LE LE SONGE DE PHILOMATHE. V Ou s fouvient-il , mon cher Cleogene,
d'un Entretien que nous eûmes enfemble il y a quelque temps. par lequel, pour excufer vôtre pareflé, & julifier l'inclination que vous ave à demeurer au lit, vous tâchiez à me per- fuader que les hommes ne font jamais plus heu- reux en cette vie que pendant le fommeil. Que non feulement ils y goûtent un doux repos qui ics délaile, & leur donne de nouvelles forces; mais encore que l'ame fc trouve fouvent entre- tenue par des images & des fonges fi char- mans, cu'clle fent une joye inconcevable pen- cant les agréables momens qu'elle eit dans cet heeureu éat. J'ai éprouvé moi-nmme cette ve- rt;i, & ie vais vous raconter fur ce fujet ce qui mn'eft arrivé.
Un ces plus beaux jours de l'été dernier, penzant que la Cour étoir à Verfailles, je choi- lis une heure qu'il n'y avoit perfonne dans le , ctit Parc, pour mieux voir ce qu'on avoit nou- veiemetr.e fair aux fontaines.
Lors que j'eûs confideré tous ces endroits fi beaux & ii charmans, qu'un feul pourroit faire l'ornemnt & la mag:ificence d'un grand pa- ;a: , ic nm'cnoncai dans un des bofquets qui -:; parut kc plus couvert. M'étant affis fur n
fiege, 34§
ficge, je repaffois dans ma mémoire ce qu'il y a de remarquable & de fingulier dans ces differens lieux, qui tous enfemble font de cette Royale Maifon la plus riche & la plus fuperbe denmeu- re que l'on puiffe imaginer. e n'y es pas été long-temps, que je m'appuyai contrc un arbre qui fe rencontra prés de moi. Le calme où e me trouvai, le bruit des eaux., & la fraicheur du lieu fe rendirent infenliblement maîtres de mes fens, & me livrerent au fommeil.. Tant d'excellentcs images, dont mes yeux s'étoient remplis, entretenoient mon efprit dans des ré- veries fi agréables, que je crus être encore dans un des riches Pavillons de la Renommée,. & que tout d'un coup j'apperçûs venir deux D- mes, qui à leur port majellueux avoient quelque chofe de plus qu'humain. L'une étoit d'une tail- le haute & fort dégagée. Elle avoit le teint-blanc, les yeux bleus & vifs. Ses cheveux étoient blonds, qui tombant par groffes boucles fur fon col, en augmentoient encore la beauté. Sa robe étoit blanche, femée de diverfes fleurs en broderie d'or. Un manteau de couleur bleue, & fort le- ger pendoit de defus es épaules, & traînoit juf- ques à terre. L'autre Dame étoit d'une taille un peu moins grande,. mais parfaitement bien pro- portionnée. L'air de fon vifage avoit quelque chofe de mâle & de doux tout enfemble.Ses yeux noirs brilloient d'un éclat vif & perçant, & ies cheveux bruns étoient noûez négligemment au- tour de fa tête. Sa robe étoit d'un taffetas chan- geant, & pardeffus elle avoit un grand voile d'u- ne étoffe de foye trés-claire rayée d'or & d'ar- gent, au travers de laquelle on ne laiffoit pas dc découvrir les couleurs de fa robe. La premiere
te-
tenoit en fa main des tablettes ; & l'autre ul rouleau de papiers & un crayon. Les voyant avancer, je me retirai dans un coin du Pavillon, & j'entendis qu'elles fe faifoient quelques repro. ches, l'une fe plaignant de ce que l'autre lui d6 roboit quelque chofe de fa gloire. Après avoir marché quelque temps avec affez d'ation, elles s'arrêterent contre cette riche baluftrade de mar- bre qui environne le baflin de la fontaine. Je connus alors par leurs difcours que c'étoit la Poéfie & la Peinture qui avoient quelque diffe- rend. Elles s'appuyerent fur la baluftrademoins pour fc repofer que pour parler plus commo- dément, & alors je fus témoin de cet Entre- tien.
LA PEINTURE. 'E s T-c E pas auf une chofe étrange, na fceur, que vous preniez tant de foin à tra- verfer mes defleins? Quoi,je n'ofe rien faire de particulier pour la gloire du Roi, que vous ne l'imitiez ! Si je pente travailler à quelque ou. vrage qui ait rapport à fes ations, vous ve- nez auffitôt m'interrompre, & vous tâchez par 'vos belles paroles à me priver de l'honneur que je puis aquerir par l'excellence de mon inven- tion.
LA POESIE. V Os Ouvrages, mafoeur, n'ont rien que d'ad- V 7mirable, Tout v paroît favant, naturel, agréable; Mlais q;uelque llhJtre effort que frafe vôtre main,
Si T _ 1 ._
Si c'ef pour m'égaler, lle travaille en vain. Pourquoi donc m'accufer de malice ou d'envie ? Quelle gloire, ma foeur, vous puis-je avoir ra-
vie Quel fujet auroit pu m'animer contre vous, Et rendre mon efprit de vos grandeurs jaloux, Moi qui dans mes travaux n'ai jamais vu per-
fonne Prétendre à m'arracher l'honneur de la couronne. Tout cet éclat trompeur qui brille dans votre Art, Vous appartient, ma foeur; je n'y prens point de
part. IVos plus vives couleurs, vos lumieret, vos om-
bres Paroifent à mes yeux trop foibles & trop fom-
bres. Ye jai, quand il me plaît, favorable aux amans, Leur faire des portraits plus vifs P plus char-
mans. D'un pinceau tout divin je fais une peinture Qui ternit les beautez que forme la nature, Et d'où, fans reprocker les dons que je vous fais, Fous empruntc fouvent les plus beaux de mes
traits. Mais pour vous obliger, & vous rendre Jervice, Efi-il rien fous les cieux, ma oeur , que je ne fiéfe?
LA PEINTU RE. f E n'eft pas me bien fervir que de vouloir at-
tirer tout le monde à vous, quand il eft oc- cupé à confiderer mes ouvrages 5 & je n'ai pas lieu de prendre pour de bons offices ceux que vous me rendez tous les jours. Je croyois ne pouvoir mieux plaire à ce grand Monarque,
qui
qui cftaujourd'hui la merveille du monde, que de le peindre fous les différentes images des plus grands Héros de l'antiquité; & l'ayant re. préfenté vaillant, généreux & triomphant , je penfois en avoir formé des traits qui le fai- foient affez bien connoître,. lors que j'apprcns qae vous vous fervez des fujets que j'ai choi. fis pour faire des portraits de ce grand Prince.
Ne pouviez-vous pas employer vos talens d'une autre maniere , fans vouloir m'ôter la gloire que j'aquiers par l'excellence de mesTa- bleaux, & particulicrement dans ceux , où fbus des figures toutes myfterieufes, je tâche à donner quelque idée de l'ame de ce. grand Monarque
LA POES E. p Our parler d'un IHros, ou d'un grand Perfon-
nage, lous favez. bien , ma foeur, que c'efl un avantage Plue les Dieux' en naiaànt m'ont donné defus vous, Et qui fait le fi.jet de tout votre courroux. Mais i les Immortels, comme leur fille aînée, A chanter leurs vertus m'ont ainfi deflinée, Fltre-fort, quoi que moindre, ejt pourtant bien-heu-
reux; Puis qu'enfin vous fave. de ces Héros fameux Reprérenter le corps, & faire une peinture Qui par votre Art divin imite la nature. Ious pouvez meme encor de tout cet Univers Retracer les fujets que je peins damw mes vers,. ye ne vous cache peint ce que j'ai de richeffes Je vous en fais ,. ma foeur, bien fouvent des lar-
gefis,
Je n'exige de vous qu'un accueil gracieux. VIous devet un peu plus aux droits de ma naian-
ce; Mais je ne veux de vous d'autre reeonnoifance.
LA PEINTURE. H A, c'et me traiter avec trop d'orgueil! Je - J voi bien qu'il ell temps que je me déclare, & que je faffe voir avec combien d'injuftice vous prétendez ufurper ce droit d'aîneffe, vous qui n'é- tes venuë au mronde que long-temps aprés moi. Jufques ici j'ai fouffirt vtre humeur altiere; mais puis que vous voulez me dérober un titre qui ii'eit fi jullement aquis, je prétens bien m'op- pofcr à vos deffieins, & détromper ceux que vous prévenez à mon defavantage. 11 ne m'ett pas dif- ficile de prouver le temps de ma naiffance, & de faire voir que les Dieux ne vous ont fait naître que pour me tenir compagnie, & pour expliquer aux hommes les mylteres queje leur avois déia repréfentez par mes favans carateres.
LA POESIE. I l'on nefavoit pas quelle e mon origine, Que je tire mon fang d'une ource divine, Qte le Ciel m'a vt naître , & que les Immortels Mont commife ici-bas pour batir leurs Autels; Que c'efi ma feule voix qui forme leurs oracles, Prononce leurs decrets, annonce leurs miracles, Et de leurs volontez tabliant les loix, T tient affijetis les peuples &S les Rois; j Et fi j'tois enfin quelque peu moins counn uë
Vous I DE PHILOMATHE..
3Sm
[ous pourrt-ic: hic; , rma foeur, vous. qi trompez IZ racer de mon vir.gc un crayon imparfait, Et le faire atrement q.e les Dieux ne l'ot fait, Mlais cacun fait affez qu'il n'efi point de cotree 0' mon zornm 5 ma voix ne Je foient fait entrée: Jre me iis fait connoitre en mille & mille lieux, Pour Vy fire adorer les IE'os & les lDieux. Aivaat que vous effie7s jamais fait leurs images, Ye mitrois com;me o doit le.r rendre des hos.- J'Cni'eIr.is ax mortel' l'j'ct de letr po:.voir, .'.i ; t de i'niZvers s is cercles mouvoir Je fiiJ'o: .er ?,;rtrait frns pincea7u, fans matiee, Sans ombres, & fans trait ; ce n'étoit que lumie-
re, Oue les yeux les pls forts ne pouvoient fuporter, Mais qu'un ejrit fouris Javoit bien relpeSer: Et par ces mots facre de pure & Jfimple efience, 'en faifoù mrieux qare vous touzte la reffemblance. Cependant por vous plire & pour les hono rer, Je vous appris, mafoeur, les bien figurer. Ye 0ous mrarquai les lieux où chacun d'eux kii-
bite; Je vous dis leurs vertus, leurs noms, & leur ieé
rite, La p:jtance qu'ils ont fer le fort des humains, Les ouvrages fortis de leurs divines mains, QQel efJ le port de l'un, de l'autre le vifage, Des De'ees le teint, des Nymphes le corJage; Et vous traçant ain(i de tous les demi-Dieux Cent diférens portraits rares &précieux, Je vous donnois jeet de faire une peinture, Où de ces grands Ieéros on connât la figure.
L O ffi!
Combien de fois mon coeur de ce zele enflammé A-t-il dedans le vôtre un beau feu rallum', Dont la laire lumiere & la chaleur ardente Echaff~it votre efprit & votre main tremblante, Et par ce grand fecours qu'~l tiroient de monfeiw, Achevoient aifrment quelqué noble deffein Mais fans moi vos couleurs, quoi que vives &
belles, N'eufent jamais bien peint les beautez éternelles; Et même trés-fouvent pour de moindres fujets, Je vous en ai, mafreur, fait les premiersprojcts. Ne dédaignez donc point ce nom de ma cadette, Profitez-en, ma foeur, fo)yefage & difcrete; Et pour n'abufer plus aifi de ma bonte, Laiffez.la v6tre orgueil, & votre vanité.
LA PEINTURE. 'EST ma voix, ma feur, qui elt une voix toute fpirituelle & toute divine, puis qu'elle fe fait entendre à tous les peuples. Je n'ai pas befoin, comme vous, de differens idiomes pour chaque nation: je n'ai qu'une maniere de m'exprimer qu'elles entendent toutes; & le plus barbare comme le plus poli comprend tout d'un coup ce que je lui veux dire. Il n'ef pas jufques aux animaux qui ne foient foûmis à ma puif- fance, & à qui je ne faffe fentir les charmes de mon Art: j'expofe des chofes qui paroiffent fi réelles, qu'elles trompent les fens. Je fais par une agréable & innocente magie, que les yeux les plus fubtils croyent voir dans mes ouvrages ce qui n'y e pas. Je fais paroître des corps vivans dans des fujets où il n'y a ni corps ni vie. Je repréfente mille aions differentes, & par
tout
vement. Je découvre des campagnes, des prai- ries, des animaux, & mille autres fortes d'ob- jets, qui n'exifent que par des ombres & des lu- mieres, & par le fcgret d'une fcience toute divi- ne avec laquelle je hai tromper les yeux. C'eft par ces merveilles, ma foeur, que malgré vos artifices je prérens conferver quelque avantage fur vous.
LA POESIE. E Stimez de vo:re Art les dffrens ouvrages,
Vant.- ces beaux portraits, ces vivantes ima-
ges, Tous ces fruits Ji bien peints, ces arbres toujours
verds . Les eéics de l'té', les glaçons des hivers. JIMuntre , fi vous voulez, cent chofes furprenantes, Que 'on croit bien fouvent & vives & mouvantes, Et d'un pinceau favant exprimez des beautez Dont les yeux des mortels puirent être enchantez.- Pour fat£faire mieux au plaifir de la vti Arrangez ces couleurs dont vous êtes pourvûë.- Vos plus pifans efforts ne produiront jamaz Des miracles pareils a tous ceux que je fazs. .~e ne vais point chercher dans lefein de la terre Ces d{ólrens émnaux, ces couleurs quelle enferre, Qui recevant de vous quelque charme nouveau, Donnent àvos Tableaux ce qu'on y voit de beau. Ce furprenant éclat d'une peinture illufire Dure tres-rarement jufqu'au centiéme lufre: La matiere s'en perd, & l'on voit trop fouvent Vos penibles travaux emportez par le vent. Les miens ne ourent poivt de fortune femblable:
lis LF SxGFE 3'6
Ils n'ont rien que de grand, de noble & de durable, Et Jlns craindre du temps les outrages divers, Ne periront jamais qu'avec tout l'Univers. L'eprit qui lei produit & leur donne naifance, Leur communique auffi fa divine puiffance; Ils font purs comme lui, folides, éternels, A/yant part au bonheur des Etres immortels. Ainji je pus, ma foeur, Jans faire ici -la vaine Rabaier aifément votre humeur trop hautaine. Car qui peut ignorer que 'Aftre dont le cours Compofe les faifons, & les mois lesjours, EJf le Dieu dont je tiens ma naiffance divine, Et qui d'un feu Jecret échauffe ma poitrine ? Que ma voix eft la voix qu'il employe à charmer Ceux d'entre les mortels dont ilfe fait aimer, Et que des plus beaux Arts les écoles favantes Deviennent par mes foins encor plus éclatantes. Quand des Peintres fameux les célébres pinceaux liront voir dans ces lieux des chefs-d'oeuvres nou-
veaux, ous connoîtrez,, ma foeur, que leur rare genie Ne reçoit que de moi fa puifnnce infinie; QIue déj par mes foins ils font voir à la Cour Des portraits dignes d'eux &, du pere du jour. Ainfi vous ferez mieux fans vous mettre en colere, De travailler en paix, d'apprendre » vous taire.
LA PEINTURE. ]'AVOUE, ma feur, qu'Apollon eft vôtre
pere; que c'elt par vôtre bouche qu'il parle aux hommes un langage tout divin; que pour moi je ne leur parle que par des fignes; & que ma naiffance ne vous e point connuë. Com- mie je fuis fille qui ne tient pas de grands dif-
cours
cours, je vous apprendrai en peu de mots mon origine, & vous erai voir combien elle clt plus ancienne & plus illuftre que la vôtre. C'eft un fe- cret que je vous avois toujours caché, pour ne vous donner point de jaloufie. Sachet donc, ma foeur, quc je fuis fille de Jupiter; que ce Dieu m'engendra lors qu'il voulut créer l'Uni- vers, & me fit fortir de fa tête, non pas déla même forte qu'il fit naître Minerve avec l'affif- tance de Vulcain; mais qu'il m'en tira lui-mn me par fa propre vertu, & par un effort de fon pur cfprit, afin de fe fervir de moi pour peindre le Ciel & la Terre, dontles couleurs charment les yeux de tout le monde. Apres que j'eus couvert les Cieux de ce bel azur que vous voyez, j'y figurai ces Signes admira- bles qui en font l'ornement. Ne vous étonnez plus, ma fceur, fi je me fers des fignes pour me faire entendre, puis que c'eft le langage du plus grand des Dieux, & le premier par lequel il fe fit connoître aux hommes, & leur exprima es volontez. La lumiere ne fut créée que pour faire voir mes ouvrages. Ce fut par elle que l'on apperçût que j'avois peint le lambris des Cieux d'une couleur douce & éclatante; que je l'avois enrichi de ces brillans dont il eft femé, & dont la difpofition marque le chemin par où le Soleil fait fa courfe.
C¢ ft contre cette voute celefle que je pris p!aifir à repréfenter des fieuves, des figures hu- maines, des animaux, & une infinité de cho- fcs qui font les premieres images de tout ce qu'il y a en l'air, fur la terre & dans' les eaux, dont mon pere voulut que je traçaffe une idée. Comme je les formai d'une nanire toute ce-
lclI
lefe, elles font bien différentes de ce que l'on voit ici bas.
Ce fut moi, ma feur, qui travaillai à ces ri- ches portiques par où vôtre pere commence & finit fa carriere. J'employai pour matiere ce pur cfprit qui forme l'or dans les entrailles de la ter- re: & fur cette matiere toute fpirituelle je cou- chai mes plus vives couleurs. Cet Arc, qui pa. roît dans le Ciel, & qui par fa beauté charme les veux toutes les fois qu'on le voit, eft un pre- mier effai des couleursdont je voulois me fer- vir à peindre la nature. Cependant cet effai pa- rut un chef-d'oeuvre à tous les Dieux; & mon pere en ayant été lui-même furpris, le cacha long-temps aux hommes, qui ne méritoient pas la vuû d'une chofe fi précieufe. Tout ce que vous voyez, ma feur, de fi bizarrement peint dans !es nuages, eft un effet des premiers jeux demon efprit. Je donnai enfuite de la couleur à tout ce qui eft dans les eaux & fur la terre. J'émail- lai les fleurs, je dorai les moiffons, j'embellis les fruits de teintes différentes, & figurai mille images bizarres fur les pierres & fur les coquilles. Ce que l'on voit de fi extraordinairement peint dans des arbres & contre des rochers a été fait par leHazard, qui obfervant alors cequejefai- fois amaffoit ce qui tomboit de mes couleurs, a- vec lefquelles tâchant à m'imiter, il repréfen- toit une infinité de chofes.
A mefure que Jupiter créoit les oifeaux, lcs poilions, & les autres animaux qui font fur la terre, je les parois de ces mêmes couleurs dont .: j'avois peint la nature. Mais lors qu'il eût créé
l'homme, ce fut moi, ma foeur, qui travail- lai à la belle proportion de fes parties, & :e qui ,,'_ ,-,(
qui en les couvrant de teintes admirables, ei fis le chef-d'oeuvre & le racourci de tout le mon de entier.
La Lumiere qui m'avoit vû peindre vouluti. miter ce quel'avois fait: elle déroba de mes co- leurs pour s'en fervir, & s'enfermant dans du lieux fecrets, & où elle ne pouvoit entrer qu'a. vec peine, fe plaifoir à copier ce quej'avois peint fur la terre. Mais il eft difficile de voir fes ou. vrages, fi l'on ne fe cache dans les mêmesen. droits où elle Ce retire, pour la furprendre los qu'elle travaille. ' Les Divinitez des eaux confiderant auffi mes peintures avec plaifir, en ont voulu faire des co. pies; & elles y ont i bien réuffi, que vous voyez avec quelle facilité elles favent faire un tableau en un moment. Les grands Fleuves même & les Torrens, quoi que prompts & impetueux, tâ. chent ouvent de les imiter, mais ils n'ont pas affez de patience pour achever tout ce qu'ils commencent. Il n'y a que les Nymphes des ri- vieres, des lacs & des fontaines, dont l'humeur eft plus douce &plus tranquille,qui ont prisun fi grand plailir dans cette occupation , qu'elles ne font autre chofe que repréfenter continuelle- ment tout cc qui s'offre à elles.
Aprés avoir fini les ouvrages qui m'avoient é- té ordonnez, je remontai au Ciel, où je penfois demeurer auprès de mon pere à les contempler; lors que l'Amour, ce Dieu qui aime toutes les belles chofes,vint trouver Jupiter, & lui remon- tra que pour fa plus grande gloire , il étoit be- foin queje demeurafe en terre, & quej'appriffe aux hommes à connoître & à adorer les Dieux. Qu'il étoit vrai que les Nymphes des eaux tâ-
chant
chant d'imitcr ce que j'avois peint, repréen-, toicnt bien ce qu'elles voyoient; qu'elles don- noient même du mouvement & de 'a&ion aux chofes inanimées;qu'il y avoit dans leurs pein- tures une verité & une admirable union de cou- leurs; mais qu'elles étoient fi capricieufes, qu'on ne pouvoir bien voir leurs tableaux , parce qu'el- les les repréfentoient toûjours renverfcz le haut en bas. Qu'outre cela elles négligent, ou ne fa- vent ps leur donner aflez deforce, ni faire un choix des plus belles chofes , peignant indiffe- remment toutes fortes d'objets. Qu'elles n'a- voient pas même une application affez ferieufe à leur travail: outre que les Zephirs fe divertiffoient fouvent à corrompre les traits, & à confondre les couleurs de leurs tab'eaux.
J'ai voulu, dit l'Amour, les engager à faire mon portrait; plufieurs Nymphes des fontaines
&des lacs les plus tranquilles témoignoient y rendre plaifir. Mais lors qu'elles avoient fini an Tableau,je ne pouvois le tirer de leurs mains même fi-tôt que je m'éloignois, elles effa- oient ce qu'elles avoient fait, pour mettre une utre chofe à la place. La Lumiere qui rep.réfente afle bien la Natu- e, quand elle travaille enfermée, n'a pu me fa- isfaire. L'ayant voulu engager à faire le portrait 'un amant pour fa maîrreffe, elle n'en put mar- uer que les premiers traits. Ainfi, vous voyez ien que pour donner aux hommes des images lus reffemblantes de toutes les Divinitez, il eft eceffaire que la Peinture retourne parmi eux our les intruire. Lors que l'Amour eût parlé, Jupiter me re- ardant, Retourne donc, ma fille, me dî-il, & |Tg n.IV. iQ va i!
va faire ton fejour fur la terre. C'elt là que par les ouvrages de tes mains tu appiendras aux mor- tels quel eft mon pouvoir. Imprime de toutes parts des marques de ma grandeur; & en leur cncignant ton Art, fait leur favoir combien je leur cache d'autres merveilles qu'ils ne verront jamais pendant leur vie.
il ne m'eût pas fi-tôt parlé, queje partis rem- plie d'une infinité de nobles idées, pour les com- muniquer à ceux quej'en trouverois les plus ei- gnes. Je defcendis en terre avec l'Amour. Il fut le premier des Dieux dont je fis des images. Je le repréfentai en cent façons differentes, félon les différentes occupations qu'il fe donne lui- même. Il m'obligea d'enfeigner les premiers traits du deffein à une jeune fille chez laquelle il lo agoir. Ce fut par où je commençai à me tai re connoître; & c'ef , ma foeur , pourquoi l'on a cru que je n'avois pris naiffancc qu'en ce temps-là.
Je montrai enfuite aux hommes la manicre A de diftribuer les jours & les ombres pour don- ner du relief aux corps. Je leur enfeignai à con- pofer toutes fortes de couleurs, & à s'enfervir pour imiter ires ouvrages. e leur dis de quelle maniere il faut regarder les objets, & leur fis comprendre de quelle forte les chores paroiffeti plus ou moins grandes à la vue. Je leur appris a répandre fur leurs tableaux une lumiere quii mirât bien celle de la nature à connoître qul la beauté vient de la proportion des parties, & comment i faut faire choix des plus belles; d çuceie forte il faut fe conduire pour bien mar-i quer la force & la diminution de l'air dans lI oijets les plus proches & les plus éloignez; cc;
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que l'on doit étudier pour bien exprimer les di- vers mouvemcns du corps, & les différentes paf- fions de l'aine; enfin, comment l'on doit rcpr-é fenter la beauté, & les graces mêmes qui fe trou- vent dans chaque chofe.
L'Amour ravi de voir tousles foins qucjepre- nois pour apprendre aux hommes tant de mer- veilles, parloit de moi dans tous les lieux od il fe trouvoit & me faifoit rechercher de tout le inonde. J'apprenois aux Amans à déclarer leurs paffions par des caraaeres tout myfterieux. Je leur faifois voir la perfonne même qu'ils ai- moient, quoi qu'abfente; & j'en figurois des images non pas femblables à celles que vous faites, ma foeur, que chacun peut confide- rer à fa fantaifie, & fe repréfenter comme il lui plaît, mais des images veritables, & où la nature fcmbloit avoir formé une fecondeper- fonne.
Ce fut donc par moi, ma foeur, quoi que vous puiffiez dire, que les hommes comprirent la nature & l'excellence des Dieux. Je leur en fi- gurai , d'une maniere proportionnée à leur in- telligence, la grandeur & les hautes qualitez. Ils apprirent auffi de moi à découvrir aux Dieux mêmes les fentimens de leur ceur, par des fi- gures qu'ils gravoient de toutes parts pour mar- que de leur veneration. L'on ne parloit point de vous alors, ma chere fur, & ce ne fut qu'en confiderant la beauté de mes travaux, que l'Imagination vôtre nere devint amoureufe d'A- pollon. Elle étoit ma confidente, & les Dieux l'avoient donnée aux hommes pour leur aider mieux entendre ce quc je leur enfeignois, & ren- dre leur efprit capable de comprendre la fubli-
Q 2 miii
mite e mes myfleres. J'avois fi fouvent peint le vifage de ce Dieu que vous appeliez vôtre pere, & elle m'en avoit oûi dire de i grandes chofes, qu'elle en d *int patfionnée. Vous ne penfiez peut-être pas que je fufle fi bien infor- mée de ce qui vous regarde. Cependant il faut que vous fachiez que j'ignorois moins que per- fonne tout ce qu'elle faifoit pour fe faire aimer de lui. Je reconnus bien-tôt après qu'elle avoit recç des gages de fon amour. Pendant le temps de fa groffleff, elle ne cefloit de le rechercher; & lors qu'il fe retiroit chez Thetis, elle couroit toute feule parmi i'obfcurité des ténèbres pour le rouver. Elle traverfoit le palais du Sommeil, elle paffoit au milieu des Songes & des Viions; & parce qu'elle ne pouvoit s'empêcher de les re- garder, cela fut caufe que vous en fûtes beau- coup marquée. Enfin le terme de fon accou- chement arriva, & ce ne fut qu'avec des fureurs & des tranfports extraordinaires qu'elle vous mit au monde. Elle fe retira fur le Mont Olympe, pour ne vous pas montrer d'abord dans cet état où vous étiez. Apollon & fes feurs prirent foin de vous pendant que vous demeurâtes affez long-temps cachée dans les bois à caufe de ces marques que vous aviez contracées dans le ven- tre de vtre mere. Ce fut pour tâcher d'effacer ces défauts que vôtre pere fit naître une fontai- ne pour vous y laver: mais fes foins & ceux de es feurs n'ont pu empêcher qu'il ne vous foit demeuré quelques taches, que vous voulez j faire paflfr pour des graces & des avantages dc la nature.
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LA POESIE. V Os; nommez des defauts ce que chacun ad- V ' mire. Ce feu faint & fàcré qu'Apollon feul ifpire, Cet air noble, pompeux , cs charmes, ces ap- pas, moi des Sont en moi des beautez qui ne vous plaifefnt pas. 7elle grace en effét fi rare & peu commune, N'eft point une faveur que faje la fortune. Ces nobles qualitez font des prefens des Dieux, Qui m'eélvent en haut, & m'approchent des Cieux. 6; d'un oeil pur & fain fans un danger extrême, Fous pouviez reflechir vos regards fur vous-me-
me, Voli verriez vos couleurs & vos traits fi vanter Souvent pleins de dfauts & de diformitez,. lMais ce fâcheux afpeJ vozr rendroit malheureu- Iotre occupation vous feroit ennuyeufe; Et ne trouvant en vous rien de bon ni de beau, ous quitteriez alors & palette & pinceau.
i de Jupiter la fuprême aiflance A voulu vous priver de cette connoifffce, t pour entretenir fur terre vos travaux, rous donner desplaifirs exempts de pluieurs maux. inji fans trop penfer aux chojes que vous faites, t vous mettre en état de les rendreparfaites, 'un feul oeil bien fouvent fans raifon & Jans choix ' on vous voit rewarder cent chofes la fois: e qui fait que on prend votre noble exercice aour un jeu de l'efprit & pour unpur caprice.
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LA P E I NT U R E. IL eft vrai, ma fceur, que pour voir avec plus
de jultefle, & pour mieux juger d toutes ch(,- kes, je ne me fers quelquefois que d'un il & fi je m'applique à obferver tout ce qui le prédcn te à moi, c'est afin de ne rien imiter qui ne fot vrai. M;ais vous, ma four, des vos plus jeu- nes ans l'on jugea de ce que vous feriez un jour. Car outre que vous :tiez fort encline à ne diue gueres la verié, vous éticz fi prompte, & l'on peut dire i étourdie, que vous parliez de tou- tes chofes fans les connoître. Les foeurs de vô- tre pere faifoient leur poffible pour vous corri- ger , & pour vous inttruire: mais au lieu de bien recevoir leurs avis, vous preniez differens cara&eres, & teniez des difcouts où l'on n'en- tendoit rien. Quelquefois au retourdu Mont Olympe ou du Parnafle, après avoir confulté l:s lMufes, vous rendiez vilite aux Nymphes des eaux. Combien de fois vous ai-je trou- vée affife auprès d'elles, attentive à les regar. der, & à confiderer la beauté de leurs ouvra. ges ? Ce fut ce qui dans la fuite vous fit naîi tre l'envie de vous attacher à moi. Vous ob- fervâtes foigneufement de quelle maniere jetra. vaillois à former les images des Dieux & de grands hommes ; de quels traits je me fervois pour de moindres fujets, & comment j'emplo yois les couleurs pour peindre toutes ortes de chores.
Vôtre mere vous exhortoit ouvent à imitei ce que je faifois, & à me tenir compagnie: c'cl, pour cela qu'on a crû que vous étiez veritable-
meni
ment ma fceur, étant prefque toujours auprès de moi à expliquer par des mots choifis ce que je repréfentois par mes peintures.
Je pourrois vous faire fouvenir de cent cho- fes que j'ai produites, & que vous avez copiées depuis. Mais comme ce que j'ai fait fubfif e toû- jours , & qu'il ne faut qu'avoir des yeux pour connoîtrc la verité de ce que je dis , ce feront mes ouvrages qui parleront pour moi. Ainfi j'a- bregerai mon difcours, qui contre ma coûtu- ime n'a déja été que trop long. Car c'eft àvous qu'il faut laiffer ce grand nombre. Car c'eft à vous qu'il faut laiffer cc grand nombre de pa- roles que les Dieux vous ont données cn parta- ge, & par lefquelles vous prétendez vous rendre confiderable. Je vous laiffe donc. ce langage fu- blime, & ces expreflions extraordinaires dont vô- tre pere fe icrt lui-même pour faire des répon- fes ambiguës, & où l'on ne comprend rien. 1- mitez-le, ma fceur; & pour abufer le monde par vos Portraits, faites dc la laidcur -une parfaite beauté: pour moi je ferai toujours voir les cho- fes telles qu'elles font. Mais j'apperçoi l'Amour, qui nous regarde. Comme il vient à propos pour juger de nos différends, nous pouvons nous dé- couvrir à lui, puis qu'il y a long-temps qu'il nous connoît.
L' A M U R. JE fai déja le fujet de vos conteflations, & je
m'étonne que deux foeurs auffi fpirituelles & auffi agréables que vous s'arrêtent à difputer cn- femble, pendant que chacun admire vos rares qualitez. Il n'cfi point queftion de favoir vos â-
Q 4 ges,
ges, ni laquelle de vous deux eft l'aînée. La jeuneffe etl i avantageufe, que pour mieux plai- re à tout le monde j'aime à paroître toujours enfant. L'on conlidere les perfonnes par leur mérite & par leurs fervices. Je voudrois avoir alfez de credit auprès de vous pour vous met- tre bien enfemble. Il y a long-temps que je vous connois, & que de l'une & de l'autre j'ai reçû plulieurs fervices en diverfes rencontres. Parmi les bons offices que vous m'avez rendus, j'ai af fez de fois éprouvé combien toutes deux vous étes difficiles à gouverner, pour ne pas dire ca- pricieufes. Mais parce que je fuis foupçonné de ne pas fuivre les reg!cs de Raifon dont on pré- tend que je ne veux point reconnoltre l'empire, je n'entreprendrai pas auffi de vous juger. Sou- mettez-vous aux ordres de ce grand Roi, dont la prfecnce embellit ces lieux, & qui eft aujour- d'hui l'arbitre & les délices de tout le monde.C'efl pour lui que j'ai pris foin de rendre cette demeu- re fi agréable , en y faifant venir les Graces & les Plaifirs que pour l'orner, j'y appelle tous les beaux Arts: & c'eft pour lui que vous de- vez travailler l'une & l'autre à mériter fon efli- me , & reconnoitre l'accueil favorable qu'il vous fait'
Mais pour lui en donner des marques, tra- vaillez fur diffèrens fujets. Ce puiffant Prince vous en fournit un affez grand nombre, par lefquels vous pourrez repréfenter tant de no- bles qualitez qui le font admirer de toute la ter- re. Sans chercher dans les fiecles paffez des ex- emples de ce qu'ont fait les anciens Héros pour les comparer à es ations miraculeufes, atta- chez-vous à bien raconter ce qu'il a fait , qui
ne
ce trouvc rien de comparable dans toutes les Hitloircs.
LA POESIE. POur moi je chanterai fur la terre fur l'on-
de Les hautes a ions du Ajonirque Franois,
Et je dirai par tout le mode : L o U S, le Grand L o u s cj le plus grand des
Rois. 7'ant d'ilijfres vertus qu'on voit enfa perfone Elernifentfon nom en mille & mille lieux
N'eut il ni Sceptre, ni Couronne, Il merte d'avoir place parmi les Dieux.
LA PEINTURE. ET moi je repréfenterai es vertus & fes ac-
tions en tant de nobles manieres , par des traits fi grands & dcs couleurs fi vives, que j'obligerai le Temps à refpeter mes ouvrages.
L'A M U R. 1 t l'une raconte les grandes vertus de ce Prin- O ce incomparable, & fait une image des beau- tez de fon ame, c'eft à l'autre à bien exprimer fes ations heroïques, & tant de chofes memo- rables qui font l'admiration de toute la terre. Songcz feulement à repréfenter fidellement ce que vous voyez, afin que les fiecles à venir puif- fent encore le voir dans l'état où il paroit aujour- d'hui à tout'l'Univers.
Q
Com-
COmme l'Amour eût ceffé de parler, je for-
tis du lieu où j'étois; & croyant en être af- fcz connu, je m'avançai, & lui dis: O toi, qui fais combien j'ai toûiours rcfpe&é ton pouvoir! puis que tu infpires à nôtre Grand Monarque cette noble pafion qu'il a pour les belles cho. fes, quoique mon nom ne merite pas d'aller juf- ques à lui : toutefois, comme il n'ignore pas que je mets toute ma gloire à contribuer ce que je puis aux travaux qui rendent fon regne fi glo- rieux; qu'il a même cû pluficurs fois affez de bon. té pour recevoir favorablement les foibles témoi- gnages que j'en ai donncz: je te prie, Amour, de vouloir faire connoître à ce.grand Prince que tu m'as trouvé dans ces lieux méditant fur les belles aaions de fa vie. La Poéfie que voilà peut dire que je n'ai point de plus grande joye que d'entendre de fa bouche les loûanges qui lui font fi legitimement dûës. Et pour la Peinture, con- tinuai-je, en me tournant de fon côté, elle fait combien je me fuis occupé à fairevaloir fes ou- vrages, & à découvrir les fecrets de fon Art, a- fin de laiffer à la poftcrité des images dignes de ce grand Roi, & d'apprendre à toute la terre les merveilles que nous avons le bonheur de voir.
L'Amour m'ayant écouté me fit figne de le fuivre; & commepour lui obéir je voulois for- tir du lieu où j'étois, j'entendis un grand bruit qui me fit tourner la tête d'un autre côté.
II eft vrai qu'alors j'ouvris à demi les yeux; & voyant dans I'allée la plus proche de l'endroit où je m'étois endormi toute la Cour qui fuivoit le Roi, ie fus extrêmement furpris. Cependant me trouvant encore poffedé de l'erreur de mon fonge,je cherchois à joindre le faux & le vrai.
il
Ii mefemble que je regardois Li l'Amour ne s'ap- prochoit point du Roi pour me rendre quelque bon office, .& je fermai les yeux pour ne me pas détromper fitôr, & pour goûter plus long-temps la douceur d'une fi aimable rverie.
Vous aurez donc, mon cher Cleogene,de la joye d'apprendrc que je fuis préfentement de vô- tre avis, & qu'une fi agréable aventure et une nouvelle raitbn à allegucr pour prouver que le Sommeil eli le plus charmant de tous les Dieux. .4 F.
Fin du q atrieme & Dernier fTme.
TABLE Q6