H1STORIQDE.
L’historique du verre d’optique se lie naturel lenient hi
instruments d'Öptitfüe 'ét paralt, phr conséquent, hè pas pouvoir
être i'èpoftêë d üne epoque fórt éloighée • ét, tóiiteföis, hoiis nè
dëvodë paS liêgligëtf de öiëötiöntièr ici öó qui d êté dit du pfidre
d’Alexandrie, 1’une des sept merveilles du monde des anciens, ét
qüi a été reSuöié paf M. Ë. Char ton, ddnS son excel tëïit ÓUVfage,
les Vöyagënrs dfttétéïè té ntóderftes, dónt nouS ëitfdjtönA èë ijiit
suit i
« C’eSt Vers Ié pórt ü’AiexdridHë qü’Aiëüdndfé a cönstfüit üiié
diguë qüi s’étehd h un rritllé dé lohg dans la idéé; sdr 1 aqiiellë 11
d béti urtë haute töüfappeléë én ardbë ffleg'ar Atëxarï-
dtia dü söihmét dé célté töiïr, ïl dvdit fait lid èëftdid miroifi
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tóus lés VaiSsèdüx qüi Vëdèiënt dé ld Grèóe ÖÜ dë i’ÖGcïdënlpbui
lagüéfre öü pöiifr nüirë dütfëmëht a la villë. Cëld durA dinéi
ïnörl d’Alëxandfe • in ais üri jöüf il vint ud
vdisseaü dé ld trrèëéj, /öööiüiaddé par ‘un èapitaine gfëc,habilè éii
touted sortëS dó Sciences, qüi s’dppelaiti5ódbfaS...Apfhs ëfltéè
concilie les bonnes graces dU j*'ardé> ïl lënivra, casSa lè miröir
ét S’ëtïfüit...
ïl est difficile dë decider si lè pharö & été construit poüfïd
süreté de la Vïllé öü pöür cello des vaisSeaüx; néaiimbins, ïl rëïü-
vérrè, ü’öïi 1’Ött poüvdit voir a Cihqüanté ïöÜfdÓë'S1 dé’
Nouspénaons qu’il faut lirfe tinqüanie ïftï/fës et néii /dtifdlÜi;
plissait ce double but par le moyen des feux qu’on y entretenait pendant la nuit, et d’un miroir ou espèce de telescope placé au- dessous d’un döme qui couronnait son somoiet. Les merveilles que Ton raconte touchant cè miroir pourraient inspirer des doutes fort plausibles sur son existence, si Ton ne connaissail 1’époque de sa destruction et de celle du phare.Si 1’on en croit les Arabes, le fameux observatoire d’Alexandrie était placé dans le phare. Ge miroir avait cinq paltnes (3 pieds 9 pouces) de diamètre; certains auteurs disent qu’il était de cristal, d’acierdo la Chine poli, oü de différents métaux fondus ensemble. Suivant d’au tres, des vedettes munies d’une cloche et placées auprès de ce miroir y décou- vraient les vaisseaux en haute mer et les signalaient aux habi¬tants de la ville. En temps de guerre, ceux-ci pouvaient se. metlre sur la defensive et ne craignaient pas d’être surpris. Ce miroir paralt avoir longtemps résisté aux échecs que la place éprouva...»
Si 1’on pouvait se croire fondé a révoquer en doutela possibi- lité de i'existence de ce telescope d’Alexandrie, nous invoquerions le témoignage de M. Babinet, qui 1’énonce dans les termes sui- vants :
« C’est chez M. L. Foucault que j’ai pu me satisfaire relative- ment è la question tant controversée du miroir du phare d’Alexan¬drie, qui faisait apercevoir les objets jusqu’a 1’horizon... Chez M. L. Foucault, avec un seul miroir et sans aucun appareil téles- copique, sans lentilles de verre, sans oculaire, sans tuyau, en suivant exactement les indications des anciens auteurs, nous avons vu a 1’horizon comme dans les meilleures lunettes d’ap- proche ou les meilleures lunettes de pilote; pour les astres, les phases de Mere ure, les satellites de Jupiter, el même un de ceux de Saturne, ont été distinguésj la lune vue dans ce mi¬roir, posé simplenient sur une chaise, en face de 1’observateur tournant le dos a Fastro, était d’une splendour inouïe et d’une netteté d’aspect sans égale; enfin, les étoiles doubles et les né- buleuses s’y montraient avec avantage. Le miroir avait un
foyer de 3 a 4 metres, et pour les vues ordinaires, il grossissait autant et plus que les lunettes marines. 11 n’y a done rien de dif¬ficile a croire dans ce qu’ón dit du miroir installé dans la tour du phare d’Alexandrie... Le père Abat se flattait de démontrer, même avec des miroirs mal travaillés, qu’il n’y avail rien d’im-
HISTORIQUE.
possible dans cc qu’on racontait de 1’efïet. du miroir du phare.
L’affirmation complete résulte sans incertitude aucune de ce que produisent les miroirs de M. Foucault. Une fois le fait rèconnu possible, les récits circonstanciés des Arabes sur Je diamëtre du miroir^ sur le mélal et 1’alliage dont il était formó, sur sa destruc-tion, ne laissent aucun doute sur son existence et sur 1’inspèction de la mer, qu’il commandait du baut de la tour.
« Main tenant qu’on se figure ce qui fut résulté, pour les progrès de 1’esprit humain et de la science, de 1’inspection des astres par ce miroir; si, au lieu de chercher a 1’horizon le sommet des mits d’un navire, on y eüt observé la lune et les ombres de son crois¬sant, Vénus en phase, Jupiter avec Ses satellites, Saturne avec son anneau, lesoleil et ses taches, enfin tout ce que Galilee et ses contemporains virent au commencement du dix-septième siècle 1 peut-être que 1’esprit humain, rappelé è la réalité par la con-templation des objetsdu ciel, nese fut pas perdu dans la dialec- lique qui s’empara ex elusive ment des écoles grecques, et qui fit perdre plus lard les écrits d’Archi mede entre les praticiens qui n’entendaient pas les mathématiques et les théoriciëns qui mé- prisaient les applications usuelles de la science. Au reste, les sciences appïiquées, au tres que 1’astronomie, sont chez nousd’une date si récente que nous n’avons guère le droit de faire un crime aux anciens de les avoir négligées complétement. a A 1’affirmation de M. Babinet, de 1’existence du miroir du phare d’Alexandrie, nous n’ajouterons que quelques mots relatifs è la composition de ce miroir : certains auteurs disent qu’il était de cristal, d’acier de la Chine poli ou de différents métaux fóndus; or, nous crayons pouvoir certifier qu’il n’élait point de cristal, e’est-a-dire de verre. L’état de Part de la verrerie dans 1’anti- quite nous est parfaitement connu et ne comportait nullement la fabrication d’un miroir concave (soit pour le moulage, soit pour la taille) de 3 pieds 9 pouces de diamètre; il eut fallu, d’ail- leurs, enduire on recouvrir la partie convexe de ce miroir d’une surface réfiéchissante, opéra lion beau coup plus compliquée et plus difficile pour les anciens que la construction d’un miroir en mélal poli.
En définitive, il résulte de ce qui précède que le télescope a été un instrument connu dans 2’antiquité, dont il n’a été fait qu’une application très-restreinte; ce fait ne rentre pas, d’ailleurs, dans
LIVBE VI. — VEHBES VOUft L’oPTIQüE.
le cercle de nps études, qui se bornent a ce qui concerne Ie verre.
Nous ne quittcrons pas toutefois les anciens sans dire quelques mots de la connaissance qu’ils eurent de la propriélé des lentilles en matière transparente, de concenlrer les rayons calorifiques ou lumineus; oq n’en peut pas doutqr d’aprèsun passage des Nuées d’Aristophane. II introduit sur la scène Slhrepsiade, qui se moque de Soera te et enseigpe une méthode nouvelle de payer de vieilles
dettes, c’est de mettre entre le soleiï et le billet de créance une
’ 1 1 ♦
belle pierre transparente que vendaient les droguistes, et d’efïacer par ce moyen les lettres du billet. Le poëte appelle celte pierre x.az.'q?, que Ton traduit généralement par verre; et quoique ce ipot ait pu avoir, suivant certains auteurs, d’autres significations, telles que cristal, ambre jaune transparent, toujours est-il con¬stant que cette propriété d’elïacer, p-est-a-dire de faire fondre ces caraclères tracés sur une surface enduite de cire, devait proyenir de la forme lepticulaire donnée au verre, au cristal de rophe, pu | toule autre matière trapsparente,
Cotnme pour le miroir d’Alexandrie, on peut s’étonner et re- gretler que les anciens n’aient pas compris toute 1’importance de petto propriété de la leptjlle trapsparente, qui ne deyait trouver que bien des sièclés a prés des applications si utiles, dans les be¬sides d’abord, puis ensuite daps la jppette de Galilée.
Les anciens avaient connu aussi la propriélé d’une bouteille de
verre ep forme tje boule pleine d’eau placée pres d’uné lumière, de projetfir un yif éclat sur un point peu éloigné de cette boule, ppur faciljter ainsi le travail de Partisan; et, toutefois, il faul tra¬verser topte la civilisation romaine et les travaux scionlifiques du moyen Age pour arriyer jt la naissance de 1’oplique, qui se mani- festa au commencement du quatorzième siècle par 1’invention des lunettes, pour venir en aide aux vues affaiblies. Personne n’a plus savamment discuté Porigine des verres de lunettes que M. .Molineux, dans sa Dioptrigue. Il y prouve, par un grand nomhre d’autorités laborieusement recberchées, qu’ils n’ont com¬mence a être connus en Europe que vers Pan 1300. '
C’est dans Pllalie qu’on en indique les premières traces; un manusprit ilalien, de 1299, contenait ces paroles remqrquablés :
« Mi trovocosi gravosi d’anni ebe non ayrei yalenza di loggere è « di scrivere senza vetri appellati oechiali, trovati noyellamente
HISTORIQPE,
« per commodita dei ppveri vécchi, qqaqdn fiföébqianq <ji
(( vedere. »
I * r ’ ■ f
Le Diclionnaire dela Crusca nousapprend) au mot OCCHIAM, que le frère Jordan de Rival to, dans un sermon prêché en disqit a son auditqire qu’il y ayait peine yingt ans qua les» lunettes ayaient été découyerte$, et que c’était line des invenliops. Jps pl«s heureusps qua Ton put imagiqer. pp pense quq le ppm dfi
1’inventeur plait Sal vino, d’a prés un mppqpmnt qui existait daps la cathédrale de Florence avant les reparations qui yon t élé faitps au commencement du dix-septième siècle. Cp monument pqrtait, dit-OP, cettp inscription : Qyi giace Scdvino d’ArgientQ di ffirfirize, invpntor delli ocehiali, etc.
L’usage des besides devait amener ^’invention du télespope, qqi ne date toutefois que du milieu dq seizième siècle, tpqt au pips. Jean-Raptiste Porta, qqble nappiitain, si 1’pn pq proit lyo.lQu§t est le premier qui ait fait qq télescope, comme il pardt par pe passage de sa Magie naturelle, imprimée en 1549 i (tPqurvp que VQUS sacbiez la manière de jojqdrq qq de bieq qjustor les deux verres, saypir : Ie poncave et Ie cpqveye, yops verrez égaleqwnt les objets proehes p| ^loignés plus grands, et même plug distincte? ment qu’ils ne paraisseqt au natqrel. C’pst par cp moyen qqp nous avons soulagé bcaucopp de nps amis qui ne yoyaient lps objefë élpignés oq proches qqe d’une manière confuse, et que nopg les avons aides a vpir trèS-distiqotememt les uns et les aulpes. >>
II ne nous gamble pas qq’pn puisse voir daqs ep passage «ne prpuye de Pipveptipp du telescope; Rprtp ne semhlê pas parler dp la comb;inai§on des verres conpayes et ponye?es, mais dfi IfiRJ appropriation aux yues myopes et pypsbytes. II ne s’agirait, sqi7 yanl nous, que de l’adaptaiion des courses conyenabjes pour Ips difl’éreqts dfigféa de mypP'è fit de preshytié.
Mais cinquaqte ans après, on présqqtq qu prince Mqprice dp Nassau un télespope de dpqze pquces deiqpg, ffiit par qn lupp- tjpr de Middeibourg, du pom de Jean Cipperson, spivant Sirturus (dans sop Traité du télespppe> imprimé eq ldl8), pq dq qqm jp Zacharie Ransen, selpn EprpJ, qui a ptqnposé exprès un yplume,
imprimé pn 1(655, sur l’ipyeqtepp du telescope. Vqici de quelle mapièr8 oq racpntp rhistqiye <jg Ja déeoqyertp du télpscppe pap Jansen ou Hansen : Des ppfants, pp ge jpuaqt daps la boutique de ïeur père, Jiii tipept, dU-oq, rpmarqqey que, qqaqd & tengjent
648 L1VRE VI. — VERRES POUR l’oPTIQUE.
en fro leurs doigts deux verres de lunettes, et qu’ils mettaient les verres l’un devant 1’autre a quelque distance, ils voyaient le coq de leur clocber beau co up plus gros que de coutume, et corame s’il était tout pres d’eux, mais dans une situation renversée. Le père, frappé de cette singularite, s’avisa d’ajuster deux verres sur une planche en les y tenant debout A 1’aide de deux cercles de laiton qu’on pouvait approcher ou éloigner a volonté. Avec ce secours, on voyait mieux et plus loin. Bien des curieux accoururent chez le luuetlier; mais cette invention demeura quelque temps informe. D’autres ouvriers de la même ville modifièrent les dispo¬sitions de Hansen. L’un d’eux, altenfifaPeffet de la lumière, playa les verresdans un tuyaunoirci par dedans; un autre enchérissant encore sur ces precautions, playa les memes verres dans des tuyaux rentrants embottés l’un dans 1’autre. Jean Lappuy, autre artiste de la même ville, passe pour le troisième qui ait travaillé au telescope, en ayant fait un en 1610 sur la simple relation de celui de Zacharie.
En 1620, Jacques Métius, frère d’Adrien Métius, professeur de malhématiques A Franeker, se rendit a Middelbourg avec Drebel et y acheta des télescopes des enfants de Zacharie, qui les ren- dirent publics : mais aucun de ces télescopes n’avait plus d’un pied et demi de long. Simon Marius, en Allemagne, et Gali¬lee, en Italië, sont les premiers qui aient fait de longs téles¬copes pro pres aux observations astronomiques.
Le Rossi raconte que Galilée étant' A Venise, apprit que Pon avait fait en Hollande uneespècé de verre pour 1’optique propre a rapprocher les objets. Sur quoi s’étant mis a réfléchir sur la ma- nière dont cela pouvait se faire, il tailla deux morceaux de verre du itiieux qu’il lui fut possible et les ajusta aux deux bouts d’un luyau d’orgue; ce qui Iuiréussil au point qu’immódiatement après il fit voir A la noblesse vénitienne toutes les merveilles de son invention au sommet de la tour de Saint-Marc.
Le Rossi ajoute que, depuis ce temps, Galilée se donna tout entier A perfectionner le télescope et que c’est par la qn’il se ren¬dit digne de Phonneur qu’on lui fait assez généralement de Pen croire l’inventeur et d’appeler eet instrumentje tube de Galilée. Ce fut par ce moyen que Galilée aperyut des taches sur ie soleil; il vit ensuite eet astre se mouvoir sur son axe, etc., etc,
La lunette de Galilée fut sans doute déjA un pas immense dans
HISTORIQÜE.
la voie de 1’optique et des découvertes astronomiques; maïs c’était encore la un instrument bien imparfait, car Tobjectif n’étant förmé que d’un seul verre, Ia difference de foyer des di¬verses couleurs qui constituent la lumière frangeait de ces di¬verses couleurs 1’objet observé; il était done a désirer de pouvöir. ackromatiser eet objectif, et ce fut Euler qui, le premier, en con- gut Ia possibilité. Cet éminent philosophe, observant que, dans notre ceil, les différentes humeur» que traversent les rayons lumi¬neus sont disposées de telle sort© qu’il n’en résulte aucune diffu¬sion de foyer, pensa qu’on pourrait imiter cette perfection de.la nature en combinant divers milieux dans les lunettes; il calcula les éourbures de verres entre Ïesqueïles on mettrait de 1’eau poür rassemblerles rayons des diverses couleurs a uh inême foyer. Les verres qu’on exècuta, d’après son mémoire, n’atteignirent pas
complétement le but propose; mais 1’attentiOn était appelée sur ce problème, qui ne devait pas tarder a trouver sa solution.
John Dollond, opticien de Londres, dont le nom mérite d’etre transmis a la postérité, chercha, en 1753, a corriger cette aberra¬tion de refrangibilité en combinant ensemble plusieurs verres de courbures différentes. Ses premiers eSsais n’eurentencore que peu de succes; mais ensuite, guidé par les savants travaux d’Euler, de Klingenstierna, mathématicien suédois, et par de nombreuses ex- périences personnelles, il parvint au résultat cherché en donnant des courbures convenablesa des objectifs composésde deuxsortës de verres employés en Angleterre: le flint-glass (silicate de plomb et de potasse), qui est la matière dont on fait les services de table, et le crown-glass (silicate de soude de chaux), inatière dont on fait le verre a vitre.
Le problème était done résolu; mais Dollond et les opticiens, qui, en France et en Allêmagne, construisirent des lunettes acbrö- matiques, reconnurent bientot la difficulty de se procurer dü flint-glass exempt de stries, qui détournent les rayons lumineüx et détigurent les objes. L’Académie des sciences de Paris proposa inutilement un prix a ce sujet. Macquer, célèbré chimiste, Roux, de la manufacture des glacés de Saint-Gobain, Allut, de la ma-nufacture des glacés de Langres? s’en occupèrent sans succes. Les opticiens déclaraient que sur cent livres de flint-glass prové- nant de fonds de gobeléts, de carafes, etc., ils„avaient souvent bien de Ia peine è trouver de quoi faire un objectif de trois pouces.
Trois pouces et demi et trois pouces trois quarts étaient alors les plus grand es dimensions qu’qn donnat aux objectifs de lunettes achromatiques. Quand les opticiens voulurent faire des lunettes d’uneplus grande ouverture, la difficulty de se procurer du bon flint-glass dut paturel lemen t s’aceroltre encore,
M- d’Artigues. 1’un des premiers qui fabriquèrcnt du cristal (fllgt-glass) pp France, et qui, au mérite inepntesté d-habile fabri¬cant joignaif des connaissances scientifiques éten dues, s’occupa de Ia solution du problème de la fabrication du flint-glass bon pour Fpptique; mais ses efforts ne teijdirent qu’a oblenir, par les moyens opdinaires, du cristal bien fondu donlil fabriquait, par le moyen du soyfflage, de petitps plaques, parmi lesquelles M. Cauchoix trouva quelques objectifs do trois è. quatre pouces, ew$si bonnes, disait on, que celles de JOollond, qu’il présenta en son nom et en celui de M. d’Artigues a ia classe des sciences physiques et mathématiques de riustityt, pt sur lesquelles ||* Biot fitun rapport favorable dans la séance du 21 janvier 1811. Lp mérite si éminent de ce rappor¬teur garantit sans nul doute l’eractitude des détails scientifiques qu’il expose •, mais, peur ce qui concerne les moyens de fabrica¬tion du flint-glgss., on chprcherait vainpmènt la solution du pro- blème dans GO rapport basé sur le Mémoire de M. d’Artigues. qui nïndiquait auoun procédé nouveau, et semblait dire : « Fabriquez ayec tout le spin eonvenahle du bon cristal, et vous y trouverez du flint-glass pour les usages de Foptique. » Le rapporteur ne
znauquait pas «Tailleurs d’ajeuter a ses conclusions approbatives, qu’il existait encore dans les objectifs présentés par M. d’Artigues, et travaillés par M. Caucboix, des fils ou stries extrêmement fins qui ne paraissaient pas nuire a la vision, mais qu’il fallait cepen- dant engager M. d’Artigues a les faire disparaitre pour donner a ses objectifs teute la perfection dont jls paraissaient suscëptibles.
Les assertions de M. «TArtigues, confirmees par lïnutilité des recherches dq -M. Dufougerais de la cristallerie du Creuzot, et de bien d’autrqs epcore, tendaient a faire croire qu’il n’y avait pas de procédé particulier pour la fabrication dü flint-glass; quïl existait dans une proportion même considerable dans le cristal en fusion, et que Ia grande difficullé élait de Ty reconnaïlre et de 1’en extrairp. Toutefois un homme obscur, étranger aux-progrès de la Science, aux. perfeclionnements et aux grands travaux de
rappe, de cette faculté d’in vent ion que Bon peut appeler Fimagi- nation du savóir, travaillait dans les montagnes de la Suisse è la solution d’un problème qui semblait abandonné. Guinand, des Breqels, prés de Neuchalel, puvrier horloger, sans connaissance en chimie et en physique, sans autre ressource que cette routine de mécanique, cette précision d’exécujion, caraclère distinctif des ouyricrs de son pays, avait enlrepris, aux environs deNeuchatel, la fabrication du flint-glass: cette perfection d’un art dont il jgno- rait les premières notions. Longtemps ses efforts furent sans réspltat, tout deyenait obstacle pqpr lui: les lojs et les propriélés des corps sur lesquels il qpérait, et les agents qu’il employait, ne sq révélaient a lui que par de ftjcheux accidents. II arriva cepen-r dant, a force de lêtonnements, au résullat qu’il poürsuivait, c’esU
a-dire a pröduire dp flint-glass exempt de stries.
Le nom de Guinand est dovenu célèbrg, et nous nous est i mo ns
heurepx, pquF potre part, dq pquyqir rendre ipi justice a un mérite qUe nous appr^cipps d’autqnt pips, que nqus connaissons mieux les difOpultés qu’il ppt a yqincre.
M. Utzschneider, de Jtfunich, ingtruit de cette découverte, pro- posa a son auteur de trailer de sou procédé, et de venir le mettre p exécutiqn ep Bayière. Quinpnd s’y dpcida et alia s-élablir è Be» nqdiclsbeuren, pu ij eoncourut, avec le célèbre Fraueohoffer, a la confection d’un assqz grand nombre d’objectifs d^assez petite dimension, si J’qn excepté cplui de neuf pouces de diamèlre de la Ipnette dc Porpat.
Guinand retourna ensuite dans son pays. Utzschneider et M. George ftlqrlz, son associé, cqntinuèrent a faire du flint-glass en Bayière, mais seulement pour Ja consommalion de leur ate¬lier, d qu sörtirqnt plusiqups pbjeptifs très?remarquables, entre autres celui de 38 centimetres de Fobseryatoire de Pulkowa.
Guijiand, revenu en Suisse, était rqslé trois ans sans s’opcuper dq la fabrication dp flint-glass; qnfin, il recommenpa quelques fontes qui ont produit des objectifs de 33 £t 35 eentiqiètres tra- vaillés par M. Lerebqnrs et Catipbqix, Guinand avait découvert le principe ; mais, n’étanjt pas verrier, il n’en faisait pour ainsi dire 1’applicatiop que par talqnqements. NQUS professons une ad¬miration Irop réplle pour sqs trayaux, nqus lui rendons une justice trqp complete pqur qu’il nq nous soit pas permis de cpnstater qu’il y avait encore de J’iqqgytitudp dans sou procédé, et quil
avait è peine abordé les difficultés de la fabrication du crown- glass.
Dans les dernières années de sa vie, Guin and entra en commu-nication avec la Société astronomique de Londres. 11 lui adressa un premier envoi de disques de flint-glass d’une trop petite di¬mension pour motiver un jugement de la Société. Maïs plus tard illui présentauu disque de six pouces sur lequelune commission, composée de MM. J. Herschell, Dollond et Pearson, fit un rapport favorable; et il est a remarquer qu’en Angleterre, d’oü le flint- glass était originaire, un disque de six pouces était considéré comme une rareté précieuse. Toutefois, les négociations de Gui- nand avec la Société astronomique de Londres n’eurent pas de résultats. C’est alors qu’il se forma une commission composée de MM. J. Herschell, Faraday, Dollond et Roger, chargée de faire des experiences pour arriver a la fabrication du flint-glass. Le
professeur Faraday prit la direction des travaux, quise firent tant
1
dans la verrerie de MM. Pellatt que dans le laboratoire de 1’Insti- tution royale, et dont il publia la relation dans un mémoire donl la traduction a été insérée dans les numéros de septembre, oc- tobre et novembre 1830 des Annales de ekimie et de physique. Un hom me de science et de génie tel que le professeur Faraday, ne pouvait manquer d’arriver a des résultats curieux et importants dont nous reparlerons ci-après: mais apprenant que les procédés de Guinand étaient pratiqués en Suisse et en France oü Pon pou¬vait se procurer du flint-glass^ la commission cessa ses travaux.
Guinand, en mé,me temps qu’il s’était mis en rapport avec la Société astronomique de Londres, avait entamé aussi avec le gou¬vernement francais des négociations qui furent également sans résultat. II mourut peu de temps après, sans avoir laissé la des¬cription de son procédé; mais nous avons dit qu’on avait continué a 1’exploiter en Bavière, et, d’autre part,, il avait opéré en pré- sence de sa femme et de ses deux fils, qui naturellement voulu- rent tirer parti de son invention.
La nature de mes travaux avait naturellement dirigé depuis longtemps mon attention versla fabrication du flint-glass. .T’avais fait déja des essais assez nombreux et comptais bien les pour- suivre, lorsque M. Lerebours, le célèbre opticien de Paris,\me mit en rapport avec 1’un des fils de Guinand, horloger a Clermont- sur-Oise, qui voulait vendre en France ou en Angleterre lé secret
HISTORIQUE. 653
de son père, que nous lui achetames en participation avec M. Le- rebours, par acte en date du 30 mars 1827. Piusieurs font es faites sous, la direction de M. Guinand fils, ne produisirent aücun bon résultat, et il dut reconnattre, ainsi que cela résulte d'un acte signé par lui en date du ler mars 1828., que les indications qu’il avait données étaient insuffisantes. Notre traité était rompu; mais nous n’avions pas été sans reconnattre le mérite réel de 1’inven- tion de Guinand père, il ne s’agissait que de Pappliquer conve- nablement; nous résolumes done de continuer les travaux sans exclure M. Guinand, a qui nous devions la connaissance du prin¬cipe qui formait la base essentielle de cette fabrication; et, dès la première fonte faite sous ma direction en 1828, nous produi- simes du flint-glass dont nous présentames piusieurs disques è VAcadémie des sciences dans sa séance du 20 oclobre 1828, entre autres un disque dedouze pouces travaillé par M. Lerebours, et un disque de six pouces acheté par le célèbre astronome sir James South, et qu’il fit travailler par Tulley. M. South le con- sidérait comme un des meilleurs objectifs counus.
De cette époque commenga la régularité de la fabrication du flint-glass^ qui, toutefois, fut en queique sorte peu active pendant quelque temps. Aussi la Sociétó d'encouragement pour 1’industrie nationale crut-elle devoir proposer, en 1830, un prix pour la fa-brication du flint-glass et un prix pour la fabrication du crown- glass. qu’elle décerna en 1840 è M. Guinand et a moi.
La Société dencouragement publia la même année dans son Bulletin une description que je lui communiquai du procédé de fabrication du verre d’optique et une autre description fournie par M. Guinand.
J’avais aussi présenté a 1’Académie des sciences, dans sa séance du 27 janvier 1840, un mémoire sur la fabrication du flint-glass et du crown-glass. J’y avais joint les plans des fours et creusets, et indiqué toute la marche de 1’opération. Mais, depuis cette époque, j’ai surtout beaucoup modifié les compositions, ainsi qu’on le verra ci-après.
M. Guinand, mort en 1851, a eu pour successeur M. Feil, son petit-fils. D’autres manufacturiers se sont livrés a la fabrication du verre d’optique en France eten Angleterre. La veuve et 1’autre fils de M. Guinand ont aussi continué cette fabrication en Suisse. M. Daguet, de Soleure, qui leur a succódé, fait d’excellent verre
d’optique apprócié par toüs les opticiens. Cette fabricatioh a done pris un cours normal et régulier ; on peut satisfairé a toutes lés demandes de verre d'optique, dont la consomination a été aug- menlée dans une si grande proportion depuis 1’invention mor- veilleuse de la photographic. Sans doüte cettë industrie, Commé toute autre, est encore susceptible de grands perfectionnements; les détails dé la fabrication dans lesqqels je vais entrér condtii- rontj sans aucun doutei, nos successeursa dë nouveaux prögrès. J’ai, dans tous les casj la pensée d’avoir fait line Oeuvre ulilö ëh constatant son état présent.
CONSIDERATIONS GÉNÉRALES.
Avant d’entrer dans les détails de la fabrication du verre d’op-
X ■ • ,
tique, nous croyons utile d’examiner au möins sommairement queiles sont les quaiilés exigées de ce verre, quels sont les défauts qu’il faut éviter.
Quoique la fabrication du cristal, en Angleterre d’abord, puis ensuite en France, soit parvenüe a un assez haut degré de perfec¬tion , que eet te malière, dont on fait les beaux vases, les services de table, soit en apparence d’une grande pureté, ellë n’en est pas moins généralement impropre aux usages de 1’optique; Ainsi, M. Dollond déclarait, en 1828/ que$ dans les cinq dernières an- nées, il n’avait pas élé capable de trouver un disque de flint-glass de qualre pouces et demi de diaraètre propre a faire un objeclif, ni un disque de cinq pouces pendant les dix dernières années. II nesuffit pas, en ëffet, que Ie disque dont on veut faire un objectif réuuisse les conditions de transparence et de dureté^ mais que toulës les parties dé ce disque soient d’une complete homogénéité.
J ■ * ■ J
Saus cette condition, les rayons lumineux sont détournës de la
4 T ' ' o
direction qu’ils dévraient suivre et ne concour ent pas a un même foyer; 1’image Se trouve déformée. 5
Un verre quelquefois exempt de striës apparentés, mêmé & la loupe, est composé de plusieurs couches de verre d’ihégalë den- sité, et, par conséquent^ de pouvoirs réfractifs différente. On con- «joitqu’un tel verre soit impropre a la confection d’une lunetten Ör, si un tel verre, presque parfait en apparence, est impropre a
CONSIDÉRATIONS GENERALES.
1’optique, a plus forte raisön sera-t-il impossible dé faire tin bod instrument aveö un verre oü se verront des stries ÖU des ondeS.
Les vorres, nous Pavons dit, ne sont pas des seis com pos és dans des proportions définies invariables; et, pour parlor d’abord du eristal, que nous avons vu être un silicate de potasse et de plomb, le rapport entre 1’actde et les bases peut varier è ï’infmi; il en résulte que, quand une composition formée de ces trois elements est mise a fond re dans un creuset,Peffet de la liquefaction tendant è précipiter vers le fond les parties les plus denses, c’est-a-dire les silicates les plus plombeux, les couches inférieures de la pötée sont sensiblément plus denses que les couches supérieures. Saus doute, On serait porté a croire que, si dans tin Creuset de eristal bien pur, bien fondu, abandonné a un refroidissöment lent, Oh sciait des tranches paralIèles ü la surface dëPépaisseur des disques donl on aurait besoin, ces tranches devraient être propres è don¬ner de bons objectifs, que la très-faible différente de densité exis- tant dèns une épaisseur de 1 a 2 centimetres, par exemple, ne serait pas capable de faire dévier les rayons; mais, dans un tel creuset; il y a d’aulres causes qui peil vent amenerun défaütd’ho- mogénéité : 1° la bhaleür du four n’agit pas üniformément sur toutes les parties du Creuset; ët le verre ëtant miüvais conduc- teur du calorique, il y a ainsi des parties plus liquides que d’aulres, ét il peilt S’établir des ondülations darts la masse consti- tüant des differences de dértsité darts urtö menie öou’che \ 2Ó tint
que le verre est eri fusion; il y a tóüjours piés bli möins un dë- gagement de büllés qui, en Së portaal i la surface du verre, soulèvent et entralnent avéc elles des parties de verre plus denses vers des parties de verre inoins denses; 3° eiifin, qiiölqilo biért fait que soit le creuset, qüe nóus savöns être d’argilë, sasübsUhce est toujours plus oü moirts attaquéë paf les ma tiet es qui com po-sent le verre, c’est-a-dire par 1’alcali et 1’öxydé dé plonib. Les parois du creuset sè trouvónt dönC tapisséës d’uüb couclié plus öü moins étenduede silicate de potasse de plörnb ét d’alümine, qüi est bien plus dur que le silicate de potasse et de plomb, et qui fest la source principale des stries, qüi, par un grand nöttibre de causes; viennent s’étendrc jusqu’a 1’intérieur du creiiset.
On a cru toutefois löngtemps que le sciage de tranches paral- Ièles devait donner le plus dechances de trouver dés disques propres è faire de bons objectifs, et oh attribuait lë manque dé
réussite uniquement a uue mauvaise fusion. Telle n’était cepen- dant pas la cause essentielle de 1’impossibilité de trouver de bons objectifs dans du verre abandonné a un refroidissement lent. Outre les stries, qui, ainsi que je 1’ai fait remarquer, peuvent en¬core se trouver dans ce verre, il présente, vu a travers deux faces po lies, une apparence gélatineuse qui en trouble la transpa¬rence; les rayons lumineux ne peuvent le traverser directement. Je crois avoir trouvé la véritable raison de eet état du verre en 1’attribuant a un commencement de cristallisalion. Nous avons dit précédemment que tous les verres, c’est-a-dire les silicates multiples, ëtaient susceptibles de cristalliser quand ils passaient, dans des circonstances spéciales, de 1’état liquide a 1’état solide. Nous avons vu en même temps qu’il n’était pas toujours facile de placer les verres dans ces circonstances spéciales qui produisent une cristallisation nettement forméejmais dès que le principe existe que la tendance est un état normal, il en résulte que dès qu’un verre est abandonné a un refroidissement lent, il doit s’opé- rer dans ses molécules un commencement de mouvement vers 1’état de cristal, el je ne doute pas que ce ne soit ce mouvement des molécules qui produise dans la masse ce trouble, eet état gé- latineux qui existe dans tous les verres refroidis très-lentement; et, d’autre part, si pour éviter eet effet on tente un refroidisse¬ment rapid e, nous savons que les parties centrales se trouvant encore a une température élevée, alors que les parties le plus tót refroidies ont déja passé a 1’état solide, toute la masse se trouve alors dans 1’état de la larme batavique et éclate en une multitude de fragments, soit spontanément, soit a la première tentative de division qu’on veut opérer.
Des considérations qui précédent il résulte que, pour obtenir un verre propre aux usages de 1’optique, il faut, par un moyen spécial, amener toute la matière contenue dans un creuset a un état de dënsité aussi homogène que possible dans toutes ses par¬ties, et maintenir eet état d’bomogénéité pendant le refroidisse¬ment du verre.,
L’inventeur de ce moyen, Guinand, avait remarqué dans une verrerie que quand, par un défaut quelconque de la composition, soit qu’on eüt enfourné successivement dans un même pot des compositions qui n’étaient pas dans des proportions identiques, soit qu’on eütajouté a un mélange des groisils ou cassures de
CONSIDERATIONS GÉNÉRALES. 6o"
verre provenant de verre de composition différente, le verre se trouvait ce qu’on appelle cordé, ondé, on corrigeait ces défauts en mdctant Ie verre a Ia fin de Ia fonte, c’est-a-dire en brassant S. plusiéurs reprises ce verre avec une barre en fer qu’on retirait du creuset avant qu’elle fdt assez cbaude pour adherer au verre. Sans doute aussi il avait remarquó que si on verse dans un verre deux liquides de nature différente, de 1’eau et du sirop par exem- ple, on a p ergo it des stries nombreuses qui disparaissent complè- tement lorsque, par un m&clage au moyen d’une cuiller, on mêle le liquide de manière a produire un tout homogène.
Guinand düt sans doute essayer de mêcler aussi sön verre a diverses reprises avec un instrument en fer; mais cette opération produit des bulles, car on est obligé de changer souvent la barre de fer qui s’échauffe rapidement. II pensa done que s’il pouvait brasser avee un instrument qui resterait dans le verre aussi long- temps qu’il voudrait sans faltérer, le problème serait réèolu: il imagina done de brasser son verre avec un outil formé de la mëme matière que le creuset: il fit un cylindre creux en terre réfrac- taire ferme a sa base, et garni a sa partie supérieure d’un rebord plat pour s'appuyer sur le bord du creuset. Après avoir fait chauf¬fer ce cylindre au rouge blanc, il le porta dans la matière liqué- fiée, et, introduisant dans ce cylindre un crochet a long manche en fer, il put ainsi brasser d'une manière continue en changeant seulement le crochet en fer, quand Ia barre en dehors du rebord du cylindre en terre, devenant rouge blanc, menagait de laisser tomber des écailles d’oxyde dans le verre. Le süccès de cette opó-
ration confirma les espérancesde Guinand, et c’est ainsi que fut produit le premier flint-glass bon pour des objectifs achromati- ques de grandes dimensions.
Telle est 1’ingónieuse invention de Guinand, qui semble bien simple, maïs qui doit frapper d’admiration tous ceux qui s’occu- pent de verrerie. Une fois le cylindre en terre pour brasser le verre imaginé, Ie problème de la fabrication du flint-glass était résolu; il ne restait plus que des questions secondaires. On devait, par des essais, arriver a savoir quelle forme de four convenaitle mieux, quelles compositions on devait adopter poür le flint-glass etle crown-glass, de quelle manière on devait diriger la fonte, A quel moment et comment devait se faire le brassage, comment devait s’opérer le refroidissement, puis le ramollissage du Verre
42
pour en faire des plaques ou desdisques. La plupart de ces ques¬tions ifaVaient pas été formellement résolues par Guinand, et, quoiqu’elles ne fussent que seeondaires, elles m’ont occasionné de très-nombreux et péni bles essa is. G’est sur to ut dans la fabrica¬tion du crown-glass que j’ai rencontré le plus dé difficultés.
: Pour rendre: hommage aTinvention. de Guinand, nous propo-, Sons de donner son nom a 1’outil avéc lequel on opère lé bras¬sage du verre.
Sans doute on ne doit être nullement _ surpris que Térainent professeur de llnstitution royale de Londres soit arrivé aux mêrries conclusions, alors que le secret de M. Guinand n’était pas encore connu.’ M. Faraday, qui opérait. sur de faibles quantités, et qui,. pour ïéviter les stries qui provicnnenl surtout de la malière du creuset, fondait dans des creuse.ts de platine. parvint aussi a don¬ner 1’homogénéité voulue a son verre en le maclant avec un r&- leau de platine. - - ,
Jé ne sais si je dois répéter ici ce qui avait été dit du procédé que 1’on attribuait a Guinand dans X Encyclopédie de Courtin pour la fabrication diu flint-glass. On prétendail que le hasard de Ia chute d’upe masse de flint-glass sur uu rocher avail qpéró un olivage suivant les stries de la malière, et avail ainsi enseigné è Guinand Ja méthode qu’il devait suivre pour la division de son flint-gla&s. Cette méthode, toule fabulcuse qu’elie est, avail co- pendant été ónoncée par un savant distingue dans une séance de la Spciété d’eucouragoment; maïs ellen’asans doute du trouver aucun crédit auprès des personnes ayant des notions pratiques de. laverrerie.
Ayant énonqé je principe sur lequel repose la fabrication du Verre pour les usages deToptique, je yajs a présent enlrer dans les détails de celte fabrication. Je parlerai d’abord des composi¬tions employees pour les diverses sortes de flint-glass et de crown- glass, puis de la fopte de ces verres, du brassage, du refroidisse- ment, de la division du verre refroidi ; enfin^ du rarnollissage du verrn pour en former des plaques op des disqpes.
A ja suite de ces détails de fabrication, je donnerai les tarifs de yenfe, car.nqus ne devons pasoublier que notre but principal, en écrivant Cet ouvrage, a été de faire conpallre, a pos successeurs 1’état complet de la situation des djyerses parties de 1’prtd;e Ia, verrerie au milieu de ce siècle. = / . ;
COMPOSITIONS.
Nous ayons dit qu’on était parvenu, è corriger 1’aberration de
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réfrangibilité des obiectifs, a les rendré aêhromatiques en dormant dcs courbures convenables a des objec tifs composes de deux sortes de verres employés en Angleterre : Je flint-glass et le crown- glass. Depute lore nous avons réservé, en France et en Allemagne, le nom de flint-glass exclusivement aü silicate de plumb et de po-
tasse fabriquê pour les usages de Voptique, et le nom de crown- glass au verre meins dense destine Aêtre combiné avec le précé¬dent. ’
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Nous avons vu aussi qu’on ne se servit pendant longtemps quo de fragments de flint-glass et de crown-glass, c’est-a-dire do cristal
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et de verre, parmi lesquels on recherchait les parties les plus exemptés de stries et autrés défaüts. Ce flint-glass était done du cristal ordinaire qui, a de faibles differences prés, a élé générale- ment com posé, én Angleterre et en France, dans les proportions de:
Silice, ......... ...
Oxydede plomb
200 100
Nous donnerous è ce flint-glass la designation de n° 1.
Nous avons insisté, dans les livres precedents, sur la qualité des
matières premières qui doivent composer les verres et cristaux, il doit done êlre superflu de renouveler ici ces recommandations, car : il s’agifr, pour, eet usage spécial, d’arriVer le plus prés possible de
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Les proportions que nous yenons de citer comme constituant les cristaux en general ont ensuite óté modifiées.qiiand on afpndü du cristal pour l’optique. Comme la solution du problème de 1’achromatisme résultait de la difference.des indices de réfraction et de dispersion des deux verres employés, on a vu qiie Vcffet était d’autant mieux et d’aulantplus facilemept obtenu que cetle différence était plus grande ; on a done élé amené a faire du flint- glass plus dense, teutefois dans certainés limites, car si on veut
660 UVUE VI. — VERRES POUR L’OPTÏQUE.
trop augmenter la proportion dJoxyde de plomb, on arrive a pro- duire un verre trop sensiblement coloré eü jaune, trop tendre, et plus susceptible de s’altérer sous certaines influences.
Les proportions adoptéespar Guinand, et qüi avaient. peut-être été établies pendant qiVil travaillait avec Frauenhofïer, étaient généralement de:
Silice... 100
Oxyde rouge dé plomb. 106
Carbonate de potasse. . 45
Telles sont du moins celles qui nous avaient été communiquées par son fils. Mais nous supposons quo le carbonate db potasse n’était pas bièn sec, car Ie verre compose ainsi aürait été trop tendre.
Le professeur Faraday, voulant éviter les ihconvénients résul- tant de 1’emploi des alcalis dans la composition des verres d’op- tique, en avail exclu la potasse ét fondait un mélange de silicate de plomb, de nitrate de plomb etd’acidö boriqüe. II s’était arrêté aux proportions suivantes .*
154,14 partiesde nitrate de plomb contenant: Oxyde de plomb. 104 , Acide nitrique qüi
disparalt A la
, foute, 50,14.
42 parties d’acide borique cristallisé, con-
tenant:
Acide borique sec. 24
. / ' . . ' 1 ■ 1 , ■■■■■■
Ges proportions produisaicnt done en verre. ,.; 152
Le hut de M. Faraday, en employant le nitrate de plomb, ëtait de üe se sérvir que de plomb chimiqiiement pür. Le silicate de plomb était obtenu en fondant de la silice et de la litharge puri-fied aussi aVéc soin.
Ladensité de ce verre était de, . 5>44fl0
, L’indice de refraction pour les rayons rouges extremes, de..... 1,8621
— — poür les rayons violets extrêmes, de... 1,9135
L’indice de dispersion, de...................,\0yÖ7Ö3
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avait cessé ses travaux sur le
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verre d’optique quand il avait appris que la fabrication du fliini- ^/«ssavait pris un cours régulier en France et on Suisse ; nous sommes porté è croire que s’il leseüt continues,il aurait éssen - tiellement modifie la composition de son verre, qui était trés* tendre, qui avait plus de coloration en jaune que le flint-glass ordinaire, et qui, s’il ne présentait pas les inconvéuients que 1’on rencontre dans les Verres contenant un alcali, était toütefois sujet a tin autre genre d’altération resultant de la très-grande propor-tion d’oxyde de plornb qu’il contenait. ?
Pendant assez longtemps, le flint-glass qüe j’ai fabriqué pour
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la construction des lunettes astronomiques, des longues-vues et des ju molles de spectacle, était composé dans les proportions de;
Silica. .... .. 100
Oxyde rouge dé plomb1 ou minium.. 100
Carbonate de potasse........................... 21,50
Nitrate de potasse . ...., 5
Ce flint-glass, auquel nous donnerons la designation de n° 2, a
les propriétés optiques suivantes :
,h
Pensile 5,569
In dice moyen de infraction.. 1,611,
Indice de dispersion. 0,054
Le flint-glass que nous design ons par n° 1, est celui qui n’est autre que le cristal ordinaire, c’est-a-dire coinposé de :
Sable... 100
, Minium 66,66
Carbonate de potasse.......... 53,35
Plus lard, è partir de 1850, j’ai presque constamment fabriqué le flint-glass pour 1’astronomio avec les proportions suivantes:
Silice ..............100
Minium... .......... 1Ö5
Carbonate de potasse. ............. .. ......... 20
Nitrate de potasse....................;......... 5 ’
062
; La densité de ce flint-glass est de ......., -...... ... .. .5,630
> : Indice moyen de infraction, . •. . •» • ......, 1,628
Indice de dispersion. 0,055
. c ■
Quoique cë dernier flint-glass, que je désigne par n° 3, Soit
. celui auquel jé me suis plus spécialement arrêté, il m’est encore . arrivé quelquefois de fabriquèr du flint-glass dans la proportion du numéro 2 pour dés Opticiens qui, ayant fait leurs calculs de
courbure sur cette espèce, ténaient a n’én pas changer.
Le disque de flint-glass de 74 centimetres de l’Observatoire de
Paris est du numéro 2.
Enfin, j’ai fait encore dü flint-glass plus dense, a la demande cTópticiens qui s’occupaient plus spécialement de la construction des microscopes. Les proportions élaient de :
;• Silice 400
Minium , ... . 128
Carbonate de potasse . 18
. Nitrate de potasse 7
Ce flint-glass, que je désigne par n° 4, a ünë densité dê 3,80. Nous allons a présent passer aux compositions du crown-glass.
C’est lh que nous avons rencontré les plus grandes diffïcullés. Le crown-glass est la matière ordinaire des glacés, du verre è vitre, de la gobeleterie commune; e’est un compose de siliee, de potasse
* ou de soude et de chaux. Si ce verre n’ëst pas fondu dans un four assez chaud, s’il contient une trop forte proportion d’alcali, il attire fortement 1’humidité. La chaux remédie en partie è eet ineonvé- nient. Mats une forte proportion de chaux donne uri verre sujet aux dévitrifications. Ces devitrifications sont d’ailleurs singulière- ment favorisées paries refroidissements partieïs qui ont liéu pen¬dant Topération du brassage et le refroidissement final opéré lentement. L’emploi de la potasse, substituée a la soude, éloigne ces causes de devitrification. Mais le silicate de potasse est plus dur a fondre, plus visqueux qtie le silicate de soüde; il est plus difficile, dans un petit four ne contenant qu’un creuset, d’obtenir et de maintenir la temperature suffisante pour 1’opération du
brassage. Nous avons successivement vaincu toutes ces difficultós, et 1’on pourra travailler avec certitude en suivant nós indications.
Nous commencerons par dire que les proportions de silice et alcalis que nous avons précédemment indiquées, soit dans lés
Bulletins de la Société d’encouragemént, soit dans le Mémóirö è 1’Académie des sciences, n’ónt doririé què du crown-glass assez im parfait, ce qui tient en grande partie a ce que le crown-glass n’était pour ainsi dire pas deiriandé par les opticiens frangais, qui se contentaient dé chercher dans des fragments de glacés cou- ïées les parlies les plus pures, ou, pour mieux dire, lés moins
impures. Mes essais de fabrication d’un bon crown-glass n’avaient done pas un but de rémunération suffisante : ces essais étaient assez dispendieux, et n’avaient quelquefois, com me réSultat; que du verre dévitrifié pendant le refroidissement lent, surtoüt après Paction d’un brassage assez prölongé. Ce n’est que lorsque j’ai été assure d’une consommation importante* en Allemagne ét en Angléterre, que je suis arrivé a fabriqUer un crown-glass dö rit lés qualités satisfont aujourd’hui les opticiens qui travaillérit avêc lö plus de soin ét de précision.
Le crown-glass que je fabriqüais a de rares intervalles, de 1843 & 1848, était compose dans lés proportions suivahtes :
Silïce,...... 100
Carbonate de pötasse ..'.............'. 43,5
Miniüm ....... 9
Nitrate tie potassë. ........................ 1,5
Carbonate de chaux. Ö,5
J’ajoutais alors 0,3 d’oxyde de fer, paree que les opticiens dé- siraient une légere leirite verd&tre pour arriver plus facile men t è
Pachromalisme.
LeS opticiens trouvaient ce crown-glass assez bon; ils ne lui re- prochaient que d’etre uh peu hydroscope. Il fallait avoir soin dé tenir Pobjeclif dans un lieu sec et de ne pas le laisser tröp long- temps sans soins, e’est-a-dire sans nettoyer ses surfaces. G’est avee ce croton que M. Lerebours avail fait Tobjectif d’une lunette aslro- nomique de 14 pouces qu’il avait vendue a 1’Observatoire do Paris, pour le prix de 25,000 francs, du temps de la direction de M, Arago, et après qu’on avait fait tons les essais qui conslataienfc que eet objeelif donnait de bons résullats. C’est pour cette lunette que M. Arago avait fait construire une coupole et commaridé è M. Brunner un pied qui ne se terminait pas. Pendant ce temps, M. Arago était mort et avait été remplacé par M. Lè Verrier, qui avait relégué l’objectifdans un lieu bumide; et lorsque M. Lere~
664 EIYRE VI. —T VERRES POüK l/OPTIQUE.
hours désira 1’expos er en 1855, M. LeVerrier s’y refusa en disant que c’était la proprióté de TOhservatoire, et qu’il he permettrait pas qu’on Ten sortlt. Ce fut toutefois une occasion pour lui de re- voii* eet objectif si longtemps oublié,. et on s’apernut que la surface du convexe, c'est-a-dire du crown, était couverte d’une multitude de petites félures semblables a celles que Ton voit sur les an¬ciennes vitres de Bohème négligées dans des escaliers.
Nousn’essayerons pas de justifier ce défaut du crown, mais le manque de soins de 1’objeclif était également injustifiable; car, a la même époque, M. Secretan, associé puis successeur de M. Le- rebours, avail encore dans ses ateliers un autre crown de 14 pöuces provenant de la même potée de verre, et qui était tout a fait exempt de ce défaut. On pouvait done, a la rigueur, faire de bons instru¬ments avec Ie crown composé de cette manière, mais a. la condi¬tion de ne pas les négliger.
Longtemps avant d’avoir connaissance de Taccident de eet ob¬jectif de 14 pouces, j’avais d’abord modifié ainsi qu’il suit cette
composition:
Sjlice .. 100
Carbonate de potasse 41,04
Minium 9,46
Chaux éleïnte.. 9,46
Nitrate de potasse ,1,90
La densité de ce crown est de 2,55
' 1
L’indice de réfraclion, suivant A. Ross, est de 1,5054
Je lui donne la désignation de crown n° 1.
Ce mest pas la le dernier crown oü je me suis arrêté. J’en donne ici la composition/ paree que beaucoup d’opticiens en Angleterre et aux États-Unis en ont été très-salisfaits et 1’ont trouvé très- avantageux par les résultats qu’ils en obtenaient dans la construc¬tion des appareils pour la photographic. Ils ont done demandé qu’on continuat de fabriquer ce même crown pour eux.
Mais sans ancun doute le meilleur crown fabriqué jusqu’a pré-sent, celui de tous les verres connus qui attiré le moins 1’humi- dité, qui,, sous ce rapport, est bien supérieur au verre des fahriques de glacés, résulte de la composition dans les proportions sui-
vantes :
Silice 40Ö
Carbonate de potasse.... 42,66
. Chaux éteinte...., 21,66
Nitrate de polasse 2,22 *
La densité de ce croton esl de 2,42
L’indice raoyen de réfraction 1,5206
—— de dispersion........ 0,046
Je designe ce crown sous le numéro 2.
Cette composition est celle du disque de crown de 0™,74 vendu è. I’Observatoire de Paris, avec lequel j’espere qu’on fera un jour une lunette astronomique. Outre que cette dimension dé- passe de beaucoup ce qui a été fait jusqu’a présent, M. Léon Fou¬cault, qui a fait une très-longuo et très-sérieuse étude de ce verre avant qu’il fut acheté, a déclaré que c’ólait le verre le plus par¬fait, le plus pur qu’il ent vu.
Ce crown est également propre aux usages de la photographie et de 1’astronomie : c’est celui qu’emploient la plupart des opti¬ciens de France, d’Angleterre, d’Allemagne et d’Amérique.
Nous ne devons pas négliger de mentionner le crown qui a été fait par M. Maës, de Clichy. Cet habile manufacturier, qui a fait des essais très-recommandables et très^remarquables sur une assez grande variété de bases avec lesquelles il pouvait être convenable de combiner le silice et 1’acide borique, s’est plus spécialement arrêtéèla production d’un silico-borate de zinc, potasse etplomb, dont il avail présenté & 1’Ex position de Londres de 1851 des échan- tillons de service de table d’une grande blancheur et d’une grande limpidité. M. Maës en a fabriqué pour 1’usage des opticiens, qui 1’ont employé comme crown, mais il ne parait pas qu’ils lui aient reconnu aucun genre de supérioritó sur le crown ordinaire, et je ne pense pas qu’on ait continué è en faire un grand usage.
Ce verre, analysé par M. Fréd. Claudet, a donné le résultat
suivant:
Silice 57,17
Oxyde de zinc. , 14,50
Oxyde de plomb . 5,90
Chaux ... 1,67
Polasse 17
95,24
Acide borique®6,76 100
-
1 Dans 1’analyse d’un verre contenant de 1’acide borique on nè peut dosèr cet
On volt, par cette analyse, qu’on n’a pas employép our faire ce verre dü borax; qui est un borate desoude, inais bien del’acide boriquè.
D’après les proportions dë cetté analysé, ce verre, est d’une na¬ture très-téndre, et, d’après ce que nous avons dit au livre Ier sur les analyses de verre, noüs estimons que co verre doit êlre com¬pose è très-peu prés dans le.s proportions suivantes:.
Silice 100 soit
Acide boriqne 11,87 —
Oxyde de ziuc. 25 —
Minium 6,84 —
Ghaux 3,10 —
Carbonate de potasse 43,12 —
La dehsité de ce crown est de. 2,65
L’indice nioyeri de réfraclïon, de ..; *.; 1,5285
Après avoir indiqüé ces diverses compositions de flint et de Crown, j’insisterai sur l’impOrtahce dè la régülarité la plus seru- püleüsö des proportions. Le moindré changement amènë des différences très-appréciables dans les propriétós opliques. des verres. Quand tin Opticien a fait les experiences relatives auX poüvoirs iréfractif et dispersif d’ün flint et d’un crown, et cal- culé d’éprès cés indices les courbes qü’il doit donner a ces vèrres pour les divers instruments qu’il a a cönslruire, on congoit 1’im- pórlance qu’il y a pour lui è ne pas avoir a refaire ces expe¬riences pourchaque objectif. Quand il a regu du fabricant un cer¬tain nombre de disques de flint provenani d’une même pótée et de crown également d’une même polée, il poürra, après s’être assure de Ia bonté d’un premier objectif, marcher ensüité avéc söreté potir tous les aufres disques de ces deux potées, flint, et crown. Mais honseulement l’opticien, et avec raison, vèut n’avoir pas a refaire des expériences pour cliaque disqüe, mais il est im¬portant póiir lui que tous les disques qu’ il demand era par la suite au fabricant, et, par conséquent, de potées subséquentes, aient
acide que par difference, c’esl-a-dire qu’on reconnalt sa présence, maïs il échappe & 1’analyse quantitative; alors on dose les autres substances^ et la difference est lepoidsde Kacide boriquè. '
afe exactement les mêmes propriétés optiques. Or, pour prouver è quel point le moindre changement dans les proportions peul influer sur ces qualités optiques, je dirai que si, a la composition d’un flint
' ' ■ - ' r
Ou d’un crown dans 1’une des proportions indiquées précédemment, on ajoute même seulement un tiers oü ün quart de cassons de
verre provenant d’unê précédentê pötée faite exactement dans les mêmes proportions, cette settle addition de cassons suffit pour modifier schsiblement les propriétés optiques du produit. J’avoüe què je n’eusse pas pu le supposer, maïs j’en ai eu la preuve con- vaincante dans mes relations avec RL Voigtlander, qui a adoptó pour ses instruments certaines courbures qu’il execute constam- ment et avec une precision pour ainsi dire mathématiquc, el qui exige, en consequence, qu’on lui Jivre toujours des produits ideu- tiques. A trois ouquatre reprises, j’ai regu des plaintes de M. Voigt- lander sur des modifications de la composition de son flint ou de son crown, modifications qui amenaiént des imperfections dans ses objectifs, et chaque fois la modification n’avait consistó que dans 1’addition d’une proportion de cassons du même verre, et chaque fois aussi il m’a confirmó que son verre éldit revenu è ce qu’il devait être quand j’avais suppriméTemplói du groisil. II faut done, pour avoir toujours des résultats identiques, toujours employer avec les matières neuves une certaine proportion inva-riable de cassons, ou ne jamais en employer. .
En France, les opticiens emploient généralement póür la pho-tographic, les instruments d’astronomie, lés lórigues-viies et les jumelles, presqüe exclusiveinént le flint ri° 3, et pour crown des fragments de glacés coülées.
Eh Arigleterre, on emploie, póür la photographie, pïüs dé flint n" 1 quó de ri09 2 ou 3, plus de crown n° 1 que dé n° 2. Pöttr lés lunettes, le flint nu 3 et le cröwn ri° 2.
En Allemagne, pour la photographie, lè flint n° 1 ét le crown n° 2; pour les lunettes, 1c flint n° 3-ét le crown n° 2.
. ’ * - 4 J . I
M. L. Foücault m’a dit plusieurs fois qü’il était persuadé qüe le flint ri° 1 devdit être Ie meilleur pöttr lés objectifs pour ld pho-tographies com mé étant celui qui contienl Ié moins dé plomb, ét
, , _ I
ayant, én conséquence, des effets moindres de fluorescence.
668 LIVRE VI.—VERRES POUR i/OPTIQUE.
FONTE.
Le verre d’optique doit être fabriqué dans un four spécial, car on congoil que les opérations auxquelles il doit être soumis ne peuvent pas s’associer a celles des autres verres pour les usages ordinaires, et surtout paree quele verre d’optique doit être aban- donné a un refroidissement lent dansle creuset. Nous avons seu- lement parfois profile de Toccasion d’un four ordinaire arrivé au terme de sa durée pour employer a la dernière fonte un pot a faire du flint ou du crown qu’on laissait refroidir avec le four, bouché avec soi u pour que le refroidissement fiït plus lent. Mais ceci n’est qu’occasionnel, et quand on veut faire du verre d’op¬tique, il fa ut avoir un ou plusieurs fours a un seul pot. Guinand, qui travaillait sur les données des fours ordinaires de Suisse, a va it un four chauffé au bois, et se servait, en conséquence, de
pots découverts; et il travailla de même a Beneditsbeuren, en Al- lemagne, oü le bois est aussi le combustible employé par les ver- reries. Lorsqu’après la mort de son père, Guinand fils se joignit a nous pour faire du flint-glass, il était naturel que, pour suivre de plus pres les errements de son père, on commengat a construire un four chauffé au bois; mais je he tardai pas a reconnaitre les avantages qu’il y aurait è fondre avec de la houille dans un pot couvert; car, dans un pot découvert, la fonte la mieux réussie pouvait être entièrement gêtée par des matières étrangères pro- jetées ou tombant sur la surface du verre, telles que cendres ou fragments de braise, larmes ou éclats de briques de la couronne du four, et j’ai toujours depuis persisté dans ce mode de fonte. Je place ce pot couvert au centre d’un four rond : par cette dis¬position, loutes les parties du creuset se trouvent dans les mêmes conditions de temperature, tandis que, dans les fours ordinaires, la partie du creuset qui est tangente a la par tie inférieure du mur
»
du four n’étant pas soumise a l’action directe de la flamme, n’est jamais a la même température que le cóté opposédu creuset, ce qui est une causede stries; on a en outre eet avantage que, quand le brassage est terminé, on ferme lagueule du pot et le four Jui- même; le verre se trouve ainsi en quelque sorte dans un double four et refroidit plus lentement et plus également.
J’ai généralement employé des pots de 70 centimètres dé dia-
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FONTE. 669
metre extérieur du haut, de 64 centimètres. de diamètre extérieur du bas, et 55 centimètres de hauteur. Ces dimensions sont celles du pot sec prêt è être attrempé, et ne comprennent pas le dóme ou la calotte du pot. En supposant la masse de verre fondue dans ce pot, refroidie en un seul bloc, ce bloc aurait environ :
62 centimètres de diamètre a la partie supérieure,
52 — — è Ia partie inférieure,
Et environ 42 centimètres de hauteur.
Ce blöc pèserait:
En flint n° i, environ 375 kilogrammes. En flint u° 3, environ 415 —
En crown, environ 500 —
J’estime ainsi environ la masse du verre fondu, mais ily a toujours des fragments détachés et adhérents au creuset. Le poids de la masse dépend aussi de l’épaisseur du creuset, car la dimension extérieure est invariable, surtout s’il est fait dans un * moule. II importe de faire les pots assez minces, surtout pour fondre le crown. Ces pots, ne servant que pour une seule fonte, doivent être plus minces que ceux destinés è un long service dans un four ordinaire; toutefois, il vaut toujours mieux pech er par un peu d’excès de force, surtout s’il s’agit de flint dense qui presse fortement sur la paroi du
Le four dont nous don- nons ci-contre la coupe (fig. 150) est celui em¬ployé pour les pots dont nous avons donné les di¬mensions.
A, siége rond massif qui supporte le pot couvert C dontlagueule esttournée vers Farcade FF, par la- quelle on met le pot.
Le siége est entre deux grilles BB.
D est la couronne du
four. Ily aautour decette
couronne six cheminées E, par lesquelles s’opèro le tirage, otqui
débouchent dans 1© cêpe enbriques GGqui enveloppe le four et qui s’ólèvejusqu’au dehors,du toit dela halle a une hauteur to¬tale de lO mèlres. .. . , .
, Quand le pot a été mis & sa place sur le siege, on bonche l’ar- eade FF au moyende deux pierres réfraclaires superposées. La pièce supérieure a une ouverture correspondante è la guéule du pot.
Ayant donnó les détails relatifs aux dispositions du four et du creuset, nous allons procédera la relation d’une fonte flint- glass, puis ensuite d’une fonte de crown-glass.
Si le.four n’a pas encore sërvi, on doit, dans i’intérêt de sa conser-vation, le chauffer lentemént et gradueliement; huil jours ne se- ront pas de trop pour cette preparation. Si on a déja fondu dans ce four, on pourra facilement I’amener en soixante heuros au degré de temperature requis. Pendant le naêmetemps, on a chaufl'é lo creuset a part, e’est-a-dire dans une arche a pots, et quand il est arrivé au rouge blanc extérieurement et intérieurement, on 1’introduit par les moyens ordinaires daps le four amenó a la même tempéralure, et dopt on a garni les grilles d’une couche épaisse de hopille pqur éviterun tirage aclif, jusqu’a ce que le pot
et le four se soient niis en óquilibre de temperature. Le pot étant introduit, on le bouehé, on romet la portinedu four et on garnit de briques sècbes et rouges le tour de la gueule du pot pour bou¬cher le mieux possible le four sans mettre aucup mortier frais en contact avec le pot. On laisse ainsi se consumer le cbarbon qui a été mis sur les grilles. Le four et le pot, qui ayaient été refroidis par le fait de 1’opératiou de 1’inlroduction du pot, reprennent peu a peu leur chaleur, que i’on pöusso ensuite au rouge yif par le
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tisagó; on procédé ensuite a la confection de 1’arcade avec des briques et du mortier de br-iques de four, de telle sorte que toute cette arcade forme ün mur plein qui ne laisse passer queTextré- mité de la gueule du pot, et on laisse seulemenl a drpite et a gauche de cette gueule un petit trou de 1 centimetre et demi a 2 centimetres par lequel on peut juger de Vélat intérieur du four el de sa uiarcbe. ' • •
Quand Ie four a été anienéau plus baut degré de tempéralure, c'est-è.-dire environ quatre heures après finlroduclion du, creu¬set, on débóuche la güeule et on fait un premier enfournement de 12,a 15kilogrammes. Si la composition pst niêiée d’une eer-
■ : .. FONTE.
taine proportion de groisil on fait ce premier enfournenient avec du groisil seulement, sinon avec de Ja composition. Au 'bout dot tróis heures environ, ce premier enfournement est assez fondu poür opérer l’enverrage du pot, que 1’ori fait avec une Spatuie, ainsi que nous 1’avons vu dans les precedents livres. Cette operationa pour but, nóüs 1’avons dit, de rendre les parois du creuset moins attaquables par la composition. L’enverrage fait, on reittet le couvercle dans la gueUle du pot, et, une heure après, on fait un deuxième enfournement de 40 a 50 kilogrammes; puis, de trois heures en trois heures, on fait des enfournëmentS succesSifsjus- qu’a la quahtité nécessaire pour rem plir le pot. Quand cè point est attaint, on met double couvercle dans ïa gueüle du pot# et# en outre, on applique contre le deuxième un torchis de mortier mêlé de foin ou d’un peu de poussière de charbon, de manière a Inter exactement la gueule du pot. Trenle heures environ après le dér- nier enfournement, si la grille a élé bien conduite, si Ia qüalité de la houille est bonne, on doit compter que la fontê estparfaite# et que 1’on peut préparer l’opération du brassage; on détrüit le torchis, on eniève les deux couvercles, on tire une épreuve du verre. Si 1’on voyaitqu’il est encore trop bouillónneux, il faudrait
se haler de reboucher le pot et de continuer la fonte; mais nous le supposons dans 1’état convenable, c’est-a-dire ne préSentant qUe de rares bouillons; alors on prend, au moyen d'ün ferret, le cy- lindre en terre,. disons te guinand, dont nous donnons le dessin figure 151, et qui a óté chauffé è part a blanc dans l’arche a pots; on le nettoie spigneusement en le frappant de toutes parts avec un torchon de manière a öter toutes les parcellesde cendres de 1’arche a pots, ét enfin on l’introduif dans le pot en faisant reposer Ie re- bord du guinand sur Ie bord de la gueule; on mét ün dés couver- cles sur la gueule pendant environ un quart d’heure pour que le guinand arrive la même temperature que le verre, puis y in-: troduisant une harre a crochet, onio plonge entièrement dans le
. verre, el on 1’y mainlient dans la position verticale pendant quel- ques minutes, dans le seul but de Fenverrer. Ce plongement du guinand entralne naturellément dans Je verre des portions d’air qui causent unbouillonnement qu’it faut laisser entièrement re- mouter ayant de procédés au: brassage. Lors done qu’on a main- tenupendantquelquesmjnutesle guinanddans cettepositionver- ticale, évitaut, bien entendu, que le bouttouchele fond du pot (et
du teste sa hauteur doit être telle qu’il ne puisse toucher le fond taut que le collet se trouve au-dessus de la surface du verre), alors
Kg. 151.
on óte la harre a crochet, on laisse reposer le collet du guinand sur le bord de la gueule, on pose les couvercles, et une heure après on procédé a un premier brassage. A eet effet, on établit en avant de la gueule du pot un support pour la barre du crochet ; ce support est quelquefois un rouleau horizontal monté sur deus axes verticaux fixés sur une pierre, ou mieux encore sur une poulie verticale pouvant piyoter sur elle-même. La figure 151 montre que la poulie A est portée dans un étrier qui peut pivoter dans un support, lequel est placé a la hauteür nécessaire pour que le dessus de la poulie se trouve è quelques centimetres au- dessus du bord de la gueule du pot. Le crochet B, dont la partie C eutre dans le guinand, est en fer carré d’environ 5 è 6 centime¬tres de diamètre, puisla partie a la suite est ronde, de manièré 5 porter dans la gorge de la poulie; la barre du crochet a environ S'1,50 de long et se termine par une douille traversée par un manche horizontal en bois.
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L’étrierde lapoulie doitêtre fixé assez solidement pour que le
mouvement du brassage ne le derange pas.
Quand ces apprêls sént terminés, on introduit le crochet de la
barre dans le guiiiand, puis, appuyant la barre sur la poulie, et
prënant des deux mains la traverse en bois, ou manche de la barre, on fait décrire au crochet, et, par conséquent, au guinand/ des évolutions concentriques én maintehant lé guinanda peu pres vertical ; il est bón toutefois de I'inclincr légèrement de temps a autre dans ces évolutions, en même tétinps qu’önle fait sortir et replonger de 8 a 10 centimetres. De cette manière, on opère un mélange des couches inférieures du verre avee les couches supérieures. Non-seülemênt il ne faut pas queTextrémité du guinand touche le fond du créuset, mais il ne faut pas nou plus que, dans ses évolutions, il se rapproche trop des parois, paree que nous savons que ces parois sont tapissées d’une couche de vérre alumineux qui est la plus grande cause des stries. Quand la barre est arrivée a une température qui peut faire craindre la chute d’écailles de fer, ce qui a lieu au bout de quatre a cinq minutes environ pour une barre de 5 a 6 centimetres, oh la remplace par une nouvelle,, et pour cela ou maintient avec une petite barre a Crochet le guinand dans la position verticale, pen¬dant qu’un autre ouvrier enlève la première barre et en subslitue une deuxièmé; on fait ainsi un brassage dé quatre a cinq barres, puis on laisse reposer de nouveau le collet du guinand sur lé bord inférieur de la güéule, oh pose les deux couverclês, on remet
un nouveau torchis et on maintient le four en pleine cbaleur. Trois heures après, on procédé a un nouveau brassage de la même durée, et ainsi de suite péndant vingt-quatre heures, c’est-a-dire qu’on opère ainsi buit brassages avant de procéder au brassage définitif. Chaque fois qu’on a retiré une barre h crochet, on la plongedans de 1’eau légèrement acidulée qui fait tómber toutes les écailles de fer, on la lime un peu, et, après 1’avoir limée, il faut la battre avéc ün marteau póur faire tomber la limaille qui a pu y réster altacbée, et qui ne manquerait pas de tomber sur le verre si on 1’y laissait, et cette barre peut être réemployée de suite; dé sorte qu’il suffit de deux oü trois barres a crochet pour
opérer tout le brassage.
Ayant done fait, comme nous Tavons dit, huit a dix brassages partiels dé quatre ou cinq barres, eh maintenant le four è pleine
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température de foute, et bien reeonnu que le verre est bien affiné, qu’il ne présente que de très-rares bulles, on fait un bon tisage et on laisse tirer le four jusqu’a ce que ce tisage soit presque entiè- rement consommé, ce qui facilite le dégagement des dernières bulles; puis on fait une bonne braise bien battue sur cbaque grille, on ouvre le pot et on commence le dernier brassage du verre, qui est alors dans un grand état de fluidité, laquelle flui¬dity diminue naturellement a mesure que.le brassage se prolong©. Pendant ce dernier brassage, on ne remet plus de bouille sur les grilles, et la braise qui a óté faite empêche seulement la tempera¬ture de décroitre trop rapidement et empêche aussi les courants <Tair au travers de la grille, qui mêttraient le verre en mouvement. Pans cette dernière operation, deux hommes doivent se relayer pour le brassage, qui dure de deux heures et demie è trois heurës, c’est-a-dire qu’au bout de ce temps, on ne peut que difficilement faire parcourir au guinand ses evolutions concentriqués. Dans les premiers brassages, et dans le commencement du dernier, le mouvement doit être modéré, a peu prés une evolution par se¬conde. Si on allait trop rapidement, on risquerait d’introduire de
Tair dans le verre. Pans le dernier brassage, le mouvement se ralenlit progressivement, suivant la difficulté de la motion, et arrive a n’être plus que d’une évolution pn cinq ou six se¬condes; on voit alors que le vérre devient très-visqueux, par la difficulté qu’on éprouve a tourner le guinand et par le bour- relet de verre qu’il entraine dans sa course; il faut toujours avoir grand soin de ne pas le rapprocher des parois du creuset, contre lesquclles se trouve principalement le verre alumjneux, et enfin quand, couime nous 1’ayons dit, on éprouve une trop grande resistance, on enlève la dernière barre, en ayant soin que le guinand soit dans ce moment dans une position verticale prés d’nn descoins de la gueule du pot; on le laisse un peu remonter par le fait de sa légèreté spécifique, et, introduisant une petite barre dans le creux du guinand, on le retire du creuset en faisant
en sorte de ne pa? amener son extrémité vers les parties cen-trales du verre, car il y a toujours, adherent aux parois du gui-nand et a sa partie inférieure, du verre alumineux très-strié.
Le guinand étant exlrait du pot, il faut aviser è ce que ,1e verre ne puisse pas redeyenir plus liquide. Nous Lavons mis dans un état ou il ne peut plus s’établir de courant descendant ou.ascen-
danl. II fautalors le refroidir de plus en plus, et pour cela, après
avoir bouchéla gueule du pot pour qu’iln’y êntre pas; de poUs*
sière de cendres, on ouvre les cheminées, on fait tomber le peu de
braise qui peut encore rester sur les grilles, et on démolit même
la portine; puis on ouvre Ia gueule du pot et on laisse le tout
ainsi0, jusqu’a ce que 1’intérieur du pöt soit arrivé au rouge-brun.
On ne craint done plus que le verre reprenne üne temperature
nuisible; il faut alors veiller a sa recuisson. On marge les grilles
avec du mortier de terre, on bouche les tisards, lés cheminées, on *
reconstruit la portine, on bouche la gueule du pet, et on aban- donne ainsi le four a lui-même, et, au bout de six a huit jours, on peut rouvrir le four et retirer le pot qui, ordinairement, se détache par écailles de la masse de verre,.pes écailles retenant des portions de verre; quelquefois la masse de verre ne forme qu’un seulhloe, sauf 30 a 40 kilogrammes de fragments adhérents aux écailles du pot. Mais le plus souvent la masse est divisée en un asséz,grand nómbrè de fragments. 1
On peut'augmenter la chancè d’avoir le verre récuit en un seül blqc'èn ne laissant pas Ie pot dans le four quand 1’operation est terminéé. A eet effet, aussitót qu’on a reliré le guinand dü pot, ón démolit rapidément la portine, on appróche du four un chariot a quatre roues de foute pórtant une pierre réfractaire, de tellé sórte que le dessus de cette pierre est au mêrné niveau que le
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siége sur lequel repose le pot, on soulève, avec deux pinces en fer, le pot, de manière è introduire dessous 1’extrémité d’un ma- drier, puis, attirant a soi le madrier et en même temps le pot. au moyen d’une barre recourbée dont on 1’en veloppe, on Tamène sur la pierre du chariot. On laisse ainsi ce pot sur Ie chariot dans la halle, en ayant soin seulement de h?avöir pas de courant d’air par des porles ouvértes; et quand il est descendu & une temperature è laquelle on n’a pas encore a craindre une rup¬ture, e’est-a-dire environ deux heures, plus ou moins, suivant la fempératuro de Vair extérieur , on roule le chariot dans une arche a pot chauffée au rouge et on en bouche tóutes les issues. Au bout de huit A dix jours, on peut ouvrir 1’arche et en retirer le pot.."'" \ '■
■: Il y a des fabricants de verre d’optique qui emploient un guinand de Ia forme de la. figure 152. Avec ungumand de cette forme, on n’a besoin que d’une barre sans crochetj c?est sim-
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676 LIVRE vi. — VERRES PüUR L’OPTIQUE.
on fait entrer une elavette qui rend le guinand et ia barre soli- d air es. 11 n’est nulle ment commode, a vee un semblable guinand, d’opérer plusieurs brassages; car une fois qu’il est introduit par
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la gueule du creuset, on ne peut plus boucher eet te gucule; aussi les fabricants qui emploient eet instrument ne font-ils qu’un soul brassage, seulem ent ils le font plus long. Nous cróyons que la méthode que nous avons indiquée est préférable, qu’on a plus de chances de bien purifier le verre, de le rendre plus homogene apres plusieurs brassages partiele pour ensuite procéder au bras¬sage définitif.
Quand on a, comme nous 1’avons dit, retiré le pot du four* on peut procéder a une nouvelle fonte de verre, car on apu, dans 1’arche oü on voulait faire recuire le verre, chauffer un pot et 1’introduire dans le four après avoir retiré le premier pot fondu; en ayant soin toutefois de faire une braise dans le four avant d’y mettre le deuxième pot.
Ayant décrit aussi minutieusement les détails de la fonte d’un pot de flint-glass, nous n’aurons que fort peu a dire relative ment è la fonte d’un pot de crown-glass. Les modifications sontsimple- ment relatives au plus grand degréde düreté de cette matière.
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Généralement, pour fóndré.lo crown-glass, oh dèvra choisir les creusets les plus minces, la pression de ce verre sur les parois u’étant pas aussi forte.
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Le pot ayant été introduit dans le four et amené au plus haul deg ré possible de température, après toutes les precautions spé- cifióes dans le détail de Fopération du flint-glass, on procédé au premier enfoumement pour enverrage avéc 10 A 12 kilogrammes; soit de groisil, soit de composition neuve; au bout de quatre heures, ce premier enfoumement est suffisamment fondu pour enverrer le pot; on le rebouche après 1’enverrage et, une heure après, on fait un deuxième enfoumement dé 30 è 40 kilogrammes, et paria raison que nous avons donnée dans le détail d’une fonté de verre è vitre, on n'attend pas que 1’enfoumement soit tout A fait fondu pour en opérer un suivant; on fait les enfournements successifs nécessaires pour remplir le pot, puis on bouche en- tièrement la gueule du pot avec les deux couvercles et la torche fraiche, comme nous Karons fait pour le flint-glass, et Kon pousse et maintient le four dans 1’état de la plus haute température pendant trente-six a quarante heures; on doit compter que la fonte est opérée, si la grille et le four ont été bien conduits. On ouvre alors le pot, on y introduit le guinand, on procédé a son enverrage, et, une heure après, on opère un premier bras¬sage de deux crochets seulement, avec toutes les précautiöns in- diquées pour le brassage du flint. Trois heures après, on fait un deuxième brassage de deux harres a crochets, et ainsi de suite.
Nous n’usons que deux barres a cheque brassage paree que ce verre n’est pas aussi liquide que le flint, et qu^il iraporte de ne pas le laisser refroidir. Après avoir ainsi fait cinq brassages de deux crochets, on peut procéder au dernier brassage, que Pon pour suit, comme pour le flint, jusqua ce que la motion du guinand devienne très-pénible, ce qui a lieu au bout d’une heure et quart A une heure et demie environ, et on procédé ensuite au refroidissement et è la recuisson du verre, de la même manière que nous 1’aVons indiqué pour le flint, soit dans le four même, soiteu reti-
rant le pot du four et le plagant è recuire dans 1’arche A pot.
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678 LIVKE VI. — VERMES POUR l’OPTIQUE.
DISQUES ET PLAQUES.
EXAMEN DU VERBE APRÈS REFROIMSSEMENT.
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Si ié verre, étant refroidi, së trouve être en uri grand nombre de fragments, lés faces dé ces fragments pérmettènt de voir, a la vüe simple Ou avec une loupe, les plus fortes stries qui peuvent s’y trouver; on peut done faire ainsi un premier triage, rejeter ën- tièremerit certains fragments ; pour d’autrës, eliminer-jes parties défectueuses, ce que 1’on fait facilcrnent avec un niarteau terminó en pincé. Pour un examen plus sévèrë, qüand il s’agit, par exemple, d avoir des disqües pour 1’astronouiie, il fatitpolir des faces parallèles dans plusieurs directions pour faire une investi¬gation 4 la loupe dans töutés lés parties du fragment; ón póürra. ainsi avoir encore a éiiminër dans ces fragments des portions ou Eon auraapergu des fils, ct on pröcédëra ehsuitearirainollis- sage des fragments doht on voudra se servir.
Si Ja masse du verre s’est trouveerecuite en un soul bloc, on peut faire une première investigation sommaire par la face supé¬rieure; qui ést généralement assez Claire pöür qu’on ptiisse vóir les principal es défectüosités qüi së troüvent it Eintérieür, ét si On a intérêt a faire un examen plus approfondi, si, par exemple, én désirêobtenir un trës-grand disque, on polira sur les cötés deux ou quatreou ün plus grand nombre dé faces diamètralëmeiit opposéès. On récónnaitra aitisi lés places èxaeles oü lés défauts so tröuvènl localises, ét on pourra ensuite faire la division dü bloc avec conriaiSsance de cause. Cette division s’opèrë par lé sciagé, au möyeri de lames en tölé dont ori aiguise Faction avec de 1’émerï él dé’ 1’ëaü. Si ón a è sa disposition ün moteür mécanique, ori poUrra monter sur un même cadre plusieurs lames parallèles, espacées suiVant lés plans oü 1’on veut fairé passer les traits de la scie. On divisëra ainsi le bloc en ün certain nombre de tranches parallèlement a la surface supérieure du bloc qui aura été couché et see IJ é au platre, de manière a mettre cette face supérieure en position verticale.
Quelque pure que put être 1’une de ces tranches ou ïe fragment dé 1’uné de ces tranches, il ne faudrait pas croire qu’on püt en obtenir de suite un disque proprë a faire un objectif, attendu
que Ja recuisson dé la inassé n’a pu être que très-incómpïète; ét bieb que Ia loüpé nepuisse signaler aucundófaut, lé verre né peut êire complélement homogène; il est dans tin ëtat dó tension, il est trempè. Aussi arrive-t-il quelquefois qué lé bloc éélate éó plusieurs fragments Sous Faction de la scie; et, Tnêmé quand la division en fragments s’est opérée spon tan é ment dans lê pót pendant le refroidissemént, tous ces fragments sont dans ün état dó tension.
C’est ia ün póint qui n’avait pas fixé Fattention tant qu’ön né faisait que de petits objectifs, ét même pendant longtemps, quand on construisit des lunettes dé plus grandes dimensions, on né pénsa pas a les soumettre a la pierre dé touche dü priSme dé Nicol ou dé la tourmaline ; il est prouvé cependant que certains objectifs n’avaient dó. leur imperfection qu’a ce défaüt inobservó. C’est M. Andrew Ross, lé célëbre opticien de Londres, qui appela le premier noire attention sur ce point important. Quand il s'agit d’un disque d’une dimension qui dépasse seulement 8 cënti- metres, it est déja assez difficile de lé reeüire d’ttné manière par fai te, d’Ópérer le refröidisSëihént intérieur, dé manière a suivre exactement Celui dés surfaces, de telle Sórtè que lés deux faces de ce disque étant poliës, né inaniféstent pas le moiridre nuage quand on le soiimët a 1’épreuve de la lumière polarisée. Cette difiicUlté augmente considérablenient a mesure que le dia¬metro s’accroit; aussi considérons-nous comme un rësultat très- rémarqüable d’avoir pu amener les deux disques de 74centimètres, /Zirtif et eröw», dé 1’Observatoire de Paris, a un état sënsiblement exempt dé tension.
RA MOLL USSA GE DU VERRE ET SON MÖULAGK EN PLAQUES . ÓU EN DISQUES.
Le produit d’uhe potéè dë verre ayant été examine dans toutes ses parlies, il faul rejeter, pour ne pas être employés dans les fontes uitérieures, non-seulement lés fragments qui étaient adhérents au creuset, mais aussi tous ceüx dans lesquels on a vu dés fils nom- breux; car ces fiïs sont priticipalëment dus, nous 1’avons dit, a un verre alumineux, et seraiént une nouvelle source de stries dans une autre potée.
Tous lés petits fragments qui paraissent assez purs, depuis le
680 LIVRE VI. - VERRES POÜR L’OPTIQÜE.
poidsde 18 grammes, peuvent être employés & faire des disques; on les range par poids correspondent aux diamètres des disques a faire1. Pour les fragments 5 partir du poids de 7 a800 grammes; on peut en faire des plaques ou des disques. Les fabricants de jumelles et de longues-vues d’un faible diamètre, a Paris surtout, émploient principalement des plaques de .flint de 18 a 30 centi¬metres carrés et de 6 è 10 millimetres d'épaisseur; ily a des fabri¬cants qui font ces plaques en mettant les fragments de flint dans des moules carrés en terre réfractaire de dimensions appropriées au poids de cbaque fragment, plagant ces moules dans un four a réverbère, et chauffant ce four jusqu’a ce que le verre, par son ramollissement, se soit étendu sur.toute la surface du moule, et saus ex er eer aucune pression sur le verre pour béter son aplatis- sement. H faut que le four soit a une haute température, que le verre ait acquis un assez grand degré de ffuidité pour pou- voir s’étaler jusque dans les angles du moule, et, dans cette
operation, .la surface de la plaque devient piquée et ridée, de manière a rendre sa division au diamant assez difficile. Nous
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préférons placer tous les fragments dont nous voulons faire des plaques dans la partie A de notre four è ramollir (fig. 153, p. 681); qüand ce four a été amené 5 la température nécessaire au moyen du foyer D, on amène un premier fragment dans la par¬tie B, et on le travaille par .la porte E; ce travail consiste, lorsqu’on voit qu’il commence a prendre un premier degré de ramollissement, a le fagonner au moyen de deux pinces plates, de manière è le rapproeher de la forme carrée, puis on com-mence a se servir d’un polissoir semblable a celui dont se servent les étendeurs de verre 5 vitre, e’est-a-dire un petit bloc de bois de 12 a 15 centimètres de largeur sur 8 a 10 de lon¬
gueur et épaisseur, fixé au bout d’une tige ronde en fer de 1 m,75 a 2 mètres de longueur; Pouvrier appuie et presse en frottant avec ce polissoir sur Ie fragment de verre, en posant le bout
1 On se rendra facilement coropte du poids du verre nécessaire pour cbaqne dimension suivant Pépaisseur qu’on veut lui donner, sachant que :
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1 centimetre cube de flint n° 1 pèse 3KT/20
1 — n° 2 pèse ... 3 ,56
1 — n° 3 pèse 3 ,65 \\
4 centimetre cube de crown n° 1 pèse.,. 2 ,53 i
1 — n° 2 pèse. , 2 ,42 \
du manche sur 1’épaulo. et forcant avec la main sur le milieu de la tige. Cette operation se fait en plusieurs fois; è chaque
Kg. 153.
fois, on éteint dans 1’eau le polissoir qui s’est enflammé; si, par cette pression, le fragment prend encore une forme irrégu¬liere, on le fagonne de nouveau ,avec, les lames de fer; enfin, qnand il est prés d’atteindre la dimension qu’il doit avoir, eu égard a son volume, on place dans le four un cadre en fer plat de la dimension voulue, et de manière a envelopper le morceau de verre sur lequel on presse avec lö polissoir jus- qu’a ce qu’il remplissece. cadre. On enlève alors co cadre, on pousseja plaque dans la partie C du four, et. on procédé de la même manière pour les a utres fragments placés dans la partie A, De temps en temps, on projette un peu de sable trés-fin sur la sole du four B, pour que le verre ne s’y attache pas, Par cette manière de. faire les plaques,. on en fait , ün bien plus grand.nombre dans un même temps, et leur surface polie donné beau coup plus de facilité de lescouper au diamant. Ce mode de procéder est plus sujet a mettre le verre dans un état de tension; mais avec.la préeaution, lorsque la plaque est terminée, de ia laisser quelques instants sur la. sole B, pour qu’elle reprenne,
* , * •.
682 UVRE VJ. — VERRES POOR 1,’OPTIQUE.
dans toutes ses parties, une température uniforme, ét, en don-
nant des soins è la recuisson, dans la partie C, on a généralement
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des plaques bien ree uit es, non trempées. A mesure que les pla¬ques arrivent dansla partie C, óïi lés relève en piles, les unes pres des autres contre lés paróis, au moyen d5une pelite fourche chaude, par la porie F; de cette manière, elles tiennent moins de place, car si on les laissait è plat, on ne pourrait en faire qu’un nombre très-limité. Quand on a étendu tous les morceaux qui étaient dans la partie A, on ferme bien la porte G, la porte F, on pousse le feu de manière a amener toute la partie C du four a une température avoisinant celle du ramollissage, puis on bouche bien soigneusëtnent toutes les issues du four, que 1’on ne dé- bouche que quand il est tout a fait froid ; on sort alors toutes les plaques pat la porte F.
Les disques se font de la même manière que les plaques, mais comme il S’agit de pieces d’une plus grande valeiir, il faut natu- rellement avoir des soins plus minutieus encore, et, d’abord, s’il s’agit de disques pour objectifs astronomiques, les fragments doi- vent être examines avec plus dé soin ■ ainsi, il ne faut pas seule- ment polir quatre ou six faces parallèles, deux a deux, perpendi- culairement a un même plan, il faut encore polir des faces dans une direction perpendiculaire ou inclinée par rapport aux pre¬miers. J’ai un parallélipède de flint-glass dont lés quatre faces latérales ri’indiquent pas de défaütSj et dont les deux autres faces indiquènt dés stries innombrables, paree que cés stries se trou- vent dans dés plans parallèles, pérpendioulairés aux quatre faces latérales. .
Les disques peuvéiit être faits dans des möules en terre par le seul elïet de la cbaleür, oü próparés avec des lames platés, comme nous avons vu poür les plaques^ et presses avec le polissoir dans un cercle en fer. Ge dernier mode est le plus économiqüe, et je cönseille de l’employer poür lés disques destinés è la photogra- phie, dont Ia cónsommaliön est devenue si considerable, et pour les disques pour longues-vues; mais en même temps je recorii- mande, quand le disqüe a été mOulé, de le laisser reprendre une température uniforme dans lë four B, avantde le passer dans le compartiment de recuisson G.
Pour les disques destinés a des objectifs astronomiques, qui sónt d’un plus grand prix, je conseillé 1’üsagede möules en terre;
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BISQUES ET PLAQUES.
ces moules doivent ótre faits en terre très-fine, et, avant d’y dé-
poser le fragment de verre, il ést bien d’y répandrë une très-
légère couche de poudre impalpable de chaux el d’argile,ren-
fermée dans un sachet, pour qne le verre n’adhèrepas au móule.
J’engagerai aussi, dans ce cas, a opérer le ramoliissage dans une
( I .
moufle, et non a feu découvert, pour éviter les parcelles de cen-
dre qui pourraient tomber dans le moule ; si on n’opère pas dans
une moufle, on peut employer avec avantage dés clóches en
terre réfractaire, dont on recouvre le verre et le moule. Dans les
moments oü on met du charbon sur la grille, la cloche so trouye
placée sur le verre; peis, quand la flam me est tout a fait claire,
on enlève momentanément la clöche au moyen d’une fourche en
fer qui Saisit Ie bouton de la cloChe (voyez fig. 154 ci-contrè). Ön
héte ainsi Ie ramollissagê
du verre j et, quand Ie dis- qué est tout a fait forme, la cloche qui recouvre le moule et Je verre, pendant të re- froidissement, facilite sin- gniièrement la bonne re- cuisson du Verre.
Fig, 154.
Quand il s’agit de disquës d'une dimension déja grande^ soit dé 20 a 24 centimetres et aü-dessus, au liéii d’employèr un moule pour lequel il y a alors des chances d‘adherence dans 1’angle, je conseillerai de se servir, de preference, d?un cercleenterre rófrac- taire, au milieu duquel on place le verre, et qüè 1’on recouvre également d’une clöche; il faut, bien entendu, que la sole du four Sur laquelie on opère spit bién propre, hiep unie el horizon¬tale; on y met également une légere couche do poudre impalpable, pour que le verre n’y adhère pas. C’est de cètte manière que nous avons fait, chez MM. Chance frères, de Birmingham, tóüs lés grahds disques et, ëntre aütres, les disques de 74 centimetres de rObsèrvatoirë de Paris1. On con^oit que quand il s’agit de sem-
1 Noüs croyons devoir dire qilelques móts dé cess déii.vdlsques, dont lég diïnéii- sions dépassenl dé beaucoup toutès celles qui önt été prod u ties jusqu'é ce jour; lis out été d’abord Soumis a 1’inspeetiön de M . L. Foucault, qüt a fait iiii rapport dont noüs exirayons ce qui Suit: ' ‘
« Le disque de flint, qui avait déja été examine é Londres, iious est Arrivé tont poli sur ses deux faces; 1’image projetée sur 1’écran a aussitól révélé l’existcnce
r'
- Sis 11 Lr;
blables dimensions, un seul disque est une opération qu'il faut mener isolément et avec de grandes précaulions. Le flint pesait 110 kilogrammes et le crown 80 kilogrammes. De telles masses de verre demandent déja de grands soins pour êlre amenées de la température ordinaire a celle nécessaire au ramollissage. Nous
de la region défectueuse signalée dans le rapport de M. Glaisher. Cette region, traversée d’un certain nombre de Hls, est placée environ a la moyenne distance du centre et du bord voisin. Une observation attentive montre que ces fils ont des prolongements, des ramifications vagues qui, en s’effa$ant graduellement, smetendent assez loin pour affecter d’une manière sensible environ la moitié de Tétendue du verre. Au centre., se trouve un fil secrecourbé tres-apparent, signalé également dans le rapport anglais, maïs qui ne doit présenter aucune espëce d’inconvénient.
« Pour le grand disque de crowti, on a fait dresser et polir les deux surfaces, et, par Paspect de Vimage projetée sur Pécran suivanl Ia méthode déja décrite, on a pu juger de la limpidilé et de rhoraogénéité que présente la pièce dans toute son étendue; il ne rfegne au milieu qu’uhe vague apparence dc fil gras de 2 ou 5 centimetres, et dont la presence est tout a fait négligeable. De tons les verres grands et petits que nous avons examines, ce crown est le plus beau qui ait passé sous nos yeux,
On est arrivé a reconnaitre que les deux verres possedent des pouvoirs ré™ fringenls et dïspersifs convenables; que le crown, par sa pureté et son homo- généité, constitue une piece hors ligne, et que le flinty également trfes-beau dans* certaines parlies, est entaché dans d’autres par la presence de fils dont Pinfluence pouvait encore inspirer des craïntes sur Puniformité de densité de la masse. II a done élé résolu qifon tenteraït une dernïère épreuve pour comparer, au moyen des interferences, les densités de deux échantillons prélevés sur deux points op- posés du disque de flint. Ileureusement ce disque coraportait entre deux de ses diamètres une difference de pres de 1 centimetre, qui a permis de faire l'emprunt de deux échantillons sans restreindre aücunement les dimensions du futur ob- jeclif. Les deux échantillons taillés, rapprochés et insérés dans un même bloc dc verre ordinaire, ont élé travaillés en même temps et ramenés exaclement a une même étendue en longueur; puis, en les soumettant a Pépreuve délicate de la comparaison ïnterférencielle, on s’est assure qu’il n’existait entre Pun et Pautre aucune difference appreciable. Dfes lorsj il ne reslait plus aucune objection, etil m’a semblé, monsieur Ie ministre, que le moment élait venu de se préoccuper des moyens & employer pour procéder a la taille desdisques delamaison Chance. »
C’est en cherchant les moyens h employer pour celte taille, pour laquelle fil. Foucault trouvait nécessaire de conslruire un collimateur pour la verification des surfaces, qu’il fut conduit a Pinvention du télescope a miroir de verre argenlé qui retarda de plusieurs annees le travail de Pobjectifde 74 centimetres. M. Fou¬cault s’élait toutefois remis au travail peu de temps avant Pinvasion de la cruelle -maladie qui Pa enlevé a Ia science. Jamais mort prématurée n’a laissé lde plus vifs regrefs : que de découvertes ne devait-on pas encore attendre de ce puissant génie! !
BISQUES ET PLAQUES. 685
avons placé le verre sur une pierre réfractaire d’un grain trèa- linsur laquelle avail été répandue une Irès-légère couche de poudre impalpable. Cette pierre réfractaire était elle-même posóè Sur un chariot en fonte, dont les quatre roues reposaient Sur deux rails dans une arche a pot assez profonde, dont les foyers ét ai ent a 1’entrée. Le verre était au centre d’un cercle en terre réfractaire de 76 céntimètrês de diamètre intérieur et de 8 centimètres de hau¬teur, recouvert extérieurement d’une cloche en terre réfractaire.
Lé chariot étant au fond de 1’érche, les portes de Parche fer- mées, on a allumé un petit feu dans les deux foyers de l’arche, places a droite et é gauche de la porie; ce feu a étó poussé gra- duellement et aVec beaucoup de lenteur pendant Soixante-douze heures; il y a surtout un moment très-dangereux, c’est celui ou tout 1’intérieur du four étant recouvert d’une cóuche noire, cette couche se brille, et le four passe rapidement au rouge; il faut done tdcher de maintenir cette couche noire le plus longtemps possible pour que 1’intérieur de la clochè et les parties centrales du verre aient le temps d’acquérir cette mêmè temperature; et quand le noir se brüle, il faut encore, pendant quelque temps, maintenir un feu très-modéré. L’arche commence bientót a rough* dans toutes ses parties, c’est-a-dire jusqu’au fond, saüfles régions inférieures prés de la sole, qui sont encore noires; quand la réverhéralion a amené ces régions inférieures au rouge-brun, on peut sans danger tirer le chariot sur le dévant de Parche, et, aü bout de quelque temps, on découvre le verre en soulevant pendant quelques in¬stants la cloche, au moyen d’une fourche; il faut faire souvent cette investigation, car, arrivé a un certain degré de temperature, le verre opère sa transformation très-rapidement: vous 1’examinez, il parait encore très-solide; vous le tatez avec un fer, il résonne encore, et quelquefois, un quart d’heurë après, il est presque com- plétement étalé et remplit le cercle en terre; quand ce point est obtenu, on repousse le chariot aü fond de l’arche, oh la tempéra¬ture est un peu moins élevée, car il faut qUe le verre n’ait que la chaleur rigoureusement nécessaire pour s’affaisser dans le moule. Oncesse alors complélement le feu, et quand la température de la partie antérieure de Parche est un peu tomhée, on bouche avec soin et les foyers et la porie de Parche, de vant laquelle on con- struit même un mur en hrique et mortier de terre, pour que le refroidissement soit plus lent; si ce bouchage a ét© fait cónvena-
blement,Karche ne met pas nioins de quinzojours a so refroidir. Au bóut de dix a douze jours, on commence afaire une petite ouverture dans lehaut de la porte, et, alors memo qu’on a com¬mence a ouvrir la porte, on laisse encore pendant deux jours la cloche sur le Verre; enfin, quand elle est tout a fait froide, on Fen- lève. —r Nous devons parler ici d’un accident qui n’est pas très-rare dans la confection des grands disques; c’est celui du bouillonne- ment; si la pierre refradaire naturelle ou artiflcielle sur laquelle repose le verre a été exposée a Fhumidité avant Fopóration, il ar-rive un moment oil le verre, par un commencement de ramollis¬sage, se trouvant en contact plus immédiat avec la sole et oit le peu d’humiditó qui était reside dans les pores de la pierre tendant it se dilater et a s’eniever par la force de la chaleur, il s’opère au centre du verre un soulèvement, et le verre venant è s’échauffer da van lage, il se forme une énorme bulle qui souffle le verre et le traverse de part en part; l’opération se trouve manquée, et on en
est réduit è divisor en fragments, pour eu faire un certain nombre d’aulres disques, cette piece rare et de grand prix. Le bouillonne- ment aurait Jieu aussi si la pièce a ramollir présentait des parties sailïantes susceptibles de se rabattre, par le ramollissage, sur la sole ou sur d’autres parties de verre, en renfermant de Fair1 . Dans la prévision de eet accident, on doit faponuer la pièce a ramollir au moyen de retranchements opérés a la meule, et la poser sur Ja sole dans les conditions les plus propres a éviter eet accident.
M. Daguet, dans les moules de ses grands disques, réserve un témoin d?environ 2 centimètres que remplitle verre, et que 1’op-
ticien tranche pourexaminer et connaltre d’unefa$on certaineles propriétés optiques du verre qu’il va tra va ill er. Cette disposition, avantageuso a la vérilé, n’est pas sans augmenter les risques et les difficultós de la confection des disques. ■
Quand les disques ontóté recuits, il faut polir quatre, six ouun plus grand nombre de faces latérales, suivant les dimensions, pour faire un examen soigné de 1’intórieur. Quand il s’agit de disques de 12 centimetres et au-dessous, on peut faire simultanément les faces d’un certain nombre de disques du même diamètre en les enchas- sant dans un cadre en bois, dans lequel on en met deux ou un plus grand nombre de rangees, suivant leurs dimensions; si onpeut disposerd’un moteur mécanique, on a une platine horizontale tour- nante, en fer, sur laquelle on ébauche, avec de 1’émeri, une pre¬mière face de 24, 30 ou un plus grand nombre de disques serlis dans un cadre, puis on retourne le cadre et on ébauche les faces opposées par le diamètre: on se sert ensuite dfiine seconde pla- tine en grès fin, sur-laquelle, avec de Pémeri plus fin, on doucit les memes faces, que Ton polit ensuite sur une troisième platine re- couverte d’un feutre avec du rouge è polir les glacés . .
Quand les faces ont été ainsi polies, les disques nettoyés, on les examine a la loupe pour retirer ceux dans lesquels on découvre encore des stries pu autres imperfections. . '
Lorsque, en janvier 1840, nous avons entretenu P Académie des sciences de nos travaux sur le verre d’optique, nous avons cru pouvoir nous engager a produire des disques pour 1’astronomië de 40, 50 et même 60 centimetres de diamètre en flint et én crown; nous noüs estimons heüreux d’avoir plus que rempli eet engagement, puisque nous sommes arrivé jusqu’au diamètre dé 74 centimè tres, et, toutefois,nousétions alors loin d’avoir surmonté toutes les difficultós, qui sé son ten core multipliées a mesure que nous avons cherché è produire de plus grands diamètres. Ces dif- ficullés sont telles, que nous considérons cómme une chance heu- reuse ét qui, pourtant, ne se : rencontre que rarement, d?y êtrè parvenu par les moyens en usage aujourd’hui. ;
Nous crayons n’avoir négligé aucune des indications nécessaires pour faire du/hW et du crown pour les uségesde l’optique et pour mettre le lectéUF au courant de 1’état actuel de eet te fabrica¬tion. qui est, certes, susceptible de grands progrèsvcarnous no sömmes pas encore parvenus A faire du verre sans stries, mais
LIYRE VI. — VERRES PÖÜR L’OPTIQÜE.
seulementè fabriquer du verre dans lequel des portions plus ou irioins considérables sont sans stries. Ces stries proviennent, pour la plus grande partie, de la substance du creuset et du guinand; Pour les éviter, M. Faraday s’élait servi d’une cuvette de platine et d’un rêteau dü même métal; mais ce procédé est-il pratique
pour unê grande fabrication, telle que 1’est devenue celle du verre d’optique ? nous en doutons. Pöürrait-ori simplement recouvrir do platine les parois du creuset et le guinand? nóus soumetlons ce problème è nös successeurs. Puissions-nous.parnoslravaux, leur avoir rendu la voie plus facile?
II n’était sans doute pas de notre cómpétertce d’aborder divers sujets qui touchent è la science aVant d’entrer dans le domaine de la pratique, tels que ceux des di verses matières dont il pourrait être utile de faire 1’essai dans la fabrication des verres d’oplique, dömaüière a produiré dés flints et des crowns dónt la corübinaison- corrigerait plus éfficacement les aberrations de réfrarigibilité. On dóit désirer, pour lo flint, le pouVoir réfringent le moins grand, accompagné du pouvoir dispersif le plus grand ; le bismuth de* vrait, ce nous semble, procurer eet avantage; et pour le crown, il faudrait un pouvoir réfringent plus grand, accompagné d’ün moindre pouvoir dispersif, ce que produirait sans doute 1’emploi de la baryte; d’autres bases encore seraient a essayer, il y a done la encore un champ d’études assez vaste.
Dans les liVres précédents, nousavons fait suivre la description dés procédés de fabrication de la discussion écónomique du prix dé revient; mais, de même que, dans la construction d’instru¬ments de precision, il y a des soins exceptionnels, des aptitudes dé coup d’oeil, une déxtérité spéciale, qui në peuvent être appré- ciés ét taxés è. la mesure d’un travail ordinaire, de même dans la
production; du verre d’optique, pour ïaquelle deux ou trois oü- vriers peuvent sufbre, sous la surveillance presque constante pen¬dant plusiéurs jours et plusieurs nuits d’un directeur expérimenté, les prix doiVent être largement rémunérateurs pour répondre aux fatigues exceptionuelles du chef, a la valeur de son temps et a celle surtout de son experience. Le prix dun instrument d’op¬tique dépend du travail de 1’ópticien et de la qualité du verre, et il në sérail pas juste d’évaluer le prix de cc verre dans les mêmes conditions que celui d’un gobelét ou d’une carafe. Nous nouscon- ténterons done dedonner les prix de vente,tëls qu’ilssonten 1867.
1 pouee 5fr. ft c. la dmizaine. » fr. » c;
1 — 4/4. 5 60 ■ —■ » ft
1 1/2. - .7 50 -■ . - r'T » - >
-I . — 3/4.
> -r 13 75 — - . .»
2 — « » ■ • 2 50 chaque disque. 1 55
2 — . 1/4. 5 ?> 2 80
2 — ' 1/2. 8 » —" ƒ 3' 75
2 . — ■ 3/4. 12 » ■ S »
5 — < V • * 17 50 6 25
5 — 1/4. 25 & — 8
3 — 1/2. 35 » . — 10 »
5 5/4. 42 50 -■ . ... 12 50
4 — » ■ « • 50 ft — . 15 ft
4 —■ 1/2. 68 75 — ■ 22 50
3 — • * • • 93 75 — 30 j&
5 — 1/2. 125 » — 37 50
6 ,— • « » « 180 » __ _ y' 50 »
6 — 1/2. 240 ft — 62 50
7 — ~ * * # • 300 & — 75
7 — 4/2. 360 » 87 50
8 — ft * 425 — -; , 106 25
8 . *— 1/2. 495 o ' — ■ 125 ft
9 — « * * ♦ 560 » — ■ 150 ft
9 — 1/2. 640 ' — 180
0 — « ft * 4 715 » - — 210 »
iO — ■ 1/2. 790 & ' ' 250 »
11 — » * • • 875 — <_ 300 ft
1 ■— 1/2. 990 ft ' 350 JU
2 — * ■ • « 1,100 ft 460 ft
2 . — 1/2. 1,300 » ■ \ * ■ -
3 V, 'r ' •' a • » '' 1,510 ft — . ; *
3 — 1/2. 1,750 ft —. ‘ »■
4 — . « a * * 2,000 » . » ft
4 — 1/2. 2,500 » — /' » -» " ?
5 f
j"l • • • • 2,700 » ' — ƒ '
6 ♦ • * • 3,500 ft »
7 • * » ♦ 4,400 # .
8 * ♦ • • 5,500 ' — .. «
9 — 1 » t • .. 6,700 ft — .■ . » ft
verres pour l’optique. Les plaques qui ne sont pas garanties exemptes de stries se ven dent de 8 è „ 12 francs le kilo¬gramme, suivant la quantité demandéo (en flint et en crown).
Nota. Les prix sont les mêmeS pour les disquês de flint et' de crówn.
Dimensions des disquês.
Prii dtt W choïx.
Prix du 2« cfcoix.
0® .08
0»J1624
0“,27
in
•hi!
4i
öMiti 2Ö pouceM...... 8,ïöó fr. s c. ïk douzainé; B fr. i c.
- 2i — i.ü 9)600 » ■ — » »
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25 — .... 15,000 B
J 24 — .... 15,000 B — > »
■_ * r • 25 - .... 17,500 B — . JÜ »
26 — 21,000 » — > B
0»,73 27 i..; 25,000 » — • p »
LIVRE VI. — VÈRRES Pöütt l/OPTIQUE.
binottiónii iièi diityïes. P rix dfa choix.
itóx dn éholx.
Nous avons noté les dimensions en pöüces du pied de roi (0“,02707), les opticiens ayaht généralemerit conserve Fhabitude
Les disques en deuxième choix sont employés pour la photogra¬phic : ils né sont pas garantis complétement purs, tan dis que les disques en premier choix sont comjplétement exempts de striés.