[f.10r]
pinceaulx.
Sont subjects a estre mangés & reduits en poudre
par les tignes, ce qui peult estre prevenu
si vous les guardés dans des fleurs de houbelon,
—Frottés le bord
de vostre boeste à
l’entour de Ciuecte
& jamais les
teignes ne se mettent.
Apres d’vn
marchand de pinceaulx.
Vn morceau de cuir d’Espagne parfumé
mis dans la boeste.—
dans des herbes ameres comme
bsynthe, Centaur min., Hypericon.,
poudre de Tobaco, dont la fumée Soufflee dans
s habits tue & empeche de naistre ces
animaulx. Trempés vos pinceaulx
dans vn peu d’huile d’aspic& jamais le
tignes ne se mettront. Du cuir de Russie.
—Brosses molles & doulces.
Apres qu’elles sont
faittes de bon poil
ou soye de porc,
il les fault adoucir, en les usant
& frottant sur vne tuile, ainsi, en
continuant vous les rendrez
aussi fines & doulces
que vous voudrés.
Ce frottement se
faict en long
selon le poil. & la
tuile doit estre douoe,
et faut mouiller la
brouesse ou la roulant
tousiours auec le poulce
& le doigt de milieu,
cepondant que l’indice
s’appuyera dessus le
poil, lequel ayant esté
fort addouci, il faudra
lier auec du fil fort serré
iusques au bout, affin que
la brousse demeure
serrée & poinctue.—
Quand vous laissez le Labeur a huiletrempés
vos pinceauxauparavant bien
nettoyés dans huile d’oliue, & quand vous
voudrés vous en reseruir, laves les
auec sauon noir& eau chaude.
Les paysages s’esbauchent auec broisses de poil de porc
le plus delié qu’on peult
auoir, lesquelles quand on intermet le
trauail se mettent dans l’eaude peu qu’elles
ne seichent. Si elles se seichent, il
ne fault que les lauer auec le sauon mol,
& elles sont aussi bonnes que jamais.
Pour faire les feuilles des arbres<, i :des
plus grands fault auoir des pinceaulxgros
par le bout & moussus, de poil de poisson.
Vn Paysage se doibt esbaucher tout d’un coup
puis ayant laissé seicher, fault curieusement
rechercher & repasser tout.
Notes.
—Abraham Latombé—
Pour bien faire il fault que le premier
esbauchement soit d’aussi bonnes couleurs
que le reste, aultrement si vos prémières couleurs
sont mortes, la couche que vous mettrés dessus
mourra aussi. Le remede est de faire
deux couches sur les couleurs qui sont
mortes, & puis rechercher & paracheuer votre
ouurage, qui ainsi sera tres beau.
[f.10v]
L’imprimeure est de tresgrande consequent
—20 may. 1633
à Londres.—
St Antonio Van Deika essaye d’imprimer auec la
colle de poisson, mais il m’adit que le labeur s’escaille,
& que ceste colle dans fort peu de jours
tue le couleurs. Par taut elle ne vault rien.
Luy ayant donné demon bon vernix
pour trauailler auec les couleurs le meslant
sur la palette à la faqon de celuy de Gentileschj,
il ma dit qu’il s’espaissit trop, & que les
couleurs se rendent par la moings coulantes.
Luy ayant repliqué que d’y adjouster vn peu
d’huile de Therebentineou aultre qui s’esuapore,
cela peult seruir pour remede. Il m’a
respondu que non. Cola gist à l’essay.
Voyez si l’huile de Pauotblanc, l’huile d’Aspic
ou aultre pourra seruir.
Il a essaye le blanc de ♃ Wismutt a huile,
& dit que celuy de blanc de plombqui
est l’ordinaire, pourveu qu’il soit bien laue
est beaucoup plus-blanc, que celuy de
♃ n’a pas assés de corps. Et ne vault
que pour l’enlumineure.
Mitens ayant essayé le blanc de ♃m’a dit
qu’exposé au soleil il se noircit, & si vous le
meslés auec blanc de plomb, il le gaste, partant
il ne vault rien à huyle, ny mesmes
à destrempe, si vous l’exposes a l’air. En vn Liure
il est bon pour enluminer.