Troisìeme partie
Chapitre premier
Moulage du Bois.
des
Troisième partie, chapitre premier
Monies Du bois.
Ce moulage offre les moyens d’orner à peu de frais de dessins en relief les frontons, les colonnes, les bmbris, les meubles de prix, ainsi que les bobes, tabaticies, coffrets élégans, etc. Les portraits, pay¬sages et autres objets qu’il fournit, comme les rosa¬ces, 1rs feuillages, et autres ornement variés, multi¬plient de mille façons l’application de cet art.
Nous devons commencer par faire observer que les bois dont le file suit une direction constante sont peu propres à être moulés, surtout lorsqu’il s’agit d ouvrages délicats; car les fibres peuvent se rom¬pre par suite de la pression, et il en résulte des défauts nuisibles à la perfection du dessin. Les loupes de frêne, d’érable, celles de buis surtout sont bien préférables, parce que les fibres y sont croisées dans tous les sens. Néanmoins on peut employer aisé¬ment dans les moulages communs certains bois ten¬dres, tels que le tilleul. En revanche, on doit s’abste¬nir toujours de mouler les bois résineux, parce que
la rétine on huile essentielle qu’ils renferment entre leurs fibres, entrant en ébulition par Prfiet fie U chaleur p.-ndant l'opération du moulage, il s’y forme fies boursouflures, qui, venant à crever, font fies taches désagréables sur îa piêc-'.
La presse est le principal instrument pour le moulage du bois: elle est tout enfer et fi une seule pièce. Sur une foïte base ou semelle en fer s’élèvent fieux montans, qui, par en haut, se réunissent en foi n ant une espèce d’arcade. Au centre fie 1 arcade est un œil dans lequel on ajuste un écrou ou canon taraudé en cuivre dans lequel se meut une forte us, qui, par conséquent, est verticale. La tète fie celte via est carrée, elle est séparée du fi’et par un embase; on li tourne avec un fort levier percé à son extrémité, tu au milieu, si l’on doit opérer fies fieux mains, d’un treu carré dans lequel entre exactement la té»e de la vis. Cette presse se monte sur un établi fa t ex¬près pour la recevoir, haut fie fieux pieds, très mastif et t» es solide, dans lequel la presse glisse à coulisse. On peut d’ailleurs fixer la presse où l'on voudra, et meme dans le plancher avec deux fortes vis.
Les Atrres inst rumens nécessaires sont :
4° Un assortiment fie pbfieaux circulaires en fer, épais d’un pouce au moins : il but en avoir plusieurs p ires, à moins qu’on ne veuille mou’er que des piè¬ces d'un même diamètre.
2° flusienra anneaux aussi de différentes dimen¬sions. lb sont faits enfer, garnis intérieurement de v'rolcs en cuivre entrées de force et rivées de haut en Jm s .r une feuillure qu’on a f .ite tout autour du tord I iutéîienr de l’anneau. Lcdcdms de ces anneaux ou fie 1« virole en cuivre doit être bien uni , et leur dia¬mètre eît un peu plus grand d'un cô é que de l'autre, )!«3t bon de faire une marque à la plus grande ou-verture afin de la reconnaître de suite,
3® Des matrices gravées. On les fait ordinairement ffn cuivre fondu» et elles portent en creux ce que le lois doit reproduire en relief. Ces empreintes sont creusées sur des plateaux circulaires en cuivre, de la grandeur des anneaux dont nous venons de parler.
4® Un tasseau ou une espece de cube en fer parfaite-ment dressé par-dessous, un peu creux par-dessus, et pénétrant sans peine dans les anneaux.
5® Des tampons en bois dur passant librement p^r les anneaux, et destinés à en faire sortir la pièce qu’on a moulée.
6® Un atilre tampon en fer cPun diamètre presque au*si grand que celui du petit anneau.
7° Enfin, plusieurs rondelles de cuivre qu’on nom¬me galets, épaisses de trois ou quatre ligues, et pas¬sant librement par le plus petit anneau.
Vrici maintenant la manière de se servir de ces outils : on prendra une rondelle de bois de la gran¬deur convenable, arrondie, modelée sur le diamètre intérieur de Panneau dont on veut se servir, et bien dressée sur ses surfaces. C’est cette rondelle qui dvit recevoir l’empreinte, et il f ut lui laisser au moins cinq lignes d épaisseur. Lorsque les fibies du bois sont parallèles à son diamètre, il prend plus aisément les empreintes, ks conserve moins bien, et ne reçoit pas celles des traits trop débeats, ce qui importe beau, coup dans le moulage, dont l’agrément dépend de la netteté et de la finesse des traits. Lors, au contraire, que les fibres ont été sciées transversalement, Pcra-, prein’e est plus parfaite, mais il faut employer une pression beauc >up plus cond lérable : on peut, si on le juge à propos, au lieu de dresser entièrement la sur¬face qui doit porter les reliefs , y bisser quelques sail¬lies dansles parties correspondantes aux creux les plus profonds de la matrice ; Pouvragc en réussit beaucoup mieux.
On chauffe deux des plateaux de fer; pendant ce bmps, on met dam uifdes anneaux une de» matrices gravées, l’empreinte étant tournée en dessus. On met par-dessus la rondelle de bois, et sur cette rondelle, on applique nn des galets en cuivre. Toutes ce» pièces doivent être mines par le côté le plus large de l’an¬neau. et aller très juste jusqu'au fond.
Lorsque les plateaux en fer sont suffisamment chauds , ce qu’on reconnaît en y fanant tomber une ou deux gouttes d’eau qui s’évaporent rapide¬ment en pétillant, on en met une sur la base ou pla¬tine de la presse. On pose sur cetlo plaque le moule ou anneau rempli de toutes les pièces dont je viens de parler. On met dans Panneau la seconde plaque aussi chaude que la première, en se servant, pour les poser l’une et l’autre avec célérité, de pince* plates <»e forgeron. Sur la dernière plaque on met le tam¬pon en fçr, par-dessus on pose le tasseau carré, sa concavité étant tournée en dessus. On fait descendre la vis Jusqu’à ce qu’çlîe joigne bien le tasseau; puis on donne un ou deux tours pour presser un peu fort. On bisse le tout dans cette posiiion pendant deux minutes, en attendant que U chaleur des plateaux se soit communiquée aux autres pièces; puis, en se fa?« sant aider au besoin par une ou deux personnes, on >e»’re avec beaucoup de force. On attend encore quel¬ques minutes,puis, après avoir desserré d environ un quart de ris, on serre encore autant qu’il est possible de le faire; on laisse ensuite refroidir le tout, eu, pour avoir plus tôt fait, si la presse peut se séparer de l’établi, on la plonge dans l’eau froide 11 ne reste plus alors qu’à sortir du moule la pièce gravée ; pour cela on desserre la vis, on ôte le tassesu, le tampon, b plaque, en renversant l’anneau ; on le place reus dessus dessous snr la platine, sa plus grande ouver¬ture é.ant tadtaée en bas On place b ta<seau s«rv.
lü rette matrice, et on fait <1« nouveau descendre b vis s alo s la roudctle de bois est chassée jusqu’à l'ouvcr» 1ur.*. fa plus large, et en soulevant 1 anneau on la re¬tire aisément chargée de tous les reliefs donnés par le creus.
il faut, en opérant, avoir grand soin de ne pas trop faire chauffer les plaques, car si cl’es étaient i uges ou presque rouges, le bois se carboniserait. Lia gré cette précaution, le bois est toujours un peu 1 rua’; niais peu importe, puisqu’on n’a plus à le pour, le poli étant naturellement donné par la ma¬trice, quand elle a été convenablement polie elle- Ddine, ce qu’on ne manque jamais de faire. Il arrive »..’ailleurs très souvent que la couleur brune survenue par sude de la chaleur, disparaît après une langue »■x position à l’air ; mais comme cela peut ne pas arri¬ver, il faut éviter de retoucher, car la couleur ne pé¬nètre pas avant, et Jes parties que ce travad mettrait à nu seraient d’une nuance différente.
procédé de M. Strakcr pour faire des reliefs sur le l/ois.
La méthode de travailler le bois en relief est fondée sur ce fait, que si l’on creuse la surface du bois avec xmouiil sans tranchant, la partie ainsi déprimée re- pœndra sou premier niveau lorsqu'on b plongera dans l’eau.
Pour mettre cette propriété à profit pour le mou- la^e, on confie d’abord au menuisier le bois dont on toit se servir, on lui bit donner la loraie convenable, e préparer à recevoir le de?sin qu’on veut y impri¬me. Après avoir déterminé la pbee où il doit cire, <>n y applique un instru nent suis tranchant, une e*- p ’’ce le rofouloir ou d’cbaucho.r en acier, qu'en en- ^puceù coups de marteau jiuquà une certa ne prq-bndeu»-. C t inrlrumeni, tel que les emporJp-picc.es, lo.t avoir i son extrémité la forme du des in que Tou euî obtenir, de minière qu’en s’enfonçant il pro¬hibe en creux ce que plus tard oa veut reprodu’re eu e ieè Celte opéiaton doit être faiie avec beaucoup Je ménagement, et peut-être, au lieu de U percussion, audrait-il mieux employer une pression graduée, ce ( ;i ne sc/a.t pas impossible. II suffirait, pour cria, le placer l’outil et la pièce de bois sous la YIS de la cesse à mouler le bois que nous venons de dé rire. Kns tous les cas, on pr^nd beaucoup de précautions mur ne pas rompre les libres du bois avant que la profondeur de la dépression soit égale à la hauteur pe Pon veut donner au iel:efdes figures. On retire n3ui e l’instrument, et, à l’aide du rabot ou de la Apc, on ré luit la surface du bois au niveau des pa¬ies déprimées. Ou plonge ensuite la pièce de bois lans de l’eau froide ou chaude; les parties qui avaient Lé comprimées reprennent leur premier niveau, et bnnent ainsi un relevé en bosse, qu’on peut aisément erminer à l’aide d’itn ciseau, d’un ébaueboir ou d’un >etit fermoir, instrument analogue aux deux pre- niers. Si la pièce de bois était trop grande, ou pour¬’ tu se dispenser de la plonger dans Peau, et ge co'i- enier de la frotter à plus eut s reprises avec une l-onge imbibée d’eau chaude, ce qui produirait uu pu et suffisant.
Procédé d'isaac Sargent pour courber les bois.
I>s pièces de bois courbes sont particulièrement t» il s ou mouleur en bois ; mais presque toujours ces è< es prises dans un plus fort morceau de bois qu’on I Uii obi gé de scier, se IroHvaieut eu lourdes ou fru- sp'e.t; car il était inipo'si’ le de ne p*s coupur le f<l
LU ..
M. Neuman avait, il est vrai, imaginé en France de ramollir les bois en les faisant bouillir dans l’eau, et de les contourner ensuite dans des moules disposas exprès, suivant la forme déterminée. Il réussissait parfaitement; mais la grandeur des chaudière?, d’*u- très difficultés d’exécution avaient empêché ce moyen (Vôtre fréquemment usité Un Anglais a récemment rajeuni en France cette même méthode, mais avec de3 modifications qui en rendent l’exécution bien plus facile. Voici les moyens qu il emploie : il fait travailler le bo’s à droit fil en lui donnant la forme et la longueur qu’il doit avoir après qu’il sera courbé ; on ne lui conserve que la force nécessaire. Ensuite on l’expose à H vapeur de l'eau bouillante assez long-temps pour qu’il sod ramolli au point de pou¬voir être plié ou courbé sans sc rompre.
Quand le bois est assez ramolli, on le contourne dans un moule disposé convenablement. Bien n’em- pè he de le faire faire en bois ; pour peu qu’on ait à préparer un certain nombre de pièces de la même for¬me, on se^a bien dédommagé de l.i dépense que l’on fera pour cela. Ces moules sont ordinairement com¬posés de deux pièces. On laisse les bois sécher à Pnmbre sans les sortir des moules. Quand ils font bien secs, ils ont acquis invariablement la forme qu’on leur a fait contracter, et, pour la leur enlever, il faudrait les ramollir de nouveau. Ces bois, ainsi préparés àd»oit fil,ne perdent rien de leur souplesse ni de leur élasticité. Il n’est pas douteux qu’en na¬turalisant ces procédés en France, M. lsaac Sargent n’ait rendu un éminent service à notre industrie, et, principalement au moulage en bois.,
Chapitre II.
Du moulage de l icille et de 11 oloeki.
LV.CAILLE est une des substances sur lesquelles le moulage s’exerce avec le plus d’agrément et de faci¬lité. La nature en est connue. Le caret, sorte de tortue de mer, qu’on trouve en Asie et en Amérique, fournit l’écai'le, qui forme sa coque ou couverture. Les naturalistes ont nommé carapace cette coque qui se compose de treize laines superposées les unes aux, autres. '
Bien qu’elle soit à peu près du genre des cornes, l'écaille est cependant beaucoup moins liante; diffé¬rence qui vient de ce qu’elle offre bien moins de parties grasses qui en unissent les fibres les unes iux autres. L’écaille est néanmoins susceptible d'être ra¬mollie et acquiert beaucoup de ductilité par le moyen du feu ou de Peau bouillante; mais dès qu’elle est re¬froidie, elle reste dans la forme qu’on lui a prêtée et devient aussi cassante qu’auparavant. On voit com¬bien il est aisé de mettre à proût ces caractères.
L’écaille a trois couleurs distinctes: le blond, le brun et le noir clair. Quelquefois une ou deux de ces couleurs dominent, mais elles sont rarement seu¬les. Quelle que soit sa tein>e, Pécaille est toujours transparente, dute et très fragile. Elle possède »ne propriété singulière, c’est de pouvoir se souder sans le secours d’aucun agent.
Les feuilles d’écaiPe sont ordinairement bombées sur leur surfxcc; c’est pourquoi la pra.n.cre chose a, fæ'<?, pour les rendre propres à êtr* employées, e'St ««* les ie IrcsH'r. Tour e,h, un les met tremper pen¬dant un te:np< suffisant dans 1 eau bouillante, jusqu’à « e qu’cl e« soient amollies ; ensuite, on les place sous 1« presse 1rs unes sur les auh e?, en les séparant par «1rs pl ujucs de fer ou de cuivre de deux I gnés d’e- paisscur, bien droites sur leur surface, et qu’on a nu chauffer auparavant. On scrie U presse peut à } eu», et on ULse le toat se bien refroidir avant de dcn retirer. . .
On peat ausii redresser l'écaille au feu, en la pré- *=«’riant devant la flamme d’un feu clair; mais il faut 1 * iu.*uvoir continuellement, autrement die brûlerait » i ne sciait plus bonne «à rien. Comme on ne court } ai le même risque en la faisant tremper pendant un temps suffis uit dans l’eau bouillante, on doit piéfd- rer celte manipulation à l’autre. D’adleurs le feu <'hange la couleur de l’écaille, ce que ne fait pas l'immcrs on dans beau.
Après avoir entretenu le mouleur de la nature de 1 c ai le et de sa première préparation, je vais lui indiquer les outils fort simples qu’il doit employer j our mouler convenablement cette substance.
H l u îaut. premièrement des moules de plusieurs formes, selon les divers objets à mouler, mais tou¬} n.rs composés de deux parties ou coques, comme Le petus mouL s à creux perdu, et encore comme ceux à fondre les eu Bers d’ét.Jn. L’ouvrier doit aussi nvrir une petite presse en fer qui puisse contenir le moule.
Le i»»«ttmr ou fer bretté, que l’on nomme souvent b î à dents, lui est nécessaire pour mettre d’épaisseur 1 * f udie d’ccadle. La Ubîe d’acier de cet outil est Lui c s r ée de cannelures parallèles à 1A longueur «..u ter. Le tranchant es’ Itibîssé d’une sui‘e de petites oeuis tfimgubires, dont la pointe raie l’écaille sans clic sujette à la fiiie écla.cr.
te rabot à Jcnb qu’emploie or.iiïsaircmcnt le rntM huilier peut servir pour le même mage que le fer bretté. Il est fait, en ce qui coocerve Je fût, comme les rabots ordinaires, mais un peu moins foit. la coupe de la lumière est aussi beaucoup plus droite : quelques-uns même ont le fer droit : néanmo ns , comme cette dernière position nécesdfe une ccifor- mation toute p^rticulièie dans la lumière, on se con¬tente communément de 60, 70 ou 80 degrés d incîî- ndson. Le fer de ces rabots est cannelé du côté d « l’acier, il s’affûte à b:s*au p us court que les rabota ordinaires Ces expressions bien connues des fabii- cans de rabots, ces déîaih qui leur sont famil er», met* Iront le moub.ur à même de se procurer les iustru- mens convenables.
Reste à décrire maintenant l'opération du moulage de l’écadle. La feuille d écaille préparée, c’rst-à-d»re redressée comme je l'ai expliqué pins haut, ou la met d’épaisseur avec l’un des deux ouhls piécédens, pu in en la fait ramolbr dans l’eau bouillante. C’est alor.x que l’on met chauffer le moire, qui est ordinairement en cuivre; on y place féca lie, et l’on serre asse« peur que les quatre repères ou goujons corBrarn-ent à entrer dans les trous. On sent que des repères sont indispensables pour réunir parfaitement, et rappro¬cher aux mêmes points, les deux coques eu mnut . Cet instrument ainsi fermé à demi, est plac* sons la presse, et l'on fait seulement appuyer la vis dessin jusqu’à ce qaon éprouve une légère résistance : on met alors le tout dans l’eau bouill aile et l’on seire U vis petit à petit, jusqu’à ce que les deux parties d* moule se touchent exactement Cela fait, on écrire
aussitôt la presse de l’eau bomlUnte, et on hisse re-froidir. Quand le refroidissement à eu lien, on des¬serre la vis, on ôte le moule de dessous la pr-cs«r,
' que l’on essuie bien exactement pour éditer qu'elle ne se rouille. Quand au moule, on le laisse tremper dan9 l’eau fraîche pendant l'espace d’un quart-d'heure avant de l'ouvrir, et on en retire l’écaille, qui ne peut plus alors perdre la forme qu’on lui a donnée.
Moulaye de Vécaille fondue*
Ce procédé, qui date de quelques années, a été d'abord tenu secret. Il économise le temps et la ma¬tière, car il donne le moyen de tirer partie des débris d'écaille, tournures, râpures, etc., qu'on achète à très bas prix chez les ouvriers qui travaillent l’écaille. On verra, par les détails suivans, que les insirumens employés pour l’opéiation sont bien simples.
L’ouvrier doit avoir des moules en bronze de deux pièces, Tune entrant dans l’autre , comme les poids de marc. La partie inférieure doit être fixée à un châssis en fer qui porte une vis à la partie supérieu¬re, et qui presse sur la partie supérieure du moule. Il faut avoir uu moule semblable pour le bas d une tabatière ou boîte quelconque, et un autre pour le
couvercle. Une cinquantaine de moules différens compose l'assortiment ordinaire.
Dan9 le fourneau construit exprès doit être placée une chaudière de forme carré long s cette chaudière contient trois moules dans sa largeur et huit dans sa longueur.
Les fragment d'écaille cassés par petits morceaux se pèsent en deux petites parties : l’une sert pour le fond de la boîte, et l'autre pour le couvercle, y compris le déchet qui se fait en tournant et ajustant plus tard l’ouvrage. Les ouvriers 9e taisent sur la dose, mais on la connaîtra facilement après quelques expériences.
On met dans chaque moule le poids voulu d'é¬caille en fragmens oq en, râpures ; S? P° - desrur « contre-moule , e’est-à-dire la seconde partie du nouîe : on sert ensuite la iis. On dispose ainsi ùngt-quatre moules , et on les arrange par ordre lans la chaudière, dont on a déjà b en fait chauffer eau On entretient le feu; dès que l’eau bout, rn erre tant q ?on peut 1* ris de la première pièce, p» is :elle de la seconde, et ainsi de suite, jusqu’à la vingt- [uatrième. On recommence ensuite en entretenant .oujours 1 ébullition jusqu’à ce que le contre-moule ne ’élève plus au-dessus de la surface du moule, ce qui tnnonce que le vile pratiqué entre les deux parties lu moule, est rempli jnr l’écaille fondue.
Il est indispensable d’entretenir constamment l’eau mouillante à la meme hauteur dans la chaudière, en remplaçant celle qui s’évapore, au moyen d’m ûlefc d’eau bouillante que fournit continuellement un vase placé au-dessus de la chaudière. Ce vase supérieur est mis et entretenu eu ébullition par le feu du meme four-neau. Il faut que les têtes des vis soient toujours hors de l’eau, afin de pouvoir les tourner facilement à l’aide d’une clef. Les vingt-quatre presses (puisqu’il y en a. une à chaque moule) se calent réciproquement, de de sorte qu’elles ne peuvent pas bouger pendant qu’on serre les vis.
J’ai oublié de donner un conseil au mouleur ; dans le moule du fond de la boîte, il fera bien de pratiquer une rainure profonde , dans laquelle il placera un cercle en belle écaille, qui doit servir à faire la gorge. Le cercle devra être irrégulier dans sa part e, qui est saillante hors de la rainure. C’est par là qu’on le sou de a ec le reste de la boîte, afin qu’il ne forme qu’une seule pièce avec elle.
, On fait ainsi bouillir pendant environ une heure; l’ébulliuion doit être moins prolongée lorsqu’il sûtrou ve seulement des râpures d’écaille que lorsqu’on fié doit faire fondre que des fragmens. A l'instant cou Tenable, on relire 1« fea, on laisse refroidir l’eau ; quand tout est froid,, on sort leî monîes, on les dé¬monte, et l’on en retire l’écaille moulée. Scion les dessins qui sont tracés en creux sur les moules, les fonds et les couverclesj de tabatières ou boites, pré¬sentent, en relief, sur leur surface extérieure des figu¬res, portraits,^fleurs, caractères, sujets d’histoire, en un mot, tous les sujets gravés sur• les moules. Uns reste plus qu’à livrer au tourneur les pièces bien moulées, non pour rieu réparer à la forme, mais pour les ajuster ensemble , les approprier intérieurement et les polir tant à l’intérieur^qu’a l’extérieur, afin de les livrer au commerce.
Moula]« de la co.no.
A Paris, dans plusieurs antres Tilles de France, eh aussi en Hollande, on moule la corne pour en faire des poires à poudre, des tabatières, bonbonnières, etc.
Les procédés pour le moulage de la corne sont semblables à ceux que l’on emploie pour le moulage de l’écaille ; seulement la température, soit pour fondre, soit pour mouler, doit être plus élevée. La ràpure de cette substance se réunit en corps solide par une chaleur suffisante , et se moule facilement comme celle de l’écaille.
Soit que l’on moule la corne en feuilles , en fra^mens ou râpurcs, il faut éviter dejla toucher avec les doigts, ni avec aucun corps gias, si I on veut que la réunion soit parfaite. Par conséquent, on remue cette substance avec des fourchettes de bois, lors¬qu’on lui fait éprouver diverses lotions. Ces lotions ont de deux sortes. Les unes, form ;es d’eau .chaude, ©n t pour but de séparer la corne des parties étrangères! gui pourraient la salir ou l’altérer j les autres, que com-pose'une’lessive caustique à un certain degré, ©nt lieu pour la dégraisser et la débarrasser des parties huileuses eu appareils construits exprès afin de ne pas calciner la râpure;ceux que le mouleur emploie pour la fusion^ de l’écaille pourront également lui ser¬vir. S’il se procure des moules à boutons, tels que ccttx£dont on se^sert dans plusieurs ports de mer, il pourra aussi fabriquer cette marchandise.
Si Je?mouleur tient à produire des ouvrages déli¬cats ( ce que je lui conseillerais )/il choisira d’abord des feuilles de corne empruntées aux chèvres et aux moutons, parce qu’elle est plus blanche que celle des autres animaux. J1 devra 'surtout s’attacher à lui donner fapparence de l’écaille. On y parvient par les moyens .suivaas.
Procédé pour donner [â la corne T apparente Je*?écaille.
1® Pour communiquer une teinte rouge à la corne on répand sur la surface une dissolution d'or dans de 1 eau régale (acide nitro-muriatique. )
2° On lui donne une couleur noire, en répandant de même «ne dissolution d’argent dans de l’acide nitrique.
3° La corne prendra une couleur-brune si elle re- çoifc|nne dissolution faiteà chaud dans de lacide ni¬trique.
Si l’on emploie ces diverses substances avec goût et par phee sur la surface de la corne, on lui procurera une rrsfemblance si exacte avec l’écaille, qu’il sera bien difîbile de dist'ngcur les deux substances en¬tre elles, Ce smit don: une découverte utile aux arts que c^’le qui procurerait le moyen de rendre Je plâtre capable de »rdster en plein air autant que no^ bonnes pierres calc>irci/ou bien qui ferait connaître quelque ciment réunissant à l’avantage d’une pareille sol.dité celui de se mouler aussi bien que le plâtre.
« Ces deux conditions semblent pouvoir être rcm- ple;. .
« D apr's l'excellence des mortiers des anciens dont quelques-uns sont susceptibles de prendre le po'i, on ne peut gucre clouter de la possibilité d’obte¬nir un ciment qui devienne, avec le temps, dur comme li pierre. La préparation de ccs mortiers n’est pas lut seciet perdu, puisque plusieurs de nos constructions modernes ont toute la solidité des constructions an» ci cnn es.
« On ramasse, aux environs de Boulogne, sur les côtes de la mer, une espèce de galet, ayant, ainsi que le pbâtreulorsqu’il est convenablement calciné et pul¬vérisé, la propriété de se durcir sur-le-champ avec, l’eau; aussi l'emploie-t-on à faire de grandes cuves, des conduites d’eau et des constructions hydrauli¬ques. Les memes galets se trouvent sur les côtes de l’Angletprre, et à Londres on emploie le ciment de Boulogne avec un très grand succès pour revêtir les constructions en briques. On le travaille comme le plâtre; on en fait des corniches, des ornemens qui se moulent assez facilement.
« Comme il est très brun, on est obligé, lorsqu’il est encore frais, de le peindre avec un lait de chaux : c’est une vraie peinture à fresque. Cette couleur est produite par de l’oxide de fer, qui, d’après l’analyse de M. Cuyton, insérée dans le premier volume du, liullctin de la Société, pige 59, entre pour un neu¬vième dans le ciment de Boulogne; mais les bel es cxpévlcac s de M, Yicat, sur Iça clnux faclm« e.i tes.
mortiers hydrauliques. prouvent que le fer n’est pas indispensable à la solidité des cirnens, ou .iu moins qu’il peut y exister dans une proportion assez faible pour que la couleur ne diffère pas de celle de nos pierres à bâtir.
« Ainsi, on a tout lieu de croire qu’il est possible de préparer un mortier blanc , réunissant toutes les propriétés du ciment hydraulique de Boulogne ; et d'ailleurs on n’exige pas qu’il se durcisse aussi promp-tement que le plâtre, pourvu qu’il prenne bien les. empreintes, et qu’avec le temps il acquierre la soli¬dité demandée, quand bien même cette dureté ne pourrait s’obtenir que sous l’eau, comme celle des bétons.
« Le problème consiste donc, soit à durcir le plâtre par quelque mélange qui le fasse résister en plein air, soit à composer de toutes pièces un stuc ou ciment de couleur claire, se moulant avec autant de facilité que le plâtre, d’un grain assez fin pour prendre les em¬preintes les plus délicates, et capable d’acquérir avec le temps une solidité comparable à celle des pierres calcaires employées dans la sculpture.
« La Société d’Encouragement propose, pour la so-lution de ce problème, un prix de deux mille francs, qui sera décerné, dans la séance du second sémestre de 1829, à ce’ui qui aura satisfait à toutes les condi¬tions du programme.
» Les concuri ens adresseront à la Société, avant le premier mai 1829, les échantillons de ciment ou de plâtre durci.
« Ils décriront avec précision les procédés qu’ils auront employés, pour que l’on puisse répéter les expériences, et obtenir de nouveaux produits, qui se¬ront, ainsi que les échantillons, soumis, au moins pendant on an, aux épreuves nécessaires pour en reeonn iître la solidité. »
On sent bien que je ne peux pas présenter cernée dé o iverle, dès à présent, la solution du problème demandée en vain depuis plusieurs années par la So¬ciété d’Encouragement. Mais je peux faire connaître les ientatives qui ont été faites pour en approcher, les inatéiiiux que fournit pour cela la nature, et ceux qu’on a préparés à son imitation. On a donné le nom de ciment à ces diverses substances : je commence) ai ce que j’ai à en dire par le plus célèbre de tous, par le ciment anglais, dit ciment romain. •
' §. Ier. Ciment anglais, dit ciment romain.
MM. Parker et Wyatts obtinrent à Londres, en 47t;6, une patente pour l’exploitation d unep er;c chaux très argileuse, connue vulgairement sous le nom de roman cernent, ciment romain. Ce.te substance se faisait remarquer par sa propuété de se solidifier aussi promptement que le plâtre lorsqu’elle était exposée à Pair, de se solidifier plus promptement en¬core sous l’eau quand on l’avait mélangée d’abord avec ce liquide, de façon à lui donner la cousis'ance d’une pâ e un peu épaisse. Mais au lieu de s’arrêter, cet endurcissement continuait, et bicn.ôt le roman ce¬ment détenait aussi dur que la meilleure pierre cal¬caire. lien résultait que ce ciment était préférable à tout autre pour les constructions hydrauliques, ou destinées à être placées dans un lien humide.
Bientôt on sut que le roman cernent était préparé avec une pierre calcaire assez commune en Angle¬terre : plusieurs fabriques se formèrent à l’instar de celles de Parker et Yéyatts. Toutes prospèrent; et quoi que le prix «lu roman cernent soit d’enyiron 400 fr, le mètre cube, on en fait de fréquens envois à 1 é- (ranger, et on 1 exporte jusqu’aux Indes.
La pierre qui donne le ciment romain a présenté à
1’
analiîer les substances suivantes :
Carbonate de chaux 0,657
Carbonate de magnésie 0,005
Carbonate de fer. ....... 0,060
Carbonate de manganèse.’ 0 019
f silice 0JSO
Argile J alumine • . . 0,068
(oxide de fer 0
Eau 0,013
4,000
Celte pierre, compacte, dure, a grain serré, sus-
ceptible de poli, est calcinée dans des fours coniques
à feu con inu, entretenu avec de la bond e. Il faut
diriger le feu avec beaucoup de prccau ion, car si
on élève la chaleur au-dessus du terme, la pierre
éprouve un commencement de fusion, et n’est plus
d’aucune utilité.
Lor q m la calcination a été convenablement diri-
gée, le ciment qui en résulte donne à i’anaîyse :
Chaux 0,554
Argile 0,380
Oxide de fer. 0(0S6
4,000
Aussitôt que cette pierre est ca’c’n :e, en se hâ'c de. la réduire en poudre à l’aide de diiféicns procédés! mécaniques qui n’ont aucune influence sur la nature du ciment : bu enferme la poudre dans des t uwemx bien bouchés, et c’est en cet état qu’on l’expédie.
Pour employer le ciment romain dans les construc-tions, on le gâche comme le plâtre en pâte un peu (onsis’anîe, et l’on n’en prépare que p“u à la foi% parce qu’il durcit très vite. A Londres, on en fait un, usage considérable pour maçonner lei fondations, les :aves, les citernes, les aqueducs j on s’en sert aussi 7our crépir les maisons. Au moment où j’écjtis, on emploie exclusivement'à tout autre ciment pour la instruction du pont sous la Tamise y et il paraît que .a promptitude avec laquelle ce ciment acquiert la lui été de la pierre a seul permis d’entrep tendre :ctte prodigieuse excavation.
Au reste, on comprend sans peine qu’une sub¬stance qui se laisse réduire en poudre très fine et ^ui durcit encore plus rapidement que le plâ re, 3eut être moulée de la même manière, et a sur le plâtre le grand avantage d’être beaucoup plus dure 3t par conséquent inaltérable.
§. II. Ciment de Boulogne-sur-Mer.
Un ingénieur militaire ( M. Lesage ) publia un mémoire détaillé sur une pierre calcaire qui se trouve aux environs de Boulogne, et dont les pro¬priétés sont les mêmes que celles du ciment anglais. Néanmoins , comme la pierre calcaire dont il par¬lait ne se trouvait qu’en cailloux roulés , qu’elle n’était pas très abondante, cette substance fut bien¬tôt oubliée. Aussi, à la paix, quand le3 Anglais établirent à Guernesey un dépôt de leur ciment romain, et le répandirent sur toute la côîe, on le regarda comme une substance aussi nouvelle qu’é¬tonnante.
Il est facile cependant de reconnaître l’analogie de la pierre calcaire de Boulogne ^avec celle que dorme le roman cernent Nous avons donné l’analyse de cette dernière , voici celle de].la;pierre de Bou¬logne, telle que l a trouvée M. Drapier :
Carbonate de chaux. .... 0,616
Çarhvnate de fer. . • . . . 0,063
r sihce 0,159
Argile î alumine 0,048
(. oxide de fer. . . . 0,930
Eau. . 0,006
Perte 0,030
4,000
En comparant l’analyse de cette pierre à ctl’.e de la pieire anglaise, on trouvera la différence très faible. La même ressemblance se retrouve dans les résultats de la calcination de ces pieircs.
Le ciment de Boulogne renferme :
Chaux 0,510
Argile 0,310
Oxide de fer 0,150
l,uJ J
Ainsi, le ciment français ne diffère du ciment anglais que pare que le dernier contient quarante millièmes d’argile de plus, un peu moins d’oxide de , fer et un peu plus de chaux.
La pierre de Boulogne doit être calcinée comme . la pierre anglaise, et avec les mêmes précautions, i Elle perd par la cuisson environ 0,383 de son poids. I Elle prend au feu une couleur jaunâtre , quelquefois! mêlée de longues taches brunes et rougeâtres. A l’état de pierre , on peut la conserver long temps sans al¬tération, en ayant soin de la garantir de l’humidité. ;
Pour l einploycr, il faut la pulvériser comme le s ciment anglais. Cette poudre est d’un gris légère¬ment jaunâtre qui se change en couleur de roui'le dès qu’on le gâche avec de l’eau. On conserve la poudre dans des tonneaux bien fermés , car l’humi¬dité de l'atmosphère l’altère promptement.
Le ciment de Boulogne a les mêmes propriétés que le ciment anglais; on le travaille de même et on l’emploi aux mêmes usages. Le programme de la Société d’Eacourageincnt ? que j’ai transcrit plus haut, fait connaître tous scs avantages et tous Ses inconvénients.
§. 111. De la possibilité de trouver presque partout la pierre à ciment.
r Ce n’est pas seulement auprès de Boulogne et en Angleterre due l’on trouve la pierre à ornent. MM. Clapeyron et Lamé , ingénieurs français atta¬chés au service de Russie, ayant été charges de chercher dans ce vaste empire de la pierre à chaux hydraulique, observèrent un gisement dont les pierres donnent un ciment préférable à celui des Anglais , et qui, d’après l’analyse de ccs savants, contient, Lorsqu’il est calciné, 0,620 de chaux et 0,380 d’argi'e. Ce ciment est blanc , se solidifie un peu moins vite que celui de Londres , et en quel¬ques mois acquiert sensiblement plus de dureté.
Suivant M . Pelouze, on retrouve la pierre à ciment entre Valogne et Carentan, dans le département de la Manche, sur les communes de Blasvile, Ravenasville, Sainte Marie-du-Mont, Ilouesville et aut- es.
M. Minard , ingénieur du canal du centre , a trouvé, dans le département de Saône-et-Loire, plusieurs carrières de pierre à ciment . M. Lacor- daire , ingénieur des ponts-et-chaussées, en rédui¬sant à trois jours la cuisson du calcaire argileux de l’Auxois , qui avant était de s\ jours, n’a cal¬ciné à l’état de chaux hydraulique que les deux tiers environ du volume total. Le reste n’est pas susceptible de s’éteindre dans l’eau et y conserve sa durelc. Si on profite de cette circonstance pour séparer cette partie , on trouve qu’elle forme un ciment naturel, qui, pulvérisé et employé comme le plâtre , prend avec une telle rapidité , qu’en quelques minutes on peut en obtenir des corps solides et meme des moulages de diverses formes.
Les premières expeiicnces promettent un cimeiït naturel d’une qualité au moins égaie à celle du ci¬ment anglais.
Cette découverte n’est pour ainsi dire que la conséquence d’obseïvalions beaucoup plus géné¬rales faites par MM. Vicat et Minard. Le premier, si connu par ses importuns travaux sur les chaux et les mortiers , a fait remarquer que les fragmens de chaux morte , recalcinés, donnent toujours de la. chaux carhonatéc en partie ; que cette chaux ( de même que les marbres et toutes les pierres à chaux grasse imparfaitement calcinées ) est amenée à un état particulier, qui n’cst ni celui de chaux , ni celui du caibomte, et qui piésente des propriétés? analogues à ccb'cs du ciment romain.
D’un autre côté, suivant M. Minard, la propriété de donner du ciment romain appartient à toute les pierres calcaires , à celles mêmes qui ne con¬tiennent qu’un centième d’argile. Il suffit pour cela que leur calcination soit lente et peu avancée ; en. sorte que certaines pierres à chaux donnent à vo¬lonté du ciment romain , qui prend en un quart- d’heurc -, du ciment qui ne prend qu’en quatre ou cinq jours , ou enfin de la chaux grasse qui ne prend pas sous leau.
M. Minard conclut de ses expeiicnces que le ci¬ment romain des Anglais doit ses importantes pro¬priétés au sous-carbonate de chaux, produit par une calcination appropriée sur un carbonate naturel. Fcnt-être dans ses conclusions y a-t-il quelque chose d’un peu hasardé. Peut-être a-t-on trop généralisé les conséquences qui résultaiènt des faits observés ; mais ces observations suffisent pour faire concevoir qu’il en sera pour le ciment romain comme pour la chaux hydraulique, qu’on regardait d’abord comme extrêmement rare et qu’on a fini par trouyer pres¬que p:artmit où oa l’a cherdiée.
Si cette espérance se réalisait, on sent quelles con-séquences elle aurait pour le mouleur en plâtre, et combien acquerrait d’extension cet art, qui s’exer¬cerait alors sur une matière aussi dure et aussi solide que la pierre. Ann de faciliter autant que possible l’obtention de ce résultat important, je vais donner la manière de reconnaître les pierres à chaux, qui, convenablement calcinées, peuvent donner du ci¬ment, j’engage fort tous les mouleurs en plaire à faire quelques assaissur toutes les pierres de celte na¬ture qu'on exploite dans leur voisinage. Une heuren*e découverte en ce genre peut être une source de ri¬chesses pour celui qui saurait la faire et en profite«’.
§. IV. Manière de reconnaître les pierres calcaires pro-pres à donner du ciment.
Si l’on a fait attention aux analyses que j’ai don¬nées des cimcns anglais et de Boulogne, on aura re¬marqué que ce qui les compose principalement c’est la chaux et 1 arg le. Les autres substances qui s’y trouvent en plus ou moins grande abondance sont à peu près inutiles ; et le ter, quand il y en a trop, a pour principal résultat de donner au ciment une couleur désagréable. On a pu remarquer aussi que sur 109 parties il en a plus de 30 d’argi'e. Celle cir¬constance sc rencontre rarement ; et il y a beaucoup de probabilité que les propriétés du ciment sont dues à ce mélange.
Il en résulte que si nous pouvions savoir bien facile-ment combien il y a d’argile dans tel ou tel morceau de pierre calcaire, nous pourrions à peu près devi¬ner si cetîc pierre donnera ou ne donnera pas du ri¬ment. Or, pour connaître la quantité d’argile conte¬nue dans une pierre calcaire, il y a un moyen aussi simple qu’assuré.
Bioyezla pierre et réduiscz-lx en pourdre très fine que vous ferez bien de passer à travers un tamis de soie. Mettez au fond d’un verre 40 grammes de cette poudre pesés bien exactement; versez dessus peu à peu et presque goutte à goutte de l’acide muriatique ou esprit de sel mêlé avec environ autant d’eau. Cette liqueur bouillonnera fortement en tombant sur la poudre. Vous remuerez de temps en temps avec un tube de verre, et vous cesserez d’ajouter de l’acide quand il ne se produira plus de bouillonnement au moment où il tombe sur la poudre. Il ne vous en fau¬dra que très peu pour arriver à ce point, et, d’ailleurs, cet acide est à vil prix. L’acide dissout la chaux ; lorsque le bouillonnement cesse, il n’y a plus de chaux à dissoudre. Alors on mêle ce qui est dans le verre avec un demi-litre d’eau, on agite le tout, et on passe la liqueur à travers un filtre de papier sans colle. Les filtres se font aisément en pliant une feuille de pa¬pier en carré, et en la plissant ensuite comme un cvantail ; il en résulte, quand on l’a développée, une espèce de cornet qu’on place dans un entonnoir et dans lequel on verse la liqueur. Comme la chaux est complètement dissoute par l’acide, elle passe à tra¬vers le papier ; mais l’ar«ile, qui n’est pas dissoute, reste dessus. On la recueille, on la fait bien sécher au feu et on la pèse : dès-lors on sait combien d’argile contenaient les 40 grammes de pierre qu’on avait em¬ployés. Si dans les 40 grammes de pierre calcaire il y a «à peu pi es 3 grammes d’argile, on peut être pres¬que certain que la pierre ainsi analysée est une pierre à ciment. Quand même la pierre ne contiendrait que un et demi gramme ou 2 grammes sur 40 d’argile, on au¬rait encore fait une précieuse découverte ; ce serait un indice que la chaux que donnerait la pierre serait puissamment hydraulique, et on rendrait un grand
service en faisant connaître cette propj iété aux ingé¬nieurs du département si elle ne leur était pas cou«« nue.
Le moyen d’analyse que je viens d'indiquer four¬nit aur la nature de la chanx que doit pro<în re la pierre essayée , les présomptions les plus fortes ; mais tout se réduit à des présomptions , et il est un moyen facile de les changer en certitude.
Prenez plusieurs morceaux de la pierre dont vous voulez connaître les propriétés, pîaccz-Ies dans un foyer ordinaire dont le feu soit bien sou¬tenu. Au bout de quelques heures , retirez un frag¬ment et pesez-le ; il doit avoir été pesé avant de re mis au feu , et si on trouve que par la calcination il a perdu 8 pour 100 , on le met â part; s'il a moins perdu, on le remet dans le foyer. On pro¬cédé de la sorte en retirant graduellement les mor¬ceaux de façon à en avoir qui aient perdu, 8, 40, 42, 45, 20, 30 pour 400 et même davantage. On éteint séparément dans l’eau tous ces échantillons, et on voit ce qui en résulte. S'il y a des parties qui ne s éteignent pas, ce qui est probable pour les échan¬tillons qui n'ont perdu que peu de chose, ou pulvé- jise la partie qui est restée dure, on la gâche comme du plâtre, et on observe attentivement ses effets ; c’est parmi les échantillons de cette nature qu’on a l’espé¬rance de trouver du ciment.
Au reste, des échantillons qui ne donneraient pas de ciblent pourraient encore donner de la chaux très hydraulique, et comme la chose est importante, je dois indiquer un moyen facile de s’en assurer. Etei¬gnez la pierre avec très peu d’eau, pétrissez-la de ma¬nière à lui donner la consistance du mastic de vitrier, met ez-en au fond d’un verre une couche d’un pouce d’épaisseur, que vous avez soin de bien unir à la sur¬face. Achevez de remplir le verre d’eau. Si au bout de trois jours la chaux ainsi recouverte d’une couche d’eau est devenue assez dure pour ne plus fléchir sous le doigt, on peut la regarder comme très hydrau¬lique. îi*
TROISIEME PARTIE,
CHAPITRE PREMIER.
Monies DU BOIS.
CE moulage offre les moyens d’orner à peu de frais de dessins en relief les frontons, les colonnes, les bmbris, les meubles de prix, ainsi que les bobes, tabaticies, coffrets élégans, etc. Les portraits, pay¬sages et autres objets qu’il fournit, comme les rosa¬ces, 1rs feuillages, et autres ornement variés, multi¬plient de mille façons l’application de cet art.
Nous devons commencer par faire observer que les bois dont le file suit une direction constante sont peu propres à être moulés, surtout lorsqu’il s’agit d ouvrages délicats; car les fibres peuvent se rom¬pre par suite de la pression, et il en résulte des défauts nuisibles à la perfection du dessin. Les loupes de frêne, d’érable, celles de buis surtout sont bien préférables, parce que les fibres y sont croisées dans tous les sens. Néanmoins on peut employer aisé¬ment dans les moulages communs certains bois ten¬dres, tels que le tilleul. En revanche, on doit s’abste¬nir toujours de mouler les bois résineux, parce que la rétine on huile essentielle qu’ils renferment entre leurs fibres, entrant en ébulition par Prfiet fie U chaleur p.-ndant l'opération du moulage, il s’y forme fies boursouflures, qui, venant à crever, font fies taches désagréables sur îa piêc-'.
La presse est le principal instrument pour le moulage du bois: elle est tout enfer et fi une seule pièce. Sur une foïte base ou semelle en fer s’élèvent fieux montans, qui, par en haut, se réunissent en foi n ant une espèce d’arcade. Au centre fie 1 arcade est un œil dans lequel on ajuste un écrou ou canon taraudé en cuivre dans lequel se meut une forte us, qui, par conséquent, est verticale. La tète fie celte via est carrée, elle est séparée du fi’et par un embase; on li tourne avec un fort levier percé à son extrémité, tu au milieu, si l’on doit opérer fies fieux mains, d’un treu carré dans lequel entre exactement la té»e de la vis. Cette presse se monte sur un établi fa t ex¬près pour la recevoir, haut fie fieux pieds, très mastif et t» es solide, dans lequel la presse glisse à coulisse. On peut d’ailleurs fixer la presse où l'on voudra, et meme dans le plancher avec deux fortes vis.
Les Atrres inst rumens nécessaires sont :
4° Un assortiment fie pbfieaux circulaires en fer, épais d’un pouce au moins : il but en avoir plusieurs p ires, à moins qu’on ne veuille mou’er que des piè¬ces d'un même diamètre.
2° flusienra anneaux aussi de différentes dimen¬sions. lb sont faits enfer, garnis intérieurement de v'rolcs en cuivre entrées de force et rivées de haut en Jm s .r une feuillure qu’on a f .ite tout autour du tord I iutéîienr de l’anneau. Lcdcdms de ces anneaux ou fie 1« virole en cuivre doit être bien uni , et leur dia¬mètre eît un peu plus grand d'un cô é que de l'autre, )!«3t bon de faire une marque à la plus grande ou-verture afin de la reconnaître de suite,3® Des matrices gravées. On les fait ordinairement ffn cuivre fondu» et elles portent en creux ce que le lois doit reproduire en relief. Ces empreintes sont creusées sur des plateaux circulaires en cuivre, de la grandeur des anneaux dont nous venons de parler.
4® Un tasseau ou une espece de cube en fer parfaite-ment dressé par-dessous, un peu creux par-dessus, et pénétrant sans peine dans les anneaux.
5® Des tampons en bois dur passant librement p^r les anneaux, et destinés à en faire sortir la pièce qu’on a moulée.
6® Un atilre tampon en fer cPun diamètre presque au*si grand que celui du petit anneau.
7° Enfin, plusieurs rondelles de cuivre qu’on nom¬me galets, épaisses de trois ou quatre ligues, et pas¬sant librement par le plus petit anneau.
Vrici maintenant la manière de se servir de ces outils : on prendra une rondelle de bois de la gran¬deur convenable, arrondie, modelée sur le diamètre intérieur de Panneau dont on veut se servir, et bien dressée sur ses surfaces. C’est cette rondelle qui dvit recevoir l’empreinte, et il f ut lui laisser au moins cinq lignes d épaisseur. Lorsque les fibies du bois sont parallèles à son diamètre, il prend plus aisément les empreintes, ks conserve moins bien, et ne reçoit pas celles des traits trop débeats, ce qui importe beau, coup dans le moulage, dont l’agrément dépend de la netteté et de la finesse des traits. Lors, au contraire, que les fibres ont été sciées transversalement, Pcra-, prein’e est plus parfaite, mais il faut employer une pression beauc >up plus cond lérable : on peut, si on le juge à propos, au lieu de dresser entièrement la sur¬face qui doit porter les reliefs , y bisser quelques sail¬lies dansles parties correspondantes aux creux les plus profonds de la matrice ; Pouvragc en réussit beaucoup mieux.
( 5T1 ï
On chauffe deux des plateaux de fer; pendant ce bmps, on met dam uifdes anneaux une de» matrices gravées, l’empreinte étant tournée en dessus. On met par-dessus la rondelle de bois, et sur cette rondelle, on applique nn des galets en cuivre. Toutes ce» pièces doivent être mines par le côté le plus large de l’an¬neau. et aller très juste jusqu'au fond.
Lorsque les plateaux en fer sont suffisamment chauds , ce qu’on reconnaît en y fanant tomber une ou deux gouttes d’eau qui s’évaporent rapide¬ment en pétillant, on en met une sur la base ou pla¬tine de la presse. On pose sur cetlo plaque le moule ou anneau rempli de toutes les pièces dont je viens de parler. On met dans Panneau la seconde plaque aussi chaude que la première, en se servant, pour les poser l’une et l’autre avec célérité, de pince* plates <»e forgeron. Sur la dernière plaque on met le tam¬pon en fçr, par-dessus on pose le tasseau carré, sa concavité étant tournée en dessus. On fait descendre la vis Jusqu’à ce qu’çlîe joigne bien le tasseau; puis on donne un ou deux tours pour presser un peu fort. On bisse le tout dans cette posiiion pendant deux minutes, en attendant que U chaleur des plateaux se soit communiquée aux autres pièces; puis, en se fa?« sant aider au besoin par une ou deux personnes, on >e»’re avec beaucoup de force. On attend encore quel¬ques minutes,puis, après avoir desserré d environ un quart de ris, on serre encore autant qu’il est possible de le faire; on laisse ensuite refroidir le tout, eu, pour avoir plus tôt fait, si la presse peut se séparer de l’établi, on la plonge dans l’eau froide 11 ne reste plus alors qu’à sortir du moule la pièce gravée ; pour cela on desserre la vis, on ôte le tassesu, le tampon, b plaque, en renversant l’anneau ; on le place reus dessus dessous snr la platine, sa plus grande ouver¬ture é.ant tadtaée en bas On place b ta<seau s«rv.
lü*
( 313 )
rette matrice, et on fait <1« nouveau descendre b vis s alo s la roudctle de bois est chassée jusqu’à l'ouvcr» 1ur.*. fa plus large, et en soulevant 1 anneau on la re¬tire aisément chargée de tous les reliefs donnés par le creus.
il faut, en opérant, avoir grand soin de ne pas trop faire chauffer les plaques, car si cl’es étaient i uges ou presque rouges, le bois se carboniserait. Lia gré cette précaution, le bois est toujours un peu 1 rua’; niais peu importe, puisqu’on n’a plus à le pour, le poli étant naturellement donné par la ma¬trice, quand elle a été convenablement polie elle- Ddine, ce qu’on ne manque jamais de faire. Il arrive »..’ailleurs très souvent que la couleur brune survenue par sude de la chaleur, disparaît après une langue »■x position à l’air ; mais comme cela peut ne pas arri¬ver, il faut éviter de retoucher, car la couleur ne pé¬nètre pas avant, et Jes parties que ce travad mettrait à nu seraient d’une nuance différente.
procédé de M. Strakcr pour faire des reliefs sur le
l/ois.
La méthode de travailler le bois en relief est fondée sur ce fait, que si l’on creuse la surface du bois avec xmouiil sans tranchant, la partie ainsi déprimée re- pœndra sou premier niveau lorsqu'on b plongera dans l’eau.
Pour mettre cette propriété à profit pour le mou- la^e, on confie d’abord au menuisier le bois dont on toit se servir, on lui bit donner la loraie convenable, e préparer à recevoir le de?sin qu’on veut y impri¬me. Après avoir déterminé la pbee où il doit cire, <>n y applique un instru nent suis tranchant, une e*- p ’’ce le rofouloir ou d’cbaucho.r en acier, qu'en en- ^puceù coups de marteau jiuquà une certa ne prq-
( 213 )
bndeu»-. C t inrlrumeni, tel que les emporJp-picc.es, lo.t avoir i son extrémité la forme du des in que Tou euî obtenir, de minière qu’en s’enfonçant il pro¬hibe en creux ce que plus tard oa veut reprodu’re eu e ieè Celte opéiaton doit être faiie avec beaucoup Je ménagement, et peut-être, au lieu de U percussion, audrait-il mieux employer une pression graduée, ce ( ;i ne sc/a.t pas impossible. II suffirait, pour cria, le placer l’outil et la pièce de bois sous la YIS de la cesse à mouler le bois que nous venons de dé rire. Kns tous les cas, on pr^nd beaucoup de précautions mur ne pas rompre les libres du bois avant que la profondeur de la dépression soit égale à la hauteur pe Pon veut donner au iel:efdes figures. On retire n3ui e l’instrument, et, à l’aide du rabot ou de la Apc, on ré luit la surface du bois au niveau des pa¬ies déprimées. Ou plonge ensuite la pièce de bois lans de l’eau froide ou chaude; les parties qui avaient Lé comprimées reprennent leur premier niveau, et bnnent ainsi un relevé en bosse, qu’on peut aisément erminer à l’aide d’itn ciseau, d’un ébaueboir ou d’un >etit fermoir, instrument analogue aux deux pre- niers. Si la pièce de bois était trop grande, ou pour¬’ tu se dispenser de la plonger dans Peau, et ge co'i- enier de la frotter à plus eut s reprises avec une l-onge imbibée d’eau chaude, ce qui produirait uu pu et suffisant.
Procédé d'isaac Sargent pour courber les bois.
I>s pièces de bois courbes sont particulièrement t» il s ou mouleur en bois ; mais presque toujours ces è< es prises dans un plus fort morceau de bois qu’on I Uii obi gé de scier, se IroHvaieut eu lourdes ou fru- sp'e.t; car il était inipo'si’ le de ne p*s coupur le f<l
LU ..
( a>4)
M. Neuman avait, il est vrai, imaginé en France de ramollir les bois en les faisant bouillir dans l’eau, et de les contourner ensuite dans des moules disposas exprès, suivant la forme déterminée. Il réussissait parfaitement; mais la grandeur des chaudière?, d’*u- très difficultés d’exécution avaient empêché ce moyen (Vôtre fréquemment usité Un Anglais a récemment rajeuni en France cette même méthode, mais avec de3 modifications qui en rendent l’exécution bien plus facile. Voici les moyens qu il emploie : il fait travailler le bo’s à droit fil en lui donnant la forme et la longueur qu’il doit avoir après qu’il sera courbé ; on ne lui conserve que la force nécessaire. Ensuite on l’expose à H vapeur de l'eau bouillante assez long-temps pour qu’il sod ramolli au point de pou¬voir être plié ou courbé sans sc rompre.
Quand le bois est assez ramolli, on le contourne dans un moule disposé convenablement. Bien n’em- pè he de le faire faire en bois ; pour peu qu’on ait à préparer un certain nombre de pièces de la même for¬me, on se^a bien dédommagé de l.i dépense que l’on fera pour cela. Ces moules sont ordinairement com¬posés de deux pièces. On laisse les bois sécher à Pnmbre sans les sortir des moules. Quand ils font bien secs, ils ont acquis invariablement la forme qu’on leur a fait contracter, et, pour la leur enlever, il faudrait les ramollir de nouveau. Ces bois, ainsi préparés àd»oit fil,ne perdent rien de leur souplesse ni de leur élasticité. Il n’est pas douteux qu’en na¬turalisant ces procédés en France, M. lsaac Sargent n’ait rendu un éminent service à notre industrie, et, principalement au moulage en bois.,
CHAPITRE II.
DU MOULAGE DE L’iCiILLE ET DE 11 OOEKI.
LV.CAILLE est une des substances sur lesquelles le moulage s’exerce avec le plus d’agrément et de faci¬lité. La nature en est connue. Le caret, sorte de tortue de mer, qu’on trouve en Asie et en Amérique, fournit l’écai'le, qui forme sa coque ou couverture. Les naturalistes ont nommé carapace cette coque qui se compose de treize laines superposées les unes aux, autres. '
Bien qu’elle soit à peu près du genre des cornes, l'écaille est cependant beaucoup moins liante; diffé¬rence qui vient de ce qu’elle offre bien moins de parties grasses qui en unissent les fibres les unes iux autres. L’écaille est néanmoins susceptible d'être ra¬mollie et acquiert beaucoup de ductilité par le moyen du feu ou de Peau bouillante; mais dès qu’elle est re¬froidie, elle reste dans la forme qu’on lui a prêtée et devient aussi cassante qu’auparavant. On voit com¬bien il est aisé de mettre à proût ces caractères.
L’écaille a trois couleurs distinctes: le blond, le brun et le noir clair. Quelquefois une ou deux de ces couleurs dominent, mais elles sont rarement seu¬les. Quelle que soit sa tein>e, Pécaille est toujours transparente, dute et très fragile. Elle possède »ne propriété singulière, c’est de pouvoir se souder sans le secours d’aucun agent.
Les feuilles d’écaiPe sont ordinairement bombées sur leur surfxcc; c’est pourquoi la pra.n.cre chose a,
( )
fæ'<?, pour les rendre propres à êtr* employées, e'St ««* les ie IrcsH'r. Tour e,h, un les met tremper pen¬dant un te:np< suffisant dans 1 eau bouillante, jusqu’à « e qu’cl e« soient amollies ; ensuite, on les place sous 1« presse 1rs unes sur les auh e?, en les séparant par «1rs pl ujucs de fer ou de cuivre de deux I gnés d’e- paisscur, bien droites sur leur surface, et qu’on a nu chauffer auparavant. On scrie U presse peut à } eu», et on ULse le toat se bien refroidir avant de dcn retirer. . .
On peat ausii redresser l'écaille au feu, en la pré- *=«’riant devant la flamme d’un feu clair; mais il faut 1 * iu.*uvoir continuellement, autrement die brûlerait » i ne sciait plus bonne «à rien. Comme on ne court } ai le même risque en la faisant tremper pendant un temps suffis uit dans l’eau bouillante, on doit piéfd- rer celte manipulation à l’autre. D’adleurs le feu <'hange la couleur de l’écaille, ce que ne fait pas l'immcrs on dans beau.
Après avoir entretenu le mouleur de la nature de 1 c ai le et de sa première préparation, je vais lui indiquer les outils fort simples qu’il doit employer j our mouler convenablement cette substance.
H l u îaut. premièrement des moules de plusieurs formes, selon les divers objets à mouler, mais tou¬} n.rs composés de deux parties ou coques, comme Le petus mouL s à creux perdu, et encore comme ceux à fondre les eu Bers d’ét.Jn. L’ouvrier doit aussi nvrir une petite presse en fer qui puisse contenir le moule.
Le i»»«ttmr ou fer bretté, que l’on nomme souvent b î à dents, lui est nécessaire pour mettre d’épaisseur 1 * f udie d’ccadle. La Ubîe d’acier de cet outil est Lui c s r ée de cannelures parallèles à 1A longueur «..u ter. Le tranchant es’ Itibîssé d’une sui‘e de petites oeuis tfimgubires, dont la pointe raie l’écaille sans clic sujette à la fiiie écla.cr.
( ai; )
te rabot à Jcnb qu’emploie or.iiïsaircmcnt le rntM huilier peut servir pour le même mage que le fer bretté. Il est fait, en ce qui coocerve Je fût, comme les rabots ordinaires, mais un peu moins foit. la coupe de la lumière est aussi beaucoup plus droite : quelques-uns même ont le fer droit : néanmo ns , comme cette dernière position nécesdfe une ccifor- mation toute p^rticulièie dans la lumière, on se con¬tente communément de 60, 70 ou 80 degrés d incîî- ndson. Le fer de ces rabots est cannelé du côté d « l’acier, il s’affûte à b:s*au p us court que les rabota ordinaires Ces expressions bien connues des fabii- cans de rabots, ces déîaih qui leur sont famil er», met* Iront le moub.ur à même de se procurer les iustru- mens convenables.
Reste à décrire maintenant l'opération du moulage de l’écadle. La feuille d écaille préparée, c’rst-à-d»re redressée comme je l'ai expliqué pins haut, ou la met d’épaisseur avec l’un des deux ouhls piécédens, pu in en la fait ramolbr dans l’eau bouillante. C’est alor.x que l’on met chauffer le moire, qui est ordinairement en cuivre; on y place féca lie, et l’on serre asse« peur que les quatre repères ou goujons corBrarn-ent à entrer dans les trous. On sent que des repères sont indispensables pour réunir parfaitement, et rappro¬cher aux mêmes points, les deux coques eu mnut . Cet instrument ainsi fermé à demi, est plac* sons la presse, et l'on fait seulement appuyer la vis dessin jusqu’à ce qaon éprouve une légère résistance : on met alors le tout dans l’eau bouill aile et l’on seire U vis petit à petit, jusqu’à ce que les deux parties d* moule se touchent exactement Cela fait, on écrire
aussitôt la presse de l’eau bomlUnte, et on hisse re-froidir. Quand le refroidissement à eu lien, on des¬serre la vis, on ôte le moule de dessous la pr-cs«r,
' que l’on essuie bien exactement pour éditer qu'elle
( »»3 )
ne se rouille. Quand au moule, on le laisse tremper dan9 l’eau fraîche pendant l'espace d’un quart-d'heure avant de l'ouvrir, et on en retire l’écaille, qui ne peut plus alors perdre la forme qu’on lui a donnée.
Moulaye de Vécaille fondue*
Ce procédé, qui date de quelques années, a été d'abord tenu secret. Il économise le temps et la ma¬tière, car il donne le moyen de tirer partie des débris d'écaille, tournures, râpures, etc., qu'on achète à très bas prix chez les ouvriers qui travaillent l’écaille. On verra, par les détails suivans, que les insirumens employés pour l’opéiation sont bien simples.
L’ouvrier doit avoir des moules en bronze de deux pièces, Tune entrant dans l’autre , comme les poids de marc. La partie inférieure doit être fixée à un châssis en fer qui porte une vis à la partie supérieu¬re, et qui presse sur la partie supérieure du moule. Il faut avoir uu moule semblable pour le bas d une tabatière ou boîte quelconque, et un autre pour le
couvercle. Une cinquantaine de moules différens compose l'assortiment ordinaire.
Dan9 le fourneau construit exprès doit être placée une chaudière de forme carré long s cette chaudière contient trois moules dans sa largeur et huit dans sa longueur.
Les fragment d'écaille cassés par petits morceaux se pèsent en deux petites parties : l’une sert pour le fond de la boîte, et l'autre pour le couvercle, y compris le déchet qui se fait en tournant et ajustant plus tard l’ouvrage. Les ouvriers 9e taisent sur la dose, mais on la connaîtra facilement après quelques expériences.
On met dans chaque moule le poids voulu d'é¬caille en fragmens oq en, râpures ; S? P° - desrur
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« contre-moule , e’est-à-dire la seconde partie du nouîe : on sert ensuite la iis. On dispose ainsi ùngt-quatre moules , et on les arrange par ordre lans la chaudière, dont on a déjà b en fait chauffer eau On entretient le feu; dès que l’eau bout, rn erre tant q ?on peut 1* ris de la première pièce, p» is :elle de la seconde, et ainsi de suite, jusqu’à la vingt- [uatrième. On recommence ensuite en entretenant .oujours 1 ébullition jusqu’à ce que le contre-moule ne ’élève plus au-dessus de la surface du moule, ce qui tnnonce que le vile pratiqué entre les deux parties lu moule, est rempli jnr l’écaille fondue.
Il est indispensable d’entretenir constamment l’eau mouillante à la meme hauteur dans la chaudière, en remplaçant celle qui s’évapore, au moyen d’m ûlefc d’eau bouillante que fournit continuellement un vase placé au-dessus de la chaudière. Ce vase supérieur est mis et entretenu eu ébullition par le feu du meme four-neau. Il faut que les têtes des vis soient toujours hors de l’eau, afin de pouvoir les tourner facilement à l’aide d’une clef. Les vingt-quatre presses (puisqu’il y en a. une à chaque moule) se calent réciproquement, de de sorte qu’elles ne peuvent pas bouger pendant qu’on serre les vis.
J’ai oublié de donner un conseil au mouleur ; dans le moule du fond de la boîte, il fera bien de pratiquer une rainure profonde , dans laquelle il placera un cercle en belle écaille, qui doit servir à faire la gorge. Le cercle devra être irrégulier dans sa part e, qui est saillante hors de la rainure. C’est par là qu’on le sou de a ec le reste de la boîte, afin qu’il ne forme qu’une seule pièce avec elle.
, On fait ainsi bouillir pendant environ une heure; l’ébulliuion doit être moins prolongée lorsqu’il sûtrou ve seulement des râpures d’écaille que lorsqu’on fié doit faire fondre que des fragmens. A l'instant cou
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Tenable, on relire 1« fea, on laisse refroidir l’eau ; quand tout est froid,, on sort leî monîes, on les dé¬monte, et l’on en retire l’écaille moulée. Scion les dessins qui sont tracés en creux sur les moules, les fonds et les couverclesj de tabatières ou boites, pré¬sentent, en relief, sur leur surface extérieure des figu¬res, portraits,^fleurs, caractères, sujets d’histoire, en un mot, tous les sujets gravés sur• les moules. Uns reste plus qu’à livrer au tourneur les pièces bien moulées, non pour rieu réparer à la forme, mais pour les ajuster ensemble , les approprier intérieurement et les polir tant à l’intérieur^qu’a l’extérieur, afin de les livrer au commerce.
Moula]« de la co.no.
A Paris, dans plusieurs antres Tilles de France, eh aussi en Hollande, on moule la corne pour en faire des poires à poudre, des tabatières, bonbonnières, etc.
Les procédés pour le moulage de la corne sont semblables à ceux que l’on emploie pour le moulage de l’écaille ; seulement la température, soit pour fondre, soit pour mouler, doit être plus élevée. La ràpure de cette substance se réunit en corps solide par une chaleur suffisante , et se moule facilement comme celle de l’écaille.
Soit que l’on moule la corne en feuilles , en fra^mens ou râpurcs, il faut éviter dejla toucher avec les doigts, ni avec aucun corps gias, si I on veut que la réunion soit parfaite. Par conséquent, on remue cette substance avec des fourchettes de bois, lors¬qu’on lui fait éprouver diverses lotions. Ces lotions ont de deux sortes. Les unes, form ;es d’eau .chaude, ©n t pour but de séparer la corne des parties étrangères! gui pourraient la salir ou l’altérer j les autres, que com-
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pose'une’lessive caustique à un certain degré, ©nt lieu pour la dégraisser et la débarrasser des parties huileuses eu appareils construits exprès afin de ne pas calciner la râpure;ceux que le mouleur emploie pour la fusion^ de l’écaille pourront également lui ser¬vir. S’il se procure des moules à boutons, tels que ccttx£dont on se^sert dans plusieurs ports de mer, il pourra aussi fabriquer cette marchandise.
Si Je?mouleur tient à produire des ouvrages déli¬cats ( ce que je lui conseillerais )/il choisira d’abord des feuilles de corne empruntées aux chèvres et aux moutons, parce qu’elle est plus blanche que celle des autres animaux. J1 devra 'surtout s’attacher à lui donner fapparence de l’écaille. On y parvient par les moyens .suivaas.
Procédé pour donner [â la corne T apparente Je*?écaille.
1® Pour communiquer une teinte rouge à la corne on répand sur la surface une dissolution d'or dans de 1 eau régale (acide nitro-muriatique. )
2° On lui donne une couleur noire, en répandant de même «ne dissolution d’argent dans de l’acide nitrique.
3° La corne prendra une couleur-brune si elle re- çoifc|nne dissolution faiteà chaud dans de lacide ni¬trique.
Si l’on emploie ces diverses substances avec goût et par phee sur la surface de la corne, on lui procurera une rrsfemblance si exacte avec l’écaille, qu’il sera bien difîbile de dist'ngcur les deux substances en¬tre elles,