesures pré¬
cises. Le souffleur va chauffer a Pouvréati, puis revient ouvrir le pied, met le verre au pon til (fig. C), le détache de la canne. puis le gamin le porte a l’ouvreau, et c’est 1’ouvreur qui le lermine, c’est-a-dire qu’après avoir chauffé le bord du verre, il le rogne, le réchauffe et 1’ouvre avec ses fers. Beaucoup d’ouvriers, el ce sónt les meilleurs — au lieu de revenir è leur banc pour rogner le verre, ce qui prend du temps et permet au verre de se re- froidir—sortent seulement le verre de Pouvreau, et tenant le ponlil légèrement incliné, rognent avee les ciseaux de la main droite pendant que la main gauche tourne a mesure le pontil. Quand le verre est ouvert et a la mesure, 1’ouvrier le détache (fig. D) du pontil par un petit choc, et le gamin le porte a 1’arche.
Nous devons dire ici, ét cela s’appïiquera a la fabrication de toutés les autres pièces de cristal, que la principale qualite de l’ouvreur consiste a tirer parti le plus possible, pour Pouverture des pièces, de la force centrifuge agissant sur le verre è. 1’état pateux; quand la coupe du verre a été chauffée a l’ouvreau, l’ouvreur, revenant & son banc et roulant plus ou moins rapide- ment la canne sur les bardelles, cette coupe se développe et s’ouvre d’elle-même par cette force centrifuge. L’ouvrier n'a pour ainsi dire qu’ü la conlenir légèrement avec ses lames de bois; moins il touchera le verre avec ses fers, moins surtout il forcera
intérieurement avec ceux-ci, plus la pièce sera limpide.
Au lieu d’un pied soufflé, on met quelquefois un pied massif;
pour cela, quand la jambe est lirée comme nous 1’avons vu, le gamin, au lieu d’apporter une petite boule soufflée, a cueilli tin peu de verre avec une cordeliue ■ il approche cé verre de l’extrémité
Jo la jambe, le souffleur Fy attache, tranche la quantité qui Jui est nécessaire, et, tournaut assez rapidement sa canne sur les bar- delles, il fagonne avec ses fers ce petit fragment de verre chaud Je manière a former le pied du verre.
Dans la plupart des verres de luxe, la jambe n’a pas été tirée sur le fond de la coupe, mais rajoutée. Soit, par exemple, la forme ci-contre (fig. 116); le souffleur cueille le verre pour sa coupe, le marbre, souffle, et enfin donne la forme de
Ia partic A (fig. 116). A ce moment, le gamin lui ap- porte du verre sur la cordeline; il Fapproche du fond de la coupe, en tranche Ia quantité qu’il juge néces¬saire, ct forme avec ses fers d’abordla petite mouluré ou amoiïsse B (en terme de verrerie), puis la jambe C; il peut aussi, avec ses fers, trancher sur cette jambe plusieurs moulures, ainsi qu’on le voit ci-contre. La jambe étant faite de l’une ou Fautre manière, le
gamin apporte avec la cordeline un nouveau morceau de verre que le souffleur attache a Fextrémité de la jambe et avec lequel il tourne le pied, puis il met au pontil, et Ie reste s’opère comme nous 1’avons dit précédemment.
Nous devons mentionner ici un perfectionnement qui a pu pour but d’éviter Fempontillage qui laisse toujours sous Jes pieds un restant de verre qu’il faut eflacer a la roue dp tail¬leur : on se sert a eet el'fet d’un pontil dont Fextrémité est com- posée de deux disques en fer tenus rapprochés au moyen d’un ressort qui est dans la tige dn pontil. Le gamin, en tirant le ressort, éloigne les deux disques, ce qui permet d.’introduire le pied du verre entre ces deux disques, entre lesquels il se trouve tenu par la pression du ressort; 1’ouvrier termine alors la coupe du verre, c’est-a-dire le rogne et 1’ouvre; puis, tirant le res¬sort, les deux disques s’éloignent, et il dépose le verre sur la planchetle que lui présente le gamin, qui Ie porte è 1’arche de recuissón.
Un autre perfectionnement a été introduit a la cristallerie de Baccarat dans la fabrication des verres; il a pour base lp mede d’opérer des Verriers de Bohème, qui, ainsi que nous 1’avons dit, soufflent la coupe du verre dans un moule en bois, y attachent la jambe et le pied, le délachent sans le prendrê au pontil, et le portent ainsi a 1’arche de recuissón; ils enlèvent ensuite la ca-
580
lotte au ferchaudet flettenlle bord du verre sur la meule. Le perfectionnement introduit a Baccarat consiste, quand le verre a été recuit, & le rogner a la hauteur exacte qu’il doit avoir, en le tOurnant sur un plateau horizontal, et dirigeant sur la ligne oh doit avoir lieu la section une flamme horizontale, plate et très- fine, de gaz d’éclairage; la coupe du verre se trouve ainsi échauffée suivantune ligne horizontale très-fine, et, au bout de peu d’instants, 1’apposition d’un corps froid comme une petite éponge légèremenl humectée, determine une petite fente qui ne tarde pas a faire le tour du verre et a offrir ainsi une section nette horizontale.
Puis, par une autre application de Ia chaleur du gaz, on a remplacé le fleltage des bords du verre par un rebrülage au gaz; a eet effet, 1’ouvrier expose peu è peu les bords du verre a la flamme d’un bec de gaz horizontal, et, lournant ce verre a. mesure qu’il le voit se rebruler, ainsi que cela aurait lieu a la flamme de Fouvreau, 1’opération se trouve complélée en peu d’instanls,
Cette méthode de faire les verres en évitant Fempontillage esl très-avantageuse pour le fabricant, car on fait ainsi dans un même temps plus du double de verres qu’on n’en ferait par 1’ancienne méthode, et il ne faut pas perdre de vue qu’il est de la plus grande importance de fabriquer le plus grand nombre de pieces, d’em- ployer le plus de verre possible dans un temps donné.
L’opéralion subséquente du coupage au fer chaud ou au gaz, et du flettage ou du rebrülage au gaz, ne peut jamais occasionner une dépense qui puisse entrer en comparaison avec les avantages do la.rapidité de 1’exécution du verrier.
On a dit qu’il arrivait que des verres coupés et rebrulés au gaz étaient plus cassants, qu’il s’en détachait quelquefois un anneau; nous concevons que cela puisse arriver : 1’opération demande, eu effet, a être conduite avec de grandes précautions, et doit être appliquée surtout a des verres assez minces, mais nous ne pensons pas que quelques accidents doivent condamner la méthode; si le rebrülage a été opéré dans des conditions con- venables en ne chauffant pas trop subitement le bord du verre, eu évitant les courants d’air dans 1’atelier oh on opère, en pre- nant enfin toutes les précautions que cómportc ce travail, il ne peut manquer de donner de bons résultats.
Nous pensons que le coupage au moyen de la flamme mince et horizontale pourrait ètre utilement remplacé par Femploi d’un
TKAYAJL. 381
diamant rnonté de inanière a avoir son action sur Ja surface convexe du verre.
Les cheminées de lampe, dont le boisseau était autrefois attaché sur un pontil plat qui laissait presque toujours quelques parcelles de verre sujettes a déchirer ou les doigts ou les linges avec lesquels on les nettoyait, a moins que 1’on ne flettat ce bord du boisseau, ne sont plus a présent empontillées; 1’ouvrier, après avoir fa$onné et calibré ce boisseau, incise la cheminée a la longueur voulue, de la rnême manière que lorsqu5il 1’empontillait, c’est-a-dirè en posant le plat de sa pincette a la place ou il veut la couper. Générale- ment, la cheminée se trouve ainsi coupée d'une manière nette, il ify a plus qu’a rebriïler le bord a la flamme du gaz. Si la section est irréguliere, ce qui n’a lieu que pour un petit nombre, alors on les recoupe préalablement a la flamme horizontale.
Les cheminées de lampe, étant ouvertes des deux bouts et souffiées généralement assez minces, n’ont pas besoin de passer a 1’arche de recuisson; il suffit de les dëposer sur des cendres chaudes, pour éviter un refroidissement trop subit.
Une carafe a eau nécessite naturellement une plus grosse paraison qu’un gobelet ou un verre, mais, comme on ne peut pas cueillir beaucoup de verre a la fois a cause de son état liquide, on fait ce qu’on appelle une poste. Après avoir cueilli deux petits coups de verre, on marbre et on souffle cette poste, puis on re- plonge la poste dans le verre et on en retire alors tout le verre nécessaire pour la carafe, on marbre le verre, on le souffle, on le tranche pres de la canne, on laisse pendre le verre pour allonger le col, puis on réchauffe a 1’ouvreau et on donne la forme du fond, c’est-a-dire qu’on carré ce fond, comme nous 1’avons vu pour le gobelet; quand on a carré le fond, on empon- tille, on glace le col pour le détacher de la canne, Je gamin porte a 1’ouvreau pour chauffer le col, que 1’ouvreur achève en relevant le bord avec ses fers et perfectionnant la forme de 1’épaulement avec les lames de bois, si le souffleur ne 1’a pas mise exactement aux dimensions voulues. Nous devons dire ici que, depuis 1’adop- tion des moules en bois, le souffleur, au lieu de tournet' la forme sur ses bardelles, introduit la paraison dans le rnoule en bois, que le gamin referme, puis il souffle en tournant Ia canne sur elle-
même, le gamin ouvre le tóoule, et le souffleur met la carafe aü pontil.
582 JJVRE V. — CRISTAL.
Les carafes a fond plat ou en poire se font de la manière que ïïóüs Vêttöns d’indiquer. Si la carafe doit avoir des cordons sur le col, 1’ouvrier ayant chaulTó ce col et retrousse le bord, un gamin appórtè sur üfiê cördéline un petit óiórceau de vérre dont 1’ou- vréür fixe ï’éxtrémité sur Ie point vöuiu du col (fig. 117), puis
tournant sa canne dé ia main gauche, le verre s’alionge et s’en- fötilé aiitóür dti col. Quand ce verre est arrivé au point de de¬part, 1’ouvreur, qüi tient le bout de la cordeline avec ses fers, 1’écarte par un mouvement rapide, le verre se
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tranche ainsi de lui-même prés du cordon, et 1’ouvreur arrondit et fagonne ce cordon avec ses fers; un deuxième, un troisième cordon se posent successivement de la même manière et la carafe est terminée.
Pour faire un vase a pied, forme muf (fig. 118), le souffleur fait une poste si ce vase doit étre d’une certaine grandeur, puis recueille du verre pour faire sa paraison, la marbro, souffle cette paraison en étirant un col comme nous 1’avons vu pour la carafe, puis sur ce col forme un cordon au móyen d’un morceau dc verre que lui apporte le gamin au bout de la cordeline, et, ainsi que nous Pavons vu pour
la carafe è cordon; quand le souffleur a donnó a 1’oeuf la forme voulue, la piece passe entre les mains de 1’ouvreur, qui corrige, s’ily a lieu, la forme de 1’ceuf, puis il pose a 1’extrémité une petite
383
amollisse, et procédé ensuite a lafagou de la jambe et du pied, ? comrae nous 1’avons vu pour les Verres è pied. Quand le pied est i fait et a la dimension voulue, Fouvreur empontille la piece, chaufle
’ le col, le rogne avee les ciseaux pour le rendre régulier, jette un ï cordon sur le bord au moyen d’un autre morceau de verre que le
s gamin lui apporle, ouvre ce col a Févasement voulu, détaehe la
■; piece du pontil par un petit choc , et elie est portee a 1’arche de
; recuisson. Quelquefois, et sur tout pour les très-grands vases, le
I pied est formé par un autre moyen : pendant que le souffleur fait : le corps du vase, le deuxième souffleur cueille avee un pontil un
petit morceau de verre dont il fa^onne une jambe dans Ja forme voulue; sur cette jambe il rapporto, a 1’extrémité, un morceau de
? verre chaud que le gamin lui apporte et dont il fait le pied, il tranche le verre en haut de la jambe, met au pontil et détaehe
£ du précédent pontil.
.; Le gamin chaufle a 1’ouvreau, et quand 1’ouvreur a posé Famol- ■v lisse a 1’extrémité del’ceuf du vase, le gamin approche la jambe contre 1’amollisse, 1’ouvreur presse Tune contre 1’autre, Ia soudure
?; se fait; 1’ouvreur tranche et détaehe sa piece pres dé la caune, il ïfy a plus qu’a finir le col comme nous Pavons vu précédem-
.’J ment.
Pour un vase forme Médicis (fig. 119, D), le souffleur fait sa poste, souffle sa paraison, mais sans tirer un col, il donné a sa pa- raison la forme A et la piece passe au premier souffleur. Celui-ci
? mettantla canne perpendiculaire, Pembouchure en bas, le gamin g lui apporle une quantité assez forte de verre qu’il fait couler sur le fond du vase (fig. B), et coupe avec ses ciseaux quand il en a la g quantité voulue; puis, raettant Ia canne sur les bardelles, ilfagonne g avec la palette de bois d’abord, puis avec ses fers, cette doublure, g de manière a lui donner la forme C, puis il pose une amollisse
;• (fig. D), faoonne le pied par 1’un ou Fautro des moyensque nous
I avons exposés pour le vase ceuf. II empontille sa piece, la détaehe | de la canne, chaufle è. 1’ouvreau, rogne avec ses ciseaux le bord I pour le rendre régulier, chaufle de nouveau, et, avec ses fers a
I James de bois, développe ce bord et lui donne la forme et, la
j dimension voulues (fig. E).
| Pour les carafes a huiie, les aiguières avec anses, je 11’ai autre I chose a décrirc mainlenant que Ia manière dont on rogne Ie col | et dont les anses s’atlachent. Pour le rognage du col d’abord,
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1’ouvrier, ayant un peu évasó le col , coupe avec ses ciseau eet évasement, ainsi que 1’indique la ligne ponctuée de la fi gure 120, A. On a imagine récemrnent de faire un outil, sorte d’em porte-pièce, qu’on introduit dans le col et qui le tranche suivan la forme voulue. On - con?oit qtt’0D puisse se servir d’uue telle machine pour un mo- dèle donné, dont on fabrïque de grandes quantités; mais quand il s'agit d’aiguières on autres pieces de di¬mensions et formes variables, c’est 1’ou- vreur qui doit rogner son col, et qui le fait, du reste, avec adresse et régularité. Quand le bec ést coupé, le gamin qui a cueilli un morceau de verre, le marbre et 1’allonge de manière a en faire une forme de baguette ou ronde ou carrée, 1’apporte en le lais- sant pendre, Touvreur le pose sur le goulot de la carafe au point « (fig. 120, B), coupe le verre avec ses ciseaux au point è, puis sai- sissant 1’extrémité de
cette baguette avec des pincettes, il la tire, la retourne et la rattache lestement en c, oul’anse se trouve forcéinent sou- dee ; puis, avec Sa pincette, il achève de donner a cette anse Ia forme voulue, soit carrée du haut, soit arrondie (fig. 120, C). 11 faut beaucoup de 'dextérité de la part de 1’ouvrier pour atta-
TRAVAIL*
cher une anse avec grêce et bien droite dans lb sens de 1’axe de
]a piece. Cette opération döit se faire vite pour que 1’anse soit bien soudée, car il n’y a plus de correction possible,.si cette anse a été mal attachée.
Nous croyOns a peine néces¬saire de donner la description du travail d’une jatte ronde : on souffle une paraison en forme de boule, on Tempon- tille, on la détache de la canne, on ehauffe le bord et on l’ouvre a bord droit ou a bord évasé, a volonté ; maïs nous devons donner la manière de faire Un plateau plat a rebord; sans ce rebord on n’aurait qu’a repren • dre la méthode dont se font les plateaux de verre pour Verre a Yilre (liv. II); mais en raison du rebord, il y a une petite main - d’ceuvre addilionnelle : on souffle la paraison, on 1’em- pontille, on la ehauffe a Pou¬x'reau, PouvreUr rogne le bord, puis il donne, au moyen de ses fers, è la paraison la forme ci- con tre (fig. 121, p. 586), puisil ehauffe for temen t et avant dans 1’ouvreau, et quand le verre est très-chaud, il le retire, pose promptement sa canne sur les bardelles, la fait rouler rapide- mentjle verre se dévelóppe, devient plat en conservant son rebord perpendiculaire au pla¬teau.
Nous indiquerons encore de quelle manière on pout ajuster a un vase a anse ou autre une tubulure semblable a cello d’une théière : 1’oüvrier ay ant soufflé la paraison et 1’ayant amenée a
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586 LIVRE V,«— CRIST AL.
la forme A (fig. 122), le gamin apporte un morceau de verre chaud, le pose en a, en forme aussi ronde quo possible, et appuyant
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Fig. 121.
un instant perpendiculai-
rement la cordeline ou
pontil qui a apporté le
verre, il 1’enlève ensuite
assez rapidement. Non-
seulement dans cette ope-
ration le verre apporté s’é-
tire, maïs, ce verre ayant
amolli Ia partie de la pa-
roi du vase oü il a été posé,
le mouvement de traction
de ce verre attire Pair de
Pinlérieur du vase, et ce
verre se souffle en forme
de tube. Quand 1’ouvrier
trouve le verre suffisamment étiré, il tranche ee tube a la lon¬gueur voulue et, après 1’avoir fait chauffer a 1’ouvreau, il lui dónne avec Ia pincètte une forme gracieuse (fig. 322, B), puis
met la piece au pontil et la termine en y ajoutant, en outre, au
besoin, üne anse (fig. 122, C), comine nous 1’avons vu pour
d’autres vases. C’est par ce moyen de verre
chaud rapporté que Ton fait les tubulures pour
flacons de chimie, cornues, etc.; sur le bord
de ces tubulures, on peut rapporter un cordon,
après avoir arrondi inlérietirement la tubulure
pour pouvoir la boucher a 1’émeri, etc.
On fabriquait autrefois des vases a plusieurs
compartiments, des carafes, par exemple, a
qüatre compartiments, pour contenir quatre li-
queurs différenles, ou des flacons pour quatre
sortes de parfums; nous allons indiquer com-
ment on procédé pour effecluer ce travail.
L’ouvrier ay ant cueilli avec un pontil une
certaiue quantité de verre, le marbre, puis en
forme une sorte de petite palette plate, aussi ré-
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gulière que possible et de la forme A (fig. 123).
Sur le milieu de cette petite palette, on lui
apporte un autre morceau de verre cyliudrique,
qu’il aplatit avec sa pincette de manière a for-
mer une paroi longitudinale, égale en épais-
seur a la palette et d’une hauteur égale a la
inoitié de cette palette; puis il retourne son
verre et pose du cöté opposé une cloison sem-
blable : il a ainsi forme les quatre comparti-
ments de sa carafe (fig, B). D’autre part, on a
soufflé et mis au pontil une piece de la forme C,
disposée de telle sorte, qtie son diamètre intérieur
répönde aux dimensions extérieures des compar-
timents. Ón ehaufïe alors les deux pieces, puis on
introduit les compartiments dans la piece C, de
manière a les appliquer au fond; on presse avec
la tête des fers sur les parois de la pièce C pour
les souder contre les compartiments, ensuile on
tranche et détache ces compartiments du pontil
Fig. J 23.
au hout duquel ils out óté faits; d’autre part, on a pris du verre
au bout d’une canne, on Fa souffle, ouvert ef on a forme une
sorte de pontil plat ayant au centre 1’ouverture de la canne
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(fig. D), on applique ce pontil contre 1’ouverture de ia pièce a compartiments et on en détache le pontil; on a done alors au bout de la canne une pièce que Ton fa^onne par les moyens ordinaires. En la soufflant, Fair pénètre également dans les quatre comparli- ments; on peut ensuite étirer le col, mettre la pièce au pontil après lui avoir ajouté, si Ton veut, un pied plaquó, et enfin terminer le col, jeler un cordon sur le bord pour former la bague et arrondir chacune des quatre ouvertures avec une fusée ou petit for conique.
Nous pensons que, d’après les divers exemples que nous venous de donner, on pourra se rendre comptede lamanière donl s’exé- culent les objets de toules formes qui se font en verre. Toutefois, nous ajoulerons aux descriptions précédentes la manière dont on fait les tubes.
On souffle une paraison plus ou moins épaisse, selon Vépaisseur que 1’on veut donner au tube, on prépare un pontil plat, puis, la paraison étant fortement chauffée, on léve la canne verticale- ment, la paraison au bas, et on place 1’extrémité de cette parai- sou sur Ie pontil plat posé verticalement, puis les deux ouvriers s’éloignent et le tube s’allonge a mesure qu’ils s’éloignent, tant que le verre conserve sa ductilité. On fait de cette sorte une lon¬gueur quelquefois de 20 metres et plus, ainsi que nous le verrons pour la fabrication des perles. Ces tubes sont employés pour ba- romètres, thermomètres, etc. Quand on veut des thermomètres a trous plats, on procédé de la manière „suivante: On fait une poste, on la souffle et on 1’aplatit de manière a lui donner la forme d’un flacon plat, on la laisse refroidir un peu plus qu’a Pordinaire, puis ou cueille du verre sur cette poste qui, étant un peu froide, ne se déforme pas, même quand on marbre le verre cueilli en le roulant sur le marbre. On obtient ainsi une paraison cylindrique extérieurement et dont le soufflé est plat; on n’a alors qu’a le chauffer et tirer comme les tubes ordinaires, et le trou se conserve plat dans toute la longueur du tube.
Nous allons passer aux verres et cristaux moulés par le souf- flage; et d’abord on peut déja savoir, par ce qui précède, que ce n’est que par le moulage que peuvent étre exécutées des pièces dont toutes les sections transversales ne sont pas des cercles; ainsi, une jatte ovale, un flacon carré ne peuvent être faits qu’au moyen de moules.
TJtAVAJL.
11 est a peine nécessaire d’indiquer comment so font les flacons carrés. Si on a un grand nombre de flacons carrés d’une même dimension & faire, il est bon d’avoir un moule carré en fer ou en laiton représentant 1’extérieur du flacon, mais il est bon aussi d’avoir dans une verrerie un moule composó de quatre pièces a angles que l’on peut écarter et rapprocher a volonté (fig. 124), et avec lequel on peut, par conséquent,
souffler une grande variété de dimen¬sions de flacons, ou tout a fait carrés ou carrés longs. Ces pièces a angles sonl maintenues ensemble au moyen de pinces recourbées, munies de vis de pression; quand on a soufflé le flacon dans ce moule, on le met au ponlil et on fait le col par le procédé ordinaire.
Nous avons parlé des moules en bois, de leur usage pour les pièces de verre ou cristal qui peuvent se faire sans moule, mais au moyen desquels on acquiert une grande rapidité d’exécution; eette rapidité est surtout très-marquée quand il s’agit de pièces d’une grande complication, et un seul exemple que nous allons illustrer pourra donner une idee de tout le parli que l’on peul tirer de ces moules en bois.
Supposons qu’il s’agïsse de faire des vases a fleurs de la forme A (fig. 125). Nous avons vu précédemment qu’il faut souffler une paraison, jeter un cordon sur le col, rajouter le pied en deux ou trois morceaux, prendre au ponlil et faire le col. Si ón veut faire usage d’un moule, on commencera par prendre un profil exact <Ju vase, ce profil servira au tourneur pour tourner 1’intérieur d’un moule en bois qui se fait en deux parlies assemblées a char- nières. On doit avoir soin de pratiquer dans les parois de ces moules un certain nombre de pelits trous de vrille pour le dégagement de 1’air et de la fumée provenant de la' combustion du moule. Ces moules sont maiutenus légèrement humides, de telle sorte qu’il ne se fait qu/une faible combustion et que le même moule peul servir pour un assez grand nombre de pièces de même grandeur. On peut ensuite 1’utiliser pour une forme pareille et d’une grandeur au-dessus. ~
C’est dans ce moule, que nous figurons ci-contre, que i’ouvrier,
après avoir allongé une paraison a la longueur a peu prés que devra avoir lo vase, et avoir éliré un col, entre cette paraison dans
lé moule qu’ouvre le gamin, puis aussitót ceïui-ci ïeferme forte- mentle moule au moyen desleviers, et 1’ouvrier souffle forlement en tournant toujours sa canne. Quand il pense que le verre a pónétré dans loutes les cavités du moule, le gamin 1’ouvre : le vase est terminé; on n a pas même besoin de 1’empontiller. Au moyen de Ia petite calotte aa réservée au-dessus du col, que 1’on coupe au fer chaud quand le vase est recuit, on peut fletter le bord du vase en bb.
On le voit, cette méthode est très-expéditive, mais il ne faut pas s’attendre a avoir de cette manière des formes aussi pures que par les moyeus indiqués précédemment. Les angles sont toujours arrondis, les parties étroites sont comparalivement plus épaisses que celles qui. se sont développécs davantage. On ne peut faire ainsi des vases destines a être taillés, a recevoir surtout 'une taille un peu profonde; mais cette méthode du moulage en bois est très-favorable a la fabrication d’un très-grand nombre de vases de couleur de toutes formes, et surtout des couleurs opalisées dont on ne peut pas juger les differences d’ópaisseur. Généralement les vases qui regoiveut des peintures cuites a la mouffle ont été ainsi moulés; c’est un genre de fabrication qui a pris une assez grande extension. L’atelier de peinlure sur verre que j’avais fondé
TRAVAIL. 591
dans 1’établissoment que je dirigeais m’avait naturellement conduit a orner ainsi des vases d’opale. J’en avais, a I’Exposition de 1839, un assez grand nombre d’échantillons dont j’offris quelques-uns au musée céramique de la manufacture de Sèvres. Les cristalle- ries de Baccarat et de Saint-Louis ont entrepris ensuite cette fabri¬cation sur une grande échelle.
Pour terminer ce qui est relatif a ce moülage, nous dirons que, malgré Fhumidilé qu’on enlretient dans ces moules, on dólt concevoir qu’on ne peut pas y souffler un bien grand nombre de pieces sans que ses dimensions soient sensiblement altérées par la combustion. On a done cherché a les remplacei’ par des moules métallïques, tout en visant a conserver eet a van¬tage du bois, de ne pas faire empreinte sur le verre, Dans ce bul, on fait des moules en foute douce ou on lailon, que 1’on lourne de manière a ne pas présenter une surface unie, mais tres- t
légèrement sillonnée. On graisse ce moule, et ön le saupoudre de poussier de bois qui remplit les inégalités dü moule, et opère ainsi 1
comme le moule en bois Iui-meme; de temps en temps on nettoie ■
Ie moule et on renouvelle 1’enduit. On est parvenu aussi a faire i
des moules en matière composée de plÈtre, de plombagine et de <
terre réfractaire qui opèrent d’une manière assez efficace. Mais le f
moule en bois ordinaire est toujours preferable quand on n’a pas •
un très-grand nombre de pieces a fabriquer, et que l’agrandisse- t
ment du moule par la combustion n’est pas de grande impor- ;j
tance.
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Passons au moulage par soufflage des pieces sur lesquolles ;
on veut imprimer un ornement. Les moules se font généra- i
lement en laiton; ils sont ou d’une seule piece öu de plu- j
sieurs pièees ajustées a charnière. On ne peut, on le comprend,
mouler du verre dans un moule d’une seule piece, que si ce
moule offre de la dêpouille, c’est-a-dire s’il perniet a la pièce 5
moulée de sorlir du moule; on a longtemps fait, par exemple, j
des gobelets, des carafes ayant au fond une étoile, et latéralement
des coles figurant une olive oü une cóte plate taillée. On peut j
obtenir cesmoulures avec un moule d’une seule pièce. La paraisön 'j
ayant été amenéè a peu pres è sa dernière forme, on la chauffe |
fortement, on 1’enfonee dans le moule, et c’est le cas ici de se ;
servir du piston Robinet qui, agissant avec force et rapiditó,im- ?.
prime sur le verre les ciselures du moule, avec une puissance j
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dont sonl incapables les poumons de 1'ouvrier; quand on sort Ia paraison du moule, on la chaufïe a Pouvreau assez pour rendre au verre une partie du poli que lui a ölé Je moule, pas assez pour eflaccr 1’impression, et on aehève la piece comrne ;i l’ordinaire. C’est le piston Robinet qui a, en réalilé, créé le mou¬lage par soufflage, ou du moins lui a donué une extension qu’il n’aurait jamais eue, paree qu'il a permis, au moyen de la pression énergique qu’il opère, de produire des ornements que le souffle de Phomme n’eüt obtenu que tout a fait imparfaitement. Les fi¬gures 126 et 127 donnent une idee de ce que produit ce moulage.
La carafe, après avoir été moulée, est prise au pontil pour faire le col; quant au vase, il est moulé avec une calotte au-dessus , on ne le met done pas au pontil, on le détaebe de la canne, el après
la recuisson, on coupe la calotte au fer chaud, et le tailleur aehève le bord du vase.
Nous n’insislerons pas davantage sur le moulage par le souf- flage, qui était autrefois pratiquépour un assez grand nombre de pièces et qui a été depuis presque entièrement abandonné.
On voit beaucoup de vases de verre antique, présenlant une mou- lure en saillie semblable a celles qu’on opère sur les vases en marbro. Les Vénitiens ont aussi fait quelquefois des moulures
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TRAVAIL. 593
semblables, le dessin ci-dessous (fig. 128, A) en offre un exemple: pour obtenir ces fortes saillies, on a un moule en cuivre (B), a en-
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Fig. 128.
tailles très-profondes, dans lequel on introduit le verre cueilli sur
une poste que Pon Iaisserefroidir plus qu’a 1’ordinaire, et on presse
fortement en appuyant et soufflant un peu; le verre très-chaud
du dernier cueillage pénètre dans les cavités de ce moule., oü on
le laisse séjourner quelques instants, puis, après cela, on souffle
Ie verre corame a 1’ordinaire. On a ainsi une paraison dont 1’ex- ;
térieur est fortement cannelé, et quand on continue le travail du
vase par les moyens ordinaires, cette cannelure, tout en se dimi-
nuant un peu, reste très-saillante et acquiert le poli du verre
soufflé, paree qu’elle est plusieurs fois réchauffée pour Pachève-
ment du vase.
La fabrication des cristaux moulés par pression a joué un bien grand röle dans la fabrication et le commerce du verre et du cristal. II y eut une époque (il y a de vingt a vingt-cinq ans) oü :
la fabrication des cristaux moulés formait une proportion tres- .
importante de la production totale. Cette sorte de moulure ne peut nalurellement s’appliquer aux pieces fermées, telles que J
carafes, etc., mais seulement aux pieces dont 1’intérieur repré- ;
sente une forme pouvant sortir de la pièce moulée. On peut done faire ainsi des gobeïets, verres, coupes de toutes formes, boites i
carróes, ovales, sucriers, assiettes, etc. Dans la fabrication de ;
ces pieces, 1’industrie de Pouvrier verrier souffleur disparatt; la •
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ma tie re première n’est plus pour ainsi dire dü verre, mais un mélai que Pón coule dans un moule ; il faut s’adresser au cise¬leur pour avoir des moules faits avec ïe plus de perfeclion pos¬sible, au mecanicien pour que les diflérentes pieces qui composent co moule soient ajustées au mieus, et que la presse qui opère le moulage agisse avec énergie et promptitude. Toute fadresse du verrier consiste a cueillir aussi exactement que possible la quantilé de verre nécessaire pour la piece qu’on doit mouler. II y a des moules assez simples, d’autres d’une grande complication ; ainsi, parexemplo, uti moule pour une assiette portant même extérieurement une ornementation très-compliquée peut n’être composé que d’üne pièce représentant la partie extérieure de 1’as- sietle, el d’une pièce formant lo noyau intérieur. Cette seconde pièce du moule est aussi unie que possible, puisqu’elle doit repre¬sentor lo soufflage. Cette pièee est vissée a son centre, soit sous une vis verticale, soit sous une lige verticale que 1’on peut lever ou
baisser vèrticalement au moyen d’uu levier, c’est-a-dire qu’il y a des presses è vis, et des presses a levier. Ordinairement la pièce inférieure du moule est fïxée sur une espèce de tiroir pouvant se tirer en avant et se reeuler a volontó jusqu’a la place qui corres¬pond exactement avec le centre du noyau qui doit opérer la pres¬sion du verre. Ce tiroir a pour but de donner la facilité de retirer la pièce moulée sans être géné par le noyau placé au-dessus. Le verrier ayant cueilli son verre, 1’apporte au milieu du moule, coupe avec ses ciseaux, quandii juge laquantité coulée suffisante, etle moule étant en rapport exact avec le noyau, on descend ce dernier .soit avec la vis de pression, soit avec un levier (fig. 129); il faut presser fortement, mais sans secousse, laisser le nqyau quelques instants, pour que le verre aitle temps de reprendre de la con- sistance el que les moulures ne s’effacent pas, puis on enlève le noyau, on amène le tiroir en avant, on enlève la pièee moulée, et on proeède au moulage de la pièce suivante. II ne faut pas que
le moule s’échauffe trop, car le verre s’y attacherait: on le ra- fraichit un peu de temps en temps en le touehant avec de la cire. Le noyau s’ajustaut exactement dans la partie inférieure, on congoit que Fassielte est toujóurs moulée exactement, seulement le noyau descend plus ou moins, et Vassiette est plus ou moins épaisse, süivant la quantitó de verre qu’on a coulée dans le moule. Quelquefois, c’est la partie inférieure du moule qüi reprósente
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Pintérieur de la piece, Supposons, par exemple, quo ce soit üne assiette comme celle que nous venous de mentionner, alors>
quand on a innend le tkoir en avant, 1’oüvrier peilt enlevcr la piece avecün pontii) ét la réchauffer au föuï% cö qui amélioro
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considérablöfliént la surface en redonnant au verre tlüe partie de son poli naturel altéré pat Pimpression dtt moüle.
Ce que notis veüons dö dire s’appiiqüe & loüles lea formes ana-logues a cettè assióUöj mais la plupart deS pièCÖS exigent des mouïes coiripösés dé plusieurs parties; les InöUleS de gobelets inêmes doiverit être aü moins de deux parties; ils Söüt menie gé- néralement de quatre : une pour le fond trois pour les cótés, pour que les ornements sortent facilement des anfractuosités du moule. On moule aussi par pression des verres a pied, et l’on comprend qu’il fant pour cela un moule irès-compliqué ; il faüt qüe la jambe puisse s’öüvrir, pour laisser passage aü pied. Ces moulures sont done eomposées aü moins de six pièces, sans comprendre Ie noyau.
Les pieces moulées par la pression rPont pas, nous 1’avons dit, une surface comparable a celle du verre soufflé ou bien taillé,
souvent on apergoit des gergures, s’il y a eu un trop grand re- froidissement da moule; les joints du moule, quelque bien fait, qu’il soit, sont toujours perceptibles. Quand l’ornementation se compose de très-petits motifs, on ne s’apergoit pas trop du manque de poli du verre, mais les parties unies manquent tou-jours de brillant: on y remedie en partie en prenant les pièces au pontil et les chauffant a 1’ouvreau; mais, d’autre part, on déforme ainsi une partie de 1’ornementation, certains angles s’arrondis- sent. Les venders américains, pour obvier è. cette imperfection des parties unies, imaginèrent de graver sur ce fond un petit pointillé ou sable (fig. 130), qui fait effectivement ressorlir mieuxle dessin
de l’ornementation; ce perfectionnement fut imité en Angleterre et en France et redonna, pour un temps, une grande vogue a la moulure par pression. La moulure & fond sable rend inutile la mise au pontil et le réchauffage des pièces moulées; le verrier n’est plus qu’un cueilleur de verre.
' Noüs ne devons pas nêgliger de dire quelques mots des pieces
TRAVAIL.
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de lustrerie qui s'obtiennent aussi au moyen de moules qui pór-
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tent 1’empreinte des facettes qüi devront être taillées et poliès.
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Ces moules de pendeloques sont en deux parlies moiitées sür urie
pince, exactement comme un moule a gauffres. Les bords de ces
deux parlies du moule sont taillés en bizeaux, de inanière a ■ L "■ ' ■ " „
couper le verre : le souffleur cüeille du verre, le marbrê et Fait
chauffe fortement le bout de cette colonne ét la présente a l’ou- vreur, qui tenant la pince è moule, en saisit la quantité néces¬saire pour remplir le moule, et le serre fortement; sur une même colonne, on peut ainsi pincer successivement un grand nombrè de pendeloques.
Une des grandes qualités des pendeloques de lustre est d’être pures et le plus possible exemptes de slides; or le cuêillage du verre en plusieurs fois, et en toürnant la canne dans le verre, occasionne be au coup de stries. Pour y obvier on a une poche en cuivre rouge de 8 è 10 centimetres de diamèlre sur autant de pro- fondéur, ayant une forme légèrement conique, pour la dépouille du verre. Gette poche a un manche en fer de lra,30 de long. Sans la faire chauffer, on la remplit de verre, en la faisant plon- ger par un hord, puis la relevant ; au hout de quelques instants, le souffleur enlève Ie verre de dedans cette poche avec un pon til plat, le marbre, et fait sa colonne a 1’ordinaire.
On a même imagine, pour donner encore moins de mouvement au verre, d’avoir une poche dont le manche est un tube par le- quel on fait le vide, de telle sorte qüe, posant 1’orifice dé la poche sur le verre, et faisant le vide, le verre monte dans la poche, et retournant alors cette poche, on enlève le verre.
On a fait, il y a trente a quarante ans, un assez grand nombre d’incrustations dans des piècés de cristal; ces incrustations étaiént de deux sortes: les unès étaient des figures ou ornements de terre blanche, qui par le reflet que leur donnait le cristal, paraissaient argentées; les autres, des émaux peints sur utie feuille d’or, tels que croix de divers ordres, armöiries, etc. Ces émaux s’appli- quaient généralement sur des verres et autres pieces de services do table. La piece étant terminée et encore au ponlil, on posait la
feuille d’or très-mince, elle se mettait de suite en équilibré de température, Le gamin apportait une goutte de verre qu’il cou~ laitsur 1’émail, 1’ouvrier coupait le verre, puis avec la Ifite de ses fers étalait la goutte sur tout 1’émail; il remettait a 1’ouvreau dans le cas ou cette operation aurait légèrement dóformé sa pièce, puis elle était mise a 1’arche a recuire. Quand le verre ótait recuit, on enlevait è la taille presque toute la goutte de verre, en simulant simplement par la taille un cadre formant 1’entou- rage de 1’émail.
Les figures en terre blanche étaient composées de terre è porcelaine et de silex broyé, en proportion convenable, pour avoir un retrait exactement semblable a celui du crislal; do ce mélange plastique on formait, dans un moule, les camées que 1’on cuisait a l’état de biscuit.
Ces incrustations de camées s’opéraient de deux manières : oubien on les appli- quait comme les émaux sur un gobelel ou autre pièce; mais, dansce cas, il fal- lait avoir la precaution de les meltre sur une palette en terre cuite que Pon portait a 1’ouvreau, pour que le ca¬mee qu’on appliquait sur le verre fiït a sa même température; on coulait la goutte de verre sur le camée, ainsi que nous 1’avons vu pour les incrustations d’émail; il fallait seulement plus de pre¬cautions , pour ne pas enfermer d’air entre le camée et le verre coulé. Quand ces camées n’étaient pas ainsi appliqués, on én formait des médaillons. A eet effet, on souffiaitune paraison A (fig. 131), que 1’on ouvrait, comme on le voit en B, puis on 1’aplatissait (C), en ne lais- sant que 1’espace suffisant pour intro- duire le camée; quand il était in¬troduit, on chauffait et on aehevait, avec la tête des fers ou une palette, de
faire coller par 1’extrémité les deux parois plates du cöté pit on avail indroduit le camée (D), puis, réchauffant encore et po-
TB.AVAI1. 59$
sant Ia canne sur les hardelles, l’ouvrier pressait & parlir du boutdéja ferme et graduellemcnt les deux potés plats pendant qu’un gamin aspirait 1’air de Ia canne. Les deux parties plates arrivaient aïnsi a se sopder intérieurement, en ne laissant.entre elles que le camée, 1’air s'étant entièrement. dégagó ; on ’.taattcfcait ensuite prés de la canne, et on portait a Ia recuisson. On ayait done ainsi une pièce plate de cristal massif au milieu de.ïaquelle se trouvait le camee, et la taille donnait a ce cristal la forme de médaillon.
Les cristaux et verres de couleur se travaillent par les mómes procédés que le cristal ou verre blanc; mais, toutefois, nous avons quelques indications a dormer relativement a certains ouvrages dans lesquels plusieurs couleurs sont combinées de manière a obtenir certains résultats.
Nous avons dit déjè que le verre pourpre ou rubis par 1’or, ou rouge par le cuivre ne se travaillait pas en masse ; il se double, comme nous I’avons vu pour la fabrication du verre a vitro rouge. A cet effet, au lieu d’avoir constamment dans le four un pot de rubis ou de .rouge, on fond, pendant un jour ou plusieurs jours de suite, 1’une ou Tautre couleur pour en faire provision ; on fait avec ce verre des colonnes massives de 20 a 30 centimetres de long, par exemple, sur trois a cinq de diamètre, et on les fait recuire.
Quand on veut s’en servir, on les chauffe d’abord dans une fer- rasse, a 1’entrée de 1’arche a tirer; puis le gamin prend une de ces colonnes au bout d’un pontil, muni d’un peu de Verre pour s’y attacher, et va chauffer è 1’ouvreau seulement I’extrómité de la colonne, puis, sur son banc, 1’ouvrier tranche a Textrémilé une petite ballotte, plus ou moins . forte, suivant la piece qu’il doit fabriquer, attache cette ballotte sur le mors d’une canne sur la- quelle on a cueïllï une très-petite quantité de verre, et détache la ballotte de la colonne. Cette ballotte étant au bout de la canne, est Ie principe d’une poste sur laquelle on cueillera du verre pour la pièce qu’on voudra fabriquer, se disténdra a mesure qu’on
. soufffera, et formera ainsi un fond rubis ou rouge d’une nuance claire : voilé pour le doublé intérieur. Pour les pieces qu’on veut , doubler extérieurement, ce qui est le plus fréquent, on peut, si la doublure doit être bleue, violette ou verte, et si on ne tient pas è ce qu’elle soit très-mince, tremper une poste de
verre blanc dans un pot ou on a fondu Je verre de couleur, 1’entourer ainsi de ce verre et souffler sa pièco suivant la formc voulue.
Mais plus fréquemment, on tient a n’avoir que des couches de doublé très-minces, et pour cela on se sert de ces colonnes de cou¬leur préparée; on y prend au bout d’une canne une ballotle, dont on souffle ce qu’on appelle une chemise (fig. 132, A), que Ton
Fis. 132.
ouvre (B) et qu’on tranche pres de la canne; d’autrc part, 1’ouvrier cueille le cristal intérieur (C), 1’introduit dans le fond de la chemise, et les rapproche par le soufflage, de manière a ne pas laisser d’air enfermé entre ia chemise el le verre intérieur. Cette chemise, déja mince, est encore développée par le soufflage et le travail de la piece, et on a ainsi une doublure qui peut être facilement entamée par la roue du tailleur, ou par la gravure, pour faire reparaitre par places et suivant un dessin donné le verre intérieur. On a fait ainsi, il y a quelques années, beaucoup de pieces de fantaisie en verre doublé; on en a méme fait aussi de grandes quantités en verre triple. La troisième coucho se posait naturellement sur la seconde, au moyen aussi d’une chemise. On prenait, par exemple, du cristal blanc transparent, qu’on doublait d’une couche de verre blanc opaque, par-dessus lequel on mettait une chemise de verre bleu; puis, par la taille, on enlamait, suivant un dessin donné, le bleu seulement, et, dans d’autres parties, le bleu et le Wane opaque. Il y avait aussi des verres roses, doublés de blanc opaque triples de bleu, qui produisaient un assez agréable
effet par les combinaisons de la taille.
11 y a, en outre, des combinaisons de moulage et de doublure
de verre qui produisent un assez curieux résultat. Nous en. don- nons un exemple dans la figure 133.
Ce vase est octogone a huit faces plates; les arêtes de toutes
TRAVAIL.
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]es faces sont formées par un petit filet bleu, et Ie dessin, sur les faces de deux en deux, est également bleu; le reste du vase est opale. Pour 1’obtenir, on a un moule
en cuivre octogone, s’ouvrant en trois ou quatre parties pour la facilité de Ia sortie, Les cótés de 1’octogone, de deux en deux (si on veut que le dessin ne se présente que de deux en deux faces), ont en relief le dessin qu’on veut pro- duire sur Ie vase, et les huil arötes sont également légèrement saillantes. L’ou- vrier souffle sa paraison de verre opale doublé d’une chemise mince de verre bleu; quand celte paraison est arrivée a la dimension convenable et chauffée, il 1’introduit dans le moule, souffle forte- ment avec le piston Robinet, pour quo le dessin en relief s’imprime convenable- ment, et termine sa piece comme a 1’or-
dinaire; on a ainsi un vase octogone oü la couleur bleue est seule apparente; mais, si on taille a plat toutes les faces de Poctogone, on arrivera a un point oü cette couche bleue sera enlevée par- tout, excepté dans les parties qui ont été repoussées par le relief du dessin et des arêtes, et on aura ainsi obtenu le résultal que nous avons indiqué.
Peut-être nous reprochera-t-on d’etre entré dans de trop grands détails relativement au travail du verre ou du cristal, et cependant nous sommes bien loin d’avoir épuisé toutes les combinaisons auxquelles cette inatière admirable peut se prêler; ces explica¬tions nous ont semblé si pcu inuliles, qu’un verrier expérimenté se demande quelquefois comment une piece qu’il a sous les yeux a été obtenue : je puis, pour mon compte, assurer que devant cerlaines pieces des collections de la Bibliothèque ou des mu- sées, je me suis demandé par quels artifices ces pièces avaient été obtenues, sans pouvoir résoudre d’une manière cerlaine le prohlèmc que je m’étais posé. Lorsque le premier, en 1838 et 1839, je voulus refaire des verres flligranés al’-instar des Véni- liens, la tradition était perdue parmi les ouvriers, il nous fallut faire bien des essais, perdre beaucoup de verre, pour n’arriver
d’abord qu’è des résultats bien peu recommandables, mais j'ou- vris la voie, les procédés furen t retrouvés; d’autres verniers ha- biles se lancèrent dans cette voie, et on a obtenu des résultats qui, sous Ie rapport matériel, no laissent rien a désirer; mais nos ouyriers ont-ils le goüt inné des anciens Vénitiens? a cela, la ré- ponse negative doit être admise, et les ouvriers actuels de Venise, qui ontyoulu aussi refaire du vieux venise, ne les ont pas égalés . Toutefois, comme cetle mode des cristaux filigranés peut être abandonnée, puis être plus tard encore recberchée, je crois. qu’il peut être bon, poür nos successeurs, de donner quelques détails relatifs aux procédés matériels, ne füt-ce que pour leur éviter les essais auxquels nous nous sommes livré.
VERRES FJtlGRANÉS.
Déjè, dans une séance de la Société d’encouragement du 23 avril 1845, j’ai donné des détails sur ces procédés, qui ont été insérés dans le Bulletin de la Société. M. Jules Labarte les a re- produits d’abord dans son intéressante et savante description des objets d’art qui composent Ia collection Debruge-Duménil, qu’il a publiée en 1847, puis ensuite, et avec plus de développement, dans sa splendide ffistoire des arts industries du moyen aye et de la renaissance', Ces procédés sont done ainsi sure ment garantis contre 1’oubli; mais je crois devoir les décrire encore dans eet ouvrage spécial,
. Les pieces filigranées sont composées de 1’assemblage d’un cer¬tain nombre de petites baguettes de verre de forme cylindrique de 3 & 6 millimètres de diamèlre, soit de verre blanc opaque,
VERRES FILIGRANÉS. G03
soit de verre coloré,soit de baguettescontenantdójè elles-mêmes des dessins filigranés; ces baguettes, préparées a 1’avance, sont disposées en tel ordre qu’adopte le verrier, souvent alternées par des baguettes de verre blanc (par verre blanc, nous entendrons toujours blanc transparent), puis réunies ensemble par la chaleur et par Ie soufflage, et enfin fagonnées lorsqu’elles forment une paraison, corame toute autre pièce de verre ordinaire. Vingt-cinq, trente, quarante baguettes de verre peuvent entrer dans la com¬position d’un vase filigrané. Ces baguettes filigranées sont, elles- mêmes, com posé es d’un certain nombre de baguettes simples. Ce sont done ces dernières qu’il faut d’abord préparer.
Les baguettes de verre blanc,(transparent, comrae nous Favons dit) sont faites avec du verre cueilli au bout d’un pontil, marbró de manière è former une colonne cylindrique, puis chauffé, em- ponlillé et tiré par deux ouvriers qui s’éloignent 1’un de 1’autre, comme pour faire des tubes, jusqu'a ce que la colonne soit ré- duite au diamètre voulu. On coupe ensuite, & la lime, cette longue colonne en petits trongons de même longueur, soit, par exemple, de 10 è 12 centimètres.
Pour les baguettes colorées (et nous comprenons le blanc opa¬que parmi les baguettes colorées), on les fait en verre doublé. On commence par cueillirle verre de couleur, blanc opaque ou bleu, ou toute autre couleur; on le marbre cylindriquement; on le re- couvre par Ie cueillage d’une couche de verre blanc transparent; on marbre de nouveau, on chauffé, on met au pontil et on étire une longue colonne, que Pon divise ensuite, ainsi que nous 1’avons vu pour les baguettes de verre transparent; on fait de la sorte une provision de baguettes blanches et colorées de toutes fagons, qui sont la base de toutes les baguettes filigranées dont nous allons donner la description, et qui sont elles-mêmes les éléments des vases filigranés. Avant d’aller plus loin, nous recommandons, pour le verre blanc opaque, un émail blanc très-dur, c’est-a-dire composé è 1’étain; le blanc opaque par les os et 1’arsenic est trop doux, il ne donne pas aux verres filigranés ce relief qui en partie en fait le charme.
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1° Pour obtenir les baguettes a filets en spirale rapprochés, qui par leur aplatissement produisent des réseaux a mailles égales, représentés figure 134, on garnit Fintérieur d’un petit moule cylindrique en terre cuite de 7 a 8 centimetres de haul sur
6 ou 7 de diametro intérieur, de baguettes a filets colorés, al- ternés avec des baguettes en vorre transparent. Ces baguetles sont
Fig. 134.
.fixées au fond du moule au moyen d’un peu de terre molle dont on garnil ce fond a la hauteur de 5 A 6 millimetres. La figure 135, A, ci-dessous indique la disposition des baguettes dans le moule; ia figure 135, A\ est une section horizontale du moule et des ba-
guettes. Les baguettes étant ainsi disposées, on les fait chauffer avec lé moule auprès du four de verrerie, et, lorsqu’elles sont suscepti- blesd’être touchées par du verre rouge sans se rompre, le verrier cueüle du verre transparent, qu’il marbre de manière a former un cylindre massif qui puisse entrer aisément dans Tintervalle laissé par les baguettes; il chauffe fortement cette masse cylindrique, 1’introduit dans Ie moule, la refoule de manière a presser les ba¬guettes qui adhèrent ainsi cohire la masse molle, il enlève alors Ia canne pendant que son aide retient le moule, et entralne ainsi les baguettes avec le cylindre transparent; il chauffe de nouveau pourrendre 1’adbérence plus compléte; puis,chauffant 1’extrémité seulement dé sa masse, il tranche avec ses fers vers le bout des baguettes, de manière a former une pointe oü elles aboutissent
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toutes; il chauffe de nouveau cette extrómité, la saisit avee une pincette de la main droite pendant que, de la main gauche, il fait tourner rapidement sa canne sur les bardelles de son banc de (ra-, vail; de telle sorte que, pendant que Fextrémité de la masse s’al- longe, les filets s’enroulént en spirale. Quand le verrier a étiré sa baguette au diamètre voulu (environ 6 millimètres), et qu’il juge les filets suffisamment enroulés, il tranche la partie (erminée pour la détacher, chauffe de nouveau Fextrémité de la masse pour former de la mêmemanière une nouvelle.baguette, et ainsi de suite, jusqu’a ce qu’il ait épuisê toute sa masse. Ce sont ces ba¬guettes a filet en spirale, qui, étant aplaties par le soufflage de la piece filigranée, produisent, par le fait de la transparence du verre qui enveloppe le filet coloré, Feffet quadrille de la figure 134.
2° Les baguettes a filets croisés plus rapprochés, suivant le mo- dèle (fig. 136, B), sont expliqués paria figure B1 ci-contre, qui est la
Fig. 136. B‘
section horizontale du moule avec ses baguettes, oü 1’on voit que le moule n’est garni que de baguettes a filets colorés sans inter¬position de baguettes en verre transparent •, il n’y a done entre les filets croisés que le peu de verre transparent qui entoure chaque baguette.
Fig. 137. c*
3° Pour obtenir les baguettes qui, par leur aplatissement, produi¬sent dans la piece filigranée la figure 137 (C), dans la quelle sept
filets colorës s’enroulönt ën spirale, o tl posé dans le moule, ainsi qtie1’indique la figure 137, C1, sept baguettes a filets, et ón garnit ensuite la circonférence intérieurë du moule do baguettes transpa- réntes, afin de maintenir les baguettes è filet dans leur position, et on procédé ensuite com me pour les baguettes de la figure 134.
4° Les baguettes qui, par leur aplalissemenl, produisenl 1’effet de la figure 138, Dj ne different de la précédente qu’en ee qu’il y
Fig. 138. D'
a au centre un filet en verre coloré qui forme uu zigzag s’éloignant peu de 1’axe central. Pour fabriquer Ces baguettes, il faut d’abord préparer le moule comme pótir les précédentes, c’est-a-dire inötlre sept baguettes a filet et tout le festö en baguettes de verre trans¬parent; le verriér cueille ensuite üne petite quantité de verre transparent, qu’il marbre de manière a lui donner la forme cy- lindrique; il applique longitudinalement sur ce cylindre unc petite baguette en verre cóloré bleu, par exemple; ptiis il cueillo de nouveau du verre transparent, marbre sa masse de manière a la rendre cylindrique et d’un diamètre a pouvoir entrer dans le moule garni comme nous 1’avons indiqué (D1), il n’a plus en¬
suite qu’a étirer ses baguettes en spirale, comme précédemment, la petite baguette de verre bleue étant excenlrique, tournera en spirale autoUr du centre, spirale dont la courbe s’éloignera plus ou móins du centre, selon qu’on aura posé la baguette de verre cöloré plus ou moins rapprochée de ce centre* et qtii, par 1’apla- tissement de la baguette, prödüifa ün zigzag de verre bléu* ’
5° Pour fabriqüer des baguettes qui» paf leür aplatissemorit, produisent deux faiseeaux de trois ou quatre filets en quadrille figurés en £ (fig. 139), on place dans le moule, aux extrémités d’un mêtne diamètre, trois ou quatre baguettes a filet simple (E1); on garnit ensuite le rësle de la paroi inférieure du moule de ba¬guettes transparentes, et on Opère ensuite cornme pour les ba-
guettés précédenten. Nous h’avöns pas indiquó ici qtl’on düt alterner les trois oü quatre baguettes a filets avec deS baguettes
Iransparentës; maïs si les filets color és n’étaient revêtuS quë d’uné très-mince couche de verre transparent^ CéS filets se troiivéraient ensuite trop rapprochés öt sembleraient presque se colifondre dans les baguettes^ auquel caS il aürait fallü les aiterner avec des ba-guettes transparenles; 1’espace enire les filets Sera süffiSant si lö filet coloró n’est guère qUe la moltié dü diamètre de la bagüëtte. La mêmé remarque s’applique a tous lés autres échantilioiiè.
fi° Pour produirè les baguettes a doublé quadrille de Ia ii*
gure 140 (F), on place dans le möule, aux èxtrémités d’ün iuêihe diamètre, trois ou quatre baguettes a filet simple; püis, aüx extré- mités du diamètre perpendiculaire au précédent^ trois ou quatre baguettes a filets (F1); on gartilt JëS intervalles de baguettes transparentes et on opère ensüitë comrae précéderürnent,
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7° Pour obtenir des baguettes produisaiit par leur apl&tis$êtiïeiit des grains de chapelet figurésöti G (figi 141), öti söüfiïe Unè pö- raison dont on ouvre 1’extrémité opposée a Ia canne, de manière a obtenir un petit eylindre ouvert; on aplatit ee eylindre, et on intro¬duit quatre, cinq ou six ou même un plus grand nombre de ba¬guettes è filets; la coupe perpendiculaire aux baguettes dé ce four- reau est représentée par Ia figure 141 (Gl); oh cHaüffe 1’extrémitó
du fourreau, on aplatit encore cette extrémité de manière a souder les deux parois, puis l’ouvrier presse sur la paraison plate pen¬
dant qu’un aide aspire 1’air de la canne, de manière a le faire sortir et a produire une masse plate dans laquelle sont logés les filets (comme nous 1’avons vu pour les incrustations de camées); il rapporle ensuite du verre chaud transparent sur les deux faces plates, marbre la masse de manière a la rendre cylindrique; il pbtient ainsi une petite colonne dont la coupe transversale est figurée en Ga, dans 1’intérieur de laquelle sont rangés les filets opaques sur un même diamètre. II procédé ensuite comme pour les baguettes précédentes, en chauffant et étirant ]’extrémité pen¬dant qu’il roule rapidement sa canne sur les bardelles; par ce mouvement de torsion, la ligne des filets se présente alternative- ment de face et de profil, et produit les grains de chapelet qui sont plus ou moins allongés, c’est-a-dire semblables aG (fig. 141},
ou a II (fig. 142), selon que Pouvrier aura plusou moins étiréla baguette pendant Ia torsion.
Kg. 143. r
8° Il arrive souvent que l*on combine ces grains de chapelet avec les quadrilles (fig. 143,1), enseservant, pour introduire dans
le moule préparé pour des baguettes a quadrille, de la masse pré¬, paree pour les grains de chapelef (fig. 143, I1). Du reste, les cora- binaisons qu’on vient d’indiquer meltent sur la voie d’une foule d’autres que le verrier peut opérer.
9° Pour préparer les baguettes figurées en K (fig. 144),,on pose dans le moule K* un certain nombre de baguettes colorées en masse,
Fig. K‘
c’est-a-dire non reeouvertes de verre transparent, puis aux deux extrémités deux baguettes difïéremment colorées, en blanc opa¬que, par exemple, et on garnit le reste du moule de baguettes transparentes; on procédé ensuite comme pour les autres mo¬dules. Les petites baguettes bleues produisent par leur aplatisse- ment une bande bleue qui se trouve bordée par les filets opaques.
10° Si on veut que la bande et les filets forment saillie comme en L (fig. 145), sur uhe masse transparente marbrée cylindrique- ment, on applique longitudinalement une bande plate colorée bleue, par exemple (L1), de chaque cöté de laquelle on pose deux
baguettes de verre opaque, de même épaisseur que la bande colo¬rée en bleu; puis réchauffant le lout, étirant et lorsinant, on produit la baguette L, dans laquelle la bande et les filets restent en saillie.
Outre les baguettes flligrauécs donl nous venons de donner la description, on emploie aussi, pour les pièces connues sous le nom ÜQ millefwri, dont nous parlerons plus loin, des baguettes
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dont la section présente des étoiles, des enroulements et d’autres fórmes variées de plusieurs couleurs; nous décrirons un seul exemple de cette fabrication, dont la figure 146 represents la coupe, et que ïe vérrier peut varier a 1’in- fini: le verrier formera au bout de sa canne un petit cylindre massif en verre rouge, aulour duquel il cueillera une petite couche de verre d’une autre couleur, blanc opaque, par exemple, puis, après avoir marbré de manière a rendre sa masse cylindrique, il appliquera, le long de ce cylindre, cinq pe¬tit es masses de verre bleu, qu’il fagonnera
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avec sa pincette de manière a former des ailes prismatiques trian- gulaires dont la base est sur le verre opaque ; puis il remplit les intervalles entre ces ailes avec du verre d’une autre couleur, jaune par exemple; il marbre et cueille par-dessus le tout du verre violet; il peut ensuiteintroduire cette petite colonne dans un moule garni inlérieurement de baguettes blanc opaque, qui, par leur section, feront un cercle de perles blanches; après avoir étiré cette masse en baguettes de 10 a 15 millimetres de diamèlre, on peut en garuir un moule, et introduire dans ce moule une colonne préparée d’une manière analogue a la précédente : on obtiendra ainsi des colonnes d’une section très-compliquée et que 1’on
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pourra varier a l’infini.
Lorsque le verrier est en possession de baguettes de verre co- loré, de baguettes ii dessins filigranées (dont nous venons de donner la description) et de baguettes de verre transparent et incolore, il peut procéder a la fabrication de vases. II range cir- culairement autour de la paroi d’ttn moule plus ou moins éJevé et semblable a celui que nous avons décrit précédemment, autant de baguettes qu’il lui en faut pour garnir la paroi intérieurc du moule : il peut les choisir de plusieurs couleurs et de plusieurs modèles, présentant autant de eombinaisons filigraniques difïé- rentes; il peut les alterner ou les espacer par des baguettes de verre blanc transparent et incolore. Les baguettes étant ainsi disposées et chauffées, ainsi que nous 1’avons dit pour leur con¬fection, Ie verrier prend avec sa canne unpeu de verre transpa¬rent pour en souffler line petite paraison qu’il introduit dans Pespace formé par le cercle des baguettes, il soufflé de nouveau
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pour, presser cette paraison contre les baguettes et les y faire adherer, et retire le tout du mouie; le gamin applique a 1’instant vers l’exlrémitó des baguettes, qui sont venues former 1’extérieur de la paraison, un cordon de verre chaud qui les fixe davantage sur cette paraison. La pièce étant ainsi disposée, ie verrier la porte a I’ouvreau, la marbre pour achever Punion des baguettes, tranche avec ses fers vers le bout de Ia paraison, ce qui réunit les baguettes en un point central; la paraison, arrivée è eet état, est alors travaillée paries procédés ordinaires; 1’ouvri^r produit avec cette paraison un verre, une coupe, un flacon ou autre piece dans laquelle cliaque baguette aplatie forme une bande ayant 1’un des dessins iridiqués précédemment.
Si, au lieu de souffler la piece a 1’ordiuaire, il imprime & la pa-raison un mouvement de torsion en saisissant 1’extrémitÓ tranchée avec ses fers et tournant la canne sur les bardelles, alors les filets, au lieu d’etre longiludinaux dans la piece terminée, s’éten- dront en spirale, ainsi qu’on Ie voit dans une foule de pièces fili- granées vénitiennes.
Les pièces les plus remarquables peut-être sont celles qui pré¬senten! un réseau de fils d’émail se croisant et laissant entre cliaque maille de cette espèce de filet une petite bulle d’air ren- fermée entre les deux couches de verre blanc qui forment le fond. Ces vases étaient désignés par les Vénitiens sous le nom de vasi a reticelli. Pour parvenir a faire ces pièces a filets croisés, on souffle une première paraison a filets simples tordus, puis une deuxième paraison semblable, mais a filets tordus en sens inverse; on ouvre 1’une de ces paraisons pour y introduire 1’autre de ma- nière a la faire adhérer, les filets se croisent ainsi, et si 1’émaïl est dur, les baguettes restent saillantes, et leur croisement forme un réseau emprisonnant a cbaque intervalle une bulle d’air. On n’a plus qu’a souffler 1’ensemble de ces deux paraisons ac- * colées comme a I’ordinaire.
On réussit aussi a exécuter ces pièces a reticelli de la manière suivante : on prépare un mouie rempli de baguettes d^émail opa¬que recouvert de verre blanc (il est surtout important, comme nous 1’avons dit, que eet émail soit sec et dur), on fait avec ces baguettes une paraison comme a 1’ordinaire, on torsine fortement cette paraison, en maintenant Pextrémité fixe avec la pincette et roulant la canne sur les bardelles, puis avec les fers on tranche
cette paraison vers le milieu jusqu’a rapprochement; on tranche ensuite Vextrémité de la paraison de manière a Vouvrir, et la chauffant a 1’ouvreau, on 1’évase et on la retourne avec les fers sur elle-méme jusqu’a ce qu'elle s’applique complétement sur la partieantérieure. De cette manière, lés filets se trouvent croisés, et comme, I’émail étant trés-sec, les filets sont restés saillants, le croisement de ces filets emprisonne dans chaque m ai He une bulle d’air: on a ainsi une paraison a filets croisés avec iaquelle on fait le vase que 1’on veut.
Les Vénitiens ónt fahriqué, è 1’irnitation des verres antiques, des vases dits mittefiori, avec des tron§ons de baguettes dont la section présente des étoiles ou autres formes symétriques de plu- sieurs couleurs, ét dont nous avons expliqué la preparation. Ges trongons de baguettes, coupés de 1 centimetre environ de lon¬gueur et préalablement chauffés, sont fichés sur une paraison de verre, transparent ou coloré, de manière a y adhérer; on réchauffe letout, puis on marbre, et on souffle de manière a former de eet en¬semble une nouvelle paraison mosaïque, avec Iaquelle on fagonne des vases de toute sorte. On peut encore faire ces vases dits miUefiwi en soufflant une paraison onverre transparent dont on rentre inté- rieurement le fond vers la canne, de telle sorte que cette paraison, étant détachée de la canne, présente la figure ci-après,( l47. A); on
A w- UT. B
la laisse refroidir; on introduit entre les parois des trongons de baguettes, afin de remplir autant que possible tout le vide, on re-chauffe peu a peu cette paraison ainsi remplie, et on prépare une canne de manière a la garnir d’un dis que de verre chaud qui n’intercepte pas le trou de canne (B); on fixe le verre de cette
PERLES.
canne-pontil sur la partie ouverte de la paraison remplie de tron- §ons, on aspire 1’air compris entre les tron gons et on tranche le verre pres de la canne; puis, préparant une autre canne sém- blable a B, on Papplique contre le cóté opposó de la paraisön et on détache celle de la première canne. 1,’intérieur du fond rentré formera alors Pintérieür de la paraison, que Pon souffle par les moyens ordinaires et de manière a lui dönner Ia forme voulue.
On a aussi imité récemment une sorte de verre que fabriquaient les Vénitiens, appelé verre craquele, qui a son originalité própre quand il est destine a contenir de'la glace, mais qui nous paralt un non-sens appliqué a d’aütres usages, d’autant plus qu’il est désagréable au toucher et qu’il est impossible de le nettoyer. Pour obtenir ce verre craquelé, on souffle une paraison un peu épaisse, on la ehauffe fortement, èt on la plonge rapidement dans 1’eaujus- qu’a une certaine distance de la canne, Pextérieur se glacé et se fendille en tous sens; on n’a plus ensuite qu’a continuer le travail comme a Pordinaire : ces petites calcinures ne s’effacent plus complétement. Si on plongeait la paraison sans qu’elle fut très- ehaude ou si on la maintenait trop longtemps dans Peau, elle se calcinerait dans toute son épaisseur et se briserait.
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Nous n’avons pas pu épüiser tout ce qui se raltache au travail du verre, surtout en presence des curiosités que nous présentent les musées, mais nous avons Pespoir de pouvoir faire un jour un travail spécial sur toutes les pièees les plus intéressantes que nous a laissóes 1’antiquité.
PERLES.
Nous ne voulons pas quitter ce sujet du travail du verre sans parïer de la fabrication des perles; C’est 1’objet d’un commerce assez étendu, et puis ces perles se font principalement a Venise, ce qui, pour nons, ajoute encore a 1’intérêt de cette production.
Depuis bien des anuées, nous éprouvions un vif désir de visiter Venise, si intéressante pour tont amateur des arts, et qui, pour nous, avait eet attrait spécial d’avoir produit tant de ehefs-d’öeuvre en verrerié. J’ai pu enfin satisfaire ce désir, et, grêce a 1’obli- geance de M. D. Bussolin, visiter en très-grand détail lesyerreries vénitiennes. Ön fabrique encore a Venise el dans Pile de 'Mur
rano des verres a vitres, de la gobelelerie, des vertes filigrahës, des pains d’émaux, de 1’aventurine que les verriers de France et d’Allemagne ne sont pas encore parvenus a produire en masses aussi régulières; enfin, des perles. C’est ce dernier article qui conslitue une fabrication importante, dont les détails de main- d’ceuvre sont curieüx, même pour les verriers.
Nous ne parlerons ni de la composition ni de la fonte de la matière de ces perles, blanches ou colorées: ce serait rentrer dans des sujets déjè traités; nous dirons seulement que les verreries de Venise, comrae celles de Bohème, n’emploient que de très- petits fours et de pelits creusets*.
Lés perles sont faites avec des tubes de verre blanc oucoloré de différentes grosseurs. Pour faire ces tubes, le verrier cueille avec un ferret ou pontil une portion de vérre dans le creuset,il le marbre et en fait ainsi un cylindre assez court, dont il creuse 1’ex- trémitó, puis il rechauffe a 1’ouvreau, en ayant söin que le trou formé se conserve dans le centre; qüand ce cylihdre creusé est suffisamment chauffé, un aulre ouvrier présente un pontil pour y fixer rextrémitè du verre, et les deux ouvriers s’éloignent 1’un de 1’autre eri courant le long d’une galerie qui est a cóté du four et qui a plus de 50 metres; ils réduisent ainsi ce verre ductile en un
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long tube plus ou moins fin et percé dans toute sa longueur. Pöur les petites perles, ces tubes sont tirës d’une longueur de 50 metres environ. La finit le travail du verrier; des femmés sont ensuite occupées n trier les tubes de manière a les assórtir par égale grosscur, après qu?ils ont été coupés a dés longueurs dé 60 a 80 centimètres
Les tubes, divisés par grosseurs, sont ensuite coupés en petits fragments d’égale longueur. A eet effet, on se sert d’un banc ho¬rizontal sur lequel ést fixé perpendiculairement Un ciseau d’acier de 8 a 10 centimètres dé longueur, en avant d’un disque régula¬teur éloigné dü ciseau d’une distance égale a la longueur qu’on veut donner aux perles, Un 'ouvrier, se méltant a chéval sur le banc, prönd un certain nömbre de tubes dans Ia main gauche, les pose horizöhtalëmërit sur le ciseau, è. cóté les tins des autres
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1 Nous avons v précédemment que, pour faire des tubes, on marbrait et souf- flait le verre avant de le tirer; pour les perles, an lieu de souffler, on fait un creux avec un outil de fer: sans doute par cede méthode on refroidit moins le verre, et on peut le tirer en un tube bien plus fin.
PERLES.
et de manière que Fextrémité sappuie contre le disque, puis, avec un autre ciseau pareil qu'il ticnt de la main droite, ildonne rapide- ment de pelits coups secs sur les tubes qu’il pousse a mesure de la main gauche etqui se trouvent ainsi tous coupés de même mesure.
Depuis quelque temps, on a construit une machine qui rem- place avantageusement l’ouvrier: les tubes viennent, au moyen de cette machine, se présenter sur le ciseau fixe, et l’autre ciseau frappe régulièrement sur les tubes ct les coupe au fur et a me¬sure qu’ils avancent. „ - .
Ces petits fragments, ainsi coupés, sont des petits cylindres creux : les bords sont a vive arêle ; il s’agit de les arrondir, ope¬ration qui se fait au feu; maïs préalablement, et pour que la température a laquelle ils seront soumis ne Louche pas les trous, on met tous ces petits fragments dans un mélange de chaux et de charbon réduits en poudre trës-fine et un peu hümectée d’eau, on brasse les verres avec ce mélange, et il en résulte que la poussière pénètre dans Tintérieur de ces petits cylindres et les bouche momenlanément. Ainsi préparés, on les met dans un cy- lindre qui est quelquefois en fonte, d’autres fois en fer laminé ou même en cuivre rouge, et on y verse aussi du sable fin et quel¬quefois du charbon en poudre, on introduit ce cylindre dans un four assez fortemênt chauffé, dans lequelonlui imprimeun mou¬vement de rotation, Taction du feu émousse les arêtes et arrondit les perles. On retire le cylindre, on verse les perles, on les laisse refroidir; puis, au moyen d’ün tamis fin, on sépare les perles du sable; et enfin, pour faire sortir le mélange qui avail été introduit
dans les tubes, on les met dans un sac ou. on les secoue fortement.
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Après avoir arrondi les perles, on lés fait passer sur des tamis A mailles plus ou moins serrées, on les divise ainsi par grosseurs, puis, pour séparer celles qui auraient été imparfaitement arron- dies, on les met sur un plateau uni, que Ton incline légèrement de manière a faire rouler celles qui sont bien rondes et è retenir celles qui doivent être rebutées.
Ces perles, ainsi rangécs par grosseurs, ont encore besoin d’être polies et, pour cela, on les secoue d’abord dans un sac avec du sable, on sépare ensuite le sable au moyen d’un tamis et
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enfin on les secoue dans un autre sac avec du son, et elles re- prennent ainsi le brillant qu’elles avaient perdu.dans ropération de 1’arrondissage.
Les perles sont enfin livrées a des femmes qui, au moyen d’ai- guilles longues très-fines, les enfilent et les rassemblent en éche- veaux qu’on appelle masses, de diverses grandeurs selon la gros- seur des perles.
Il y a aussi a Venise une fabrication assez importante de perles a la lampe d’émaillcur, c'estun travail aussi très-intéressant. Les ouvriers, je dois plutöt dire les artistes, emploient gónérale- ment, non pas des tubes, mais des baguettes ploineS que leur foürnissent les venders. It est difficile, avant de 1’avoir vu, d’ima- giner avec quelle adresse ils confeclionnent avee ces baguettes de verre cette infinie variété de perles qui ont généralement un réel cachet de style oriental.
. Plusieurs émailleurs de Venise, au lieu de Fancienne lampe a huile, emploient un jet de gaz d’éclairage, ce qui est un grand perfectionnement.
TAILLE ET GKAVÜRÉ.
Pour terminer ce qui concerne le travail du cristal, il nous reste a parler de la taille et de la gravure.
La taille est un complément important d’une fabrication de cristal et occüpe Un nombreux personnel; il n’y a presque pas de pièces sorties des mains des venders qui n’ai en ta passera l’a- telier de taille, ne ffit-ce que pour effacer la marque du pon til; puis il y a les tailles depuis la simple cóte plate sur le fond d’un gobelet ou d’une carafe, jusqu’aux ciselures les plus riches, qui rehaussent encore la valeur du cristal, non-seulement par cette ornementation ajoutée, mais aussi par le brillant et le jeu de la lumière qui résulte de ces tailles.
Le travail de la taille des cristaux est divisé en trois opéra- tions, qui sont 1’ébauehe, le douci et Ie poli; ces trois divisions du travail se font au moyen de disques de matières différentes, montés sur des tours. On ébauche sur une roue en fer ou én fonte de fer, sur laqueïle tombe goutte a goutle de Peau mêlée de sable dur, ou grès pilé; le douci se fait sur une meule en pierre sili- ceuse d’un grain très-fin, sur laqueïle tombe, goutte a goutte, de 1’êau; le poli est obtenu au moyen d’une meule en bois, ordinai- rement en bois de peuplier, ou autre essence du mêmé genre, coupé en rondelle, avec intervention de pierre ponce pilée hu-
TAILLE ET GllAYÜRE. 617
mide. Quelquefois, au lieu de rondelles, on emploie des disques com posés d’onglets en bois reliés ehtre eüx dans un noyaü cen-tral. Pour ün poli plus fini, on emploie une meule déliége avec intervention de potée (oxyde de plomb et étain) ou de rouge d’An- gleterro, com me pour les glacés. Quelquefois on polit avec une roue de plomb, et enfin on emploie, mais rarement, une brosse circulaire.
Autrefois le tailleur tournait son tour au pied : c’était un four en l’air, en ce sens qu’il imprimait la rotation a un axe central terminé par une douille creuse dans laquelle entrait et était; fixé 1’axe des roues de fer, pierre ou bois. II n’avait pas, d’ailleurs, la main aussi sure, étant constamment dérangé par ce mouvement de la jambe. Mais, depuis longtemps, les fabriques ont adapté a Ieurs tailleries une force motrice, soit roüe bydraulique ou ma¬chine a vapeur, qui met tous les tours en mouvement; les ouvriers ï n’ont alors qu’è présenter leur pièce a Taction des meutes tra-
3 versées par un axe central, et ne sont pas dérangés parle mouve¬
ment du pied; on peut d’ailleurs employer ainsi des meules d’un
? plus grand diamètre et agissant avec plus d’énergie et présentant
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un are de cercle plus plat que quand le diamètre est moindre.
{ La machine fait mouvoir, dans chaque atelier, une grande
. poulie sur laquelle est une courroie qui fait mouvoir un arbre
| horizontal qui, lui-même, porte un grand nombre de petiles pou-
i lies qui, au moyen de courroies, font tourner les meules de chaque
Ij tailleur, de telle sorte que tous les tailleurs sont indépendants les
uns des aulres.
3 Les tailles plates, telles, par exemple, que le plat des flacons
ii carrés, s’opèrent sur des meules horizontales, dites meules d
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j fletter, et bien entendu se font avec les mêmes séries de meules que j les autres tailles, c’est-a-dire ébauchage a la meule de fonte, douci a la meule de grès, poli a la mêüle de bois. Le travail de
I la lustrerie, c’est-a-dire les bouchons lustres, les péndeloqüesdé 1 lustres, s’opère aussi a plat, mais, en general, ce travail est fait
'ffl.
I par des femmes qui se servent quelquefois de meules vèrti-
cal es, et travaillent sur le cóté de la meule.
1 *
Avant de quitter la taille, nous devons dire comment se fait le j bouchage de carafeSi Sur un tour ordinaire de tailleur, est monté un mandrin en bois ayant au centre un ereux dans Iequel on peut entrer è force la tête du bouchon dont la douille a été jugée
pouvoir s’adapter dans le gouloi de la carafe sans un grand tra-vail, on fait couler de 1’eau et du sable sur la douille, et le tail-leur, tenant la carafe horizonialement de la main droite, présente le goulot a la douille, avance peu a peu et recule. L’action du sable entre la douille et le goulot les use peu a peu et les ajuste ainsi jusqu’a ce qu’on ait entré le haut de la douille jusqu’au bord du goulot. On conjoit que, pour la facilitédel’opération, la douille du bouchon et le goulot de la carafe ont du être fails par Ie verrier légèrement coniques. Si on veut un bouchagé poli, après avoir ajusté au sable, on emploie de 1’émeri de plus en plus fin.
Le travail de la gravure est fondé sur le même principe que la taille, mais ici il s’agit d’un travail plus tin, la matière du verre est généralement a peine entamée par la gravure. C’est sur le tour, comme la taille, que s’epère la gravure, mais les meules ne sont plus que des roues en cuivre rouge, d’un trés-petit dia¬metro, depuis 3 millimetres, par cxemple, et rarement de plus .de 10 centimètres. II y én a qui n’ont guère qu’un milli¬metre d’épaisseur; d’autres jusqu’a 6, 8 millimètres, quelquefois dayantage, Dans Ie travail de la gravure, la roue ou meule est un crayon, ou pour mieux dire, un burin fixe aveclequél on des- sine sur la surface du verre; mais au lieu de dessiner ou buriner sur une matière immobile, c’est au contraire le burin qui est fixe, et la matière a graver que 1’on présente a ce burin en la contournant de manière a prodüire le dessin.
On peut dire que la gravure n’ajoute pas a 1’éclat du cristal, aussi a-t-elle été plus en vogue autrefois sur la gobeleterie fran- gaise, et s’esl-elle maintenue en grande faveur sur le verre de Bohème. Quand Ja gravure est très-hien faile, c’est alors un objet d’artdans lequel la matière n’est plus qu’un accessoire. Le plus grand usage de la gravure en France a été applique aux cris- taux d’óclairage, c’èst-a-dire pour les boules de lampe, garde- vue, lanternes de diverses formes, etc. Et pendant que nous parlons des pristaux d’éclairage, nous devons dire ici comment on fait le dépolissage des boules et autres pièces d’éclairage.
Si la boule ou autre piece doit être dépolie extérieurement, on la place entre deux mandrins d’un tour, et pendant qu’elle tourne entre les deux mandrins, 1’ouvrier, ayant en main un morceau de tóle, appuie successivement sur loutes les parties qu’il’veut dó-
polir, en interposant constamment du sable mouillé entre latóle et le verre. L’adresse deTouvrier consjste a produire tin grain fin et égal sur toutes les parties^ Si sur cette boule ainsi dépolie le tailleur taille et polit des étoiles, ces étoiles paraltront brillantes sur un fond mat.
Le moyen qu’on a employé pour dépölir intériéurémeiit les boules a consisté a les emplir au tiers de petits graviers ou cail- loux avec de 1’eau et de 1’émeri. Cé mélange étant introduit dans la boule, on bouchait le trou avecun boücbön dé liégo et on agi- tait la boule dans tous les sens: par ce mouvement, lés cailloux agissant sur la surface intérieure du verre avec 1’interposition de Pémeri, dépolissaient eritièrement 1’intérieur aü bout dé quelques heures; mais ce travail d’agitation sur cbaqüe boule devenait ' dispendieux; alors on a imaginé de faire de grandes c&isses de 4 a 5 metres de long, montóes horizon la lemen t sur deux axes; on remplit du mélange d’eau, d’émeri et dé cailloux trènte, qua- rante ou cinquanfe boules, suivant leur diamètre, auxquelles on adapte des houchons, on emballe ces boules avec du foin dans la caisse, puis on fait tourner la caisse sur ses deux axes au moyen d’une manivelle. Au bout de quatre a cinq heurés, On cesso lo mouvement, on déballe, débouche et vide les boules, qni Se tröu- * vent dépolies inlérieureinent, d’un grain très-fin et très-égal. Ces boules n’ont qu’un trou, elles sont telles qu’elles ont été tran- chées par le verrier. Peur faire les trous convenables pöüf le passage des cbeminées de lampe, on monte sur le tour Un man- drin cylindrique en tólé, dont le bord est découpé en scïe et dü
diametro du trou qu’on veut percér, et Pouvrier ayant marqué les deux places oü doivent être percés les trous, prend la boulé de la main droite et la présente centre le mandrin, sur lêquèl il jette de Peau et du sable avec la main gauche: peu a peu le man¬drin pénètre dans le verre et y détaché un disque de son dia- mètre. Lorsque les deux trous sont ouverts, les boules sont livrées aux graveurs, si elles doivent recevoir ce complément de travail.
GRAVURE DES CRISTAUX PAR LACIDE FLÜORHYDRIQUE.
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*
Depuis longtemps on connaissait Paction de 1’acide fluorhy- drique sur le verre, mais cette actiën n’ólait guère utilisée*que
dans Ia peinture sur verre, pour enlever par places, sur du verre doublé en rouge, bleu ou jaune, la couche de couleur et produire ainsi des ornements, une broderie, parexemple, sur un fond co- loré. Les fabricants anglais ont les premiers appliqué en grand la gravure du verre par 1’acide fluorhydrique è la decoration des vitres blanches ou colorées, et surtout des glacés. Ces gravures sur des glacés polies produisent une ornementation en quelque sorte argentée d’un grand effet. Nous en parlerons au livre Vil.
On aurait pu s’étonner qu’on n’eflt pas appliqué ce genre de decoration aux cristaux, et surtout dans le pays ou cette gravure était journellement employee pour des vitrages. Ce n’est qu’après FExposilion universelle de 1855, et en France, qu’on a appliqué aux cristaux cette nouvelle decoration. 11 est vrai que, sJil eüt fallu, pour chaque verre qu’on voulait décorer, recouvrir ce verre d’une couche de vernis inattaquable par 1’acide, graver a la pointe cette couche pour mettre a nu le cristal oh 1’on voulait faire pénétrer 1’acide, puis enfin le soumettre a Faction de eet acide, cette sorte de gravure aurait été plus dispendieuse que la gravure a la molette dont nous avons parlé.
Cette gravure a 1’acide n’est done devenue pratique qu’en y joignant 1’impression, et c’est & M. Kessler qu’on doit cette appli¬cation, On avail transporté sur verre plat des impressions sur papier avec couleur inattaquable a Facide pour multiplier ainsi des gravures, mais M. Kessler n’en avait pas connaissance, et 1’eflt-il même connu, il devenait réellement invenleur lui-même par une application de 1’impression sur surfaces courbes, qui con- stituaii une source nouvelle très-productive d’ornementation pour les cristaux.
La gravure sur métal ou sur pierre lithographique représente la partie qui doit être réservée, c’est-a-dirc mise a 1’abri de Fac¬tion de.Facide; cette gravure doit être assez creuse pour donner de la puissance a la couche de substance préservatrice; cette sub¬stance, qui est Fencred’impression, est composée de :
2 parlies d'acïde stéarique,
5 — de bitume de Judée,.
5 — d’essence de térébenlhiue.
' Le papier sur lequel on imprime doit avoir été préalablément mduillé légèrement avec de 1’eau de savon, ce qui em pêche
1’adhérence de 1’encre au papier, de telle sorte que, qüand on a appliqué le papier sur le cristal, on peut enlever le papier, et toüte 1’encre reste fixée sur 1e cristal. Cette impression n’est des- tinée è préserver que les parlies voisines de la gravure qu'on veut opérer sur le cristal; les parties plus éloignées, les cols, pieds des vases, etc., sont simplement recouverts au pinceau d’une couche de la même encre, et, quand cette encre est sèche, on soumet les pieces au bain d’acide fluorhydrique pendant Ie temps jugé nécessaire a 1’opération. Quand la gravure a 1’acide fluorhy-drique est employee sur des cristaux a deux couches, on 1’opère souvent en deux fois, de manière a enlever d’abord une demi- couche qui donne une demi-teinte que 1’on recoüvre par places d’encre protectrice pour un enlevage subsequent de toute la couche colorée.
L’action de 1’acide fluorhydrique produit une gravure brillante qui est d’un joli effet sans doute, mais il était désirable d’obtenir aussi une gravure mate, et c’est ce résultat qui a été Obtenu aussi par MM. Kessler, Tessié du Motay et Maréchal. Leur procédé consiste a saturer de 1’acide fluorhydrique par du carbonate de soude ou de Fammomac; on prend cette dissolution un peu con- centrée et on 1’acidule par 1'acide faible chlorhydrique. C’est cette solution qu’on emplóie pour ia gravure du cristal, sur lequel il se forme un léger depót de fluosilicate de potasse. Ce dépót de petits cristaux alternant avec les parties entamées par la solu¬tion, constitue le dépoli mat qui est d’autant plus fln que 1’opé¬ration a été menée plus lentement, et a eet effet les pieces è graver sont montóes sur un axe qui, par sa rotation lente, fait alternativement plonger dans le bain et en sortir les pieces de cristal soumises a 1’opération. Un seul moteur met én mouvement les axes de toutes les pieces a graver, en sorte que cette opération se fait très-éconómiquement.
Les cristalleries de Baccarat et de Saint-Louis ont donnéun immense dóveloppement a ce nouveau genre de gravure.
GOBELETERIE.
Après le cristal, c’est, sans contredit, le verre de Bohème qui tieut le premier rang parmi les autres verres. Cette supériorité, due a sa blancheür et b son excessive pureté, lui a conservó la
répulation qui lo faisait rechercher sur les tables les plus somp-tueuses. Cette blanchéur pêle se mariait harmonieusement avcc la dorure dont étaicnt ornës les services de luxe. Ces verres sont même recherchés encore aujourd’hui, malgré la supérioritó de 1’éclat'-du cristal. On congoit done, jusqu’a un certain point, que FAIlemagne n’ait pas renonce a cette fabrication pour faire du cristal è Pinstar de i’Angleterre et de la France. Toutefois, a mé¬sure que le cristal se perfectionnait, les Allemands s’efforcèrent de maintenir leur rang dans la production du verre; ils parvinrent, par des additions de gravures soignées faites d’abord sur le verre blanc lui-même, puis sur des médaillons teints en jaune et par d’autres combinaisons heureuses de verres de couleur, a créer de nouveaux débouchés a leurs verreries. Les fabricants de cristaux en France, puis ceux d’Angieterre, se sont aussi adonnés a la fa-brication des cristaux de couleur, maïs on peut dire qu’ils n’ont jamais qu’è peine égalé les verriers allemands, qui d’ailleurs ont toujours eu le mérite de Pinitiative dans toutes ces productions
de fantaisie. Toutefois, le verre blanc forme toujours la base principale de toute la fabrication de la Bohème; et bien que,
comme nous 1’avons dit, le cristal lui soit très-supérieur, c’est
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encore le verre dé Bohème qui, dans les exportations de verre, pré¬sente le chiffre le plus élevé, en raison du rapport du prix a la qualité. Nous disons verre de Bohème comme terme générique, car il y a aussi des verreries de ce genre en Prusse et en Bavière; mais en Prusse elles sont principalement situées du cóté de Lei- guitz, pres de la crête des montagnes qui séparent la Bohème de la Silésie; par exemple, la verrerie de Josephinenhutte, appar- tenant a M. le comte de Sehaffgotsch, si habilement dirigée par M. Pohl; et en Bavière dansles environs de Walmunchen et de Zwissel, aü pied des montagnes qui séparent la Bavière de Ja Bohème, la verrerie de Theresientahl, par exemple, 1’uno de celles qui fabriquent les plus beaux verres d*AlIemagne.
La composition du verre de Bohème a été, dans plusieurs ou- vrages, mentionnée assez inexactement; a eet égard les persorines compótentes ont du reconnaltre ces erreurs, mais on peut se fier a la composition que nous allons donner, qu’on peut regardèr comme une moyenne;
Sable provenant de quartz élonné et pilé... 100
Carbonate de potasse 38 b 42
Chauxéteinte,. 48 - ‘
Nilrate de potasse.......... ..... 1,25 =
Arsenic. 0,75
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II est clair que d’une verrerie & 1’aulre et mém© dans cliaque verrerie, il y a des variant©?, mais s’éloignant peu des proportions ci-dess»s; il y a des verreries ph Fon ajoute un peu de minium et oil 1’on compose ainsi: . .
r ■ ,, J r ■ ,
Sable provenant de quarlz étonné et pile -. - 100
Carbonate de potasse- « 38 a ' 4Ö
Ghaux éteintè ♦ 18
f ■ r
Minium. 2,50
Nitrate de potasse, 1,25
Arsenic. 0,75
Cette composition même diffère bien peu de la précédente; foutes ces matières étant très-pures et étant fondues au bois, don- nent un produit très-blanc. .
Les venders de Bohème qui onttant de goAt, qui ont, pour ainsi dire, tant d’imagination dans la variété de leurs produit?, sont toutefois reslés ’assez routiniers dans leurs moyens de pro¬duction ; ainsi ils ont toujours de très-petits fours, dé petits pots qui contiennent a peine 150 kilogrammes de matière, etquand ón voit leurs ouvriers travailler avec des outils en rapport avéc cés fours et ces pots, on est étonné qu’ils puissent fabriquer ces pièces qui ont parfois surpris les venders étrangers dans les expositions Internationales. ■
' I
La composition du verre dé Bohème indique un verre quidoit Atre très-raide a travailler, le verre a la potasse étant heaucoup moins ductile que le verre k la soüde ; aussi, d’une part, la fonté est généralement longue, vingt-cinq è trente heures, et les ver- riers ne font guère que quatre travaux par semaine; et, de plus, cette rigiditó du verre de Bohème a. ëté la cause du mode de travail qui y est univcrsellement adopté, et qui consist© è ne pas prendre au pontil les gobelets, les verres, ni même les carafes et a coupcr et fletter les bords a froid; cJest en même temps ce qui a amené ï’usage des moules en bois.
On avait bien remarquó depuis longtemps que toüs les verres de Bohème, au lieu d’avoir un bordrebrulé aü feu, avaient ce bord flettéou biseauté k laröue: on pensait que les verreries dq ce
624 LIVRE V- — CRISTAL.
pays croyaient ainsi donner une meilleure apparence a leurs verres, raais on no savait pas que c’était, pour ainsi dire, unè nécessité de fabrication. Les verres de Bohème, par cette raison, ne portent pas do traces de pontil. La fabrication des verres et gobelets dans les moules en bois et la suppression da pontil donnentaux verres dë Bohème une netteté que n’atteignent jamais les verres rogues au feuet ouverls avec les fers; c’est encore la un avantage de ce mode de travail qu’atteignent toutefois nos meilleurs ouvriers, quand, coniine nous 1’avons remarqué, ils touchent a peine la coupe du verre avec les lames de bois.
Cette fabrication de Bohème dans les moules en bois avec ab-sence d’empónlillage,simplifie beaucoup le travail; généralement une place ne se compose que d’un ouvrier, d’un grand gamin et d’un petit gamin. S’agit-il, nous supposerons, de faire un verre a pied, le gamin prend, au bout d’une petite canne, un petit cueillage de verre, 1’arrondit a la palette et le souffle, ce qui fait une petite paraison grosse comme une noix (toutes les pieces com men cent par cette petite paraison., soufflée par le gamin). L’ouvrier prend cette paraison et fait dessus un nouveau cueillage, puis, tenant la canne sur un crochet avec la main gauche, il prend de sa main droite un petit bloc a manche, avec lequel il arrondit son verre, puis il le souffle. Nous ferons remarquer ici que le verrier alle- mand ne marbre pas son verre, toüjours & cause de sa rigidilé. Nous ne süivrons pas plus loin la description de ce travail, ce serait rentrer dans les détails que nous avons donnés fort au long; nous dirous seulement que généralement les ouvriers de Bohème, au lieu de s’asseoir sur un banc garni de bardelles pour tourner leurs pièces, n’ont qu’un simple escabeau, et que les bardelles ne sont autres que deux ban des de bois fixées sur leurs cuisses et sur lesquelles ils roulent leur canne de la main gauche.
Nous ne nous étendrons done pas da vantage sur le travail du verre de Bohème, il nous a suffi de constater certaines particu- larités qui le distinguent; mais nous engagerous toujours le fa-bricant qiii se livre a Findustrie verrière S. ne jamais rester étranger aux diverses pratiques des verriers allemauds; a cótó de certains procédés qui, a tels égards, paraissent primitifs, il aura. toüjours a y remarquer certains tours de main etdes combinaisons qui lui prouveront que ces verreries continuent d’occuper un rang distingué dans cette industrie.
La Belgique, dontles verreries oceupent une place très-reeom- mandable dans le commerce des verres, fabrique des verres & vitrès d’une bonne qualité moyenne; ses glacés sont fort belles, mais on doit convenir que ses cristaux sont généralement moins beaüx que ceux d’Angleterré et de France; est-ce paree que les fabriques . dé cé pays tendentau bonmarché ? Peut-êlre est-ce la vraie cause, et c’ést sans doute le même motif qui a amené dans ce pays la fabrication du demi-cristal, avec lequel on fait les mêmés formes que le cristal et que 1’on vend pour ^exportation <t d’assez grands rabais. Ce demi-cristal a presque le même son que le cristal, paree qu’il contient une assez grande quantité de plomb; il est géné¬ralement assez bien fondu, mais a ordinairement une tcinté assez
« a sombre, c’est-è-dire un gris bieuêtre qui dans les pièces minces, comme les verres a pied, n’est pas très-choquanté, mais qiii ést peu agréable dans les fonds de carafe et dans toutes les parties qui présentent un peu d’ópaisseur.
La composition suivante estcelle d’un fabricant qui a fait d’assez grandes quantités de cetteespèce de verre :
Sable, blanc.. 100
Minium . 331/3
Carbonate de soude 25
Carbonate de potasse.. 7
Chaux éteinte.. 8
Nitrale de potasse 2 .
Arsenic. 1
Groisil de cristal 20
Groisil de la fabrication du demi-cristal,. 100 a 150
A la fabrication ci-dessus, ce fabricant ajoutait ordinairement:
Oxvdc de manganese 0,75
Oxyde d’anlimoine 0,20
Azur 0j05
Nous devons avouer que nous préférons du beau verre blanc è ce demi-cristal dont les fabricants beiges avaient entrepris la fa¬brication en partie pour utiliser des groisils do cristal qu’ilsne trouvaient pas assez beaux pour les faire rentrer dans les compo¬sitions.
En France, les perfectionnements apportés dans la préparatiou et la purification du sel de soude ont amené.la fabrication d’une
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626 LIVE? y. — CRISTAS
gobeleterie d’une assez belle qualité. J/ancienne verrerie fran- gaise analogue & celle de Bohème, et composes de sable et de salins *, auxquels on mêlait un peu de soude, pour ayoir un verre plus doux, devenait, par les perfectionnemenls du cristal, d’un prix relatiyement élevé; 1’emploi du carbonate de soude et ensuite meme du sulfate de soude épuré a fait rentrer la fabrication de la gobeleterie frangaise dans des conditions de bop jgarché, tout en produisant uu verre d’une assez belle quality. Nous croyons inutile d’enlrer dans les détails de colte fabrication; comme composition, nous n’aurions qua reuvoyer a. ce que nous avons ditpour les glacés. Le perfectionnement des fours de fusion et le haul titre du carbonate de soude out permis de fondre du verre a pots couverts et de 1’obtenir ainsi plus blanc que celui des glacés, et quant au travail, il s’opère d’après les procédés em¬ployés pour le gris lal,
La gobeleterie a une très-grande importance commerciale; getto fabrication atlcint, en France, un chiffre plus élevé que celle du crislal, ct avec le degré de perfection au quel elle est parvenue on peul ètre certain qu’elle se maintiendra dans eet état florissant. On fait encore en France des verres d’une qualité inférieure et qu’on trouve désignés, dans 1*Encyclopédie et d’autres ouvrages sur le verre, sous le nom de verre en cZmméoMrfu ou pivette; ce sont ces verres dont on fait les verres et carafes de cabaret, les fioles de médecine, rouleaux pour sirops, etc.; mais les verreries mêmes qui fabriquaient autrefois ces sorles d’arlicles ont suivi le progrès génóral, depuis qu’elles pot pu employer des fondants perfectionnés; il ne se fabrique plus guère aujourd’hui de ces petits go belets polygonaux verdétres qu’on appellait mazarins ; les cabarets les plus infimes versent lé vin aux consommateurs dans des gobelets d’un verre sinon très-blang, du moins bien fondu, et les fioles des pharmaciens sont généralemenl d’un assez beau
verre ; ces fioles et les flacons de chimie se fabriquent en grande
par tie dans des verreries, qui refondent des groisils qu’elles achè-
tent dans les grandes villes ; a ces groisils on ajoute, une petite
quantité dn composition neuve; il y a un assez grand nombre de
t Nous avons dit que 1'on appelait salins, dans les verreries, lie produil non passé au four de la lixivialion des cendres, c’est-é-dire qu carbonate de potasse raèlé de sulfate et d’une petite proportion de matière charbonpeuse.
l
ces verreries dans la Seine-ïnférieüre, dans la Sarthe: on y fait les vases de chimio, les tubes, les cornues et un grand nombre de cheminées de lampe. On se plaint, dans les laboratoires, qüe les tubes et autres appareils devant aller au feu résistent beaucoup moins bien a de hautes temperatures que les mêmes articles ve- nant d’Allemagne, ce qui ne doit pas surprendre, d’après ce que nous avons dit des compositions: les verros d’Allemagne sont fondus a la potasse et conséqüemment très-réfractaires, tandis que les cristaux, d’une part, sont trés-fusibles, et les verres mêmes qui ne conliennent pas d’oxyde de plombsont fondus è la soude, ce qüi produit une matière beaucoup moins rigide. Une verrerie frangaise qui voudrait fondre du verre a la potasse pour la pro¬duction de ces articles.serait obligee d’enfourner cette composition dans tous ses pots, car on ne pourrail pas fondre dans un pot du verre a la potasse, et dans les autres du verre a la soude, paree que ce dernier serait fondu longlemps avant 1’autre; ce serait done toutun changement d’organisation qui trés-probablement n’aurait pas une compensation suffisante dans la vente des articles de labo- ratoire. On disait autrefois : II faut s’efforcer d’arriver è ce résultat, pour affranebir le pays d’un tribut payé a 1’élranger; mais on comprend aujourd’hui que la prospérité générale résulte de la plus grande masse possible d’échanges internationaux, et que, pour Partiele icï en question, il vaut mieux I’acheter dans le pays oü sa fabrication est normale et se rattache au système de com¬position adopté dans ce pays, que de le produire a un prix très- élevó et en dehors du mode general de fabrication.
VERRES DE MONTRE.
Nous ne devons pas négliger de parler des verres de montre dont la production est très-intéressante au point de vue des pro¬cédés de fabrication et de Texlrême bon marché qui est résulté de ces procédés. Nous dirons toutes les transformations qu’a subies cette fabrication. Autrefois les verres de montre étaient simple- ment des segments de sphère enlevés sur des boules au moyen de
cercles de fer rougis au feu. Le bord de ces segments était régu-
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larisé a la meule. L’opération était très-simple, mais il fallait prendre ces verres sur des boules d’un diametro relativement
UVBE V. — CRISTAL.
assez petit, de 6 a 10 centimètres, pour quo la flèche füt assez grande pour permettre Je mouvement des aiguilles ; des boules d’ón diamètre de 20 a 25 centimètres de diamèire auraient donné
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des segments trop plats. On avait ainsi beaucoup de matiëre perdue et des verres de montre d’un bombé disgracieux. L’in- venlion des montres a cylindre, qui permeltait de les fabriquer beaucoup plus plates, rendit plus sensible 1’inconvénient de ces verres bombés; on fit alors, pour les montres de luxe, des verres chevés, c’est-a-dire que, dans une plaque ronde de cristal du diamètre voulu et d’une certaine épaisseur, on creusait, on che- vait, a la roue de graveur, Pexcavation nécessaire pour le pas¬sage des aiguilles, on polissait ensuite ce creux et on ajustait le bord, en le rendant apte a être regu dans la rainure ou drageoire du couvercle de la montre. Les horlogers vendaient alors ces verres de 3 a 5 francs piece. Ce prix si élevédevaitnaturellement engager les inailres des verreries a fabriquer des verres d’un
moindre prix, et pour cel a, ils fir ent souffle r des espèces de fiolesa ■
fond plat ou presque plat (fig. 148), de diamètres variés et dont Je rëbord du fond, coupé au fer chaud el usé a la meule, formait la partie qui de-
' \ vait s’ajuster dans la rainure de la mon-
! tre; ces petites fioles étaient soufflées
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i très-rapidement et pouvaient être livrées / a un prix extrêmement modique; mais s' il fallait souffler une piece pour cbaque verre de montre, il y avait done et beau¬coup de travail et beaucoup de verre fondu pour un très-faible résultat, et ns. toutefois on arriva, par ce moyen, ü li-
vrer au commerce des verres qu’on appelait chevés, è raison de 60francs la grosse. Le procédé que nous allons déerire et que
nous avons vu pratiquer dans 1’intéressante usinedeMM. Walter- Berger, a Goelzenbruck, a été un bien grand perfectionnement dans la fabrication des verres de montre. II avait élé imaginé par des fabricants de. Genève; il consiste a mouler les verres de montre pris, com me autrefois, sur dés boules, dans des moüles
creux. ■
Les boules ayant été fabriquées dans les dimensions conve-
nables pour les divers diamètres de verres chevés, oncoimnence
par découper sur ces boules des segments de sphere, nonplusau moyen de cercles de fer rougis au feu, mais au moyend’un dia¬mant monté commc 1’indique la figure 149. AB est une tige mé- lallique repliée en A C a un
angle légèremenl aigu et armée a 1’extrémité C d’un diamant fixé de manière a se trouver sur sa coupe quand la tige AB est mue circulairement autour
d’un point de centre pris sur «feu»,
un des.points de sa longueur. Sur celte tige AB glisse une par- tie DE, dont la partie D forme enmême temps manche et vis de pression pour être fixé sur un point déterminé de la tige AB, gra- duée en millimetres; 1’autre exlrémité E de ce manche, mobile autour d’un axe, est terminée par une petite surface concave en feutre ou en cuir, et sert de point d’appui sur la surface convexe de la boule.
Le diamètre des verres a couper, étant déterminé par la position de la partie DE sur la branche A B, on pose la partie E sur la boule, la partie D dans la paume de la main droite, la boule dans la main gauche, et, tournant les deux mains en sens inverse, on fait parcourir au diamant C un cercle entier; le verre de mon- tre se trouve ainsi tracé, mais non détaché. On comprend quo la partie A C est légèrement inclinée sur la direction AB, pour qüe le diamant se trouve, dans sa course, perpendiculaire a Ia surface convexe de la sphere. On trace de cette manière dix cercles sur la convexité de la boute, dont un opposé au trou de canne, cinq sur une zone se rapprochant de ce trou et quatre autour du trou de canne. Quand ces dix cercles ont été tracés, il s’agit d’abord d’en detacher un, ce qu’on fait en impriinant de petils chocs secs autour d’un des cercles; quand un premier rond a été détaché (c’est le plus long et le plus difficile), l’ouvrière introduit le pouce en dedans de la boule par Touverture du premier verre et prend un deuxième verre entre le pouce intérieurement et deux doigts extérieurement, et pressant légèrement dii, dedans au deliors, ce deuxième verre se détaché aisément, et ainsi de suite. Ces verres sont ensuite triés, classés et portés au four è chever, ou. on donne aces segments de sphère la forme de verres chevés, c’est-a-dire une surface presque plane, recourbée seulement sur les bords.
630 LIVHE v. — CHISTAL.
Cëtté formë së dónne dans des moulés ayant intérieurement la förme Voulue, ressemblant a des godêts d’aquarelle; ces moulés sónt en lerre réfractaire très-fine, ils sörit parfaitement unis inté¬rieurement, on peut même dire polis (mais non étnaillës). Les fours a chever söht chauffés au coke; ils cóntienrient tme pétilè moufle dans laque11e se fait 1’opération.
, Les outils pour ï’opératiön de chever lè verre soill:
1° Le moule dónl nous venons de parlér : ilfaut nature llem én t un moule pour chaque dimension ;
2° Un petit crochet avec lequel Poüvrier póussë le moule dans la moufle et le retire sur la table (plaque de terre réfractaire posée en avant de la inoufle), qüand lè verre est suffisarftment chaud, et ihaintient ce moule fixe quant! il presse sur le verre dans le moule ; .
3° Üne petite tige de pölissoir en fer dont une extrémité est re- coürbée a angle droit et pointué de manière a pouvoir se piquer dans le pölissoir;
4° Les polissoirs sont des petits tampons ou cylindres en papier maché d’environ 2 centimetres de diamèlre et 2 centimetres et
demi de hauteür, d’une paté bieu homogene né cöntenant pas dé parcelles de corps durs qüi rayéraïent le vérre : Poüvrier a uné provision de ces petits polissoirs a cötë de lui;
5Ó Ün petit sachet cöntenant une poudre impalpable de chaux et d’argile. '; ' •
L’óüvrier sêCóue un pèu ce sachet sur le moule, prerid un vérre, Ie pose éxactémêut sur le moule dü cöté du convexe, poussé avec lé petit crochet lë moule dans la möuffle, le retire stir la table quand il vöit que lé verre est suffisamment chaud, et, appuyant avec le pölissoir sur tóütes les parlies du verre, il fait prendre a ce.verre la forme exacte de Pintérieur du moule; il renversece moule dönt le verre se détaclie (au moyen de la poudre inter- pösëö) et ést émpilé avec les verros précédemment moulés. La recuisspn ri’est pas nécessaire, vu la minceur du verre. On change souvent les polissoirs, qui se brülenl un peu chaqüe fois, et dont la surface brulëe devient peu a peu irréguliere.
Lés verres ainsi moulés paraissént assez nets et non rayés; ils poürraicnt a la rigüèür être ainsi employés, ïftais, pour être livrés au commerce, ils doivent être repolis intérieüremërit et extérieu- remerit avec Ia pierré ponce ét la potéo sur des roues dé feutre.
L’intérieur du verre se fait aveele tour de la roue, et Ié convexe sur le cöté de Iadite roue.
Toutes ces opérations étaient tellement combinées, la divi¬sion du travail établïe d’une manière si cfficaee, que la fa- briquè dé Goétzcnbrück était arrivëe a livfer cés Verres en qualité Ordinaire au. prik dé 2 ff. 50 c. la grossë, auqüöl öri avait été amené par la concurrence de Böhêrhè ét qüi ne laiSSkit qu*ün benefice insüffiSaht. Cét êtat dé commerce amëna Ófaèk MM. Walter - Berger ün nouveau procédé qü’ils önt brevëtë, ét qüe nous allöhs égalèrneftt décrire. II Cónsisté prinéipaletnêrit è prendre lés Verres dans döS boüleS d’tiii très-gfahd diatriètré, et è lés monter sur des tnoulcs en relief aü lieu, dê möulèS éücröüti
LéS böulês, que 1’ön fait de 80 cérttiinèlrès dé diamèlre èriviröh, nécessitent üne bien plus grande masSe dê Vérre öü plusieürs cueillages. 11 en résulte a la vérité ün plus grand noth b re dê déföüts dans Ié Vérre; mais, d’unê part, la grande bóüle foürnit ênViföü trois grosses dé verre, dönt ènvifön ün dixièirië est preünef Choix, quatre dixièmês sént deüxième chöix, ét cinq dixièmes tróisièrhè choix; ét cómnië la ven te est généralemént eiiviföri dans Cëttë proportion, éét incónvénient de queiqües défaüts dispara!t devaüt lë grand avantagö d’obtènir sur ün grand diametro deS véffëS presque plats, et dönt il n*y a qü*a recoütbër lés bords pöur öb- ténir dés verres óhövés.
Gctté derniëré operation so fait égalêmênt avëc üü rriöülé ëh terrë réfraetaire très-polle, mais cönVexé aü liëu d’etre concave. Ön sé sert des mênies nioufilës; le verre ést pösë Sür lé möüle qü’il déböfde jüslë de la longuëüf qü’il faut pöür fórinéf lë fè- . bord dü Vérre chevë ; ce débördëiriënt n’appüyatit pas sür lë inöüië, së chauffë ainsi beaucoüp plus vité dans ié mOuflé^ quë le verre touchant au moule. On fétifé ce moule sur la table, öii capuchonne lê Vérre aVeè üüe pétilë Célótté én böis d’ürië föfme coniquê qui rabat lë verre Sur lé cöté dii moule, ét comnie celle caloltó rie töuóhe qü’aü débófdement, Ié vérre rèslé clair & re¬ception dü débofdeinënt en dehórs, qüi a sêul besoin d'otfe üü peu repoli, tl y a done suppression d’unö grande parlie dé la main-d’ceuvre, et dans le inouiage et surtoüt dans le repolissagë, et MM. Walter-Berger söiil aitiéi parvenus ê vëüdre è bénéÜcè, au prix dé 1 fr. 95 c. la grosse, lés Verres de Choix rtioyéri qü’ils vendaieüt auparavant 2 fr. 50 c.
1’HIX DE REVIENT.
Nous sommes arrivé a la partie è la quelle nous attachons ie plus d’importance, au point de vue surtout de nos successeurs, pour lesquels il sera extrêmement intéressant de connaitre les con-ditions éconotniques de la fabrication & notre époque. Nous ne vou- lons nous occuper gue du cristal, et nous tenons essenliellemenf a prévenir que, dans les calculs qui vont suivre, nous n’avons eu en vue aucune localité déterminée, ainsice n’estnila position de Baccarat ni de Saint-Louis sur laquellé nous avons établï nos appreciations. Ce ne sont pas non plus les conditions de travail des cristalleries placées aux portes de Paris ou de Lyon quo nous avons prises pour base. A eet égard, comnio pour les verreries de verre A vitre, de bouteilles ou de glacés, nous avons voulu éviter de faire de noire travail des questions pour ainsi dire person- n el les; nous avons done adoptédes données moyennes, qui seront tantót supérieures, tantót inférieures aux conditions de travail de telle ou telle localité, mais qui, dans 1’ensemble, nous ont semblé
résumer des bases pouvant faire connaitre d’une manière assez exacte Félat économique du cristal.
Nous ne nous occuperons que de la fabrication a la houille, puisque nous avons dit que le bois tendait a disparaltre de jour en jour comme combustible dans les fours de verrerie. Nous mel¬tons aussi hors de cause les fours a régénérateur Siemens; c’est une transformation qui s’opère, qui amènera des modifications importantes dans la dépênse du combustible, mais nous la consi- dérons comme étant encore è l’étude, et nous basons nos calculs sur 1’état qui a précédé ces fours.
Ëxaminons d’abord les prix des matières premières.
Sable. — Nous référant a ce que nous avons dit, au livre lil; pour le sable employé dans la fabrication des glacés, nous pren- drons 1 fr. 50 e. pour le prix des 100 kilogrammes de sable blanc, lavé, séché, pret a être employé pour la composition du cristal. . ' .
Miuintn. — On peut cohsidérer. 65 francs les 100 kilo¬grammes comme un prix même au-dessus de la moyenne des plombs d’Espagne, qui formentla plus grande partie de la con-
PRIX DE REVIERT. 633
sommation des cristalleries, et, en adoptant ce pnx de 65 francs, nous sup posons le plomb rendu a 1’usine. Nous supposons aussi le minium préparé dans Ia cristallerie. La théorie enseigne que 100 de plomb donnent 107 de minium, mais a la pratique ce chiffre se réduit a environ 105, et encore 1’atelier au minium doit-il être bien conduit, pour produire régulièrement cer és uitat. Cét excé- dant de poids paye une partie des frais de eet atelier, mais pas en totalité : nous admettons que le minium revient au prix de 70 francs les 100 kilogrammes. .
Carbonate de potasse. — Ce sel est préparé dans la cristallerie, soit avec des potasses grises ou rouges caustiques d’Amérique, soit ayec des potasses d’Amérique contenant 18 a 20 pour 100 de sul¬fate de potasse et chlorure de potassium, ou bien on emploie des potasses indigènes (produit des raffineries du Nord) contenant 3 a 4 pour 100 de soude. En tenant compte des frais de purifica¬tion, avec déduction du produit des sulfates, nous trouvons que le carbonate de potasse, pret a être employé pour la composition du cristal, ne revient pas & plus de 100 francs les 100 kilo¬grammes, et d’ailleurs, a ce prix, on pourrait se procurer, rendus en France, des carbonates de potasse raffinés par les fabricants de produils chimiques anglais pour les cristalleries, et dont je puis garantir la pureté, ayant employé ces potasses pour des usages trés-délicats (dans la fabrication du verre d’optique). Les autres matières employées pour ainsi dire accidentellement dans la fa¬brication du cristal n’ont pas une grande importance et ne doivent pas être mentionnées ici, car ce n’est que sur le cristal blanc que nous allons faire porter nos calculs.
Prenant la composition dans ses termes les plus simples, avec les prix ci-dessus, nous avons:
100 kil. de sable, a 4 fr. 50 c 1 fr. 50 c.
' 60 2/3 de minium, a 70 francs .... 46 67
33 1/3 de carbonate de potasse, a 100 francs 33 33
200 kil. 81 fr. 50 c.*.
La composition revientdonc a 40 fr. 75 c. les 100 kilogrammes.
( On remarquera que le prix que nous donnons peut êtré considéré comroe un maximum, car le fabricant de cristaux, par 1'émploi d’un carbonate de rooindre prix et la substitution de quelques kilogrammes de sel dé soude a la potasse, fait généralement une composition plus économiqüe.
, LFV&E v. — CRISÏAL.
Jfó&ifiinóftS a présentk coitibien feVient, ëömme h&aiiëïëi ïè éris*
Le minium passé dans la fötitë a 1’état dé massicot et perdéü- virön 3 pöur 100 d’oxygène; le carbonate dè polasse përdun peü dëau qii’il conti ent èncóré ét son acidé carboniquë, qui est dé M pöur 100.Admëllöris qü’öutre la diminution provénantde la éauéë ci-déssds, il y alt Üö pêii dé përtë de fnatièré déhs les trans¬ports de composition, dans les renfournements, bons n'arrivèroüs j que diftlcilement a une perle de 22 kilogrammes, ét tiöils fdisons mêmë öntrer dans Ce chiffre la pèrté causée par lés péls cassés. Lans üttë tisirie biën örganiséëynöus n’admettrottè pas qu’il y ait dans I’année pms de doüze pots cassés de manièrê 5 he pouvöir
en riëti retirèr et dönt la riiatiëre s’écroulerait èntiëremèfit 0 la
«
éavèi ór, dans üri four a 6 pots fondant qüatre fóis par sétnaine, on a, pöur i'année, lafoütè de 1,248 potéës de verre; oü vöit done qu’il n’y aürait dë ce chêfqü’ünë përtë dé 1 pöur ÏÖÖ. Dans tin fóür è pötS couverts, il n’y a pas dè ftiatïèré débordant le pót; cè qui a toujöurs lieu plus oü moins dans leS pots ouVerts. Lés 200 kilogrammes ci-dessus se rédüiSent done è 1 *78 kilogrammes, qui cóütént 8i fr. 50 ó., soit 45 fr. 8Ö c. ïës 100 kilogrammes.
Nóus avons, én óulre, è faire ëtttrér én ligné de ëoinptë lê gtoiéil produit par lés èXcrëmaisonS et par ié travail des vecriers> ce groisil rentre dans leé compositions, mais évidemment le poids des pièces dë cfistal Sóriiés de 1’aréhe & Vèctïiré, plus le groisil ren trant dans la composition, ne repf ésen tent pas ëö totalité lè Cristal föndii. Le groisil a besoin d’être trié, il faüt êriicVer les iih- puretés; en séparant le fer attaché aüx Éttofds dë Canttë,il y a përtede éfistal, il s’en përd aussi dans les tamisures. Quand les pots sont usés et sout ex traits du four, ils sonl rCvêtus d’uhe couche de verre qui conslitue aussi une perte; Nous supposons que toutes cés causes peuvent arnener sur les 178 kilogrammes une perte totale de 18 kilogrammes, ce qui est certes au dela de la réalilè; les 200 kilogrammes de malières enfournëes produisent done, d’après ces calculs, 160 kilogrammes de cristal qui co ü tent 81 fr. 50 ë., soit 5Ö fr. 90 c. les 100 kilogrammes.
Evaluons a présent la.dépense en combustible:
Nous avons dit qu’un four a 6 pots dé 500 kilogrammes de composition cóöSommait par semaine 20 tonnes de houille: cha* quo pot de 500 kilogrammes éét, en moyenne èt d’après
* F
PRIX I>E REVIENT. 635
J ■ I
nées ëxposées ci-dessus, com posé de 300 kilogrammes dé com-position nëüvé et 200 de groisit, ët produit 240 kilogrammes dé cristal a livrer aü commerce. Sly pendant la semaine, töüsies pots ont ëtë Vides quatreiois ét dëmie^on aüra prodüit6,480ki-logrammes de cristal, ayant consommé 20 tóttnés de hóüille, Soit 308 kilogrammes de houillë pöur 100 kilogrammes dé Cfistkl.TteS crislalleries so troüvant généralément plus éloignées des mines de houille qüe les aulres vérreries, nouS cömpteroris 26 francs pour le prix de la tonne, soit 8 francs pour 100 kilogrammes de cristal.
Maïn-d"ttinvre. — Nous commencerons par la main-d’osuvre des terriers: nous avöns dit qu’uno place d’ouvriers secöm- posait de :
«■ ■ I I
F I ' - L " "
Un ouvreur dont le gage par roois peut être évalué a 2Ö0 francs.
tin premier souffleur 120 —
Ün déüxiëmè soiiftleür. ÖÖ —
Un troisiëme souffleur ou carreur, ; > 50 7^
Ün grand gamin ...: 40 —
Dn deüxicme grand gamin. So —
Un petit gamih 50 —
Un déüxiëmè petit gamin.......... 30 — .
• ■■ ■ Tofs!» * i •.**«•««• *« 595 fr^Qcs.
% ’ ■ b 1 I -
II y a des ouVreurs qüi sont payés a un prix plus élevé, maïs d’au tres ont dé moindres gages : dóns aVons done pris üne moyenne. Si nous suppósöris que lés 6^480 kilogrammes dé vérre par semaine, oü 1,080 kilogrammes par jour, ont ëié travaillés par deux brigades detrois places, chacuné des trois places aura produit, par jour, 180 kilogrammes ét en comptaiit vingt-six jours de travail par mois. ét divisant, èri cönsëqucrice, lés gages de 595 francs par 26; ón a, eri üötóbfë rónd, la sommè de 23 francs pour le cout de la main-d’ceüvro de 180 kilogrammes dé Verre
■ - r, :
è livrer au commerce, soit 12 fr. 80 Ci par 100 kilogrammes, pöur la main d’ceuvrè verrièrtó
Pour les liseurs, fondeürs, tireurs dë ferrasses/ nous dévóris compter, par mois. . . . 7 7- . ; 7 . 7 . . . . . 500 francs.
Garmons de magasin, gróisillèuses; partóois. . . 250 —
fc - ■ I I I
’ 750 francs.
AppliquéA la production, paf mois de 28,080 kilogrammes de
y-r--, - jr.-r,, - J:-ï 117 r K^t^J^lrtF-^nVr.WP'FT-'ISL'
6,36 UVRE V.CRISTAL.
marchandises, cela donne 2 fr. 67 c. par 100 kilogrammes de cristal produit, et porto la main-d’oeuvre totale a 15 fr. 47 c.
Fonrs et pots. — Les pots a cristal ont uneassez longue durée, souvent trois ou quatre mois; mais nous ne supposerons qu’une durée moyenne de deux mois, et, pour les six pots d’un four, nous estimerons la dépenso annuelle a . . . . 2,750 francs.
Nous supposerons la même dópense pour les
fours de fusion, les arches, soit par an. ... . 2,750 —
5,500 francs;
soit par mois 458 fr. 30 c., ou enfin 1 fr. 63 c. par 100 kilo-grammes.
Frais d’outlllage. — lis peüvent s’élever annuelle ment en main-d’oeuvre, consommation de fer, monies en bois et autres a 5,400 francs, soit par mois 450 francs, soit 1 fr. 60 c. par 100 ki¬logrammes.
Frats généraux. — Nous évaluerons les frais généraux de la manière suivante ; .
Direction, caisseet correspondance 9,000 francs.
Gommis 5,000 —
Frais de bureaux 000 —
Concierge, manoeuvres dé cour, etc 5,000 —
Ghevaux, cbarretiérs, etc.................... 5,000 • —
Total ........ 18,600 francs.
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Si certaines de ces évaluations paraissent un peu faibles, nous ferons remarquer que ces sommes ne portent quesur la produc-tion d’un seul four, laquelle production est toujours dans une condition désavantageuse sous le rapport des frais généraux, vis-a-vis d’usines ayant plusieurs fours. Nous avons done porté ces dépenses pour la moitié de ce que coüteraient deux fours; la somme ci-déssus, pour 1’année, constitue une dépense mensuelle de 1,550 francs, soit 5 fr. 50 c. par 100 kilogrammes.
Pour 1’intérét des capitaux résultant de la valeur des im- meubles, nous ferons rentrer dans le prix de I’immeubJe les tailierïes, paree que, bien que nous ne nous soyons pas occupé de lapartie économique de Iataille,qui, pour la plus grande par- tie des pièces qui lui sont soumises, amène son bénéfice, il y a aussi beaucoup de pieces qui doivent passer dans eet atelier sans augmentation de valeur, et nous estimons qu’en to tali té le mort-
PRIX DE REVIENT.
tantdo la partie d’un immeuble de cristallerie afférente & un seiil four doit être porté a la somme de 250,000 francs, dontFin-
. " . ' - -I r , ' ’ ‘ \ i r ■ " ’ •' ■" s ? , . * ’ 1 "
térêt annuel doit être porté è 5 pour 100, soit 12,500 francs, pour une production en nombre rond de 337,000 kilogrammes, soit 3 fr. 70 c.par 100 kilogrammes. Enfin, le capitalde roule- ineht ne peut guère être moindre de 150,000 francs, dont 1’intórêt représentê 7,500 francs, soit 2 fr, 20 c. par 100 kilogrammes. Résumant done tous les chapitres, nous avons pour le prix de 100 kilogrammes do cristal : ?
■: Matiferes. .... 50 fr. 90 c.
Combustible. ......... 8 ». ;
Main-d’oeuvre des verriers ; ... A. .............. 12 80
Diverses autresmains-d’oeiiYre,• 2 67 '
Fours et pots............ ........... 1 63
Outils. .............. ............ >.... 1 /' CO , ;
Frais généraux.................. .;......... . 5 50
Intéréts dés capitaux engages. 5 70 ,
■ Intéréts du capital de roulement.................. ... 2 20
Total 89 fr. i> c.
Sur ce prix de 89 francs les 100 kilogrammes, soit 89 Cen¬times le kilogramme, nous avons plusieurs observations & faire.
Dans une fabrication comme celle du cristal, dont les produits sont si varies, le prix moyen est bien loin de pouvoir faire con? n alt re leprix de chaque article en particulier. En effet, uh verre du genre de ceux appelés verrei mousseline dont la tige égale è peine un.félu de paille et dont la coupe plie sous le doigt, ne peut 6Ire estiméd’après la mêmè basé qu’une carafe ordinaire du poids de 1 kilogramme. .
Si les ouvriers ne fabriquaient que des vèrres mousseline, ils ne videraient pas deux pots par semaine et,au contraire, les buit pots travaillés qualre fois par semaine ne sUffiraientpas pour la production de certaincs pièces renforcées.Il faut done faire entrer en ligne de compte dans le prix de chaque article et sou poids et le quantité qu’un ouvrier ou plutótune place peut en produire dans un temps donné; et, pour arriver a ce résullat, il est bon d’évaluer, par ies calculs qui précédent, lés dépenses qui s’appliquent a un temps donné. Nous laisserons naturellement en dehors la matière première : -
638 LIVRE y. — CRISTAL.
Nous avons, par inpis, pour dépense de raain-d’ceuvre acces¬soire. , , , . 750 fr. »c.
Pour le combustible, 90 tonnes en nombre rond......... . 2,340 »
Fours et pots 458 30
Outillage. . , . .. , . . 450 »
Frais gónéraux. ....... . 1,550 »
InLérêt des capitaux, 1,607 n
6,465 fr. 30 c.
Telle est la dépense qui doit s’appliquer au travail de six places; soit pour chaque place par mois 1,078 francs.
Nous avons dit que cliaque place était payee par mois. 595 —
Nous avons done la somme de 1,673 francs,
pour la dépense que doitsupporter parmois chaque place d’ouvrier,
S’il n’y a pas d’interruplion dans le travail en dehors du chó- niage du dimanche, chaque place travaille pendant le mois vingt-six fois onze heures, soit deux cent quatre-vingt-six heures. II en rësulte que chaque heure de travail d’une place est grevée d’une dépense de 5 fr. 85 c.
Cela posé, le poids d’une pièce de cristal el le nombre de ces pièces qu’une place peut fabriquer en une heure établiront Ie prix de cette pièce.
Supposons, par exemple, qu’une place fasse dans une
heure soixante gobelets pesant chacun 300 grammes, nous
aurons soixante gobelets ou 18 kilogrammes de
matière a 50®,90 9 fr. 16 c.
* *
Les autres frais, pour 1’heure, montent 5 . . . . 5 85
Les soixante gobelets codtent donc, .... . . 15 fr. 01 c. Chaque gobelets coüte done au fabricant 2.5 centimes.
Si au lieu de soixante, la place fait quatre-yingts gobelets, ils ne cotitent plus quo 22°,6.
Supposons des verres a boutons fails sur le pied de quarante è 1’heure, et pesant 16 kilogrammes:
Nous avons 16 kilogrammes a 50%90. ..... 8 fr, 15 c.
Frais pour une heure. . . , •. ........ . 5 85
Nous avons pour prix des quarante verres. . . 14 fr. » c,
Soit environ 35 centimes pour chaque verre.
PBIX DE REVIENT,
Si dans Uïtp heure
Nous avons 15 kilogrammes a 50°,90. . . . Prix de 1’heure. . . . . .
Prix de quinze carafes. , Spit, 90 centimes pour chaque carafe.
Si, par le moyen de moulage au bois, la place fait vingt carafes 51’heure au lieu de quinze :
Pious avons 20 kilogrammes è 50c,90. f . JQff, JO<j. Prix de 1’heure, 5 85
Prix de vingt carafes. ..... 16 fr. 03 c. Soit 80 centimes au lieu de 90 centimes par chaque carafe.
Si une place d’ouvricr fait dans une heure quatre-vingts ober Uïinées de Ïampe pesant chacune 0^,165, soit ensemble 13k,2Q :
Nous avons 13^,20 a 50 fr. 90 c . 6 fr. 72 c. .
Frais pour une heure.. 5 85
Prix des quatre-vingts chppiinées. , 12 fr, 57 p. Soit 15 fr. 71 c. les cent cheminées.
Si, pour généraliser, nous désignons par a lq noipbre de pièces fabriquées a 1’heure, par b Ie poids de ces a pièces, lp prix de
v -x 5 x5Qf,90-I-5f,85 . . A. n , ƒ
chaque pièce sera : —— —; amsi, dans rexemple des
verres ci-dessus, 5 = 20 et « — 50, et nous avons le prix de la
.ƒ 20x 0,5094-5,85 pièce = go — = dJ2c,üb.
En termes plus généraux encpre, désignons par c lq prix du
kilogrgipnie de matière de crista1 et par d les frat's qiii gravent une heqre d’une place d’ouvriers, par x le prix de lq piègq è établir.
5c + c?
Nous avons # =
a
Si le fabricant fait une remise de 25 pour 100 au commerce, chaque prix de revient devra être multiple par 1,33 et, par con-
* fö £? I ' cf)
séquent, le prix de chaque pièce au tarif, ou as = 1,33—.
■J?/.'-
»
640 LIVRBV.—CRISTAL.
. p
r I * r .
Si, au lieu de 25 pour100, la rémise n’est quo de 20 pour 100, on multipliers.par.l,25t
Si; la remise est de 30, le coefficient.sera 1,43, et ainsi de suite.
Gomme dans toute espèce d’industrie, le grand intérêt du fa- . bricaht consists è faire produire par ses ouvriers le plus grand nombre possible de pieces dans un temps donné, pöurstimuler lezèle de ces ouvriers, on les fait, souvent travailler A leurs pièces, en par tan t pour cela de la basé dü nombre de chaque pièce qu’on peut fabriquer par heure, On aura reconnu, par exemple, qu’une place d’ouvriers peut fabriquer régulièrement quarante- cinq verres'a bouton d’un certain numéro par heure; comme 1’heurede travail ést payéea cette place sur le pied de 595 francs par mois, ou deux cent quatre*vingt-six heures, soit a peu prés 2,08 par heure, il s’ensuivra que les cent verres codtent pour lq main-d’oeuvre du verrier 4,62 ; on pourra dire a ces ou- vriers qu’on leur payera ces verres A raison de 4,70 par cent, et> avant peu de temps, au lieu de quarante-cinq a 1’heure, ils en fab'riqueront cinquante et même cinquante-cinq, et dans onze heures ils en aurontfait cinq cent cinquante ou six cents, qui leur serontpayés 25,85 ou 28,20. Il y aura done è réparlir pour la journée2,97 ou 5 fr. 32 c. en sus des gages ordinaires, réparlis au prorata des gages de cbacun.
Nous ne pouvons pas entrer dansles détails dü. prix de vente des cristaux dont les articles sont si multipliés et qui sont ensuite le plus souvent compliqués d’un prix de taille, Ges prix sont d’ail- leurs très-variables.
Aujourd’hui, par exemple, on vend aux conditions d’une pre-mière remise de 10 pour 100,
, "■ 1 ’ ƒ . »
Plus 10 pour 100 sur le net, \
Et enfin 5 pour 100 d’escompte.
Ainsi,. sur une facture de; . . ........ 1,000 fr. » c.
on fait une premiere remise de. . . . . . . . . 100
900 fr. » c.
Sur ce net on fait encore 10 pour 100, . . . . 90
Et sur ce net. , ... . ,.. . ,,. . , . . . . 810 fr. »\c.
on. fait 5 pour 100. „ . . .. ...... . . . . 40v . 50 J
,, 769 fr. 50 c.
On a done fait, en réalité, 23,05 pour 100 de rémise.
■p,
(
Lorsque les rentes deviennent plus actives, on diminue Ies remises.
Nous pouvons dire seulement que le prix de vente moyen du cristal, sans aucune taille, peut être considéré conime étant d’en¬viron ï franc & 1 fr. 10 c. net le kilogramme.
Nous avons, au livre II (Verre d wit re), établi les prix compa- ratifs de reyient en Belgique et en Angleterre. Nous ne croyons pas utile dé faire pour le cristal le même travail, dont on a d’ail- ïeurs tous ies élémenls d’après le prix des matières premières, du combustible et de la main-d’oeuyre. Les modes de fabrication étant, d’ailleurs, sensibleinent les mêmesdans les trois pays.