PEINTURE SUR VERRE.
CONSIDÉRATfONS HISTORIQUES.
Nous avons dit, dans noire Introduction, que, bien que la pein- ture sur verre ne fit pas essentielïement partie de 1’Art de la verrerie proprement dite, ellesy rattachait par des liens si intimes, que nous èvions cru devoir y consacrer une section, de notre ouvrage; c’êiait d’ailleurs une sorle d’engègement qüe nous avions pris dans une brochure qué nous publiêrnes en 1845, sous ce litre : Petnturé sur verre au dix-neuvième siècle > — Les secrets de cèt art sont-ils retrouvés? Cette question que jé posais alors, ello a étë encore bien fréquemment renouveïée de¬puis, et je comprends parfaitement l’incrédulité de tons ceut è qui on répond : « Certes, il n’est pas un des procédés des anciens
peintres verriers que nous ne connaissions; nous avons une pa-lette plus riche, descoulèurs d’application plus variées. « Car ils réptiquent ou ils pensent el avecraisön : «Pourquoi done neïait- öü pas des vitraiïx aussi beaüx que ceiïx denos anciennes églises?»
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Aussi avons-nous pris le parti depuis longtemps de répopdre a cétte question par cetle aiitré question : Croyez-vous que les se-crets de la peinture des Raphael, des Paul Véronèse, des Léonard dé Vinei, des Rubens aientélé perdiis? Èt on cömprend alors, la distinction qü’ön döit établir entre 1’ar? et les procédés. En effpt, 1’art dé la peinture Sur vérre he reside pas seiïlêmént dans la
692 LIVRE VIÏ, CHAPITRE J. -—TEINT ERE SER VERRE, VITRAUX.
partie technique, c’est-a-dire dans la preparation des matières premières et leur emploi; nous n’assignons même a cette partie technique qU’une importance secondaire, et nous plagons au pre¬mier rang Finspiration créatrice qui congoit et fait exécuter : paree que de cette conception depend Teffet prod uit, la réussite. Et cependant, dans toutes les discussions qui ont eu lieu sur les prétendus secrets de eet art, il u’a jamais été question que des procédés matérieis; certès, ils ont bien aussi leur valeur; seuls, ils peüvent être formulés, décrits mais la ne réside pas le secret. Et toutefois, on ajoute encore: « Mais n’avons-nous pas au dix-neu- vième siècle des peintres bien supérieurs a ceux des douzième, treizième, qualorzième siècles: au moins égaux a ceux des quinzième et seizième siècles, qui peignaient des Vitraux ? Pour- quoi done nos vitraux sont-ils inférieurs a ceux de ces grandes époques? i) — C’est qu’il nesuffit pas d’êlre un grand peintre pour faire un bon vitrail; il faut avoir étudié d’une manière toute spé¬ciale eet art, pour en connaitre les ressources particulières, les harmonies qu’on doit rechercher, les conlrastes qu’il faut éviter; 1’art des vitraux est essentiellement décoralif; il ne faut pas qu’un vitrail des bas-cótés d’une église soit compose eomme un vitrail du haut de la nefou du chceur; Fornementation splendide des vitraux des douzième et treizième siècles ne peut être placée dans le voisinage des sujets exécutés aü seizième siècle par les Pin ai-
giïer, les Bernard de Palissy; chaque époque a eu son caractère particulier, sa poétique, si je puis m’exprimer ainsi, que 1’on ne peut inieux faire que cTétudier dans ses chefs-d’oeuvre.
Kous ne croyons pas devoir donner ici une histoire détaillée de la peinture sur verre, qui a été le sujet d’un traité très-conscieü- cieux de P. Leviet Aux personnes qui veulent prendre une con- naissance compléte de 1’histoire de eet art, des caractères dis- tinctifs des vitraux des diverses époques, nous indiquerons surtout Ie splendide et savant ouvrage de M. F. de Lasteyrie, oü ils pour- ront suivre cette histoire sur des copies des plus beaux vitraux qtii existent eh France.
Nous nous bornerons a donner un court résumé de ce que Pon connalt de cette histoire :
P. Leviel et d’autres auteurs ont recherché quels ont dü être les commencements do. la peinture sur verre, a quelle époque eet art a pu prendre naissance, Quelques-uns ont cru qu’il avait
dü être peu antérieur au dóüzième siècle; et au fait, quand on regard ait les vitraux qui nous rostent de cette époque comme des produits barbares, on pouvait croire que eet art était alors pour ainsi dire a sa naissance; mais aujoürd’hui qu’il est plus gónéra- ïement reconnu que ces vitraux du douzième siècle étaient des ehefs-d’oeuvre, On ne peut se dispenser d’assigner a la peinture sur verre une origine beaucoup plus anciënne. On sait d’ailleurs que saint Jean Chrysostome, au commencement du quatrième siècle, parle dé hautes fenêtres ornées de diverses couleurs; que 1’église de Sainte-Sophie, recónstruite au commencement du sep- tième siècle, avait des fenêtres ornées de vitraux; déja, dans VOc- cidenl, les églises commengaient aussi è se garnir de vitraux, suivant le témoignagë de Grégoire de Tours, qui raconté le sacri- lége d’un soldat qui pénétra dans1’église de Brioude par une fenêlre dont il fracassa le Vitrage; nous ne nous étendrons pas
davantage sur ces témoignages de Fancienneté des vitraux. Nous avons vu d’ailleurs, dans la première partio de eet ouvrage, que 1’usage des vitres avait commence, en Italic, dès le premier siècle de l’ère chrétienne; ces vitres, qui alors constituaient un grand luxe, ne durent pas manquer d’etre bientöt employées dans les églises; bientöt aussi les maïtres en mosaïque durent trouver lè une nouvelle application de leur art .
Les anciens étaient réellement plus avancés dans la fabrication des verres colorés que dans celle des verres blancs, qui exigent 1’emploi de matières premières que la chimie n’avait pu encore leur procurer; ils recouvraient le sol et les murs dé leurs temples et de leurs demeurés do mosaïques de verres de couleur, qui na- turellement devaient conduire plus tard a la confection dé vitraux composes de verres transparent# de couleurs di verses, réunis, sans doute, d’abord par ün ciment, puis bientöt par Un chAssis métal- lique, qui a du être adoptó d’autant plus promptement que ce ch Assis, dessinant les contours, loin de nuire a l’elïet du vitrail, augmentait, au contraire, sa puissance et son harmonie. Sans doute, les premiers vitraux ne durent être qu’une ornementation dont le dessin ne résultait que de la difference des couleurs sépa- rées par les lignes métalliques; ces premiers vitraux durent être analogues a ceux qui sont encore en usage en Orient, composes de verres de couleur enchAssés dans duplatre, et dont MM. Flan- drin et Parvillée nous ont donnè de si remarquablesspecimens
dans leurs constructions orientates de 1’Exposition de 1867. Mais bientót on dut découvrir la puissance d'harmonie et d’effet qui résultait de Paddition sur ces verres de. quelques lignes noires seulement, que Pon ne dut pas tarder a tracer avec une couleur métallique propre A être fixée par Ie feu, pour être inalterable. Des lors, tart de la peinture sur verre était créé, et fit de rapides progrès.
Le goüt d’une decoration aussi riche, aussi brillante, d’un effet aussi magique, se sera rapidement répandu dans les G au les, ré- putées alors pour leurs verreries. II est d’ailleurs rationnel que Part des vitraux se soit principalement perfectionné dans ce pays, oü s’élangait avec le plus d’éclat Part architectural que 1’on a
appelé gothique, ogival et chrétien, mais que nous préférons
appeler Yart chrétien, paree qu’il est de fait qu’il a été principa-
■ " ’ ' * ‘ r lemenl inspire par le sentiment chrétien, dont il est la plus sublime expression materielle. La qualification $ ogiva l circonscrirait eet art dans des limites trop étroiles, et exclurait de précieux monu¬ments antérieurs au treizième siècle oül’ogiven’est pas employée. Et quant è la dénomination d’arZ gothique, on sait qu’elle lui a été donnée par dérision en Italië, oü 1’on s’imaginait que tout ce qui n’était pas imité de Part athénien ne pouvait être que gothique, barbare.
Ce n’est qu’a partir du douzième siècle que nous pouvóns por¬ter notrê examen sur Part des vitraux, paree qu’il ne nous en reste pas qui soient antérieurs a cette époque; mais ces précieux restes que nous tróuvons a Angers, a Poitiers, a Saint-Denis (voir VArt. de la Peinture sur verre, de M. de Lasteyrie), sont si digues d’ad- miration quails témoignent assurément d’un art déja ancien. Les premières années du onzième siècle s’étaient passées sans amener cette fin du monde que des traditions ou des prophéties mal inter- prétées avaient annoncée pour cette époque; des lors, le découra- gement qui s'était emparé de 1’esprit des peuples fit place è un en¬thousiasme, a un élan qui se manifestèrent par un renouvellement présque general de tous les édifiees religieüx. L’art des vitraux, comm'e 1’architecture, dut prendre un rapide essor, el nous ne devons pas être surpris de le voir, dès le siècle suivant, rayonner d’un si vif éclat.
Au douzième siècle, Parchitecte présidait, comme iP doit le faire toujours, è. 1’ensemble ét aux détails de son édifice : il dé-
terminait non-seulement la forme générale du vitrail, mgis il en tragait aussi les divisions, qui formaiënt elles-mêmesune decora-tion resultant d’une série de formes géométriques, dontla gr&ce n’est pas moins remarquable a 1’extérieur qu’a 1’iptérieur, et qui se rattachent ainsi è, 1’ensëmble, tout en contribuant a la solidité du vitrail. Les petites divisions en fer, en ciment ou en platre qui avaient, dans le principe, uni les verres de couleurs différentes, étaient déja remplacées par des plombs coulés dans des moule§ et creusés au rabot. C’était la un immense perfectionnemenl quïavait permis une plus grande variété d’ornementation, paree que le plomb se pliait bien plus facilement suiyant les contours du des¬sin. C’est a ces plombs que nous devons ces bordures si riches, ces médaillons si harmonieux des vitraux qui nous restent du douzième siècle. Quant au verre, on le coupait alors et on 1Q coupa encore Iongtemps avec un fer chaud; ce ne fut qu’au seizième siècle qü’on commenga a employer le diamant pour cette operation, ainsi que nous 1’avons dit au livrei!.
Dans la pliis grande partie des vitraux du treizième siècle. Part semble continuer, a peu de chose pres, 1’inspiration qui a guide les artistes du douzième siècle. Ce qui caractérise plus par- ticulièrement les vitraux de ces deux époques, c’est i’harmonie qui existe entre eux et 1’ensemble deTédificè; a quelque distance que yous les considériez, vous êtes frappé d’admiration par I’élé- gancè de la forine et le prestige de la couleur; a mesure que VQUS
avancez, et yous êtes d’ailleurs förcément rapproch.é par le charme, vous découvrez de nou velles beautés dans ces bordures de dessins si gracieux et si varies, dans ces riches mosaïques qui com posent les fonds et entourent des cadres de formes diverses
que vous avèz cru, a distance, ne contenir qu’une simple orne- mentation et qui sont des süjets dont lë dessin n’est pas toujóürs
irréprochable, mais dont Ferisemblë se relie harmonieusemënt a * - , . ‘ . r ■ -r ■ " ’ : la decoration générale. Ces sujets sont composes simplement; des traits et quelques demi-teintes suffisent pour donner la vie, le mouvement a cés tableaux expressifs, dont les intentions sont bien senties, dont Faction ést claire, tels enfin qu’ils devaient étre pour les fidèles peu lettrés de ces temps, qui lisaient sur ces vitraux, avec le même amour qu’ils avaient été écrits, ces poemes divins, Ces légendes de leurs saints.
Ces vitraux légendaires sont places aux fenêtres des bas cótés ét de 1’absidé, et dabs les roses du transept et du portail; les vitraux des fenêlres de la haute nef, oü des médaillons ne pour- r ai ent pas être lus, représentent des figures de saints, de prophè- tes, de patriarches, de sibylles sur un fond de mosaïque entouré d'une bordure, ou, plus souvent, placées sur un socle se reliant a ün dais architectural, comme les statues qui sont en dehors de 1’édiiice, mais diaprés des plus riches couleurs.
Nous' ne taririons pas, si nous nous laissions alJer a détaillör a combien de litres ces vitraux du treizièmé siècle nous charment par leur harmonie riche et calme a la fois, par la science et le sentiment de leur composition. Nous n’hésitons pas è proclamer que nous les regardons comme l’emportant sur tout ce qui se fit depuis, bien éloigné en cela de la plupart de ceux qui ont écrit sur les vitraux, et qui mettent au premier rang ceux des quinzième et seizième siècles. De même que 1’architectufe chrétienne nous semble avoir atteint son apogée au treizième siècle, nous com- prenons que les génies qui avaient conyu des oeuvres si belles n’aient pas voulu qu’aucun des détails mêmes de la décoration pilt jamais être surpassé.
Au quatorzième siècle, Partiste commence è se préoccuper moins de 1’ensemble du vitrail; le verre et la pierre ne forment plus un tout aussi harmonieux; le peintre sur verre ne dépend plus autant de Parchitecte, paree que celui-ci ne sent plus la même puissance en lui; ce peintre-verrier cherche une imitation plus parfaite de la nature; il n’a pas encore la prétention de re- présenter sur un vitrail toute une scène en grandes figures avec les lois de la perspective; mais le modelé des figures est plus finement accuse par des ombres. Ge siècle est une époque de tran¬sition oü 1’architecture conserve encore une partie de la sévérité grandiose qui caractérisait le siècle précédent; mais Panarchie a
commence : Parchitecte, qui n^esl plus doué de la même supé- riorité, n’imprime plus sa seule volonté; vienne le quinzième
siecle, et eet architecte ne sera plus qu’un constructeur compo- sant pour le sculpteur 1’élément de ces charmantes dentelles de pierre, pour le peintre sur verre ces cadres oü il tracera des pein- tures d’un fini délicieux, mais sans effet a distance. Dans ces ver-
rières, on ne peut méconnaitre le talent du peintre aü point de
vue de Pexécution; mais le fini des délails, la beauté dés tormes
Pemportent de beaucoup sur Peffet général.
.■ Dans les compartiments multiplies des têtes de fenêtres de cette
architecture flamboyante, le peintre encadre ses légions d’anges ‘ ' 1 ■ f - surmontant des tableaux d’une composition savante dans lesquels il emploie toutes les ressources de 1’art du verrier bien perfec- tionné depuis deux siècles; et cependènt, tant d’habileté do main et des maténaux si varies ne produisent pas une décoration aussi riche et en même temps aussi sympalhiqué aux fidèles que celle des siècles precedents.
Telle est la direction que ie quinzième siècle a donnée è Tart de la peinture sur verre ét qüiéstsuivié par le seiztème siècle, oü de plus grands artistes encore, au point de vüe du dessin des figures, appliquent directement leürs talents a ia peinture sür verre; aussi concevons-nous que Leviel et la plupart des écri- vains aient considéré le seizièrne siècle comma celui oü Part de lai peinture sur verre alteignit sa plus grande perfection; des artistes tels que fes Pinaigrier, les Jean Cousin, les Bernard de Palissy, sont, en effet, incontestablement bien supérieurs a ceux des siècles précédenls, au point de vue de la peinture ; maïs il sernble, pour ainsi dire, qu’ils s’efforcent d’atténuer 1’éclat des couleurs qui nuit è leur composition; aussi voyons-nous, a cette époque, beaucoup de vitraux simplement points sur verre blanc, en grisaille re- levée seulement de quelques touches de jaune clair. On fait des vitraux de cette espèce pour les ëglises et aussi pour les palais; tels soul les vitraux de Phistoire de Psyche faits par Bernard de Palissy, d’après les cartons de Raphael, pour le chüteau d’E- couen. Ce sont véritablement des chefs-d’cBuvre, mais ce n’est plus de la peinture sur verre monumentale, decorative ; évidem-
ment le peintre s’attache surtout a faire admirer son oeuvre. Dü
reste, si, en effet, 1’art alteignit alors sonapogée, on peut dire
que ce fut le chant du cygne.
Quelques années plus tard, quelques vitriers seulement, héri-
tiers des peintres sur verre, feront encore quelques armoiries; mais déeidémentTart des vitraux est mort depuis que 1’architec- ture est allee s’inspirer a Athènes et a Rome :1e Parthenon h’a pas de vitraux ; c’est un art qu’il faut déeidément abandormer; les verres colorés deviennent même inutiles, les verriers sé voient
contrahits deteindre un grand nombre de fours qui pouvaient a peine suffire un siècle auparavant a la qiiantité considerable d’ouvrages dont les peintres verriers étaiênt chargés; hientöt
on va commencer a croire que leurs secrets sont perdiis ; a peine les grands peintres qui ont ieté un si vif écl&t suf cpt art ónt-ils dispara, que déja ce bruit est répandu. On se confond en regret sur la perte irreparable d’un art qui cependant a été si négligé. C’est le résultat d’un sentiment intime, quoique mal coinpris, des beautés des vitraux des époques antérieqres qui apcrédile celte opinion de la perte des procédés de la peinture sur verre, croyance contre laquelle réclament de temps en temps des auteurs qui, soutenant que ce n’est qu’un préjugé, fprmulent pour la pratique de eet art des prescriptions qui, nous ïe dirons en passant, et nous le prouverons ensuite, serai ent pour nous une preuve de plus que la pratique était tombée dans les ténèbres. Ainsi, les recettes qu’indique Néri, en 1612, les procédés ernpiri- ques donnés par Haudiquer de BI an court, en 1667; par Kunckel, én 1679, et recueillis, en 1774, par P. Leviel, ne sont pas de nature a déraciner cette persuasion de la perte «des pro¬cédés de l’art de la peinture sur verre. L’auteur d’un ou- vrage anglais intitulé : The handmaid to the arts,, imprimé pour la première fois en 1758, dit aussi : « La peinture sur verre avec des couleurs vitrifiablos n’est pas un art aussi important que la peinture en émail; mais comme eile est regardée en An- gleterre comme un art dont le secret est perdu, j’ai cru néces¬saire de lui donner place en eet ouvrage... » L’auteur, 'comme ceux que nous avohs cités, donne des recettes pour des couleurs d’application; mais ces recettes ne sont pas de nature a reconsti- tuer 1’art, qui réellement ne git pas la.
En 1774, Leviel, dans sa preface, deplore aussi 1’abandon de la peinture sur verre : « La peinture sur verre, dit-il, qui, dans les douzième et treizième siccles, était le genre de peinture le plus usilé, je dirais même ie seul usité dans noire France, dans 1’An- gleterre et dans les Pays-Bas, celui qui s’y développait le plus aüx 'quatorzième et quinzième siècles, qui fut si brillant au sei- zième et assez avant dans le dix-septième siècle, vit ses artistes et
leurs travaux presque abandonnés sous le règne de Louis le Grand, et sous Ids yeux d’un ministro protectour des arts et dps artistes; ello a subi partout Ia même revolution quo la peinture en general avait éprouvée sous 1’empire d’Auguste. C’est, <4ifc-on, un secret perdu, c’est un art erisevelj, qui n’intéresse plus..» Arrêtez I il n’est qu’en lethargie ; je vais essayer de 1’en tire?; si je ne puis y réussir, qu’il me soit au moins permis, en attendant des remèdcs plus efficaces, de répandre quelques fleurs. et de verser quelques larmes sur le tombeau qu’on lui destine ayant qu’on le ferme. »
Les efforts de Leviel devaient être vains. Ses procédés étaient insuffisanls, et d’ailleurs on ne fait revivre un art qu’autant qu’il ést aimé, compris; cet amour ne devait se reproduire que plus d’un demi-siècle plus tard.
«
Alex. Lenoir (Histoirc de Z« peinture sur verre, p, 89 a 94) parle aussi des secrets de la peinture sur verre, des causes qui ont fait naltre co préjugé populaire de secret; il recoinmande enfin la pratique de cet art, et annonce qu’on a recommencé a Sevres a le tirer de son oubli. Nous avons cité ces divers auteurs comme ayant, a diverses époques, combattu ce préjugé de la perle des secrets de la peinture sur verre, et n’ayant faitcon sis ter I’art quo dans des recettes de couleurs et de procédés; avant d’arriver au véritable point de vue de la question, nous ailons d’abord ana¬lyser ce qu’était la peinture sous le rapport technique, aux di- verses époques dont nous avons parlé.
Aux douzième et treizième siècles, les procédés sont biên sim-ples : la pratique de cet art n’exige pas un grand nombre d’ar- tistes. Le maitre compose un carton qui peut êtreexécuté par des mains peu habiles.La palette n’est pas d’une bien grande richesse, quant au nombre de teintes dont le compositeur dispose : cés couleurs sont le beau rouge, le bleUj du violet de deux teintes, le jaune, el deux teintes de vert. Il ne faut pas publier, dpns cette nomenclature, le verre blanc, quo Lon fabriquait alprg trèsr verdatre, a cause de l’impuretó des matières premières qu’ón employait, ce qui étaitdu reste un mérite pour son usage dans les vitraux, car un verre trop blanc óteint les au tres couleurs, les obseurcit et fait trou dans les vitraux1.
Toüs ces verres sont généralement inégaux d’épaisseur et de teinlo, car 1’art de la verrerie n’est pas très-perfectionné sous le rapport du souffiage; maïs celui qui conQoit leur combinai- son est si habile, la loi du contrasts des couleurs, savaniment for¬mulés de nos jours par M. Chevreul, existe a Tétat de sentiment si intime, qu’avec ce peu de verres, ces artistes créent des chefs- d’oeuvre.
Le carton se compose ordinairement de médaillons a sujets sur un fond de mosaïque, lè tout entouré d’une riche bordure; 1’in- dication des couleurs sur le carton suffit pour que le peinlre- verrier puisse exéeuter son vitrail: il commence par couper tous les verres de couleur suivant les contours'du dessin sur tous ces verres coupés, formant déja une riche déeoralion, si on les unis- sait entre eux, il n’y a plus qu’a peindre avec un pinceau des traits noirs et quelques demi-teintes; cette couleur noire ou gri¬saille est d’une composition bien simple; de 1’oxyde de fer ou de cuivre avec un fondant quelconque suffisent pour la produire. Quant aux figures et aux mains des sujets, elles ne sont pas colo - rées au pinceau, mais faites avec quelques traits de la même gri¬saille sur un verre légèrement teintó en violet. Tous ces verres sont ensuite passés au feu, et enfin il n’y a plus qu’a les mettre en plomb. Cette mise en plomb, au lieu d’êlre seulement soüdée è 1’étain aux points d’intersection des lignes, est généralement étamée sur tout le développement du plomb, pour lui donner plus de solidité.
Que nous manqué-t-il matériellement pour faire des vitraux des douzième et treizième siècles ? Nous avons des verres rouges
briquér exprès un verre légèrement-coloré par l’oxyde de fer pour 1’employer dans les vitraux.
1 Pour cette opération, le peintre-verrier, comme nous 1’avons déja fait retnar- quer, n’avait pas encore les ressources du diamant; il lui fallait indiquer avec du blanc gommé, sur le verre, le trait suivant lequel il devait être coupé, puis suivre ce trail avec une pointe d’acicr trempé, en appuyant assez fort pour qu’elle fit impression sur le verre ; on humectait ensuite légèrement le contour entamé, on appliquait du célé oppose une tige de fer rougie au feu qui ne manquait pas d’y former une langue ou fêiure, qui, par l’aclivité de la chaleur du fer, se continuait aulour de la.partie cntamée; alors, au linoyen d’un petit maillet de bois dur dont on frappait le contour du tracé, la piece se détachail du fond; S’il restart dans ses contours quelques parties excédant ie tracé, on employait, pour cnlever ce superflu, une pince oü ün égrisóir.
aussi beaux queceux qui nous restent de ces époques ; des verres verts, jaunes, violets et bleus des tons les plus variés. Nous fa- briquons généralement ces verres plus minces quo les anciens ;
. mais & coup sur ce n’est pas une difficulté de faire des verres plus épais. Des personnes d’une autorité respectable pensent qu’une par tie de 1’eflet produit par les anciens vitraux résulte de Tépaisseur des verres, des irrégularités de fabrication ..et des huiles multipliéès dont ces verres sont criblés : jusqu’a un certain point, ce résultat ne peut être révoqué en doute; les bulles nom> breuses sur tout empêchent le passage direct des rayons de la lumière, et produisent un effet analogue a celui qui résulte de I’altération de la surface extérieure du Verre par le temps; toute- fois, il ne faudrait pas chercher la le secret de la perfection des vitraux des douzième et treizième siècles, car on trouveraït hien des panneaux de verrières de cette époque oule verre était d’une fabrication assez réguliere et presque exempt de bulles; et quant a 1'harüionie particuliere qui résulte de faltération de la surface extérieure, il est bien clair qu’elle ne devait pas exister èt 1’époque ou ces verrières furent exécutées et mises en placé; et nous pensóns que c’est tout a fait un tort de chercher a donner è. des vitraux raodernes toute l’opacité que plusieurs siècles ontdonnée aux anciens vitraux ; cela ne doit se faire que quand il s’agit de restaurations: on obtient ce résultat en faisant une application de grisaille tamponnée sur la surface du verre. On doit user très- modérémentde ce moyen, car on risque ainsi de faire des vitraux qui, après un petit nombre d’années, seront devenus tout è fait obscurs.
Quoi qu’il en soit, s’il est bien reconnu nécessaire, pour produire
1’eïïet des anciens vitraux, d’avoir des verres irréguliers d'épais- seur et de teinte, des verres remplis de bulles, ce sera bien plus coüteux que de fournir des verres réguliers et purs, car la fabri-cation est organisée de manière a produire du beau verre; mais enfin le verrier en fabriquera: et ce n’est certes pas la qu’il faut chercher les secrets perdus du grand art des vitraux. On n’éprou-
verft pas sans doute des difficullés a peindre sur ces vërres des traits noirs el des demi-tëintes; fe’est lè mêine üne operation peu importante, car quöiquö, dans bien des cas, cétte cuisson des traits sur les vitraux du treiziëmé siècle Soit imparfaite, ces traits nous sont cependant parvenus sans altératiën. M. Boeswillwald, savaiit arcbitëCtë, qui a fMit dë 1’art éü möyen agë üiié étudé apprófondië, nöüs a dit avoir vu sur dés fragments de vitraux de la Sainte-Chapelle des traits si pëu adhérents, que 1’on pouvait les enlevèr facilement eh lés graftant avëe Ponglë; il y a cepën- dant six cents ans que ces vitraux sont posés, mais il n’est pas étonnant que ces traits mal cuitë se soient conservés, étantdu cöté dé 1’intérieur dë 1’édifice.
Enfiti il n’y a plüs qua inettrè en plotiib ces fragments de verres de couleur, sur lesqüels on a peint et cuit ces traits et ces demi- teintes. Cette partié du procédé nè renferiiie cërtes pas de secret: Sans doute notre misë ën plomb n’est pas généralemenl aussi Solide qub öèllë des anciens; Jetiï’s plömbs rainés aurabot étaient plus fertneS, 'surtout quand ils étaient étamës dans touté leur longuëür; taais réellemëtit on në peut cóniestèr qu’on ne puisse ën fairé de semblablês, ét que, sous lerapport de 1’exécütion ma- tériellè, iiöüS iï’ayoiis rien a apprendre deS anciens.
Nöüs rappörterons a cë sujet cë qui s’èst passé lörsqu’on a vóülü restaurer les Vitraüx dë la Sainte-Chapelle: le ministre des travaüx publics, M. Dunion, nomina unö commission composëe de MM; ChëVréül; président, F. de Lasteyriè, Durhas, Bfórigniart, Paul Dclaroche, le baron de Guiihermy, 1’abbé Arthur Martin, H. Flandrin. Denoue, Caristie, Duban, Vaudoyer, Victor Baltard, Viöllet-le-DüC. Le R. P. Martin, ce grand artiste de si regrettable mómóire, qüi s’élait aSsimilë a ün si haul degré lés arts du moyen &ge, qui en a reproduit a Vee tant de bonheur, 1’arehitecture, les vitraux et ForféVrèrie, fut rapporteur de cetté Commission; elle fit ün appél aux péiütreS sür verre et traga un programme préli¬minaire a röniplir paries concurrents. Virigt-déux peintres verriers répondireUt a cët appel; sür Cé nombre dóüzé, furent admis aü concours définitïf. Pour s’assurer que le futur restaurateur des vitraüx de la Sainte-Chapelle saurait s’approprier le faire antique et confondre son travail avec celui des vitraux conservés; par le choix des verres, la cuisson des traits et des teintes, et la misë en plomb, on remit a cbacun des concurrents, pour être copié, un
pannëüü ancien qui serait placé a 1’exposition publique en regard de sa bopie.
Chacun des concurrents dévait, en outre., composer, dans Ié Style des anciens médaillons, six Cartons coloriés.
Ce fut M. Hénri Gerente, qu’une iiiort prómaturée enleva è 1’art déS vitraüx, qui fut jugé Ie plus Capable de faire la restau- fatiön; M. Lussón, 'qtii avait été placé aü second rang, fut ensuite chargé de Corititiüer l’ceuvre de M. Henri Gerente ; mais ce qüe rioüs Voülons surtoüt constater, c’est qüe parmi les concurrents, il y eii ëüt üü möins inoitié dönt les copies des anciens médaillons pöüvaièftt êtüe rëeïiement cónforidüès avéc leurs inodèles, ce qui pfóüvait bien qüe lós rüóyëns techniques d’éxécutión, les pro¬cédés ne faisaièüt pas défaüt. j’eüs occasion dé remarqüer aussi, a ce sujët (1’établissément qüe je dirigeais ayant concouru pour
cetlè rcstauratiön), qüë tóus les verres de couleur qüe nöüs fon- dóns sönt généralëöiênt dé nuances tróp foncées; je fus ohligé dé fabfiqüer plusieurs potéêS de verre pöür obténir des teintes ciairós sembldblës a celles qüe nöüs avions a imiter; et plusieurs
des concurrents s’adresserènt aussi a inoi pour leur fournir des verres des niêmeS nüanéès que lours modèles. Ce fut a 1’occa- sion de ce concoürs què jé remarquai surtout, qu’il ne suffit pas,
pöur Ie bon efiet d’üii vitrail, dé prendre de belles nuances des divefsës couleürs dè vörré, il faüt ëncore que ïa gamme de ces diversés couleürs Soit tfaccord, qu’èlles aient une valêur relative hürmöniqüë, èutremerit il arrivêra qü’iinë couleur éteindra une Coulètif vöisine; c’est cé sentiment d’opposition et d’harmonie que lés aücièiis pöSSédaiónt a ufi suprème degré, et qui, comine Ie sëns musical, ëst Ün don qüe Üèaücoüp ne péüvëht acqüërir, même pat* 1’étude.
Enfiii, fiöüs dévönS ëncore faire observer ici qrié si le dessin des
médaillons jüstifiëlë plus souvent a ün certain point de vüe 1’épi-
thètë de barbare qü’on në lui a póiüt épèrgnée, ce n’est certes pas lè rêsullat de Fimpuissancè, mais bien d’un parti pris; ne sait-on pas qu’óii fait plus facilement un portrait frappant de ressem- blanCë, ën êxagéranl lés traits dominants, qu’en cherchant & iiüiter plus sërViïémëni lè modéle? de même aussi poür des sujets ren- fermés dans d’étróites limitës, faisant partie d’ün ensemblè déco-
radii, composés d?ün petit noinbre dé personnageè^ deux,.trots, ra7 réiriënt plus dé güatre, poüf qüè ï’actiön de chatöuü iut faciiemént
comprise, il fallait exagérer les expressions, les gestes, les poses; je dis qu’il n’y avail pas itnpuissance, car n’est-ce pas & celte époque que nos cathedral es ont été ornées de ces innombrables legions de saints en pierre, dont un grand nombre étaientsi re mar qua bles au point de vue de la statuaire? Aussi, beaucoup de personnes qui n’ont examine que très-superficiellement ces statues, qui s’en son trap por tées a ce qui a été écrit tant de fois sur la barbarie des arts de cette époque, sont-elles fort surprises quand on leur pré¬sente des photographies des statues des cathédrales de Chartres, Rouen, Amiens, etc.; des deSsins, on les récuserait, mais des pho¬tographies?. .. On est alors forcé d’admettre que ces nombreuses figures témoignent d'un art très-élevé, et on peut bien admettre aussi que les vilraux étaient composes en quelquè sorte d’après un dessin de convention propre a en faire ressortir la signification.
Au quatorzième siècle, les procédés techniques de Part des vi¬traux sont è peu prés les mêmes; cependant, déja le peintre-verrier aspire a un style plus élevó; les figures ne sont plus seulement peintes sur des verres violets clairs, mais sur des verres-blancs; au moyen d’une couleur de grisaille rouge, il donne a ces figures un modelé plus conforme a la nature; il peint les cheveux d’une nuance plus foncée, et quelquefois il colóre cette che- velure en jaune au moyen de 1’argent, quand ce sont des têtes d’anges, de femmes ou d’enfants; cette coloration en jaune par Pargent au feu de moufle commence è être assez fréquemment employée dans les draperies blanches, dansles ornements. La pa¬lette du peintre-verrier s’est enrichic; mais, en vérité, il n’y a aucun effet des vitraux de cette époque que nous ne puissions re¬produce, et nous ne pouvons voir encore è cette époque ce pré- cieux arcanuin qu’il ne nous a pas été donUé de découvrir; il y a bien peu de difference sous le rapport des pratiques du peintre- verrier, entre Part au treizième siècle et Part au quatorzième siècle; dans ce dernier, il y a quelques nuances de plus, et surtout les jaunes d’argent; assurément, nous sommes è eet égard au moins aussi avancés que nos devanciers; on ne voit guère dans les vitraux du quatorzième siècle que des jaunes clairs et des jaunes moyens, tandis que nous produisons depuis le jaune le plus pale jusqu’è l’orangé rouge; nous n’óprouvons pas non plus de difficultésè. faire lés grisailles plus ou moins brunes, plus ou moins rouges, qui étaient employées a cette époque pour ombrer et teinter les
chairs; nous ne pensons done pas qu’on puisso nous contester la possibilité de faire, quant aux procédés, tout ce qui était pratique dans les vitraux du quatorzième siècle.
Arrivant aux vitraux des quinzième et seizième siècles, nous y apercevons la continuation de la tendance qui a commencé au siècle précédent. Tandis qu’au treizième siècle, le vitrail était une decoration parlante dont 1’archilecte avait tracé les divisions; au quinzième siècle, 1’artiste verrier ne rèconnall que sa propre inspiration. II n’y a alors guère de difference entre le peintre a fresque ou le peintre sur toile et le peintre suf verre; seuiement ce dernier tire avec habileté parti des riches efïets que produit la transparence de ia matière sur laquelle il opère; il ne sail plus aussi bien produire de grands efïets avec des moyens simples, mais il veut revêtir ses saints personnages de riches costumes; les manteaux sont ornés de broderies éclatantes; les pierres précieüses brillent aux colliers, aux agrafes des manteaux; lous ces efïets sont produits grace aux perfectionnements de la verrerie. Aux trei- zième et quatorzième siècles, le verre rouge seul était a deux cou¬ches, et nous avons expliqué que c’était une nécessité de cette couleur. Le parti que 1’on a tiré de cette doublure rouge en Vusant par places a la molette, pour mettre a nu le blanc et y peindre du jaune, a donné Pidée de fabriquer d’autres couleurs doublées, et pour cela on a fait fondre des verres de couleur très-intense, que 1’on a soufflés en les recouvrant d’un cueittage épais de verre blanc . De cette manière, on a fait des verres bleus doublés, des
verts doublés, des violets doublés; et enlevant certaines portions de ces verres, Ié peintre-verrïer a produit, en y appliquant d’autres couleurs de moufle, ces riches effets de broderies et de pièrreries quê nous remarquons sur quelques vitraux de cette époque.
Nous ne continuerons pas davantage Fêxamen de Ia peinturè suf verre des temps passés# Car, après le seizièftie siècle, le riombre des peintres-verriers Sé réduit considérablement; il est bien peu de grands artistes qui se consacrent & eet art; quelques
l'avoïr lu on doit se dire : Cè n’est pas a tort qu’on prétendaït que les secrets dé la peinturè sur verre étaient perdus. G’eöt été une singuliere économie pour fa- briquer des verres de couleur, que d’appliquer sur une table de verre blanc une couche d'émail broyé que Ton aurait fondue au feu de moufle. II ne faut pas roême être Yerrier pour concevoir I’absurdilé d’une telle économie; mais laissöns cette consideration d*éconóraie, et nous iioüs étónnerons que Lev iel n’ait pas relevé la fausseté de ce rapport, et n'ait pas su que ces verres doublés ëtaient produits a la yerrerie roêmè, par le procédé que nous avons décriV (Voyez liv. JI> des Verres de couleur doublés.) Ge n’est pas la, du reste., la seule erreur de Levied et ce n’est pas dans sou ouyrage qu’il eut faïlu chercher les procédés de Tart de Ia peniture sur verre, Leviel savait si peu ce qu*était le yerre rouge, que, dans la deuxieme partie de son ouvrage, chap. Ir, p, 101, il s’exprime ainsi: a Je dis, 1° qu’entre les verres rouges des plus anciens vitraux, il s’en trouve peu de celui que les peïntres sur verre nommeut iinproprement verre naturel, ternre qu'ils ont adopté pour dïstipguer un verre teint dans toute sa masse de celui qui n’est coloré que sur une surface, et dont nous traiterons dans le chapitre suivant; 2° que pour peu qu’il s*en trouve, ii est plus mince de moïtié que les verres des autres couleurs; 3° qué deux morceaux de verre rouge naturel, appliques Tun sur 1’autre, présen¬tera a la vue une couleur plus noire que rouge, J'en augure que la difficulté du succes dans la teinture du verre en rouge porta les peintres-verriers a faire ou par eux-mêmesj ou par les venders, Fessai d'un émail rouge fondant qui^ réduit en pond re impalpable et détrempé a l’eauj était étendu et couché avec art sur le verre destitué de couleurs par ïe secours du pineeau et de Ja brosse, en aulant de cou-* ches que la nuance désirée le demandait; que ces tables, ainsi enduites de ce yernis rouge5 étaient portées dans un fourneau pour y faire cuire et parfondre la couleur qui y avait été couchée, que de la ils obtinrent ces différentes nuances de verre rouge plus clair ou plus foncé, suivant Je besoin..... 11 n'y a guère que le verre rouge qui soit ainsi coloré. J’ai entre les rnains des morceaux de yerre rouge des treiziéme et quatorzième siècles, sur lesquels on distingue aisé- ment la trace de la brosse dont on se seryait ppur étendre et coucher sur un verre
nu co vernis rouget ainsi que Pappelle Kunckel. Enfin, soit a cause du précieuoó de Vor qui pouvait y entrer, soit & cause de cè doublé apprêt, le verre rouge, co - lore sur une superficie seuleroent, a toujours été beaucoup plus cher que ïe verre de toules autres couleurs^ teint au fourneau de verrerie dans toute sa raasse.., >
Assurément, 31 est impossible de se montrer plus élranger aux procédés de fabri¬cation et composition du verre rouge I t\
rf-.
vi triérs söülemént, héritiers dë quelquès procédés déS gr tres, exécütent ëiicore quelques arhioiries, iquëlquès böi'düres, maïs Ce n’est plus qüe du métier : Party est tout a fait étrènger. Ce mest guère qu’en Suisse que les traditiöüs de la peinture éÜi* verre se Söiit conservées è. cette époque dë décadence; ón y exé- cute encore, au dix-septième et même au dix-hüitièrno siècle, dë petits vitraux oü së trouvent tóus les mérités des grands vitraux du quinzième siècle* c’est-è-dire une grande finesse d’exécütiön, jointe au charme prodüit par Popposttion de couleurs ViVés des verres teihts dans la masse et de quelques couleürs d’appll- eation.
La peinture sur verre fut aussi pratiqüëe au dix-huitième sièélé en Angletérrej mais ce n’est plus cèllë des letups passés; c’ëSt ïiüë espèce d’imitaliou sur verre de la peinture sur toilëi Dans lé tfifens que de verres de couleur* que> suivant Leviet, op ne peut plus Se procurer* même en Allemagne, les Anglais font leurs vitraux eü* tièrement avec des couleurs d’émail appliquées sur verre blanc, L’un des vitraux, je dirai plülót 1-un des tableaux sur verre le plus connus résultant de cette manière de. pro céder, est Ia grande fe-nêtre de Saint-Georges, a Windsor, peinte par West; cette fenêtre est Ia meilleure preuve de Pinfériorité de cette sorte de vitraux, même exécutés par une main habile; c’est une sorte de peinture dont les procédés sont plus diffieiles saus doute que ceux de la peinture sur verre des anciens, mais dont les effets sont incompa- rablement moins beaux. Ce n’est pas sans des recherches multi- pliées qu’ón arrive è produire toutesles couleurs d’application sur verre, car il ne suffit pas de savoir que le cobalt donne du bleu* 1’or le pourpre, etc., il faut encore que les émaux que Pon fait avec les oxydes s’ïncorporent convenablement avec le verre sur Iequel ón veut les fixer, qu’ils ne se fendillent pas, qu’ils ne soient pas susceptibles de s’altérer a Pair, et, avec la réussite de tous ces procédés, oü n’arrive eticórè qu’a produire une decoration fort pèu supérieure a Celle des stóres; elle est inaltérable, a la vér i té, mais n’est-elle pas très-fragile, étant exécutée sur de grandes pièces de verre?
L’art des vitraux était done réellement bien mort quand on voulut, vers le commencement de ce siècle, eSsaycr de Ié faire revivre; mais aïors on était bién loin de s’entendre sur Ce qüê devait être la peinture sur verre, etde quëïïé époque deï’art Ön Hè-
“08 LIVRE VII, CHAPITRE I.—PEINTURE SUR VERRE, VJTRAÜX.
vait chercher è s’inspirer. Il y avail bien longtemps que les bonnes traditions avaient été mises de cóté; on professait génóralement Ie mépris des constructions gothiqnes et des arts qui s’y ratta- chaient; la reaction qui avail commence il y a trois siècles, avait porté ses fruits; Tart chrétien n’était plus compris, même par les mihislres des autels, qui. avaient contribué, autant que les revo¬lutions, aux altérations des monuments religieux.
Ainsi, P. Leviel avait dit en parlant des vitraux du treizième siècle (chap, ix):« L’exacte symétrie qui règne dans eet assemblage, cette correspondance et ce jeu des parties, donnent au corps dé 1’ouvrage eet ensemble qui séduit le spectateur, plus arrêté par lc charmant effet de ces fonds que par les tableaux grossiers qu’ils entourent. ® Les médaillons de Chartres, les roses de Notre-Dame de Paris, etc., des tableaux grossiersl
Le même auteur en parlant des vitraux du quatorzième siècle (chap* x) dit: « Ces frises, si grossières pendant les siècles prece¬dents, devinrent, vers le milieu du quatorzième siècle, plus gra¬cieuses dans les ornements, sans sortir du gout gothique. » Les frises du douzième et du treizième siècle grossières! ces bordures qui sont restées a jamais d’admirables modèles l
Aune époque plus rapprochée, Alexandre Lenoir, dans son Jjis- toire de la peinture sur verre, en parlant de sou désir de la création d’une nouvelle école de peinture sur verre, s’exprime ainsi :
« Cette école alors deViënt naturellement créatrice de ce genre de peinture qui paraitra nouveau, surtout si 1’on abandonee la ma- nière gothique dés artistes anciens, et si Von supprime ce mode désagrêable d Tail, qui tenait au peu de moyens d’exécution que les ouVriers avaient dans les temps passés, deréunir lesmorceaux
dé Verre qui concourent a l’ensemble de leurs tableaux, par des
11 + .
lames de plomb.»
Évidemment, Alexandre Lenoir témoigne ainsi assez peu d’ad- miration pour les vitraux des temps passés; le peu d’échantillons qu’il en donne dans les planches de eet ouvrage prouve d’ail- leürs que ces vitraux n’étaient pas compris par les dessinateurs; c’est è ne pas les reconnattre.
Plus tard encore, Langlois, dans un ouvrage également intitule Histoire de la peinture sur verre, prouve aussi son i peu de syïnpathie pour les vitraux du treizième siècle, quand il dit
? GONSIDEKATIOHS H1ST0MQUES. 709
l p. 17) : « Nos plus anciens vitraux n’oflraiënt qu’une agrógalion
| de pieces de fort petites dimensions; c’est que ce genre dé pein-
| ture, alors dans son enfance, était privé de plusieurs importantes
I ressources dont il se prévalut plus tard, telles que Tart d’étendre
* le verre en grandes feuilles, etc. »
Et page 22 : « Dans la cathédrale de Roueh, observez les fenê- } tres en lancettes des chapelles voisinés du choeur, vous y verrez lé
style barbare, le dessin sec et raide, les formes inarticulées et
> sans relief, les têtes naïves, mais grossières et sans expression,
i du temps de Philippe Auguste et de saint Louis. » Et les dessins
j qui accompagnent 1’ouvrage de Langlois prouvent également
| que les vitraux antérieurs aü quinzième siècle n’y ét ai ent pas
’& compris.
H Enfin, nous citerons 1’opinion de M. Alex. Brongniart, directeur
K de la manufacture de Sèvres, qui nous écrivaiten 1839 :
... « J’ai dit vingt fois aux archéologues : Donnez-nous tels des- | sins que vous Voudrez, aussi mauvais que ceux de la Sainte-Cha-
pdle, aussi kaléidoscopes que les vitraux de ce temps, et comme
I’ nous avons en France, grfice aux verreries, tous les verres teints
| dans la masse qu’avaient les anciens, que nous avons des cóu-
| leurs de moufle aussi simples, aussi laides que celles de cette
;; époque, et, en outre, une infinité d’autres, nous exécuterons tous
| vos dessins et bien d’autres Je désire que l’art de la peinture
| sur verre ne tombe pas entre les mains des simples enlumineurS;
cela pouvait être suffisant au quatorzième siècle, mais jé ne vois
> pas pourquoi on ne ferait pas de peinture sur Verre au niveau du i dix-neuvième siècle: il faut em pêcher cette décadeüce óu plutöt
FT
? cette reculade. »
Quöique eet illustre savant ne comprlt pas alors les beautés des vitraux du möyen age, il n’en a pas moins eu Ie mérite d’avoir contribué, pour une part importante, a la renaissance de la pein¬ture sur verre, par les encouragements qu’il lui a fait obtehir du gouvernement, et les nombreux travaUx qui së firent sous sa di¬rection dans la manufacture de Sèvres.
Sans aucun doute, Fopinion de M. Alex. Brongniart, comme la nótre, comme cells de bien de nos contemporains, a du grande- ment Se modifier a mesure qü’il s’est plus oceupó de peinture sur verre, qu’il a porté davantage son attention sur les anciens vitraux; aussi Avons-nous cité cette opinion comme une des
preuves que Fart de la peinture sur verre non-seulement avail cessé d’être pratiqué, mais même d’etre compris.
Ca fut alors (en 1827) que M. Ie comte de Noë, dont bien des artistes ont pu apprécier le goüt éclairé, le caractère bienveillant, et qui avail résidéen Angleterre, pensa que si 1’on youlait faire renaitre Part de la peinture sur verre, il n’était pas nécessaire de chercher a retrouver les anciens procédés, mais settlement d'aller prendre ces procédés la ou ils étaient pratiques, 11 engagea M. Jo-
nes, peintre Sur vérre anglais è serendre en France, et a exécutor des travaux peur Ie compte de la yille de Paris, administrée alors par M. le comte de Chabrol; c’est ainsi que furentfaits les vitraux peints do 1’église de Sainte-Elisabeth et d’unc des fe¬il 6 tres de Saint-Étienne du Mont. Ces vitraux, aussi bien réussis qu’ils pouvaient 1’être dans co systeme, ne pouvaionl que con-firmer la supériorité de 1’ancienne manière; maïs il était clair que les raoyens employés par M. Jones dans une autre direction pouvaient ét re ramenés dansla bonne voie. Ce ne fut qu’a la suite de ces travaux que (en 1829) M, Jones fut attaché a la ver- rerie de Choisy-le-Roi, dont j’avais la direction, et oil nous crédmes uu atelier d’oü sont sortis une partie des peintres sur verre, metteursen plomb, etc,, qui se sont ensuite répandus dans lés divers ateliers de vitraux qui, peu dé temps après les com¬mencement^ de celui de. Choisy, s’ótaient élevés sur plusieurs points de la France. Le lecteur noüs permettra sans doute de rappe- Ier ici ia part que nous avons prise a ce grand mouvement de la résurrection de la peinture sur verre, et par la fabrication des verres de couleur, et paria pratique des procédés de toutes les époques. Ces titres d’ailleurs que nous nous permettons de rap- peler, sont de nature, il neus semble, a motiyer Ja confiance dans i’exactitude des procédés do peinture sur verre que nous allons décrire.
Ces procédés toutefois, nous 1’avons déjè dit, eussent été stó- riles, si, a cette époque, le retour aux arts du moyenage, préparé par les oeuvres littéraires des Chateaubriand, des Victor Hugo..., n’avait regu une impulsion puisjsante par les trayaux des Viollet Le Due, aussi savant architecteque fécond artiste, Lassus, auteur dela Monographie de Char Ir es, qui était en quelque sorte Ia per- sonnilication dés arts dti treizième siècle, Boeswillwald,qui a si habilement terminé la restauration de la Sainte-Chapelle, et
d’autres encore, par ies publications de MM. de Caumont, Di- dron, Lenoir, de Guilhermy, etc., de M. Ferd.deLasteyrie (Histoirc de iapeiniure sur verre), des RR. PP. Martin et Cahier {Monographic de la catkédrale de Bourges). Lés peintres verriers ont trouvédans ces derniers öüvragés des guides sürs,de pré- cieux modél es. Les artistes qui s’occupontde peinture stir verre sont nombreux aujourd’hui, en France ; les progrès accomplis sent incontestables, nous en avons eu des preuves irrécusables a 1’Exposition universelle de 1867.
L’Angleterre n'est pas reside eii arrière dans 1’eeuvro dé la ré-génération de 1’art chrétien qui y a pris ün grand dévèioppe- ment; parmi lés artistes auxquels on doit ce mouvement, nous devons nientionner W. Pu gin, architeete qui s’esten qüelqué sorte identifió arec les m ai tres des temps passés, se les est assi- niilés, et a produit des ceuvres qu’on pourrait réellement leur attribüer; cette régénération a été secondée par ün grand nomhre de peintres-verriers qui, ontre autrös guides, n’ont pü manquer de consultor l’excellent ouvrage de M. ClbWinsten’, amateur distingue qui a analysé et ciassé avee un talent remarquable les anciens vitraux de la Grande-Brétagöè.
En Allemagne, on recommcnga aussi, a peü pres a la même époque, a pratiquer la peinture sur verro< Le roi Louis deBavière, qui a donné dans ses Etats une si grande impulsion a 1’arcbitec- ture, a la peinture, a la sculpture, n’a pas non. plus négligé la peinture sur verre.. Des artistes du premier mérite sont ènlrés dans ses vues, les üns póur composer les dessins des sujets, et les autres rornementation. Lés plus belles nuances dc verras de cou¬leur ont été fabriquées; non-seulement on a doublé des verres blancs avéc des verres de couleur, maïs on a doublé couleur sur couleur, et disposé ainsi la palette la plus riche dent jamais pein- irë sür verre ait fait usage, ét c’est ainsi quo furent produits lés vitraux de 1’égiise du faubourg d’Au, pres dG Munich, et ceux pour la cathedralc dé Cologne.; on s’accorde asspz génóralement a considérer ces vitraux comine trèS-remarquables; la compost tion én est sage, religieuse, lé beau dessin de 1’écqle de Munich s’y fait ƒemarquer, mais toulufois 1 ’ensemble est froid, ét 1’örnës
mentation n’a pas le charme, la magie des anciennes verrières; nous devons remarquer & eet égard que les artistes se sont inspirés des anciens vitraux allemands, que nous regardons comme infé¬rieurs a nos modèles de France.
En acquérant a la verrerie de Choisy le concours de M. Jonës, nous n’avions pas seulement pour but de faire des vitraux d’é- glise, nous voulions aussi créer une industrie qui était pratiquée sur une grande échelle en Angleterre, et qui n’existait pas en France, celle de la décoration des vitres d’appartement, depuis le simple verre mousseline jusqu’aux peintures d’arabesques, bou¬quets de fleurs, etc. Cette industrie n’a pas encore prïs un très- grand développement chez nous, toutefois elle est déja pratiquée dans plusiëurs ateliers; qu’il lui arrive d’etre favorisée parun ca¬price de la mode, sous 1’influence d’artistes habiles, et ces ate¬
liers devront bientót augmenter dans une grande proportion leurs moyens d’ act ion.
Ce sont les procédés de cette peinture sur verre que nous allons d’abord décrire, depuis celle qui n’est réellement que du métier, jusqua celle qui exige dés mains plus habiles.
Nous passerons ensuite & la fabrication des vitraux.
Enfin> comme pour les autres livres qui précédent, notre der-nier chapitre sera consacré è la question économique, nous éta- blirons les prix de revient des peintures sur verre et des vitraux des divers styles.
Sans parler du Traité de la peinture sur verre de Leviel, auquel noüs avons dit que nous n’accordions de valeur qu’au point de vue historique, plusiëurs traités de peinture sur verre ont été pu-bliés de nos jours, entre autres par M. Reboulleau, de Thoires (Manuel de peinture sur verre); par M. Emmanuel Otto From¬berg, auteur allemand qui n’a guère fait que copier 1’ouvrage de M. Reboulleau, en repröduisant même certaines erreurs; par le docteur M.-A. Gessert, qui a publié aussi en allemand un ouvrage qui a été traduit en anglais par W. Pole. II y a des points sur lesquels natürellement nous devrons nous troUver d’accord avec ces auteurs; sur d’autres, nous différerons sans doute, mais plu- sieurs routes peuvent quelquefois conduire au mêmé but; ce que je puis certifier, e’est que les procédés que je décrirai, leis couleurs dont j’indiquerai les compositions, out tóusété expériméntés SQUS mes.yeux, Je ne. veux pas, en outre, manquer de conseiller ici a
toutes les personnes qui s’occuperont de peinture sur verre de suivre les bons avis que leur donne M. Ferdinand de Lasteyrie, dans un ouvrage auquel on ne peut repprocher que sa briëveté et qu’il a publié sous le titre : Quelgues mots sur la théorie de la peinture sur verre.
Bien que la qualité essentielle des vitres soit de soustraire nos habitations aux intempéries sans intercepter la lumière et en nous permettant la perception des objets extérieurs, il est des cas ce- pendant oü cette perception des objets extérieurs n’est que désa- gréable, et oü on veut 1’éviter, tout en se réservant le bienfait de la lumière; des cas aussi oü cette perception des objets a travers les vitres est un inconvénient, quand elle a lieu de 1’extérieur a 1’intérieur, dans certaines pieces au rez-de-c-haussée, par èxemple; nous avons vu, au livre II, que 1’on pouvait dans ces cas employer des verres a vitres cannelés; mais quelquefois ces verres cannelés faliguent la vue, et on emploie des vitres dont on a dépoli Tune des surfaces (nous verrons plus loin quel procédé on emploie pour dépolir cette surface). On peut se contenter de ces verres dépolis dans des garde-robes, des magasins; mais dans les chambres d’un appartement, on peut faire servir cette opportunité du verre dé¬poli è. une ornementation en rapport avec la décoration même de 1’appartement, recouvrir les vitres d’une couche d’émail mat, in-colore, sur lequel on trace des dessins analogues a ceux des ri- deaux, ou bien employer un émail légèrement teinté en harmonie avec la tenture, et sur lequel sont également tracés de légers dessins; on peut enfin émailler ces carreaux de diverses couleurs
avec des arabesques, des dessins grecs, arabes oU autres, disposer des bórdures, des rosaces, peindre des bouquets de fieurs, des oiseaux; On congoit tout le parti qu’on peut tirer pour la déco¬ration de fenêtres de boudoirs, de petits salons, de chambres de bain,.de cette faculté du verre de s’incorporer, d’une manière inalterable, ces ornemènts nuancés de toutes couleurs qu’y peut tracer la fanlaisie de 1’artiste; nous ne voulons pas faire une nomenclature de tous les genres de décoralioh qu’on peut fixer sur le verre; nous ne voulons que fournir a 1’artiste les malériaux
qu’il peut employer et leur mode d’emploi. Nous dirons d’abord quels sont les instruments en usage dans uu atelier de peinture sur verre, nous donnerons ensuite la composition et le mode de preparation dés coulëurs d’ómail, nous indiquerons enfin le mode d’emploi de ces coulëurs et de leur cuisson.
L’atelier de peinture sur verre doit être, autant que possible, éclairë par des fenêtres assez rapprochées et du coté du. nord, s’il est possible, poür n’avoir pas 1’exposition du soleil. Le long de ces fenêtres doit régner une table sur laquelle roposent les chevalels des peinlrcs; ces chevalels doivent avoir leurs montants paral- lèles, pour ne pas s’inteVpöSër entrè le vérre posé sur 1’appui du chevalet et la lumière. Ce verre, posé sur 1’appui, est maintenu par une barre horizontale mobile entre les deux montants du chevalet, et que 1’on arrête è la haüteür nécessaire pour que le verre s’y appuiej ou bien le chevalet porté une feuille de verre dépoli.sur laqUelle reposé le Vérre a peindré, de iüanière a éclai- rer ce verre, mais en même temps è former ün fond sur leqüel lé peintre voie son ouvrage; On attaint aussi ce büt en pösaUt der¬rière le chevalet une mousseline, formant égalemènt uri fond mat derrière le Verre a peindre.
Le peintre sur verre, pour appliquer ses éffiaux, Se sert a peu prés des mêmes pinceaux que le peintre sur porcelaihé; ce sont;
1° Des pinceaux de martre plus Ou ihöins fins et plus effilés qUe pour 1’aquarello. Cés pinceaux servent prineipalement pour faire les traits. Iïs servent aussi pour atténüer les tcintes; ainsi, de la couleur ’ ayant été pösóe assez abondamment avec Tun de ces pinceaux sur Ie verre a 1’endroit öü elle doitrester le plus intense, le peintre, avecJe même pincéau ou Un aulrepinceaü seC, entralne une parlie de cetle couleur, de maniëre & la dégradêr suivatit 1’éf- fet qu’il Veut produirej .
2° Des pinceaux de putois a surface plane dé plusiéürs gros- séurs servant ktarnpanneri c’est-a-dire a égaliser ütie tëinte plate sur une petite surface;
3° Des pinceaux plats tros-doux, avec lesquols il caresse, poür ainsi dire, dans toutes les directions la Couleur appliqüée sur
’ II est entend o que qüarid riotis disoris cöuleur, c’est toujours d’un éAiail qü’il s’agit. .. . .. . ■ ' , , ..... . ■
le verre, et on rend ain$i Ja couche cojnplótement uniforme j 4° Enfin, des pinceaux plus grossiers, ou plutót desbrosses en soies de cochon, dont il so sert pour faire des teintes plates sur de larges surfaces; lesunes plates et assezserrées peur déposer la couleur, les autres plus fines et plus douces pour divisor et éga- liser la couleur. Le peintre sur verre se sert aussi fróquemment de pointes sèehes en hois, avec lesquelles il forme des hachures
et des éclaircies sur une couche de couleur déjè, scchée.
Les émaux qüe 1’on appliquo sur verre doivént être broyes avec
le plus grand som, ils ne sauraient être réduits a une (rap grande ténuité; pour les émaux qui s’emploient en très-grande quantité, 1’érnail blauc, par exemplo, qui forme le fond des verre» mousse-line, il y a lieu, si on en a la possibility de sé server d’ün moulin a émail d’une fabrique de porcelaine ou de faïence mü è la va- peur, et qui en peu de jours peut broyer tout ce qu’un atelier de peinture sur verre peut consommer en une année^ Nous rö- commandons les plus grands soios de propreté dans 1’opérafion du broyage, pour ne pas altórer les couleurs. Pour les émaux qui s’emploieut en moindre quantité, un petit moulin a bras est parfaitement sufGsant. Nous recommandons, comme en ayant obtenu lés meilleurs services, les petits moulins qui se fabriquënt dans la manufacture de Sèvres, et dont nous copions ^description dans le Traité des arts céramiques dé M. A. Brongniart. A
(fig. 155)
est le vase qui regoit la
meule et les substances a broyer; son fond s’élèvo Vérs le centre én une saillie conique C, qui forme avec la partie inférieure de la parol ün large sillon dans lequel la meule se ment.
Cette meule DB DB est un cylindre en porcelaine,qu’on
place dans le vase précédent et qu’il surpasse en hau¬teur; la couleur s’introduit
dans l’espace entre le mortier et la meule. La partie supérieure dé cette meule est plane et regoit a demeure nn disque de plomb P, ou de tout autre métal qui augmente sou pöids el auquelëst
attachée une manivelle M qui donne le mouvement a tout Ie système.
Pour se servir de ce moulin, on introduit I’émail préalablement broyé grossièrement dansun mortier, sur le fond ou meule gisante, puis on 1’arrose d’eau et on met Ia meule tournante en mouve¬ment. Cette opération ne dispense pas toutefois du broyage sur une glace avec une molette en verre. II faut avoir bien soin, quand on a broyé un émail tant dans le moulin que sur la glace, de laver le moulin, la glace, la molette et le couteau a palette (couteau a lame d’acier large, longue et mince pour être très-flexible), pour i
qu’il néreste aucune parcelle d’ómail qui puisse avoir d’influence sur le broyage d’un autre émail. Quand un émail est amené au degré de ténuitó voulu, on le met dans un flacon boucbé et soi- ;
gneusement étiqueté. J
Les émaux, dont nous indiquerons les compositions, se fondent ?
généralement dans de petits creusets de la contenance de 1 a 2 ki- l
logrammes. Si 1’atelier de peinture sur verre est dans une ver- ji
rerie, on ne sera pas embarrassé de placer ces creusets pour I
opérer Ia fonte; sinon, on doit se faire un petit fourneau auprès t
de 1’atelier de peinture sur verre; ce petit fourneau, chauffé au f
coke, est d’une construction bien simple
(fig. 156}
: établissez une |
grille A d’environ 30 a 35 centimetres carrés sur des briques ré- |
fractaires, et ólevée d’environ 30 a 35 centimètres au-dessus du fond !;
du cendrier, montez des murs perpendiculaires sur les quatre cótés ;
de cette grille; sur deux de ces murs opposes, pratiquez un petit ï
pont cintré B de 8 centimètres d’épaisseur, sur lequel YOUS pourrez ■
reposer un ou plusieurs petits creusets; le dessus de ce pont doit i
être de 25 5 30 centimètres au-dessus de la grille pour pouvoir mettre une assez grande quantité de coke; a 20 centimètres envi- . ron au-dessus de ce pont, est 1’ouverture latérale dans le mur pa- |
rallèle au pont, correspondent è une cheminée d’un bon tirage f
ou a un tuyau remplissant le même but; & 5 centimètres au- t
dessus de cette ouverture de cheminée, les quatre murs forment }
une petite retraite sur laquelle on pose un couvercle en terre j
rófractaire, que 1’on léve pour mettre le coke sur la grille des deux 2
cótés du pont, et pour mettre et óter les petits creusets au moyen de pinces disposées pour cela. Ce petit fourneau atteint facilement la température nécessaire pour la fusion des émaux. II est géné¬ralement convenable que le creuset soit couvert, car bien que la
flamme du coke ne soit pas nuisible, que d’aiLIeurs elle ne puisse guère s’introduire dans le creuset, il peut arriver que desparcelles charbonneuses ou des fragments de terre
torn bent 'dans ce creuset, surtout quand on remet du coke dans le fourneau. Ce petit fourneau doit ótre armé de mon- tants en fer reliés transversalement entre eux pour éviter récartement des briques par la chaleur, a moins que Ton ne fasse les parois assez épaisses pour n’avoir pas ce danger a craindre.
Pour terminer ce qui est relatif a l’ou- tillage, nous allons dire comment s’opère la cuisson des émaux appliqués sur le verre.
Nous avons vu, au livre II, que pour teindre le verre en jaune par 1’argent, on pouvait, au lieü de se servir d’un four spécial, employer les fours a éten¬dre, en opérant simple ment une modi-fication A la trompe par laquelle on introduit les man chons, pour pouvoir
y introduire des feuilles de verre; nous redirons ici que si ï’atelier de peinture sur verre est dependant d’une fabrique de verre a vitre, il est fort avantageux de se servir du four a étendre non-seulèment pour teindre le verre en jaune, mais aussi pour cuire les verres mousseline et bien d’autres produits de Patelier de peinture, mais, quoiqu’il soit deitous points avantageux au peintre stir verre de s’adjoindre a uneverrerie, nous devons admettre le cas plus fréquent ou cela n’a pas lieu et indiquer les appareils de cuisson a employer.
On se sert généralement de moülles de la nature des moufles du peintre sur porcelaine; on 1 es fait en terre réfractaire ou en fonte : mais a cause de la fréquence de leur usage, nous conseil- ïons plutót de les faire eh fonte ; nous devons d’ailleurs faire observer qu’il s’agit dans ce moment, non pas seulement de cuire des émaux sur fragments de verre, tels qu’ils sont employés dans lesvitraux, mais des vitres de grandes dimensions : il faut done pouvoir disposer de très-grandes moufles, et sous ce rapport
il y a grand a vantage h. les avoir en fonts: su pp osons, par exomple, qu’on veuille pouvoir cüire dós vitrés d(^lm,lO sur 80 centimètres; la moufle sé composers dó six pieces, savoir : une piece formant le bas de la moüfle, de 1">,15 environ sur 90 centimètres; deux montants latéraux, dé 1“, 15 sür 55 a 60 cen¬timètres dó haul; une piece supérieure iégèfemeht voütée, s’ajus- tant sur les deux Cötés et, par consëqüeüt, dó l", 15 sur 90 cen¬timètres , cömme la partiè iiiférieuf’ó ; et enfin deuk pieces fermant les deux bouts dó Ia moufle, entrant dans une feuillure pratiquée dans les pièces inférieure ët Supérieure et aiix deux extrémités des parties latérales. Ces deux parties latérales portent des créneltires intérieures espëcéës de 3 en 3 centimètres, cnlre lesquelles on glissó dós plaques éti tóle dó 8 millimetres d’épais- seur sür lesquelles on pose lós feuifiés de Verre a cuire. Ces plaqües de tóle pèüvent être remplacées (dans des moufles moins grandes) par des plaqües én lave. Enfin les deux pièces formant port es <le la moüfle orit cbacünë deux ouvertures d’en-
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viröü 12 centimètres de large Sür 8 dehaut avec conduits hori-
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zoritaüx de 20 centimètres de long, 1’üh placé dansle baut, ï’autre vers lë bas de la pièce, et pat lesquels ön fait passer les éprou- vettes qui servent a apprécier le dëgré dó cuisson. Les diyerscs parlies de la moüfle et surtóüt les deux pièces latérales, dont 1’ópaisseür est d’environ 1 centimetre, doivent avoir, de distance en distance, des cöntre-forts poür être moins sujettes è se déformer par la chaleur. Poür établir le foür qüi doit recevoir la moufle, on commence par Cönstruiró le foyer, consistent en une grille de l“,20 de long sur 45 centimetres dé largo, élevée de 30 centi¬mètres environ aü-déssUs dü fond dü cendrier. Ce foyer occupe le milieu d’üü massif en briques de ln*,55 dë long sur rn,55 de large. La möüflö döit être placée a environ 40 centimètres au- dessus de la grille reposanf sur quatre petites voutes paraiïèlés óntré lesquelles passé la flammè de la bouillc pour sé rendrè des deux cötés dö la moüfle. A 10 óü 12 centimètres des cötés de la
moufle, s’élèvent les murs latéraux d’uüe ópaisseur d’au moins 22 centimètres, reüés entrè euxpar ünc voóte éloignée également de 10 ó12 centimetres de Ia vofite de la iüöufle. Dansl’un de ces murs eSt pratiquée Pouvórture qüi Se rend a iine cheminée qui est d’ordinaire commune a deux fourneaux de moufle, enfin<pour les
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la moufle, nóus avons d’abord, de
chaque cöté do Ia grille, 1’ouverture du cendriér, puis, un pèu au- dessus de la grille, une ouverture d’environ 25 centimètresdö large, parchacune desquelles se fait lö tisage dé la houille. Lés deux murs dans lesquels se troüvent les foyers, s’arrêtentèla hauteur de la base do la moutte, et ii y a également unin ter valle de 10 è. 12 centimètres entré ce mur et la moutte pour lo passage de la flamme. Quand les plaques chargé es dés verrés a euire önt été introduces dansles coulisses, on pose les deux portes eti fötité dansleurs feuillures; puis, sar les deux murs dé foyer, bti monte devant les portes de la moutte et & une distance dé 10 Centimetres de ces portes, un mur postiche et» briques ordinaires avèc üti mortier d’argile commune, s’élevant jUsqu’h la vottte et dans lequel passent les conduits a éprouvettes. Tout étant ainsi dis¬posé, on commence par faire un feu Clair de copèaux ou dé petits bois sur la grille, puis on y mét dé la bonillë allumée, ét peu & peu on pousse le feu ; si le four a étë bien mené, au bóut de cinq heures et demie a six heitres, la cuisson doft êtrë bién avancée j on introduit les éprouvettes par les conduits supérieurs; cés éprouvettes sopt, en général, de petits morceaux de verre sur
lesquels on a mis un des émaux dont on connalt Ie degré do cuis-son, de i’émailbleu par èxemple; si, ati bout de hult è dik minutes, on retire les éprouvettes et que 1’émail soit stiffisamment glacé d’un cöté, mais ïnoins de Fautre/ on s’arrangé, en faisantle tisage, dé inanière C donner plus de chaleür du cöté oüla cuisson a été moindre, puis, quand elle est suffisante, on bouche les deüx conduits supérieurs, on ma indent le feu sans cependant lui donner autant d’activité, alors la températüre s’ëtjuiiibre et se réparlit également de la partie supérieure è la partie fnféfteuré de Ia moutte, et, au bout de peu de tempé, oh vöii qtie les ëpróü- vettes introduces par les conduits inférieurs se sont également bién glacées. On bouche alors les foyers, les cèhdriérs et on laissé refroidirle tout. Ié temps total employé pour Ia cuisson ést géné- raleinent de six heures et demie è sept hettrés. Le préposé k ld cuisson des mouttes doit, én général, apprécier le temps ét la
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qüantité de houille empléyée de manièré a faire dés cuisSotiS régulières dans des temps égaüx et avec utie égalé qüantité dé combustible.
Nous avons indiqué les bases de la construction iTuft four pour une très-grande moutte dont on peut avoir besoitl pour Portie-
720 LIVBE VITjCIIAPITRE I.—PEJNTURE SDRVERRE, VITRAUX.
mentation de gr and esfeui 11 esde verre, Le pcintresur verre peut, quand il n’a que des verres de petites dimensions è cuire, et c’est le cas le plus fréquent, employer de beaucoup plus petites mou¬fles;alors les difficultés sönt moins grand es : il peut disposer un assez grand nombre de moufles contre un même mnr, n’avoir de
foyer que sur le devant de chaque moufle, se servir de bois menu au lieu de houille, et n’avoir aussi qu^un conduit è éprouvette pour chaque moufle.
Les moufles que nous venous de dé cr ire, etqui grandes öti petites, sont toujours établies è peu prés sur lés mêmes principes, peuventêtre avantageusement remplacées, dans lés localités oh la houille n’est pas dispendieuse, par un autre mode de cuisson que nous recommandons tout particulièrement aux ateliers qui out d’importants débouchés. Cette cuisson s’opère sur de grandes pierres réfractaires montéessur chariots, que Ton pousse dansUïi fout après les avoir chargees des verres que 1’on veut cuire, et que 1’on retire de ce four après cuisson et refroidissement suffisant; on peut, par ce procédé, opérer régulièrement une cuisson par
chaque jour, ce qui est un très-graud a vantage pour des com-mand es pressées, et aussi pour que le peiutre puisse voir très- promptement 1’effet des peintures qu’il a fait es,
Le four doit être assez grand pour recevoir quatre pierres mon- tées Sur chariot; nous supposerons chaque pierre de l“,80 sur lm,20; cette pierre repose sur un cadre en fonte porté par quatre roues en foute de 40 centimètres de diamètre. Très-près du bord decbacun des quatre cötés de cette pierre règne une rainure de 1 centimètre de large et 1 centimetre de profondeur, peur recevoir un couvercle carré en tóle de 12 è 15 centimètres de hauteur, renforcéepar des barrettes en fer; de telle sorte qu’après avoir posé les verres è cuire sur la pierre, on met le couvercle dans sa rainure, et Ie verre cuit ainsi a yaisseau clos, ne pouvant recevoir aucune atteinte des f umées de la combustion; quatre Fails condui- tout si on fait une cuisson tous les jours. Supposons, par exemple, qu'on charge les chariots avec les verres & cuire a neuf heures
ü‘
du matin: on les pousse immédiatement dans le four, on ferme les portes et on chauffe. Lo Verre peut être cuit è huit heures dü soir. Le lendemain matin, a quatre heures, on oüvre les portes; a six heures, on retire lés chariots en dehörs du four; a sept heures, ön enlève les couveróles, et è huit heures on peut enlevcr les verres, de manière a recharger è neuf heures.
Ge mode de cuisson a de grands avautages sur celui dans les
moufles; les plaques des moufles, sielles Bont en lave, sent très- sujeltes è se briser; si elles sont en tóle, ellesse voilent» quelque Soin qu’on ait de les rebattre chaque fois (cö qui est aussi un in- ConVénient); les verres n’en sortent done jamais bien plans, sur- tout s’ils ont de grandes dimensions.
Sur les pierres è. chariots, au contraire, les verres restent aussi plans que la pierre elle-même» et sont miëux recuits, quoique plus rapidement que dans les moufles. La dimension des verres a cuire est d'ailleurs sans li mites; chaque pierre peut recevoir des verres ou des glacés de lm,70 sur I™, 15. On peut encore élablir des pierres occupant Ia place de deux chariots. J’ai vu cuire ainsi des glacés dë 2“,50 sur lm,75, sur lesquelles on aVait peint des ornements; on a seulement la precaution, quand on a a cuire des glacés, de mener le feu un peu moins rapidement, et d’accorder une recuisson un peu plus longue; on pourrail möme, avec la plus grande facilitó, faire un tableau sur glacé de 4 metres sur 2“, 50, et ie faire recuire dans ce four sur une pierre de dimension
analogue reposant sur les quatre chariots, et porlant un cou- vercle entrant dans une rainure pratiquée dans cette pierre.
' M. Brongniart, dans un Mémoire sur la peinture sur verre, im- primé en 1829, parle de peinture sur glace de lm,90 è l“,50, faite de 1800 è 1801, par M. Dihl, et ajoute que la manufacture de Sèvres a fai t aussi en 1801 un tableau de ce genre; il signa le les difftcullés de cuisson et les risques de casse; les meines diffl - cultés n’existent pas par le procédé que nons venons d’indi- quer. Toulefpis, de grandes objections s’élèvent centre ce genre de peinture sur glace, qui, dans notre opinion, ne peut pro- duireque de bien médiocres résultats; aussi n’est-ce pas au point de vue de la possibililé de cuisson de ces énormes pièces que je conseille Padoption de ce genre de four, mais bien pour un ser¬vice pratique et fréquent dans la decoration des vitres de di¬mensions moyennes. ,
, r
Nous allons passer aux instructions relatives a. la preparation des émaux propres è être appliqués sur verre et a s’y incorporer paria cuisson. Nous réduisons ces émaux è un très-petit nombre,
avec lesquels on peut peindre les fleurs et oiseaux les plus variés de couleur. Ces émaux sont:
te blanc, ta grisaille,
Le noir, te Jaune, te bleu, te vert,
Le rouge,
Le rose.
On comprend que toutes les nuances peuvent être obtenues par les mélanges en proportions différentes des émaux que nous ve- nons do citer.
Lescouleurs ou émaux dont nous allons indiquer la préparation sont généralement mélanges avec des fondants qni facilitent leur fixation sur le verre; nous nous servons a eet efïet de deux fon¬dants, que nous désignerons par A el B.
Fondant, J. Minium 25
Sïlice (sable Mane).............. 10
Mélange?, fonde? dans un creuset de 1 a 2 kijograiqmes le petit four que nous avons décrit page 717. Tirez a 1’eau pt pour VQUS pn servir suivant les usages quo nous indiquerons
te tirage a 1’eau a pour but defacililer le broyage.
Forufant B. Minium...............;,,..,... 8
Borax cris(ftl)isé................ 5
Groisil de cristal.'. ......... 12
Mélangez, fpndez dans un creuset de 1 a 2 kilogrammes. Tirez a 1’éau et broyez.
Par groisil de cristal, nous comprenons des fragments de cristal ordinaire, dont nous avons indiqué la composition au livre V, c’est-a-dire:
Sable. . 100
Minium.....,..,,;,..,.,.,*.
Carbonale de potasse......... 55*53 -
II sera toujours plus économique de prendre des fragments dé
724 L1VRE vil, CHAPITRE PEIMTÜRÈ SÜH VERRE, VITRAÜX.
cristal que de faire de la composition suivant les proportions ci- dessus et de la fondre.
BI an© opaque. — Faites un mélange de: . ' !
Groisil de cristal. 720 grammes.
Minium............... 200 —
Borax cristallisé .. 40 —
Nitrate de potasse. 40 — . .
Acide arsénienx... 60 — :
Fondez ce mélange dans un petit creuset dans le petit four dé¬crit précédemment; quand le tout est fóndu, vous le tirez par petites portions aVec des pincettes è. lames plates, vous faites re- froidir a 1’air ces petites portions, et on les voit devenir opaques en refroidissant, puis vous les mettez dans Peau; on jette ainsi le tout <k1’êau après Favoirrenduopaque a Fair, ainsi que nous venons de 1’indiquer, et on broie pour l’usage.
Cet émail peut servir pour appliquer sur verre et faire des ca- drans pour être éclairésla nuit.Ces cadrans,sur lesquels on peint lesheures en noir aVec 1'émail dontnoUs indiquerons la composi¬tion, son t d’un assez beau blanc mat, et bien supérieurs aux glacés dépolies, dont Faspect est toujours terne et gris. Cet émail blanc peut encore être applique a d’autres usages; si on a besoin d’un blanc encore plusopaque, on n’a qu’èaugmenter la dose d’acide arson ieux. ......... .
L’émailblanc, dont on se sert pour faire le verre mousseline, n’est simplement que du groisil de cristal ordinaire broyé. Si la température è laquelle le peintre sur verre est habitué de cuire est comparativement élevée, et qu’il Voie que 1’émail du verre mousseline est trop fondu, qu’il prenne trop de transparence, il
. La dureté du verre sur lequél oh opère doitnaturellement mo¬difier la quantiló du fondant. Notez que lorsqu’ona une/couleur quiboursouflea la cuisson, c’est une indication qu’elle est trop tendre.
La couleur de grisaille ci-dessus est employee généralement pour les traits ; elle est d’unton très-froid, et d’autant plus froid que la terre d’ombre a étéplus calcinée. Si ona besoin de donher & la tëinte de la grisaille un ton plus chaud, on le fait én substi- tuant une proportion plus ou moins forte d’oxyde rouge de fer a la terre d’ombre. . '
Pour composer une grisaille brunatre couleur terre de Sienne, nous prenons:
1 partiede sanguine (fer oli giste).
3 — de fondant A.
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1 ► I ' ■. > , - ’ ’
Mélangez, fondez « wil feu de moufle seulement, tirez è1’eau et broyez pour 1’usage.
IP est bien a observer que si on fondait a la temperature ordi¬naire employé© pour les autres émaux, on détruirait entièrement la couleur.
Noir. — Nous avons généralement compose l’émail noir avec un mélange de grisaille ordinaire et d’émail bleuen proportion, de nature i se neutraliser Fuu 1’autre. Il arrive quelquefois, si 1’oxyde de cobalt qu’on a employé n’ótait pas très-pur, que eet émail bléu n’est pas satisfaisant, corame vivacité de teinte; c’est Ie cas de s’en servir pour faire 1’émail noir, en le mêlant avec de la grisaille ordinaire.
On peut aussi faire un émail noir de toutes pieces en mêlant:
Azur. .................................. 3 parties.
Terre d’ombre fortement calcinée........... 4 —
Fondant B............................... 8; —- ;
On fond le teut légèrement, c’est-è-dire A un pétit feu de moufle, entire aPeau et onbroie.
L’azur que nous prenons n’est pas celui connusous le nem de bleu royal; oh doit le prendre d’Une bonne qualité. ;
Jannes. Jaune■ transparent. — Nous parlerons d’aborddes préparations avec lesquelles on teint le verre en jaune, et, bien que nous ayohs dójè dönné les détails decetteoperation quand
S . ' '
726 LIVRE VII, CHAPITRE I. —-PEINTURE SUR VERRE, VITRAUX.
nous avons parlé des verres a vitre de couleur^ livre II, nous croyons ne pas devoir y renvoyer le lecteur, et répéter les instruc¬tions que nous avons dönnées, afin que ce livre de la Peiniure sur verre se trouve complet par lui-mêmé.
Nons avons dit au livre I; chap, n, que 1’argënt appliqué sur verre dansun état d’extröme division avait la prophéte de teindre ce verre en jaune; afin d’obtenir eet état d’exfrême division, on le mélange avec un medium neutre, tel que Pargile ou 1’óxyde rouge de fer obtenu par la calcination du sulfate de fer ou cou¬perose verte.
Noüs dvons employé deüx procédés pour ia préparation de l’argent. Le premier consiste è fondre ensemble dans un petit creuset a un feu doux :
Argent fin Ï ...... 1 parlie.
Régule d'anlimoine i —
On broie le produit de cette fusion avec trois parties d’oxyde rouge dè fer, et on expose Ié mélange broyé au feu dans unè poêlé ou fer rasse. de manière a óvaporer 1’antimoine; puis on rebroie è 1’eau avec sept parties d’oxyde rouge de fer, de manière que 1’ar- gent et Toxyde de fer se trouvent dans la proportion tie un è dix.
Le ‘ tout amené a Pétat de bouillie très-liqüide constitue une teintüre qui donnéra au verre ün beau jaune orange assez foncé, si la, qualitè du verre lè permet.
On produira. d’ailléurs des jaunes plus clairs, si on le désire', par l’addition d’une quaritité de rouge de fer proportionnée a la teinte qu’on désire.
Le deuxième procédé; que rious avons emplöyéplus souvent, consisto a dissoudre 5 grammes d’argent fin dans 10 grammes d’acide nitriqüe ou azolique, ou on ajoute un peu d’éau chaude pour faciliter la dissolution. Quand elle est öpérée, mettez dans un autro vase cent vingt gouttes d’acide sulfhydrique, auquel on ajoute un peu d’eau bouillaute^ et versez le premier dans lé deuxième; ajoutez ensuite 50 grammes d’oxyde de fer, et si vous ïi’avez pas mis trop d’eau chaude, tout le mélange doil être è consistance de p&le ferme; on lè mélange intimemént én Pécra- sant avec lë couteau a palette; puis on le met sur le feu dans une póêle óu ferrassê sur dës escarbilles poür évaporerles acides. On n’a plus ensuite qu’è le broyer a Peau a Pétat de bouillie liquide
COULEURS OU ÉMAIJX. 727
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pour s’en servir a colorer le verre, qui devra prendre une teinte d’un bel orange, si la qualitê du verre le pérnteL Nóus avons ex¬prime, au Jivre II, les qualités que devait avoir le verre pour prendre une belle teinte; nous y renvoyons le lecteur, nous di- rons seulement ici que Ie peintre sur verre doit, pour se procurer cette qualité de verre, faire des essais préalablessur divers verres, êt en faire un assez grand approvisionnernent, quand il a ren¬contré une qualité qui le satisfait; .
La feuille qu’on veut teindre en jaune doit être d’abord soi- gneusement nettoyée; puis pn la met sur trois ou quatre petits
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supports posés sur une table, pour pouvoir facilement renlever sans toucher les bords. On prend alors avec un pinceau ou brosse plate de la teinturedans le vase qui Ia contient, en agitant de bas en haut cette teinture avec la brosse, pour que lè tout soit homo*- géne, et on coitcke cette teinture sur la feuille de manière è en couvrir toute la surface : cette bouillie se trouve assez inégale* ment répartie sur toute la surface de la feuille; on 1’enlève alors en la prenant en dessous sur les doigts en lui conservant la posi¬tion horizontale, on Pagite légèrement par un mouvement saccadé, et la couleur se répartit assez également; on penche ensuite la feuille sur un des coins, de manière a porter vers cette extrémitó l’excédant de couleur, qu’on yerse dans le Vase ala teinture. On fait la même operation par les quatre coins, on agite encore par petites saccades horizontalcs, et on dépose enfin Ia feuille sur un cbevalet a claire-Voie pour qu’elle y sèche.
Les feuilles ainsi sécbées n’ont plus qü’è passer au feu de moufle du peiiitre-verrier pour que 1’argent s’incorpore dans le verre, II faut faire attention a ne pas porter trop haut la tempe¬rature de la moufle, car on courrait le risque d’attacher le mé¬dium sur le verre, qui serait ainsi couvert de tachcs de rouge de fer, et, en outre, la couleur de 1’argenl s’opaliserait, la surface de la feuille prendrait une apparence métallique, Vue par réflexion oblique. _
Quand les feuilles sent sorties de la moufle, on n’a plus qu a les brosser avec une brosse un peu dure* le médium tombe en poudre, et la feuille ainsi nettoyée est d’un jaune égal vif, trans-
Le brossage de la feuille a la sortie dé Ja moufle doitse faire sur un grand papier ou urië peau, de manière a recüeillir toute la
728 LIVRE VII, CHAPITRE I. — PEINTÜRESÜH VERRE, VITRAüX.
poudrede rouge de fer qui se détache de la feuille, car ce médium a retenu encore une assez forte proportion d’argent, et peut ser- vir è. teindre encore dü verre en jaune clair, sans addition de tein¬ture neuve, c’est-a-dire sans addition d’argent.
La teinture dont nous avons indiqué.deux méthodes de prépa- ration, a le poüvöir de teindre en jaune orange un verre com posé dans les conditions convenables; si, après avoir teint ainsi une des surfaces, on teint de la même manière Fautre surface, on obtient une teinte double orange qu’on peut appeler rouge, mais qui n’a jamais le brillant, Féclat du verre coloré par le cuivre : ce n’est en réalité qu'un double orange plus foncé même que deux feuilles téintes, appliquées l’une sur Fautre; paree que la première sur¬face teinte prend è la séconde cuisson une nuance un peu plus foncée.
Nous avons dit qu’en couchant le rouge provenant du brossage d’une première teinture sur d’aulres feuilles de la même qualité, on obtenait encore une teinte jaune clair; mais assez souvent le vérre ne se trouve pas de cette manière coloré d’une manière hien égale; il vaut mieux, pour obtenir les jaunesclairs, se ser- vir de la même teinture en 1’employant sur des verres non com- jiosés pour prendre la teinte orange, et on obtient ainsi du verre jaune clair, et même couleur citron. Dans toüs les cas, il faut bien se garder de jeter les poudres de brossage, quidoivent être réem- ployées, avec Fattention qu’elles contiennent déjè unë petite pro¬portion d’argent.
Si, au lieu de teindre toute une feuille en jaune; on ne veut que colorer certaines parties de cette feuille, un fond, par exemple, sur lequel Se détachent des ornements en blanc mat, ou réciproquement si on veut obtenir des ornements jaunes sur un fond mat, alors On borde toutes les parties que Ton veut teindre en jaune d’un trait fait au pinceau avec du rouge de fer broyé et délayé è Fes- sence : ce trait forme, pour ainsi dire, les bords du bassin dans lequel, avec un pinceau de la grosseur d’un centimètre environ et très-flexible, on met la teinture jaune, en ayant soin, comme lors- qu’on teint la feuille entière, de donner de jpetites saccades ho¬rizon tales pour égaliser la couche de teinture qui se tröüve re- tenue par le trait rouge. Mais on ne doit pas, comme quand il s’agit de teindre la feuille entière, mettre d’excès de teinture, car on ne pourrait pas verser le surplus. Quand la feuille a passé au
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COULEURS OU ÉMAUX. 729
feu, le trait rouge s’enleve è la brosse avec le médium de la tein-
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ture. Sil’ornement oule fond jaune devait être borné par un trait noir ou de grisaille, c’est ducóté opposé a 1’application dujaune que devrait être posé ce trait de grisaille, et, par conséquent, cela ne dispenserait pas du trait roUge, bordant la teinture jaune.
Autre jaune transparent. — S’il s’agit de teindre en jaune non pas des feuilles entières, ni même des surfaces d’une certaine éten due, mais de petites parties de broderies, ou autres ornements, des fleurs, etc., nous composons une couleur qui est également transparente avec : .
Chlorhydrale d’argent 1 partie.
Terre de pipe calcinée 7 —
Vous mêlez, broyez a 1’essence, et employez com me les autres émaux. .
Email jaune transparent. — Les couleurs de jaune transpa¬rent que nous venons de décrire ne sont A proprement parler que des teintures. On peut aussi faire un émail jaune transparent a employer comme tous les autres émaux. A eet effet, prenez : ,
Chromate d’argent 1 partie.
Farine de cailloux calcines {et non sable ordi¬
naire).. 1 — '
Minium 2—
Fondez, tirez è Peau, pilez, et refondez 4 partiesdu résultat que vous avez obtenu avec 7 parties du fondant B.
Tirez a 1’eau et broyez.
Le chrómate d’argent doit être obtenu de la précipitation du nitrate d’argent par le chromate de potasse, et non par le bichro¬mate. . , ,
Email jaune opaque. — On a souvent besoin, dans des pein- tures de fleurs ou autres, d’employer du jaune opaque; on le com¬pose ainsi qu’il suit: . •
■ - L ’ ’
Minium. 9 parties.
Antimoine diaphorétique (antimonite de po-
lasse) .2
Farine de cailloux calcines, 4 —
Mélangez soigneusement, fondez daus un petit creuset aü feu dè
moufle seulement, pour quo la fusion ne soit pas compléte, tirez è 1’èau et broyez; si le feu était trop élevé, la couleur serait dé- truite.
Email Janne opaque or an gé» — Mélangez soigneusemenl:
’ - ■ - r . \ -
Minium,. .. 40 parties.
Antimoine diaphörétïqtiè (antimonite de po-
tassc) •*ï*>*t*aB**i**i.^a^»«tt***>.** 1 J
Sanguine (fer oligisté).; . i . 1 *-
Farine de cailloux calcines 4 —
Fondez, comme le précédent, au feu de moufle seulement, tirez a Peau et broyez.
Bien. — Quoique le cobalt soit la substance colorante dont I’ef- fet est le plus constant, le plus fixe, néanmoins Fémail bleu est un dés plus délicats a préparer, paree que, sans les proportions et preparations convenables, eet émail est souvent sujet a sé feii- diller a la oüiSsón.
L’émail blëti ést lé résultat dé deux préparations, que nOUs dósi-
gncróns par C et D.
1 .
Pour la première, prencz :
Oxyde noir de cobalt 8 parites.
Sable.........iti << ;. i;. 48 ;—
Nitrate de potasse.< 12 —
Minium ... ... . 5 — ■
*'l
Le teut bien fondu, tiré & 1’eau, ést emplóyé pour la prepara¬tion définitive, ainsi qu’il suit:
/ Produit de la précédente fusion C,...,.. 10 parties,
Fondant A (p. 723) 1Ö —
Antimoine diaphoréügue. . i,2 — '
Minium 4 —
Mélangez convenablement, fondez de nouveau, tirez a Peau el broyez.
L’antimoine diapborétique est ajouté comme dónnant plus dé liant è l’émail et corrigeant sa tendance a se fendiller. Quclque- fois, on ajoute dans le même but dé 1’azur dé première sorte, connu dans le commerce sous le nom de bleu royal i ön employait surtont le bleu royal alors que Fóxydé noir de cobalt du cöm- merce n’était jamais pur, c’est-è-dire entièrement séparé du nic-kei, et alors on corrigeait avec du bleu royal 1’émail bleu D, dont la teinte n’étail pas très-satisfaisante. Ce bleu royal pouvait en¬trer pour moitié au broyage sans se fendiller: maïs depuis qu’on peut se procurer des oxydes de cobalt complétemont purs, il est mieux de préparer 1’émail bleu comme nous l’avons indiqué.
On a souvent fait entrer 1’alumine dans la composition de eet émail, avec Ia pensee qu’elle développait Ia couleur bleue ; le sul-
. , - f* . . .* •
fate de baryte produit aussi, dit-on, le même résultat, mais cela
nenous a pas été suffisamment démontré.
« *
Vert. — Le vert peut se produire en mettant d’un cóté du Verre une couchelegére avecl’émail bléu quenous venons de décrire, afiaiblie avec du fondant A, et derrière le Verre une couche de jaune clair transparent; cette méthode est même préfórable quand il s’agit d’obtenirdes surfaces un peu étendues de couleur verte, comme un fond,, par exémple; mais, quand il s’agit de peinture com me pour des fleurs, il est mieux de faire un émail vert com- posé de :
Chromate deplomb ........ 2 parties.
Émail bleu a l’état de première preparation G. 5 —
Farinede cailloux calciriés 2 —
Minium, s t ,i... i.. u....... i .i. i ,i. 2 - <=*
Vous fondez ce mélange, tirez a 1’eau et broyezi
Le chromate de plomb employé doit être le résultat dé la pré- cipitatiöii d’üne solution dé bichromate de polüsse paf lë söüs-acé- tate de plomb.
Ge vert ainsi préparé est froid, et d’autant plus froid qu’il a eü plus du feu, aussi doit-on le fondre è un feu supérieur sans doute è celui de la moufle., mais toutefois modéré. On modifie ce vert pour la peinture de fleurs öu autres, par une addition plus ou moins forte tfêmail jaune transparent de la page 729. En variant les proportions, on peut ainsi obtenir toutes les nuances de vert.
Dans Ia plupart des petits Vitraux connus sous le nom dé vitraux suisses, on troüVe des petites portions de Verre d’une très- belle nuance vert-pró transparent^ pfódüité par rapplication sur le revers du verre, c’est-a-dire du cóté opposé è Tapplication dés traits et ombres, d’un émail employé aune forte ópaisseur etqui forme ainsi, pour ainsi dire, goutte de suif d'ünê épaissèur de 1 millimetre. C’est done un émail très-fusible et qui a la propriété
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de s’appliquer sar le vérre du vitrail sans se fendre, c’est, avec le jaune, la seule couleur complétement transparente appliquée au feu de moufle sur le verre. J’appélJé sur eet émail vert l’at- tention du peintre sur verre qui voudra imiter ces vitraux suisses ou obtenir des effets analogues, mais je ne puis indiquer sa pré- paration, n’en ayant jamais fait moi-même et ne voulant re¬commander aucuu procédé dont je n’aïe eu Pexpérience. Je suis disposé a croire que eet émail vert a pour base le bichromate de potasse, et qu’il contient une très-forte proportion de minium.
Rouge. — Nous avons dit qu’on pouvait obtenir une sorte de rouge en mettant sur les deux faces d’un verre convenable, c’est-a-dire préparé ad hoe, do la. teiniure d’argent, a deux cuis- sons successives ; nous avons peint de cette manière, dans des sujets oü Tón ne voulait pas employer la mise en plomb, dés manteaux ou autres portions en rouge assez éclatant; mais, dans lé plus grand nombre de cas, on produit le rouge vif, pour dés fleurs, par exemple, avec la couleur rose produite par 1’or et dont nous parlerons tout & 1’heure, modifiée par une addition plus ou moins grande d’émail jaune transparent, si on veut obtenir des teintes ponceau ou autres de ce genre.
II est un autre rouge dont on a besoin pour la peinture sur ’ vérre et surtout pour vitraux, c’est le rouge chair. Nous 1’ob-
tenons par le mélange de;
Sanguine, que 1’on doit choisir de la plus belle teinte.. 2 parties.
, Fondant A 7 —
dont onopère le mélange ét le broyage, mais sans lés fondre; plus eet émail est broyé fin, plus il est beau; on congoit, du reste, que pour les parties de chair qüi doivent être le moins teintées, on atténue la couleur en étendant la couche avec le pinceau et 1’es- sence.
On peut encore faire uh rouge chair avec de 1’oxyde de fer
produit par:
Nitrate de fer,légerement ealciné. 1 partie.
. Fondant A.. 4 —
melanges etbroyés très-fin, mais non fondus. ' ',
Enfin, on peut aussifaire une teinte de chair en mélan'geant
du rose carmin avec du jaune öpaque, variant nalurellement les
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*-b r <.*jJ < rL'‘; TV'4r—■>-
COULEDRS Oü ÉMAUX. 733
proportions selon qu’ils’agit de peindre . des; figures ■ d’horames, de femmes ou enfants> vieilles ou jeunes. En général, nous re- commauderons d’être très-sobre du rose et de pécher plutót par excès de brun ou de jaune que par excès de rose.
Rose. — Cette couleur a pour base le précipité pourpre de Cassius; on la prépare de la manière suivante. Mélangez:
Minium » 10 parlies*
Anlimoine diaphorétique.... 3 —
Borax. 10 —
Farine de eailloux calcinés IS —
Pourpre de Cassius . 5 —
Fondez dans un petit creuset, tirez è Peau, pilez et refondez le
mélange suivant:
‘Ï - _ ‘ r ' *
. ■ I " ' ■ -" *
Précédente fusion..... . 10 parties. .
Fondant B : 10 —
Anlimoine diaphorétique 1,5—
Tirez a 1’eau et broyez aussi fin que possible.
Vous modifierez ensuite au besoin cette couleur, soit avec de 1’émail jaune transparent, si vous la trouvez trop pourpre, soit avec de l’émail bleu, si vous voulez une teinte plus violette.
Les couleurs dont nous venons d’indiquer les preparations for ment une palette suffisammént riche, et qui suffit complete- ment è toutes les nécessités de la peinture sur verre, soit qu’on veuille peindre des ornements, dés figures, ou des flèurs, des . oisëaux, etc.
Nous allons a présent donner quelques indications relatives aux diverses sortes d’ornementatipns qu’on peut appliquer sur verre.
Nous avons dit qu’on pouvait, dans certains cas, vouloir öter au verre & vitre sa transparence pour empêcher de percevoir les objets au travers, et, a eet effet, on se sert quelquefois ■. de verre simplement dópoli. \
On peut dépolir le verre par le frottement degrès enpoudre: on humecte cette poudre de grès et avec un morceau de töle rélevé sur un cóté, pour la facilité de le mouvoir, on opère le frottement du sable contre Je verre, et on abrége même 1’opéra- tion en mêlant an sable de la poudre d’émeri. ‘ : ■•. . ;
C’est ainsi qu’on dépolira lo verre, si on n’a besoin que d’un petit nombre de carreaux ; mais, si on veut faire, dn dépolissage du vérre une opóration suivie, pour en avoir des quantités en magasin, on emploie uné méthode plus expéditive.
On a deux caisses assez grandes chacune pour contenir deux trés-grand es feuitles et ayant un rebord de 15 centimètres en¬viron. Ces deux caisses, Tune au-dessus de 1’autre a une distance de 60 centimetres environ, sönt supportées a Uur centre par deux lourillons reposant entre deux mpntants parallèles fixes dans le
sol; ie tourillon de ia caisse inférieure fait sailiie en dehors du montant, de manière a pouvoir y fixer une tigé ab a l’extrémité de laquéllë est attaché un levier horizontal bc, en telle sorte qu’en poussant et retirant ce levier bc de manière a faire parcourir a la tige ab un angle de 25 a 30 degrés en avant et en arrière, la caisse A B prend success!vement la position A'B' et la position inverse, et les extrémités de la caisse supérieure étant unies' aux
extrémités do la eaisse inférieure par des courroies, cette eaisse suit les mêmes mouvement» que la eaisse inférieure.
Cela posé, la eaisse A B ótant mainlenue fixe dans la position
horizontale au moyende deux appuis aux extrémités, on scelle au
platre, dans le fond de cette eaisse, deux grandes feuilles dé verre; on en scelle deux autres dans la eaisse supérieure, puison mét sur le verre de peiits cailloux de rivière du poids do 5 è 15 gram*' mes, un peu de sable et mieux encore un pen de gros 'émeri et d’eau, et opérant alors le mouvement de Va-et-vient du leviet cb, ainsi que nous Favons indiqué, les cailloux roülent sur toute la surface du verre, se rendant chaque fois jusqu’a Fextrémitó de la eaisse; le mouvement de ces cailloux aVec le sable ou Fémeri opère un dépoli très-fin, très-égal, dans 1’espace de quatre heures environ ; on descelle alors les feuilles de verre, et on procédé de la même manière au dépolissage de quatre autres feuilles.
Nous allons a présent rentrer dans notre véritable Sujet, celui de la peinture sur verre.
L’opératiou la plus simple est celle qui consiste a revêtir la surface du Verre d’une couche d’émail. Nous avons dit que eet émail n’était simplement qu’un cristal ordinaire broyé aussi fin que possible dans un moulin a émail ordinaire.
Quand on a obtenu cette poudre impalpable, ou la délaye soit a Peau, soit a 1’essence. Si on ne veut produire qu’une teinte très- légère, on ne met sur le verre qu’une couche d’émaü a 1’eaü (cette eau doit toujours être légèrement gommée). Si on veut une plus grande opacité, on pose une première couche è Peau, puis,
quand elle est sèche, on pose une seconde Couche d’émail délayée a 1’essence. Si on veut des feuilles unies, il n’y a plus qu’è les passer au feu de moufle ou au four spécial dont nous avons tracé le plan. Nous devons dire comment on couche sur lè verre la poudre d’émail, soit a 1’eau, soit a 1’essence. On se sert, a eet effet, d’une brosse plate molle, d’environ IS eentimètres de lar- geur,avec la que He on prend 1’émail a consistence très^liquide,êt on en barbouille la feuille en long et êü large, puis aussi tót, pre- nantune autre brosse sèche de même forme, on la prömène ré- gulièrement sur toute la surface de la feuille; enlarged’abord,puis en long; cette deuxième brosse laisse la trace de son passage mais déjè 1’émail est réparti plus également; on. fait la même opóration avec une troisième brosse Sèche semblable, et enfin Ia
même manoeuvre ayant été faite avee une quatrième brosse, fémail se trouve non-seulement réparti frèsiégalement, mais on ne voit pas trace du passage de la brosse. Quelquefois, pour un douci plus parfait encore, on fait passer de nouveau une brosse de même forme très-douceen blaireau,au lieu de söies de cochon.
Si, au lieu d’une couche d1 émail unie, on veut réser ver sur cette couche d’émail un dessin transparent, c’est-a-dire faire du Verre connusous le nom de mousseline, quand la couche d’émail simple ou double est sèche, on enlève le dessin au moyen .d’une plaque mince en laiton percée a jour, suivant le dessin qu’on veut pro¬duire; 1’opérateur pose cette plaque sur le Verre, et la tenant fixe de la main gauche, il frotte la plaque avec une brosse dure, qui enlève Fémail dans toute la partie percée a jour: il enlève alors la plaque, la pose plus loin suivant des points de repère disposés de manière a ce qUe le dessin se suive et s’accorde, frotte de nou¬veau, et ainsi de suite. Avec une barbe de plume, il enlève la poudre d’émail qui est restée sur le verre.
Quelquefois on fait des verres mousseline dont le dessin lui- même n’est pas transparent, mais seulement moins opaque que Ie fond. Pour cela, aprés avoir posé la couche a 1’eau, on enlève le dessin au moyen de la plaque de laiton et de la brosse dure; puis on pose sur le tout une couche a 1’essence, de telle sorte que le dessin qui n’a regu qu’une seule couche d'émail se détache sur le fond qui en a regu deux.
On peut faire des verres mousseline ayant une légère teinte rosée, ou bleue Ou violette, etc.; il n’y a pour cela qu’è mêler a fémail blanc une petite portion d’émail de la couleur qu’on désire.
Si on veut obtenir un dessin jaune transparent sur un fond blanc mat, on commence par faire le dessin transparent sur mat;
ainsi que nous favons indiqué; puis on trace sur Fautre cötë du
*
verre, avec de foxyde rouge de fer dólayé è 1'essence, les hords du dessin transparent que 1’on veut colorer en jaune, ainsi que nous Favons déja dit; on pose dans les intervalles formés par ce trait la teinture jaune a Fargeht; puis, aprèsla cuisson,’on brosse le médium et le trait rouge.
Si Ton veut produire sur le verre un dessin transparent par-ticulier, qui, ne devant être exécuté qu’une fois, ne nécessiterait pas la fagon d’une plaque de laiton; ou bien un dessin!continu
non susceptible d’êlre enlevé a la plaque, comme. uue bordure el des rosaces aux angles d’un carreau et un motif au centre, alors on broie de la craie que 1’on délaye avec de 1’eau légèrement gommée, et posant le verre sur le dessin qu’on veul produire tracé sur un papier, on calque avec un pinceau ordinaire tout ce dessin en couvrantde cette craie délayée toute la partie qui devraètre enlevée en clair, puis ensuite on pose sur toute la surface du verre une couche d’émail a Pessence; puis une deuxième cóuche a Peau, ét on passe le verre au feu. La craie, tietant pas fusible* s’enlève facilement a la brosse quand le verre a passé au feu de moufle, etle dessin paraït en transparent sur la couche d’émail vitrifiéi
On fait une autre espèce de verre a dessin imitant des dessins de dentelle ou de tulle, par un procédé qui consiste a reeouvrir le verre d’une couche adhesive sur laquelle on pose un réseau tel qu’un tulle; puis on saupoudre la feuille avec de lemail én poudre très-ténue par le procédé de la gravure en taille-douce. Cet émail adhère sur toute la surface de la feuille, excepté sur les lignes et dessins réservés par le tulle, et alors ces parties réser- vées se dessinent après la cuisson en clair sur un fond mat. Cha- que carreau isolé produit par ce procédé, est d’un elf et assez agréable; maïs on n’obtient pas ainsi une aussi parfaite égalité d'émail que par le premier procédé, que nous avons indiqué auparavant, et il y a toujours un peu de disparate entre les car- reaux d’une même fenêtre.
On fait quelquefois sur les verres des ornements de diverses couleurs, mais en leintes plates bordées seulement par un trait noir ou de grisaille. Pour cela, on commence par poser a plat le verre sur le dessin, et calquer le trait avec un pinceau ordinaire et de la grisaille; on passe au feu pour fixer le trait, puis on posé les. couleurs en teinte plate dans 1’intérieur du trait j pour les obtenir bien ég ales opère comme nous 1’avons fait pour 1’ómail du verre mousseliire, c’est-è-dire qu’on le couche avec une petite brosse plate, et on 1’égalise avec quatre petites brosses plates suc- cessives, sans s’inquiéter que la couleur dépasse le trait, paree que, quand elle est sèche, on prend un petit bois que Ton taille en biseaü£ et avec lequel on racle toute la couleur qui déborde le trait de grisaille , et on opère une deuxième cuisson pour la couleur.
738 UVRB VII, CHAPITRE 1. —PEIMTÜRE SÜH VERRE, VITRAÜX,
Si J’ornementation doit Ötré ornfarêe ét colorée, bri commence
' ' . * * . égalëmènt par faiirê 'le trait en grisaille è Fësëehcë; püiS Öh fait les oiiibres; cette deuxième opération ést singulièreméht facililóe, lörsqü’ón mét sur toiité la partie qui doit ëtrè orabrée ürië légere éöüöhb de grisaille S 1’eriü biëri ëgalisëe au moyén des brbssés plates; on peut ehsuito rechargêr (le la grisaille sur lés parties qui doivfent êlre plus riöiréfc; en la tampörinant avèc uri pineeau
■ , t
dé pülöis large ét plat; avec ürië pointe Sèclië ëti beis, órt fait dés degradations de teinle, et On ënfèvë ériliëföihént la grisaille avec un bois plat ëti biseaü stir lés parlies qiii doivent réstór tout a fait cïairès; Gés ombrés Sönt ehsüitë passéeS aü feu; puis on appliqüé les couleurs pour un aulre feu. Dans les ornementalions de cetlë éspëee, les ombrés sé font sur lé chëvalét;
Lorsqu’on péint des fïeur.% dés oiseaux ou autrës sujöts decetté nature, il n’y a plus a faire dé trait noir; le peintre commence par tracër sur te verre toute 1’èsqüissë de son böüquët Ou dé ses oisèaux, étc., avóé uri pincéau üti ét de 1’ëncre de Chine; puis> rêtournant son vérre sur le chëvalét, il péint son bbüqüet avec sës couleurs d’émail broyéeS a 1’ësserice; sa première peinturë n’est, pour ainsi dirë; qu’une prémière indication assez légèrè- mént colorée; il effacé énsüite lë trait d’êncre dé Chitie, ét passé lë verrë a ünë première cuisson, puis lë peintre remét son vérre sur lé chövalet, donnë plus dé viguëüt aux ombrés én couleur; recharge lés teiht.es tróp lëgèréS, lés rëhöusëe ah hèsöin par quel* ques touches de grisaille, et repasse soh vérre è unè deuxièmë cuissön qui le termine ördinairemënt; mais s’il n’ëtait pas encore satisfait dü résultat, il péüt éttcore faire dés retouches et dönnér uri tröisième feu.
Nous avotis dit qü’ón bröyait et délayait lès couleurs a Fes¬sence : lé peintre sür vérre së sert a eet ëffet dé dèux Series d’ès- sence, dont Fune ést Ördinairemënt l’èssence grasse dé térében- thine, c’est-a-dire épaissiê par F exposition a 1’air; 1’autre èSt ördinairemënt de Fessence dé lavande; on combine cés déux és± sences de itianièrè a donner a la couleur un liant sufösant pöür qü’elle rie coule pas sur le verre; avèc 1’eSsèhce non épaissiê; la couleur sërait trop liquide ; avec Fessence grassé au contraire; Fa couleur he cöulërait pas assez., on nè pourrait fairë aucün trait
délié. En general, le peintre sur vérre a sön émail ou couleur in¬I ►
clinant plutót au gras, mais il a dans un petit verre de Fessence
claire de lavande, dans laquelle il trempö soü pinceaü, ét modifiö sa couleur è sa völonté.
La gravure du vérre pér 1’aèidë flüörhydrique n’ösi pas êtfan-
* . - „ - J x ''
gère a nötre sujet, car d’uné part én peut, au moyen de éét acidë
■ I L ■ r ,b * "
sfeül, pfodüire des örnementatións d’un ëflet très-agféablé, et d’éütf ë part ott peut êlre dans ïé cas d’employéf eet agent dans lé peïn- tiïre du vérre pröpremént dite, si ön veut, paf eiemple, ömèr üïï iïianteau rouge, bleu, ou aütre couleur doublée d’uné broderie d’or öU d’argënt. Si c’est une bföderië d’ór 'qü’ón Vèut pró- düire, ön enlèverala couche de rouge, bléu Ou autre, süivant ïê dessin dé la bródefië, ét on couehera sur les parties ënlevëés
d - - 1 •
dé la Zein?uredë jaüne d’argént qui, élant passéè aü feu, produira Ié résultat vóulu. Si 'c’ést une broderie d’argënt, on ènlèvéra ëga^ lémént la couche de couleur, suivant le dessin dé ïa broderie, 'et ïe résultat sera prodiiit, car l’órosion du verre par 1’acide ftuor- hydrique donnè a ce verre dés rêfïets tout a fait argeütés.
Ön sé servait autrefois dü tour de graveur pöur enlëver la couche de verre cólofë; inais cë moyen était très-dispendiëux, Irès-difficile pour obtenir certains dessins, et iie produisait pas, è beaucoup prés, Vedel de 1’acide. ..
Ï1 y a deux maniéres de graver le verre par Facidë fluorhy- drique.
Le premiër pröcédë consiste a faire chauffer ün mélange dé cirë et de poix-fésinë et A en rnettre avec un pinéeau plat une couchë mince sur töutè la süf face de la feuillé qüë 1’ön veüt graver, puis 1’af tiste> avec une pointe en bois et tin aütre petit böis terminë éü biseau, dessiné et ënlève cette couche sur toutes lés partiës qui doivent être attaquëes par 1’acidë flüörhydrique.
Le second procédé est employé lorsqüe ies partiës qui doivent être ènlevées par 1’acide flüörhydrique sént plus impórlantes, ét demandent tröp dé temps pour être enlevëeé pat la pöïntè 'ét Ié pétit rabot en bois : dans cé cas, ayaht Té dessin qu’ön Veut. pfö- duire sous la feüille dé verre, óii en déssiuo les contours avec üti pinceau fin et ünë couleur rouge ou brune a la gOmmefcouleür neütre qui n’a d’autro but que de faire ün trait bien visible), puïs prenant tiii pinceau plus gros et së servant de la substance for¬mant réserve, c’est-a-dife la 'cire ét la pols liquéfiées paf la cha- lëüf, on rem plit toutes lés parties du dessin qui doivent 'être résef- Vëës, et quand ëettë‘öpéfatiön ëst faite> que Té tóut ést froid/W
740 MVRE VII, CHAPITRR I.—PEINTIJRK SUR VERRE, VJTRAUX.
procédé comme par le premier procédé a Faction de Facide fluor- bydrique; et, pour cela, on fait autour de la feuille un petit mur en
. cire formant bassin daus lequel en verse Facide. L’acide, tel que le préparent les fabricants de produits chirniques, est trop fort; il faut Pétendre d’une quantité égale d’eau. L’action étant plus lente, est plus égale, et produit tine surface plus brillante. Getle action doit durer plusieurs heures ; nous r/en déterminons pas plus exacte- ment le temps; d’abord paree qu’on peut vouloir produire des résultals plus ou moins profonds; ensuite paree que tous les verres ne sont pas attaqués avee la même rapidité. II y a des yerres durs, par exemple ceux dans lesquels il sera entré une grande quantité de groisil, qui ne seront pas attaqués aussi fa- cilement, pour lesquels Popération durera jusqü’au double du temps nécessaire pour d’autres verres plus lendres. Vopérateur doit de temps en temps examiner le point oü est arrivée Paction de Facide, et l’arrêter quand il juge qu’elle a été suffisante; il verse alors Facide contenu dans le bassin qu’il a formé sur la feuille, et la lave avant d’enlever la couche de réserve.
Lorsqu’on fait une gravure a Facide fluorhydrique sur verre blanc, 1’effet argenté est bien plus vif quand il se détache sur Ie verre dépoli que sur le verre transparent, et alors oh dépolit le verre par le premier procédé que nous avons indiqué. Le sable etl’émeri par le frottement de la plaque de tóle n’agissent pas sur les parties creusées par Facide, et ne les attaquent nullement.
Les deux procédés que nous avons indiqués sont employés quand il s’agit de dessins spéciaux, qui ne doivent pas être renouvelés; mais quand il s’agit de dessins courants, comme ceux des verres mousseline, on emploie un procédé analogue a celui que nous avons décrit pour le verre mousseline; ainsi on commence par poser la réserve couchée a chaud avec unc grande brosse plate, comme on le fait pour 1’émail, puis, comme pour le verre mousse¬line, on prend une vignette en lailon mince .ou en étain, travail- lóe a jour, suivant le dessin, oh enlève cette réserve avec une brosse dure (la même que pour le verre mousseline), mais légère- ment imbibée d'huile de tin, qui a la propriété de dissoudre cette réserve. Il faut avoir soin, avant d’enlever la vignette pour la re¬porter plus loin, d’essuyer la partie qu’on vientde frotter avec une
ouate de coton, pour qu’il ne reste aucune portion de cette réserve
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qui empêcherait Facide de mordre; et, en outre, quand le dessin
COüLEüttS OU ÉMAUX. 741
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a été enlevé surtoute la feuille, on Jave avecuneeau desavonle gras qui est restó sur Penlevage; on procédé ensuite a 1’opóration de la gravure, ainsi que nous I’avons dit précódemment. 1
Notts devons aussi parler de la peintüre sur verre par impres¬sion. II y a des cas oü un dessin devant être reproduit un grand n ombre de fois, il peut y avoir avantage a 1’obtenirpar impres¬sion, ainsi qu’on imprime sur les póteries; on peut, par exemple, imprimer dé petites cartes de geographic sur des carreaux pour dés écoleS; on peut attssi faire des paysages par impression et les colorer ensuite, pour des carreaux de bateauxavapeur, etc. On congoit qu’on peut faire ainsi d’assez jolis paysages a des prix très-bas, paree que le dessin et les onibres, étant ainsi produits par impression, des mains très-ordinaires, des femmes ay ant même très-peu de notions de dessin peuventles colorer d’après un rao- dèlc. L’impression peut aussi être employee dans des vitraux quand il s’agit de répéter un même ornement, par example, pour des vitraux simples composes d’une bordure mise en plomb en- tourant un fond compósé de lósanges avec un ornement au centre ; e est ce motif du centre qu’on peut pröduire par impression. Le plus souvent, il Se détache sur un fond de lignes en grisaille croi- sées, autrement dit sur un fond bertelé; on peut done imprimer
1 J I „
a la fois etTornement et lé bertelé, öu le bertelé Settlement, si on trouve quo Tornement fait, a la main a plus de style et de vigueur que quand il a été imprime.
Quelle que soit done l’espèce de dessin qu’on veut obtenir par impression, on grave tine planche de cuiVre simplement A Peau- forte, ou même avec une forte aqua-teinte a gros grains, et on en prend des épreüves sur papier/ lequel papier a été préalablement légèrement mouillé avec de Teati dé saven. C’eSt un papier spé¬cial fabriqué pour eet usage et pour les fabriqUes de póteries. La couleur d’impression, pour être forte én teinte, doit être tenue chaude et employee sur la planche en cuivre également chaude, pour que la couleur s’cn détache.
11.s’agit ensuite de décalquer ce papier imprime sur Ie verre; pour cela, le meilleur mordant ou vóhicule est une legére couche de vernis gras, un quart A un tiers délayó avee trois-quarts A deux
tiers d-essence de térébenthine. Le verre ayant regu cette couche, doit être exposé sur une planche a une temperature assez élevée, presque celle d’ün four A pain après le défournement, jus-
742 L1VRE VII, CHAPITRE I.—PEIMTURE SDK VERRE, VITRAUX.
gu’a CB qqe le verre commence a jaunir ou brunir. Dans eet ét at, pet enduit est propte a happer la couleur et & résister au lavage deslinéa detacher le papier. C’esten opérant comme nous veuons de lïndiquer, qu’on obtient les raeilleures épreuves. Quand il ne s’agit quo d’ornementalion pour imiter dos grisailles ou d’un sim¬ple bertelé, le verre nu sans preparation peut suffire, et on aura la facultó d’obtenir plus deforce en saupoudrantle verre avec de la couleur en poudre au moment ou on vient de détacher Ie papier; maïs on congoit qu’il peut rester ainsi un peu de pous- sière de couleur dansles inlervalies du dessin, ce qui donne un tésultat moins propre.
L’buile pmployée pour Ja couleur d’impressipn doit êlre pré- parée d’une maniére spéciale; eUp sa compose de :
2 litres d'hnile de lin,
1/4 de litre d’hnile de colza,
15 grammes de minium^
45 — de fleur de soufre,
60 -r de résine,
60 — de poix de Bourgogne,
250 — de goudron.
On commence par mettre sur le feu les huiles, puis on y ajoute
peu a peu lesautres ingredients ; la poix de Bourgogne doit être ■
mise én dernier, au moment de terminer. On fait bouillir lé tóut jusqu’a ce qu’il commence a filer étant pris entre deux doigts, et quand ce mélange est froid, il doit filer au moins 8 a 12 centi- mètrës avant de se romp re.
La composition d’huile qui suit nous a aussi très-bien réussi:
2 litres d'haile de lin,
60 grammes d’huile de colza,
120 — de céruse,
120 — de résine,
60 — de poix de Bourgogne.
Le tout étant bouilli pendant trpis heures, ou y ajoute 5Q0 gram¬mes de goudron.
On pratique aussi en Angleterre, depüis 1853 ou 1854, un pro¬cédé d’impressipn surverre au moyen de piprres lithographiqiies. Ce procédé prpduit de très-bons résultats; on s’en sert poqr faire de la gravure par 1’acide fluorhydrique, ou pour imprimer en
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COUREURS OU ÉMAUX.
grisaille. Je ne puis mieux le décrire qp’en dormant la. trg^uctiqp d’une partie du brevet qui a été pris pour ce genre d’impression, par M. Gh. Breese, brevet qqi date> pour la demaqde, du |9 juil- let 1853, et qui a été scellélo 19 janvier 1854 :
<< On commence par graver sur la pierre Uthqgraphjgue ou sqr line plaque de métal le dessin qu’on yeut prqduire, et on fait dps épreuves sur papier au moyen d?une substance adhpsiye, qui pent être composée ainsi qu’il suit: faites bouillir dé l’huilp dg Ijn jusqu’a consistance de mastic de vilrier; pn 1’ ^^1 ^urrr j j ■ r J., -i consistance de 1’encre ordinaire d’impression., en y mèlant clg la colle dont on se sert poqr brunir la dörure, a laquelle on ajpute
aussi un peu de poix; on met ensuite lp papier sur le verre, ainsi que nous Favons iudiqué dans notre première description de 1-im-pression, et pn enlève le papier. Puis, s’il s’agit de gravure par Facide fluorhydrique, auquel cas la pierre a été gravée de manièrp a donner par impression les parties sur lesquelles doit être P°Ftée la réserve, on se sert alors d’une matière <en poudre très-fine, capable de résister è Faction de Facide, telle que deTasphalte ou, de 1’anlhracite ou toute autre substance; on saupoudre lp yerre avec cette substance qui adhere sur toute la partie du verre qui a été converts par Firapression dp la substance adhesive. Op peut employer la chaleur pour faciliter 1’incorporation de lp poudrp avec la substance adhesive. Il ne reste plus ensuite qu’a faire agir Facide fluorhydrique. » .
La patente deM. Ch. Breese s’étend a beaucopp d^autres usages; mais nous n’avons mentïqnné que ce qui était special a ip ma¬tière que nous traitons, c’est-a-dire a la gravure par Facide flppr- hydrique. .
En France, M. Kessler de Boulay a un procédé qui lui est prp- pre pour la gravure des verres et cristaux par Fapide fluorhy¬drique, et pour Iequel il a pris un brevet postérieur de plusieurs années a celui de M. Gh. Breese, dont il n’avait certainement pas connaissance, et nous croyons devoir, dans 1’intérêl des personnes qui yeulent faire de la graypre par l’acide< fluorhydrique, transcrire la description compléte que M. Kessler donne de son
procédé : « II consisle .4 dé poser sur du papier, par voie d’im- pression, une réserve inaltaquable a Facide fluorhydrique avec la configuration que devra prendre la partie non gravée on yue dp l’effet artistique voulu, a décalquer cette réserve sur je yerre, pt
714 LIVRE VII, CIIAMTRE I.— PÉIPITURE SUR VERRE, VITRAÜX.
après la dessiccation, è faire intervenir1’acide par les moyens connüs.
« Dans ce bul, afin de pouvoir exécnter tous les dessins ima- ginables, il fallait pouvoir appliquer sur une surface large et continue uno épaisseur d’au moins un demi-millimètre d’encre
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de réserve, car c’était non pas le dessin lui-même qu’iï s’agissait d’imprimer, mais, au contraire, tout 1’entourage du dessin. Après avoir, inutilement essayé töüS les procédés d’impression en usage, la taille-döuce, la planche en relief, la litbógraphie, etc., nous nöus sommes arrêté au möyen suivant dont nous avons pris 1’idëe dans Pi repression des étofïes au roüleau: Sur Une pierre lithographique parfaitement dressée et polie a la poncé, on peint avec une dissolution de bituiiie de Judée dans 1’èSsence de térébenthine les parties qui doivent être gravées sür le verre; après une heure ou deux de dessiccation, on borde la pierre de cire, et on la grave a 1’eau acidulée tres légèrement avec de 1’acide bydrochlorique.
« Lorsqüe la morsure ést profonde d’ün demi - millimetre (plus ou moins), on enlèveTacide et 1’on nettoie la pierre a Fes- sence.
« (Pour les dessins plus fins, on grave au burin sur la planche de métal).
« Pönr procéder è Fimpression, on installe la pierre sur un chariot garni de plusiéurs épaisseurs de drap, et Pon en recouVre tous les creux d’une encro dont nous donnerons ci-après la com-position, puis a 1’aide d’une racle parfaitement dressée que 1’on promène asa surface, on enlève Cette en ere de manière a décou- vrir tous les reliefs et a laisser les creüx bien remplis; on étend sur la pierre une feuille de papier (demi-pelure glacée); on place par-dessus une feuille de caoutchouc volcanisé et plusiéurs dou-bles de fianelle; enfin, on pöusse le chariot sous le plateau d’une presse verticale a vis que 1’on abaisso en serrant for temen t, et après avoir relevé le plateau, retiré le chariot et enlevé le Caout- chouc, on détache lentement 1’épreuVe, après quoi on procédé dé
la inême manière è un second tirage.
<t Avant de passer au décalquage, il est nécessaire de détruire
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1’adhérence de1’encre au papier : cette adhérence est énorme; elle n’a d’ëquivalent dans aucun des procédés usités dans 1’indus- trie, soit pour Fimpression des émaux, la reproduction des pierres
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GODLEURS OU ÉMAUX. 74§
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Jithographiques, etc.; c’est une des conditions essentielles du mo- dus faciendi adopté.
«II faut, en effet, quo 1’encre soit très-épaisse, saus quoi ellene resterait pas dans les creux d’ordinaire très-Iarges et très-profonds de la pierre en couche assez égale; et pour qu’ótant aussi epaisse, Je papier puisse en Conserver une épaisseur suffisante, il faut qu’elle soit excessivement adhésive.
« Nous sommes parvenu a dé trui re son adhérence par l’artifice suivant; on passe Pépreuve au-dessus d’un bain froid d’eau addi- tionnée d’un quart a un dixième d’acide hydrochlorique; lors- qu’elle est suffisamment imbibée, excepté sur un des bords qui sert a Ia saisir, on Pen retire et on la porte sur de 1’eau tièdeè environ 30 a 40 degrés centigrades, a la surface de laquelle on la fait nager jüsqu’a ce que les StrieS de 1’encre s’étant nivelées par sa fusion, on soit averti qu’il ést temps de la retirer. Pendant cette opération, un phénomène d’endosmose intervenant attire Peau dansl’intérieur du papier. Mais attendu que celle-ci ne pcuty arri- ver qu’en expulsantdu cóté op posé une légère couche de 1’acide
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faible qui en remplit. tous les pores, qu’ën ce moment même 1’encre est ramollie par la fusion, cette couche légère d’eau aci- dulée s’interpose entre le papier et l’encre, dont Padbérence se trouvé ainsi détruite.
« Le dócalquage s’effectue en appliquant Pépreuve du cóté de 1’encresür la piece a dócorer; quelquefois on fait Pinverse, .et Pon > porte Póbjet a orner sur Pépreuve étendue sur une table garnie de drap. Dans 1’un ou 1’autre cas, on compléte Papplication en ap-pliquant sur toute la surface postérieure, è Paide d’une roulette garnie de flanelle, une pression douce et générale. On enlève le papier en le mouillant au besoin, et l’encre seule reste sur lo verre. Si le dessin a besoin d’etre cómplété ou retouche, on le fait au pinceau, a 1’aide de la couleur qui a été appliquóe sur la pierre. On peut auSsitot graver la piece a 1’acide fluorique, mais il vaut mieux la laisser sécher com plétement: aucune réserve no résiste aussi énergiquement a son action que celle qui a été dó- posée par ce moyen ; elle est composée de :
Acide stéarique 2 parties.
Bitume................... 5 —
Essence de térébenthine................... 5- —
et plus ou moins selon la circonstance.
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746 UVRE VII, CHAPITRE I.r^PKIKTüRE SUB VERRE, VITRAUX.
. Ft On dissöut a chaud, et l’on filtre au chausson. Pendant le re- froissemont, on remue constamment.
« Geile eucre, dont on emploie sur chaque épreuve uno forte proportion, est un élément trës-important de noire procédé; celui aussi dont la recherche a le plus exercé notre patience; on eh jugera par l'énuniéralion des conditions auxquelles elle devra sa- tisfaire. II faut en effet : 1° qu’elle né coute pas plus dé 2 a 3 francs le kilogramme; 2° quelle soit excessiyement adhesive, et puisse cependant se décalquer facilement; 3? qu’elle soit assez épaisse pour rester sur la pierre, tellè que la rade la coupe; 4? qu’elle he tire que des fils très-courts, en s’aplanissant d’eüx- mêmes quand on détache 1’épreuVe; 5p qu’elle fónde et cöule de 40 è 60 degrós; 6° qu-elle se dessèche assez Ientement pour per- meltre aux épceuves d’attendre, en restant propres a 1’emploi, pendant un certain temps d’arrêt que peuvent nécessiler les soins du décalquage; 7° qu’elle se sèche assez vile póur que, pendant seulement que Pimprimeur quitte la rade, prend le papier et
Fapplique, la mince couche d’encre restée sur les Techefs n’adhère plus a la feuille; 8°qu’elle résiste a 1'acide fluorique, et s’enlève facilement.
« Appliqué a la décoration des verres ou des cristaux de toutes formes, ce procédé permet d’obtenir des effels de couleur en même temps que des effets de gravure : c’est ainsi qu avec du verre plat blane au centre, bleu d üri coté, et jaune de raulre, on peut sur la même piece,en enlevant par places lesdeux couches extérieures, produire a volonté et en même temps du bianc, du bleu, du jaune entre toutes les teintes de passage 1. Önobtient aussi sur verre bianc transparent oü maté et sur glace dés gravures en creuxsoit brillantes, soit mates d’uri très-bel aspect; sur la gobeleterie et les cristaux, des effets de couleur, dé dessin ou de gravures très-
1 M. Kessler suppose ici une feuille en verre blane doublés de bleu et teinte en jaune sur l’adlre face; car c’est par Ia teinture par Vargent que Ton colóre un cóté du verre en jaune, ainsi que nous 1’avons vu, Mais daps cc cas, au lieu d’a- voir a enlever le jaune par placesaype Pacide fluorhydrique5 nous tpouveripus plus simple, plus économique déne faire 1’opéraüon de Penlevage que du cóté du bleu, e^ pour le cóté oppose, on.dèssmerailt ainsi que nous Pavons jndiqué, avec un trait rouge, les parties qui devraient être teintes en jaune, pn coücherait sur ces parites seulement la teinture jaune, et on passerait ensuite la feuille a la moufle. : G. B; ?
varies; enfin sur les p&tes céramiques, des décorations analogues, moi ns Ia transparence. Depuis que ce procédé est conn ü, trois des priucipales maisons de France qüi s'occnpent de ïa decoration du verre et ducristal, MM. Maréchal (dé Melz), la cristallerie de Baccarat et cello dé Saint-Louis, obtiennent aujourd’hui, avec son aide,uüè foule de produits dont Pexécution artistiqUe eüt été im¬possible par les anciens moyens.
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« Un des grands avantages qui en résultent pour el les. oütre Péconomie de lafaqon et la creation de genres nouveaux, c’est sans contredit de pouvoir remplacer au travail courant la main d’artistes habiles et rarespar célle de simples ouvriers , la com-position du premier dessin réclamant seul le concours des dessina-
teurs. » (Extrait du Cosmos du 25 mars 1859.)
M. Kessler s est livré a une foule de recherches, com me pour
une industrie sans précédent, paree quWecti Vemen t la gravure par Pacide fluorhydrique était a peine pratiquée avant lui en
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France; il se serait sans nul dotite épargnó une partie de son tra-- vail, S-il eut cormu les procédés d'impression sur céramique et sur verre, et de gravure par Pacide fluorhydrique, qui était Pobjet d’une industrie assez étendue depuis nombrë d’années enAngle- terre. MaisM. Kessler a eu lê mérite de trouver par ses seuls ef-forts un procédé différent a plusieurs égards, et de commencer a vulgariser une industrie pour ainsi dire nouvelle pour la France. II a eu Ie mérite plus grand encore d’appliquer auxformes diverses
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de la gobeleterie et des cristaux Pi ra pressi on pour la girayure par
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Pacide fluorhydrique, genre de decoration doét il est le cróateur. On ne saurait trop le louer pour cette nouvelle application dont il a enrichi cette industrie.