CHAPITRE II.
VITBAUX.
D’après ce que nous avons dit au commencement de ce Jivre VU, on comprend très-bien que nous n’ayons nulle ment la pretention de poser ici les regies au moyen desquelles on puissc refaire des vitraux semblables è ceux des siècles passés. Tl y a dans la pein- ture sur verre appliquée aux vitraux, comme dans toutes les ques¬tions d’art, deux points de vue distincts, dont un seul, celui de la pratique ou des procédés, peut être méthodiquemcnt décrit, et ce n’est certes pas le plus important; 1’autre point de vue, qui con- stitue les chefs-d’oeuvre, basé d’abord sur l’étude des oeuvres antó- rieüres, në serévèle qu’au véritable artiste qui compose son vitrail avec la prescience des harmonies qu’il devra produire
Nous ne pouvons ici que donner les indications pratiques, c’est-è- dire décrire les procédés d’un art qui avaient êté rcellement perdus, paree qu’ils avaient cessé d’être en usage, mais qu’il était efïecti- vement bien simple de retrouver: pour cela, il suffisait de recom- m ene er a pratiquer, plutöt que d’essayer d’apprendre dans des livres, car nous avons prouvé que Leviel lui-même, qui passail pour avoir donné un résumé exact des recettes et des procédés de eet art, ne les connaissait que très-imparfaitement.
Ces procédés, nous les avons décrits en partie pource quicon-cerne la peinture sur verre proprement dite; nous avons a les compléter, en ce qui concerne les vitraux ; nous y joindrons quel- ques détails resultant de notre experience et de nos observations, et nous engagerons en outre les personnes qui veulent so livrer a Part de la peinture sur verre pour vitraux a se pénétrer des con-■
1 M. Viollet-Le-Duc, aussi éininemmenl artiste que savant, est parvenu^ par Pétude de ces oeuvres antérieures, a form uier des regies auxquelles répondent les harmonies des anciens vitraux, qui facïlïteront les recherches de nos peintres verriers. (Voir Particle VI-TRAIL, du Diclionnaire raisonné de Carchitecture fran- $aise du otvsième au parjViolIel-Le*Duc.)
seils quedonue M. F. de Lasteyrie daas le livre quenousavons cilé: Quelques mots sur la peinture sur verre. Dans son Intro¬duction, M. de Lasteyrie dit de la peinture sur verre : « De- puis quelque temps eet art a repris faveur; au point oü. en est arrivée la science de F analyse, les procédés techniques eussént été facilement retrouvés, si même on les avait jamais perdus ; mais ce qui manque encore, qu’on me permette de le dire, ce sont les consequences que donne la pratique ; c’estcette science tradition* nelle que les anciens peintres-verriers se transmettaient de géné- ration en gónéralion.
«A qui done demander ce qu’une ëxpérience de trop fratche date ne saurait dès aujourd’liui nous enseigner? — AFobser- vation.
« Ou chercher cétte science tradilionnelle qui nous manque?^— Dans les ceuvres de ceux qui la possédaient le mieux.»
Noüs ne saurions trop insistër sur ces remarques de M. F. de Lasteyrie; nous irons encore plus loin, et nous dirons que tout artiste qui veut se livrer a Fart de la peinture sur verre ne devria pas se borner a observer les anciens vitraux; il devra com meneer par faire un certain nombre de copies d’anciens vitraux des trei- zièihe, quatorzième etquinzième siècles. Ges copies devront arri- ver a un exact facsimile, tant pour le dessin et les ombres, que pour les nuances exactes des verres de couleur; plus il aura fait de ces facsimile, mieux il comprendra le secret de 1’éffet magique des anciens vitraux, plus il deviendra apte a en reproduire les mer- veilles, a composer des ceuvres pouvantleur être comparées. L’ar- tiste en vitraux ne doit pas être étranger a la science archéolo- gique; ily a des conventions de tradition auxquelles il doit se conformer; ainsi,il doit savoir quel les sont les couleurs des vête- menls adoptées pour le Christ, pour la sainte Vierge; quels sont les saints personnages qui doivent être chaussés, ceux qui ne doivent pas 1’être, etc. Il ne peut mieux faire que de consulter a eet égard le Manuel d‘iconograpkie chrètienne de M. Didron, ou-
vrage aussi savant qu’intéressant.
Enfin, Tartiste en vitraux ne doit pas se borner a composer le
carton et indiquer les couleurs; Ü doit lui-même choisir les teintés les plus conveuables, a moins qu’il n’ait une confiance eprouvée dans celui qui exócute. Rappelons-nous que IQS Piuaigrier, les Bernard de Paiissy, les Jean Cousin peignaient eux-mêmes sur
verre et choisissaient, par conséquent, les nuances qüi devaiënt s’harmoniser ent re elles.
Ces observations faites> et engageant de nouveau le peinlrë*- verrier a se pénétrer des divers enseignernents que lui donnent M. VioIlet-te-Duc et M; F; de Lasleytie, nous allons entrer dans quelques détails relatifs aux procédés techniques. Nous parléróhs d’abord des vitraux dés döuzièmei trëizième et qualorzième sièclës, puis dés vitraux dés quinzième et seizième.
-Portons d’abord notre attention sur la matière première de bes
vitraux, c’est a-dire des verres qu’on employait. Ges verres étaiéïrt
*
fabriqués d’öprès le procédé dusoufflage én matte hons. ainsi qu’on peut s’en convaincre et par leur inspection, et par la description qu’en donne le moine Théophile [Diversar ium artium schedula). Ce.n’était sans doute pas exactement le procédé que nous avons décril comme étant pratiqué dans nos verreries aeluelles de verre è vitte. Cela se rapproehait davantage de la manière dont nous avons vu au livre III que les verriers allemands soufflaient leurs gran des glacés, en ce sens qulis faisaient de prime abord les deux ouvertures du manchon ; mais cés manchons, qui étaient généra- lernent assez épais, étaient recuits dans un four spécial; puis, quand ils étaient refroidis, On les fendait pour les dé volopper dans un four a étendte, è la suite duquel était un four a refroidir ou onempilait les feuilles étendues. Le texte de Théophile nelaisse pas le moindre doute afeet égard. Ce verre n’était ni aussi fin ni aussi réguiierd’épaisseur que denos jours. Ce que nous appellerons des déf&ixts pouvait ajouter au bon effet du vitrail; cela atténuait la transparence du verrei rendaitmoins direct le passage de la lu- rnière et contribuait & 1’harrnonie defense mb le; mais de la il faut biéhsegarder dêfeoncltire que cetle harmonie des anciens vitraux
provenait de lïmperfectiori des verres employés, qui n’élaient que des verres mal fondus, coulës grossièrement ; que Fon produirait les mêmes effetssi, au lieu d’em ploy er des verres puts et bien souf¬flés, on fabriquait des verres pleins de rugosités, qu’on pourrait obtenir par le moyen du moulage. Ces assertions attestent un manque complet d’étude des anciens vitraux; mais ayant ëté émises en pleine Académie des sciences’1, nous avons cru devoir les réfutèr en peu de mots. Nous dirons done d’abord que ee verre
> Si&fte dü 19 ociotoê 1888.
VITHAUX.
n’était gëhêraleiüëüt pais aussi mal Fondü; aussi inégal qu’on l’a prétëridü; cèla sera attësté paf löüs öëüx qüi bilt ëü & rëparer oü remetfre en plomb d’anciens vitraux; ensuité, la meilleure preüvö que cê ri’était pas a cëttë irrégularilé du verre qué ces vitraux devaiënt lèrir harmonie, ë’est que toütës les föis qu’un peintrë- véffiêr habilë a vöulti; dë nés jöüfs; riveé léS verrëS dé nÓS ver- reries imiter üü ancien vitrail, il est parvéfiü & pföduite riü fac^ süiitiê tjtt’è péü dë distance on itó pekt pas diStingüer d’aVec Pöriginal.
A prés avoir parlé de la fabrication èri général, nous prendröriS chaqüë couleur en particulier, ëtd’abord lë verre blane. Ainsi qüé nous avoüs eü déja occasion dé le dire aü Iivre II, lë verre blanc> fabriqüé aVec des matiëres assez impürés, aVait par lüi- même ürië teiritë favorable a la confection du vitrail, cë qué nöus sommes Obliges dé faire par Fadditión d’öxydès metalliques pouf produire lé mêinë effét. Cé Vérre blane avait tantöt ürië teihte verdaire fröide, c’est-a-dire vérdéltré tifant au blèü; tanlót ünö nuance verd&tre plus jaune. lis ü’émployaiërit pas iridifférein- rnent Tune oil 1’aülrë dë ces teinles, cela dépendait dé 1’ëffét qü’ils voulaient obtenir, des Vérres eblorés aü Contact desquelS devaient se troüver cés verres blancS, qui étaient employés tantöt uriis, tan tót periés.
Les vefreS blahcs formaient riatürellement la basé des verres öblofès, él ö’est cé qui expli'qiië ld différencé qui ëxisió eritfé lés anciens vërrO's cölorëset céüx actüels, dontla basé ést ün verre ihcoloré.
Lë vërffe blëü ëtait colörë avec lë c’est-k-dire üü mélange dë Cobalt, de nickel ët de fer; aüSSi cë vOrré bléu H-t-ii généralè- ment uné tendance plülöt du cöVé du jaünè quë dé Pindigó; il ë§t puf !dë fbüge, aussi lë rayon qüi lë traverse heroügit pas; c*ëStÏH puré lumièré dü ciêl; il y a quelquëfóis dés bléus i'égèfémëht iiir- quoise; iIs dóivent saus dbülê Cêttê teinte a une addition d ’oxydè dé ëüiVré; mais lés blèüs qüë 1*00 rencontré ie plus, soht cèux dont nous avons d’abofd parlé, et ün bleu plus gris él plus pilë quel'on eniplóië principalemént, nondans lés m'ósaïqües et lés hordtifes, tnais dariS les sujets. .
LéS Verres bleus des anciens vitraux sorit généralement d’uné têiritè üiöinS forièëë que ëëüx fabriqüés dé ribk jours. Cëttë ¥ër marque s’applique d’ailleurs a tous les vefrés dë cóülëüf.
752 LIVRE VII, CHAPITRE II.
Lesjaunes anciens sont obtenus par le charbon (voir iivre II); ils sont plus ou moins foncés, généraiement clairs, et participant toujours de la base du verre blanc.
Les verres verts sont colorés par 1’oxyde de cuivreet Foxyde de fer, et suivant que la proportion de 1’un ou 1’autre domine , ils sont plus ou moins chauds, c’est-a-dire ayant une leinte émeraude. si le fer domine, et une nuance froidc, si le cuivre Vemporte.
Les verres violets sont produits par le manganese (la magnésie, comme on disait autrefois); ils sont plus ou moins foncés, mais toujours participant plus ou moins d’une leinte brune résultant du fond. Quand ce violet est clair et qu’on y a ajouté un peu de fer, alors on a le violet choir, celui qui est employé pour les figures^ .
Le verre rouge était un verre doublets. un très-pelit nombre *
d’exceptions prés. Nous ne pouvons revenir ici sur la fabrication du verre rouge; nous dirons seulement: ce verre prósentait a nos devanciers les mêmes difficultés que de nos jours; il fallait 1’ótü- ‘
dier, le suivre pendant la fonte; on ajoutait 17es ustum, c’est-a- ’
dire Toxyde de cuivre, pendant que le verre était en fusion; on |
remuait le verre, le rouge se développail inégalement; quand on d
le croyait bon a travailler, les verriers venaient le souffler. Ils ■
cueillaient d’abord de ce rouge, Ie recouvraient de verre blanc et soufflaient le mancbon; suivant le plus ou moins d’irrégularité ,
avec laquelle le rouge s’était produit, il fallait cueillir plus ou .
moins de ce verre rouge; c’est pourquoi nous voyons dans les frag¬ments de verre rouge des anciens vitraux la couche de rouge plus ou moins épaisse, plus ou moins filandreuse. Parfois il arrivait que Ie rouge ne s’étant pas suffisammenl développé, on pouvait souffler un mancbon entièrement avec la matière du verre rouge,
; et alors le verre n’était pas doublé ; mais ce n’était la qu’une ex-ception, et nous dirons aussi que si on prend toute la masse des . verres rouges des bordures des mosaïques et des sujets, on trou- vera quïl n’y a réellement qu’une faible proportion de verres rouges colorés inégalement; mais ces verres rouges, inégalement colorés, ont été employés avec une suprème intelligence, de ma- nière h produire un bien meilleur effet que du rouge uni, et, en conséquence, ce sont ceux-la qu’on remarque le plus. En résumé, il n’est pas douteuxqu’il n’y eftt avantage, pour la confection des vitraux, a fabriquer des verres rouges semblables è ceux que
* * I '
nous venons de signaler.
VITKAUX.
Les vitraux desdouzième et treizième siècles ne sont certaine- ment pas semblables* ily a dansl’ornementation du douzièmeun caractère essentiellement byzantin qui la distinguerail, indépen- damment de Ia forme plein cintre des têtes de fenêtres, qui, au treizième, dévient ogivale; mais noüs ne reeonnaissons pas ,de difference technique essentielle dans le traitement des vitraux de ces deux époques. G’est pourquoi nous les confondons dans 1’ëx- posé des procédés pratiques.
Les fenêtres des bas cótés d’une église sont génóraletnent gar-
r'
nies de vitraux è médaillons ou vitraUx légendaires: ces médail-lons repr ésen tent les différents épisodes de la vie d’un saint ou de 1’históire deTAncieu ou du Nouveau Testament; les vitraux de 1’abside représentent ordinairement les actës de la vie de Notre- Seigneur Jésus-Christ; le vitrail du centre est Souvent composé d’un arbre de Jesse, terminépar le crucifiement öu par le couron- nement de la Vierge. Ces médaillons, cernës par Une élégante armure en fer, dont nous donnons ci-contre (fig. 159) un des nombreux modèles, sont sur un fond
de mosaïque ou sur un fond de gri¬saille, et l’ensemble est entouré d’une riche bordüre.
Les vitraux de la haute nef repre¬sented généralement de grandes fi-gures sous baldaquin architectural, entourées aussi d’une riche bordure.
Commengons par 1’exécution d’une des fenêtres des bas cótés.
L’armature en fer indique tout na. turellement les divisions du vitrail a exécuter; on fera un panneau pour cbacun des compartiments indiqués par cette armature ABC, BCDE...
Cette armature est garuie, de dis¬tance en distance, de tenons faisant
saillie de 2 a 3 centimetres, percés d’un troU longitudinal vertical dans lequel on fiche'une clavette quand le panneau de vitrail;a été placé contre I’armature.
Le verrier fera sur un grand volet en hois un tracé exact de la fenelre avec son armature..Si cette fenêtre est d’une trop grande
48
LÏVRE VIT, CHAMTRE II.
dimension, il pourra divisor son tracé en plusieurs parties. Dans tous les cas, c’est sur ce tracé qu’il devra assembler les divers panneaux de son vitrail, élant assure ainsi qu’ils s'ajusteront cxaclement sur Farmature de la fenêtre elle-mênie.
Le dessinateur prendra la forme exacte des médaillons, et, sur cette forme, il dessinera le sujet qu’il devra représenter. Ce car¬ton, s’il al’habilude de ces vitraux, pourra n’être qu’un trait avec Vindication des couleurs; mais cependant, admettant même la certitude de 1’effet qu’il veut produire, il sera encore mieux de poser une teinte plate de couleur a chacun des mor- ceaux dont 1’ensemble formera le sujet, et chacun de ces mor- ceaux devra êlre cerné par un trait noir figurant le plomb qui unira ces morceaux, et, ayant, par conséquent, toute la largeur de ce plomb.
Puis, ayant fait choix d’une bordure, et d’une mosaïque de fond dont il dessinera seulement un fragment, il livrera le lout au vitrier, qui devra d’abord couper tous les verres blancs et co- lorés.
II y a un grand avautage a ce que le vitrier, qui coupe tous les verres d’un vitrail, soit aussi celui qui fera la mise en plomb, lorsque la peinture sera achevée; car de l’exaclilude de la coupe depend la facilité et la justesse de la mise en plomb; si les verres n’ont pas été coupés très-rigoureusement, le dessin ne s’accorde plus quand on veut les réunir, on est alors obligé d’employer le grésoir, on casse des morceaux qui ont été peints, ou bien on fait des panneaux de mise en plomb qui ne s’ajustent pas sur les divisions de la fenêtre. En payant ce vitrier a raison du metre superficiel, il a un grand inlérêt è procéder è une coupe rigou- reusement exacte, qui lui rendra ensuite sa mise en plomb exeessivement facile.
Pour arriver a cette rigoureuse exactitude de la coupe, il ne se conlentera pas de Vindication du plomb sur le carton a exécuter, mais enlre les deux lignes qui dessinent le plomb, il tracera deux aulres lignes en blanc, si le plomb est dessiné en noir, et ces deux nouvelles lignes indiqueront 1’épaisseur du cceur du plomb; elies indiqueront done la limite a laquelle atteindra le verre Iorsqu’il sera encliassé.
Le découpage des verres des sujets est assez long, paree que la tousles morceaux sont différents, mais il n’en est pas de même
pour la bordure et la mosaïque du fond. Supposons, par exemple, qu’il s’agisso d’exéculer la bordure ci-contre (fig. 160), dans la¬qué! Ie les formes a d sont al ter-
nativement blanc et jaune, b c en verre bleu, e f en verre vio¬let, les filets de droite et gauche blanc et rouge. II n’y a dans foute celte bordure que frois formes, savoir : a, b et c, car c n’esl autre chose que b refourné; seulement, pour les traits du morceau c, il faudra les peindro du cölé oppose oü on aura peint b; d est la même forme que «, seulement 1’un est blanc et 1'autre jaune. Le moyen le plus expéditif, le plus exact pour couper tous ces morceaux, est de couper des cartons d’une épais- seur environ d’une double carte a jouer ordinaire de Ia grandeur
c’est-a-dire jusqu’a la limite du cosur de plomb; on aura done pour celte bordure trois pelits cartons de la forme et grandeur des par¬ties a, b, €’, le vitrier pose son petit carton sur un morceau de verre, et tenant 1’un et 1’autre de la main gauche, il suit avec son diamant do la main droite le contour du carton, qui, n’ayant pour ainsi dire pas d’épaisseur, permet a Ia pointe du diamant de suivre la ligne tangente et do couper le verre semblable au carton. Le vitrier calcule le nombre de morceaux qu’il lui faudra en hlanc, bleu, jaune et rouge, suivant la longueur do la bordure qu’il a a executor; e’est de cetle manière qu’il coupcra aussi les morceaux qui formeront la mosaïque de fond. Supposons, par exemple, que les médaillons des sujets soient sur un fond mosaïque, comme ci-après (fig. 161), il n’aura que trois cartons a tailler; un pour le segment qui se répète quatre fois par cercle, un autre pour la forme qui sépare les cercles, le troisième pour le petit cercle du centre, ct encore même il pourra couper le tout a 1’équerre pour les parlies droites et a la tournette pour les parties cintrées. Quant aux bandes de perles de la mosaïque et aux filets blanc et
736 LIVRE VJI, CHAPITRE 11=
rouge de la bordure, il les coupera a la regie en longueur indó- terminée; il lui suffira d’en couper la quantilé qu’il calculera nécessaire, il ne les divisera ensuite que selon les exigences de la mise en plomb.
Tous les verres d’un vitrail ayant été coupés sont alors livrés aux peintres ; il ne faut pas une grande habileté pour suivre les indications du carton, cependant la peinture des sujets exige une inain supé¬rieure ei celles qui exécuteront la bordure et la mosaïque, qui sont généralement faites par des jeunes gardens ou des jeunes fill es qui ac- quièrent une justesse et une promp¬
titude d’exécution très-remarquables. Quant aux sujets, il faut, pour bien rendre la penséë de celui qui a exécuté le carton, un sentiment de cette espèce de dessin, dont beaucoup de juges superficiels font sans doute bon marché, mais qui a un réel caractère, une vie, un mouvement que bien des artistes habiles ne sauraient pas rendre, s’ils n’en ont pas fait une étude sérieuse. Le dessinateur du sujet ne dédaignera done souvent pas de 1’exécuter lui-même sur verre, s’il veut que sa pensee soit bien exprimée. 11 ne s’agit que de simples traits noirs et de quelques demi-teintes avec de la
grisaille, mais ces traits, faits avec 1’espril et le sentiment de l’ac-
1 * '
tion, complètentla signification que Ia forme extérieure imprimait déja au sujet.
Il n’est pas inutile de dire ici que tous les trails et demi-teintes doivent toujours être peints du cölé qui sera a 1’intérieur de Té- glise. M. Viollet-Le Due pense que les fragments composant ces vitraux passaient généralement deux fois au feu, une première fois pour cuire un premier travail d’ombre fait par hachures non absolument opaques; puis, sur cette ombre principale cuite, sombre, mais transparente, le peintre faisait des trails opaques pour obtenir des renforts d’ombres sans aucune translucidité, qui étaient vitrifies par une deuxième cuisson.
Je ne contesterai pas que les anciens peintres-verriers n’aient pu quelquefois opérer au moyen de deux cuissons, cependant ce
ne devaitpas être Ie cas general, etce qui est positif, c’est qu’on peut produire tout 1’effet desirable avec un feu, et poür cela on fait Tune des operations avec de la grisaille délayée a 1’eau, et Fautre a 1’essence, de telle sorte que ce deuxièmo travail vient compléter le premier et le renforcer sans Ie dissoudre.
Quand tous les morceaux qui com posent les süjets, la borduro etlo fond d’un vitrail sout points., on les fait passer au feu de móufle, et ils sont ensuite livrés au vitrier : il y a un grand in- térêt, nous 1’avons dit, a ce que ce vitrier soit le même qui a coupé; il connait tous ses morceaux, il les assemble plus facïle- ment, et peut faire la raise en plomb a un prix moindre que tout autre qui n’aurait pas la responsabilité de cette coupe.
Quand le vitrier aura mis en plomb et soudé toutes les parties qui composent le vitrail, il sera bien de lui faire subir une petite operation qui consiste a le cimenter. Cette opération, dont beau- coup de peintres-verrièrs se dispensent, ajoute a la solidité dü vi-trail, S’oppose aux infiltrations. Pour cimenter uu panneau de vitrail, on le pose a plat sur une table, on fait un mastic très-clair, aVec lequel on brosse le Vitrail en appüyant principalément contre les bords du plomb, de manière a faire pénétrerdu mastic sous les ailes; on essuie ensuite le panneau, et on fait la même opération de Fautre cöté.Il y a des peintrés-verriers qui étament les plombs dans toute leur longueur, d’autres mettent une couche de cou¬leur noire sur toute la longueur du plomb, ce qui lui imprime Fapparence que le temps lui donnera et détruit 1’effet désagréable du brillant du plomb neuf.
Ici, nous demanderons: doit-on donnér a un vitrail neuf F effet qui résultera d’une longue exposition, qui ajoute a Fharmonie naturelle des anciens vilraux ? Plusieurs peintres-verriers ont cru qu’on ne pouvait produire un bon vitrail qu’a la condition de le maculer pour simuler les effets du temps et Fimperfection des anciens verres. Nous noüs sommes déjè. exprimé a eet égard daUs la partie historique de noire travail, nous dirons done en¬core ici que, quand il s’agit de réparer d’anciens vitraux, de re- fairodes parties de médaillons, il faut donner aux parties neuves la même Valeur de transparence qu’aux anciennes; et, è eet effet, on commencera par nettoyer les parlies anciennes *, on ötera
1 En disant ici qu’il faut nettoyer les parties anciennes, je cröis devoir ajouter: n’employez pas d’acide pour ce nettoyage, ainsi que 1’a conseillé M. Ghevrttil
: 758 LIVllE VII, CHAWTKJS 11.
j: . .
? Ia poussière incrustée dans les inégalités du verre, puis on don-
■ nera aux fragments nouveaux le même aspect qu’aux anciens, ce
i qu’on obtiendra au moyen (Tune grisaille que 1’on dóit coucher
|! non pas Sur toute la surface, mais avec une cerlaine irrégularité
calculée,
i Quand il s’agit de vitraux entièrement neufs, ce moyen ne doit
pas être complétement négligé, mais nous engageons a ne Tem¬
! ployer qu’avec une grande sobriété, et ici nous citerons un
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[Fig. 162.]
procédé par lequel on öte aux vitraux une grande partie de leur transparence criarde, et qui produit un effet satisfaisant: il con- siste, lorsque les traits ont été pejnts, a poser sur Tenvers des frag¬ments de verre, c’est-a-dire sur le cöté qui sera a 1’extérieur, une
dans un mémoire lu a PAcadémie des sciences, et faites ce netloyage avec de grandes precautions. 11 y a quelquefois sur d’anciens vitraux des traits qui ont été très-peu cuits, que Ton peut enlever avec 1'ongle, et qui cependant ont rcsisté a Faction de plusieurs sïècles; mais ils ne résisieraient pas a un nettoyage ma* ladroit, et surtout a Faction d’un acide. Je crus done utile d’adresscr une lettre a M. le président de FAcadémiepour lui signaler le danger du nettoyage & Facide chlorhydrique. M. Chevreul répondit qu’il n’avait pas conseillé Femploi de Fa* cide chlorhydrique pur, mais bien eet acide a 4 degrés seulement. Je mainliens que eet acide, même a 4 degrés^ est dangereux, et finsïste d’autant plus sur un nettoyage fait avec soin et intelligence^ que M- Chevreul ajoutait : « Enfin, dans le cas ou 1’oit serait pressé d’opérer un nettoyage en quelques heures, on pourrait aider Faction de F eau, celle du sous-carbonale de soude ou de Facide chlorhydrique a 4 degrés, de Faction mécanique d*un couteau de cornc, et en outre de celle de la poussière de hriques. » QiFun vender peu expérïmenlé suïve ces conseils^ et il aura hientót délérioré des vitraux Irès-remarquables. Personne ne professe a un plus haul degré que moi Festime et le respect p.our les savants, et cerles M. Chevreul occupe un des premiers rangs parmï ceux qui ont droit a ces sentiments; mais, précisément a cause de ce rang même, une er~ reur sur des details techniques est d’autant plus dangereuse, c’est pourqupi j’ai p^s la ïiberté de Ia réfuter.
p
F ■
légère couche de dépoli (celui que nous avons employé pour les verres mousseline), et quand cette légère couche est sèche, on 1’enlève avec une pointe en bois sur les parties qu’on yeut éclai-
1 . I
rer. Nous figurons (fig. 162) un fragment de verre qui indique le travail que nous avons voulu décrire; le dépoli a étó enlevé sur la partie a bed, et donne ainsi un brillant suffisant, en même temps que le dépoli sur le resle du verre atténue la transpa¬rence. Cette opération augmente un peu le colt du vitrajl; dans certains cas, ce sera une consideration.
Le fond des vitraux des bas cótés d’une église du trejzième siècle est quelquefois en grisaille, qui est également une sorte de mosaïquej mais formée en grande majorjté de verre blanc sur
lequel est peinte l’ornemenlation, et de filets diversement colorés. Nous donnons ci-contre (fig. 163) un exem- ple de ces mosaïques, dont les formes de médaillons peuvent être remplies ou par de Fornementatipn ou par des sujets, comme ceux dont nous avons parlé précédemment; * nous n'avons aucune indication particuliere a dpn- ner a 1’égard de ces mosaïques en grisaille, qui sont exécutées dans les mèmes données que les mosaïques de couleur. Nous dirons seulement que souvent le fond des pieces de
grisaille, c’est-a-dire ce qui enloure le motif de rornementatipn, est un bertelê formé de traits noirs, croisés, comme 1’indique la figure. Ce bertelé, qui atténue la transparence, est d’un excellent eiïet; on 1’emploie aussi quelquefois pour des verres dé couleur, mais bien plus rarement.
[image 163]
Nous avpns dit quelesfenêtresde la haute nefétaient générale- mentgarniesde vitraux composés d’une grande figure sur un fond architectural et e-ntouré d’une bprdure. Pour ces fcnêtres, 1’ar- mature est plus simple; pile se compose uniquement de barros trans versa les.
Nous donnons ci-après (fig. 164) Vindication d’une fenêtre de ce genre. L’armature se compose dp deux barreaüx verticaux et de seplbarres transversales. Le vitrail sera cömposé de sept pan-
neaux qui viendront s’appliquer sur ces barres, et chacun de ces
panneaux portera sa bordure de chaque cóté. Le dessinateur
chargé de composer ce vilrail
feracette composition sur un
carton qui portera 1’indica-
tion de 1’armature, car il
devra prendre ses disposi-
tions pour que les Barres ne
nuisent pas a I’effet, et, par
exemple, ne coupent pas la
figure en deux.
Le carton étant fait, avec
Vindication des couleurs,
sera livré au vitrier, qui sou-
mettra au dessinateur les
nuances de verre des diffé-
rentes couleurs qu’il aura a
employer, puis il coupera
tous les morceaux suivant
les indications que nous
avons précédemment don-
nées; il découpera égale-
rnent tout ce qui devra com-
poser la bordure ; le tout
sera mis entre les mains
des pein tres, puis passera a
la moufle, et enfin reviendra
au vitrier pour la mise en
plomb. Le vitrier fait génó-
ralementcette mise en plomb
sur le carton même, ou au
moins sur un panneau sur
lequel il a tracé tout le vi-
trail; et, de cette manière,
il est certain de ne pas s’é-
garer, car il a, pour ainsi
dire, des cases a remplir, et
[Fig. 164.]
dont il ne peut s’écarter sans, de suite, s’en apercevoir. Les pan-neaux de vitrail qu'jl a fails. conformément a la division de Far-
mature, out généralement de 75 è 80 centimètres de haut. La mise enplomb ne donnerait pas a ces panneaux une solidité süffisante: pour ajouter a cette solidité, on fait passer, sur la hauteur de 80 centimètres, par exemple, deux tringlettes transversalés de fer rond, de 7 a 8 millimètres de diametro, qu’on applique sur le cóté intérieur du panneau, et qui se relient a ce panneau au möyen de pelites bandes de plomb de 5 a 6 centimètres, qu’on soude par le milieu de distance en distance sur les plombs du vitrail, et que 1’on noue, pour ainsi dire,sur ces tringlettes; ces tringlettes sont d’une longueur excédant la largeur du vitrail, et on les scelle de chaque cóté dans les montants de. pierre de la fenêtre.
Four les Vitraux è grandes figures ou a médaillons a sujets, nous n’avons pas cru devoir entrer dans des considératious de procédés d’éxécution de la peinture; il ne peut pas, en effet, être donné de prescriptions a eet égard. Chaque artiste póurra avoir une méthode personnelle d'exécution, employer des pinceaux courts ou longs, user pour les demi-teintes du procédé de 1’enle- vage a la pointe sècbe ou du tamponnage au blaireau.. Tout pro¬cédé qui, en définitive, produira l’effet auquel on veut arriver sera bon, pourvu qu’en même temps il soit d’üne exécution assez rapide, car s’il s’agit avant tout de faire un beau vitrail, la con- sidération de Véconomie est puissante aussi et ne doit pas être ou- bliée. Nous n’avons done voulu que donner des indications géné¬rales conformes a celles que nous avons longtemps vues mises en pratique et qui, nous le savons, seront souvent modifiées par des peintres-verriers. ’
Pour les vitraux du quatorzième siècle, il n’y a pas de grandes modifications quant aux procédés d’exécution; les figures ont plus de fini d'exécution; les détails d’architecture figurant les niches ou baldaquins qui surmontent ces figures et en font la base, sont plus travaillés, plus découpés; quelques ornements des vêtements ou de 1’architecture sont colorés en jaune au moyen de la tein- ture par 1’argent, qui fait son apparition dans la peinture sur verre; mais, en dehors de cela, il n’y a réellement pas de diffe¬rence dans les procédés techniques employés; et comme nous avons expliqué la manière de teindre le verre en jaune, nous n’entrerons dans aucun autre détail relatif a 1’exécution des vitraux de celte époque. .
C’esta partir du quinzième siècle qu’il y a transformation dans
1 Tart des vitraux; le peintre-verrier devient tout a fait indépen-
J dantde 1’architecte: il compose son vilrail et dispose les divisions
I
et armatures d’après son carton; les figures sont placées sur des fonds d’architecture d'une grande richesse. Cette architecture i est tracée et ombrée sur verre blanc, relevóe par des fleurons et
J .
ornements jauues. Les figures, au lieu d etre composées au moyon d’un trait et de quelques demi-teintes sur un verre violet clair, sont
■ peintes en grisaille rouge et ombrées avec soin; les cheveux sont
; généralement teints en jaune clair, surtout pour les figures de
• femmes et d’anges, en brun pour les hommes. L’exécution des
F vitraux exige des mains plus habiles; il n’y a plus de bordures
: composées d’un petit nombre de motifs répétés, simplement indi-
; qués par un trait noir, que peuvent exécuter des enfants. La
: peinture n’est plus, pour ainsi dire, circonscrile par les lignes de
J plotnb ; elle se continue dans toute l’étendue du vilrail.
1 La plupart des peinlres-verriers ont besoin, pour que 1’harmonie
> existe dans tout le vitrail, de faire assembler par une mise en
I plomb provisoire les morceaux qui composent chaque panneau
II
i1 pour poser ces panneaux sur le chevalet el les peindre. Cetle opé-
; ration n’est pas tout d’abord nécessaire, c?est-a-dire que, quand
1 on a coupé les verres, on peut peindre les traits noirs sur chaque ;
fragment séparé ; mais ces traits ayant été peints et cuits, c’est j
alors qu?il faut faire une mise en plomb provisoire, pour que le i
peintre puisse ombrer avec connaissance exaete de 1’effet a pro- I
duire dans toutes les parties. Pour faciliter ce travail des ombres, I
beaucoup de peintres ont Ia méthode de mettre sur toute la sur- i
face du verre une légère couche de grisaille claire broyée è 1’eau, [
et alors, en forgant les ombres au pinceau au moyen de grisaille foucée (ou grisaille rouge, s’il s^agit de figures) broyée a 1’essence, i
et, d’autre part, cnlevant la légère couche de grisaille ü 1’eau au i
moyen d’une pointe sèche en bois, ou, mieux encore, d’un petit |
pinceau a poils courts et durs pour les parties qu’on veut éclai- ;
rer, on arrive a des effets très-bien réussis. Pour les parties qui doivent êlre teinles en jaune, telles que fleurons d’architeclure, ornements dans les vêtements, cheveux des figures, ön applique la teinture jauue en dernier lieu, et du cötó oppose aux ombres, c’esLa-dire sur le cóté des verres qui sera 1’extérieur du vitrail.
La plupart des pièees de ces vitraux regoivent deux feux et quel- quefois même troisfeux. ,
763
Telles sont les seules indications que nous croyons devoir don¬ner par rapport a ces vilraux. On congoit que nous n’avons pas la prétention dJenseigner des peintres; nous pouvons bien élever nos prétentions jusqu’è la competence en apprécialion de peinture sur verre, mais nous ne pouvons prescrire a un peintre la ma¬
' nière dont il devra opérer.
Nous disons aussi que, quant aux travaux du vitrier, coupeur de verre etmetteur en plomb, nous n’avons pas cru nécessaire de nous étendre aux détails du métier, donner la description des fers a souder, des lire-plombs et autres outils, de la manière dont on fait les soudures; nous regardpns ici la connaissance pratique du métier de vitrier metteur en plomb corame sous-entendue.
Leviel, qui n’était plus, en quelque sorte, qu’un vitrier et qui a fait, comme npus 1’avons dit, un traité de peinture sur verre, savant au point de vue archéologique, mais pour qui les secrets de la peinture sur verre étaieut réellement perdus, avait bien pü s’étendre Ionguemeut sur la pratique du vitrier, et on peut le con- sulter a eet égard; mais nous regarderions ici ces détails comme tout a fait hors de notre sujet.
Enfin, neus arrivons aux vitraux du seizième siècle, qui sont réellement le triomphe du peintre-verrier. Les vitraux de eette époque sont d’admirables tableaux auxquels le brillaat et la translucidité du verre ajoutent leur éclat. A son talent spécial, personnel, le peintre ajoute encore toutes les ressources que peut lui fournir le fabricant de verres; ainsi, outre la leinlure èn jaune qui lui sort a faire des broderies d’or sur les vêtements de ses per- sonnages, il met a profit le mode de fabriquer le verre rouge, toujours compose, comme nous savons, d’une mince couche de rouge sur verre blanc, pour faire enlever au touret (et de nos jours a 1’acide fluorhydrique) eette couche de rouge suivaut un dessin qui peut ainsj figurer une broderie blanche sur fond rouge; il peut meme, après avoir enlevé par places la couche rouge, teindre en jaune la partie blanche, pour produire une broderie d’or sur étpffe rouge; il fait aussi fabriquer des verres doublés bleus, vio¬lets, pour produire les mêmes effets, par Penlevage, que sur le verre rouge; je ne dirai pas que ces moyens sont fréquemment em¬ployés ; mais, toutefois, 1’artiste sait qu'ils sont a sa disposition et ilen use quand il le juge a propos.—Les vitraux du seizième siècle sont, comme nous avons dit, de superbes tableaux et, en general;
i ■
i
c
764 LIVBE VJf, CHAPlTflE II.
; composes d’un grand nombre de figures avec fonds de ciel, de
i paysages. Les plombs et 1’armature indispensable en ferdu vitrail
i sont, pour les peintres-verriers des quinzième et seizième siècles,
1
: une gêne qu’ils ne peuvent cependant dissimuler; maïs ils pos¬t sèdent a un tel degré le sentiment des effets de la peinture trans-
[ lucide, qu’en s’écartant de la voie qui avait produit ces vitraux
‘ si merveilleux des siècles précédents, ils produisent encore des
* chefs-d’oeuvre; c’est dans ces vitraux qu’il est surtout important
| d’user de la mise en plomb provisoire pour être sur d’obtenir un
heureux effel d’ensemble. Souvent deux cuissons ne suffisent pas
1 pour atteindre le but de 1’artiste; après avoir, par un premier feu,
i cuit tous les traits, et avoir peint les ombres pour une seconde
■ cuisson, il s’apergoit souvent que 1’émaillage du feu a trop
atténué ses effets, son tableau manque de vigueur; il n’y a pas
! assez d’opposition entre les lumières et les ombres; alors, il remet
i ses verres sur le chevalet et complete les effets qu’il veut pro-
J *
; duire; ces verres passent alors a un troisième feu. S’il ne se con¬i tente pas pour ses figures de la couleur grisaille rouge, il peut
mettre sur ces figures une couche de couleur chair dont nous f avons précédemment donné la recette, et qui, comme le jaune,
ƒ s’applique pour le dernier feu, et du cöté op posé aux ombres,
'■ c’est-a-dire sur le cöté extérieur du vitrail. Quant a nous, nous
préférons de beaucoup 1’effet produit par la simple grisaille rouge, et c’est ainsi qu’étaient colorées les figures des Pinaigrier et autres maltres de 1’art.
Dans les vitraux du ^seizième siècle, le peintre-verrier com- posait son carton d’aprèsla forme qu’on lui donnait de la fenêtre, mais sans aucune armature préalable; c’était au vitrier de dis-poser ensuite ses barres transversales et tringlettes de manière a nuire le moins possible a 1’effet du vitrail, tout en donnant la so- lidité requise. Les morceaux de verre qui composaient ces vitraux
! étaient aussi plus grands que dans les vitraux des siècles précé-
dents, le verre n’était généralement pas aussi épais; aussi ces chefë-d’ceuvre de peinture ont-ils été plus dégradés par trois siè-
/ cles d’existence et ont-ils nécessité de plus fréquentes restaura-
tions et remises en plomb que les vitraux des premiers siècles;
:, la mise en plomb, en particulier, a été moins solide depuis que 1’on
4 s’est servi de filières; les plombs étaient forts quand ils étaient
‘■Li -
creusés'au rabot: Pensemble de ces plombs si forts, solidement
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VITRAUX.
765
soudés et entourant des verres ópais et en petits fragments, était tel, qu’on a vu appuyer des échellés sur des vitraux des treizième et quatorzième siècles sans y causer de fractures. Il y avail done dans cés vitraux beauté d’aspect extérieur résultanl de la dispo¬sition de 1’armature, harmonie intérieure saisissante dans sou ensemble, et qui attirait tout d’abord le fidele vers la peinture si vraie, si expressive des légendes des saints, de 1’histoire de 1’Au- cien et du Nouveau Testament; enfin, ces vitraux, par leur solidité, étaient destinés a une durée pour ainsi dire illimilée. Le lecteur nous pardonnera ce retour a une époque oü Part du vitrail est complet au point de vue décoratif et religieux,ce qui ne nous em- pêche pas d’être plein d’admiration pour les chefs-d’oeuvre de peinture sur verre que nous devons aux peintres-verriers du seizième siècle; nous n’avons jamais pu penser que 1’une de ces admirations dut exclure 1’autre.
Revenant done aux vitraux du style du seizième siècle, qui foment tableaux, nous dirons que plusieurs artistes ont désiré dissimuler les armatures indispensables a leur solidité; au lieu d’avoir des barres transversales horizontales qui divisent Ie vitrail en un certain nombre de panneaux carrés, ils ont fait un cadre en fer compose de deux petites bandes de fer assemblées en T, formant ainsi feuillure des deux cötés, et suivant les principales lignes du dessin; c’esl ainsi que fut fait un grand vitrail de la Renaissance composé par Chenavard, exécuté a Sèvres, et qui a longtemps été exposé au Louvre, au pavilion de 1‘Horloge; nous dirons d’abord que ce vitrail a été fait a une,. époque oü beaucoup de personnes pensaient que, pour bien faire, il fallait faire autrement que les anciens peintres-verriers. Ces essais n’ont pas été heureux, et i’on est généralement convenu que ces chassis tourmenlés, qui ne pouvaient d’ailleurs pas être entièrement dis- simulés, étaient d’un effet désagréable a 1’extérieur et è Pinté- rieur. L’oeil est réellement plus choqué par ce chassis irrégulier que par une division régulière, un parti pris de barres transver¬sales placées a égale distance, et qui font uniquement 1’effet d’une grille a bar re aux espacés, interposée entre le spectateur etle vitrail.
A partir de la fin du seizième sièele, Tart de la peinture sur verre s’éclipse, les nouvelles églises que Pon bêtit ne comportent pas de vitraux; mais il y a encore au dix-septième siècle, et même au commencement du dix-huitième, quelques peinlres venders qui,
* I
ne pouvant plus travailler pöür lés églises, ex écu tont cés char-
II «.
I manls petits vitraux, connus sous le nom de mtraux suisses. si
recherchés des amaLeurs. Ces vitraux sont très-finement exécutés,
1 7 1 le peintrey tire parti de töutes les ressources dont usaient les
peintres verriers du seizième siècle dans leurs grands tableaux; nous signalerons même ün détail d’exécution dont on ne trouve pas d’exemple dans les grands vitraux : il s’agit d’une couleur verte d’une très-riche nuance, dont nous avóiis déja fait mention,
:■ et obtenue au moyen d’ün émail appliqué sur le cóté extérieur.
Et tandis que les coüleurS d’application në sörit jamais transpa- s rentes, ce Vert est, au contraire, fondu complétement én goutte
de suif, il est d’une assëz forte épaisseur et tout a fait transparent.
I.
C’est un émail tendre et toutëfois très-solide, car il n’est ïiulle- ment altéré par le temps; j’ignorë comment eet émail était com- i
; posé, et dans tous les petits vitraux de ce genre qui ont élé fails de !
ï nos jours, et dont quelquës-uns ont été trèS-bien réussis, je n’ai
j jamais Vu ce vert transparent on goutte de Suif des anciens petits
Vitraux suisses.
I
• QUESTIONS JÉCONOMIQTJES.
' ■ J
! ' r - •
PRIX DE REVIENT.
1-i '
t
Avant d’entrer dans 1’analysé desprix de reVient de Ia peinture j
sur vérre et des vitraux, nous croyons qu’il n’est pas inutile d’ap- j
peler l’attention sur les graves incönVónients qui sont bien Söu- Vent résultés de nos jours de ce qu’ori peut appeler la fabrication des vitraux au rabais. Plus d’un peintrë verrier a qui on repro- ;
; chera d’avoir employé des verres tröp minces, des plombs trop
i faibles, d’avoir fait peindre rornementalion des figures par des
mains inhabiles, s’excusera sur la modicité du prix qui lui aura
été alloué ; il arrive souvent, en effet, qu’un cure qui veut orner ■
i son église de vitraux* ne peut disposer que d’üne somme assez ■
i* restreinte; il a cependant Iambition dé laisser le moins possible r
a faire a ses süccesseurs : il va trouver le peintré-verrier; soti il église est du treizième siècle, il veut des vitraux légendaires dans
■i les fenêtres du bas* de grandes figures dans les fenêtres du haut, ;
ij et Targent qu’il a recueilli permettrait a peine de faire convena_
jij blementune ornementation en grisaille* entourée d’une riche bor-
ii
I f-
dure. Le peintre-verrier lui démontre 1’impossibilité d’exécutèr sa demande; lui propose de n’exéculer d’abord que Ie pëtit nömbre de vitraux qui correspond ala Somme dont on peut disposer. Maïs le cure insiste, il est peu compétent dans la question d’art; d’un autre cötó, le peintre-verrier. craint qu’un autre ne soit chargé de cette commando, assez importante en somme; ilpense qu’il modi- fiera les conditions d’exécution, et, en définitive, se résout & faire une oeuvre qui ne fera honneur ni a lui ni a 1’église, ni & notre siècle, qui sera un texte a des comparaisons facheuses avec les oeuvres des belles époques. II y a certainement des artistes dignes de ce nom qui rejelteront bien loin de semblables compromis, mais ce ne sera pas toujours le cas, et c’est malheureusement a cette cause qu’il faut altribuer la pose d’un assez grand nombré de vitraux d’un effet si deplorable et inanqu&nt de solidilé; ét puisque tous les edifices religieus sónt soumis è 1’inspection des architectes du gouvernement, et d’architectes diocésairis, hé serait-ce pas le cas d’exercer un controle aSsez severe qui ne per- mettrait pas è. un conseil de fabrique de faire poser des vitraux qui n’auraient pas été approuvés par 1’architecte, encore biën quë ce conseil n’eut pas demandé qu’on lé subventionnêt pour uné partie de Ia dépense ?
En dehors de la question d’art, il y a les conditions matérielles, qui comprennent :
1° Le verre, qui doit avoir une épaissëur convëüabié; oh hé devrait pas tolérër pour des vitraux ütie épaissëur moindre. de 3 millimetres; :
2° La mise en plomb doit être solide; pouf cëla, les soudurés doivent être soignées et bien étamées; il estè désirer aiissi qüe ld mise en plomb soit cimentée, comme nous 1’avons expliqué;
3° Les panneaux ne doivent généralement pas avoir pl us d’un metre a un mètre et demi de superficie, et être encore consolidés par des tringlettes. -
La peinlure sur verre présente tant de variétés que Pon ne doit pas espérer que nous puissions donner les prix dë rëviént de tout ce que la fantaisie peut imaginer; mais toutefois lés indications que nous donnerons pourront servir a établir des appréciations. Nous commencerons par lés articles les plus usuels qui forment pour ainsi dire une fabrication courante. ' . ~
Les verres mousseline a dessin transparent sur mat se vendent
10 francs le métro, avec une remise qui dépend de l’importance de la demande.
La fagon, qui comprend la pose des deux couches de dé poli, Tenlevage du dessin clair & la vignette en laiton, etle nettoyage a la sortie du four, se paye. ............. 1 fr. 25 c.
Le prix du verre doit êlre porté pour. ...... 2 50
Les frais de cuisson 2 50
Frais généraux . 1 »
Prix de revient du metre .... 7 fr. 25 c.
I
S’il s'agit d’exécuter en verre mousseline un dessin donné qui ne peut s’enlever a la vignette, nous avons dit qu'il faliait dessi- ner au pinceau avec du blanc délayé le modèle donné, puis cou- cher par-dess us le dépoli. Si le dessin n’est pas trop compliqué, on peut 1’exécuter a raison de 5 francs par metre; le prix de revient s’élève alors all francs; maisil faut sur ce genre de verre mous¬seline avoir une marge de bénéfice bieu plus grande, paree que si on n’avait que des travaux de ce genre, les frais généraux s’ap- pliqueraient a une fabrication beaucoup moins étendue; aussi le prix nominal deces verres est-il de. . . 20 francs.
Les verres mousseline dont la parlie transparente est teiute eu jaune se Vendent de 25 a 35 francs, suivant les dessins.
La fagon de ces verres est de 5 5 dfrancs, soit. 7 fr. » c.
Le verre, au lieu de 2 fr. 50 c., doit êlre porté
pour 4 francs, car nous savons que tous les verres
ne se teignent pas également bien en jaune 4 »
Cuisson 2 50
Frais généraux 2 »
Total 15 fr. 50 c.
Pour tous les dessins en grisaille sur fond blanc mat, ou partie mat, partie transparent, on ne peut établir a 1’avance des prix qui naturellement dependent de la complication du modèle; le peintre pourra quelquefois les exécuter a raison de 18 francs le metre ; Ü y aura deux cuissons, une pour les trails, 1’autre pour les ombres et le mat,
!
Nous aurons done une dépense au minimum de verre de . 2 fr. 50 c.
Peintre IS »
Deux cuissons 4 »
Fraisgénóraux. 3 »
il?
d-ï
Total. 27 fr. 50 c.
Il nous est impossible d’aller au dela pour tout ce qui concerne les dessins d’armoiries, fleurs; on congoit qu’il ne peut, pour tous ces articles, exister ni tarif de vente ni prix d’exécution. Nous n’a- vons, comme dépenses fixes, que le prix du verre, des cuissons; toutes les autres sont variables.
Nous allons a présent passer a 1’exécution des vitraux mis en plomb.
Vitraux d’ornementation en mosaïque grisaille du genre du mo- dèle de la figure 163.
La coupe et la mise en plomb peuvent être établies pour le prix, par mètre, de... 14 fr. » c.
La peinture de 1’ornementation peut être faite pour 15 »
On doit compter pour le verre 10 francs par mètre, non-seulement paree qu’il y a du verre de couleur, mais aussi a cause de la quantité de dé- chet 10 »
La cuisson doit être portée pour un prix plus élevé, paree que les morceaux tiennent plus de place dans le four que des vitres, soit. 4 »
11 faut compter pour le plomb, par mètre. ... 3 50
Total 46 fr. 50 c.
a quoi il faut ajouter pour frais généraux un cin- quième 11 10
Prix de revient. ... 57 fr. 60 c.
Si, au lieu d’une mosaïque en grisaille, on doit exécuter une mo¬saïque de couleur, du genre de celle que nous avons donnée pour exemple page 756, les morceaux è. peindre sont plus pelits, il y a plus de travail de peinture, de mise en plomb et de verre de cou¬leur; on doit compter:
Pour la coupe et mise en plomb 18 fr.
Pour le peintre 25
Verre 12
Cuisson . 4
Plomb. . . .- . 4
Total. 63 fr.
Frais généraux. 12 fr. 60 c.
Prix de revient. . 75 fr, 60 c.
Les prix precedents ne concernent que dos vitraux sans sujets; il n’y a pas de frais de dessin : on a, dans 1’atelier des cartons de dessins de vitraux, 1’ouvrage des RR. PP. Martin et Cahier sur la cathêdrale de Bourges, et VHistoire de la peinture sur verres de M. F. de Lasteyrie, qui offrent de nombreux modèles quil ne s’agit que d’ajuster aux dimensions des vitraux a exécuter; mais si 1’on doit exécuter des sujets dans les médaillons, il faut payer un dessinateur chargé de faire les cartons de ces médaillons, et la peinture de ces sujets exigera aussi une main spéciale. Des des- sinateurs, experts dans ce genre de travail, font des cartons de médaillons pour le prix de25 francs chacun. On donne 20 francs pour 1’exécution, ce qui porte Ie prix du médaillon è 45 francs.
Si done nous supposons qu’un vitrail, dont le prix s'élève è 75 fr. 60 c., mesure 5 metres superficiels, qui font 378 francs, contient cinq médaillons, dont le prix pour le carton
et la peinture est de. . . 225 —
nous aurons au total. . 603 francs,
dont il faut retrancher le prix de la peinture en ornementation des médaillons. Supposons 30 —
Prix du.vitrail de 5 metres 573 francs;
soit 112 fr. 60 c. par mètre,
avons : 5 mètres a 57 francs. 285 francs;
cinq médaillons & sujets. . 225 —-
Total 510 francs,
A retrancher pour les cinq médaillons remplacés. 30 —
Total pour 5 mètres 480 francs;
771
On peut concevoir, du reste, qu'un peintre sur verre qui exe-cute un assez grand nombre de vitraux a, dans ses cartons, des dessins de presque tous les sujets générale ment demandés, tels que ceux r.elatifs a la vie de Jésus-Christ, etc., et il peut ainsi faire une diminution des prix du carton, ce qui, sur un vitrail do cinq médaillons, forme une somme assez importante.
Les prix que nóus aVons établis ci-dessus sönt dans dés don- nées dJexécution ordinaire; il arrive quelqüefois que, pöur des vitraux d’une petite église, on a a réduire les dessins de mosaïque et de bordures sur une échelle qui en rend 1’exócution plus coü- teüse : la coupé et la mise en plomb, la peinture, döiveiit être payees a un prix plus élevé, souvent même dans une grande pro-portion. Ainsi, nous avons eu & exëcuter des vitraux en style du treizième siècle qui, au prix de 200 francs le metre, étaient möihs rémunérateurs que ceux dont riöus avons établi le prix de révient a 112 francs, et qü’ón doit vendre 14Ó francs. Les vitraux a gran des figures de haute nef rentrent dans les mêmes conditions de prix, a très-peu prés, que les vitraux a médaillons a sujets.
D’après les indications qui précédent, on peutsérendre conipte du prix des vitraux des treizième et qüatorzième siècles.
Si nöüs arrivons aux vitraux des qüinzième et seizième siècles, nous sortons évidemmerit des conditions de fabrication, car il s’agit ici d’aeuvres d’art; üiais enfin on peut aussi óvaluer 1’art dans des conditions moyennes, et nous dirons qu’on peut établir des vitraux dans le style du seizièihe siècle formant tableau dans les prix de 250 a 300 francs le metre. Nous dirons même qüë nous nous basons, è. eet égard, sur un vitrail très-importaflt que nous avons fait exécuter, et qui niesurait 31 inètres Superficiels *. Cé vitrail contenait divers sujets coülbinés avec des dessins d’ar- chitècturé.
Nous avons payé, pour la partie architecturale du carton, 1,000 francs, soit pour 31 metres, par mètre.. . . 32 fr. 25 c.
Pour les sujets, nous avons payé 1,500 franes, soit par mètre. . 48 37
Pour la coupe, mise en plomb 20 »
Pour le verre employé 12 »
A reporter 112 fr. 62 c.
1 Vilrail de saint Clair, pour la catliédrale de Nantes.
Report. . . . . 112 fr. 62 c.
Les cuissons, par metre. . . 10 »
La peinture a couté, par metre 44 »
Plomb 3 50
Total 170 fr. 12 c.
Les jfrais généraux ne peuvent pas être évalués
moins de un cinguième. . . . 34 »
Total par metre. ....... 204 fr. 12 c.
Le benefice sur une oeuvre semblable nedoit pas être inférieur a 25 pour 100 ; car on ne fait pas souvent des vitraux de cette im-portance, qui réelament plus de soins, d’attention du chef de 1’é- tablissement que tous les autres travans exécutés dans le meme temps. Ce vitrail avait été vendu 7,000 francs, ce qui donnait 226 francs par mètre. Ce prix n’était pas suffisamment rémuné- rateur. On voit, du reste, que les prix que nous avions payés pour les cartons indiquaient de réelles oeuvres d’art, et qu’on peut ainsij jusqu’a un certain point, tarifer des ouvrages remarquables.
Ce vitrail présentait une assez grande superficiej si on avait a faire une oeuvre d’une étendue beaucoup moindre, il faudrait éta- blir un prix plus élevé, car le prix a payer pour les cartons ne dépend pas, on le comprend, de la grandeur du dessin.
Nous n’avons pas è donner les détails du prix de revient de petits vitraux, tels que les vitraux suisses : ce sont des oeuvres de fantaisie, et les prix doivent en êlre la conséquence.
Nous croyons done être suffisamment entré dans ces consi- dérations économiques, qui présenteront, nous Pespérons, des
notions suffisantes a ceux qui voudront se rendre compte de ce que peuvent être les prix de reriênV dp lu peinture sur verre a notre époque.