[f.9r]
Labeur de Vert
Beau vert. Aschen & masticot, fort clair.
Aschen & pinke ombrage le susdite vert.
Selon qu’on veult faire les verts plus jaunes
on y met plus de masticot.
Plus verts on y met plus de pinke auec
la Cendrée.
Plus bleus on y met plus d’Aschen.
Plus blancs a tout ce que dessus on
adjouste du blanc de plomb &c.
Schitgéél glace y adjoustant tant soit
peu d’Aschen.
Vn peintre francois.
—Le vert ne meurt
pas si quand on
le met en oeuure
on adjouste sur la
palette quelques
gouttes de petrole
ou d’huyle d’aspic
ou de Therebentine
fort clair.
Cela faict emboire
la couleur, & ce
qui s’emboife ne
meurt point.—
Quelques vns glacent leurs beaux arbres,
auec le verd de gris, mais n’oubliés pas d’y
mettre le .
Aultre vert: masticot, blanc & ashen,
enfoncés auec masticot & ashen; pour
le plus noir adjoustés vn peu de noir à
L’ashen & vn peu de Schitgeel.
ashen & ocre Jaune faict vn vert mort.
vous y pourres adjouster vn peu de blanc.
Pour les troncs des arbres: ashen &
lacque auec ocre Jaune, ou Vmbre,
ou schitgeel.
feuilles mortes: Schitgeel, lacque, vn
peu d’ombre, ou vn de mine, toucher
vn peu de vermillon par cy par la.
Quand on met vne seconde couche de couleur sur
la premiere qui reluit, aussi tost qu’elle est
seiche, incontinent la couleur s’emboit & ne
meurt point.
[f.9v]
Quand on peint le ciel fault faire à vn
fois le bleu auec esmail & blanc, ou auec
—L’esmail ne doibt
estre meslé que
fort legerement
auec le blanc sur
la palette. Carsi
Vous la remués
beaucoup auec le
cousteau, il meurt
facilement.
S’ombrage en meslant
auec luy vn peu
d’ocre Jaune, &
tant soit peu de
lacque.—
Cendrée & blanc, y meslant selon les occasion
de la lacque, vermillon, & aultres couleurs.
puis laisser seicher, & quand on voud
trauailler auec Jaune, masticot &c. le fa
dra mettre a vne aultre fois à part. Aultrement
si on l’approche du bleu, la couleur
dira.
NB. L’esmail meurt facilement, & quand
on l’achepte encor qu’il semble beau, & à
l’attouchement se trouue impalpable, si n’en doib
on point pourtant faire jugement jusques
tant que l’ayant meslé auec huile &
blanc de plomb, on voye si estant sec il ne
noircira point.
Les Esmaulx ordinaires dont on empese
noircissent & meurent.
J’av pris du gros esmail tres bleu, & l’ayant
broyé impalpablement auec eau & seiché m’eu
suis seruy auec bon succès.
T.M. La mort des couleurs est quand l’huyle
nageante audessus se seiche & faict vne
Peau, qui noircit a l’air. II y a quelqes
couleur, & les Esmaulx entre aultres qui
ne se meslent pas alsement auec l’huyle,
ains vont tousjours à fonds sans se lier, &
ainsi meurent facilement, i: noiroissent.
Speculation.
—# M. Gentileschj
Excellent peintre
florentin adjouste
sur la paletto vne
goutte seulement de
vernix d’Ambre venant
de Venise, dont
on vernit les luthes,
principalement à la charneure,
&ee pour faire
estendre le blanc & l’adoucir facilement
& faire aussi
qu’il se seiche plus tost.
Par ce inoyen il trauaille
quand il veult, sans
attendre que les couleurs
seichent tout à faict
& le vernix quoy que
rouge ne quaste point
le blanc. vidj.
M. Rubens.—
Notès. L’addition de l’huyle d’aspic au blanc &
au bleu, qui faict qu’ils ne meurent jamais, ce que
je repete paree que c’est vn grand secret.
Pour essayer si les couleurs meurent, apres
les auoir eouohées sur toile ou sur bois, estant
seichées les fault mettre prés d’un piece &
cela se verra bien tost.
NB. Pour faire que vos couleurs s’estendre
facilement, & par consequent se meslent bien, & mesmes
ne meurent pas, comme pour les azurs:
mais generalement en toutes couleurs, en peignant
trempes legerement de fois a aultre votre pinceau
dans de l’huile blanche de Therebentine de Venise
extraitte au baing M. puis auec ledict, pinceau meslez vos
couleurs sur la palette.
—Aqua di ragïa.
vidj.—